Achetés au culot dans une solderie, ces Crossovers m’auront fait passer un très agréable moment de lecture, même si, à la longue, elle perd de son charme et de son efficacité.
Parodie des histoires de super-héros, la série nous expose une famille particulière dont chaque membre illustre un courant scénaristique récurent dans ce style. Chaque personnage, bien entendu, ignore que son fils, sa fille, son père, sa mère, son mari, sa femme, son frère, sa sœur, etc … est, lui aussi un « spécialiste dans son genre ». Et, entre Superman, Buffy, le monde de Narnia et Independence Day, le délire est bien présent. J’ai bien aimé ce second degré de type brut de coffrage tel que les américains savent le faire. L’album a la subtilité d’un char d’assaut, déborde d’un humour à deux balles, mais se révèle en définitive plutôt efficace pour un lecteur dans mon genre, qui trouve déjà à l’origine ce genre de super-héros à la limite du ridicule (oui, j’ai vraiment du mal avec les super-héros qui se prennent au sérieux).
Malheureusement, comme je l’ai dit, la première surprise et les premiers quiproquos passés (comptez tout de même une bonne soixantaine de planches), l’aventure se mord la queue, et nous ressert les mêmes plats jusqu’à plus soif. Heureusement, un cinquième membre de la famille redynamisera le final, pour me laisser sur une bonne impression, en définitive.
L’aspect graphique de l’album fut une grosse surprise pour moi (pour ne pas dire « une fameuse claque dans le coin de la tronche »). Ignare que je suis, j’ignorais que Mauricet, un des bons dessinateurs humoristiques de Bamboo, était en réalité un artiste accompli, capable de s’adapter avec talent à d’autres styles que le franco-belge à gros nez. Et son trait inspiré du style Comic américain est d’une indiscutable qualité. Il convient très bien à ce genre de parodie tant il est universel. Pour une fois, ce léger manque de personnalité dans le trait de l’artiste se révèle être un atout !
Une très bonne affaire, donc, pour un investissement minime. Malheureusement, malgré ce très bon rapport qualité/prix, les passages creux m’empêchent d’attribuer plus qu’un pas mal, pas mal du tout. A découvrir, sans nul doute, et à acheter à bas prix si ce genre parodique vous inspire.
Dans la lignée de ses « Amours fragiles », Richelle exploite sa documentation pour nous servir un solide récit dont le théâtre est la France durant l’occupation allemande.
L’intrigue est bien menée. La plausibilité est grande, grâce à la qualité de la documentation employée. Les personnages ont des caractères agréablement diversifiés, et, souvent, un grand charisme. Le suspense est au rendez-vous, jusqu’à la dernière planche.
Graphiquement, l’œuvre est également de qualité. Le trait de pierre Wachs, dont j’aime la finesse, n’est cependant pas d’une grande originalité. A lui seul, il n’aurait pas suffit à susciter mon intérêt, mais, au service d’un tel récit, il en devient vraiment plaisant.
Une lecture très prenante, donc, que j’ai même finalement plus apprécié que les « amours fragiles » du fait d’un nombre d’acteurs plus réduit, et donc d’un récit mieux centré.
Block 109 nous conte l'Histoire post-1940, dans un monde où la seconde guerre mondiale ne s'est pas achevée. On y suit un nouvel ordre allemand émergeant, décidé à affronter l'ordre nazi grandissant. Des hommes aux idées dures, très dures, voulant imposer par la force (un virus mortel transformant les personnes infectés en monstres sanguinaires) un monde différent.
L'histoire est racontée de façon dure, très convaincante, avec une maestria hors norme. C'est d'autant plus impressionnant que le scénariste est nouveau dans l'univers de la BD.
À noter que le dessinateur, dont c'est aussi la première bande dessinée, nous a pondu 200 pages énormes : elles sont constituées d'esquisses très avancées (ce n'est pas un trait propre comme on le voit souvent), colorées de façon magistrale dans des tons sépia du plus bel effet, où seul le rouge ressort dans certaines scènes.
