Ces 3 récits sont parus en 1986 dans le magazine A Suivre, c'est du romantisme exotique dans des contrées lointaines très dépaysantes, avec de l'amour impossible, rien de bien original ou de surprenant. Le plus intéressant c'est de retrouver le dessin toujours aussi séduisant de Jean-Claude Denis, j'aime son trait Ligne Claire précis, esthétique et imparable, et ce depuis Luc Leroi.
Dans ces récits, ça brasse pas mal de clichés et de fantasmes, même si une fois encore, Denis démontre le côté tortueux des rapports amoureux. Certes, c'est pas un de ses meilleurs albums, mais la lecture n'est pas ennuyeuse, c'est sympathique, et mon intérêt pour le dessin me rend indulgent, disons que ça frôle le 2/5 mais tout juste...
Je pensais que les histoires de trésors étaient un peu démodées et ne pouvaient plus me surprendre, mais je me trompais, j'ai même été agréablement surpris. C'est de la grande aventure comme je l'aime, exotique, rutilante, rebondissante, prenante ; c'est lié à une période historique bien décrite, au moment où les Italiens occupaient l'Abyssinie (ou Ethiopie) avec un système colonial assez brutal. Les personnages sont bien saisis, l'ensemble est bien documenté, c'est le genre d'histoire où Ramaïoli excellait à cette époque, comme dans Zoulouland où il s'appliquait dans sa retranscription d'un fond historique.
A ma connaissance, l'antique royaume de Saba n'avait pas été traité en BD, c'est donc inédit et bienvenu, c'est une contrée fascinante et mythique. Cet ancien royaume (connu surtout pour sa reine ayant rendu visite au roi Salomon dans la Bible) était situé entre l'Ethiopie et Djibouti, avec sans doute quelques territoires situés dans l'actuel Yemen.
Ramaïoli fait preuve encore une fois de son talent graphique avec de belles pages et des décors exotiques qu'il excelle à dessiner. Je regrette seulement que cette série, sans doute du fait de son sujet politique, n'ait pas pu continuer, elle reste inachevée alors qu'il y avait encore du potentiel. Elle a été reprise de chez Blanco parue en 1990 sous le titre "Ardoukoba", puis retitrée "L'or de Saba" lors de sa reprise chez Soleil avec un tome 3 (à l'époque où Soleil ne versait pas encore dans le tout venant en fantasy), c'est dommage parce que le récit est loin d'être fini, mais Ramaïoli s'est ensuite lancé dans La Saga de Bas de cuir et a laissé tomber cette série. Ca reste quand même une bonne lecture si on la trouve en occase pas cher.
Je précise quand même un truc lu chez le posteur précédent : je rectifie parce que Allan Quatermain a découvert les mines du roi Salomon en Afrique noire, qui n'ont rien à voir avec le royaume de Saba situé en Afrique septentrionale, et ce n'est pas non plus une Bd italienne mais une Bd dans la plus pure tradition franco-belge.
Je n'ai pu lire que le tome 2 de cette courte série dont j'ignore si elle continue encore.
C'est une bande d'aventure policière sympathique, pas exceptionnelle certes, il y a mieux, mais il y a aussi bien pire, donc je trouve que c'est agréable à lire. Cet album tourne autour d'une course cycliste qui ressemble comme 2 gouttes d'eau au Tour de France et dont un champion américain, Lance Collins fait bougrement penser à Lance Armstrong. Si comme moi, on n'aime guère Armstrong, ça peut bloquer quelque part, mais il faut aller au-dela de ça, ce que j'ai fait, et s'amuser des clins d'oeil et références à d'autres coureurs cyclistes ou gimmicks qu'on rencontre sur le Tour.
A première vue, rien de bien original, l'enquête vise un complot qui semble vouloir saboter cette course pour des raisons obscures, c'est le genre de trame qui a été déjà vue, notamment dans l'album Plein Gaz de la série Tif et Tondu, sauf que c'était un peu mieux élaboré et qu'il s'agissait d'une course automobile en Amérique du Sud. Mais bon, le héros et son assistante sont attachants, on retrouve le trait Ligne Claire séduisant de Taymans, et l'ensemble se laisse lire sans déplaisir.
