Attention : chef-d’œuvre en puissance !
La première chose qui me vient à l’esprit, lorsque je songe à ce premier tome, c’est que, soit Morvan est concerné au premier chef par le problème du handicap mental en général, et de la trisomie en particulier, soit il s’est très bien documenté. Car, moi qui suis dans le milieu de par ma profession, j’ai pu juger de toute la pertinence de nombreuses séquences du récit (sinon toutes). J’ai particulièrement apprécié le personnage du père, qui ne peut se résoudre à accepter le handicap de sa fille. Un personnage ambigu dans ses sentiments, tellement réaliste et tellement humain. Il risque de déplaire à certains lecteurs (et surtout à certaines lectrices), mais, pour quelqu’un « du milieu », il est incroyablement convainquant.
Deuxième grande qualité de ce récit : le trait de Taniguchi, et, plus particulièrement encore, sa colorisation. Je connaissais de l’artiste son style en noir et blanc très lisible, très précis, très net, mais aussi la qualité de ses regards, par lesquels il parvient à faire passer beaucoup d’émotion. Je retrouve ici toutes ces qualités (et aussi ce petit défaut qui rend ses visages masculins fort semblables), mais agrémentés d’une colorisation tout en finesse, que j’imagine issue d’une vieille boîte de crayons de couleur. Magnifique, tout simplement, et exhalant un tel parfum de douceur et de tendresse qu’il ne pouvait que magnifier ce genre de récit.
Et lorsque le talent de l’un s’associe à celui de l’autre, cela donne ces petites cases presqu’anodines dans lesquelles les artistes parviennent à nous transmettre la manière dont Capucine « ressent » ses proches.
Il est de bon ton, à notre époque, de dire que les personnes handicapées mentales sont plus fines dans la manière de ressentir les émotions de leurs proches. Je crois surtout que, handicapés par leurs facultés cognitives déficientes, ces personnes se fient beaucoup plus à leurs propres émotions et à leur capacité à l’empathie (une capacité qui, elle, n’est pas déficiente chez elles) pour se gorger des émotions environnantes, telles des éponges. Cet état est très bien traduit, graphiquement, dans les premières séquences, et confirme mon sentiment quant à la qualité de la documentation utilisée par Morvan.
Autre force du récit : le fait que si Capucine est le personnage central du récit, elle n’en est pas le moteur, mais bien le « démarreur ». Le scénario est très riche et s’attarde avec intelligence sur beaucoup d’aspects de la vie quotidienne de la personne handicapée et de son environnement.
Et le petit plus en plus provient du grain de la couverture et du papier, qui rend encore plus physique, plus tactile, … plus touchant le récit.
Je sais déjà que je ne prêterai pas cet album à certain(e)s de mes ami(e)s, car je suis sûr, dans le cas contraire, de ne jamais le récupérer.
Mais je ne peux que conseiller l’achat … sauf si vous êtes allergiques à ce genre de récit réaliste jouant sur la corde sensible.
Vivement la suite …
(PS : si je ne mets pas « culte », c’est pour la seule et unique raison qu’il s’agit ici d’un premier tome. Il me paraît par conséquent précipité d’accorder la note maximale à un récit qui n’en est qu’à ses balbutiements).
Je suis très difficile en termes d'humour. Mais j'aime bien les chiens et les chats, à condition qu'on ne les traite ni comme l'énième enfant de la famille ou qu'on gâtifie à outrance à leur encontre.
Le dessinateur Chandre, adaptateur d'Agatha Christie et dessinateur du très beau Saint Kilda, amusé par le comportement de ses animaux familiers, a décidé d'en faire une série de strips humoristiques à sa sauce. A partir de situations toutes bêtes (Théo est un gros patapouf qui ne se bouge pas mais qui aime bien que Réglisse lui lèche le cul, Réglisse croque tout ce qu'elle trouve, quitte à rendre tripes et boyaux par la suite), il arrive non seulement à ne pas trop se répéter (caractéristique essentielle à mes yeux en termes d'humour), mais aussi et surtout à mettre des répliques ravageuses dans la bouche ou l'esprit des deux animaux.
Je me suis bien marré, tout simplement. Un très bon 3,5/5 arrondi à 4 parce que c'est rare.
Actuellement, « Alim le tanneur » est une de mes séries préférées dans le genre « fantasy ». Voici mes avis tome par tome :
Avis sur le premier tome : Le secret des eaux
Malgré une couverture que je trouve également peu attirante à cause de l’utilisation de couleurs sombres, n’hésitez pas à feuilleter « Alim le tanneur » !
Personnellement, j’ai été tout de suite séduit par la mise en couleurs au ton pastel. L’ambiance de cette bd m’est apparue chaude, comme une invitation au voyage à travers les pays orientaux dont les auteurs se sont inspirés pour les décors. Pour ma part, j’ai trouvé beaucoup de similitudes entre « Alim le tanneur » et « la quête de l’oiseau du temps » au niveau de la mise en place de l’histoire, de l’humour (le moine, l’inconnu…) et de certaines scènes dramatiques. Pour un premier album, Virginie Augustin a fait fort ! Les décors présentent une foule de détails impressionnants tout en restant lisibles. Les personnages sont attachants à l’image de la craquante petite fille et du sympathique moine naïf. Le bestiaire bien qu’il n’en y ait peu dans ce premier tome va, j’en suis sûr, se révéler très diversifié.
Le scénario semble être, encore une fois (c’est la mode du moment !), précepte à une mise en cause de l’extrémisme religieux et du fanatisme de ses pratiquants. Personnellement, cela ne m’a pas rebuté car les situations comiques et le charisme des personnages sont légions et contribuent beaucoup à rendre plaisante la lecture de ce premier tome.
« Alim le tanneur » est, pour moi, avec « Okko » la révélation Delcourt de l’année 2004, j’attends le deuxième tome avec impatience !
Note finale : 4/5
PS : Lors de la 3ème édition de ce tome, la couverture a été changée…
Avis sur le deuxième tome : Le vent de l’exil
Suite des aventures d’Alim après un premier tome (« le secret des eaux ») que je considère comme l’un des meilleurs albums « Delcourt » de l’année 2005, « Le vent de l’exil » m’a un peu déçu graphiquement.
En fait, c’est la mise en couleurs que je trouve en deçà par rapport au « secret des eaux » surtout dans les séquences se passant dans la nef Iasoubine. En effet, les arrières plans me sont apparus trop flous. C’est gênant car le manque de contrastes sur ce fond verdâtre ne m’a pas permis d’apprécier pleinement les décors qui sont apparemment très détaillés.
La faune ne m’a pas parue aussi variée et créative que je ne le pensais. A part la « silère », les autres animaux ressemblent beaucoup à ceux existant sur terre, mêmes les ânes sont présents dans cette BD se déroulant dans un monde imaginaire !
