Voici une lecture au final pas très longue mais qui a contrario est un concentré de qualité. L'histoire va crescendo au fur et à mesure qu'elle avance, au début on se contente de sourire, je me suis même dit que ce n'était pas ce que Winshluss avait fait de meilleur, mais plus on tourne les pages plus le sadisme monte et plus l'humour qui l'accompagne prend de l'ampleur.
La chute est magistrale tant et si bien que je ne savais plus si rire ou pleurer. Car on se prend d'une grande tendresse pour ce petit Pat, à qui on souhaiterait plus de chance, sauf qu'égoïstement on veut qu'il souffre et les autres personnages aussi ! Parce que leurs malheurs sont juste jubilatoires !
Un petit mot sur le dessin qui vient renforcer cet insoutenable scénario. Le noir et blanc est très abouti malgré le petit format de la bd et surtout les expressions des personnages sont merveilleusement drôles.
C'est abominablement jouissif, à déguster sans modération.
J'ai 18 ans et j'aime cette bande dessinée. Elle est normalement destinée aux collégiens évidemment, mais je trouve qu'elle est quand même bien dessinée (mieux que certaines bandes dessinées pour adultes). Les dessins et les gags sont dynamiques. Les gags me font souvent rire, et elle représente assez bien le monde des collégiens, avec un peu d'exagération. Je m'y reconnais et reconnais ma soeur quand elle était collégienne.
D'accord, il y a des conseils qui semblent nous être donnés pour désobéir, mais si on a de l'esprit critique, nous savons bien que c'est pour rire.
Je ne lui donne pas 5/5 juste parce qu'il ne faut pas l'offrir à un enfant qui ne comprendrait pas que c'est pour rire.
Elle observe la vie des collégiens et de leur entourage avec justesse et amusement.
Avant toute chose, ce qui frappe dans cet album, c'est le dessin !!! Il est sublime ! De nombreuses cases sont des peintures à part entière! C'est de toute beauté! Les dessins, les couleurs! C'est ce qui justifie mon coup de coeur!
Le scénario, quant à lui, fonctionne bien. Il plonge dans la mythologie d'une période et région peu exploitée jusqu'ici. Il est suffisamment imprévisible, du fait de l'évolution de son héros. Ceci étant dit, je ne suis pas fasciné par l'histoire, l'empathie fonctionnant selon moi, peu. On est très spectateur et peu impliqué dans l'histoire. C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je n'ai pas mis 5.
Il reste in fine un album superbe qui justifie largement mon choix coup de coeur !
Je vois que Petit Vampire ne remporte pas le succès qu'il mérite. Sfar avec cette série arrive encore une fois à m'épater, il cible tous les lecteurs avec succès, les plus jeunes - à partir de 8 ans - avec des histoires qui font un peu peur et les adultes qui la liront le sourire aux lèvres. La narration est plutôt naïve, ce qui est normal pour une série jeunesse, mais à côté de ça Sfar y a introduit des éléments qui ne s'adressent qu'aux adultes, comme par exemple le pépé, médecin de profession, qui va ausculter une dame dans une chambre d'hôtel pendant que son petiot attend en mangeant une glace… quel blagueur ce Sfar… imaginez votre gosse qui à la fin de sa lecture vous dit : c'est comme papa avec la dame… ou maman avec le monsieur…on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants.
Tous les personnages sont attachants et très souvent attendrissants. La touche pipi-caca n'est pas trop dérangeante, c'est en général une chose que je n'aime pas, mais ici elle est présentée avec humour et il n'y en a pas à toutes les pages non plus ! Le plus important c'est que toutes ces histoires comportent une certaine morale amenée sans lourdeur et sont d'une très fine psychologie, notamment avec les notions d'amitié, de tolérance, de respect de l'autre et de toutes choses. De plus, Sfar a cette capacité à dédramatiser la mort lui rendant presque justice en lui ôtant la peur qu'elle inspire.
