Mademoiselle Else

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

L'adaptation d'un roman de Arthur Schnitzler.


1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Adaptations de romans en BD Italie Nouveau Futuropolis

Dans un lieu de villégiature en Italie , une jeune viénnoise reçoit un jour un curieux télégramme. Elle apprend que si elle ne trouve pas sous 48 heures une importante somme d'argent due par son père, celui-ci sera conduit en prison. Else trouve bien un généreux donateur, mais il lui faudra en échange dévoiler ses charmes.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Septembre 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mademoiselle Else © Futuropolis 2009
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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21/02/2010 | montane
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne connais pas la nouvelle adaptée (ni l’oeuvre de Schnitzler d’ailleurs). Disons qu’à la lecture de cette adaptation je ne pense pas être le cœur de cible. Mais, ceci étant dit, l’album de Fior se laisse lire facilement, et plutôt agréablement. La narration est fluide, c’est vite lu, et son dessin (et la colorisation) sont tout à fait adaptés au sujet, une sorte de peinture de la bonne bourgeoisie d’Europe centrale de l’entre-deux guerres, qui brille de ses derniers feux. Et justement, dans cette ambiance délétère et de fin d’un monde, nous suivons mademoiselle Else, une jeune femme qui ne supporte pas ce « monde », qui veut s’en affranchir, et qui se trouve soumise à un choix cornélien : sauver la fortune et surtout la réputation de son père et perdre la sienne, ou refuser l’aide accordée par une riche connaissance si elle lui dévoile son intimité en poussant son père à la ruine. Le tourment d’Else est bien montré, ainsi que l’hypocrisie de tous, alentour, qui défendent les « bonnes mœurs » mais se comportent comme des hypocrites ou des salauds. Une lecture sympathique en tout cas.

16/09/2023 (modifier)
Par LuluZifer
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur LuluZifer

Mademoiselle Else, d’après le roman d’Arthur Schnitzler. Adapté par Manuele Fior :D J'ai lu Mademoiselle Else il y a quelques temps déjà. Publié en 2009 dans la collection Mirages des Éditions Delcourt. Inspiré d’un court roman, ou presque une nouvelle je dirais, de l’auteur viennois Arthur Schnitzler et publié 1924, ce texte est souvent qualifié comme étant l’un des plus beaux exercices de style de la littérature contemporaine. Je n’écris que ce que j’ai lu par-ci, par-là car je n’ai pas encore eu le plaisir de lire ce texte. Et il faut avouer que depuis que j’ai lu l’adaptation de Manuele Fior en bande dessinée, je n’arrête pas d’y penser. Else est une jeune fille de 19 ans en vacances avec sa tante et son cousin. Elle évolue avec maladresse et un désarroi qu’on ressent tout de suite au milieu de cette bourgeoisie viennoise symptomatique de non-dits, de convenances, et de bienséance ennuyeuse et tatillonne. Il faut dire que ce poids est très lourd à porter par cette jeune fille qui n’arrive pas à s'en accommoder. Else porte le poids de sa famille également, qui rencontre des problèmes pécuniaires, car son père, avocat de métier, cumule dette sur dette. Else va donc être forcée de faire une chose qu’elle ne veut pas suite à la réception d’un télégramme angoissant envoyé par sa mère. Cela la dérange énormément. Elle doit emprunter de l’argent à une connaissance familiale, Mr. Dorsday. Mais rien n’est gratuit et surtout quand on traite avec un marchand d’art obséquieux et pervers. Pourtant elle va s’y plier, et malgré tout, en essayant de se rebeller. Mais face à la morale viennoise en plein changement, Else va se retrouver prise au piège jusqu’à l’irréparable. Manuele Fior ajuste son trait de manière à coller à la peinture viennoise des années 1900 , un somptueux mélange graphique entre du Egon Schiele et du Klimt. Manuele Fior réalise un album sulfureux, malsain, fantomatique, sombre où se mêlent des silhouettes parfois hagardes et obscènes à la limite de l’insalubrité mentale. Il est fort. Il adapte son trait et sa palette de couleurs à ce récit terrible, et tellement noir, que cela en devient obsédant. Mademoiselle Else est une histoire totalement tragique, un soliloque désespéré où Else oscille entre envie, désir, réflexion et angoisse. Une jeune femme bloquée entre sa famille, les convenances et son désir d’émancipation. Comme la société viennoise de cette époque où la modernité fait face à une morale bourgeoise hautaine, et grotesque, qui se déchire entre hésitation et fantasmes. Je n’ai donc qu’une envie : c’est que vous lisiez cet album car c’est une pépite et moi je n’ai qu’une envie c’est de lire le texte d’Arthur Schnitzler. De découvrir cet auteur, adapté d’ailleurs au cinéma par Kubrick avec son dernier ‘sulfureux’ long métrage Eyes Wide shot.