Sinon, j’aime beaucoup le trait tout en finesse de Virginie Augustin. Son découpage est toujours pertinent, la narration décondensée lui permet d’aérer la mise en page et c’est tant mieux ainsi !
Le scénario reprend, à mon avis, les évènements de l’époque romaine dans la période où les romains luttaient contre le christianisme. Ainsi, Alim, le « hors-caste », m’est apparu comme un messie malgré lui qui cherche à s’échapper aux adeptes de la religion de « Jésameth ». J’ai trouvé aussi certaines ressemblances entre certaines religions réelles qui incitent à lutter contre les « mécréants » et l’attitude des « jésamethiens » contre ceux qui refusent d’adhérer à leur croyance.
Les scènes de tortures sont assez présentes dans cet album, en tout cas, bien davantage que dans « le secret des eaux » qui est une BD plus distrayante à lire. Cependant, l’humour est également visible dans « le vent de l’exil » surtout dans des scènes où Alim et sa fille Bul sont réunis. L’album comporte de nombreuses scènes d’action qui raviront les amateurs du genre.
Après un premier tome que j’ai trouvé réussi, la suite des aventures d’Alim me donne envie d’attendre avec impatience le… prochain album ! Les personnages principaux sont très attachants et la mise en page aérée rend la lecture plaisante. Le scénario, derrière des séquences humoristiques et d’action réussies se situant dans un monde fantastique, est une critique des diverses croyances religieuses de notre société.
« Le vent de l’exil » est finalement, à mon avis, un album d’aventure très réussi malgré un graphisme qui me semble légèrement en deçà du précédent album et la présence de scènes très sanglantes.
Note finale : 3,5/5
Avis sur le troisième tome : La terre du prophète pâle
Pour ce troisième tome de la série, je ne ferais pas de commentaire sur la trame de l'histoire afin d'éviter de vous transmettre des spoilers.
Cependant, sachiez tout de même que le changement de lieu de ce récit et l'absence d'un personnage important rendent ce troisième album très intéressant ! De même, par rapport au précédent album, l'histoire contient moins de violences et nous emmène davantage à la réflexion.
Dans ce tome, j'ai énormément apprécié la retenue et le comportement de Alim qui me semble plus mature. En plus, notre héros y rencontre des personnages hauts en couleurs qui me sont apparus très attachants.
J'ai adoré aussi son traitement graphique dont les tons redeviennent chatoyants comme dans "Le secret des eaux". Sur ce dernier point, je pense que Virginie Augustin est plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'illustrer des paysages de type méditerranéen que ceux de type montagneux. Au niveau de la narration, je tire mon chapeau aux auteurs car elle m'a semblé vraiment excellente !
Dans "La terre du prophète pâle", on y retrouve également des séquences très riches en émotions des tomes précédents. D'ailleurs, la scène du début de livre m'est apparue assez déchirante !
Avec ce troisième album, "Alim le Tanneur" rentre parmi mon panthéon des séries classées dans le genre aventure-fantastique au même titre que La Quête de l'Oiseau du Temps ! Le graphisme de Virginie Augustin est magnifique et le scénario de Wilfrid Lupano est carrément passionnant ! Les héros sont très attachants et les séquences pleines d'émotions y abondent !
Si le quatrième album de la série (ou du cycle) est de la même veine que les autres tomes, il y a des fortes chances que je réhausse ma note à "culte" ! Je croise donc les doigts pour que le dénouement soit aussi magnifique que La Quête de l'Oiseau du Temps (sous-entendu : aux auteurs, faites en sorte que la série ne se termine pas par un happy end classique à la hollywoodienne !) !
Note finale : 4,5/5
Avis sur le quatrième tome : Là où brulent les regards
Le dénouement de cette série qui figure parmi mes préférées dans le genre « fantasy », je le redoutais depuis longtemps : peur qu’il me déçoive, me dégoute d’ « Alim le tanneur » dont les péripéties de ses personnages clés m’ont fasciné et ému jusqu’à maintenant.
Bon, finalement, c’est une fin –à mon avis- magnifique que nous proposent les auteurs ! C’est un dénouement très logique, implacable et plein d’émotions que nous présentent Wilfrid Lupano et Virginie Augustin.
C’est aussi une fin qui ne laissera pas indifférente les lecteurs car elle se termine par une réflexion sur les religions et ses effets sur les hommes. Cette pensée ne sera certainement pas au goût de nombreux bédéphiles. Moi-même, je ne suis pas totalement d’accord avec les auteurs mais je les chérie d’avoir au moins posé la problématique sur les religions, c’est un thème qui a été trop longtemps tabou et qui est actuellement au cœur de l’actualité.
Pour le reste, ce tome présente un savant mixage entre les scènes d’actions, contemplatives et de réflexions : bref, le lecteur retrouvera face à un récit très vivant et très agréable à lire, on ne s’ennuie pas une seule seconde !
Graphiquement, le gros changement réside dans la venue de Dimitri Fogolin pour seconder Virginie Augustin à la mise en couleurs. Son travail est très correct et s’inscrit dans la continuité des tons des précédents tomes.
Cependant, à de nombreuses reprises, la mise en couleurs efface l’encrage de Virginie Augustin, ce qui donne l’impression son coup de crayon est irrégulier : ça m’a intrigué plusieurs fois car je n’avais jamais remarqué ce défaut dans les trois premiers albums de la série !
En conclusion, « Alim le tanneur » est vraiment une superbe série de fantasy. J’y ai apprécié le coup de patte de Virginie Augustin, sa mise en couleurs aux tons très agréables à contempler, ses personnages attachants, son scénario qui nous propose une réflexion sur les effets néfastes du fatalisme religieux sur les hommes ainsi que son dénouement logique et cruel.
Vraiment une belle série ce « Alim le tanneur » !
Note finale : 4/5
PS : Il semblerait que le scénariste soit actuellement à la recherche d’un nouveau dessinateur pour réaliser un deuxième cycle sur « Alim le tanneur », je lui souhaite bonne chance !
Cette bd ? Je l’ai lit-té-ra-le-ment dévorée ! A ce jour, « Le Ciel au-dessus du Louvre » est incontestablement mon album préféré de la collection « Musée du Louvre » de chez Futuropolis !
« Le Ciel au-dessus du Louvre » est une bd à part par rapport aux autres albums de cette collection car c’est la première fois qu’un auteur nous propose une histoire où le musée du Louvre ne sert que de décors.
En effet, dans cette bd, l’accent est mis sur l’avènement d’un tableau réalisé par David à partir d’une commande de Robespierre. Ça se passe sous la première république, Le Louvre, ancienne demeure des rois de France, est devenu désormais un musée populaire où le peuple pourra admirer les œuvres « révolutionnaires ». Le Louvre est aussi un endroit où les peintres et autres artistes « révolutionnaires » peuvent se côtoyer et y créer sur place leurs réalisations.
