J’ai acheté cet album pour son graphisme « isométrique ». Comme Ro, ce style me rappelle un peu les jeux vidéo de mon enfance mais aussi plus récents (voir le superbe Disco Elysium). J’ai moi aussi aimé inspecter les décors et dénicher les nombreux détails. De plus je trouve que l’exercice de style ne nuit pas du tout à la narration, ma lecture fut aisée et fluide.
L’histoire est certes plus classique, et propose une brochette de personnages à la « Friends », qui s’interrogent sur leurs vies, leurs boulots, leurs relations amoureuses… J’ai toutefois trouvé le ton très juste, et j’adore la façon dont les différents destins se croisent et s’entrecroisent (d’où le titre de la BD). En tout cas je lirai très certainement la suite (surtout que la fin de ce premier tome laisse vraiment les choses en suspens !)
Une découverte vraiment sympa.
Surpris de l'avis précédent, j'ai commencé la lecture avec une mauvaise appréhension, et elle s'avère être vite retombée en quelques pages.
Pour vous la faire courte, l'histoire ne contient pas Un Joker comme dans d'autres diptyques, mais ce même Joker étant en fait trois bien différents, selon trois époques différentes de l'univers de Batman.
L'assassin dans les prémices de Batman,Le Clown celui qui avait tué le 2e Robin, ainsi que Le Comédien le plus récent, celui de Killing Joke. Chacun de ces Jokers vont hanter nos trois protagonistes, surtout Batgirl (Barbara Gordon) et Robin (Jason Todd) alias Red Hood avec pour chacun leurs revanches personnelles, cela donne au récit un coté noir et mature.
Le scénario été un pari risqué, mais très réussi et original. J'ai vraiment accroché du début à la fin, surtout le 1er chapitre avec les répliques de Robin qui m'ont tellement fait rire. Le seul reproche que je peux faire est peut être une fin un peu expéditive sur le coup.
Le dessin et le découpage sont très lisibles et bons, assez récents pour ceux qui aiment. Mais la colorisation sombre en gardant des couleurs vives colle très bien sur l'ensemble de l'œuvre.
Pour ceux qui veulent une histoire originale sur le Joker, je vous le recommande.
Je suis assez gourmand de tout ce qui touche à la guerre civile espagnole. C'est donc sans surprise que j'ai bien apprécié cette série.
Bruno Loth commence son scénario par un schèma très classique de recherche des origines cachées. Mais bien vite on s'aperçoit qu'il est illusoire de reconstituer en détail la triste histoire de Marie/Dolorès autrement que par minuscules morceaux.
C'est la juxtaposition d une histoire ancienne et grandement enfouie et de l'histoire moderne de cette Espagne républicaine qui fait l'originalité du récit. C'est un peu comme si Loth voulait nous proposer une filiation oubliée entre les Républicains de 1939 et ceux de 2014 via Podemos.
C'est un récit vivant bien que la fille de Dolorès reste toujours dans un rôle assez neutre d'observation. Bruno Loth sait mettre sa touche d'émotion à travers l'épisode dramatique de la plage d'Alicante mais cela reste toujours juste et sans excès.
Le dessin est fin, précis et propose de nombreuses scènes d'entretiens. Il n'y a donc pas beaucoup d'actions mais le rythme reste bon et je ne me suis pas du tout ennuyé.
Une lecture rapide et plaisante qui propose un point de vue original sur la mémoire personnelle d'événements tragiques.
Une histoire vraie, hélas classique, d’autochtones ramenés dans les bagages d’explorateurs (ici d’une expédition de l’Américain Peary), et ça se termine mal, étonnamment…
J’ai trouvé le récit assez équilibré, alors qu’il brasse plusieurs thèmes, la suffisance des Blancs (Peary n’en sort pas grandi !) et le racisme, les réactions du jeune esquimau face à la civilisation occidentale qu’il découvre, son incapacité à se réadapter à son ancien milieu, etc. Et, au cœur de tout ça, le terrible moment (moment de bascule) où il découvre les restes de ses proches, venus avec lui aux États-Unis, morts et exposés dans une sorte de musée de l’Homme : il n’aura de cesse de faire revenir sur leur terre les squelettes de sa famille (ce qui ne sera fait que plus d’un siècle plus tard).
