Sans qu'elle sorte vraiment des sentiers battus ni ne marque fortement les esprits, cette BD atteint exactement son but et j'aurais eu du mal à la classer en simplement pas mal. C'est l'histoire vraie du fils de l'auteur atteint à la naissance d'une malformation cardiaque qui lui interdit tout effort et qui risque de le faire mourir à tout instant. C'est celle de sa femme et lui qui vont vivre dans l'angoisse durant des années, mais aussi celle du grand-père qui va les soutenir malgré son propre cancer et va s'attacher fortement à ce petit garçon à qui il veut transmettre tout son amour.
Ma femme et moi ayant connu une autre situation médicale concernant notre fille, juste le temps d'un trimestre de grossesse heureusement, et au vu des mois de tourments et de mal-être que cela a engendré, je peux m'imaginer ce que l'auteur et sa femme ont vécu pendant nettement plus longtemps de leur côté, avec qui plus est leur enfant né, heureux et actif, et donc encore plus de risque de déchirement si les choses tournent mal. Et en parallèle, il y a la maladie du grand-père que ce dernier s'efforce de faire oublier à ses proches pour pouvoir s'occuper de son petit-fils et permettre aux parents de tenir le coup, et la découverte de cette famille et de leurs origines de gitans espagnols sédentarisés en France depuis deux générations.
Bref, la base de ce récit est touchante. Mais elle ne m'a pas fait vibrer autant qu'elle aurait pu. Il lui manque une touche d'originalité dans la mise en scène, quelque chose qui la ferait vraiment sortir du lot pour atteindre plus facilement l'âme du lecteur. En l'état, aussi sincère soit-il, ce récit se révèle un peu trop basique sur la forme, presque trop factuel. J'ai lu récemment À cœur ouvert où Keramidas raconte son propre périple médical, là aussi pour un problème cardiaque, et la manière dont il y mélangeait humour, dérision et récit factuel a su davantage me rapprocher de lui et me rendre le récit poignant.
Néanmoins, j'arrête là sur les reproches car tout le reste du Col de Py est impeccable. Le dessin est très sympathique, son aspect léger et souvent souriant contrastant avec la dureté des faits. Il évite ainsi le côté plombant qu'on aurait pu craindre face à un tel sujet. La narration est aussi très bien faite, avec un bon rythme et une mise en scène claire des faits, des explications médicales et de ce que ressentent les parents et les grands-parents. On s'attache à l'histoire, à cette famille, et j'ai même ressenti une certaine peur à un moment donné, quand je me suis demandé si les choses n'allaient pas soudainement tourner mal pour ce pauvre gamin. A ce propos, la manière dont le médecin annonce son verdict aux parents en fin d'album est franchement psychologiquement ratée : qu'avait-il besoin d'aborder en premier un problème technique plutôt que d'aller immédiatement à l'essentiel ? Et puis, quoique j'ai pu dire plus haut, la fin avec le grand-père dégage tout de même son lot d'émotions, de même que l'épilogue et surtout la photo finale rappelant de belle manière la réalité des faits qui viennent de nous être racontés.
Bref, même si j'ai été moins touché que j'aurais pu l'être, ça reste un très bel album, à la fois probablement cathartique pour l'auteur et sa famille, et qui saura sûrement parler aux lecteurs parents, surtout s'ils ont eu eux-mêmes à souffrir d'un problème médical pour leur enfant.
Après lecture des avis précédents, force m'est d'être d'accord avec de nombreux points.
Graphiquement tout d'abord, on sent une maîtrise assez impressionnante derrière l'apparente facilité et simplicité du trait.
Sur la mise en scène ensuite, la traduction des sentiments et de cette histoire dans le medium de la bande dessinée est là encore très intelligemment faite, et je serais curieux de voir ce que donnerait ce récit écrit en tant que roman.
Sur l' histoire enfin. Une enfant "en trop" raconte sa jeunesse et sa prime jeunesse, et tout est loin d'être rose. Abandonnée par sa mère, élevée par sa grand-mère et son arrière grand-mère dans une autre époque, on ressent très fortement les absences dont elle est victime. Absence de sa mère, bien sûr, mais aussi absence d'attention, absence d'intérêt, absence de bienveillance, absence d'éducation, absence d'explications... Certaines scènes serrent la gorge tant ces absences confinent à la négligence et à la maltraitance.
Virginie est cependant une petite fille pleine de vie, et elle réussira arracher l'affection de ces proches.
En 200 pages, on a l'impression qu'il y a pas mal de redites, et le rythme est forcément lent. Certaines scènes donnent aussi l'impression d'être trop longues. Mais à vrai dire, c'est sans doute cette lenteur et ce temps pris pour faire ressentir les choses qui font que cet album sent tellement le vécu.
Il est vraisemblable que s'il y avait eu un tome 2, il aurait montré comment cette jeune fille aurait continué à se construire, aurait trouvé des moments de bonheur, tout en restant profondément marquée par cette absence. Mais nous ne le saurons pas.
Je ne sais pas si je la relirai un jour, et cette histoire présente quelques défauts. Mais elle présente aussi de nombreuses qualités, et est vraiment très bien racontée.
