Les derniers avis (38554 avis)

Par montane
Note: 4/5
Couverture de la série Celestia
Celestia

"Celestia" c'est d'abord un bel objet, avec l'extrémité de ses pages de couleur bleues, avec la texture de sa couverture. Mais comme l'a signalé le précédent chroniqueur, "Célestia c'est aussi un conte futuriste, et le parallèle avec "la terre des fils" de GIPI est pertinent. Sauf que, si la vision d'une société future que nous propose GIPI se décline essentiellement sur le mode de la violence, il n'en va pas de même ici. En effet, si on retrouve un peu un coté "Orange Mécanique" avec cette bande qui croise le chemin des héros principaux, Pierrot et Dora, et qui donne lieu à des scènes de grande violence, la poésie et la contemplation dominent pourtant ce récit. Dora appartient à un groupe de télépathes dont les activités sont organisées par le père de Pierrot. Lui est en rupture de banc avec ce groupe, de même que Dora qui cherche à s'en extraire. Pour ce faire ils cherchent à quitter cette ville qui ressemble à s'y méprendre à Venise. On y apprend que cette ville était naguère reliée au continent; mais qu'à la suite d'une invasion dont on ne saura rien, le pont qui reliait la ville au Continent à été détruit. Echapper à son père , échapper à ces "amis" envahissants signifie donc gagner l'ailleurs, le monde au delà du pont. Pierrot et Célestia vont donc gagner en gondole, ce monde peuplés de gens étranges, vivant en vase clos, où les adultes semblent vivre en autarcie, voire retomber en enfance pour certains, tandis que les enfants semblent prendre la relève. C'est notamment un enfant qui sera le guide de PIERROT ET DORA dans leurs pérégrinations sur cet étrange Continent. Pierrot et Dora vont donc s'engager dans un voyage, mystérieux et contemplatif, dont ils reviendront finalement pour regagner leur ville d'origine. Il faudra pour Pierrot affronter cette bande en quête de revanche. Mais ce retour aux sources lui permettra de se réconcilier avec un père qui lui aussi se sent à l'étroit dans cette ville, et qui souhaite lui aussi gagner cet au delà même s'il est moins sécurisant. Ne cherchez pas de réponses évidentes dans cette histoire vous n'en trouverez pas. L'auteur laisse le lecteur libre de ses interprétations. L'auteur s'interroge et nous interroge sur la société du futur. Doit-on rester emmurés dans un environnement clos, coupé du monde pour préserver notre sécurité? Ou doit-on au contraire ne pas craindre d'aller ailleurs, quitte à prendre des risques et à se confronter à l'inconnu? Le dessin de FIOR est désormais affirmé, les couleurs et les ambiances sont superbes comme dans ses précédents albums. Point de phylactères superflus ici puisque les images parlent souvent d'elle même. Si vous aimez les histoires ambitieuses, les histoires à tiroir, laissez vous embarquer dans ce nouveau "one shot" de l'auteur Italien. En revanche si vous êtes un adepte d'une BD Franco Belge plus classique, passez vous chemin, car vous n'y trouverez pas votre compte.

09/04/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5
Couverture de la série Akim
Akim

Il y a ceux qui sont Beatles et ceux qui sont plutôt Rolling Stones. Dans le monde enchanteur la BD, il y a ceux qui sont Tarzan et ceux qui sont plutôt Akim. Pour ma part je suis, sans l’ombre d’un doute, Rolling Stones et … Akim ! C’est juste cultissime cette série. Accrochez-vous à la balustrade ! Il y a eu … 756 albums en petit format de septembre 1958 à février 1991, bimensuel sur presque toute la durée de publication. Chaque numéro du fascicule propose un épisode entre 50 et 60 pages. Qui dit mieux ? Et tout ça sans aucune aide numérique. A la gomme et au crayon ! Je pense que c’est un record. Il faut dire que Roberto Renzi était un scénariste méga prolifique et qu’il avait beaucoup d’imagination. Ces albums ont bercé mon enfance et mon adolescence. J’étais accro ! Qu’est-ce que c’était bon ! ok ok ok certains vont dire que c’est une pâle copie de Tarzan. Je m’en fous un petit peu à vrai dire. Cela n’a jamais gâché mon plaisir. Jim Rank est le fils du consul de Calcutta, Frédérick Rank. Que du beau linge ! Alors que la famille rentre en Europe, leur bateau fait naufrage. Jim et sa mère échouent sur une plage africaine. Sa mère est peu après tuée par une panthère. Un gorille adopte Jim Rank, le soigne, le nourrit et lui enseigne le langage des animaux. Jim, désormais appelé Akim, devient le « roi de la jungle » et tous les animaux le reconnaissent comme tel. Akim sauve une femme « blanche » nommée Rita. Elle devient sa compagne et le couple vit dans un bungalow, avec le gorille Kar et deux espiègles guenons, Zig et Ming. La ménagerie Akim est magnifique ! Il est en effet entouré d'une cour d'animaux fidèles ! L'éléphant Baroi, le lion Rag, l'aigle Mol, l'éléphanteau Simbo, la cigogne Bek ou encore le panda Chuk. C’est délicieux. Dans les années 70, il y a eu des tee-shirts à l’effigie d’Akim. Bien évidemment j’arborais fièrement mon héros ! Je crois que franchement si tu n’as pas lu au moins une fois un album de cette série avant tes cinquante ans, tu as raté ta vie ! A lire, à relire, ou à découvrir.

