Buddy Longway

Note: 4.04/5
(4.04/5 pour 24 avis)

1975 : Grand Prix Saint-Michel pour Chinook (tome 1). 1979 : Prix spécial du Jury à la Triennale de Mons pour L'Eau de feu (tome 8). L'histoire d'un trappeur solitaire dont la vie est bouleversée par une jeune indienne nommé Chinook.


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune 1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Auteurs suisses Best of 1970-1979 Indiens d'amérique du nord Journal Tintin Le cheval Le Lombard Sioux et Cheyennes [USA] - Middle West [USA] - Rocky Mountains States - Les Rocheuses

Par esprit de justice, Buddy longway sauve une jeune femme des mains de deux blancs qui voulaient l'asservir. Mais c'est une indienne, Chinook ! Presqu'à contre coeur, Buddy promet de la ramener dans sa tribu. Les multiples péripétie du long voyage, au cours duquel Buddy et Chinook devront affronter l'hiver, la montagne, des animaux sauvages et une tribu ennemie, changeront le trappeur solitaire dont les rêves évoquent un "vent sauvage". Or "Chinook", en indien, veut dire "vent sauvage".

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1974
Statut histoire Une histoire par tome (Série terminée) 20 tomes parus

Couverture de la série Buddy Longway © Le Lombard 1974
Les notes
Note: 4.04/5
(4.04/5 pour 24 avis)
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05/10/2001 | murielle
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L'avatar du posteur bamiléké

"De 7 à 77 ans" disait un célèbre slogan pour promouvoir la lecture de Tintin. Je pense que cela convient bien mieux à Buddy Longway. Comme les CE1 ou CE2 ne postent pas souvent des avis je vais essayer de me faire leur porte-parole. J'ai sept ans. Je sais lire depuis peu et papa m'a offert une vraie bande dessinée de grands. Pas une pour les bébés, non non!! une de sa bibliothèque !!!!!! Papa (ou maman) éteint son téléphone portable (chouette !!), on se serre bien tous les deux sur le canapé et pendant vingt minutes nous partons en Amérique. C'est moi qui lit car les textes sont assez faciles pour moi. Nous regardons les grandes et belles images de monsieur Derib. Papa m'explique la nature, les animaux, le courage, le bonheur d'être ensemble comme maintenant. Il m'explique que Chinook, la maman, elle est différente de Buddy dans sa peau et ses habits mais à l'intérieur c'est pareil. D'ailleurs ils ont eu des bébés, le métissage qu'il appelle ça mon papa. A la maison c'est pareil, papa est tout blanc, maman toute noire et moi je suis tout beau dit ma maman. J'ai un peu peur parce que les héros vieillissent et meurent !! J'ai pas envie que mes héros , maman et papa partent… Papa lisait la même histoire avec mon grand grand frère et ma grande grande sœur, il y a longtemps longtemps. Le bonheur quoi… Merci monsieur Derib.

21/09/2021 (modifier)
Par kanibal
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Buddy Longway, tout a déjà été dit sur cette série, des critiques dithyrambiques etc.. etc.. , alors je ne serais pas long sur le sujet, je voyais ce titre à la bibliothèque mais quand j'ouvrais le livre le style graphique faisait vieillot et me rebutait , et là j'ai franchi le pas . . . je ne savais pas dans quoi je mettais les pieds. ah lala damn!!! là je comprends pourquoi il y a tant d'éloges envers cette série . Buddy Longway c'est une ode à la nature et un hymne à l'humanisme mais c'est aussi une sacrée tragédie. Le dessin que je trouvais moche dans le tome 1 on n'y fait même plus attention et il s'améliore dans les tomes suivants. Cette fin tragique il fallait oser j'ai trouvé cela hyper couillu de la part de l'auteur et c'est ce qui rend cette série résolument mature et mythique. MAGISTRALE.