Certains passages m’ont fait penser à une des lectures qui m’a le plus bouleversé (« Ishi », aux éditions Plon).
Le dessin de Cruchaudet, comme le récit d’ailleurs, joue sur la simplicité. La narration est agréable, prend son temps au début, ne surjoue pas le pathos.
Une lecture agréable, sur un sujet édifiant.
Mardon s’était essayé à l’érotisme torride, qui plus est chez Fluide Glacial : voilà bien deux surprises en une !
La récente et très belle réédition chez Dynamite est moins surprenante, c’est davantage leur créneau ! Cette réédition répond à une remarque d’un précédent avis, puisque Mardon a colorisé son histoire, initialement parue en Noir et Blanc semble-t-il.
C’est clairement un essai, un album « de genre », mais dans lequel Mardon glisse certaines de ses préoccupations visibles dans d’autres séries plus grand public, autour des rapports sociaux (il y a bien une lutte des classes entre nos deux socialistes en goguette et Madame – et surtout Monsieur) et amoureux, des non-dits, etc.
Ici l’intrigue est assez simple à suivre. Durant l’été 1936, en pleine agitation liée à l’arrivée au pouvoir du Front populaire, deux jeunes hommes profitent des tous nouveaux congés payés pour se taper une longue virée à vélo. Suite à un quiproquo, ils s’installent dans une vaste demeure, et font la connaissance de Madame, sa riche propriétaire – temporairement délaissée par son mari –, de la bonne et de sa fille (ainsi que du fils de famille, plutôt benêt).
Toutes ces dames vont s’avérer très accueillantes pour nos deux bonhommes, dans des styles très différents, jusqu’au retour brutal – dans tous les sens du terme ! – de Monsieur.
Même si le cœur de l’album est rempli de scènes de sexe, Mardon traite son histoire comme un vaudeville, une parenthèse délurée dans une normalité de bon aloi (tout rentre dans l’ordre sur la fin). Comme si Sacha Guitry s‘était acoquiné avec Esparbec pour un petit défouloir. Quelques bons mots et quelques touches d’humour pimentent le tout.
Atypique dans l’œuvre de Mardon, cet album n’en est pas moins intéressant. Même s’il est relativement léger, on a là un vrai scénario, et on est donc au-dessus du commun de la production du genre. J’ai bien aimé ma lecture.
Note réelle 3,5/5.
J'ai découvert cet immense succès de Joris Chamblain et Aurélie Neyret après la lecture de l' excellente série Lulu et Nelson. En toute confiance j'ai acheté les cinq tomes et au départ j'ai été un peu déçu.
À tel point que j'ai interrompu ma lecture pour ne la reprendre que plusieurs mois plus tard. Avec le premier tome j'avais l'impression de retrouver les codes de Lou avec moins d'humour et une psychologie plus sommaire.
Quant au tome 2 , il m'a rendu le personnage de Cerise vraiment antipathique: petite fouineuse, menteuse et presque manipulatrice . C'est tout ce que je déteste dans la personnalité d'une personne.
Heureusement Joris propose un scénario qui joue avec les défauts de Cerise en les mettant en évidence et souvent en confrontation avec les points de vue de sa maman ou de ses copines.
C'est à partir du tome 3 que je trouve le scénario vraiment très bon. L'introduction des blessures d'enfance qui expliquent les comportements et les conflits Cerise/maman et qui sont distillés avec intelligence et justesse au file des tomes 3 et 4.
C'est vraiment très bien pensé. Le tome 5 donne la clé du personnage de Cerise que je pourrais relire d'un autre oeil. Autant dire que si chaque opus se présente comme un one shot, la série est subtilement construite sur une progression psychologique qu'il est bon de suivre.
Le scénario met en avant des relations inter générationnelles fortes , ce qui est un autre atout de la série.
