Les derniers avis (39398 avis)

Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Les Identités troubles (Milo)
Les Identités troubles (Milo)

Mon coup de cœur du dernier festival d’Angoulême ! Les Humanoïdes ressortent, sous le titre « les identités troubles », les 3 opus de « Milo ». Un thriller haletant façonné par une enquête criminelle ordinaire, mais qui nous tient en haleine très rapidement. Vous vous laisserez entrainer par le rythme des recherches de notre héros dans sa quête de la vérité. Le crayonné est travaillé et les couleurs variées. J’adore.

09/02/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série L'Éveil du Maître du Donjon
L'Éveil du Maître du Donjon

C'est une biographie assez particulière puisque qu'il s'agit de celle de Gary Gygax. Ce nom ne dira rien au commun des mortels mais les geeks du monde entier le vénèrent comme un dieu. En effet, nous avons là le créateur du fameux jeu Donjons et Dragons qui a révolutionné la culture contemporaine. Aujourd'hui, quand on regarde Game of thrones ou encore des séries comme Strangers Things ou la saison 2 de Riverdale, on comprend pourquoi. En France, le grand représentant est François Marcela-Froideval qui, avant ses chroniques de la lune noire, était l'un des plus important, acteurs du milieu du jeu en France, dans les années 80. Il signe d'ailleurs une très belle post-face. Je trouve que l'hommage qui est rendu est très réussi. Il y a d'ailleurs une impression de rentrer dans un jeu. La narration sera également fort inventive. On apprendra d'ailleurs des choses assez intéressantes. Il y aura des étapes sur la création progressive de ce jeu qui faisait appel à l'imagination avant d'être achetée par une compagnie le dénaturant complètement. On retrouve d'ailleurs un dessinateur qu'on connait bien à savoir Koren Shadni. J'ai pour l'instant aimé la plupart de ses œuvres (Le Voyageur ou Mike's Place ou encore Love Addict - Confessions d'un tombeur en série). J'adore son trait qui est pour moi l'un des plus lisibles. J'ajoute que je n'ai jamais joué à ce jeu et que j'ai pourtant été séduit par cette biographie d'un homme méconnu, qui a pourtant beaucoup apporté au monde du divertissement.

09/02/2020 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Payer la terre
Payer la terre