31/05/2021 (modifier)
Par Franz
Note: 5/5
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Buddy Longway. Intégrale 1, Chinook pour la vie (5/5) Que de chemin parcouru avec ce bon vieux copain, Buddy Longway [Buddy se traduit par « pote » et Longway par la « route à faire »], depuis les premières planches de Chinook prépubliées dès le 3 avril 1973 dans le journal Tintin jusqu’à la réédition de l’intégrale de février 2010 ! A l’époque, Buddy a une vingtaine d’années. Le trappeur blanc que les Indiens appellent « Cheveux jaunes » a vécu sa vie de papier au Far West dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Buddy Longway a vieilli de manière atypique pour un personnage de bédé car rares sont les héros qui accusent un coup de vieux, mûrissent et finissent par mourir comme dans la vraie vie. Chinook (1974) Après le décès de son oncle Jérémie, Buddy Longway part pour sa première saison de trappeur. En approchant du fort où il pourra vendre ses fourrures et enfin se distraire, il découvre deux hommes en train de rudoyer une Indienne captive. Buddy s’en mêle et soustrait Chinook aux malfrats. A son grand désarroi, il découvre que la femme subtilisée à la brutalité des hommes est une squaw. Les deux trappeurs vont se venger en les surprenant à leur bivouac. Buddy est roué de coups, ses peaux sont volées mais Chinook est laissée sur place. Blessé dans son orgueil et lésé du produit de sa chasse, il abandonne Chinook et se lance à la poursuite des deux brutes. Ils les découvrent encerclés puis tués par les Crows. Buddy est capturé ainsi que Chinook, Indienne Sioux en bute à la vindicte des Crows. Soumis à l’épreuve de la flèche, Buddy s’extirpe du piège et recouvre sa liberté. Chinook le rejoint et ensemble ils se dirigent vers le campement Sioux là où s’est installée pour l’hiver la tribu de Chinook. L’hiver arrive et la montagne devient hostile. Perdant les vivres en route, Buddy affronte un bison avec son couteau de chasse mais il est encorné par l’animal blessé. [Note 5/5]. L’ennemi (1975) Buddy et Chinook sont mariés et partent à la recherche d’un endroit où s’installer qu’ils finissent par débusquer. D’abord paradisiaque, l’emplacement idéal se révèle hanté par un mystérieux prédateur. La corde servant au débardage est sciée. Dans l’enclos, les chevaux sont pris de panique. Finalement, Buddy découvre l’existence du carcajou, glouton particulièrement agressif mais l’ennemi n’est pas pour autant anéanti car un homme au regard halluciné rôde dans les parages. [Note 5/5] Trois hommes sont passés (1976) débute avec la naissance de Jérémie, fils métis de Chinook et de Buddy. Un louveteau est adopté par la famille Longway et devient l’ami d’enfance de Jérémie. Tout pourrait se passer au mieux si trois chercheurs d’or, Curly, Dallas et Thomas n’apparaissaient dans le paysage. La roue des saisons tourne et Petit Loup grandit puis s’émancipe de l’emprise humaine. A l’appel de ses congénères, le jeune loup mord Jérémie et part à la rencontre d’une bien belle louve à la saison des amours. Esseulé, Jérémie souffre de l’abandon de son compagnon. Pour parer au profond chagrin de l’enfant, Chinook propose à Buddy de voyager jusqu’au camp des Sioux. Jérémie pourra y découvrir sa famille et oublier sa solitude. Pari gagné mais de retour chez eux, les Longway découvrent les trois aventuriers ayant pris leurs aises dans leur maison. Réduits à l’état d’esclaves, Buddy et Chinook rongent leur frein. Dallas a des vues sur la belle Chinook et il n’est pas à un mauvais coup près. [Note 5/5] Seul (1977) narre l’errance de Buddy Longway blessé par une chute de pierre alors qu’il se rendait au fort afin d’y vendre ses fourrures. Mal en point, la jambe brisée, il parvient à ramper et à s’extirper progressivement du piège mortel de l’immobilisation dans un milieu hostile. Les vautours sentent pourtant leur proie vaciller. [Note 4/5] L’intégrale proposée par les éditions du Lombard tient toutes ses promesses en offrant, après une préface instructive rehaussée de dessins inédits, quatre albums de Buddy Longway aux couleurs pimpantes, à l’encrage soigné, sous une belle couverture cartonnée inédite. Pensée