Pas vraiment un sujet qui m'attirait, mais comme je suis en manque de Bd depuis des mois, je vais pas faire le difficile.
C'est un récit de guerre fondé sur l'initiation d'un jeune officier, idéaliste, naïf et innocent qui devient un homme par sa brutale confrontation avec cette guerre d'Indochine. Le sujet m'a fait penser au début au film Platoon d'Oliver Stone, où le héros arrivait tout frais au Vietnam, une bleusaille complètement inconsciente sans savoir dans quel merdier il mettait les pieds ; la suite est presque aussi enragée que le film de Stone.
Quand on connait Bucquoy et son sens de la provoc , il fallait s'attendre à quelque chose de relevé, de violent, de provocateur, c'est clair qu'il n'y va pas avec le dos de la cuiller, il remue la merde et se complait dans une barbarie excessive, une violence exacerbée et les affres du colonialisme de cette période à l'aide d'un dessinateur plutôt doué pour retranscrire ses descriptions en images parfois horribles. Le dessin est dans la lignée des auteurs qui bossaient chez Glénat dans les années 80, c'est celui de Ersel qui en était à ses débuts et qui signait de son vrai nom ; j'aime bien son dessin sur Claymore, sur Les Pionniers du Nouveau Monde ou Les Derniers jours de la Gehenne, et ici je le trouve déjà très maîtrisé.
En tout cas, on peut dire que c'est une Bd qui remue les tripes, ça instruit de manière édifiante sur une page d'Histoire que je connais très mal car elle m'intéressait peu. Maintenant, est-ce qu'on doit tout montrer dans ce qu'il y a de plus sordide sous prétexte que c'est l'Histoire ? C'est le même débat qui revient régulièrement aussi au cinéma quand des images choquent, mais à la lecture de cet album, on en ressort étrillé, il n'est pas étonnant que le récit n'ait pas été poursuivi dans le magazine Vécu, Glénat n'ayant pas envie d'avoir d'ennuis.
Dommage que ce récit n'ait pas continué, les histoires de complot en temps de guerre m'ont toujours intéressé. Ici, les auteurs versent dans une reconstitution fictive mais soignée et tout à fait plausible sur un réseau de racketteurs qui profitent de la guerre pour s'enrichir. C'est bien relaté, avec de l'action et du suspense, et illustré par un dessin que je trouve bien plus réussi que sur les Bd postérieures de Beuriot, c'est très curieux ; sur Amours fragiles et Belle comme la mort, je l'avais trouvé fébrile et moyen, alors qu'ici, sur une Bd de ses débuts, il est bien plus costaud. J'ai remarqué ce phénomène chez plusieurs dessinateurs qui sont plus performants graphiquement à leurs débuts et dont le style change en moins bien ensuite... En tout cas, sa reconstitution du Paris de l'Occupation est très évocatrice.
Un bon album, très méconnu, qui peut se trouver en bouquinerie je pense pour pas très cher.
Le mythe de Tristan et Yseult transposé en BD, c'est une bonne idée, je crois que ça n'a pas été tellement traité, je me souviens l'avoir vu chez Lereculey et Chauvel dans Arthur (tome 5) ; ici, la bande bénéficie d'un traitement très académique, Rodolphe respecte tout à la lettre et ne tente aucune exploration secondaire, ni ne rajoute une relecture qui aurait pu revigorer cette vieille légende anglo-saxonne qui puise ses origines dans la tradition orale celtique. Son héros traverse des épreuves qui le feront entrer dans cette légende jusqu'à sa rencontre avec la belle Yseult.
J'aime bien l'ambiance, et comme j'aime aussi ces temps anciens et intemporels situés dans les îles britanniques (comme la saga arthurienne), je suis plutôt conquis par ce récit dont je ne connaissais que des fragments, n'ayant jamais eu l'occasion ou l'envie de creuser le sujet. Il y a peut-être un petit manque d'émotion dans l'intensité dramatique et les sentiments, un peu comme une certaine froideur, mais le plus, c'est le dessin qui est vraiment superbe et qui correspond parfaitement à ce type d'ambiance celtique, c'est un dessin très soigné, très classique comme je l'aime, sur les décors, costumes, visages, qui a durci et s'est musclé depuis la reprise de Allot sur Les Ecluses du Ciel en 1988, déjà avec Rodolphe et déjà dans l'univers arthurien.