Bref, le lecteur suivra donc les péripéties de David pour a pour mission de dessiner « l’Être Suprême », cette représentation devra être le symbole de la pureté et de l’idéal républicain. Je ne sais pas si les autres lecteurs ont eu la même (mauvaise) sensation que moi : celle de voir qu’au XVIIIème siècle, l’idée de la race supérieure existait déjà (et même au-deçà puisque les spartes de l’Antiquité grecque se vantaient d’être un peuple supérieur) …
Cette lecture m’a passionné de bout en bout malgré le fait que la révolution française ne m’a jamais intéressé jusqu’à maintenant ! Le bédéphile suivra les coups tordus des principaux acteurs de la vie politique de cette époque (je pense notamment à Robespierre et Danton). Sur ce dernier point, ce one-shot est très riche en renseignements sur cette période trouble de l’histoire de France, ce qui ne veut pas dire que l’album manque d’humour (noir) à l’image de la fameuse réplique de Danton : « Dommage que Dieu n'ait pas une tête ! On sait bien ce qu'on en ferait ! »
Dans « Le Ciel au-dessus du Louvre », j’ai apprécié la narration (très) dynamique de Jean-Claude Carrière. J’y ai adoré le trait d’Yslaire et sa grande variété de styles (il passe allégrement d’un dessin abouti au crayonné). Vraiment, j’adore le traitement graphique du « Ciel au-dessus du Louvre » !
J’ai vraiment été emballé par cet album que je considère comme le meilleur de la collection « Musée du Louvre » à ce jour. J’ai tout aimé dans cette bd : le graphisme d’Yslaire, sa situation historique, son originalité, sa narration dynamique… Bref, « Le Ciel au-dessus du Louvre » est mon gros coup de cœur du moment !
"La vengeance du Comte Skarbek", voilà une excellente surprise.
Je viens de lire cette BD, sans avoir lu aucun avis ou résumé, sur les conseils de quelqu'un qui me connait très bien. On trouve tout dans cette BD : intrigue, aventure, amour, passion, justice, art, trahison... On ne s'ennuie pas une seconde !
J'ai vraiment adoré me faire promener de Paris jusque sur un bateau de pirates, et d'aller de rebondissement en rebondissement, jusqu'au dénouement pour le moins étonnant.
Le dessin est vraiment magnifique, beau comme une peinture de Louis Paulus ! Il colle parfaitement au récit. Et que dire des couleurs... Les visages des couvertures sont criants de vérité, plus vrais que nature.
Une BD que je relirai sans aucun doute avec beaucoup de plaisir.
L'intégrale sort dans quelques jours : voilà une belle idée de cadeau pour Noël !
Alan Moore m'a ouvert les yeux avec V pour Vendetta, il m'a ému avec Watchmen et à présent il me divertit avec La Ligue...
Reprendre des personnages de la littérature fantastique du XiXème siècle aussi divers et variés que l'homme invisible, Dr Jekyll et son double maléfique Mr Hyde, Mina Harker sorti des écrits de Bram Stoker, le capitaine Nemo ainsi que son Nautilus et l'homme de terrain Allan Quatermain pour mieux les détourner et les envoyer via une haute équipe improbable de guilde secrète au service de sa Majesté d'Angleterre.
Sauf que là on a affaire à une véritable équipe de bras cassés : Jekyll est un timide docteur se métamorphosant sur la peur et la colère en monstre de 4 mètres psychopathe et incontrôlable, le capitaine Nemo est un hindou qui travaille par contraintes pour l'empire britannique en mettant à disposition son fantastique submersible, Quattermain est un vieil aventurier déchu par son addiction à la cocaïne et l'homme invisible un profiteur vulgaire et violeur alors que Mina Harker tente d'imposer une cohésion malgré sa condition de femme cachant un lourd passé...
Tout ce beau monde se met au service d'une Angleterre victorienne dans un univers Steampunk des plus réussis où humour, action et références sexuelles se côtoient à travers des dialogues soutenus des plus croustillants.
Les dessins me rebutant lors de l'effeuillage sont là finalement pour desservir des tableaux d'une grande richesse par leur découpage, les personnages ne sont que des ombres étirées donnant un air à la fois réaliste et comics à l'ensemble.
Il n'y a véritablement au premier abord aucune profondeur à tout ce patchwork pop culturel et pourtant si le tout se lit facilement, j'ai eu enfin l'impression de tenir entre mes mains un serial d'une grande richesse me rappelant un Blake & Mortimer perdu dans un monde fantastique et déviant pour adultes...
A savoir que cette série me semble avoir inspiré pas mal d'autres "petits" comme La Brigade Chimérique, nouvelle série prometteuse prenant son essor ou la série des 7 de David Chauvel mais le tout ne se prenant pas au sérieux tout en ménageant les qualités d'un "page turner" pour reprendre cette expression des plus prometteurs...
Indispensable, barré, imaginatif et fou, cette Ligue mérite amplement de figurer dans toute bonne collection que l'on apprécie les autres travaux de Moore ou non.
J'ai toujours un peu peur lorsque j'ouvre une BD qui est tellement encensée sur tous les sites que j'ai pu consulter.
Pourtant, je me suis bien senti obligé de la prendre quand je l'ai vu dans les rayonnages de la bibliothèque municipale…
Avec une telle réputation, je me devais de la lire. Simplement.
Pour les pressés, lisez juste les 2 derniers paragraphes...
Premier constat, le dessin.
Wow ! Difficile uniquement en ouvrant la BD d'apprécier le style graphique…Le trait fait gras, confus, touffu, imprécis.
Mon premier regard est vraiment négatif.
Et surprise, après seulement une page ou deux de lectures, on oublie tout cela. Les petites cases qui nous semblaient trop chargées deviennent parfaitement lisibles, le trait imprécis devient étonnamment vivant, les petites souris étonnamment expressives. L'auteur avec un trait personnel et relativement candide parvient à nous transmettre toutes les émotions de ses petits êtres.
Et puis, l'idée est très bonne, très visuelle de transformer les juifs en souris chasser par les chats nazis. Pour un auteur qui n'est pas un dessinateur exceptionnel, cela lui permet, par exemple d'avoir l'idée très simple d'utiliser des masques lorsqu'il désire nous faire comprendre que les personnages essaient de se faire passer pour d'autres.
Donc, première bonne surprise, le dessin sans être rebutant comme on peut en avoir l'impression, se fait vite oublier. Ce n'est pas non plus la grande classe, mais c'est sobre et efficace.
C'est surement ce qu'il fallait pour cette BD. De la sobriété. Parce que vouloir trop en faire pour raconter cette histoire aurait eu un aspect factice qui aurait fait perdre en crédibilité.