Une histoire comme je les aime, avec des héros (des vrais), avec une fin qu'on ne peut oublier, une fin muette, une fin qui fait prendre conscience qu'avec des images on en dit souvent plus qu'avec des mots. À noter que cette uchronie n'est en rien "fantastique" (en fait, je croyais avoir entre les mains une série avec des zombies), malgré ce qu'on pourrait croire (virus, mutation) : c'est juste une grande aventure humaine, sur fond de guerre.
Simplement magnifique.
Mise à jour après une relecture
Cette série est meilleure de tome en tome. Le premier tome est plutôt maladroit et au début et ça va un peu trop vite (la partie avec le professeur Atami, par exemple) comme si l'auteur était pressé de mettre en place son intrigue. Un autre défaut est que ce tome met trop en avant Toppei qui est un personnage fade. Heureusement, les moments avec Rock, le meilleur personnage de Tezuka et l'un de mes méchants préférés, sont tout simplement excellents.
Les deux autres tomes sont très captivants (le fait que Rock devient plus important que Toppei en est la raison majeure) et j'étais incapable d'enlever un tome de mes mains. Dommage que la deuxième partie du récit n'ait pas de fin car elle était très prometteuse et s'annonçait être encore meilleure que la première partie.
"L’agent 212" ? J’apprécie à petite dose.
Les dessins sont classiques pour une série d’humour du Journal Spirou. Du genre gros nez, réussi certes, mais je n’aime pas vraiment le trait de Kox, les personnages ne sont pas très beaux et les décors assez pauvres. De plus les couleurs sont plates.
Au niveau du scénario, c’est assez mitigé. Un gag dans Spirou, ou un album de temps en temps, ça passe.
Mais lire "L’agent 212" trop souvent c’est s’exposer à l’overdose. Je ne ris jamais à la lecture de ces albums, quelque fois je souris.
Le problème, c’est que comme cette série a beaucoup de succès, il y a trop d’albums sortis, et sur la longueur les gags s’épuisent et la série devient médiocre.
Voici une excellente petite série, qui débute sur un mode humoristique pour se terminer sur un mode dramatique et cynique.
De plus, la série développe le thème de la religion et du fanatisme d’une manière originale, divertissante et pertinente. Je trouve vraiment cette série intelligente dans les idées qu’elle développe et véhicule sur ce thème.
Graphiquement, rien à redire non plus. Le travail de Virginie Augustin est soigné. Le trait est dynamique, les décors sont suffisamment détaillés et les expressions de visages sont adéquates et plaisantes à l’œil.
Que des éloges, donc, pour une série d’aventure et de légende qui se distingue de la masse par son thème central (la religion et le fanatisme), par l’évolution de son ambiance (drôle au début, et bien plus dramatique dans sa conclusion) et par la qualité du trait et de la narration.
Un incontournable, selon moi. Franchement bien !
Frustrant.
Frustrant de voir un tel bijou resté à jamais inachevé... A vrai dire je ne le savais pas tant que je ne suis pas arrivé au... terme de ma lecture. Et c'est vrai que le goût qui reste en bouche est celui de l'inachevé comme le dit sousoune...
Car ce manga est vraiment très très bon. Il raconte le lent passage vers la vie adulte d'une adolescente, qui aimerait devenir mangaka mais n'a aucune confiance en ses capacités. Nombre de jeunes artistes ont pu, peuvent ou pourront se reconnaître dans ce personnage. Le titre original de la série était "Shojo Nemu", ce qui littéralement signifie bien sur Nemu la jeune fille, mais aussi, en gros, story-board d'un manga pour jeunes filles... Un beau titre, qui révèle la dualité et la fusion du propos. L’esquisse, c'est l'état d'adolescente de Nemu, qui apprendra beaucoup auprès de ce jeune mangaka, Gorô, dont elle tombera probablement amoureuse. J’écris "probablement" car rien n'est vraiment dit, et les sentiments de la jeune fille ne se seraient révélées que plus tard, lorsqu'elle serait devenue autonome, à la fin de ces études. Nous avons un aperçu de cette période sur les 35 dernières pages de l'album (sur près de 250), et la fin laisse le lecteur plutôt désarmé... Il ne peut, comme l'y invite l'éditeur, qu'imaginer le futur de Nemu, sa rencontre future avec Gorô, les interactions de sa cousine Tama pour l'aider, Nemu étant extrêmement timide... Rhaaa c'est frustrant...
