Les derniers avis (39398 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série A bord de l'Etoile Matutine
A bord de l'Etoile Matutine

« A bord de l’Etoile Matutine » était la première brique de la trilogie marine de l’auteur havrais. Certes, pas la plus marquante mais déjà d’une très bonne tenue par rapport à ses deux chefs d’œuvre qui allaient nous transporter par la suite, Le Loup des Mers, l’adaptation de Jack London qui refermerait ladite trilogie, et plus récemment Le Vagabond des Étoiles, également inspiré de l’auteur précité. Cette fois, il s’agit de courts récits d’un autre écrivain, Pierre Mac Orlan. Français et d’une notoriété moindre que London, Mac Orlan a publié de nombreuses nouvelles et était réputé pour ses descriptions des bas-fonds parisiens. Avec ce recueil, il évoque le quotidien de pirates hauts en couleur, assez éloignés de l’image d’Epinal de l’abominable pillard sans foi ni loi, même si bien sûr on n’est pas chez les enfants de chœur. Bien évidemment, on est toujours saisi par le dessin très précis et hyper expressif de Riff Reb’s dans ses ombrés faisant ressortir de façon inquiétante les visages taillés au crochet de nos flibustiers des mers. Si ces tranches de vie peuvent parfois susciter l’effroi, elles nous obligent parallèlement à ressentir de l’empathie pour ces mauvais garçons, qui en embarquant sur ces galions volés, ne faisaient que fuir un système qui ne voulait pas d’eux. La réinsertion sociale ne faisait pas partie du vocabulaire des institutions de l’époque… Bien sûr, pour apprécier pleinement cette œuvre, il vaudrait mieux être fan du format littéraire que sont les nouvelles. Si ce n’est pas le cas (et ça ne l’est pas pour moi qui aime m’immerger dans des récits un peu consistants), on pourra tout de même goûter la qualité de l’écriture, la description d’un folklore lié à une « confrérie » méconnue et souvent diabolisée, comme pouvaient l’être les Indiens durant la conquête de l’Amérique.

13/02/2020 (modifier)
Couverture de la série Suckle, suivi de Crumple
Suckle, suivi de Crumple

Dave Cooper est un auteur qui ne peut laisser indifférent les lecteurs (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Les thèmes développés dans ses albums, leur traitement, peuvent rebuter à la fois les amateurs de récits et de dessin classiques, mais aussi ceux qui n’adhèreront pas à son côté trash et provocateur. Je me range résolument dans le camp de ceux qui apprécient son travail, qui se révèle très original, tout en traitant finalement des sujets « de société », des questionnements tout à fait « ordinaires ». J’aime bien cet album. Annoncé par l’éditeur comme comprenant « deux tomes d’une trilogie », il faut en fait reconnaître que les deux histoires qu’il contient sont tout à fait indépendantes (et ont d’ailleurs paru séparément dans l’édition originale), l’histoire, les personnages – et les décors n’ayant rien à voir : ils auraient tout aussi bien pu être édités séparément en Français (comme l’a été Ripple, soit-disant troisième tome de cette « trilogie »). Et puisqu’il faut les distinguer, j’ai beaucoup aimé « Suckle » (4 étoiles), et un chouia moins « Crumple » (3 étoiles). Si les deux histoires sont pleines de sexe, d’êtres hybrides, et se déroulent dans des décors et un univers indéfinis (situés ni dans le temps ni dans l’espace, dans une sorte de SF mâtinée de fantastique underground), la poésie de Suckle (noire et glauque) m’a davantage attirée que les décors parodiques d’Hollywood (et de la société américaine en générale) de « Crumple ». La première histoire est aussi la plus originale, accumulant les passages muets durant lesquels les tribulations d’un personnage s’accompagnent d’une nature, d’objets, d’êtres qui se transforment, s’absorbent : c’est trash et poétique, noir, mais très dynamique, fluide, très chouette quoi ! La seconde histoire, malgré le côté trash réaffirmé (sans doute plus sporadiquement que dans la première), se révèle moins surprenante dans son ensemble, moins originale. Comme souvent chez Cooper, les relations sexuelles, le désir – refoulé ou exprimé de façon libérée, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, transparaissent en filigrane au milieu d’aventures à la narration plus ou moins académique (la seconde histoire m’a peut-être moins attiré justement par son côté moins surprenant sur ce point, tout en restant intéressante). Cooper est de toute façon un auteur à suivre pour les curieux et amateurs d’œuvres non conventionnelles. Note réelle 3,5/5.