30/09/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Yannou D. Yannou

Peu de choses à ajouter car les commentaires précédents résument plutôt bien cette bd. A ceci près que rien n'a été dit sur les couleurs qui jouent un grand rôle et que j'ai particulièrement apprécié. Le récit est perpétuellement encadré pas une atmosphère qui est autant due au dessin qu'à la maitrise des tons (des couleurs) qui suivent petit à petit l'état mental de notre jeune fille. Je n'en dis pas plus afin de ne pas dévoiler l'histoire. J'ai beaucoup aimé aussi cette mélancolie et la déformation, petites touches par petites touches, du ton du récit. Les dessins sont également très beaux et me font penser au peintre August Macke.

27/02/2012 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Ce titre assez récent est passé totalement inaperçu lors de sa sortie. Il faut dire qu'avec toutes les productions, celles qui ne font pas de publicité à grand renfort de campagne marketing sont plutôt vite oubliées. Dans ce cas, il ne reste plus que la solution du bouche à oreille. Je sais que la collection Mirages chez Delcourt propose des romans graphiques intimistes assez intéressants en règle générale. Celui-ci échappera-t-il à la règle ? On pourra tout d'abord être frappé par le graphisme. Il fait un peu vieille France mais il colle parfaitement à l'ambiance fin de siècle dernier voulu par l'auteur dans le milieu de la bourgeoisie en villégiature. C'est d'ailleurs tiré d'un roman d'Arthur Schnitzler écrit en 1924. On aura droit à différents codes visuels assez bluffants comme des contre-plongées. Je regrette simplement de voir une jeune femme de 19 ans qu'on croirait beaucoup plus vieille sur certaines cases. Il y a comme une déformation peut-être voulue du dessin. C'est très souvent flou comme pour imaginer la beauté. En tout cas, c'est une belle expérience graphique avec un talent de l'auteur indéniable. Encore un jeune auteur italien me direz-vous ! Pour le reste, il s'agit d'un drame plutôt classique. Je m'attendais sans doute à quelque chose de différent et de plus percutant. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour sauver un père de la ruine ! La Belle Epoque avait ses règles assez strictes. On revit véritablement une certaine ambiance au milieu de ce microcosme malgré un statisme apparent du récit. Bref, c'est difficile de se faire une idée précise tant c'est différent de toutes les productions actuelles. Cela ne sera pas une lecture facile d'accès au grand public, c'est certain. Il faut aimer la lenteur et la mélancolie qui trouvent un certain charme dans ce récit.

02/03/2010 (modifier)
Par montane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Un lieu : l'Italie des montagnes en 1926. Une classe sociale : la bourgeoisie viennoise. Un moment : les vacances. Cette bonne société Bourgeoise se donne rendez vous dans un grand hôtel pour prendre du bon temps. Else fait partie de cette caste, mais semble s'ennuyer au cours de ces vacances passées en compagnie de sa tante et de son cousin. Un télégramme va briser cette monotonie. Sa mère lui indique que si Else en trouve pas dans les 48h une importante somme, le père d'Else sera conduit en prison Else et donc chargée d'aller demander la somme à un mécène, ami de la famille qui lui aussi passe ses vacances dans le même hôtel. Ce dernier accepte mais demande à Else de se montrer nue devant lui pendant un quart d'heure. Else se trouve alors placée devant un choix Cornélien : soit elle refuse et son père est emprisonné ruinant ainsi sa famille, soit elle accepte et endosse ainsi les habits d'une fille de petite vertu ce qu'elle ne peut accepter. Quel sera donc son choix ? En adaptant avec succès cette nouvelle de Schnitzler Manuel Fior nous fait pénétrer dans univers d'une bonne société corsetée, aux moeurs rigides, aux bonnes manières apparentes, au langage convenu. Mais les apparences sont évidemment trompeuses et le coté sombre de cette caste aisée apparaitra bien vite à l'occasion du dilemme qui se pose à Else car derrière la rigidité et la frigidité de la vie sentimentale, se cachent des désirs sexuels inassouvis Le dessin de Fior est tout simplement superbe et proche des toiles de peintres comme Egon Schiele ou Gustav Klimt. Les couleurs sont tout aussi superbes. Ce dessinateur a incontestablement un énorme talent qui mérite d'être connu du grand public ou tout au moins des amateurs d'une BD exigeante. Cet album est passé relativement inaperçu au moment de sa sortie. Puisse cette critique réparer cette injustice.

21/02/2010 (modifier)