dans le détail et peaufinée pour la circonstance, l’anthologie de Derib est d’une rare cohérence. A mesure, le style de l’auteur évolue, perdant en fraîcheur ce qu’il gagne en densité. Les traits accusent davantage les visages. Les ombres noircissent les paysages. Les cadrages sont sans cesse inventifs. La saga qui se dessine n’est pas anodine. Elle va brasser une thématique toujours d’actualité, le rapport de l’homme à la nature, les problèmes liés au métissage, etc. Le lecteur peut retrouver la force motrice d’une œuvre en marche à travers les premières aventures du trappeur blanc. Pour peu que l’on se penche pour la première fois sur l’œuvre majeure de Derib, on peut se laisser emporter puis s’émouvoir sans lassitude ni mièvrerie. Buddy Longway. Intégrale 2, Kathleen et Jérémie (5/5) L’excellente intégrale Buddy Longway continue sur sa lancée comme un chariot avançant dans la prairie, guidé de main de maître dans les vastes paysages de l’Ouest américain par l’excellent dessinateur et scénariste Claude de Ribaupierre alias Derib. Le secret (1977) Deux Black Feet pourchassent sans répit un Indien métis, White Crow, acculé et contraint à se dissimuler dans une grotte providentielle. Autant Arbre Rouge est sagace et bien intentionné, autant Cheval Fougueux est impulsif et rancunier. Ce dernier cherche à se venger d’une humiliation perpétrée à son insu par White Crow. Le métis est tombé amoureux d’une jeune Indienne, Petit Buisson. Il cherche à la rencontrer et la surprend en pleine cérémonie de purification pendant laquelle elle ne doit être vue par quiconque. Elle est promise à Cheval Fougueux. White Crow n’a pas le loisir d’expliquer sa bévue. Il doit fuir ventre de cheval à terre s’il veut sauver sa peau. Jérémie, le jeune fils de Buddy Longway a découvert la cachette du fugitif. Il se lie d’amitié avec lui mais tait sa rencontre à ses parents. Les Black Feet rôdent dans le secteur et Arbre Rouge soupçonne Jérémie de les mener en bateau. L’affrontement est imminent. [Note 5/5]. L’orignal (1978) Kathleen est venue agrandir la famille Longway. Curieuse de tout, elle interroge son père sur les bois de l’élan américain appelé orignal qui ornent l’entrée de la maison. Buddy raconte à sa toute jeune fille sa partie de chasse à l’orignal menée avec son fils Jérémie. C’est la saison des amours et les élans s’affrontent durement pour saillir la femelle convoitée. Les mâles sont particulièrement belliqueux durant cette période et les Longway père et fils vont en faire les frais. Le grand mâle va déployer une ruse et une hardiesse hors du commun. Il fait chavirer la pirogue puis course à terre les deux chasseurs déconfits après qu’ils ont regagné péniblement le rivage. Jérémie est saisi de panique. [Note 5/5] L’hiver des chevaux (1978) Daim Rapide, frère de Chinook, vient avertir la famille Longway que leur père, Ours Debout, est en train de mourir et réclame sa fille à son chevet. Kathleen, trop jeune pour voyager en hiver, reste avec son père à la cabane. La séparation va durer plusieurs mois. Buddy part à la chasse avec sa fille mais son cheval, Fellow, est immobilisé dans une congère. Buddy décide de construire un igloo afin de résister au froid de la nuit. Au petit matin, Buddy se rend compte que son cheval a été libéré du piège de neige par d’autres chevaux sauvages. Il décide de retrouver sa monture mais le chef du troupeau, un appaloosa contraint Fellow à rester dans la horde. Buddy ne sait plus comment faire d’autant qu’un Mexicain rencontré en chemin a décidé d’éliminer tous les chevaux car son frère a été tué d’une ruade par le grand cheval tacheté. Fellow est maintenant dans le lot des condamnés et le Mexicain est obnubilé par son idée fixe, celle de venger son frère Ramon. [Note 5/5] L’eau de feu (1979) Les Black Feet attaquent la cabane des Longway alors que les relations étaient jusqu’à lors pacifiques. Une poignée d’Indiens, pour se procurer de l’alcool, n’hésitent pas à dépouiller les trappeurs des environs pour faire main basse sur les fourrures et rassasier les pourvoyeurs blancs sans scrupule et âpres au gain. [Note 4/5] Dans le vif du sujet, au cœur du style accompli de l’auteur, le