Le dernier Joe Sacco est arrivé, et avec lui un nouveau sujet documentaire que je n'aurais jamais connu sans cela. C'est déjà cela qui me fait apprécier chaque nouveauté de l'auteur : la découverte du sujet, bien souvent trop méconnu. Et en l’occurrence, je suis obligé de le dire, il fait fort, le bougre. Le style de Sacco ne change absolument pas ! Il a toujours ce don pour faire des portraits qui sont proches de la caricature et pourtant très précis, comme s'il tentait de représenter les visages sans parfaitement y parvenir. Mais il a aussi une précision dans la représentation des décors, et dans le cadre d'un récit se déroulant dans le Grand Nord Canadien, je n'en attendais pas moins ! Ce fameux Grand Nord, j'en suis friand depuis mes lectures d'enfance des récits de Jack London, mes lectures d'adolescence de Bernard Clavel ou mes lectures adultes de tous les auteurs que j'ai pu trouver parlant de cette région sévère, difficile et rude, mais ô combien belle et grande, vide et froide. Un rêve pour moi, qui aime les grands espaces, le calme et le froid. J'ai donc un intérêt déjà certain pour la thématique, et je suis d'autant plus intéressé que les récits concernant les peuplades premières de ces lieux ne sont pas les plus nombreux, les seuls que j'ai lus jusqu’à présent étant ceux de Nicolas Vanier (pas très objectif ou documenté sur le sujet, avouons-le). Un documentaire complet, foisonnant et renseigné m'a donc beaucoup intéressé. Grand bien m'en a pris, puisque Sacco a toujours cette précision du documentaire, sa volonté de transmettre en toute transparence et sans jamais dédaigner de donner son avis, ce qui peut étonner pour un documentaire mais ajoute, selon moi, le côté humain qui manque souvent dans des simples documentaires se tenant à distance de leurs sujets. Et en l'occurrence, l'humain va avoir une place centrale dans le récit. Joe Sacco livre un témoignage de la situation des Dene, natifs canadiens en proie aux habituels soucis de ces nations : perte de leurs terres, problème d'argent, d'alcool, de violence, de drogue, d'extractions de ressources, de manipulation politique ou encore d'intérêts de groupes financiers immoraux. L'auteur va parcourir le territoire à la rencontre de ses habitants, les interrogeant sur leur vie. Et quelle vie ... Quelle vie ? Les témoignages sont nombreux, et l'abondance de texte peut réellement rebuter (prévoir quelques jours pour le lire et le digérer tranquillement, tout de même), mais c'est le meilleur moyen de réellement représenter l'état de ce territoire en proie à toutes sortes de conflit. Bien que construit d'une manière désordonnée, le récit essaye tout de même de garder un fil de narration allant du passé vers le présent, exposant la vie en forêt des ancêtres, les valeurs et les traditions de ce peuple, pour ensuite arriver aux soucis majeurs qu'ils connurent (l'acculturation forcée dans les bagnes ... pardon, les pensionnats religieux), les répercussions de tout ceci sur leurs vies et leur culture, et l'arrivée des nouveaux soucis politiques (forage pétrolier, indemnisation, alcoolisme, désertion des lieux, cours de la bourse, pollution ...) qui se sont profilés avec les nouvelles générations. C'est riche en événements, mais aussi en points de vue et en avis. Rien n'est simple en ce bas-monde, et surtout pas lorsque cela concerne un aussi grand nombre de personnes sur un aussi grand nombre de sujets. Rien que l'affrontement sur la question de l'indemnité des populations indiennes pour la perte de leurs cultures, leurs terres, leur langue est sujette à débat. Et il est souvent triste de voir les anciens parler de tout ce qu’ils ont perdu pour arriver à la constatation qu'ils n'ont plus rien maintenant. Si vous voulez le lire, attendez-vous à des cruautés et des horreurs, mais aussi à beaucoup de résignation et d’abattement. La situation semble noire pour ce peuple qui navigue entre deux mondes, en voie de disparition. Et pourtant Joe Sacco arrive à en tirer une BD qui flirte avec l'optimisme et tente de redonner confiance. L'espoir est permis, et tout n'est pas encore joué. Peut-être arriverons-nous finalement à prendre conscience de ce qui se joue, de la vie de ces humains et de leurs combats. Ce genre de documentaire est à réserver aux passionnés, aux lecteurs assidus et j'ajouterai même aux personnes ayant déjà lu du Joe Sacco. C'est dense et lourd, pas toujours très dynamique dans la narration. Mais c'est passionnant et édifiant sur la société que nous avons bâtie. En un sens, je lui trouve beaucoup de points communs avec le Petit traité d'écologie sauvage dans les thématiques et les réflexions sur la place de l'homme dans la nature. Une découverte que j'ai aimé faire, même si maintenant elle va trotter un petit moment dans ma tête avec ses nombreuses réflexions et piques envers notre société bien ancrée dans un monde qu'elle détruit trop vite.

09/02/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série La Force des femmes
La Force des femmes

Joël Alessandra est un passionné de l’Afrique (il m’a confié en dédicace y passer 4/5 mois par an), et a réalisé plusieurs albums BD s’y déroulant, dont ce nouvel opus chez Des Ronds dans l'O. Joël a mis en image des souvenirs d’Afrique ayant plus ou moins rapport avec le traitement des femmes. Le ton est juste, il rapporte les faits sans juger, sans se poser en moralisateur, et je dois avouer avoir été touché par ces témoignages… tout comme l’auteur, d’ailleurs. Il en profite au passage pour « croquer » l’Afrique… ses aquarelles sont vraiment magnifiques. On y ressent vraiment l’amour qu’il porte à ce continent, ses paysages, ses habitants. J’ai particulièrement apprécié les planches représentant la rivière Oubangui et ses alentours. Un chouette « carnet de voyage » sur un thème très actuel, qui a bien sa place dans le catalogue engagé de cet éditeur. Un album recommandable.