12/02/2020 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Héroïque Fantaisie
Héroïque Fantaisie

Voilà bien un objet des plus inattendus et des plus audacieux qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps, échappant à toute tentative de catégorisation… Un objet hors-normes, extrêmement libre, qui ne gagnera certainement pas ses galons dans une actu BD souvent dominée par une forme de politiquement correct, même parmi la production LGBT qui cherche le plus souvent à se faire accepter par les tenants d’une optique « inclusive », le nouveau terme à la mode dans un monde de marketing lisse jusqu’à l’insipide. Dans des termes moins consensuels, cette nouvelle doxa pourrait se refléter dans le conseil suivant : vous avez toute notre bienveillance, mais jouez le jeu en rentrant dans le rang avec des choses « présentables », afin de ne pas choquer le « bourgeois ». Si l’histoire donne l’impression de n’être qu’un prétexte aux délires sexuels de l’auteur, ce dernier fait pourtant preuve d’une imagination débridée, même si cela tend à partir en peu dans tous les sens… De fait, l’existence d’un fil narratif ne permet pas vraiment de classer « Héroïque Fantaisie » comme du porno de base, dont la seule fonction est de vendre des contenus à fantasme, le dessin étant de toute façon bien trop crasseux pour attirer le business du sexe. Du reste, Olivier Texier ne revendique rien (d’ailleurs on ne sait même pas s’il est vraiment gay), se fiche d’être présentable autant que classé X, se plaît à représenter la baise homo crade, et là on est plus proche de l’érotisme trash d’un The Hun que de celui à tendance cuir clean d’un Tom of Finland. Dans une Vendée post-apocalyptique où la barbarie règne en maître, les héros suivent leur quête et n’échappent pas aux mauvaises rencontres qui leur font perdre à chaque fois, qui un bras, qui une main, qui un œil… Cela n’amoindrit en rien leur désir sexuel, qui bien au contraire semble décuplé dans ce contexte menaçant et mortifère. De plus, les passions amoureuses entre nos mâles ne sont pas absentes, comme un clin d’œil ironique aux navets « porno chic » à l’eau de rose. Sujet incontournable en Vendée (l’auteur est nantais et donc voisin de cette région très imprégnée de catholicisme), la religion est également évoquée, avec la vision récurrente de la Vierge dont les statues sont régulièrement défigurées par l’ennemi et ses armées de démons. Telle une provocation ultime de Texier, ces héros amoraux, grands « pécheurs » devant l’éternel, la vénèrent et déplorent évidemment la mutilation de leurs icônes, ne faisant que motiver leur détermination à combattre leurs ennemis. Le dessin, typiquement underground, est paradoxalement pas très sexy et mal fichu au premier abord, dans une présentation basique en gaufrier à huit cases, avec quelques incohérences (pourquoi d’une case à l’autre, un des personnages apparaît nu puis habillé ?) mais qui révèle néanmoins un style, dont le pouvoir de séduction tient beaucoup par son urgence et sa liberté absolue. Un dessin punk à chien qui pue la sueur, le sang et le sperme, un dessin à la machette qui taille dans le vif et qui défriche. « Héroïque Fantaisie » déroute car il échappe à toute classification, et c’est bien ce que semble avoir recherché ici Olivier Texier, un sale gosse qui revendique l’auto-édition comme le seul antidote à l’auto-censure et à l’étiquetage, se moquant bien d’être qualifié de pervers dégénéré. Imaginer qu’une telle BD puisse passer sous les fourches caudines de la bien-pensance ne pourra que réjouir les esprits libres. D’ailleurs, qui d’autre que les Requins Marteaux, pouponnière la plus notoire de la BD dissidente dans l’Hexagone, aurait accepté de publier un tel ouvrage ? Comme le Marquis de Sade en son temps, Olivier Texier fait ce qu’il veut, envers et contre tout, prônant par son seul dessin la liberté sexuelle comme moyen d’émancipation.