C'est le graphisme d'Aurélie Neyret qui m'a permis de surmonter ma réticence du tome 2. J'aime son trait rond, ses expressions fortes et la vie qu'elle donne aux enfants. Ses extérieurs et ambiances sont vraiment bien travaillés et j'ai beaucoup aimé me retrouver dans le zoo ou le manoir.
C'est original, coloré et pittoresque . Le découpage est moderne et les grandes planches apportent un surcroi de poésie à la série.
En conclusion mon intérêt pour la série a été crescendo au fil des tomes avec un trou sur le 2. Cette très bonne série nécessite une vue globale de la personnalité des personnages pour être appréciée à sa juste valeur.
Le scénario est donc franchement bon très bien soutenu par un beau graphisme qui plaira aux enfants et à leurs parents.
Je n’ai lu que les 8 premiers tomes mais j’en garde un très bon souvenir de jeunesse. Sans atteindre les sommets du genre, cette série n’en reste pas moins agréable à suivre et mérite le coup d’œil pour les gros amateurs de western.
A mes yeux, Jonathan Cartland se place comme un alternative heureuse à Blueberry ou Buddy Longway, les auteurs s’en inspirant pas mal pour leur création.
Nous aurons droit à des aventures en un tome menées par un dessin (et couleurs) qui ne cessera de s’améliorer au fil des parutions.
Le ton et le fond des histoires vont vers la tolérance et le héros m’est apparu fort attachant (avec sa moustache blonde), il doutera et évoluera, un côté humain appréciable.
Chaque album lu m’aura bien marqué, je trouve que la série prend son envol à compter du 3ème.
Une série tout à fait recommandable et injustement méconnue, elle fait son âge mais elle n’a pas à rougir honteusement face à d’autres classiques comme Comanche ou Durango. Et je la préférais grandement à Mac Coy ou Nevada Hill qui partageaient la même collection.
Comme pour Le Singe de Hartlepool, Lupano s’empare ici d’une affaire réelle, la remet sous la lumière, pour en stigmatiser les aspects les plus révoltants, pour dénoncer une forme absurde de la bêtise humaine – là aussi le racisme.
L’album nous permet de redécouvrir ce racisme enraciné dans la société américaine, y compris comme ici dans ce « Nord » pourtant abolitionniste – la fin de l’esclavage ne signifiant pas du tout l’égalité réelle des droits, on l’a bien compris.
L’album m’a surtout permis de découvrir une femme (et son père) à la personnalité très forte, une enseignante qui va se battre pour faire entrer dans son école des jeunes femmes noires (le sexisme s’ajoutant alors au racisme pour choquer la bonne société locale). S’ensuit un long et violent combat, opinion publique, justice et « gros bras » s’entendant pour faire pression sur cette femme, Prudence Crandall, dont l’attitude courageuse et digne préfigure quelques autres figures de la lutte pour l’égalité des droits – lutte qui, hélas, aux États-Unis mais pas que, est encore à poursuivre.
La narration est assez simple, mais efficace, ça se lit facilement.
Et ce d’autant plus que le dessin de Fert apporte une touche presque enfantine, féérique, en tout cas « enchante » presque la noirceur du propos. J’avais au départ peur que ce dessin – très beau au demeurant – ne soit pas adapté à ce genre de récit, mais finalement ça passe.
On peut juste regretter une fin un peu abrupte. Mais le dossier final complète bien la lecture, il est instructif et bien fichu.
Une lecture recommandable en tout cas.
J'avais lu il y a longtemps La Légende des nuées écarlates et en avait gardé un bon souvenir, l'an passé dans notre festival du Pellerin j'ai eu l'occasion de rencontrer la dessinatrice d'Izunas, Carita Lupattellli qui s'est collée au dessin en remplacement de Saverio Tenuta. Et quel remplacement! Haut la main!, elle ne déchoit en rien, tout au contraire, son trait et ses couleurs sont tout simplement magnifiques. J'avais trouvé le dessin de Tenuta un poil figé, mais alors ici que ce soit dans les scènes de combat où celles plus oniriques qui mettent en scène les peuples des kamis, c'est du grand art. Profondeur de champ, mouvement tout est un régal pour les yeux.