L'ennui, c'est que depuis 3 ans, pas de tome 2, j'ai comme la mauvaise impression que c'est une série abandonnée, pourtant le potentiel est vraiment riche et intéressant...
Après avoir lu Salamine dans cette collection-concept, je me suis lancé dans une nouvelle bataille navale, sans doute l'une des plus célèbres, mais dont on ne connait pas forcément les tenants et les aboutissants. Pas que je raffole des batailles navales, préférant les batailles terrestres, mais le sujet m'intéressait.
Delitte s'y prend comme dans Salamine : à l'aide d'un bon dessinateur, il relate un récit célèbre en remodelant l'Histoire à sa manière, de façon à ce que ça paraisse plausible, et ne centre pas tout sur la bataille en elle-même, celle-ci n'occupant qu'une petite partie de l'album.
Ce qui fait qu'il aurait eu le temps de mieux expliquer les préparatifs de cette bataille, car elle implique plusieurs intervenants, mais l'ensemble narratif m'a paru un peu confus ou mal expliqué. Delitte relate les faits mais il s'égare en amenant son récit dans une dimension romanesque avec des personnages secondaires, tout comme il fait référence à Cervantès qui a participé à la bataille et qui y a perdu un bras (cet épisode fut conté dans Hidalgos, une Bd Vécu chez Glénat).
Lépante, ce n'est pas une page d'Histoire que je connais à fond comme la guerre de Cent Ans, je me suis donc laissé porter par le récit, qui au final voit la flotte chrétienne de la Sainte Ligue, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, mettre en déroute la flotte turque d'Ali Pacha en 1571. Cette victoire mettait fin à la suprématie ottomane en Méditerranée, mais elle n'eut pas de conséquences positives immédiates, car les Turcs se ressaisiront sur d'autres fronts avant un lent déclin. L'important, c'est quand même que Lépante va marquer l'arrêt de cet expansionnisme ottoman.
Le dessin est très chouette, très fin et détaillé ; comme sur Salamine, Delitte a dégoté un bon dessinateur en la personne de Nardo que j'avais apprécié sur Le Vent des Khazars et Un loup est un loup au trait particulièrement appliqué. Ici, il réussit de très belles pages avec force détails sur les galéasses et galères du XVIème siècle, revêtant une dimension spectaculaire dans les scènes de bataille, c'est très soigné, c'est comme ça que j'aime la BD historique.
Il fallait oser, Téhem l’a fait, et bien fait.
Impertinent et drôle, cet avocat, sosie de Vergès, défend tout ce que le monde compte d’odieux personnages.
En quatre cases, il réussit à pointer ce qui caractérise son client et nous permet de le reconnaître à coup sûr sans suivre l'actualité judiciaire. Tout le monde y passe, les personnages historiques et contemporains réels comme les personnages de fiction.
Le trait est efficace, rien de trop, ce qui compte est le personnage évoqué, croqué sans fioritures, ce qui n’est pas une mince affaire.
A consommer sans modération, par petits morceaux toutefois, car lire tout l’album en une fois pourrait être lassant au final. Mieux vaut se régaler de quelques gags par ci par là.
Un album surprise, je suis curieux de voir s’il y aura une suite, car il me parait difficile de renouveler l’expérience malgré un nombre de candidats potentiels importants.
Voici donc une nouvelle adaptation de l'un des plus grands "premiers" classiques de la science-fiction, à savoir La Guerre des Mondes, de H. G. Wells. Cette fois-ci ce sont deux auteurs japonais qui s'en sont emparés, Sai Ihara au scénario, et Hitotsu Yokoshima au dessin.