11/02/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série That moment maybe
That moment maybe

Le récit met en scène un jeune psychologue qui, sous l’égide d’un professeur, va prendre en charge une patiente qui a été victime d’un accident de la circulation. Or, il l’a connue dans son passé car il aurait pu avoir une histoire amoureuse avec elle qui a été une occasion manquée. Il est actuellement en couple depuis plusieurs années avec une petite amie assez pressante pour l’achat d’un appartement en plein cœur de Tokyo. On retrouve le fameux triangle amoureux. Le graphisme est réellement de toute beauté. Les personnages sont gracieux. Qui plus est, c’est en couleur tout le long et on ne ressent pas le traitement informatique. Le rendu est vraiment très agréable notamment pour la lecture. Franchement, cela reflète une très belle qualité. Sur le fond, il y a une véritable profondeur des personnages puisqu’on aborde le sujet de la psychologie sur le plan professionnel. Après, c’est une bd sans action et sans intrigue véritable. Il s’agit juste de régler un problème qui empêchait d’avancer, à savoir les doutes et les craintes des 3 principaux personnages. A noter que l'auteur avait déjà réalisé une oeuvre qui m'avait déjà bien interpellé, à savoir Crystal sky of yesterday. En l'occurrence, on est un cran au-dessus.

11/02/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Dans les forêts de Sibérie
Dans les forêts de Sibérie

Qui n’a pas rêvé de s’éloigner de cette civilisation de fou, pour aller s’isoler dans une cabane en bois au milieu de nul part ? C’est ce qu’a fait Sylvain Tesson, aventurier mais aussi romancier. « Dans les forêts de Sibérie », adapté ici en BD par Virgile Dureuil, est son roman le plus vendu. Les thèmes de cette histoire me fascinent… ce rapprochement avec la nature, cet isolement pour essayer de se retrouver soi-même, de se comprendre… cette vie paisible, contemplative… avec au programme : promenades, bouquins, pêche, coupage de bois et vodka… beaucoup de vodka. Après, selon son humeur, on pourra voir ces élucubrations comme une retraite philosophique courageuse, ou comme une fuite inconsciente de ses responsabilités (il perd quand même sa femme dans cette histoire). Il faut toutefois reconnaitre que les réflexions de l’auteur sont souvent bien vues, et font diablement réfléchir. En tout cas l’adaptation de Virgile Dureuil est exemplaire. Il a résisté à la tentation de « caser » trop de textes de l’œuvre originale, et son dessin est vraiment magnifique, et retranscrit parfaitement le froid glacial, le sentiment d’isolation et la beauté des paysages. Une œuvre intéressante, aux thèmes forts… à réserver aux grands rêveurs idéalistes ?

10/02/2020 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
Couverture de la série Léna (Le Long Voyage de Léna)
Léna (Le Long Voyage de Léna)

Le long voyage de Léna J'avais suivi la prépublication du "long voyage de Léna" dans le magazine Bodoï et j'avoue que je m'étais ennuyé à la lecture de cette histoire (je n'avais même pas pris la peine d'en achever la lecture). Puis le formidable livre "entracte" édité chez Daniel Maghen m'a redonné le goût et l'envie d'acheter le dernier livre d'André Juillard, dont les avis sont plus que contrastés sur ce site. Edité fort à propos dans la collection "long courrier" de Dargaud, j'ai été séduit par ce long et lent voyage de Léna, une immersion dans un monde d'espions, mais aussi fuite en avant pour rattraper un passé mystérieux qui, une fois révélé, nous faire lire cette histoire autrement. Je ne suis pas du tout un aficionado de Pierre Christin (dans sa longue bibliographie, je pense n'avoir lu que deux de ses livres) et sans le dessin d'André Juillard, je serai sans doute passé à côté de cette histoire nonchalante, presque surannée, à l'image de ces "honorables correspondants" peuplant l'histoire. Une démarche audacieuse de Pierre Christin qui peut dérouter certains (j'en ai fait partie) mais qui trouve sa justification dans le dénouement. A lire mais surtout à relire. Léna dans le brasier J’ai toujours aimé cette série qui prend toujours le temps d’installer une intrigue souvent complexe. Avec ce dernier opus, je ne suis pas déçu. Pierre Christin, comme à son habitude, nous présente une aventure de Léna tournant autour du Moyen-Orient. Par contre, il le fait sous la forme d’un formidable huis-clos où chaque protagoniste se méfie l’un de l’autre, sous le regard d’une Léna parfaite en maitresse de cérémonie. Oh bien sûr, si vous préférez les bd avec des scènes d’actions, passez votre chemin. « Léna dans le brasier » se place sous le signe de la diplomatie et non de l’action. C’est finement observé et les personnages sont très crédibles, le tout avec un dessin parfaitement maitrisé d'André Juillard, encore plus beau avec l’édition en format à l’italienne, format sous lequel j’ai découvert ce troisième opus d’une série qui ne compte que 3 albums depuis 2006, et dont le dernier opus remonte à 2009. Ce format sied parfaitement au rythme lent de cette histoire, rythme qui s’accélère vers la fin. Je l’ai déjà lue deux fois depuis sa sortie, gage d’une bande dessinée de grande qualité.