En ce qui concerne le scénario j'avoue qu'au départ il m'a un peu perdu, il a fallu que je fasse un peu de gymnastique mentale pour retenir tous ces noms à consonances japonaises et à deux ou trois reprises j'ai du faire un retour en arrière pour bien tout comprendre.
Ce mélange d'aventures dans un Japon médiéval fantastique est de très hautes tenues avec un scénario un poil alambiqué au démarrage que fait très vite oublier le dynamisme de l'histoire magnifiée par un dessin plus que talentueux.
PS pour Spooky; Carita Lupattelli n'est pas la compagne de Saverio Tenuta, j'ai demandé à la demoiselle, elle était en février 2022 célibataire.
Excellent album, de toute manière lorsque je lis le nom de Philippe Xavier sur une couverture je ne réfléchis pas trop pour savoir si j'achète ou non. Depuis longtemps, Croisade, Conquistador, le dessin de ce gars me fait de l'effet.
Encore une fois ici il arrive à nous dépayser avec des espaces pourtant mille fois vus au cinéma ou imaginés à la lecture de polar ou autres. Je ne connais pas les États-Unis, mais le bougre donne envie d'aller se perdre sur ces routes de Monument Valley.
Finesse du trait, grands espaces, une colorisation adéquate, que demander de plus.
En matière de scénario Matz n'en est pas à son coup d'essai, ici c'est du grand classique quoique l'on en apprend pas mal sur ce programme de protection des témoins et puis il y a le camping-car personnage part entière sans oublier le coyote.
Une adéquation parfaite entre le dessin et le récit proprement dit, tout cela est parfaitement agencé et nous permet de passer un moment plus qu'agréable. Du très bel ouvrage, je n'ai pas lâché une fois entamée ma lecture, j'en redemande.
Pas le polar du siècle, mais chaudement recommandé.
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J’ai acheté cet album pour son graphisme « isométrique ». Comme Ro, ce style me rappelle un peu les jeux vidéo de mon enfance mais aussi plus récents (voir le superbe Disco Elysium). J’ai moi aussi aimé inspecter les décors et dénicher les nombreux détails. De plus je trouve que l’exercice de style ne nuit pas du tout à la narration, ma lecture fut aisée et fluide. L’histoire est certes plus classique, et propose une brochette de personnages à la « Friends », qui s’interrogent sur leurs vies, leurs boulots, leurs relations amoureuses… J’ai toutefois trouvé le ton très juste, et j’adore la façon dont les différents destins se croisent et s’entrecroisent (d’où le titre de la BD). En tout cas je lirai très certainement la suite (surtout que la fin de ce premier tome laisse vraiment les choses en suspens !) Une découverte vraiment sympa.
Batman - Trois jokers
Surpris de l'avis précédent, j'ai commencé la lecture avec une mauvaise appréhension, et elle s'avère être vite retombée en quelques pages. Pour vous la faire courte, l'histoire ne contient pas Un Joker comme dans d'autres diptyques, mais ce même Joker étant en fait trois bien différents, selon trois époques différentes de l'univers de Batman. L'assassin dans les prémices de Batman,Le Clown celui qui avait tué le 2e Robin, ainsi que Le Comédien le plus récent, celui de Killing Joke. Chacun de ces Jokers vont hanter nos trois protagonistes, surtout Batgirl (Barbara Gordon) et Robin (Jason Todd) alias Red Hood avec pour chacun leurs revanches personnelles, cela donne au récit un coté noir et mature. Le scénario été un pari risqué, mais très réussi et original. J'ai vraiment accroché du début à la fin, surtout le 1er chapitre avec les répliques de Robin qui m'ont tellement fait rire. Le seul reproche que je peux faire est peut être une fin un peu expéditive sur le coup. Le dessin et le découpage sont très lisibles et bons, assez récents pour ceux qui aiment. Mais la colorisation sombre en gardant des couleurs vives colle très bien sur l'ensemble de l'œuvre. Pour ceux qui veulent une histoire originale sur le Joker, je vous le recommande.