09/04/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Le Sucre de la pierre
Le Sucre de la pierre

"Le sucre de la pierre" est une BD assez onirique sur un monde étrange qui ressemble à notre planète. Il est question de neuf géants tout puissants qui ont créé un monde nouveau ou du moins l'un d'entre-eux. Pour autant, il s'agit surtout de croyances et de religion dont se sert un prêtre dirigeant pour asseoir son pouvoir sur une peuplade primitive vivant dans d'immenses cavernes.  Il est relativement aisé de trouver des arguments pour encenser ou démonter une bande dessinée que l’on aime ou l’on déteste. Cependant, l’exercice s’avère délicat quand l’œuvre est spéciale. En effet, c'est comme une invitation au songe. C'est presque un voyage époustouflant dans un univers d'ailleurs assez hermétique et onirique. Cette manière de tout relier est sublime mais parfois éprouvante car nous n'aurons pas toutes les explications utiles. Deux mots me viennent à l'esprit pour qualifier cette œuvre : singulière et brillante. Il est vrai que l'auteur Hervé Leblan a façonné des planches à la beauté asphyxiante, voire une élégance du trait omniprésent. On aura droit soit à des plans reculés ou soit des angles plutôt intimistes. Les décors sont absolument fabuleux. Le graphisme est réellement d’un esthétisme absolu avec un trait fin et précis. En effet, chaque case suggère une profondeur presque démentielle, libérant son lecteur abasourdi dans des cadrages relevant du virtuose. On observera également une générosité dans le détail et une lumière exceptionnelle de maîtrise. Graphiquement, c’est plus qu’honnête. J'ai bien aimé les deux personnages principaux qui forment un beau couple qui se complète. J'ai aimé leur impudeur physique et psychologique dans une férocité crue et presque sensuelle. L’immersion dans cet étrange univers ayant ses propres codes semble être totale et le pouvoir d’attraction irrémédiable. On vit cet album comme une apnée à la fois sensorielle et tragique dans son déroulé. Il faut juste se laisser emporter par le récit. Je note un petit bémol en ce qui concerne la conclusion de ce récit, à moins de considérer d'être à la fin d'un rêve ou au début d'un éternel recommencement. Il est question de liberté mais également d'un triomphe de l'éphémère face à l'éternel comme une prise de revanche sur les dieux. Pour l'inspiration, je sens des influences un peu diverses comme le film culte « Avatar » de James Cameron ou encore une vieille œuvre BD de science-fiction comme Le Cycle de Cyann de François Bourgeon. Que des œuvres de qualité avec un certain dogmatisme ! Je voudrais remercier celui qui m'a permis de bénéficier de cet album et qui se reconnaîtra. C'est tout ce que j'aime et je le dis avec sincérité. A noter une édition tout à fait exceptionnelle qui met le graphisme en valeur. C'est tout à fait dommage que cette sortie soit intervenue dans une période un peu particulière, ce qui fait que c'est passé un peu inaperçu. Il s'agit de combler cela car à la fermeture de cet album, persiste une agréable sensation. Voici un nouvel auteur à découvrir. Et le meilleur est à venir ! Je n’en doute pas. En tout cas, c’est à lire sans aucune hésitation. Je lui réserve la place d’honneur de ma bibliothèque. Un scénario captivant, un graphisme impressionnant d’une très grande beauté ainsi qu'une fabrication hors pair. Trois éléments pour un mariage flamboyant et quatre étoiles amplement méritées. Je terminerai ma dernière chronique sur une citation : "Oublie tout ce qu'ils t'ont appris ; commence par rêver".