Après tout le bien exprimé sur Donjon Zenith, la série mère et principale de cette grande saga, Sfar et Trondheim ont eu assez rapidement l'envie et l'intérêt de transposer leurs personnages aux origines de ce monde si particulier qu'est Terra Amata et la création de ce fameux Donjon... On se retrouve donc dans une épopée picaresque mettant en scène le personnage clé à savoir le Gardien du Donjon, Hyacinthe de Cavallère qui n'est qu'un riche noble parti dans la dangereuse Antipolis, mégalopole de tous les dangers qui fera de notre petit héros un être sans cesse tiraillé entre le bien par sa soif de justice sous les traits de la nocturne et masquée Chemise de la Nuit et le mal dicté par les sentiments qu'il porte à Alexandra, redoutable femme serpent assassin !
On perd les traits et les couleurs toutes ludiques de Trondheim et de Sfar pour le trait hachuré et sombre de Christophe Blain, ce qui peut choquer à première vue mais s'avère être un excellent choix tant le monde dépeint ici est mélancolique et pessimiste. Personnellement Donjon atteint un niveau d'excellence inégalé et annonce la couleur : on y parlera ici de quêtes absurdes, de sexe contrarié et de complots retors sans oublier la principale qualité des Donjon à savoir un humour décalé de très haut niveau.
Là où Donjon Zenith se joue des conventions de jeux de rôle, ici on a affaire au passage de l'adolescence au stade adulte sans concessions, le tout personnifié par le personnage naïf et attachant de Hyacinthe qui deviendra dans le futur le Gardien vénal et mystérieux de la série principale.
Le tout se joue des codes chevaleresques imposés par Alexandre Dumas par une maitrise constante des évènements et de leurs implications morales, c'est à la fois cruel, drôle et peut rappeler une fresque comme le film Le Parrain par la métamorphose inéluctable de Hyacinthe.
Et tour de force suprême scénaristique qui mériterait à elle seule une 6ème étoile si Bdt m'en laissait la possibilité : l'histoire fait un bond en avant de quelques années entre le 3ème et 4ème tome permettant une évolution sensible dont on ne se sentira jamais lésé tant l'intérêt est relancé. Au lecteur de faire les connections nécessaires par sa propre imagination ou de se plonger dans Donjon monsters pour éclairer quelques zones d'ombre et se repaitre avec un petit sourire en coin de l'intérêt général pour une série culte indissociable et toujours aussi surprenante.
L'apport du talent de Gaultier remplaçant Blain à partir du 5ème tome est loin d'être handicapant, son style se mariant parfaitement avec la collection déjà disponible.
Je ne sais toujours pas ce que veut dire Potron-Minet (*) mais cela évoque pour moi suffisamment d'intérêt pour avoir envie encore de me replonger dans sa lecture d'amours cruelles contrariées en attendant la suite.
Très vivement conseillé comme l'ensemble, que dis-je ?, la totalité de la série Donjon.
(*) : forcément cela veut dire "De très bon matin", une notion dont j'ai oublié l'intérêt !!! :)
"Block 109" est une pure BD uchronique mélangeant les genres.
Le récit est dense commençant par le meurtre de Hitler en 1941 entrainant une suite différente à celle que l'on connait de la seconde guerre mondiale. Une bipolarité mondiale se met en place. Les nazis affrontent les staliniens alors que les pays anglo-saxons ont été rayés du globe. Il y a ensuite des mouvements d'influence dans le nazisme. Pour essayer de reprendre le dessus, les nazis vont essayer de créer le super soldat. Mais ils ont créé une arme maléfique, un virus terrible, instable, une horreur qui transforme ceux qui l'absorbent en sorte de zombis.