Ces différentes histoires ne sont pas toutes égales, certaines font preuve de plus d'imagination que d'autres, mais elles se lisent toutes avec un immense plaisir.
Graphiquement je soulignerais tout de même que les derniers tomes sont un cran en dessous des premiers, ils sont moins peaufinés, on sent que Sfar les a dessinés plus vite, mais ils restent raisonnables niveau qualité. J'avoue faire ici preuve d'un peu d'indulgence, mais le scénario étant à la hauteur… ça passe.
"Swallow me whole" est le type de roman graphique qui ne laisse pas indemne le lecteur.
Il traite de l'adolescence d'un frère et d'une sœur aux tendances schizophrènes et dissociatives. Ce mal semble familial car la grand-mère, qui squatte le salon en attendant sa mort, a eu des symptômes similaires dans sa jeunesse.
L'auteur gère son récit avec efficacité en laissant une grande part d'interprétation au lecteur. Il y a beaucoup de non-dits surtout sur le final extrêmement fort.
J'ai rarement été aussi troublé par une BD. Même en faisant preuve d'empathie, j'ai subi les errements de cette famille où les difficultés comportementales et communicatives sont compensées par des relations fortes et sincères.
La lecture est presque frustrante car on peine à entrevoir une solution à ces troubles.
Quand on est cartésien, il est difficile de concevoir une vie mêlant le réel et l'imaginaire.
Si on la subit, on ne s'en rend pas compte, et pour les autres, il n'est pas concevable ou possible de la comprendre...
Ce récit psychologique est d'autant plus dense que le dessin noir et blanc accompagne à merveille le contenu. Il s'approprie l'histoire en la servant parfaitement et sobrement.
La lecture de ce one shot est éprouvante mais je n'ai pas souvenir d'avoir lu une BD traitant de sujets aussi difficiles et abstraits avec une telle justesse.
Il faut être prêt à tenter l'expérience qui ouvre les yeux sur l'irrationnel pouvant toucher le tout un chacun.
Ashita no Joe (Joe de demain) est une des œuvres emblématiques du Japon de la fin des années 1960 et de la décennie suivante. On y suit les aventures d'un jeune orphelin qui ne connait que ses poings pour se faire respecter. Il va faire la connaissance d'un ancien boxeur dépité qui va voir en ce jeune garçon un futur grand boxeur. Seulement, Joe tient à son indépendance et va continuer à aller de galère en (très grosse) galère tout en prenant conscience petit à petit de son don pour le noble sport.
Ashita no Joe est à classer quelque part entre les meilleures œuvres de Tezuka et les meilleurs opus de Rocky (le gars qui va en baver pour atteindre le meilleur niveau).
Sur un thème similaire, on est en fait loin d'un manga comme Ippo (manga que j'apprécie énormément), qui est principalement axé sur l'entrainement et les combats du héros. Ashita no Joe est beaucoup plus noir et varié, et propose une vision (paraît-il) très juste du Japon et de sa situation économique et sociale de l'époque.
Il est étonnant de voir comment une BD de plus de 40 ans peut avoir une narration et un dessin si modernes. On ne s'ennuie pas une seule seconde, tout est loin d'être rose pour tous les protagonistes. On comprend aisément comment elle a pu acquérir au fil des décennies le statut d'œuvre culte.
À noter enfin, qu'il existe en France en DVD une vieille série animée de 1980 intitulée Joe 2 et qui reprend la deuxième partie du manga (elle peut sans soucis être vue sans connaître le début du manga). Je la recommande fortement, surtout qu'on retrouve aux commandes le mythique duo Dezaki/Sugino, à qui l'on doit notamment les séries de Cobra, Rémi sans famille, L'île aux trésors, Lady Oscar (pour ne parler que des plus connues).
L'année 2010 commence très bien pour le Lombard. Voici que le Banni est dans nos bacs et déjà on se sent attiré par la superbe couverture.