Grand amateur des classiques du genre, et lecteur/spectateur de la plupart des adaptations graphiques et cinématographiques, j'étais curieux de lire cette version. Mon avis est très réservé, notamment parce que j'ai lu récemment les adaptations de Lovecraft chez le même éditeur, par Gou Tanabe. En effet celui-ci a su saisir l'essence des écrits du reclus de Providence, et installer une belle ambiance. Les deux auteurs aux manettes n'ont peut-être pas la bouteille de Tanabe, mais j'ai l'impression qu'ils font des choix, surtout narratifs, pas très heureux. Par exemple ici la femme du héros prend une place plus importante que dans le roman. Certes, dans celui-ci la gent féminine brille par son absence, mais l'augmentation de sa présence n'apporte, dans ce premier tome du moins, pas grand-chose. Au rayon des changements pas inintéressants, mais pas forcément utiles non plus, on a un aperçu de l'aspect physique des Martiens, alors que cela apparaît plus tard dans le récit original, voire à la fin. Le rayon destructeur part en premier lieu du cylindre échoué à Maybury, alors que cela vient des fameux tripodes... Mais le choix qui me semble le plus discutable est l'âge donné au vicaire qui fuit l'attaque avec le photographe. Ici il a carrément des traits juvéniles, ce qui lui attire probablement la sympathie d'une partie du lectorat. Alors que dans le roman il apparaît très vite comme désagréable.
Sur le plan graphique et visuel, le style de Yokoshima me semble un poil trop naïf pour l'histoire, mais c'est surtout la mise en scène et le découpage qui me semblent intéressants dans ce genre de récit. Or cela joue un peu trop sur les ressorts classiques du seinen, voire du shônen : des personnages avec une mimique un brin ridicule, des cadrages un peu foutraques lors de moments sérieux... A contrario le dessinateur fait un effort particulier sur les fameux tripodes, au look qui les fait nettement ressembler à des têtes de libellules sur des bras articulés au look à la fois minéral et végétal. Un vrai bon point, même si les croquis (vraiment intéressants) proposés en bonus montrent d'autres designs tout aussi réussis. A côté de ça, les ambiances sur les scènes d'angoisse et d'action sont vraiment réussis, ce qui fait un peu remonter la note médiocre quant à l'adaptation.
Je suis tout de même curieux de lire la suite.
Rio ouvre ses portes vers une aventure qui m’a tenu en haleine !
Le dessinateur a créé un environnement graphique qui représente super bien la ville : favelas, plage, grande rue, funk, carnaval… On s’y croirait! Les codes vestimentaires sont reproduits de manière admirable, dommage qu’il n’y ait pas de street-food avec quelques coxinhas pour compléter le tableau ! La couleur de peau de Rubeus, différente de sa sœur, rappelle qu’il fut un temps au Brésil où le métisse se voyait rejeté aussi bien par les blancs que par les noirs, métaphore qui illustre la position délicate de notre personnage principal.
Mon seul reproche est l’utilisation assez abusive de vieux clichés (tournés négativement) pour construire le scénario, donnant une image assez faussée du Brésil. Quelques exemples non exhaustifs:
- On peut se faire voler son argent jusqu’au dernier étage d’un hôtel de luxe… Comme si la délinquance se trouvait en tout lieu.
- la medium du Candomblé (religion afro-brésilienne la plus populaire du Brésil) a pour seule image celle d’une véritable sorcière qui souhaite la mort des gens. Assez réducteur.
- les étrangers sont riches, le peuple brésilien est pauvre et/ou corrompu…
Et si les auteurs ont certainement voulu partager une certaine vision du système actuel (Directeur ONG, gouverneur, traitement des favelas), je ne me suis pas attardé là-dessus parce-que je trouve ça bancal ou trop simpliste.
Le mieux serait donc de se concentrer sur la fiction…et quelle intensité ! Les auteurs proposent un drame cruel et violent (mais accessible), l’intrigue est bien menée et j’ai aimé sauter quelques mois/années entre les tomes pour suivre l’évolution des personnages, leurs aspirations et pour tomber direct dans le sujet.
Lisez cette BD pour plonger dans l’environnement des cariocas, avec cette histoire qui sait mettre la pression du début à la fin.