Le résumé pourrait être encore long car la BD fait tout de même 204 pages. Pourtant la lecture se fait d'une traite tant le récit est efficace et prenant.
Des suites sont annoncées, j'espère qu'elles auront le même niveau que ce premier one shot et qu'elles sauront se renouveler.
En l'état, "Block 109" est une excellente BD à découvrir.
Le dessin est majoritairement en sépias, avec parfois quelques touches de couleur. Le rendu est personnel avec une sorte de rendu entre le crayonné et la couleur directe. C'est beau mais surtout dynamique, donnant du mouvement à ce récit nerveux.
"Block 109" est cohérent du début jusqu'au final. Le postulat de départ offre un champ de jeu immense que les auteurs se sont appropriés avec brio.
Après la lecture du premier tome.
Le rapport plaisir / investissement de cette BD est presque imbattable.
L'importante pagination compense le petit format, et le prix est tout rikiki :)
Avec ce personnage mythique de la culture chinoise, les auteurs possèdent un potentiel de développement énorme pour cette série.
Le premier volume est une superbe introduction, le ton est donné.
Graphiquement, c'est très beau, le trait est ultra réaliste. Les personnages sont travaillés depuis des photos. J'ai remarqué une ou deux cases où ce procédé montrait ses limites, le maquillage étant trop léger, on a l'impression d'un montage.
Le scénario est bien géré, étape par étape, avec une minutie de métronome.
La multitude de personnages déroute au départ mais l'on s'y fait assez rapidement.
J'ai hâte de suivre de nouvelles aventures de ce juge et de ses acolytes aux personnalités complémentaires. On s'attache à ces personnages que l'on découvrira et verra certainement évoluer au fil des volumes.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Les Crossovers
Achetés au culot dans une solderie, ces Crossovers m’auront fait passer un très agréable moment de lecture, même si, à la longue, elle perd de son charme et de son efficacité. Parodie des histoires de super-héros, la série nous expose une famille particulière dont chaque membre illustre un courant scénaristique récurent dans ce style. Chaque personnage, bien entendu, ignore que son fils, sa fille, son père, sa mère, son mari, sa femme, son frère, sa sœur, etc … est, lui aussi un « spécialiste dans son genre ». Et, entre Superman, Buffy, le monde de Narnia et Independence Day, le délire est bien présent. J’ai bien aimé ce second degré de type brut de coffrage tel que les américains savent le faire. L’album a la subtilité d’un char d’assaut, déborde d’un humour à deux balles, mais se révèle en définitive plutôt efficace pour un lecteur dans mon genre, qui trouve déjà à l’origine ce genre de super-héros à la limite du ridicule (oui, j’ai vraiment du mal avec les super-héros qui se prennent au sérieux). Malheureusement, comme je l’ai dit, la première surprise et les premiers quiproquos passés (comptez tout de même une bonne soixantaine de planches), l’aventure se mord la queue, et nous ressert les mêmes plats jusqu’à plus soif. Heureusement, un cinquième membre de la famille redynamisera le final, pour me laisser sur une bonne impression, en définitive. L’aspect graphique de l’album fut une grosse surprise pour moi (pour ne pas dire « une fameuse claque dans le coin de la tronche »). Ignare que je suis, j’ignorais que Mauricet, un des bons dessinateurs humoristiques de Bamboo, était en réalité un artiste accompli, capable de s’adapter avec talent à d’autres styles que le franco-belge à gros nez. Et son trait inspiré du style Comic américain est d’une indiscutable qualité. Il convient très bien à ce genre de parodie tant il est universel. Pour une fois, ce léger manque de personnalité dans le trait de l’artiste se révèle être un atout ! Une très bonne affaire, donc, pour un investissement minime. Malheureusement, malgré ce très bon rapport qualité/prix, les passages creux m’empêchent d’attribuer plus qu’un pas mal, pas mal du tout. A découvrir, sans nul doute, et à acheter à bas prix si ce genre parodique vous inspire.