Dolorès (Loth)
Je suis assez gourmand de tout ce qui touche à la guerre civile espagnole. C'est donc sans surprise que j'ai bien apprécié cette série. Bruno Loth commence son scénario par un schèma très classique de recherche des origines cachées. Mais bien vite on s'aperçoit qu'il est illusoire de reconstituer en détail la triste histoire de Marie/Dolorès autrement que par minuscules morceaux. C'est la juxtaposition d une histoire ancienne et grandement enfouie et de l'histoire moderne de cette Espagne républicaine qui fait l'originalité du récit. C'est un peu comme si Loth voulait nous proposer une filiation oubliée entre les Républicains de 1939 et ceux de 2014 via Podemos. C'est un récit vivant bien que la fille de Dolorès reste toujours dans un rôle assez neutre d'observation. Bruno Loth sait mettre sa touche d'émotion à travers l'épisode dramatique de la plage d'Alicante mais cela reste toujours juste et sans excès. Le dessin est fin, précis et propose de nombreuses scènes d'entretiens. Il n'y a donc pas beaucoup d'actions mais le rythme reste bon et je ne me suis pas du tout ennuyé. Une lecture rapide et plaisante qui propose un point de vue original sur la mémoire personnelle d'événements tragiques.
Groenland Manhattan
Une histoire vraie, hélas classique, d’autochtones ramenés dans les bagages d’explorateurs (ici d’une expédition de l’Américain Peary), et ça se termine mal, étonnamment… J’ai trouvé le récit assez équilibré, alors qu’il brasse plusieurs thèmes, la suffisance des Blancs (Peary n’en sort pas grandi !) et le racisme, les réactions du jeune esquimau face à la civilisation occidentale qu’il découvre, son incapacité à se réadapter à son ancien milieu, etc. Et, au cœur de tout ça, le terrible moment (moment de bascule) où il découvre les restes de ses proches, venus avec lui aux États-Unis, morts et exposés dans une sorte de musée de l’Homme : il n’aura de cesse de faire revenir sur leur terre les squelettes de sa famille (ce qui ne sera fait que plus d’un siècle plus tard). Certains passages m’ont fait penser à une des lectures qui m’a le plus bouleversé (« Ishi », aux éditions Plon). Le dessin de Cruchaudet, comme le récit d’ailleurs, joue sur la simplicité. La narration est agréable, prend son temps au début, ne surjoue pas le pathos. Une lecture agréable, sur un sujet édifiant.
Madame désire ?
Mardon s’était essayé à l’érotisme torride, qui plus est chez Fluide Glacial : voilà bien deux surprises en une ! La récente et très belle réédition chez Dynamite est moins surprenante, c’est davantage leur créneau ! Cette réédition répond à une remarque d’un précédent avis, puisque Mardon a colorisé son histoire, initialement parue en Noir et Blanc semble-t-il. C’est clairement un essai, un album « de genre », mais dans lequel Mardon glisse certaines de ses préoccupations visibles dans d’autres séries plus grand public, autour des rapports sociaux (il y a bien une lutte des classes entre nos deux socialistes en goguette et Madame – et surtout Monsieur) et amoureux, des non-dits, etc. Ici l’intrigue est assez simple à suivre. Durant l’été 1936, en pleine agitation liée à l’arrivée au pouvoir du Front populaire, deux jeunes hommes profitent des tous nouveaux congés payés pour se taper une longue virée à vélo. Suite à un quiproquo, ils s’installent dans une vaste demeure, et font la connaissance de Madame, sa riche propriétaire – temporairement délaissée par son mari –, de la bonne et de sa fille (ainsi que du fils de famille, plutôt benêt). Toutes ces dames vont s’avérer très accueillantes pour nos deux bonhommes, dans des styles très différents, jusqu’au retour brutal – dans tous les sens du terme ! – de Monsieur. Même si le cœur de l’album est rempli de scènes de sexe, Mardon traite son histoire comme un vaudeville, une parenthèse délurée dans une normalité de bon aloi (tout rentre dans l’ordre sur la fin). Comme si Sacha Guitry s‘était acoquiné avec Esparbec pour un petit défouloir. Quelques bons mots et quelques touches d’humour pimentent le tout. Atypique dans l’œuvre de Mardon, cet album n’en est pas moins intéressant. Même s’il est relativement léger, on a là un vrai scénario, et on est donc au-dessus du commun de la production du genre. J’ai bien aimé ma lecture. Note réelle 3,5/5.