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Bonbon piment
Ces 3 récits sont parus en 1986 dans le magazine A Suivre, c'est du romantisme exotique dans des contrées lointaines très dépaysantes, avec de l'amour impossible, rien de bien original ou de surprenant. Le plus intéressant c'est de retrouver le dessin toujours aussi séduisant de Jean-Claude Denis, j'aime son trait Ligne Claire précis, esthétique et imparable, et ce depuis Luc Leroi. Dans ces récits, ça brasse pas mal de clichés et de fantasmes, même si une fois encore, Denis démontre le côté tortueux des rapports amoureux. Certes, c'est pas un de ses meilleurs albums, mais la lecture n'est pas ennuyeuse, c'est sympathique, et mon intérêt pour le dessin me rend indulgent, disons que ça frôle le 2/5 mais tout juste...
L'Or de Saba (Ardoukoba)
Je pensais que les histoires de trésors étaient un peu démodées et ne pouvaient plus me surprendre, mais je me trompais, j'ai même été agréablement surpris. C'est de la grande aventure comme je l'aime, exotique, rutilante, rebondissante, prenante ; c'est lié à une période historique bien décrite, au moment où les Italiens occupaient l'Abyssinie (ou Ethiopie) avec un système colonial assez brutal. Les personnages sont bien saisis, l'ensemble est bien documenté, c'est le genre d'histoire où Ramaïoli excellait à cette époque, comme dans Zoulouland où il s'appliquait dans sa retranscription d'un fond historique. A ma connaissance, l'antique royaume de Saba n'avait pas été traité en BD, c'est donc inédit et bienvenu, c'est une contrée fascinante et mythique. Cet ancien royaume (connu surtout pour sa reine ayant rendu visite au roi Salomon dans la Bible) était situé entre l'Ethiopie et Djibouti, avec sans doute quelques territoires situés dans l'actuel Yemen. Ramaïoli fait preuve encore une fois de son talent graphique avec de belles pages et des décors exotiques qu'il excelle à dessiner. Je regrette seulement que cette série, sans doute du fait de son sujet politique, n'ait pas pu continuer, elle reste inachevée alors qu'il y avait encore du potentiel. Elle a été reprise de chez Blanco parue en 1990 sous le titre "Ardoukoba", puis retitrée "L'or de Saba" lors de sa reprise chez Soleil avec un tome 3 (à l'époque où Soleil ne versait pas encore dans le tout venant en fantasy), c'est dommage parce que le récit est loin d'être fini, mais Ramaïoli s'est ensuite lancé dans La Saga de Bas de cuir et a laissé tomber cette série. Ca reste quand même une bonne lecture si on la trouve en occase pas cher. Je précise quand même un truc lu chez le posteur précédent : je rectifie parce que Allan Quatermain a découvert les mines du roi Salomon en Afrique noire, qui n'ont rien à voir avec le royaume de Saba situé en Afrique septentrionale, et ce n'est pas non plus une Bd italienne mais une Bd dans la plus pure tradition franco-belge.
Mac Namara
Je n'ai pu lire que le tome 2 de cette courte série dont j'ignore si elle continue encore. C'est une bande d'aventure policière sympathique, pas exceptionnelle certes, il y a mieux, mais il y a aussi bien pire, donc je trouve que c'est agréable à lire. Cet album tourne autour d'une course cycliste qui ressemble comme 2 gouttes d'eau au Tour de France et dont un champion américain, Lance Collins fait bougrement penser à Lance Armstrong. Si comme moi, on n'aime guère Armstrong, ça peut bloquer quelque part, mais il faut aller au-dela de ça, ce que j'ai fait, et s'amuser des clins d'oeil et références à d'autres coureurs cyclistes ou gimmicks qu'on rencontre sur le Tour. A première vue, rien de bien original, l'enquête vise un complot qui semble vouloir saboter cette course pour des raisons obscures, c'est le genre de trame qui a été déjà vue, notamment dans l'album Plein Gaz de la série Tif et Tondu, sauf que c'était un peu mieux élaboré et qu'il s'agissait d'une course automobile en Amérique du Sud. Mais bon, le héros et son assistante sont attachants, on retrouve le trait Ligne Claire séduisant de Taymans, et l'ensemble se laisse lire sans déplaisir.