Opération Vent Printanier
Dans la lignée de ses « Amours fragiles », Richelle exploite sa documentation pour nous servir un solide récit dont le théâtre est la France durant l’occupation allemande. L’intrigue est bien menée. La plausibilité est grande, grâce à la qualité de la documentation employée. Les personnages ont des caractères agréablement diversifiés, et, souvent, un grand charisme. Le suspense est au rendez-vous, jusqu’à la dernière planche. Graphiquement, l’œuvre est également de qualité. Le trait de pierre Wachs, dont j’aime la finesse, n’est cependant pas d’une grande originalité. A lui seul, il n’aurait pas suffit à susciter mon intérêt, mais, au service d’un tel récit, il en devient vraiment plaisant. Une lecture très prenante, donc, que j’ai même finalement plus apprécié que les « amours fragiles » du fait d’un nombre d’acteurs plus réduit, et donc d’un récit mieux centré.
Block 109
Block 109 nous conte l'Histoire post-1940, dans un monde où la seconde guerre mondiale ne s'est pas achevée. On y suit un nouvel ordre allemand émergeant, décidé à affronter l'ordre nazi grandissant. Des hommes aux idées dures, très dures, voulant imposer par la force (un virus mortel transformant les personnes infectés en monstres sanguinaires) un monde différent. L'histoire est racontée de façon dure, très convaincante, avec une maestria hors norme. C'est d'autant plus impressionnant que le scénariste est nouveau dans l'univers de la BD. À noter que le dessinateur, dont c'est aussi la première bande dessinée, nous a pondu 200 pages énormes : elles sont constituées d'esquisses très avancées (ce n'est pas un trait propre comme on le voit souvent), colorées de façon magistrale dans des tons sépia du plus bel effet, où seul le rouge ressort dans certaines scènes. Une histoire comme je les aime, avec des héros (des vrais), avec une fin qu'on ne peut oublier, une fin muette, une fin qui fait prendre conscience qu'avec des images on en dit souvent plus qu'avec des mots. À noter que cette uchronie n'est en rien "fantastique" (en fait, je croyais avoir entre les mains une série avec des zombies), malgré ce qu'on pourrait croire (virus, mutation) : c'est juste une grande aventure humaine, sur fond de guerre. Simplement magnifique.
Vampires (Tezuka)
Mise à jour après une relecture Cette série est meilleure de tome en tome. Le premier tome est plutôt maladroit et au début et ça va un peu trop vite (la partie avec le professeur Atami, par exemple) comme si l'auteur était pressé de mettre en place son intrigue. Un autre défaut est que ce tome met trop en avant Toppei qui est un personnage fade. Heureusement, les moments avec Rock, le meilleur personnage de Tezuka et l'un de mes méchants préférés, sont tout simplement excellents. Les deux autres tomes sont très captivants (le fait que Rock devient plus important que Toppei en est la raison majeure) et j'étais incapable d'enlever un tome de mes mains. Dommage que la deuxième partie du récit n'ait pas de fin car elle était très prometteuse et s'annonçait être encore meilleure que la première partie.
L'Agent 212
"L’agent 212" ? J’apprécie à petite dose. Les dessins sont classiques pour une série d’humour du Journal Spirou. Du genre gros nez, réussi certes, mais je n’aime pas vraiment le trait de Kox, les personnages ne sont pas très beaux et les décors assez pauvres. De plus les couleurs sont plates. Au niveau du scénario, c’est assez mitigé. Un gag dans Spirou, ou un album de temps en temps, ça passe. Mais lire "L’agent 212" trop souvent c’est s’exposer à l’overdose. Je ne ris jamais à la lecture de ces albums, quelque fois je souris. Le problème, c’est que comme cette série a beaucoup de succès, il y a trop d’albums sortis, et sur la longueur les gags s’épuisent et la série devient médiocre.