Lorsqu'on découvre ce qui se cache derrière, on ne peut qu'être sublimé ! Le dessin est époustouflant, l'allure incroyable et le réalisme sans pareil.
Le scénario est bien construit, on découvre les personnages avec cette mise en place minutieuse, mais pas ringarde, ni soporifique, plutôt intelligente dans la narration.
Un premier tome à découvrir très vite !!!
J’adore cet univers crée par Peeters et Schuiten. Tout tourne autour des cités, de leurs mystères, de leur fonctionnement, de leur architecture, de leurs habitants… mais surtout de leur âme… elles sont presque vivantes, et constituent des personnages à part entière. Les histoires sont toujours fascinantes et oniriques, à la limite de la compréhension, ou en tout cas ouvertes aux interprétations personnelles. Il n’y a que le tome « Brüsel » auquel je suis resté un peu hermétique (en attendant une relecture je l’espère plus fructueuse). Les autres m’ont enchanté. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait sans doute « La fièvre d'Urbicande », mais le choix serait difficile.
Le dessin est absolument sublime, en noir et blanc ou en couleur. Tout y est magnifique : l’architecture des différentes cités (ah, la tour), les personnages, les paysages… Quelle précision, quelle créativité.
Un grand bravo aux auteurs.
Albums lus :
: La fièvre d'Urbicande, Souvenirs de l'éternel présent
: L'enfant penchée, La tour, Les murailles de Samaris, La Théorie du Grain de Sable, La route d'Armilia, L'ombre d'un homme, La Frontière Invisible 1 & 2
: Brüsel
Beaucoup aimé.
J'ai tout de suite flashé sur le dessin.
L'histoire se construit peu à peu. Le fil de l'histoire se découvre peu a peu.
Peut-être que j'ai beaucoup aimé car il m'est déjà arrivé de n'espérer n'être plus qu'une pierre détachée, se contentant d'observer l'univers.
Je trouve que des questions intéressantes sont posées : qu'est-ce qu'est l'Homme? Qu'est-ce qui fait un Humain ?
J'aime beaucoup la phrase "Nous avons créé le monde en noir et blanc. Les Hommes ont inventé le gris, se jouant de nous."
Apparemment, il y a 2 réactions possible : soit on aime, soit on n'aime pas.
Perso, moi, j'ai beaucoup aimé.
A lire absolument. Et si on aime, alors on achète. Et si non, ben tant pis.
C'est complètement par hasard que je suis tombé sur cette BD de Larcenet que je ne connaissais pas. Et là c'est le choc !
Traiter en BD le sujet de feu le service militaire obligatoire, on voit pas ça tous les jours. Et puis on sent les clichés arriver par paquet de 12...
Mais non, loin de là. Larcenet a la force et l'énergie de poser à plat tous ses ressentis et de nous les exposer de façon magistrale. Moi qui sors de Blast, j'avoue y avoir retrouvé la charge émotionnelle volontairement pesante qui s'en dégage. On est dans la retranscription d'un malaise profond, dans l'introspection qui fait mal.
Et puis le côté très brut et chargé du graphisme est un excellent parti pris. Il renforce complètement la trame de son récit et sers son propos de la meilleure façon.
J'ai aussi beaucoup apprécié les autres styles graphiques qui viennent se glisser dans le récit à différent moments cruciaux. Le côté humoristique façon Donjon pour le style quand il retranscrit les rencontre avec sa mère ; même si cela surprend au début, cela s'intègre finalement très bien au reste, et allège le propos. Et enfin, le style "hiéroglyphe inca" que j'ai trouvé magnifique : un pur bijou de graphisme noir & blanc !
Une grande BD donc, sur un thème délicat, et qui plus qu'un exercice est une vrai réussite de l'auteur pour nous signifier et retranscrire l'horreur qu'il a vécu. C'est là, que je ne regrette vraiment pas d'avoir choisi d'être objecteur de conscience...