Une épopée française
Pas vraiment un sujet qui m'attirait, mais comme je suis en manque de Bd depuis des mois, je vais pas faire le difficile. C'est un récit de guerre fondé sur l'initiation d'un jeune officier, idéaliste, naïf et innocent qui devient un homme par sa brutale confrontation avec cette guerre d'Indochine. Le sujet m'a fait penser au début au film Platoon d'Oliver Stone, où le héros arrivait tout frais au Vietnam, une bleusaille complètement inconsciente sans savoir dans quel merdier il mettait les pieds ; la suite est presque aussi enragée que le film de Stone. Quand on connait Bucquoy et son sens de la provoc , il fallait s'attendre à quelque chose de relevé, de violent, de provocateur, c'est clair qu'il n'y va pas avec le dos de la cuiller, il remue la merde et se complait dans une barbarie excessive, une violence exacerbée et les affres du colonialisme de cette période à l'aide d'un dessinateur plutôt doué pour retranscrire ses descriptions en images parfois horribles. Le dessin est dans la lignée des auteurs qui bossaient chez Glénat dans les années 80, c'est celui de Ersel qui en était à ses débuts et qui signait de son vrai nom ; j'aime bien son dessin sur Claymore, sur Les Pionniers du Nouveau Monde ou Les Derniers jours de la Gehenne, et ici je le trouve déjà très maîtrisé. En tout cas, on peut dire que c'est une Bd qui remue les tripes, ça instruit de manière édifiante sur une page d'Histoire que je connais très mal car elle m'intéressait peu. Maintenant, est-ce qu'on doit tout montrer dans ce qu'il y a de plus sordide sous prétexte que c'est l'Histoire ? C'est le même débat qui revient régulièrement aussi au cinéma quand des images choquent, mais à la lecture de cet album, on en ressort étrillé, il n'est pas étonnant que le récit n'ait pas été poursuivi dans le magazine Vécu, Glénat n'ayant pas envie d'avoir d'ennuis.
Rebelle
Dommage que ce récit n'ait pas continué, les histoires de complot en temps de guerre m'ont toujours intéressé. Ici, les auteurs versent dans une reconstitution fictive mais soignée et tout à fait plausible sur un réseau de racketteurs qui profitent de la guerre pour s'enrichir. C'est bien relaté, avec de l'action et du suspense, et illustré par un dessin que je trouve bien plus réussi que sur les Bd postérieures de Beuriot, c'est très curieux ; sur Amours fragiles et Belle comme la mort, je l'avais trouvé fébrile et moyen, alors qu'ici, sur une Bd de ses débuts, il est bien plus costaud. J'ai remarqué ce phénomène chez plusieurs dessinateurs qui sont plus performants graphiquement à leurs débuts et dont le style change en moins bien ensuite... En tout cas, sa reconstitution du Paris de l'Occupation est très évocatrice. Un bon album, très méconnu, qui peut se trouver en bouquinerie je pense pour pas très cher.
Tintagel
Le mythe de Tristan et Yseult transposé en BD, c'est une bonne idée, je crois que ça n'a pas été tellement traité, je me souviens l'avoir vu chez Lereculey et Chauvel dans Arthur (tome 5) ; ici, la bande bénéficie d'un traitement très académique, Rodolphe respecte tout à la lettre et ne tente aucune exploration secondaire, ni ne rajoute une relecture qui aurait pu revigorer cette vieille légende anglo-saxonne qui puise ses origines dans la tradition orale celtique. Son héros traverse des épreuves qui le feront entrer dans cette légende jusqu'à sa rencontre avec la belle Yseult. J'aime bien l'ambiance, et comme j'aime aussi ces temps anciens et intemporels situés dans les îles britanniques (comme la saga arthurienne), je suis plutôt conquis par ce récit dont je ne connaissais que des fragments, n'ayant jamais eu l'occasion ou l'envie de creuser le sujet. Il y a peut-être un petit manque d'émotion dans l'intensité dramatique et les sentiments, un peu comme une certaine froideur, mais le plus, c'est le dessin qui est vraiment superbe et qui correspond parfaitement à ce type d'ambiance celtique, c'est un dessin très soigné, très classique comme je l'aime, sur les décors, costumes, visages, qui a durci et s'est musclé depuis la reprise de Allot sur Les Ecluses du Ciel en 1988, déjà avec Rodolphe et déjà dans l'univers arthurien. L'ennui, c'est que depuis 3 ans, pas de tome 2, j'ai comme la mauvaise impression que c'est une série abandonnée, pourtant le potentiel est vraiment riche et intéressant...