Alim le tanneur
Voici une excellente petite série, qui débute sur un mode humoristique pour se terminer sur un mode dramatique et cynique. De plus, la série développe le thème de la religion et du fanatisme d’une manière originale, divertissante et pertinente. Je trouve vraiment cette série intelligente dans les idées qu’elle développe et véhicule sur ce thème. Graphiquement, rien à redire non plus. Le travail de Virginie Augustin est soigné. Le trait est dynamique, les décors sont suffisamment détaillés et les expressions de visages sont adéquates et plaisantes à l’œil. Que des éloges, donc, pour une série d’aventure et de légende qui se distingue de la masse par son thème central (la religion et le fanatisme), par l’évolution de son ambiance (drôle au début, et bien plus dramatique dans sa conclusion) et par la qualité du trait et de la narration. Un incontournable, selon moi. Franchement bien !
Les Dessins de la Vie
Frustrant. Frustrant de voir un tel bijou resté à jamais inachevé... A vrai dire je ne le savais pas tant que je ne suis pas arrivé au... terme de ma lecture. Et c'est vrai que le goût qui reste en bouche est celui de l'inachevé comme le dit sousoune... Car ce manga est vraiment très très bon. Il raconte le lent passage vers la vie adulte d'une adolescente, qui aimerait devenir mangaka mais n'a aucune confiance en ses capacités. Nombre de jeunes artistes ont pu, peuvent ou pourront se reconnaître dans ce personnage. Le titre original de la série était "Shojo Nemu", ce qui littéralement signifie bien sur Nemu la jeune fille, mais aussi, en gros, story-board d'un manga pour jeunes filles... Un beau titre, qui révèle la dualité et la fusion du propos. L’esquisse, c'est l'état d'adolescente de Nemu, qui apprendra beaucoup auprès de ce jeune mangaka, Gorô, dont elle tombera probablement amoureuse. J’écris "probablement" car rien n'est vraiment dit, et les sentiments de la jeune fille ne se seraient révélées que plus tard, lorsqu'elle serait devenue autonome, à la fin de ces études. Nous avons un aperçu de cette période sur les 35 dernières pages de l'album (sur près de 250), et la fin laisse le lecteur plutôt désarmé... Il ne peut, comme l'y invite l'éditeur, qu'imaginer le futur de Nemu, sa rencontre future avec Gorô, les interactions de sa cousine Tama pour l'aider, Nemu étant extrêmement timide... Rhaaa c'est frustrant...
Donjon Potron-minet
Après tout le bien exprimé sur Donjon Zenith, la série mère et principale de cette grande saga, Sfar et Trondheim ont eu assez rapidement l'envie et l'intérêt de transposer leurs personnages aux origines de ce monde si particulier qu'est Terra Amata et la création de ce fameux Donjon... On se retrouve donc dans une épopée picaresque mettant en scène le personnage clé à savoir le Gardien du Donjon, Hyacinthe de Cavallère qui n'est qu'un riche noble parti dans la dangereuse Antipolis, mégalopole de tous les dangers qui fera de notre petit héros un être sans cesse tiraillé entre le bien par sa soif de justice sous les traits de la nocturne et masquée Chemise de la Nuit et le mal dicté par les sentiments qu'il porte à Alexandra, redoutable femme serpent assassin ! On perd les traits et les couleurs toutes ludiques de Trondheim et de Sfar pour le trait hachuré et sombre de Christophe Blain, ce qui peut choquer à première vue mais s'avère être un excellent choix tant le monde dépeint ici est mélancolique et pessimiste. Personnellement Donjon atteint un niveau d'excellence inégalé et annonce la couleur : on y parlera ici de quêtes absurdes, de sexe contrarié et de complots retors sans oublier la principale qualité des Donjon à savoir un humour décalé de très haut niveau. Là où Donjon Zenith se joue des conventions de jeux de rôle, ici on a affaire au passage de l'adolescence au stade adulte sans concessions, le tout personnifié par le personnage naïf et attachant de