lecteur découvre avec cette seconde intégrale la qualité d’un découpage éclaté, novateur pour l’époque mais d’une grande lisibilité et d’une réelle beauté, un dessin puissamment structuré par des aplats noirs et denses, un trait épais creusant les ombres, charpentant les visages et les paysages. Le racisme lié au métissage est abordé sans pesanteur mais avec acuité et sensibilité. On ne peut être que touché par la grâce de Jérémie, enfant, adolescent et jeune homme, né de l’amour d’un Blanc et d’une Indienne ainsi que par son entrée dans le monde adulte plein de bruit et de fureur. L’œuvre « déribienne » monte encore d’un cran avec L’hiver des chevaux basé sur le thème de la vengeance. Derib est à l’aise avec les chevaux. Il les connaît et les dessine avec fougue. La mort d’Ours Debout, père de Chinook, est émouvante mais aussi empreinte de sérénité. Le dessin inventif atteint une rare intensité quand le profil du vieux chef indien semble se confondre avec la neige tombant du ciel. Dans cette histoire, tout est beau, les sentiments profonds exprimés en demi-teinte, la montagne sous la neige violine, les cadrages, la mise en page superbe, l’économie du texte au profit d’un dessin emplissant toute la page sans rien étouffer, les couleurs chaudes des cuirs et des bois, le charisme de Kathleen parlant aux chevaux, etc. La dernière histoire du recueil faiblit un peu en intensité par rapport à l’ensemble mais elle reste agréable à lire et surprenante quand Kathleen arrive à faire comprendre à son père que le piégeage des animaux pourrait être remplacé par l’élevage et l’agriculture. Pour Buddy, une révolution intérieure est en marche. Buddy Longway. Intégrale 3, La folie des hommes. (5/5) Les pages liminaires du volume III de l’intégrale Buddy Longway mettent en avant les valeurs spirituelles de l’œuvre ne serait-ce parce que les Indiens sont représentés comme des êtres humains en symbiose avec la Terre-mère ou quand les personnages principaux, Buddy Longway et sa femme Chinook croient en l’amour. Premières chasses (1980) [Note 4/5] Kathleen, la toute jeune fille métisse de Buddy et de Chinook aimerait tant que son père dresse le poulain « Tout Noir » afin qu’elle puisse enfin le chevaucher. L’insistance de l’enfant énerve le père converti malgré lui en agriculteur qui se fâche. Mortifiée, Kathleen décide de s’enfuir au petit matin avec son poulain qu’elle maîtrise à peine. Une vilaine chute de cheval cloue l’enfant au sol et la laisse fiévreuse après que ses parents la recueillent sous la pluie battante. Au chevet de son lit, Buddy en est quitte pour raconter des histoires de chasse à sa fille convalescente. Il sera question d’une ourse sorcière, d’un puma à la patte atrophiée, d’un autre ours et d’une amitié à partager avec Loup-Noir, un chasseur indien expérimenté. Ce 9e tome de la série accorde très adroitement trois courts récits parus à des années d’intervalle (1972, 1979, 1980) avec un décalage graphique flagrant qui ne nuit pourtant en rien à la cohérence de l’ensemble (voir le côté « Yakari » ou « Go West » de l’épisode datant de 1972). On peut noter qu’il s’agit de la dernière aventure bon enfant, bien dans le ton de l’« hebdoptimiste » Tintin avant que le propos ne se durcisse par la suite même si déjà Hermann, en 1975 renâclait et ruait dans les brancards de Greg, scénariste entre autre de Comanche et de Bernard Prince. Le démon blanc (1981) [Note 5/5] A l’aube, Buddy découvre Fellow, son ancien cheval de route, mort de vieillesse. Le trappeur aussi a vieilli. Son fils Jérémie est devenu un homme sans qu’il ne s’en aperçoive vraiment. Sa femme Chinook l’envoie au fort dans le but de le changer de ses idées maussades mais la rencontre avec le lieutenant Ryan, raciste et belliqueux ne lui facilite pas la tâche. Entretemps, Jérémie découvre par hasard l’initiation d’un jeune Indien. Il décide de suivre les mêmes rites et commence à jeûner. Les privations entraînent des hallucinations et des visions. Un cheval chimérique semble se dessiner dans les nuages. Pour le fils de Buddy, il ne fait aucun doute qu’il devra affronter un cheval indompté mais il n’est pas le seul à s’intéresser