L'histoire commence par le baron de Münchhausen qui rentre chez lui pour profiter de sa retraite dans son village auprès de sa femme. Ce dernier ne quitte plus son domaine, car sa femme le lui interdit.
Ce qu'il faut savoir, c'est que le baron de Münchhausen a énormément voyagé et vécu toutes sortes de péripéties rocambolesques, et que ce dernier adore les conter, au point qu'on commence sérieusement à croire ses histoires farfelues.
Un jour, un vendeur itinérant propose aux villageois un livre, racontant les histoires du baron. La population est donc très intriguée et cela lance un certain engouement pour les histoires du baron.
Ce récit est donc ponctué d'une part de pleins de petites histoires, racontées par le livre ou le baron lui même. Et d'une autre part, de la réaction que provoque ces histoires au sein du village. Certains sont crédules, d'autres sceptiques. Certains retournent ciel et terre pour entendre les histoires, d'autres refusent de les écouter.
J'avoue n'avoir pas été grandement emballé par les nombreuses petites histoires du baron. Certes, elles sont magnifiquement illustrées, avec à chaque fois, un style graphique différent et très réussi. Mais je n'ai pas été vraiment immergé dans ces fables.
En revanche, j'ai adoré la partie du récit se passant dans le présent, où l'on nous montre les différentes réactions des villageois. De même, le baron lui même m'est apparu comme quelqu'un de fort sympathique. Il s'agit en vérité d'un conteur, souhaitant juste en mettre plein les oreilles à son auditoire.
En vérité, peu importe si les histoires du baron sont véridiques ou complètement inventées. Les villageois écoutent le baron car c'est un excellent conteur, qui les fait rêver. Je pense que tout le monde sait qu'il s'agit de fantaisies. Mais et alors? Nous même, lecteur de BD, sommes les premier à lire et écouter des histoires que nous savons imaginaires. Cela ne nous empêche absolument pas de les dévorer, avec des étoiles pleins les yeux.
Je pense que tout l'intérêt de cette BD se trouve là et qu'il s'agit du message qu'a voulu nous transmettre Masbou.
Enfin, l'album est beau, magnifique même. Mais c'est devenu normal pour un dessinateur talentueux comme Masbou.
4 étoiles
MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Le scénario est très bien monté. Les dialogues bien écrits, un déroulement fluide avec les rebondissements nécessaires – ni trop, ni trop peu - qui maintiennent le suspense jusqu’au bout. Entre action et récit introspectif, on découvre un album tout en sensibilité avec une bonne dose de valeurs humaines et une autre de chronique sociale. Ces robins des bois au talent plus qu’incertain ne vont pas réussir à aller très loin dans leur projet, mais là n’est pas l’essentiel. Les personnages sonnent juste, leur vie passée est là pour le rappeler. Le dessin est précis, plein d’énergie, les scènes de rixes sont réussies, et grosse qualité : ce n’est pas une BD bavarde. Pas trop de texte, de l’efficacité, l’album a du rythme ! C’est très bon ! Un coup de cœur !
L'homme qui tua Lucky Luke
Avant tout, je vais m'attirer les foudres de certains bédéphiles,en avouant ne posséder dans ma bibliothèque que cinq voire six albums de la série Lucky Luke de Morris & Goscinny, même si j'en ai lus une bonne trentaine, mais je n'ai jamais vraiment accroché aux aventures du pauvre cow-boy solitaire.
Depuis quelques mois, dans le monde de la bd, le western revient en force, avec Undertaker, Sykes ou encore Stern, trois albums de qualité.
En reprenant cette série, Matthieu Bonhomme prenait un risque énorme, celui de la comparaison avec le créateur de la série. A l'image de Ferry avec sa reprise (pour moi réussie) d'Astérix, les critiques des puristes allaient fuser.
N'étant pas un spécialiste de Lucky Luke, je dois dire que j'ai tout de suite été séduit par l'histoire. Bien évidemment le titre choisi fait référence au superbe film, encore inégalé, de John Ford, "l'homme qui tua Liberty Walance" (de nombreuses scènes de cette bd renvoient explicitement à des films de John Ford) D'ailleurs, dès les premières pages, nous sommes plongés dans un western digne d'un John Ford, réalisateur que j'adore. Tout les codes du western sont en effet présents, du saloon au shérif lâche en passant par une puissante famille tenant la ville, rien n'est omis.
Même les légendes de l'Ouest, avec un certain Doc Wednesday, qui n'est pas sans rappeler le célèbre Doc Holliday, sont présentes dans cet album.
Même si l'histoire est assez sombre, l'humour reste toutefois présent, notamment avec le running gag du tabac que recherche désespérément Lucky Luke.
Au niveau scénario, cette reprise ou plutôt ce "Lucky Luke vu par Matthieu Bonhomme" ( à l'image des Spirou vu par...., série qui malheureusement est très inégale) tient la route.