Les Carnets de Cerise
J'ai découvert cet immense succès de Joris Chamblain et Aurélie Neyret après la lecture de l' excellente série Lulu et Nelson. En toute confiance j'ai acheté les cinq tomes et au départ j'ai été un peu déçu. À tel point que j'ai interrompu ma lecture pour ne la reprendre que plusieurs mois plus tard. Avec le premier tome j'avais l'impression de retrouver les codes de Lou avec moins d'humour et une psychologie plus sommaire. Quant au tome 2 , il m'a rendu le personnage de Cerise vraiment antipathique: petite fouineuse, menteuse et presque manipulatrice . C'est tout ce que je déteste dans la personnalité d'une personne. Heureusement Joris propose un scénario qui joue avec les défauts de Cerise en les mettant en évidence et souvent en confrontation avec les points de vue de sa maman ou de ses copines. C'est à partir du tome 3 que je trouve le scénario vraiment très bon. L'introduction des blessures d'enfance qui expliquent les comportements et les conflits Cerise/maman et qui sont distillés avec intelligence et justesse au file des tomes 3 et 4. C'est vraiment très bien pensé. Le tome 5 donne la clé du personnage de Cerise que je pourrais relire d'un autre oeil. Autant dire que si chaque opus se présente comme un one shot, la série est subtilement construite sur une progression psychologique qu'il est bon de suivre. Le scénario met en avant des relations inter générationnelles fortes , ce qui est un autre atout de la série. C'est le graphisme d'Aurélie Neyret qui m'a permis de surmonter ma réticence du tome 2. J'aime son trait rond, ses expressions fortes et la vie qu'elle donne aux enfants. Ses extérieurs et ambiances sont vraiment bien travaillés et j'ai beaucoup aimé me retrouver dans le zoo ou le manoir. C'est original, coloré et pittoresque . Le découpage est moderne et les grandes planches apportent un surcroi de poésie à la série. En conclusion mon intérêt pour la série a été crescendo au fil des tomes avec un trou sur le 2. Cette très bonne série nécessite une vue globale de la personnalité des personnages pour être appréciée à sa juste valeur. Le scénario est donc franchement bon très bien soutenu par un beau graphisme qui plaira aux enfants et à leurs parents.
Cartland
Je n’ai lu que les 8 premiers tomes mais j’en garde un très bon souvenir de jeunesse. Sans atteindre les sommets du genre, cette série n’en reste pas moins agréable à suivre et mérite le coup d’œil pour les gros amateurs de western. A mes yeux, Jonathan Cartland se place comme un alternative heureuse à Blueberry ou Buddy Longway, les auteurs s’en inspirant pas mal pour leur création. Nous aurons droit à des aventures en un tome menées par un dessin (et couleurs) qui ne cessera de s’améliorer au fil des parutions. Le ton et le fond des histoires vont vers la tolérance et le héros m’est apparu fort attachant (avec sa moustache blonde), il doutera et évoluera, un côté humain appréciable. Chaque album lu m’aura bien marqué, je trouve que la série prend son envol à compter du 3ème. Une série tout à fait recommandable et injustement méconnue, elle fait son âge mais elle n’a pas à rougir honteusement face à d’autres classiques comme Comanche ou Durango. Et je la préférais grandement à Mac Coy ou Nevada Hill qui partageaient la même collection.