à un troupeau d’appaloosas sauvages mené par un ombrageux mâle dominant bien proche de la vision de Jérémie. L’épisode du Démon blanc constitue un tournant dans l’œuvre de Derib, un rite de passage dans l’âpreté du monde. Le ton se durcit. Jérémie est confronté à sa double culture. Il découvre aussi l’injustice et le génocide du peuple indien. Buddy commence à accuser les ans et il est en butte au racisme du lieutenant Ryan. La tournure tragique des événements avec le massacre des Indiens pacifiques rend compte d’une réalité sordide et historique. Les ocres dominent l’épisode et lui confèrent une teinte chaleureuse démentie par la hargne de Ryan mais justifiée par l’amitié des hommes du fort ou encore l’amour et la concorde de la famille Longway. Même si le graphisme hiératique fige parfois les hommes et les animaux, la science du découpage et du cadrage ajoute du dynamisme à l’œuvre charpentée en train de se bâtir. L’auteur privilégie le dessin et le laisse parler bien plus que les textes réduits mais parfaitement lisibles. De pleines pages muettes mais éloquentes restituent toute la maestria de Derib. La vengeance (1982) [Note 5/5] La mise sous tension est immédiatement palpable dans le nouvel album de Derib. Katia, la petite-fille de César, a épousé Michaël. Elle vient de s’enfuir du fort avec Janet, son bébé de deux mois, à la recherche de son mari disparu. Michaël Cooper s’était fait chercheur d’or afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Le vieux César vient demander l’aide de Buddy afin de retrouver ses proches évanouis dans la nature. Le cauchemar de Chinook était donc prémonitoire. Buddy va quitter sa famille pendant longtemps. Le trappeur et César remontent les pistes et découvrent rapidement Katia avec Janet, réfugiés dans la baraque de Slim le borgne. Quitté par César, rejoint par Jérémie, Buddy continue de chercher Michaël. Avec son fils, ils se dirigent sur la nouvelle bourgade de Bear Town que les prospecteurs miniers enrichissent. Fort heureusement, au Nugget’s Hotel, Buddy et Jérémie croisent une ancienne connaissance, Curly, propriétaire de l’établissement et prompt à les aider. Buddy va avoir à jouer une partie serrée avec la famille Mac Kenzie dont le père sermonneur cache un esprit retors et assassin. L’épisode renoue les fils du passé. Slim et Curly, personnages secondaires mais attachants reviennent sur le devant de la scène. Leurs actes courageux sont décisifs et salutaires. L’enquête menée par Buddy est dénouée par le flair d’un cheval, Darky que Michaël avait dressé puis offert à Buddy en remplacement de Fellow. La séparation du couple Longway est amorcée et va se poursuivre dans l’aventure suivante. Capitaine Ryan (1983). [Note 5/5] En route vers le fort, Buddy croise le capitaine Ryan, monté en grade et sur ses grands chevaux. Sa haine des Indiens a provoqué la fuite de Chinook et de Kathleen du fort. Révulsé par les propos fielleux de Ryan, Buddy le frappe au visage et déclenche la vindicte du capitaine. Poursuivi par les soldats, Buddy Longway doit se cacher. Sa mise au ban de la société est encore aggravée par son expropriation. Sa maison est maintenant occupée par une nouvelle famille de fermiers. Une attaque indienne meurtrière finit de réduire en cendre sa ferme. Accueilli par une tribu crow, Buddy suit les traces de sa femme et de sa fille qui ont précédemment séjourné dans le campement. Au petit matin, les soldats menés par le capitaine Ryan chargent le village dans le but de massacrer tous les habitants mais Buddy, sur le départ, surprend l’attaque scélérate et donne l’alerte. Troisième intégrale (sur cinq) d’une œuvre solide, conçue en deux temps (1972-1987 et 2002-2006). La reprise en intégrale d’albums parus séparément n’est pas redondante. Bien au contraire, elle a été pensée par son auteur pour structurer la saga de Buddy Longway. Chaque intégrale possède un titre propre significatif et la trentaine de pages supplémentaires dotées d’une belle iconographie éclairent et enrichissent l’ensemble. On peut juste regretter que les belles couvertures originelles ne soient reproduites qu’en trop petit format mais ce n’est que vétille et