Quant au dessin, rien à dire. Je suis un grand admirateur de Matthieu Bonhomme. Possédant déjà l'intégrale en noir et blanc du Marquis d'Anaon, j'ai donc opté pour l'achat de la version en noir et blanc de canalbd pour en apprécier encore plus le trait. J'ai feuilleté la version couleur, et j'avoue qu'elle est très belle également, et je me demande même si je ne vais pas l'acheter aussi.
En tout cas, cet album se révèle une très bonne surprise et j'ai été littéralement bluffé par le talent de Matthieu Bonhomme au dessin et au scénario.
Wanted Lucky Luke
J'avais adoré "l'homme qui tua Lucky Luke" et là, je trouve cet opus encore meilleur. Dès la première page, on rentre dans l'intrigue qui ne faiblit pas jusqu'au bout.
J'ai dévoré cet album alors que je ne suis vraiment pas un grand fan du pauvre cow boy solitaire. Au fil des déménagements, je crois que je n'ai pas conservé d'album de cette série, pourtant j'en ai lu pas mal dans ma jeunesse. D'ailleurs, je n'ai pas été perdu dans cet aventure où les références ou des personnages aux anciens albums sont nombreux ici.
Mais en invitant un trio de pétroleuses, Matthieu Bonhomme apporte un souffle inattendu dans la vie de Lucky Luke.
Et que dire du dessin magnifique de Matthieu Bonhomme ! Il faut dire que j'ai lu cette aventure dans l'édition limitée en noir et blanc des éditions canalbd, que mon (gentil) libraire m'avait mis de côté.
Mais que c’est bon cette BD ! Qu’est-ce que j’ai ri ! Pas pouffé dans mon coin, non non, je me suis bien esclaffé à la découverte des nombreux gags saugrenus complétement décalés ! un vrai rire quoi ! C’est complétement dingue ! L’absurdité des situations est gérée de main de maitre par Fabcaro. C’est jouissif !
Le rythme est soutenu ! Au moins un gag par page. C’est simple et efficace. Bien évidemment le dessin est un peu figé ! C’est la marque de l’auteur ! Mais c’est parfait pour appuyer le côté caricatural et burlesque des situations. Côté narration, c’est jubilatoire. A prendre au deuxième degré bien évidemment.
Pour résumer mes sentiments, je dirais comme le grand philosophe belge Mac Arthur … pute borgne ! voilà tout est dit ! Cette parodie de romans photos est à déguster comme un petit bonbon sucré ! Je me suis régalé.
Question existentielle qui me taraude … et si l’amour c’était aimer manger de la macédoine ?
J’ai longtemps hésité à plonger dans Walking dead version BD. J’avais tellement apprécié la série sur Netflix, que je craignais d’être déçu. C’est donc avec un peu d’appréhension que je me suis lancé. J’ai bravé mes certitudes en me procurant d’un seul coup tous les albums. Quitte à plonger, il ne faut pas faire les choses à moitié !
Et pour tout vous dire, je me demande encore pourquoi j’ai attendu tout ce temps pour me glisser dans le monde peuplé de zombies de Robert Kirkman ! Si j’ai apprécié la version télé, j’ai adoré la version dessinée.
Ca secoue assurément. C’est bon. J’adore les histoires dans un décor post apocalyptique ! Et là je suis servi ! 33 tomes que m’ont procuré un plaisir visuel incomparable.
On suit les péripéties d’un groupe de personnes essayant de survivre face à une invasion de morts vivants. Rick Grimes, un ancien policier est à la tête de ces survivants .
La force du récit, ce n’est pas les zombies qui restent bien présents et dangereux, mais plutôt la subsistance de l’homme civilisé. La société se craquèle. Les rapports humains sont bouleversés. La loi du plus fort devient la règle. Des choix difficiles doivent être pris. Le monde que nous connaissons est en danger. Les rescapés doivent s’adapter pour survivre tout en maintenant une once d’éducation et de savoir-vivre pour ne pas devenir une horde sans foi ni loi.
Rick Grimes incarne les valeurs dites d’un monde civilisé. Il fait tout pour protéger ses proches et assurer leur survie. Il poursuit donc sa mission de gardien de l’ordre au milieu du chaos… aider et défendre, même si il n y a plus d’autorité, plus de police et plus d’espoir.
Le dessin est simple. L’aspect noir et blanc peut rebuter mais ce choix au final se justifie plus on avance dans l’histoire. Du suspens à couper le souffle. Les albums se lisent rapidement. Pas de prise de tête.
Je vous invite à lire cette série même si vous n’appréciez pas les zombies ! Vous serez immédiatement accro ! Oui c’est sanguinolant ! Oui c’est gore ! mais je suis sûr qu’au final vous serez convaincu. C’est une série magistrale à ne rater sous aucun prétexte. On ne parle pas de la mort mais bien de la vie ! je recommande vivement.
Ah là je dis oui !
Des fois on farfouille dans les albums achetés par et pour les enfants, et on peut faire une bonne pioche. C'est le cas avec ce Elle(s), qui nous brosse le portrait d'une adolescente qui a des personnalités multiples, très différentes, susceptibles d'apparaître à tout moment, et de lui causer les plus grands ennuis. Mais à 16 ans Elle a pu, sinon les contrôler, du moins apprendre à les connaître. Ce qui est un peu plus étonnant c'est qu'elle n'ait pas droit à un suivi psychologique si son état est connu de ses parents... D'autant plus que comme dans le film Split, une personnalité, jusque-là réprimée (ou plutôt volontairement recluse) s'apprête à faire surface et à agir...