21/11/2006 (MAJ le 10/02/2020) (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Sous le lit
Sous le lit

L’auteur nous raconte dans sa biographie un évènement intime ayant marqué sa jeunesse, à savoir coucher avec un autre homme sans mettre de préservatif. Je ne vais pas l’accabler sur un ton moralisateur, car cela peut malheureusement arriver dans le feu de l’action. Certes, le danger que constitue le SIDA est bien réel. Sous le lit est une chronique d’un moment de vie situé dans cette période où l’on se cherche. La maman qui élève seule son enfant n’est pas au courant des tendances sexuelles de ce dernier. Cela peut poser des problèmes dans la communication, notamment lors des sorties coucheries. Notre principal protagoniste peut compter sur sa meilleure amie de longue date, qui semble aussi multiplier les expériences sexuelles. Bref, on ne s’ennuiera pas. J’ai bien aimé le graphisme, bien qu’il soit par moment assez hachuré. Ce n’est pas le dessin que je préfère, mais il laisse quand même passer les émotions des personnages. On sympathise très vite avec ce jeune homme de 19 ans. La thématique est celle de l'éternel passage de la fin de l'adolescence à l'âge adulte. L'auteur aborde en finesse des sujets pas faciles : la maladie du SIDA, la définition de l'identité sexuelle, le harcèlement de rue, le coming-out... A la fin, on aurait bien aimé savoir la suite et si par exemple, il était positif ou négatif au test de dépistage. Cependant, l’essentiel est dans la démarche et non dans le résultat. Un roman graphique tout en sensibilité, par l’auteur de Appelez-moi Nathan que j’avais déjà bien aimé.

10/02/2020 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dieu vagabond
Le Dieu vagabond

Sans mes amis bédéphiles, il est clair que je n’aurais jamais feuilleté le « Dieu vagabond » parce que la couverture et son contenu ne m’attiraient pas du tout. D’ailleurs, je tiens à remercier un de mes potes de m’avoir involontairement prêté son exemplaire. Alors oui, le traitement graphique du « Dieu vagabond » ne me plaisait pas des masses. A première vue, je le trouvais figé, j’avais du mal avec la représentation des visages… et puis, au fil des pages, je me suis mis à l’apprécier… D’ailleurs, certaines planches me sont apparues vraiment très belles. L’auteur, Fabrizio Dori, n’hésite pas à varier son style, plus précisément sa mise en couleurs, ce qui rend au final cette bande dessinée très agréable à contempler et vivante. La narration est, à mon avis, très correcte. Là-aussi, Fabrizio Dori, nous présente un découpage varié et original par moments qui contribue à rendre son récit animé. Original, c’est aussi le ressenti que j’ai eu à la fin de cette lecture. L’auteur nous invite à suivre les péripéties d’un homme, Eustis, qui se dit « satyre » et renvoyé des dieux… Afin de retrouver son monde et les siens, cet homme va suivre une quête où il rencontrera des gens et des créatures aussi loufoques que lui… Mine de rien, ce scénario peut paraître gringalet mais l’auteur le parsème de références mythologiques et d’une ambiance poétique (je parle bien d’« ambiance poétique» et non de « poèmes ») qu’il est difficile de ne pas être charmé par les aventures d’Eustis. Bien que je sois resté indifférent au devenir d’Eustis, j’ai eu un ressenti d’apaisement au cours de la lecture, comme si j’avais été transporté par son atmosphère de rêverie et par le graphisme particulier de Fabrizio Dori. Au final, Le « Dieu vagabond » m’est apparu comme un album très agréable à lire. Le coup de patte de Fabrizio Dori contribue au charme de cette bande dessinée qui m’a fait rêver et revisiter d’une façon apaisante la mythologie grecque. Certainement, une des bandes dessinées les plus originales que j’ai pu lire ces dernières années.