Lépante
Après avoir lu Salamine dans cette collection-concept, je me suis lancé dans une nouvelle bataille navale, sans doute l'une des plus célèbres, mais dont on ne connait pas forcément les tenants et les aboutissants. Pas que je raffole des batailles navales, préférant les batailles terrestres, mais le sujet m'intéressait. Delitte s'y prend comme dans Salamine : à l'aide d'un bon dessinateur, il relate un récit célèbre en remodelant l'Histoire à sa manière, de façon à ce que ça paraisse plausible, et ne centre pas tout sur la bataille en elle-même, celle-ci n'occupant qu'une petite partie de l'album. Ce qui fait qu'il aurait eu le temps de mieux expliquer les préparatifs de cette bataille, car elle implique plusieurs intervenants, mais l'ensemble narratif m'a paru un peu confus ou mal expliqué. Delitte relate les faits mais il s'égare en amenant son récit dans une dimension romanesque avec des personnages secondaires, tout comme il fait référence à Cervantès qui a participé à la bataille et qui y a perdu un bras (cet épisode fut conté dans Hidalgos, une Bd Vécu chez Glénat). Lépante, ce n'est pas une page d'Histoire que je connais à fond comme la guerre de Cent Ans, je me suis donc laissé porter par le récit, qui au final voit la flotte chrétienne de la Sainte Ligue, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, mettre en déroute la flotte turque d'Ali Pacha en 1571. Cette victoire mettait fin à la suprématie ottomane en Méditerranée, mais elle n'eut pas de conséquences positives immédiates, car les Turcs se ressaisiront sur d'autres fronts avant un lent déclin. L'important, c'est quand même que Lépante va marquer l'arrêt de cet expansionnisme ottoman. Le dessin est très chouette, très fin et détaillé ; comme sur Salamine, Delitte a dégoté un bon dessinateur en la personne de Nardo que j'avais apprécié sur Le Vent des Khazars et Un loup est un loup au trait particulièrement appliqué. Ici, il réussit de très belles pages avec force détails sur les galéasses et galères du XVIème siècle, revêtant une dimension spectaculaire dans les scènes de bataille, c'est très soigné, c'est comme ça que j'aime la BD historique.
Avocat du Diable
Il fallait oser, Téhem l’a fait, et bien fait. Impertinent et drôle, cet avocat, sosie de Vergès, défend tout ce que le monde compte d’odieux personnages. En quatre cases, il réussit à pointer ce qui caractérise son client et nous permet de le reconnaître à coup sûr sans suivre l'actualité judiciaire. Tout le monde y passe, les personnages historiques et contemporains réels comme les personnages de fiction. Le trait est efficace, rien de trop, ce qui compte est le personnage évoqué, croqué sans fioritures, ce qui n’est pas une mince affaire. A consommer sans modération, par petits morceaux toutefois, car lire tout l’album en une fois pourrait être lassant au final. Mieux vaut se régaler de quelques gags par ci par là. Un album surprise, je suis curieux de voir s’il y aura une suite, car il me parait difficile de renouveler l’expérience malgré un nombre de candidats potentiels importants.