J'aime bien ces BD pour ados qui ne prennent pas leur lectorat pour des neuneus avides de bastons ou de bluettes... Kid Toussaint, qui s'est sans doute renseigné sur la façon dont fonctionnent les personnalités multiples, propose là une nouvelle série (courte ?) qui est vraiment intéressante, avec des personnages à la psychologie crédible, et des dialogues adaptés. Aveline Stokart travaille entièrement en numérique, ça se voit, mais elle se débrouille très bien dans ce qui me semble être ses débuts professionnels.
Je lirai la suite avec curiosité.
Dans sa forme extrêmement simple et pourtant très originale, « A travers » nous raconte l’histoire d’un homme, au rythme d’une double page traitant d’un moment-clé à chacune des 69 années son existence. Sur la page de gauche, le sujet observant, sur celle de droite, l’objet observé, produisant une interaction ludique auquel le lecteur se laisse prendre. Des images fixes sans texte explicatif, à raison d’une par page, tels des clichés photographiques qui jalonnent sa vie et fixent pour l’éternité des moments particuliers.
Sans en avoir l’air, cet ouvrage raconte beaucoup de choses en se passant des mots, peut-être bien davantage que s’il avait comporté du texte. Avec « A travers », c’est avant tout le regard et l’observation qui priment sur le discours, grâce à un graphisme épuré et efficace, limité aux trois couleurs primaires, ce qui produit quelque chose d’assez stylé.
Tom Haugomat sait suggérer avec subtilité les sentiments malgré son dessin minimaliste, par le biais des poses et des attitudes, notamment lorsqu’il décrit la relation du personnage central — qui tend à délaisser sa vie privée au profit de sa carrière —, avec sa femme, relation qui commence à battre de l’aile, jusqu’à la séparation annoncée. Sur la page de gauche, on voit l’homme, assis à sa table de travail, tourner légèrement la tête sur le côté. Ce qu’il voit, c’est sa femme de dos dans la cuisine, les sacs de course à ses pieds, s’appuyant des deux bras sur le plan de travail. Cette seule image suffit à traduire la lassitude d’une épouse fatiguée de vivre aux côtés d’un homme qui toute sa vie sera passionné par le monde qui l’entoure, tout ayant oublié au fil des années de prêter attention à sa compagne de route. Un dessin qui exprime à lui seul le tragique d’un amour fané.
Mais la véritable force d’« A Travers », c’est d’avoir su faire se rencontrer les opposés. Car « à travers » la vie de cet homme, c’est l’infiniment grand (sa passion en tant qu’astronaute) qui rejoint l’ « infiniment petit », tout au moins à une échelle visible pour l’œil humain (sa passion pour les insectes à la fin de sa vie), c’est la grande Histoire (le 11 septembre 2001) qui dialogue avec la petite histoire (les événements de sa vie, mariage, naissance, séparation…), c’est enfin l’espace qui s’associe au temps (le passé, le présent et le futur) dans une sorte de vertige métaphysique, où le lecteur réalise, par cette lecture si fluide et si rapide, combien la vie dans toute sa grandeur et sa richesse, reste brève et fragile. Un exercice de style tout à fait réussi qui évoquera dans sa forme un autre OVNI du neuvième art, le brillant Ici de Richard McGuire.
Voilà un petit album qui ne paye pas de mine, mais qui devrait plaire aux amateurs de cet auteur norvégien (dont je fais partie) – voire même au-delà.
Visuellement, c’est du classique, avec une quasi absence de décor, des personnages animaliers aux traits peu expressifs. Ajoutant à toute cette économie de moyen une grande rareté des dialogues (la majorité des histoires sont muettes), vous avez donc là un univers minimaliste. Mais clairement pas inintéressant !
Si la dernière partie est composée de courts strips (3 cases), l’essentiel de l’album regroupe une suite d’histoires courtes dans lesquels une série de personnages plus ou moins récurrents (et qui se retrouvent dans l’une des dernières histoires) s’agitent, se poursuivent, s’interpellent, etc.
C’est globalement assez rythmé, et, alors que l’absurde, un humour loufoque, la culture de certains running gags dynamisent l’ensemble, j’ai trouvé souvent réussies ces histoires, souvent amusantes : personnages et gags récurrents (comme cet homme préhistorique assommant immanquablement les femmes qu’il rencontre) accentuant l’humour ambiant.
Ces petites saynètes qui s’enchainent m’ont fait penser à certains courts métrages du cinéma muet, ou à certains numéros de fin de spectacle de cirque, lorsque les acteurs multiplient les passages plus ou moins drôles en traversant la scène.
Bref, un bon moment de lecture, un bon millésime de Jason, que je vous recommande.
Note réelle 3,5/5.