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Pat Boon
Voici une lecture au final pas très longue mais qui a contrario est un concentré de qualité. L'histoire va crescendo au fur et à mesure qu'elle avance, au début on se contente de sourire, je me suis même dit que ce n'était pas ce que Winshluss avait fait de meilleur, mais plus on tourne les pages plus le sadisme monte et plus l'humour qui l'accompagne prend de l'ampleur. La chute est magistrale tant et si bien que je ne savais plus si rire ou pleurer. Car on se prend d'une grande tendresse pour ce petit Pat, à qui on souhaiterait plus de chance, sauf qu'égoïstement on veut qu'il souffre et les autres personnages aussi ! Parce que leurs malheurs sont juste jubilatoires ! Un petit mot sur le dessin qui vient renforcer cet insoutenable scénario. Le noir et blanc est très abouti malgré le petit format de la bd et surtout les expressions des personnages sont merveilleusement drôles. C'est abominablement jouissif, à déguster sans modération.
Le Guide Junior de...
J'ai 18 ans et j'aime cette bande dessinée. Elle est normalement destinée aux collégiens évidemment, mais je trouve qu'elle est quand même bien dessinée (mieux que certaines bandes dessinées pour adultes). Les dessins et les gags sont dynamiques. Les gags me font souvent rire, et elle représente assez bien le monde des collégiens, avec un peu d'exagération. Je m'y reconnais et reconnais ma soeur quand elle était collégienne. D'accord, il y a des conseils qui semblent nous être donnés pour désobéir, mais si on a de l'esprit critique, nous savons bien que c'est pour rire. Je ne lui donne pas 5/5 juste parce qu'il ne faut pas l'offrir à un enfant qui ne comprendrait pas que c'est pour rire. Elle observe la vie des collégiens et de leur entourage avec justesse et amusement.
L'Epopée de Gilgamesh
Avant toute chose, ce qui frappe dans cet album, c'est le dessin !!! Il est sublime ! De nombreuses cases sont des peintures à part entière! C'est de toute beauté! Les dessins, les couleurs! C'est ce qui justifie mon coup de coeur! Le scénario, quant à lui, fonctionne bien. Il plonge dans la mythologie d'une période et région peu exploitée jusqu'ici. Il est suffisamment imprévisible, du fait de l'évolution de son héros. Ceci étant dit, je ne suis pas fasciné par l'histoire, l'empathie fonctionnant selon moi, peu. On est très spectateur et peu impliqué dans l'histoire. C'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je n'ai pas mis 5. Il reste in fine un album superbe qui justifie largement mon choix coup de coeur !
Petit Vampire
Je vois que Petit Vampire ne remporte pas le succès qu'il mérite. Sfar avec cette série arrive encore une fois à m'épater, il cible tous les lecteurs avec succès, les plus jeunes - à partir de 8 ans - avec des histoires qui font un peu peur et les adultes qui la liront le sourire aux lèvres. La narration est plutôt naïve, ce qui est normal pour une série jeunesse, mais à côté de ça Sfar y a introduit des éléments qui ne s'adressent qu'aux adultes, comme par exemple le pépé, médecin de profession, qui va ausculter une dame dans une chambre d'hôtel pendant que son petiot attend en mangeant une glace… quel blagueur ce Sfar… imaginez votre gosse qui à la fin de sa lecture vous dit : c'est comme papa avec la dame… ou maman avec le monsieur…on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants. Tous les personnages sont attachants et très souvent attendrissants. La touche pipi-caca n'est pas trop dérangeante, c'est en général une chose que je n'aime pas, mais ici elle est présentée avec humour et il n'y en a pas à toutes les pages non plus ! Le plus important c'est que toutes ces histoires comportent une certaine morale amenée sans lourdeur et sont d'une très fine psychologie, notamment avec les notions d'amitié, de tolérance, de respect de l'autre et de toutes choses. De plus, Sfar a cette capacité à dédramatiser la mort lui rendant presque justice en lui ôtant la peur qu'elle inspire. Ces différentes histoires ne sont pas toutes égales, certaines font preuve de plus d'imagination que d'autres, mais elles se lisent toutes avec un immense plaisir. Graphiquement je soulignerais tout de même que les derniers tomes sont un cran en dessous des premiers, ils sont moins peaufinés, on sent que Sfar les a dessinés plus vite, mais ils restent raisonnables niveau qualité. J'avoue faire ici preuve d'un peu d'indulgence, mais le scénario étant à la hauteur… ça passe.