Blanc autour
Comme pour Le Singe de Hartlepool, Lupano s’empare ici d’une affaire réelle, la remet sous la lumière, pour en stigmatiser les aspects les plus révoltants, pour dénoncer une forme absurde de la bêtise humaine – là aussi le racisme. L’album nous permet de redécouvrir ce racisme enraciné dans la société américaine, y compris comme ici dans ce « Nord » pourtant abolitionniste – la fin de l’esclavage ne signifiant pas du tout l’égalité réelle des droits, on l’a bien compris. L’album m’a surtout permis de découvrir une femme (et son père) à la personnalité très forte, une enseignante qui va se battre pour faire entrer dans son école des jeunes femmes noires (le sexisme s’ajoutant alors au racisme pour choquer la bonne société locale). S’ensuit un long et violent combat, opinion publique, justice et « gros bras » s’entendant pour faire pression sur cette femme, Prudence Crandall, dont l’attitude courageuse et digne préfigure quelques autres figures de la lutte pour l’égalité des droits – lutte qui, hélas, aux États-Unis mais pas que, est encore à poursuivre. La narration est assez simple, mais efficace, ça se lit facilement. Et ce d’autant plus que le dessin de Fert apporte une touche presque enfantine, féérique, en tout cas « enchante » presque la noirceur du propos. J’avais au départ peur que ce dessin – très beau au demeurant – ne soit pas adapté à ce genre de récit, mais finalement ça passe. On peut juste regretter une fin un peu abrupte. Mais le dossier final complète bien la lecture, il est instructif et bien fichu. Une lecture recommandable en tout cas.
La Légende des nuées écarlates - Izunas
J'avais lu il y a longtemps La Légende des nuées écarlates et en avait gardé un bon souvenir, l'an passé dans notre festival du Pellerin j'ai eu l'occasion de rencontrer la dessinatrice d'Izunas, Carita Lupattellli qui s'est collée au dessin en remplacement de Saverio Tenuta. Et quel remplacement! Haut la main!, elle ne déchoit en rien, tout au contraire, son trait et ses couleurs sont tout simplement magnifiques. J'avais trouvé le dessin de Tenuta un poil figé, mais alors ici que ce soit dans les scènes de combat où celles plus oniriques qui mettent en scène les peuples des kamis, c'est du grand art. Profondeur de champ, mouvement tout est un régal pour les yeux. En ce qui concerne le scénario j'avoue qu'au départ il m'a un peu perdu, il a fallu que je fasse un peu de gymnastique mentale pour retenir tous ces noms à consonances japonaises et à deux ou trois reprises j'ai du faire un retour en arrière pour bien tout comprendre. Ce mélange d'aventures dans un Japon médiéval fantastique est de très hautes tenues avec un scénario un poil alambiqué au démarrage que fait très vite oublier le dynamisme de l'histoire magnifiée par un dessin plus que talentueux. PS pour Spooky; Carita Lupattelli n'est pas la compagne de Saverio Tenuta, j'ai demandé à la demoiselle, elle était en février 2022 célibataire.
Le Serpent et le Coyote
Excellent album, de toute manière lorsque je lis le nom de Philippe Xavier sur une couverture je ne réfléchis pas trop pour savoir si j'achète ou non. Depuis longtemps, Croisade, Conquistador, le dessin de ce gars me fait de l'effet. Encore une fois ici il arrive à nous dépayser avec des espaces pourtant mille fois vus au cinéma ou imaginés à la lecture de polar ou autres. Je ne connais pas les États-Unis, mais le bougre donne envie d'aller se perdre sur ces routes de Monument Valley. Finesse du trait, grands espaces, une colorisation adéquate, que demander de plus. En matière de scénario Matz n'en est pas à son coup d'essai, ici c'est du grand classique quoique l'on en apprend pas mal sur ce programme de protection des témoins et puis il y a le camping-car personnage part entière sans oublier le coyote. Une adéquation parfaite entre le dessin et le récit proprement dit, tout cela est parfaitement agencé et nous permet de passer un moment plus qu'agréable. Du très bel ouvrage, je n'ai pas lâché une fois entamée ma lecture, j'en redemande. Pas le polar du siècle, mais chaudement recommandé.