chipotage. Dans l’œuvre de Derib, les personnages vieillissent et s’étoffent, gagnant en densité contre la froidure de l’existence. Rien ne sera épargné aux pionniers de l’Ouest alors que les lois ne protègent pas encore les hommes et que la nature américaine est omniprésente et non domestiquée. Derib a le rare privilège d’avoir bâti son grand œuvre dessiné à travers cette fresque humaniste à la charnière de deux mondes, entre la civilisation en marche et la nature en recul au diapason d’une frontière flottante ressentie au cœur des enfants métissés de Buddy et de Chinook. Les hommes y donnent libre cours à leurs instincts mais ils savent aimer ou détester avec fougue, n’ayant pas encore établi de « contrat social » qui pourrait reléguer leur liberté au profit de la sécurité et de la paix. Il n’y a donc rien de frelaté dans les histoires superbement contées par l’artiste helvète. Même si le graphisme semble un peu rigide, tout amidonné par les larges aplats noirs et des cernes épais, l’expression des visages, la représentation de la nature, animaux et paysages en symbiose (Derib excelle à dessiner les chevaux qu’il connaît de l’intérieur) relativisent largement un graphisme manquant de souplesse et de délié. Derib est étonnant et imposant dans ses cadrages éclatés, inventifs, expressifs, en phase avec l’histoire et les sentiments véhiculés. Enfin, la mise en couleur est royale, baignant dans les ocres, les jaunes et les rouges que les bleus des glaces et des ciels rehaussent en touches discrètes. Buddy Longway. Intégrale 4, Loin des siens. (5/5) Le couple métissé Buddy Longway et Chinook traduit un idéal d’entente et d’harmonie où la virilité de l’homme n’estompe pas la féminité de Chinook. Buddy écoute, entend et respecte sa famille. Il saura se remettre en question et s’adapter à de nouvelles situations en passant notamment du statut de chasseur à celui d’agriculteur. La 4e intégrale du grand œuvre de Derib narre l’errance de Longway à travers l’Ouest américain. Buddy cherche à rejoindre sa femme et sa fille recueillies par leur tribu sioux d’attache, elle-même nomade. Autant dire que le cheminement de Buddy Longway est incertain tant les rares jalons fluctuent au gré des rencontres et des ouï-dire. Le vent sauvage (1984) [Note 4/5] Le Chinook, comparable au foehn, est un vent typique des Rocheuses, en Amérique. Il s’est levé alors que Buddy est toujours sur la piste de sa femme Chinook et sa fille Kathleen. Pris dans la tourmente, Buddy traverse la « Forêt des grands hommes » qui est un lieu hanté selon les croyances indiennes. Après que le Chinook se soit calmé, le trappeur découvre un couple d’émigrants hongrois, Gregor et Mariska Komonczy immobilisés près de leur chariot renversé. Les chevaux ont été effrayés et Gregor pense avoir vu passer une ombre géante. Buddy propose son aide pour réparer le chariot et conduire le couple en lieu sûr. Soulagé, Gregor décide de jouer du violon pour couronner l’événement. Un cheval de l’attelage étant mort, l’apparition d’une mule semble providentielle. Chemin faisant, le convoi croise une groupe d’Indiens Crees. Croyant que tous les Indiens sont des pillards, Gregor empoigne son fusil mais Buddy lui demande de jouer du violon pour les hommes rouges. Saisis et émerveillés par la musique de Brahms, les Crees les autorisent à traverser leur territoire. Interloqué par les idées préconçues du couple, Buddy décide, au campement, de raconter l’histoire de sa femme Chinook. Le 13e tome de la série ouvrant le recueil et relatant le passé de Chinook s’inscrit dans une belle symétrie avec l’émouvant 16e album éclairant le passé de Buddy et clôturant la quatrième intégrale intitulée justement « Loin des siens ». Même si la première histoire avance placidement en dépit de la tourmente qui agite la nature et remue les hommes, l’apparition altière des Crees médusés par la musique, seule capable de calmer les géants de la forêt, est marquante. La robe noire (1985) [Note 4/5] Des pluies diluviennes s’abattent sur le convoi mené par Buddy. Mariska accouche avec l’aide du trappeur. Un bébé naît avec comme lieu géographique les grands espaces de l’Ouest. Tout pourrait