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Le Col de Py
Sans qu'elle sorte vraiment des sentiers battus ni ne marque fortement les esprits, cette BD atteint exactement son but et j'aurais eu du mal à la classer en simplement pas mal. C'est l'histoire vraie du fils de l'auteur atteint à la naissance d'une malformation cardiaque qui lui interdit tout effort et qui risque de le faire mourir à tout instant. C'est celle de sa femme et lui qui vont vivre dans l'angoisse durant des années, mais aussi celle du grand-père qui va les soutenir malgré son propre cancer et va s'attacher fortement à ce petit garçon à qui il veut transmettre tout son amour. Ma femme et moi ayant connu une autre situation médicale concernant notre fille, juste le temps d'un trimestre de grossesse heureusement, et au vu des mois de tourments et de mal-être que cela a engendré, je peux m'imaginer ce que l'auteur et sa femme ont vécu pendant nettement plus longtemps de leur côté, avec qui plus est leur enfant né, heureux et actif, et donc encore plus de risque de déchirement si les choses tournent mal. Et en parallèle, il y a la maladie du grand-père que ce dernier s'efforce de faire oublier à ses proches pour pouvoir s'occuper de son petit-fils et permettre aux parents de tenir le coup, et la découverte de cette famille et de leurs origines de gitans espagnols sédentarisés en France depuis deux générations. Bref, la base de ce récit est touchante. Mais elle ne m'a pas fait vibrer autant qu'elle aurait pu. Il lui manque une touche d'originalité dans la mise en scène, quelque chose qui la ferait vraiment sortir du lot pour atteindre plus facilement l'âme du lecteur. En l'état, aussi sincère soit-il, ce récit se révèle un peu trop basique sur la forme, presque trop factuel. J'ai lu récemment À cœur ouvert où Keramidas raconte son propre périple médical, là aussi pour un problème cardiaque, et la manière dont il y mélangeait humour, dérision et récit factuel a su davantage me rapprocher de lui et me rendre le récit poignant. Néanmoins, j'arrête là sur les reproches car tout le reste du Col de Py est impeccable. Le dessin est très sympathique, son aspect léger et souvent souriant contrastant avec la dureté des faits. Il évite ainsi le côté plombant qu'on aurait pu craindre face à un tel sujet. La narration est aussi très bien faite, avec un bon rythme et une mise en scène claire des faits, des explications médicales et de ce que ressentent les parents et les grands-parents. On s'attache à l'histoire, à cette famille, et j'ai même ressenti une certaine peur à un moment donné, quand je me suis demandé si les choses n'allaient pas soudainement tourner mal pour ce pauvre gamin. A ce propos, la manière dont le médecin annonce son verdict aux parents en fin d'album est franchement psychologiquement ratée : qu'avait-il besoin d'aborder en premier un problème technique plutôt que d'aller immédiatement à l'essentiel ? Et puis, quoique j'ai pu dire plus haut, la fin avec le grand-père dégage tout de même son lot d'émotions, de même que l'épilogue et surtout la photo finale rappelant de belle manière la réalité des faits qui viennent de nous être racontés. Bref, même si j'ai été moins touché que j'aurais pu l'être, ça reste un très bel album, à la fois probablement cathartique pour l'auteur et sa famille, et qui saura sûrement parler aux lecteurs parents, surtout s'ils ont eu eux-mêmes à souffrir d'un problème médical pour leur enfant.
Clandestine
Après lecture des avis précédents, force m'est d'être d'accord avec de nombreux points. Graphiquement tout d'abord, on sent une maîtrise assez impressionnante derrière l'apparente facilité et simplicité du trait. Sur la mise en scène ensuite, la traduction des sentiments et de cette histoire dans le medium de la bande dessinée est là encore très intelligemment faite, et je serais curieux de voir ce que donnerait ce récit écrit en tant que roman. Sur l' histoire enfin. Une enfant "en trop" raconte sa jeunesse et sa prime jeunesse, et tout est loin d'être rose. Abandonnée par sa mère, élevée par sa grand-mère et son arrière grand-mère dans une autre époque, on ressent très fortement les absences dont elle est victime. Absence de sa mère, bien sûr, mais aussi absence d'attention, absence d'intérêt, absence de bienveillance, absence d'éducation, absence d'explications... Certaines scènes serrent la gorge tant ces absences confinent à la négligence et à la maltraitance. Virginie est cependant une petite fille pleine de vie, et elle réussira arracher l'affection de ces proches. En 200 pages, on a l'impression qu'il y a pas mal de redites, et le rythme est forcément lent. Certaines scènes donnent aussi l'impression d'être trop longues. Mais à vrai dire, c'est sans doute cette lenteur et ce temps pris pour faire ressentir les choses qui font que cet album sent tellement le vécu. Il est vraisemblable que s'il y avait eu un tome 2, il aurait montré comment cette jeune fille aurait continué à se construire, aurait trouvé des moments de bonheur, tout en restant profondément marquée par cette absence. Mais nous ne le saurons pas. Je ne sais pas si je la relirai un jour, et cette histoire présente quelques défauts. Mais elle présente aussi de nombreuses qualités, et est vraiment très bien racontée.