Swallow me whole
"Swallow me whole" est le type de roman graphique qui ne laisse pas indemne le lecteur. Il traite de l'adolescence d'un frère et d'une sœur aux tendances schizophrènes et dissociatives. Ce mal semble familial car la grand-mère, qui squatte le salon en attendant sa mort, a eu des symptômes similaires dans sa jeunesse. L'auteur gère son récit avec efficacité en laissant une grande part d'interprétation au lecteur. Il y a beaucoup de non-dits surtout sur le final extrêmement fort. J'ai rarement été aussi troublé par une BD. Même en faisant preuve d'empathie, j'ai subi les errements de cette famille où les difficultés comportementales et communicatives sont compensées par des relations fortes et sincères. La lecture est presque frustrante car on peine à entrevoir une solution à ces troubles. Quand on est cartésien, il est difficile de concevoir une vie mêlant le réel et l'imaginaire. Si on la subit, on ne s'en rend pas compte, et pour les autres, il n'est pas concevable ou possible de la comprendre... Ce récit psychologique est d'autant plus dense que le dessin noir et blanc accompagne à merveille le contenu. Il s'approprie l'histoire en la servant parfaitement et sobrement. La lecture de ce one shot est éprouvante mais je n'ai pas souvenir d'avoir lu une BD traitant de sujets aussi difficiles et abstraits avec une telle justesse. Il faut être prêt à tenter l'expérience qui ouvre les yeux sur l'irrationnel pouvant toucher le tout un chacun.
Ashita no Joe
Ashita no Joe (Joe de demain) est une des œuvres emblématiques du Japon de la fin des années 1960 et de la décennie suivante. On y suit les aventures d'un jeune orphelin qui ne connait que ses poings pour se faire respecter. Il va faire la connaissance d'un ancien boxeur dépité qui va voir en ce jeune garçon un futur grand boxeur. Seulement, Joe tient à son indépendance et va continuer à aller de galère en (très grosse) galère tout en prenant conscience petit à petit de son don pour le noble sport. Ashita no Joe est à classer quelque part entre les meilleures œuvres de Tezuka et les meilleurs opus de Rocky (le gars qui va en baver pour atteindre le meilleur niveau). Sur un thème similaire, on est en fait loin d'un manga comme Ippo (manga que j'apprécie énormément), qui est principalement axé sur l'entrainement et les combats du héros. Ashita no Joe est beaucoup plus noir et varié, et propose une vision (paraît-il) très juste du Japon et de sa situation économique et sociale de l'époque. Il est étonnant de voir comment une BD de plus de 40 ans peut avoir une narration et un dessin si modernes. On ne s'ennuie pas une seule seconde, tout est loin d'être rose pour tous les protagonistes. On comprend aisément comment elle a pu acquérir au fil des décennies le statut d'œuvre culte. À noter enfin, qu'il existe en France en DVD une vieille série animée de 1980 intitulée Joe 2 et qui reprend la deuxième partie du manga (elle peut sans soucis être vue sans connaître le début du manga). Je la recommande fortement, surtout qu'on retrouve aux commandes le mythique duo Dezaki/Sugino, à qui l'on doit notamment les séries de Cobra, Rémi sans famille, L'île aux trésors, Lady Oscar (pour ne parler que des plus connues).