s’adoucir dans le vaste monde mais Mariska est enlevé par Loup Noir désireux d’en faire sa femme. Pour Gregor et Buddy, la partie à jouer va être délicate. Le ton se durcit dans cet album. Les hommes se cherchent et se découvrent. Les Komonczy apprennent des Indiens à travers les récits et les comportements de Buddy Longway mais les comportements outranciers et irrespectueux des Blancs, colons, chasseurs ou soldats entraînent des réactions en chaîne où les innocents trinquent. Apprendre à se connaître et à communiquer pourrait constituer un bel élan vers la concorde mais les convoitises attisent toutes les bêtises. La réaction du chef de la tribu Crees est remarquable alors qu’il accepte une montre en échange du violon que Gregor lui a offert précédemment : « Les heures n’appartiennent à personne… Ton cadeau ne sert à rien mais il fait un joli bruit… Loup Noir te remercie ». Hooka-hey (1986) [Note 5/5] Toujours en quête de sa famille, Buddy Longway atteint enfin le territoire des Sioux où sa femme et sa fille auraient pu trouver refuge mais il lui faut vite déchanter malgré la rencontre magique de Petit-Loup, le louveteau jadis apprivoisé par son fils Jérémie et devenu un vieux mâle car Tonnerre du Matin et ses guerriers sont en guerre face à l’installation des colons sur leurs terres. Capturé, Buddy rejoint le jeune sergent Robert Hoffman du 3e de cavalerie. Destinés au poteau d’exécution, les deux hommes fraternisent dans l’angoisse du lendemain. Les aventures de Buddy Longway vont crescendo. A mesure que le héros vieillit, les drames s’empilent à l’exemple des guerres indiennes qui le bouleversent, partagé qu’il est entre sa culture européenne et son intimité avec les Indiens. Derib n’esquive plus et entre dans le vif du sujet à travers les massacres, les spoliations, la haine xénophobe vis-à-vis des Indiens mais aussi la noblesse des hommes, leur courage, leur amitié et la splendeur de la nature dont Petit-Loup fait partie intégrante. De superbes dessins qu’une mise en page éclatée sublime ponctuent un récit prenant de bout en bout. L’auteur est alors probablement au sommet de son art alors même qu’il domine parfaitement son sujet. Le dernier rendez-vous (1987) [Note 5/5] Nuage-Gris, Sioux ami de Jérémie, fils de Buddy, est au plus mal car la blessure reçue lors de l’affrontement avec les soldats ne fait qu’empirer. Une vieille Indienne, Sagesse-Folle apparaît comme par enchantement dans un paysage de neige. Elle semblait attendre Buddy Longway depuis des lustres. Qui est-elle ? Elle emmène les deux hommes au camp indien, soigne Nuage-Gris et dévoile un pan de son passé. Jeune, elle s’appelait Petite Lune. Elle a connu et aimé le père de Buddy, Harold Tête-Rouge mais le récit qu’elle délivre à Buddy est tragique. Ce 16e album aurait pu clore la série car il en constitue une pierre angulaire en restituant le passé du père de Buddy et en réunissant une partie de la famille Longway. D’ailleurs Derib a laissé ses personnages en latence durant quinze ans avant de reprendre le flambeau de ses pinceaux et de poursuivre l’aventure de Buddy et des siens. Les enchâssements d’histoire dans l’histoire, Buddy est le principal narrateur mais Sagesse-Folle le relaie et passe le relai à Harold Tête-Rouge sont superbement restitués graphiquement avec des dessins en grisaille hachurés et sans aplat. L’histoire est particulièrement émouvante. Le lecteur peut seulement noter une incohérence temporelle, Sagesse-Folle semble bien âgée. Si elle avait quinze ans lorsqu’elle a rencontré Harold, Buddy en avait quatre à l’époque. Si Buddy Longway est âgé d’une quarantaine d’années aujourd’hui, Sagesse-Folle devrait en avoir une dizaine de plus que lui, soit une cinquantaine d’années. Elle semble en avoir quatre-vingt-dix. Quatrième intégrale (sur cinq) d’une œuvre cohérente qui a nécessité trente-deux ans (1974-2006) de la part de son créateur Derib, les paysages somptueux de l’Ouest américain, la profonde humanité des personnages, la connaissance approfondie des mœurs et coutumes indiens concourent à faire de cette saga une référence dans le monde du 9e art en général et dans celui du western en particulier.