08/02/2020 (modifier)
Couverture de la série Ariol
Ariol

Alors 4 étoiles pour une série jeunesse ça peut vous paraître beaucoup mais je juge surtout cette série par apport au divertissement que ça peut procurer aux enfants. Alors que certaines séries pour enfants ne sont que des bd plates remplies de gags pipi caca et basiques, là ont est dans un autre style. Ariol est un petit âne de 8 ans environ qui vit dans une ville faisant d’ailleurs penser à Paris. Il a plein d’amis animaux qui sont plutôt sympathiques et qui ont tous leur caractère, et aussi plein de membres de la famille. J’ai rarement vu des séries comme ça, qui montrait autant la famille avec l’oncle , les cousins, les deux grand mères et le grand père. Niveau des histoires, c’est bien sûr pour enfant mais cela m’a quand même rappelé l’époque où je n’étais pas encore une adolescente et cette bd me rend nostalgique, on ne peut que se remémorer nos moments avec nos amis à l’école en les lisant. Dessins, dans les premiers tomes, Ariol est plutôt laid, mais au fil des tomes le dessin s’améliore nettement, les décors sont vraiment plutôt bien fichus avec un bon coup de crayon. Bref c’est vraiment une série que je ne peux que conseiller à ceux ayant une petite sœur et un petit frère, ou bien un fils, fille, petite fille, petit fils enfin bref. C’est la série idéale pour se faire un petit moment nostalgique aussi.

08/02/2020 (modifier)
Couverture de la série Les Mésaventures inachevées du Plombier Maudit
Les Mésaventures inachevées du Plombier Maudit

Jean Solé est un fétichiste. Et pas de n’importe quoi, puisqu’il semble irrésistiblement attiré par la tuyauterie, la plomberie, si j’en crois cet album bien sûr, mais aussi le très bon Dérapages (Solé), publié un an plus tard, et dans lequel certaines histoires courtes avaient aussi ce thème comme catalyseur du délire. D’abord je voudrais parler du dessin de Solé, que je trouve vraiment excellent, usant d’un Noir et Blanc très classique, efficace. Son dessin très précis et « réaliste » est parfaitement adapté au ton caricatural qui domine dans ces histoires courtes. J’aime beaucoup son trait proche de celui de Boucq. Un trait réaliste, qui vire au grotesque caricatural de façon naturelle, j’adore ! La couverture annonce (texte et dessin : « sexe » ; « angoisse » ; « passion » ; « violence ») : mise à part la passion peut-être, le lecteur n’est pas floué, même si chacun de ces aspects n’est souvent qu’effleuré, simple prétexte à un délire loufoque, plus ou moins déjanté, avec plus ou moins d’humour noir et d’absurde pour l’habiller. L’album raconte une « histoire » - découpée en une dizaine de chapitres (publiés dans L’Echo des savanes). Le départ ressemble à du fantastique à la Foerster (qui a aussi réalisé une histoire de plombier attaqué par la tuyauterie d’une baignoire dans l’un de ses recueils), mais rapidement cela vire au foutraque à la Gotlib (habituel compagnon de délire), avec quelques images hautes en couleurs (même si en Noir et Blanc !), avec cette diablesse sadique et dominatrice SM, une histoire d’enlèvement, etc. Solé (qui se met d’ailleurs en scène et commente lui-même sa propre création) part ensuite dans un délire impossible à résumer – même s’il aurait sans doute pu raccourcir un peu l’ensemble, certaines longueurs étant accentuées par des textes volontairement lourds et absurdes, mais parfois trop abondants. Reste que j’ai bien aimé ce délire très « Fluide » de la grande époque. Si vous avez aimé cet album, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur « Dérapages », tout autant réussi. Note réelle 3,5/5.