09/04/2021 (modifier)
Couverture de la série Beauté
Beauté

Très chouette lecture que celle-ci. Pourtant rien d’extraordinaire a priori, mais un récit simple (même s’il n’est pas avare de complexités souterraines), et un dessin lui aussi simple mais plein d’attraits, voilà donc une série pleine de qualités, une lecture agréable que je vous recommande. Le personnage principal, Morue, est emblématique de cette histoire, où les apparences sont trompeuses, et où rien n’est manichéen ou définitif. En effet, on passe avec ce personnage de la Morue/Beauté, de la compassion (c’est au départ une sorte de souillon, une cendrillon revisitée) au mépris, à l’incompréhension, pour revenir à une certaine forme d’empathie. Insatisfaite, source du mal en cherchant le bien et le bonheur, elle irrite comme elle attire. Questionnement sur la notion de beauté aussi, du caractère factice et dangereux des rapports de séduction, cette histoire est aussi triste que belle, intelligente. Une lecture sympathique en tout cas. Note réelle 3,5/5.

09/04/2021 (modifier)
Couverture de la série Gérard - Cinq années dans les pattes de Depardieu
Gérard - Cinq années dans les pattes de Depardieu

Une BD que j'ai lue plusieurs fois, et surtout que j'ouvre parfois à n'importe quelle page pour m'étonner, rire, réfléchir. J'ai toujours aimé le style de Mathieu Sapin, c'est son style petit bonhomme, on aime ou pas, c'est le même dans ses derniers volumes. Il sait en tous cas comme personne rapporter les détails insignifiants et pourtant tellement instructifs qu'il perçoit avec une grande sagacité. Clairement, avec Gérard il y avait de la matière à exploiter, tandis que dans "le Château", son passage à l'Elysée était très creux. Par contre, les deux BD se répondent puisque Gérard et François se croisent, ce qui est très fun. Gérard Depardieu, je ne suis pas dans son fan club, le personnage lui-même m'avait toujours rebuté (je ne l'apprécie que dans ses rôles comiques). Je dois dire que cette BD m'a permis de comprendre l'engin, c'est stupéfiant ce mélange de raffinement et de grossièreté, sa richesse intérieure, sa souffrance. Loin de tout voyeurisme stupide ou de toute starification, cette BD qui aurait pu s'appeler "dans la peau de Gérard Depardieu", nous fait voir autrement cet être, et tous les êtres humains. On en vient à comprendre toutes les contradictions de Gérard, ses phrases tranchées : on n'en tombe pas d'accord, mais on en comprend l'origine et on la respecte. Imaginez la vie d'un Pascal Brutal qui ne serait pas macho et qui serait tout en sensibilité, (et en puissance 10), et vous avez la vie de Gérard. Pour moi, j'y vois quantité de citations pénétrantes, philosophiques qui font échos avec d'autres lectures, il y a un second sens derrière chaque incongruité. Si vous lisez attentivement, vous apprendrez des détails très importants sur comment survivre dans ces conditions émotionnelles extrêmes, sur la relation aux autres, sur le plaisir. Le plus étonnant, c'est que je n'ai jamais autant prêté une BD à autant de monde, peut-être douze à quinze personnes, là où mon meilleur score devait être de trois prêts. Tout le monde voulait lire Gérard ! La plupart ont bien aimé et une minorité a détesté.

08/04/2021 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Séquelles
Séquelles