Le Baron (Masbou)
L'histoire commence par le baron de Münchhausen qui rentre chez lui pour profiter de sa retraite dans son village auprès de sa femme. Ce dernier ne quitte plus son domaine, car sa femme le lui interdit. Ce qu'il faut savoir, c'est que le baron de Münchhausen a énormément voyagé et vécu toutes sortes de péripéties rocambolesques, et que ce dernier adore les conter, au point qu'on commence sérieusement à croire ses histoires farfelues. Un jour, un vendeur itinérant propose aux villageois un livre, racontant les histoires du baron. La population est donc très intriguée et cela lance un certain engouement pour les histoires du baron. Ce récit est donc ponctué d'une part de pleins de petites histoires, racontées par le livre ou le baron lui même. Et d'une autre part, de la réaction que provoque ces histoires au sein du village. Certains sont crédules, d'autres sceptiques. Certains retournent ciel et terre pour entendre les histoires, d'autres refusent de les écouter. J'avoue n'avoir pas été grandement emballé par les nombreuses petites histoires du baron. Certes, elles sont magnifiquement illustrées, avec à chaque fois, un style graphique différent et très réussi. Mais je n'ai pas été vraiment immergé dans ces fables. En revanche, j'ai adoré la partie du récit se passant dans le présent, où l'on nous montre les différentes réactions des villageois. De même, le baron lui même m'est apparu comme quelqu'un de fort sympathique. Il s'agit en vérité d'un conteur, souhaitant juste en mettre plein les oreilles à son auditoire. En vérité, peu importe si les histoires du baron sont véridiques ou complètement inventées. Les villageois écoutent le baron car c'est un excellent conteur, qui les fait rêver. Je pense que tout le monde sait qu'il s'agit de fantaisies. Mais et alors? Nous même, lecteur de BD, sommes les premier à lire et écouter des histoires que nous savons imaginaires. Cela ne nous empêche absolument pas de les dévorer, avec des étoiles pleins les yeux. Je pense que tout l'intérêt de cette BD se trouve là et qu'il s'agit du message qu'a voulu nous transmettre Masbou. Enfin, l'album est beau, magnifique même. Mais c'est devenu normal pour un dessinateur talentueux comme Masbou. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Ma révérence
Le scénario est très bien monté. Les dialogues bien écrits, un déroulement fluide avec les rebondissements nécessaires – ni trop, ni trop peu - qui maintiennent le suspense jusqu’au bout. Entre action et récit introspectif, on découvre un album tout en sensibilité avec une bonne dose de valeurs humaines et une autre de chronique sociale. Ces robins des bois au talent plus qu’incertain ne vont pas réussir à aller très loin dans leur projet, mais là n’est pas l’essentiel. Les personnages sonnent juste, leur vie passée est là pour le rappeler. Le dessin est précis, plein d’énergie, les scènes de rixes sont réussies, et grosse qualité : ce n’est pas une BD bavarde. Pas trop de texte, de l’efficacité, l’album a du rythme ! C’est très bon ! Un coup de cœur !
Lucky Luke vu par Mathieu Bonhomme (L'Homme qui tua Lucky Luke / Wanted Lucky Luke)
L'homme qui tua Lucky Luke Avant tout, je vais m'attirer les foudres de certains bédéphiles,en avouant ne posséder dans ma bibliothèque que cinq voire six albums de la série Lucky Luke de Morris & Goscinny, même si j'en ai lus une bonne trentaine, mais je n'ai jamais vraiment accroché aux aventures du pauvre cow-boy solitaire. Depuis quelques mois, dans le monde de la bd, le western revient en force, avec Undertaker, Sykes ou encore Stern, trois albums de qualité. En reprenant cette série, Matthieu Bonhomme prenait un risque énorme, celui de la comparaison avec le créateur de la série. A l'image de Ferry avec sa reprise (pour moi réussie) d'Astérix, les critiques des puristes allaient fuser. N'étant pas un spécialiste de Lucky Luke, je dois dire que j'ai tout de suite été séduit par l'histoire. Bien évidemment le titre choisi fait référence au superbe film, encore inégalé, de John Ford, "l'homme qui tua Liberty Walance" (de nombreuses scènes de cette bd renvoient explicitement à des films de John Ford) D'ailleurs, dès les premières pages, nous sommes plongés dans un western digne d'un John Ford, réalisateur que j'adore. Tout les codes du western sont en effet présents, du saloon au shérif lâche en passant par une puissante famille tenant la ville, rien n'est omis. Même les légendes de l'Ouest, avec un certain Doc Wednesday, qui n'est pas sans rappeler le célèbre Doc Holliday, sont présentes dans cet album. Même si l'histoire est assez sombre, l'humour reste toutefois présent, notamment avec le running gag du tabac que recherche désespérément Lucky Luke. Au niveau scénario, cette reprise ou plutôt ce "Lucky Luke vu par Matthieu Bonhomme" ( à l'image des Spirou vu par...., série qui malheureusement est très inégale) tient la route. Quant au dessin, rien à dire. Je suis un grand admirateur de Matthieu Bonhomme. Possédant déjà l'intégrale en noir et blanc du Marquis d'Anaon, j'ai donc opté pour l'achat de la version en noir et blanc de canalbd pour en apprécier encore plus le trait. J'ai feuilleté la version couleur, et j'avoue qu'elle est très belle également, et je me demande même si je ne vais pas l'acheter aussi. En tout cas, cet album se révèle une très bonne surprise et j'ai été littéralement bluffé par le talent de Matthieu Bonhomme au dessin et au scénario. Wanted Lucky Luke J'avais adoré "l'homme qui tua Lucky Luke" et là, je trouve cet opus encore meilleur. Dès la première page, on rentre dans l'intrigue qui ne faiblit pas jusqu'au bout. J'ai dévoré cet album alors que je ne suis vraiment pas un grand fan du pauvre cow boy solitaire. Au fil des déménagements, je crois que je n'ai pas conservé d'album de cette série, pourtant j'en ai lu pas mal dans ma jeunesse. D'ailleurs, je n'ai pas été perdu dans cet aventure où les références ou des personnages aux anciens albums sont nombreux ici. Mais en invitant un trio de pétroleuses, Matthieu Bonhomme apporte un souffle inattendu dans la vie de Lucky Luke. Et que dire du dessin magnifique de Matthieu Bonhomme ! Il faut dire que j'ai lu cette aventure dans l'édition limitée en noir et blanc des éditions canalbd, que mon (gentil) libraire m'avait mis de côté.