08/02/2020 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Jusqu'au dernier
Jusqu'au dernier

Assez peu familier du western en BD, en tous cas du western récent (dans le genre, ma culture s'arrête, je crois, à Lucky Luke, Comanche, quelques tomes de Blueberry et Les Tuniques Bleues), j'ai découvert l'existence de ce tome très récemment, quand notre cher Agecanonix en a parlé sur les forums, et après avoir consulté les quelques pages disponibles sur internet et été séduit par leur beauté incroyable, j'ai foncé en librairie me procurer cet attirant one-shot. Bien m'en a pris... Jusqu'au dernier est formidable à bien des égards. Le scénario de Jérôme Félix est très soigné. Rien de révolutionnaire, mais son intrigue fonctionne bien, quoique finalement, elle est plus celle d'un polar atemporel que d'un western proprement dit. Je veux dire par là qu'on aurait pu situer presque exactement la même intrigue dans les années 30, 50, 80 voire aujourd'hui sans changer d'élément scénaristique majeur (peut-être le motif du maire de la ville). Qu'on ne s'y trompe pas, cela ne signifie pas que le cadre du western est usurpé ou mal employé. Non, il est parfaitement valorisé ; simplement, il aurait peut-être pu se trouver davantage enraciné dans les fondements même de l'intrigue. Quoiqu'il en soit, on prend un immense plaisir à se plonger dans cette ambiance de western sombre, évidemment inspirée par le chef-d'oeuvre incontournable de Sergio Leone Il était une fois dans l'Ouest. Dans la droite ligne de Comanche, Jérôme Félix nous propose une histoire où le western est propice à nous faire réfléchir sur l'homme en général, sa brutalité, mais aussi ses tourments intérieurs et les déchirements de son âme. En cela, les personnages imaginés par Félix sont excellents : facilement caractérisés en peu de mots, ils sont extrêmement attachants, et jouent tous un rôle dans l'intrigue et dans sa dimension réflexive, illustrant chacun un aspect différent de l'âme humaine. Le duo Russell/Kirby incarne deux facettes d'une même figure paternelle, protégeant le faible Bennett, touchant simple d'esprit en proie à un monde qui ne veut pas de lui. Admirablement tempérés par le doux personnage de l'institutrice, ces deux hommes droits, mais soumis aux codes de cet Ouest violent, émeuvent par leurs dilemmes et leur conduite imparfaite dont ils sont les premiers à souffrir. Face à eux, une bande lâches et de salauds, mais pas jusqu'au bout : Jérôme Félix a l'intelligence de leur donner une âme également. Pas forcément excusables, les hommes qui en veulent nos deux héros ne sont guère plus que des êtres poussés à bout, qui ne cherchent qu'à s'en sortir. Ils font de mauvais choix, s'orientant délibérément du côté du mal, mais finalement, on les comprend. Acculés, où peuvent-ils se réfugier ailleurs que dans la violence ? Jérôme Félix met ici en scène une violence dénuée de haine, fait suffisamment rare pour être souligné, et qui suscite une réflexion plus profonde que la première lecture ne semble en soulever. A méditer... Du côté du dessin, il est difficile de trouver les mots pour qualifier le travail de Paul Gastine, tant les plus beaux mots qui nous viennent à l'esprit semblent bien trop infimes. C'est d'une splendeur hallucinante, tout bonnement ! Ne basculant pas dans les pièges de l'hyperréalisme, Gastine effectue un travail graphique véritablement incroyable, toujours très réaliste tout en sachant garder le style dessiné. Bénéficiant de couleurs chatoyantes plus qu'agréables à l'oeil, Jusqu'au dernier est une odyssée graphique captivante. L'ambiance est grandiose et puissante, et l'on ne se lasse pas d'enchaîner les cases, tant le dessin nous transporte dans un autre monde qui, pourtant, est - était - le nôtre. Puisqu'il est difficile d'accéder à la totale perfection, il faut bien accorder quelques reproches à cette oeuvre. Ceux-ci sont très légers mais malheureusement bien présents : tout va un peu vite. Certains éléments scénaristiques semblent un peu expédiés, ce qui est sans doute dû au format one-shot du récit, obligeant Félix et Gastine à des coupes légèrement dommageables. Reproche complémentaire : la mise en scène manque parfois d'ampleur. La scène clé de la découverte du corps de Bennett, par exemple, manque de puissance émotionnelle. On aurait aimé être vraiment bouleversé par cette séquence touchante, mais il lui manque la petite étincelle qui le lui aurait permis (ce qui ne l'empêche pas d'être réussie malgré tout). Enfin, dernier (tout petit) défaut, directement issu des qualités soulignées ci-dessus : le dessin et les couleurs sont un peu trop propres pour un western aussi noir. Tout ça manque de la saleté qu'on aurait imaginé dans un récit pareil. Les images sont chaleureuses, brillantes et colorées, et ce finalement même dans les scènes les plus dramatiques. Rien de grave, c'est dépendant de la somptuosité de l'ensemble, mais un peu plus de saleté aurait contribué à mieux rendre l'aspect crépusculaire de l'histoire qui nous est contée. Enfin, ces reproches sont vraiment minimes, tant il serait profondément injuste de bouder son plaisir face à une oeuvre généreuse qui, si elle ne bouleverse pas l'histoire de la bande dessinée, nous propose quand même quelque chose de remarquable. Tout est là pour faire de ce récit un grand récit : la qualité graphique s'allie à des dialogues simples mais efficaces et à des personnages nuancés et bien écrits pour nous toucher au plus profond de nous-même. Et en cela, je suis plus que satisfait par le final, plein de sens et réellement émouvant. Je me suis senti muet face à cette conclusion qui, enfin, apporte une lueur d'espoir et de rédemption dans une histoire très noire, et conclut sur une note optimiste une bande dessinée qui méritera une seconde lecture très rapidement...