Alors, l'histoire, c'est de l'Histoire. Sûrement, cela est-il intéressant. Sûrement, la simplicité avec laquelle le texte est posé est-elle intéressante. Présentée en 2 tomes, j'ai trouvé l'histoire déséquilibrée entre les 2 tomes. Je m'étais dis que je réussirais à faire un avis concis, mais non, finalement, cette série appelle à plus d'explications...
Je n'ai pas réussi à apprécier ce premier tome à la même valeur que la majorité des lecteurs m'ayant précédé.
Certes, le scénario est clair, certes le mélange entre passé et présent est-il parfaitement mené et contribue à nous faire comprendre non seulement les horreurs que la guerre à pu faire subir aux gens, mais aussi l'impact que cela peut avoir sur eux à long terme.
De toute évidence, l'auteur ne fait dans cette BD que raconter la vérité nue, telle qu'il l'a vécu et telle qu'on la lui a racontée.
Pourtant, de manière quelque peu contradictoire, cela m'a gêné d'avoir un juif avec tous les défauts caricaturaux dont on peut les affubler dans les plus mauvaises plaisanteries. Parce que cet album est tout sauf une plaisanterie. Plutôt une plaie béante avec toute la souffrance que l'on peut en retirer.
Extrêmement humaine elle en est presque déconcertante. Le détachement avec lequel tout cela nous est conté est surprenant. De comprendre, d'imaginer la perte d'un proche, d'un ami, d'un enfant, d'un fils…De lire ou relire comment les nazis habilement ont réussi à faire qu'aucun juif ne se rebelle en augmentant la pression lentement, on rajoutant des contraintes progressivement et en les affaiblissant suffisamment de jour en jour afin de casser toute résistance…
Pour le 2ème tome, tout s'arrange.
L'introduction très introspective, légèrement psychologique sur les conséquences d'une telle vie de souffrance endurée dans la guerre est abordée de manière très humaine, très simple, sans grande volonté de message moralisateur et cela est d'autant plus pertinent. Chacun comprendra le message et se l'appropriera surement d'autant plus.
Je pense d'ailleurs que la grande force de cette heure est qu'elle ne se veut pas scolaire. Nous en avons tous assez des manuels d'histoire, des grands discours pompeux et rasoirs des fascicules scolaires sur lesquels on réussissait à s'endormir même en classe (je ne parle pas que pour moi rassurez moi !?!?).
En restant très simple dans son approche, en restant a priori très terre à terre, en restant apparemment objectif et parfois même un peu froid et sans cœur, l'auteur prend un nouveau chemin afin d'aborder un sujet mille fois ressassé.
Et ça marche. Autant le premier tome, très bon n'avait pas su me happer, autant ce second tome place la barre vraiment haut dans la description de l'horreur.
Peut-être est-ce aussi parce que la vie du héros n'a pas été celle que l'on a l'habitude d'entendre ? Le héros finalement dans son malheur a eu de la chance. Il a toujours su tirer son épingle du jeu. On se pique au jeu de savoir si oui ou non sa dernière magouille va fonctionner. C'est un peu le super héros du pauvre.
Mais tellement attendrissant que l'on ne peut que s'y accrocher.
Maus, une ode à l'amour sortie tout droit du pire des cauchemars.
Maus, l'espoir dans le destin le plus noir.
Un livre incroyablement réussi qui nous change des visions et des approches classiques du sujet.
Une qualité et une classe incroyable débordant de simplicité et d'humanisme.
A mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus réticents aux cours d'histoire et à l'Histoire. Comme moi en fait. Je suis le cobaye parfait pour valider ma théorie !
Pour ceux qui veulent faire connaitre cette guerre aux jeunes, surement est-ce une bonne approche par cette BD. Très naturelle, très simple dans son expression, elle ne se veut pas moralisatrice, elle ne se veut pas hautaine, elle ne se veut pas littéraire.
Juste l'expression d'une vie dans sa simplicité et difficulté.
Difficile de résumer cette bd... Le format est assez surprenant, une seule case par page.
Toutefois ce format particulier donne aux dessins et au déroulement de l'histoire beaucoup de dynamisme, et le dessin étant particulièrement bon le tout se révèle très agréable à lire.
On peut malgré tout reprocher à l'histoire d'être assez peu originale, de même que les designs qui semblent tirer leur inspiration de certains mangas futuristes.
Quoiqu'il en soit, cette bd est clairement intéressante et chaque case est vraiment travaillée, ce qui contraste avec la majorité des bd actuelles.
Bref, un ovni à lire et à acheter si vous accrochez au style.
Voila pas mal de temps que je suis et que j'apprécie l'oeuvre de Lax, sans jamais lui accorder la note de l'excellence. C'est chose faite!
J'avais peur, en attendant la suite de L'Aigle sans orteils, que Lax nous sorte une rallonge, où finalement on apprendrait que la fin de l'aigle n'était pas ce qu'on croyait, etc... A la Van Hamme, quoi !
Hé bien non ! Même s'il est préférable de lire l'aventure d'Amédée Fario, cette suite, qui nous décrit une autre course légendaire, le Paris-Roubaix, et un autre univers, le nord industriel et minier, se suffit à elle même.
Avec quel talent Lax nous décrit le quotidien des "gueules noires" ! Et la course, dont l'engouement populaire est un pied de nez aux "patrons exploiteurs".
En parallèle, nous suivons les déboires de Camille Peyroulet, l'ami d'Amédée, tentant de récupérer une fillette dans un orphelinat sordide, dans une France d'après guerre qui a du mal à panser ses blessures.
Et les dessins : un plaisir pour les yeux, des expressions travaillées, le souci du détail, des couleurs chaleureuses. Lax est ici au sommet de son art.
Vivement la suite.
Que de mystère autour de ce Blast !
J’aurais sans doute dû me tourner vers une autre série pour un premier contact avec Larcenet… Je ne le regrette pourtant pas ; j’aime les œuvres réalistes et noires.
J’ai découvert dans cet opus comment l’auteur, grâce à la narration et à l’ambiance graphique de l’album, arrive à faire ressentir au lecteur toute son impuissance face à cette dramatique auto-destruction sociale, psychologique et physique. L’immersion est pour le moins réussie…
Ce qui me laisse plus perplexe, c’est justement le mystère qui plane autour du récit. Finalement, même au terme de cet épais premier volume, le lecteur n’en sait pas plus sur l’intrigue principale. Si la série est annoncée en cinq tomes, je me demande bien vers quoi va nous emmener l’auteur ?