Une fois n'est pas coutume, amenons directement ce dialogue puisé dans l'épilogue : "- trop de questions sans réponse. - Elle est toute simple la réponse : l'action mon vieux, le mouvement" Avec ces quelques lignes, Hugues Micol vient de résumer parfaitement les 320 pages de son pavé graphique qui se peut se lire comme une suite de sa première oeuvre Romanji (3) mais également comme un reboot totalement indépendant. Rappelons rapidement que cet OVNI pouvait facilement diviser (l'avis de Ro en est un bel exemple en contrepartie du mien). Il y a au moins de la consistance dans cette haletante course-poursuite qui renvoie autant aux dialogues d'un Michel Audiard pour certaines réparties pas piquées des hannetons qu'à un polar bien noir et craspec. On retrouve le valeureux agent Sabre qui n'en a décidément pas terminé avec son enquête surréaliste en croisant quelques créatures fantastiques et même quelques divinités. Hugues Micol dont le trait s'apparente désormais à celui plus charbonneux de Blutch arrive à captiver son lectorat tout en le désorientant par quelques effets temporels de mise en scène dont il est préférable de ne rien dévoiler. Il y aura de l'action, de l'absurde, de l'humour noir et pas mal de gunfights. La frénésie initiale laisse ici place à une subtilité narrative efficace. Et c'est même assez joli à regarder si on adhère au style survolté de son auteur. Séquelles ne plaira pas au plus grand nombre mais offre de belles perspectives de relecture pour qui veut bien abandonner un peu de sa rigueur cartésienne. Hugues Micol n'aura jamais été aussi généreux quitte de présenter un plat à la limite indigeste par la multitude de ses ingrédients.

08/04/2021 (modifier)
Couverture de la série Dieu en personne
Dieu en personne

Je n'hésite pas à mettre un 5/5 tant j'ai lu et relu cette BD. Graphiquement, inutile de reparler de la maîtrise graphique de MAM avec le noir et blanc, ni de ses plans qui innovent à chaque page. Scénaristiquement, c'est un régal pour l'esprit. Tout le génie à tiroir de MAM qu'on lui connaît dans la fabrication de ses œuvres transcende cette dimension matérielle pour exploser dans les répliques, les situations, les allusions culturelles et religieuses. Les jeux de mots sont omniprésents, on retrouve la même jubilation intellectuelle qu'avec le regretté Raymond Devos. "Dieu en personne" reste de loin ma BD préférée de MAM, les autres conservant peu de surprises à la seconde lecture (je trouve). Mais encore une fois dans mes avis, on a là une BD qui ne conviendra qu'à un minuscule public qui aime autant l'histoire théologique que les BD.

08/04/2021 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série 1984 (Torregrossa)
1984 (Torregrossa)

Inutile de s'appesantir davantage sur ce classique absolu de la littérature mondiale qui reste aujourd'hui et pour de longues années malheureusement l'exemple de ce qu'il ne faudrait pas suivre en politique et dans une société de plus en plus surveillée et falsifiée. Cela doit faire plus de 35 ans que j'en connaissais chaque ligne et presque tout autant que je souhaitais en lire une adaptation en bande dessinée. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver non pas une ou deux adaptations en ce début d'année 2021 mais bien quatre toutes distinctes et d'éditeurs différents. Celle de Soleil était mon choix initial et le resta même si je risque de craquer sur d'autres adaptations. La motivation de ces lectures n'est pas tant de retranscrire l'univers froid et sans émotions du monde créé par George Orwell mais bien d'en ressentir de nouvelles par les dessins. De ce côté-là, tout est plutôt bien retranscrit en seulement 120 pages de dessins inspirés par la ligne claire franco-belge classique et tout en nuances de gris. Quelques couleurs rehaussent intelligemment les rares moments de plaisir (un verre d'alcool, une étreinte, la nature) et le rythme est très soutenu. La première partie décrit assez rapidement (mais pas succinctement) toutes les caractéristiques de ce Londres déshumanisé même si de nombreux détails sont survolés et qu'on aurait apprécié encore plus de de décors écrasants sur quelques doubles pages par exemple. L'accent est en effet porté sur la relation entre Winston Smith et Julia qui restent présent au cœur du récit. Le travail est assez conséquent pour ce qui semble être l'adaptation la plus condensée et la plus accessible pour un jeune public. Rien que pour tout cela et une narration très fluide, cette adaptation du chef d'œuvre d'Orwell mérite amplement votre attention.

08/04/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5
Couverture de la série Malaterre
Malaterre