10/02/2020 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Le Singe de Hartlepool
Le Singe de Hartlepool

Encore un Lupano, et encore une réussite. “Le singe de Hartlepool” est une bd très réussie sur la bêtise humaine et les préjugés. Quand un navire de la flotte française s’échoue sur les côtes anglaises, à Hartlepool, les villageois sont on ne peut plus heureux : ces mangeurs de grenouille n’ont eu que ce qu’ils méritaient. Et quand ils découvrent un survivant, ils vont de ce pas le mettre aux fers et lui donner ce qu’il mérite. Seul petit problème, ce soldat français est en fait un singe, qui jouait le rôle de mascotte de l’équipage. Les auteurs dénoncent ici la bêtise humaine, la peur de l’autre et le dangereux effet de groupe. On a affaire à un village isolé, peu cultivé, renfermé sur lui-même, qui se trouve confronté à une situation inédite. En réponse à cette situation, les hommes décident la violence, sans réfléchir une minute. On voit que même parmi ces hommes, il y a une petite volonté chez certains de ne pas se précipiter, et il y a quelques doutes. On organise quand même une parodie de procès, et il y a un avocat. Mais l’ignorance et la peur de l’étranger sont les plus fortes, et ça pousse tous ces gens à faire n’importe quoi. Même ceux qui pouvaient un peu douter finissent par se laisser entraîner par la foule. Les seules personnes dubitatives sont un noble de passage, un jeune mousse rescapé du naufrage, et … certaines femmes du village, histoire de rappeler que la bêtise est bien souvent masculine, surtout à cette époque. Ce sont eux qui “gouvernent” le village et s’octroient le droit de s’occuper des affaires “importantes”, ce sont donc eux qui font les conneries. Le récit est bien mené, il est agréable et facile à suivre. Il est en même temps humoristique, car on ne peut s’empêcher de sourire devant une situation aussi abracadabrantesque, et en même temps dramatique. Tout du long, on se dit “mais ils ne vont quand même pas aller jusqu’au bout..” et si. A noter qu’il n’y a pas que les anglais dont on peut se moquer de la bêtise. Le capitaine du navire français est au moins (si ce n’est plus) abruti, comme les soldats qui obéissent à ce capitaine ultra raciste qui balance un enfant par dessus bord parce qu’il avait une nourrice anglaise. Bref, cette bd est contre l’imbécilité sous toutes ses formes, et le racisme en est une extraordinairement répandue. J’ai aussi bien aimé le dessin, j’apprécie ce style qui fait un peu enfantin, et ces cases qui ne sont pas toutes droites et carrées. Ca donne un style jeunesse à une bd qui ne l’est pas. Le dessin rend bien les expressions des personnages, autant celles des villageois excités par l’odeur du sang supposément français que celles du pauvre singe, désespéré par la bêtise humaine.

10/02/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Algues vertes - L'Histoire interdite
Algues vertes - L'Histoire interdite

Cette bd permet de dénoncer le scandale des algues vertes. En effet, les autorités sanitaires couvertes par le politique ne reconnaissent pas vraiment le lien de causalité entre les algues vertes et les problèmes de santé dont ont été victime plusieurs humains et animaux. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas pu se rétablir. C’est très grave mais cela reste encore contenu à une minorité de cas étalés sur le temps. Le problème en l’occurrence est de protéger le tourisme en Bretagne pour en faire une région belle et accueillante. On ne va pas parler de ces algues qui tuent car cela entraîne inutilement la peur et la panique. C’est comme pour le coronavirus, il ne tuait soi-disant que des personnes âgées et faibles. Le médecin de 34 ans en très bonne santé qui avait été un lanceur d’alerte n’en a malheureusement pas réchappé. Les autorités l’ont d’ailleurs accusé de propager de fausses rumeurs au tout début de l’épidémie. Finalement, on s’aperçoit que c’est exactement le même processus. Les autorités font dans le déni et la mauvaise foi. Certes, il y a des implications économiques mais c’est surtout pour protéger la filière paysanne accusée d’utiliser des engrais à la base d’une pollution créant ces algues grâce à des fertilisants. Les diverses réactions de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles m’a littéralement choqué dans leurs attitudes peu constructives et très agressives. Ils ont quand même réussi à jeter le doute sur une situation pourtant objective. La démonstration qu’ont apportée les auteurs est très convaincante et sans appel. Ils ont même pris le soin de répertorier les preuves dans un dossier final assez bien documenté. Pour moi, c’est du très bon travail journalistique. Grâce à cette bd, je suis désormais sensibilisé sur ce problème de santé publique qui reste encore assez méconnu du grand public.

10/02/2020 (modifier)