Au final, il me semble très difficile de juger cet album, tant des zones d’ombre demeurent à la fin du premier tome. Néanmoins, la narration, la mise en page et l’ambiance graphique du récit me semblent d’ores et déjà très réussis. J’attends impatiemment la suite et espère m’enfoncer encore un peu plus dans ce drame…
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Attention : chef-d’œuvre en puissance ! La première chose qui me vient à l’esprit, lorsque je songe à ce premier tome, c’est que, soit Morvan est concerné au premier chef par le problème du handicap mental en général, et de la trisomie en particulier, soit il s’est très bien documenté. Car, moi qui suis dans le milieu de par ma profession, j’ai pu juger de toute la pertinence de nombreuses séquences du récit (sinon toutes). J’ai particulièrement apprécié le personnage du père, qui ne peut se résoudre à accepter le handicap de sa fille. Un personnage ambigu dans ses sentiments, tellement réaliste et tellement humain. Il risque de déplaire à certains lecteurs (et surtout à certaines lectrices), mais, pour quelqu’un « du milieu », il est incroyablement convainquant. Deuxième grande qualité de ce récit : le trait de Taniguchi, et, plus particulièrement encore, sa colorisation. Je connaissais de l’artiste son style en noir et blanc très lisible, très précis, très net, mais aussi la qualité de ses regards, par lesquels il parvient à faire passer beaucoup d’émotion. Je retrouve ici toutes ces qualités (et aussi ce petit défaut qui rend ses visages masculins fort semblables), mais agrémentés d’une colorisation tout en finesse, que j’imagine issue d’une vieille boîte de crayons de couleur. Magnifique, tout simplement, et exhalant un tel parfum de douceur et de tendresse qu’il ne pouvait que magnifier ce genre de récit. Et lorsque le talent de l’un s’associe à celui de l’autre, cela donne ces petites cases presqu’anodines dans lesquelles les artistes parviennent à nous transmettre la manière dont Capucine « ressent » ses proches. Il est de bon ton, à notre époque, de dire que les personnes handicapées mentales sont plus fines dans la manière de ressentir les émotions de leurs proches. Je crois surtout que, handicapés par leurs facultés cognitives déficientes, ces personnes se fient beaucoup plus à leurs propres émotions et à leur capacité à l’empathie (une capacité qui, elle, n’est pas déficiente chez elles) pour se gorger des émotions environnantes, telles des éponges. Cet état est très bien traduit, graphiquement, dans les premières séquences, et confirme mon sentiment quant à la qualité de la documentation utilisée par Morvan. Autre force du récit : le fait que si Capucine est le personnage central du récit, elle n’en est pas le moteur, mais bien le « démarreur ». Le scénario est très riche et s’attarde avec intelligence sur beaucoup d’aspects de la vie quotidienne de la personne handicapée et de son environnement. Et le petit plus en plus provient du grain de la couverture et du papier, qui rend encore plus physique, plus tactile, … plus touchant le récit. Je sais déjà que je ne prêterai pas cet album à certain(e)s de mes ami(e)s, car je suis sûr, dans le cas contraire, de ne jamais le récupérer. Mais je ne peux que conseiller l’achat … sauf si vous êtes allergiques à ce genre de récit réaliste jouant sur la corde sensible. Vivement la suite … (PS : si je ne mets pas « culte », c’est pour la seule et unique raison qu’il s’agit ici d’un premier tome. Il me paraît par conséquent précipité d’accorder la note maximale à un récit qui n’en est qu’à ses balbutiements).
Réglisse et Théo
Je suis très difficile en termes d'humour. Mais j'aime bien les chiens et les chats, à condition qu'on ne les traite ni comme l'énième enfant de la famille ou qu'on gâtifie à outrance à leur encontre. Le dessinateur Chandre, adaptateur d'Agatha Christie et dessinateur du très beau Saint Kilda, amusé par le comportement de ses animaux familiers, a décidé d'en faire une série de strips humoristiques à sa sauce. A partir de situations toutes bêtes (Théo est un gros patapouf qui ne se bouge pas mais qui aime bien que Réglisse lui lèche le cul, Réglisse croque tout ce qu'elle trouve, quitte à rendre tripes et boyaux par la suite), il arrive non seulement à ne pas trop se répéter (caractéristique essentielle à mes yeux en termes d'humour), mais aussi et surtout à mettre des répliques ravageuses dans la bouche ou l'esprit des deux animaux. Je me suis bien marré, tout simplement. Un très bon 3,5/5 arrondi à 4 parce que c'est rare.
Alim le tanneur
Actuellement, « Alim le tanneur » est une de mes séries préférées dans le genre « fantasy ». Voici mes avis tome par tome : Avis sur le premier tome : Le secret des eaux Malgré une couverture que je trouve également peu attirante à cause de l’utilisation de couleurs sombres, n’hésitez pas à feuilleter « Alim le tanneur » ! Personnellement, j’ai été tout de suite séduit par la mise en couleurs au ton pastel. L’ambiance de cette bd m’est apparue chaude, comme une invitation au voyage à travers les pays orientaux dont les auteurs se sont inspirés pour les décors. Pour ma part, j’ai trouvé beaucoup de similitudes entre « Alim le tanneur » et « la quête de l’oiseau du temps » au niveau de la mise en place de l’histoire, de l’humour (le moine, l’inconnu…) et de certaines scènes dramatiques. Pour un premier album, Virginie Augustin a fait fort ! Les décors présentent une foule de détails impressionnants tout en restant lisibles. Les personnages sont attachants à l’image de la craquante petite fille et du sympathique moine naïf. Le bestiaire bien qu’il n’en y ait peu dans ce premier tome va, j’en suis sûr, se révéler très diversifié. Le scénario semble être, encore une fois (c’est la mode du moment !), précepte à une mise en cause de l’extrémisme religieux et du fanatisme de ses pratiquants. Personnellement, cela ne m’a pas rebuté car les situations comiques et le charisme des personnages sont légions et contribuent beaucoup à rendre plaisante la lecture de ce premier tome. « Alim le tanneur » est, pour moi, avec « Okko » la révélation Delcourt de l’année 2004, j’attends le deuxième tome avec impatience ! Note finale : 4/5 PS : Lors de la 3ème édition de ce tome, la couverture a été changée… Avis sur le deuxième tome : Le vent de l’exil Suite des aventures d’Alim après un premier tome (« le secret des eaux ») que je considère comme l’un des meilleurs albums « Delcourt » de l’année 2005, « Le vent de l’exil » m’a un peu déçu graphiquement. En fait, c’est la mise en couleurs que je trouve en deçà par rapport au « secret des eaux » surtout dans les séquences se passant dans la nef Iasoubine. En effet, les arrières plans me sont apparus trop flous. C’est gênant car le manque de contrastes sur ce fond verdâtre ne m’a pas permis d’apprécier pleinement les décors qui sont apparemment très détaillés. La faune ne m’a pas parue aussi variée et créative que je ne le pensais. A part la « silère », les autres animaux ressemblent beaucoup à ceux existant sur terre, mêmes les ânes sont présents dans cette BD se déroulant dans un monde imaginaire ! Sinon, j’aime beaucoup le trait tout en finesse de Virginie Augustin. Son découpage est toujours pertinent, la narration décondensée lui permet d’aérer la mise en page et c’est tant mieux ainsi ! Le scénario reprend, à mon avis, les évènements de l’époque romaine dans la période où les romains luttaient contre le christianisme. Ainsi, Alim, le « hors-caste », m’est apparu comme un messie malgré lui qui cherche à s’échapper aux adeptes de la religion de « Jésameth ». J’ai trouvé aussi certaines ressemblances entre certaines religions réelles qui incitent à lutter contre les « mécréants » et l’attitude des « jésamethiens » contre ceux qui refusent d’adhérer à leur croyance. Les scènes de tortures sont assez présentes dans cet album, en tout cas, bien davantage que dans « le secret des eaux » qui est une BD plus distrayante à lire. Cependant, l’humour est également visible dans « le vent de l’exil » surtout dans des scènes où Alim et sa fille Bul sont réunis. L’album comporte de nombreuses scènes d’action qui raviront les amateurs du genre. Après un premier tome que j’ai trouvé réussi, la suite des aventures d’Alim me donne envie d’attendre avec impatience le… prochain album ! Les personnages principaux sont très attachants et la mise en page aérée rend la lecture plaisante. Le scénario, derrière des séquences humoristiques et d’action réussies se situant dans un monde fantastique, est une critique des diverses croyances religieuses de notre société. « Le vent de l’exil » est finalement, à mon avis, un album d’aventure très réussi malgré un graphisme qui me semble légèrement en deçà du précédent album et la présence de scènes très sanglantes. Note finale : 3,5/5 Avis sur le troisième tome : La terre du prophète pâle Pour ce troisième tome de la série, je ne ferais pas de commentaire sur la trame de l'histoire afin d'éviter de vous transmettre des spoilers. Cependant, sachiez tout de même que le changement de lieu de ce récit et l'absence d'un personnage important rendent ce troisième album très intéressant ! De même, par rapport au précédent album, l'histoire contient moins de violences et nous emmène davantage à la réflexion. Dans ce tome, j'ai énormément apprécié la retenue et le comportement de Alim qui me semble plus mature. En plus, notre héros y rencontre des personnages hauts en couleurs qui me sont apparus très attachants. J'ai adoré aussi son traitement graphique dont les tons redeviennent chatoyants comme dans "Le secret des eaux". Sur ce dernier point, je pense que Virginie Augustin est plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'illustrer des paysages de type méditerranéen que ceux de type montagneux. Au niveau de la narration, je tire mon chapeau aux auteurs car elle m'a semblé vraiment excellente ! Dans "La terre du prophète pâle", on y retrouve également des séquences très riches en émotions des tomes précédents. D'ailleurs, la scène du début de livre m'est apparue assez déchirante ! Avec ce troisième album, "Alim le Tanneur" rentre parmi mon panthéon des séries classées dans le genre aventure-fantastique au même titre que La Quête de l'Oiseau du Temps ! Le graphisme de Virginie Augustin est magnifique et le scénario de Wilfrid Lupano est carrément passionnant ! Les héros sont très attachants et les séquences pleines d'émotions y abondent ! Si le quatrième album de la série (ou du cycle) est de la même veine que les autres tomes, il y a des fortes chances que je réhausse ma note à "culte" ! Je croise donc les doigts pour que le dénouement soit aussi magnifique que La Quête de l'Oiseau du Temps (sous-entendu : aux auteurs, faites en sorte que la série ne se termine pas par un happy end classique à la hollywoodienne !) ! Note finale : 4,5/5 Avis sur le quatrième tome : Là où brulent les regards Le dénouement de cette série qui figure parmi mes préférées dans le genre « fantasy », je le redoutais depuis longtemps : peur qu’il me déçoive, me dégoute d’ « Alim le tanneur » dont les péripéties de ses personnages clés m’ont fasciné et ému jusqu’à maintenant. Bon, finalement, c’est une fin –à mon avis- magnifique que nous proposent les auteurs ! C’est un dénouement très logique, implacable et plein d’émotions que nous présentent Wilfrid Lupano et Virginie Augustin. C’est aussi une fin qui ne laissera pas indifférente les lecteurs car elle se termine par une réflexion sur les religions et ses effets sur les hommes. Cette pensée ne sera certainement pas au goût de nombreux bédéphiles. Moi-même, je ne suis pas totalement d’accord avec les auteurs mais je les chérie d’avoir au moins posé la problématique sur les religions, c’est un thème qui a été trop longtemps tabou et qui est actuellement au cœur de l’actualité. Pour le reste, ce tome présente un savant mixage entre les scènes d’actions, contemplatives et de réflexions : bref, le lecteur retrouvera face à un récit très vivant et très agréable à lire, on ne s’ennuie pas une seule seconde ! Graphiquement, le gros changement réside dans la venue de Dimitri Fogolin pour seconder Virginie Augustin à la mise en couleurs. Son travail est très correct et s’inscrit dans la continuité des tons des précédents tomes. Cependant, à de nombreuses reprises, la mise en couleurs efface l’encrage de Virginie Augustin, ce qui donne l’impression son coup de crayon est irrégulier : ça m’a intrigué plusieurs fois car je n’avais jamais remarqué ce défaut dans les trois premiers albums de la série ! En conclusion, « Alim le tanneur » est vraiment une superbe série de fantasy. J’y ai apprécié le coup de patte de Virginie Augustin, sa mise en couleurs aux tons très agréables à contempler, ses personnages attachants, son scénario qui nous propose une réflexion sur les effets néfastes du fatalisme religieux sur les hommes ainsi que son dénouement logique et cruel. Vraiment une belle série ce « Alim le tanneur » ! Note finale : 4/5 PS : Il semblerait que le scénariste soit actuellement à la recherche d’un nouveau dessinateur pour réaliser un deuxième cycle sur « Alim le tanneur », je lui souhaite bonne chance !