Une merveille de 180 planches. Si vous n'êtes pas tenté par le scénario au premier abord, alors un conseil: commencez par le graphisme en ouvrant le bouquin pour changer d’avis. Rien que les couleurs valent le détour. Et puis le dessin fait que l’ensemble mérite d’être parcouru juste pour le bonheur des yeux. C’est chaud et riche, on se fait plaisir du début à la fin, c'est fou... Le dessin de Pierre-Henry Gomont me semble franchement singulier, et j’ai tout de suite été conquis. Sa façon de crayonner sur chaque case dégage comme de « fausses imperfections » sur le trait des personnages. Mais on voit bien dès le départ que Gomont est un grand dessinateur et que cela est tout à fait maîtrisé. Le style est brut, franc. Les décors, les ombres, le remplissage, les arrière-plans, tout ça est griffonné pour s’adapter parfaitement au récit et (surtout) aux personnages : chacun a l’esprit embrouillé par toutes ses situations où personne ne trouve son compte, ni sa place. Pour animer le récit, l’auteur joue admirablement avec chaque code de la BD aussi : ces « bulles dessinées » qui viennent traduire les pensées affreuses des personnages face au comportement abject de Gabriel, le jeu de présence plus ou moins forte de la fumée de cigarette selon les émotions, ces bulles encore qui finissent en éclair ou en boucle pour illustrer la colère ou la douceur, et puis il y a tout ce que j’aime aussi : ces petites cases laissant place au silence, pas si nombreuses donc tellement puissantes et qui veulent dire tellement de choses ici… Bref Pierre-Henry Gomont a dompté tous les éléments de la BD pour confectionner un roman graphique particulièrement grandiose… L’écriture est parfaite pour moi, la narration est bien équilibrée avec les dialogues. Tout cet ensemble dégage une vraie profondeur pour tous ces personnages qui n’arrivent pas bien à profiter, tout le temps brouillés, jamais l’esprit clair. Gabriel dégage un fantastique mystère alors que ses émotions sont franches et visibles (selon la fumée de sa cigarette), il est détestable et on a pitié de lui, sauf qu’on le trouve attachant aussi... Un connard sympathique expliquait Pierre-Henry Gomont, et la définition se lit très bien ici… Dans l’ensemble je suis empathique auprès de tout le monde, ce récit est vraiment super touchant et la fin a bien failli me faire craquer. Il existe des idées très fortes à tirer du récit je trouve, et l’auteur a l’habileté de ne pas rentrer dans la leçon de vie ! On a tous ces histoires de famille, histoires plus ou moins graves, avec des proches plus ou moins cons, voir qu’on ne peut pas piffrer. Et pour autant, ce lien familial est noué aussi avec le lien intime et affectif. C’est cette sorte de paradoxe que l’auteur veut raconter. Et c’est magnifiquement amené. Superlatifs à foison pour ce bouquin, et c’est vrai que je ne peux que vous en conseiller la lecture et la possession, car c'est une très grande BD.

08/04/2021 (modifier)
Couverture de la série Alt-Life
Alt-Life

J'ai dévoré ces deux tomes, quel pied de se prendre un récit d'anticipation qui fourmille d'idées nouvelles qui explosent avec une palette vive de couleurs extrêmement nombreuses et un dessin tout en courbe, humain, qui parle aux sens. On a à la fois un récit intelligent et des personnages attachants, bourrés de sentiments. Que j'aime leur langage très parlé, un langage de jeune de mon époque, et qui parvient à se glisser malicieusement comme de la littérature. Les prénoms tous plus vieillots les uns que les autres m'ont semblé un autre choix osé, mais judicieux. Je comprends que cela ne sera pas du tout du goût de tous, et je suis admiratif devant le courage des auteurs qui n'ont fait aucune concession et sont allé au bout de leurs choix artistiques et philosophiques. Cette BD est intelligente et a clairement nécessité un énorme travail d'écriture. Vivre virtuellement ? Ce futur ne semble pas tellement improbable. Dans cette œuvre, vous découvrirez d'abord toutes les possibilités que l'on n'avait même pas imaginée à une vide dans l'ordinateur : vivre plusieurs choses à la fois, à la fois avec et sans les autres. Vous verrez les questions que cela soulève, comment l'esprit humain réagit, comment l'humanité peut évoluer. Le tome 2 ne m'a pas déçu, même s'il est vrai qu'il est moins limpide que le 1er, il poursuit indubitablement la réflexion entamée, et sans lui on n'aurait pas toutes les réponses. Quel plaisir aussi toute cette double lecture sur le rapport entre la personne et son créateur. Que de pistes pour celui qui garde à l'esprit cette hypothèse que nous sommes issus d'un "jeu de la vie" (un algorithme avec des contraintes qui ne crée pas la vie, mais lui donne les circonstances). J'oubliais de parler de ce qui sera peut-être le plus marquant pour une partie des lecteurs : une grande se(x)nsualité (surtout le tome 1), une imagination qui fantasme, et qui n'est pas le moindre plaisir de cette lecture, mais pas son sujet principal.

08/04/2021 (modifier)