05/02/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sur la vie de ma mère
Sur la vie de ma mère

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mère de l’auteur a eu une vie bien remplie : un métier de prof, beaucoup de voyages, d’amants, d’enfants. C’était les années 70 après tout, et elle faisait ce qu’elle voulait, Jeanne… On découvre sa vie au travers les yeux de son fils ainé, Alain (l’auteur donc), né au Maroc, avant de découvrir Haïti, La Réunion et le Mali… et puis un peu la France aussi. On visite ces pays par le biais d’un regard d’enfant, et surtout on s’attache à cette maman héroïque, on s’extasie devant l’amour sans limite qu’elle porte à ses enfants… c’est surtout ça qui m’a marqué dans cet album : une famille disparate et éclatée géographiquement, qui gravite autour de ce soleil maternel… ces thèmes familiaux m’ont beaucoup touché, beaucoup intéressé et fait réfléchir. J’ai trouvé le propos juste, les erreurs sont mises en avant au même titre que les succès, et cet album est un rappel utile que la vie est courte et que chaque querelle idiote est un gâchis, tout simplement. J’ai passé un excellent moment en compagnie de l’auteur et de sa famille (c’est vraiment l’impression que j’ai eu en lisant cet album), et j’attends avec impatience le tome 2, dans lequel Alain nous parlera de son père… mais ça, c’est une autre histoire.