Le Ciel au-dessus du Louvre
Cette bd ? Je l’ai lit-té-ra-le-ment dévorée ! A ce jour, « Le Ciel au-dessus du Louvre » est incontestablement mon album préféré de la collection « Musée du Louvre » de chez Futuropolis ! « Le Ciel au-dessus du Louvre » est une bd à part par rapport aux autres albums de cette collection car c’est la première fois qu’un auteur nous propose une histoire où le musée du Louvre ne sert que de décors. En effet, dans cette bd, l’accent est mis sur l’avènement d’un tableau réalisé par David à partir d’une commande de Robespierre. Ça se passe sous la première république, Le Louvre, ancienne demeure des rois de France, est devenu désormais un musée populaire où le peuple pourra admirer les œuvres « révolutionnaires ». Le Louvre est aussi un endroit où les peintres et autres artistes « révolutionnaires » peuvent se côtoyer et y créer sur place leurs réalisations. Bref, le lecteur suivra donc les péripéties de David pour a pour mission de dessiner « l’Être Suprême », cette représentation devra être le symbole de la pureté et de l’idéal républicain. Je ne sais pas si les autres lecteurs ont eu la même (mauvaise) sensation que moi : celle de voir qu’au XVIIIème siècle, l’idée de la race supérieure existait déjà (et même au-deçà puisque les spartes de l’Antiquité grecque se vantaient d’être un peuple supérieur) … Cette lecture m’a passionné de bout en bout malgré le fait que la révolution française ne m’a jamais intéressé jusqu’à maintenant ! Le bédéphile suivra les coups tordus des principaux acteurs de la vie politique de cette époque (je pense notamment à Robespierre et Danton). Sur ce dernier point, ce one-shot est très riche en renseignements sur cette période trouble de l’histoire de France, ce qui ne veut pas dire que l’album manque d’humour (noir) à l’image de la fameuse réplique de Danton : « Dommage que Dieu n'ait pas une tête ! On sait bien ce qu'on en ferait ! » Dans « Le Ciel au-dessus du Louvre », j’ai apprécié la narration (très) dynamique de Jean-Claude Carrière. J’y ai adoré le trait d’Yslaire et sa grande variété de styles (il passe allégrement d’un dessin abouti au crayonné). Vraiment, j’adore le traitement graphique du « Ciel au-dessus du Louvre » ! J’ai vraiment été emballé par cet album que je considère comme le meilleur de la collection « Musée du Louvre » à ce jour. J’ai tout aimé dans cette bd : le graphisme d’Yslaire, sa situation historique, son originalité, sa narration dynamique… Bref, « Le Ciel au-dessus du Louvre » est mon gros coup de cœur du moment !
La Vengeance du Comte Skarbek
"La vengeance du Comte Skarbek", voilà une excellente surprise. Je viens de lire cette BD, sans avoir lu aucun avis ou résumé, sur les conseils de quelqu'un qui me connait très bien. On trouve tout dans cette BD : intrigue, aventure, amour, passion, justice, art, trahison... On ne s'ennuie pas une seconde ! J'ai vraiment adoré me faire promener de Paris jusque sur un bateau de pirates, et d'aller de rebondissement en rebondissement, jusqu'au dénouement pour le moins étonnant. Le dessin est vraiment magnifique, beau comme une peinture de Louis Paulus ! Il colle parfaitement au récit. Et que dire des couleurs... Les visages des couvertures sont criants de vérité, plus vrais que nature. Une BD que je relirai sans aucun doute avec beaucoup de plaisir. L'intégrale sort dans quelques jours : voilà une belle idée de cadeau pour Noël !
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires
Alan Moore m'a ouvert les yeux avec V pour Vendetta, il m'a ému avec Watchmen et à présent il me divertit avec La Ligue... Reprendre des personnages de la littérature fantastique du XiXème siècle aussi divers et variés que l'homme invisible, Dr Jekyll et son double maléfique Mr Hyde, Mina Harker sorti des écrits de Bram Stoker, le capitaine Nemo ainsi que son Nautilus et l'homme de terrain Allan Quatermain pour mieux les détourner et les envoyer via une haute équipe improbable de guilde secrète au service de sa Majesté d'Angleterre. Sauf que là on a affaire à une véritable équipe de bras cassés : Jekyll est un timide docteur se métamorphosant sur la peur et la colère en monstre de 4 mètres psychopathe et incontrôlable, le capitaine Nemo est un hindou qui travaille par contraintes pour l'empire britannique en mettant à disposition son fantastique submersible, Quattermain est un vieil aventurier déchu par son addiction à la cocaïne et l'homme invisible un profiteur vulgaire et violeur alors que Mina Harker tente d'imposer une cohésion malgré sa condition de femme cachant un lourd passé... Tout ce beau monde se met au service d'une Angleterre victorienne dans un univers Steampunk des plus réussis où humour, action et références sexuelles se côtoient à travers des dialogues soutenus des plus croustillants. Les dessins me rebutant lors de l'effeuillage sont là finalement pour desservir des tableaux d'une grande richesse par leur découpage, les personnages ne sont que des ombres étirées donnant un air à la fois réaliste et comics à l'ensemble. Il n'y a véritablement au premier abord aucune profondeur à tout ce patchwork pop culturel et pourtant si le tout se lit facilement, j'ai eu enfin l'impression de tenir entre mes mains un serial d'une grande richesse me rappelant un Blake & Mortimer perdu dans un monde fantastique et déviant pour adultes... A savoir que cette série me semble avoir inspiré pas mal d'autres "petits" comme La Brigade Chimérique, nouvelle série prometteuse prenant son essor ou la série des 7 de David Chauvel mais le tout ne se prenant pas au sérieux tout en ménageant les qualités d'un "page turner" pour reprendre cette expression des plus prometteurs... Indispensable, barré, imaginatif et fou, cette Ligue mérite amplement de figurer dans toute bonne collection que l'on apprécie les autres travaux de Moore ou non.