La Guerre des Mondes (Ihara)
Voici donc une nouvelle adaptation de l'un des plus grands "premiers" classiques de la science-fiction, à savoir La Guerre des Mondes, de H. G. Wells. Cette fois-ci ce sont deux auteurs japonais qui s'en sont emparés, Sai Ihara au scénario, et Hitotsu Yokoshima au dessin. Grand amateur des classiques du genre, et lecteur/spectateur de la plupart des adaptations graphiques et cinématographiques, j'étais curieux de lire cette version. Mon avis est très réservé, notamment parce que j'ai lu récemment les adaptations de Lovecraft chez le même éditeur, par Gou Tanabe. En effet celui-ci a su saisir l'essence des écrits du reclus de Providence, et installer une belle ambiance. Les deux auteurs aux manettes n'ont peut-être pas la bouteille de Tanabe, mais j'ai l'impression qu'ils font des choix, surtout narratifs, pas très heureux. Par exemple ici la femme du héros prend une place plus importante que dans le roman. Certes, dans celui-ci la gent féminine brille par son absence, mais l'augmentation de sa présence n'apporte, dans ce premier tome du moins, pas grand-chose. Au rayon des changements pas inintéressants, mais pas forcément utiles non plus, on a un aperçu de l'aspect physique des Martiens, alors que cela apparaît plus tard dans le récit original, voire à la fin. Le rayon destructeur part en premier lieu du cylindre échoué à Maybury, alors que cela vient des fameux tripodes... Mais le choix qui me semble le plus discutable est l'âge donné au vicaire qui fuit l'attaque avec le photographe. Ici il a carrément des traits juvéniles, ce qui lui attire probablement la sympathie d'une partie du lectorat. Alors que dans le roman il apparaît très vite comme désagréable. Sur le plan graphique et visuel, le style de Yokoshima me semble un poil trop naïf pour l'histoire, mais c'est surtout la mise en scène et le découpage qui me semblent intéressants dans ce genre de récit. Or cela joue un peu trop sur les ressorts classiques du seinen, voire du shônen : des personnages avec une mimique un brin ridicule, des cadrages un peu foutraques lors de moments sérieux... A contrario le dessinateur fait un effort particulier sur les fameux tripodes, au look qui les fait nettement ressembler à des têtes de libellules sur des bras articulés au look à la fois minéral et végétal. Un vrai bon point, même si les croquis (vraiment intéressants) proposés en bonus montrent d'autres designs tout aussi réussis. A côté de ça, les ambiances sur les scènes d'angoisse et d'action sont vraiment réussis, ce qui fait un peu remonter la note médiocre quant à l'adaptation. Je suis tout de même curieux de lire la suite.
Rio
Rio ouvre ses portes vers une aventure qui m’a tenu en haleine ! Le dessinateur a créé un environnement graphique qui représente super bien la ville : favelas, plage, grande rue, funk, carnaval… On s’y croirait! Les codes vestimentaires sont reproduits de manière admirable, dommage qu’il n’y ait pas de street-food avec quelques coxinhas pour compléter le tableau ! La couleur de peau de Rubeus, différente de sa sœur, rappelle qu’il fut un temps au Brésil où le métisse se voyait rejeté aussi bien par les blancs que par les noirs, métaphore qui illustre la position délicate de notre personnage principal. Mon seul reproche est l’utilisation assez abusive de vieux clichés (tournés négativement) pour construire le scénario, donnant une image assez faussée du Brésil. Quelques exemples non exhaustifs: - On peut se faire voler son argent jusqu’au dernier étage d’un hôtel de luxe… Comme si la délinquance se trouvait en tout lieu. - la medium du Candomblé (religion afro-brésilienne la plus populaire du Brésil) a pour seule image celle d’une véritable sorcière qui souhaite la mort des gens. Assez réducteur. - les étrangers sont riches, le peuple brésilien est pauvre et/ou corrompu… Et si les auteurs ont certainement voulu partager une certaine vision du système actuel (Directeur ONG, gouverneur, traitement des favelas), je ne me suis pas attardé là-dessus parce-que je trouve ça bancal ou trop simpliste. Le mieux serait donc de se concentrer sur la fiction…et quelle intensité ! Les auteurs proposent un drame cruel et violent (mais accessible), l’intrigue est bien menée et j’ai aimé sauter quelques mois/années entre les tomes pour suivre l’évolution des personnages, leurs aspirations et pour tomber direct dans le sujet. Lisez cette BD pour plonger dans l’environnement des cariocas, avec cette histoire qui sait mettre la pression du début à la fin.