Et si l'amour c'était aimer ?
Mais que c’est bon cette BD ! Qu’est-ce que j’ai ri ! Pas pouffé dans mon coin, non non, je me suis bien esclaffé à la découverte des nombreux gags saugrenus complétement décalés ! un vrai rire quoi ! C’est complétement dingue ! L’absurdité des situations est gérée de main de maitre par Fabcaro. C’est jouissif ! Le rythme est soutenu ! Au moins un gag par page. C’est simple et efficace. Bien évidemment le dessin est un peu figé ! C’est la marque de l’auteur ! Mais c’est parfait pour appuyer le côté caricatural et burlesque des situations. Côté narration, c’est jubilatoire. A prendre au deuxième degré bien évidemment. Pour résumer mes sentiments, je dirais comme le grand philosophe belge Mac Arthur … pute borgne ! voilà tout est dit ! Cette parodie de romans photos est à déguster comme un petit bonbon sucré ! Je me suis régalé. Question existentielle qui me taraude … et si l’amour c’était aimer manger de la macédoine ?
Walking Dead
J’ai longtemps hésité à plonger dans Walking dead version BD. J’avais tellement apprécié la série sur Netflix, que je craignais d’être déçu. C’est donc avec un peu d’appréhension que je me suis lancé. J’ai bravé mes certitudes en me procurant d’un seul coup tous les albums. Quitte à plonger, il ne faut pas faire les choses à moitié ! Et pour tout vous dire, je me demande encore pourquoi j’ai attendu tout ce temps pour me glisser dans le monde peuplé de zombies de Robert Kirkman ! Si j’ai apprécié la version télé, j’ai adoré la version dessinée. Ca secoue assurément. C’est bon. J’adore les histoires dans un décor post apocalyptique ! Et là je suis servi ! 33 tomes que m’ont procuré un plaisir visuel incomparable. On suit les péripéties d’un groupe de personnes essayant de survivre face à une invasion de morts vivants. Rick Grimes, un ancien policier est à la tête de ces survivants . La force du récit, ce n’est pas les zombies qui restent bien présents et dangereux, mais plutôt la subsistance de l’homme civilisé. La société se craquèle. Les rapports humains sont bouleversés. La loi du plus fort devient la règle. Des choix difficiles doivent être pris. Le monde que nous connaissons est en danger. Les rescapés doivent s’adapter pour survivre tout en maintenant une once d’éducation et de savoir-vivre pour ne pas devenir une horde sans foi ni loi. Rick Grimes incarne les valeurs dites d’un monde civilisé. Il fait tout pour protéger ses proches et assurer leur survie. Il poursuit donc sa mission de gardien de l’ordre au milieu du chaos… aider et défendre, même si il n y a plus d’autorité, plus de police et plus d’espoir. Le dessin est simple. L’aspect noir et blanc peut rebuter mais ce choix au final se justifie plus on avance dans l’histoire. Du suspens à couper le souffle. Les albums se lisent rapidement. Pas de prise de tête. Je vous invite à lire cette série même si vous n’appréciez pas les zombies ! Vous serez immédiatement accro ! Oui c’est sanguinolant ! Oui c’est gore ! mais je suis sûr qu’au final vous serez convaincu. C’est une série magistrale à ne rater sous aucun prétexte. On ne parle pas de la mort mais bien de la vie ! je recommande vivement.