Le Banni
L'année 2010 commence très bien pour le Lombard. Voici que le Banni est dans nos bacs et déjà on se sent attiré par la superbe couverture. Lorsqu'on découvre ce qui se cache derrière, on ne peut qu'être sublimé ! Le dessin est époustouflant, l'allure incroyable et le réalisme sans pareil. Le scénario est bien construit, on découvre les personnages avec cette mise en place minutieuse, mais pas ringarde, ni soporifique, plutôt intelligente dans la narration. Un premier tome à découvrir très vite !!!
Les Cités obscures
J’adore cet univers crée par Peeters et Schuiten. Tout tourne autour des cités, de leurs mystères, de leur fonctionnement, de leur architecture, de leurs habitants… mais surtout de leur âme… elles sont presque vivantes, et constituent des personnages à part entière. Les histoires sont toujours fascinantes et oniriques, à la limite de la compréhension, ou en tout cas ouvertes aux interprétations personnelles. Il n’y a que le tome « Brüsel » auquel je suis resté un peu hermétique (en attendant une relecture je l’espère plus fructueuse). Les autres m’ont enchanté. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait sans doute « La fièvre d'Urbicande », mais le choix serait difficile. Le dessin est absolument sublime, en noir et blanc ou en couleur. Tout y est magnifique : l’architecture des différentes cités (ah, la tour), les personnages, les paysages… Quelle précision, quelle créativité. Un grand bravo aux auteurs. Albums lus :
: La fièvre d'Urbicande, Souvenirs de l'éternel présent
: L'enfant penchée, La tour, Les murailles de Samaris, La Théorie du Grain de Sable, La route d'Armilia, L'ombre d'un homme, La Frontière Invisible 1 & 2
: Brüsel
Gabrielle
Beaucoup aimé. J'ai tout de suite flashé sur le dessin. L'histoire se construit peu à peu. Le fil de l'histoire se découvre peu a peu. Peut-être que j'ai beaucoup aimé car il m'est déjà arrivé de n'espérer n'être plus qu'une pierre détachée, se contentant d'observer l'univers. Je trouve que des questions intéressantes sont posées : qu'est-ce qu'est l'Homme? Qu'est-ce qui fait un Humain ? J'aime beaucoup la phrase "Nous avons créé le monde en noir et blanc. Les Hommes ont inventé le gris, se jouant de nous." Apparemment, il y a 2 réactions possible : soit on aime, soit on n'aime pas. Perso, moi, j'ai beaucoup aimé. A lire absolument. Et si on aime, alors on achète. Et si non, ben tant pis.
Presque
C'est complètement par hasard que je suis tombé sur cette BD de Larcenet que je ne connaissais pas. Et là c'est le choc ! Traiter en BD le sujet de feu le service militaire obligatoire, on voit pas ça tous les jours. Et puis on sent les clichés arriver par paquet de 12... Mais non, loin de là. Larcenet a la force et l'énergie de poser à plat tous ses ressentis et de nous les exposer de façon magistrale. Moi qui sors de Blast, j'avoue y avoir retrouvé la charge émotionnelle volontairement pesante qui s'en dégage. On est dans la retranscription d'un malaise profond, dans l'introspection qui fait mal. Et puis le côté très brut et chargé du graphisme est un excellent parti pris. Il renforce complètement la trame de son récit et sers son propos de la meilleure façon. J'ai aussi beaucoup apprécié les autres styles graphiques qui viennent se glisser dans le récit à différent moments cruciaux. Le côté humoristique façon Donjon pour le style quand il retranscrit les rencontre avec sa mère ; même si cela surprend au début, cela s'intègre finalement très bien au reste, et allège le propos. Et enfin, le style "hiéroglyphe inca" que j'ai trouvé magnifique : un pur bijou de graphisme noir & blanc ! Une grande BD donc, sur un thème délicat, et qui plus qu'un exercice est une vrai réussite de l'auteur pour nous signifier et retranscrire l'horreur qu'il a vécu. C'est là, que je ne regrette vraiment pas d'avoir choisi d'être objecteur de conscience...