Hyacinthe qui deviendra dans le futur le Gardien vénal et mystérieux de la série principale. Le tout se joue des codes chevaleresques imposés par Alexandre Dumas par une maitrise constante des évènements et de leurs implications morales, c'est à la fois cruel, drôle et peut rappeler une fresque comme le film Le Parrain par la métamorphose inéluctable de Hyacinthe. Et tour de force suprême scénaristique qui mériterait à elle seule une 6ème étoile si Bdt m'en laissait la possibilité : l'histoire fait un bond en avant de quelques années entre le 3ème et 4ème tome permettant une évolution sensible dont on ne se sentira jamais lésé tant l'intérêt est relancé. Au lecteur de faire les connections nécessaires par sa propre imagination ou de se plonger dans Donjon monsters pour éclairer quelques zones d'ombre et se repaitre avec un petit sourire en coin de l'intérêt général pour une série culte indissociable et toujours aussi surprenante. L'apport du talent de Gaultier remplaçant Blain à partir du 5ème tome est loin d'être handicapant, son style se mariant parfaitement avec la collection déjà disponible. Je ne sais toujours pas ce que veut dire Potron-Minet (*) mais cela évoque pour moi suffisamment d'intérêt pour avoir envie encore de me replonger dans sa lecture d'amours cruelles contrariées en attendant la suite. Très vivement conseillé comme l'ensemble, que dis-je ?, la totalité de la série Donjon. (*) : forcément cela veut dire "De très bon matin", une notion dont j'ai oublié l'intérêt !!! :)
Block 109
"Block 109" est une pure BD uchronique mélangeant les genres. Le récit est dense commençant par le meurtre de Hitler en 1941 entrainant une suite différente à celle que l'on connait de la seconde guerre mondiale. Une bipolarité mondiale se met en place. Les nazis affrontent les staliniens alors que les pays anglo-saxons ont été rayés du globe. Il y a ensuite des mouvements d'influence dans le nazisme. Pour essayer de reprendre le dessus, les nazis vont essayer de créer le super soldat. Mais ils ont créé une arme maléfique, un virus terrible, instable, une horreur qui transforme ceux qui l'absorbent en sorte de zombis. Le résumé pourrait être encore long car la BD fait tout de même 204 pages. Pourtant la lecture se fait d'une traite tant le récit est efficace et prenant. Des suites sont annoncées, j'espère qu'elles auront le même niveau que ce premier one shot et qu'elles sauront se renouveler. En l'état, "Block 109" est une excellente BD à découvrir. Le dessin est majoritairement en sépias, avec parfois quelques touches de couleur. Le rendu est personnel avec une sorte de rendu entre le crayonné et la couleur directe. C'est beau mais surtout dynamique, donnant du mouvement à ce récit nerveux. "Block 109" est cohérent du début jusqu'au final. Le postulat de départ offre un champ de jeu immense que les auteurs se sont appropriés avec brio.
Juge Bao
Après la lecture du premier tome. Le rapport plaisir / investissement de cette BD est presque imbattable. L'importante pagination compense le petit format, et le prix est tout rikiki :) Avec ce personnage mythique de la culture chinoise, les auteurs possèdent un potentiel de développement énorme pour cette série. Le premier volume est une superbe introduction, le ton est donné. Graphiquement, c'est très beau, le trait est ultra réaliste. Les personnages sont travaillés depuis des photos. J'ai remarqué une ou deux cases où ce procédé montrait ses limites, le maquillage étant trop léger, on a l'impression d'un montage. Le scénario est bien géré, étape par étape, avec une minutie de métronome. La multitude de personnages déroute au départ mais l'on s'y fait assez rapidement. J'ai hâte de suivre de nouvelles aventures de ce juge et de ses acolytes aux personnalités complémentaires. On s'attache à ces personnages que l'on découvrira et verra certainement évoluer au fil des volumes.