Elles (Le Lombard)
Ah là je dis oui ! Des fois on farfouille dans les albums achetés par et pour les enfants, et on peut faire une bonne pioche. C'est le cas avec ce Elle(s), qui nous brosse le portrait d'une adolescente qui a des personnalités multiples, très différentes, susceptibles d'apparaître à tout moment, et de lui causer les plus grands ennuis. Mais à 16 ans Elle a pu, sinon les contrôler, du moins apprendre à les connaître. Ce qui est un peu plus étonnant c'est qu'elle n'ait pas droit à un suivi psychologique si son état est connu de ses parents... D'autant plus que comme dans le film Split, une personnalité, jusque-là réprimée (ou plutôt volontairement recluse) s'apprête à faire surface et à agir... J'aime bien ces BD pour ados qui ne prennent pas leur lectorat pour des neuneus avides de bastons ou de bluettes... Kid Toussaint, qui s'est sans doute renseigné sur la façon dont fonctionnent les personnalités multiples, propose là une nouvelle série (courte ?) qui est vraiment intéressante, avec des personnages à la psychologie crédible, et des dialogues adaptés. Aveline Stokart travaille entièrement en numérique, ça se voit, mais elle se débrouille très bien dans ce qui me semble être ses débuts professionnels. Je lirai la suite avec curiosité.
A travers
Dans sa forme extrêmement simple et pourtant très originale, « A travers » nous raconte l’histoire d’un homme, au rythme d’une double page traitant d’un moment-clé à chacune des 69 années son existence. Sur la page de gauche, le sujet observant, sur celle de droite, l’objet observé, produisant une interaction ludique auquel le lecteur se laisse prendre. Des images fixes sans texte explicatif, à raison d’une par page, tels des clichés photographiques qui jalonnent sa vie et fixent pour l’éternité des moments particuliers. Sans en avoir l’air, cet ouvrage raconte beaucoup de choses en se passant des mots, peut-être bien davantage que s’il avait comporté du texte. Avec « A travers », c’est avant tout le regard et l’observation qui priment sur le discours, grâce à un graphisme épuré et efficace, limité aux trois couleurs primaires, ce qui produit quelque chose d’assez stylé. Tom Haugomat sait suggérer avec subtilité les sentiments malgré son dessin minimaliste, par le biais des poses et des attitudes, notamment lorsqu’il décrit la relation du personnage central — qui tend à délaisser sa vie privée au profit de sa carrière —, avec sa femme, relation qui commence à battre de l’aile, jusqu’à la séparation annoncée. Sur la page de gauche, on voit l’homme, assis à sa table de travail, tourner légèrement la tête sur le côté. Ce qu’il voit, c’est sa femme de dos dans la cuisine, les sacs de course à ses pieds, s’appuyant des deux bras sur le plan de travail. Cette seule image suffit à traduire la lassitude d’une épouse fatiguée de vivre aux côtés d’un homme qui toute sa vie sera passionné par le monde qui l’entoure, tout ayant oublié au fil des années de prêter attention à sa compagne de route. Un dessin qui exprime à lui seul le tragique d’un amour fané. Mais la véritable force d’« A Travers », c’est d’avoir su faire se rencontrer les opposés. Car « à travers » la vie de cet homme, c’est l’infiniment grand (sa passion en tant qu’astronaute) qui rejoint l’ « infiniment petit », tout au moins à une échelle visible pour l’œil humain (sa passion pour les insectes à la fin de sa vie), c’est la grande Histoire (le 11 septembre 2001) qui dialogue avec la petite histoire (les événements de sa vie, mariage, naissance, séparation…), c’est enfin l’espace qui s’associe au temps (le passé, le présent et le futur) dans une sorte de vertige métaphysique, où le lecteur réalise, par cette lecture si fluide et si rapide, combien la vie dans toute sa grandeur et sa richesse, reste brève et fragile. Un exercice de style tout à fait réussi qui évoquera dans sa forme un autre OVNI du neuvième art, le brillant Ici de Richard McGuire.
Le Secret de la Momie
Voilà un petit album qui ne paye pas de mine, mais qui devrait plaire aux amateurs de cet auteur norvégien (dont je fais partie) – voire même au-delà. Visuellement, c’est du classique, avec une quasi absence de décor, des personnages animaliers aux traits peu expressifs. Ajoutant à toute cette économie de moyen une grande rareté des dialogues (la majorité des histoires sont muettes), vous avez donc là un univers minimaliste. Mais clairement pas inintéressant ! Si la dernière partie est composée de courts strips (3 cases), l’essentiel de l’album regroupe une suite d’histoires courtes dans lesquels une série de personnages plus ou moins récurrents (et qui se retrouvent dans l’une des dernières histoires) s’agitent, se poursuivent, s’interpellent, etc. C’est globalement assez rythmé, et, alors que l’absurde, un humour loufoque, la culture de certains running gags dynamisent l’ensemble, j’ai trouvé souvent réussies ces histoires, souvent amusantes : personnages et gags récurrents (comme cet homme préhistorique assommant immanquablement les femmes qu’il rencontre) accentuant l’humour ambiant. Ces petites saynètes qui s’enchainent m’ont fait penser à certains courts métrages du cinéma muet, ou à certains numéros de fin de spectacle de cirque, lorsque les acteurs multiplient les passages plus ou moins drôles en traversant la scène. Bref, un bon moment de lecture, un bon millésime de Jason, que je vous recommande. Note réelle 3,5/5.