05/02/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Karmen
Karmen

Karmen, c'est l'histoire d'un suicide amoureux, d'un ange et d'une rédemption. Vivant à Palma de Majorque, Catalina et Xisco sont amis d'enfance et soudés comme les doigts de la main. Catalina est en réalité secrètement amoureuse de Xisco, mais ce dernier la considère comme une simple amie et sort avec d'autres filles. Quand elle réalise qu'il prend de la distance avec elle et se rapproche plutôt de sa jolie colocataire, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et Catalina décide de se suicider. Tandis qu'elle se vide de son sang dans la salle de bains, Karmen, une étrange jeune femme aux cheveux roses et en combinaison noire de squelette entre et vient lui proposer de sortir et de discuter longuement avec elle maintenant qu'elle est libérée des contraintes physiques de la réalité et de la vie. Ensemble, elles vont parcourir les rues et le ciel de Palma tandis que Karmen va tenter de montrer à Catalina un autre aspect de cette vie qu'elle a décidé de quitter afin de la faire réfléchir sur sa décision. Guillem March m'avait déjà épaté par sa maîtrise graphique dans Monika et surtout The Dream. Mais dans ces albums là, la colorisation était froide et le style très étudié. Ici, les couleurs sont bien plus chaudes, plus naturelles, et les planches sont tout de suite plus attirantes. L'encrage aussi est différent, plus épais, plus vivant. Ses femmes sont toujours aussi belles mais là aussi plus authentiques. Certes, leurs visages sont majoritairement de parfaits minois très charmants, rappelant parfois le style de Manara, mais leurs corps ne sont pas ceux des vrais mannequins qu'il nous montrait dans ses autres œuvres : ils sont ici plus réalistes, avec de menus défauts, ce qui n’ôte rien à leur charme bien au contraire. Je parle de ces corps car il faut savoir que l'héroïne va être nue sur la quasi totalité de l'album, mais pas un nu érotique ou aguicheur, un nu très naturel, très chaste, avec les parties intimes pudiquement cachées. Je suis aussi tombé sous le charme de la ville de Palma de Majorque telle qu'il nous la présente. Ce sont des angles de vues originaux, des effets de lentilles, des retournements de caméras (puisque à certains moments, la gravité n'a plus d'importance), et cela nous offre une ville vraiment belle qui donne envie d'être visitée et qui sert de bel écrin à cette jolie histoire. Les personnages sont bons. Et c'est tant mieux car nous allons en effet assister à une quasi psychanalyse de Catalina tandis qu'elle découvre ce qu'elle a fait de sa vie et ses erreurs d'interprétation qui l'ont poussé à prendre la mauvaise décision. En parallèle, l'énergie que dégage Karmen, si elle est un peu agaçante au départ, finit par devenir attachante quand on constate sa sincérité et sa bonté d'esprit. L'histoire en question intrigue au premier abord puis on comprend assez rapidement ce qu'il se passe même si on se demande où la fameuse Karmen veut en venir. Et quand on finit par saisir son objectif, les choses deviennent un peu plus prévisibles mais cela n'a rien d'un reproche car cela fait plaisir de suivre une histoire bien construite et qui se finit bien. Cette conclusion est un tout petit rose bonbon, mais elle a sa part de dureté, de tristesse refoulée et de promesses d'espoir. C'est très beau, surtout graphiquement mais aussi par son histoire qui n'est pas mal du tout et capte bien le lecteur. J'ai vraiment pris plaisir à cette lecture.

05/02/2020 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Malet
Malet

Je me suis beaucoup amusé pendant cette lecture. Nicolas Juncker a visiblement pris beaucoup de plaisir à nous raconter cet événement oublié de l’histoire. Il le croque de façon vraiment pertinente, assez versée dans l’humour, mais sans perdre de vue les enjeux du coup d’Etat. Je pense que Juncker a choisi Malet car la situation a quelque chose de comique : un prisonnier politique qui s’échappe et va faire croire à tous les officiers napoléoniens que l’empereur est mort, et qui va prendre le contrôle de plusieures places fortes au sein de la capitale. Il appuie donc sur le côté un peu bourru ou carrément stupide des collaborateurs de Malet. Le général Guidal est totalement bourrin, et les situations dans lesquelles il apparaît sont vraiment cocasses. Le dessin appuie aussi ce penchant humoristique, les personnages ont l’air ridicules pour certains et benêts pour d’autres. J’ai trouvé cette galerie très bien faite, les personnages les plus importants se distinguent tous bien les uns des autres, de par leur dessin mais aussi de par leur caractère. Ce sont eux qui font la bd véritablement, qui la portent. Le personnage de Malet ne se détache pas plus des autres selon moi, c’est vraiment toute une équipe, tous m’ont plu. “Malet” est véritablement une bd d’humour historique, les deux genres sont présents sans que l’un ne l’emporte sur l’autre. Ca donne un mélange très agréable, un bon moment de lecture. La postface de l’auteur est elle aussi intéressante, on sent qu’il a fait un vrai travail de recherche derrière, et les précisions qu’il apporte, notamment sur Lahorie, sont très à propos. J’ai moins aimé quand il se justifie d’avoir romancé et de ne pas mettre la biblio. Je n’ai pas bien vu l’intérêt à cette justification. Une lecture que je conseille, une bd historique sans prise de tête et amusante.

05/02/2020 (modifier)