Maus
J'ai toujours un peu peur lorsque j'ouvre une BD qui est tellement encensée sur tous les sites que j'ai pu consulter. Pourtant, je me suis bien senti obligé de la prendre quand je l'ai vu dans les rayonnages de la bibliothèque municipale… Avec une telle réputation, je me devais de la lire. Simplement. Pour les pressés, lisez juste les 2 derniers paragraphes... Premier constat, le dessin. Wow ! Difficile uniquement en ouvrant la BD d'apprécier le style graphique…Le trait fait gras, confus, touffu, imprécis. Mon premier regard est vraiment négatif. Et surprise, après seulement une page ou deux de lectures, on oublie tout cela. Les petites cases qui nous semblaient trop chargées deviennent parfaitement lisibles, le trait imprécis devient étonnamment vivant, les petites souris étonnamment expressives. L'auteur avec un trait personnel et relativement candide parvient à nous transmettre toutes les émotions de ses petits êtres. Et puis, l'idée est très bonne, très visuelle de transformer les juifs en souris chasser par les chats nazis. Pour un auteur qui n'est pas un dessinateur exceptionnel, cela lui permet, par exemple d'avoir l'idée très simple d'utiliser des masques lorsqu'il désire nous faire comprendre que les personnages essaient de se faire passer pour d'autres. Donc, première bonne surprise, le dessin sans être rebutant comme on peut en avoir l'impression, se fait vite oublier. Ce n'est pas non plus la grande classe, mais c'est sobre et efficace. C'est surement ce qu'il fallait pour cette BD. De la sobriété. Parce que vouloir trop en faire pour raconter cette histoire aurait eu un aspect factice qui aurait fait perdre en crédibilité. Alors, l'histoire, c'est de l'Histoire. Sûrement, cela est-il intéressant. Sûrement, la simplicité avec laquelle le texte est posé est-elle intéressante. Présentée en 2 tomes, j'ai trouvé l'histoire déséquilibrée entre les 2 tomes. Je m'étais dis que je réussirais à faire un avis concis, mais non, finalement, cette série appelle à plus d'explications... Je n'ai pas réussi à apprécier ce premier tome à la même valeur que la majorité des lecteurs m'ayant précédé. Certes, le scénario est clair, certes le mélange entre passé et présent est-il parfaitement mené et contribue à nous faire comprendre non seulement les horreurs que la guerre à pu faire subir aux gens, mais aussi l'impact que cela peut avoir sur eux à long terme. De toute évidence, l'auteur ne fait dans cette BD que raconter la vérité nue, telle qu'il l'a vécu et telle qu'on la lui a racontée. Pourtant, de manière quelque peu contradictoire, cela m'a gêné d'avoir un juif avec tous les défauts caricaturaux dont on peut les affubler dans les plus mauvaises plaisanteries. Parce que cet album est tout sauf une plaisanterie. Plutôt une plaie béante avec toute la souffrance que l'on peut en retirer. Extrêmement humaine elle en est presque déconcertante. Le détachement avec lequel tout cela nous est conté est surprenant. De comprendre, d'imaginer la perte d'un proche, d'un ami, d'un enfant, d'un fils…De lire ou relire comment les nazis habilement ont réussi à faire qu'aucun juif ne se rebelle en augmentant la pression lentement, on rajoutant des contraintes progressivement et en les affaiblissant suffisamment de jour en jour afin de casser toute résistance… Pour le 2ème tome, tout s'arrange. L'introduction très introspective, légèrement psychologique sur les conséquences d'une telle vie de souffrance endurée dans la guerre est abordée de manière très humaine, très simple, sans grande volonté de message moralisateur et cela est d'autant plus pertinent. Chacun comprendra le message et se l'appropriera surement d'autant plus. Je pense d'ailleurs que la grande force de cette heure est qu'elle ne se veut pas scolaire. Nous en avons tous assez des manuels d'histoire, des grands discours pompeux et rasoirs des fascicules scolaires sur lesquels on réussissait à s'endormir même en classe (je ne parle pas que pour moi rassurez moi !?!?). En restant très simple dans son approche, en restant a priori très terre à terre, en restant apparemment objectif et parfois même un peu froid et sans cœur, l'auteur prend un nouveau chemin afin d'aborder un sujet mille fois ressassé. Et ça marche. Autant le premier tome, très bon n'avait pas su me happer, autant ce second tome place la barre vraiment haut dans la description de l'horreur. Peut-être est-ce aussi parce que la vie du héros n'a pas été celle que l'on a l'habitude d'entendre ? Le héros finalement dans son malheur a eu de la chance. Il a toujours su tirer son épingle du jeu. On se pique au jeu de savoir si oui ou non sa dernière magouille va fonctionner. C'est un peu le super héros du pauvre. Mais tellement attendrissant que l'on ne peut que s'y accrocher. Maus, une ode à l'amour sortie tout droit du pire des cauchemars. Maus, l'espoir dans le destin le plus noir. Un livre incroyablement réussi qui nous change des visions et des approches classiques du sujet. Une qualité et une classe incroyable débordant de simplicité et d'humanisme. A mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus réticents aux cours d'histoire et à l'Histoire. Comme moi en fait. Je suis le cobaye parfait pour valider ma théorie ! Pour ceux qui veulent faire connaitre cette guerre aux jeunes, surement est-ce une bonne approche par cette BD. Très naturelle, très simple dans son expression, elle ne se veut pas moralisatrice, elle ne se veut pas hautaine, elle ne se veut pas littéraire. Juste l'expression d'une vie dans sa simplicité et difficulté.
Space Girl
Difficile de résumer cette bd... Le format est assez surprenant, une seule case par page. Toutefois ce format particulier donne aux dessins et au déroulement de l'histoire beaucoup de dynamisme, et le dessin étant particulièrement bon le tout se révèle très agréable à lire. On peut malgré tout reprocher à l'histoire d'être assez peu originale, de même que les designs qui semblent tirer leur inspiration de certains mangas futuristes. Quoiqu'il en soit, cette bd est clairement intéressante et chaque case est vraiment travaillée, ce qui contraste avec la majorité des bd actuelles. Bref, un ovni à lire et à acheter si vous accrochez au style.
Pain d'Alouette
Voila pas mal de temps que je suis et que j'apprécie l'oeuvre de Lax, sans jamais lui accorder la note de l'excellence. C'est chose faite! J'avais peur, en attendant la suite de L'Aigle sans orteils, que Lax nous sorte une rallonge, où finalement on apprendrait que la fin de l'aigle n'était pas ce qu'on croyait, etc... A la Van Hamme, quoi ! Hé bien non ! Même s'il est préférable de lire l'aventure d'Amédée Fario, cette suite, qui nous décrit une autre course légendaire, le Paris-Roubaix, et un autre univers, le nord industriel et minier, se suffit à elle même. Avec quel talent Lax nous décrit le quotidien des "gueules noires" ! Et la course, dont l'engouement populaire est un pied de nez aux "patrons exploiteurs". En parallèle, nous suivons les déboires de Camille Peyroulet, l'ami d'Amédée, tentant de récupérer une fillette dans un orphelinat sordide, dans une France d'après guerre qui a du mal à panser ses blessures. Et les dessins : un plaisir pour les yeux, des expressions travaillées, le souci du détail, des couleurs chaleureuses. Lax est ici au sommet de son art. Vivement la suite.
Blast
Que de mystère autour de ce Blast ! J’aurais sans doute dû me tourner vers une autre série pour un premier contact avec Larcenet… Je ne le regrette pourtant pas ; j’aime les œuvres réalistes et noires. J’ai découvert dans cet opus comment l’auteur, grâce à la narration et à l’ambiance graphique de l’album, arrive à faire ressentir au lecteur toute son impuissance face à cette dramatique auto-destruction sociale, psychologique et physique. L’immersion est pour le moins réussie… Ce qui me laisse plus perplexe, c’est justement le mystère qui plane autour du récit. Finalement, même au terme de cet épais premier volume, le lecteur n’en sait pas plus sur l’intrigue principale. Si la série est annoncée en cinq tomes, je me demande bien vers quoi va nous emmener l’auteur ? Au final, il me semble très difficile de juger cet album, tant des zones d’ombre demeurent à la fin du premier tome. Néanmoins, la narration, la mise en page et l’ambiance graphique du récit me semblent d’ores et déjà très réussis. J’attends impatiemment la suite et espère m’enfoncer encore un peu plus dans ce drame…