22/10/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

« Buddy Longway ». Voilà une série que j’aimais beaucoup lire lorsque les albums sortaient et étaient disponibles dans ma bibliothèque municipale, étant plus jeune. Et que je viens de relire avec encore pas mal de plaisir. Derib l’a développée en parallèle de son autre grand succès « amérindien », Yakari. D’ailleurs, le dessin des premiers albums garde encore ce trait. Mais à partir du troisième et surtout du quatrième album, Derib durcit son trait (c’est très sensible pour les visages, mais aussi pour les têtes des chevaux). Il faut dire que, contrairement à « Yakari », « Buddy Longway » s’adresse à tous les publics – même si enfants et surtout ados y trouvent peut-être plus leur compte ? Autre différence avec « Yakari », Derib a pris le parti de faire murir, vieillir ses personnages, au fur et à mesure que les années passent et que la famille s’agrandit (contrairement à Thorgal par exemple, sur qui les ans ne semblent pas avoir de prise !). C’est une chouette idée. Pour ce qui est des histoires, elles sont assez inégales, mais généralement bien menées. Le début est influencé par l’excellent film « Jeremiah Johnson » (sorti deux ans avant le premier album). C’est assez contemplatif, « naturaliste ». Proche de La Saga du Grizzli ou, par certains côtés, de Cartland, pour rester dans le médium Bande Dessinée. Le dessin de Derib est très bon, pour tous les animaux, et est raccord avec l’ambiance développée. Série intéressante, mais qui souffre de quelques défauts. Je trouve que parfois Derib retombe dans certaines facilités, mièvreries, qui affleurent dans « Yakari », avec certains passages un peu édifiants (surtout lorsque Buddy raconte des histoires à ses enfants, autour d’animaux et de chasse). Chinook se convertit aussi trop vite en bonne ménagère paysanne… Pour le reste, pour peu qu’on ne recherche pas uniquement de l’action et qu’on ne jure pas que par le western spaghetti, voilà une série western très recommandable. A noter le clin d’œil hommage de Derib au grand maître du dessin de western et dessinateur de Blueberry, puisque dans l’album « L’eau de feu », un fermier du fort (qui réapparaitra ultérieurement) lui ressemble furieusement, et s’appelle… Jean Giraud ! (et le dialogue suivant fait lui allusion à son double, Moebius : « Giraud est souvent dans les étoiles (…) »). Mac Clure en personne apparaît même quelques pages dans l’album « La vengeance ». Amusant, non ? J’arrondis à quatre étoiles pour mes bons souvenirs de lectures d’enfant et d’ado, alors que je ne voyais pas forcément les quelques défauts de la série. Note réelle 3,5/5.

01/03/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Après la formidable saga de Go West réalisée avec Greg, Derib impose seul un nouveau héros de western en 1973. Ce trappeur pacifique épousant une belle indienne qui va ensuite mener une vie isolée dans les contrées sauvages des Rocheuses m'a immédiatement emballé dans le journal Tintin ; mon intérêt pour le peuple indien qui fut décimé et humilié par les Blancs, et mon amour de la nature ne pouvaient que s'accorder avec cette histoire de grands espaces, et dès sa création, la série va connaitre un prodigieux succès auprès des lecteurs, détrônant Ric Hochet qui occupa longtemps la première place lors des référendums. Véritable ode à la nature sauvage et apologie du peuple indien, cette série affirme la vision humaniste de son auteur qui peut en même temps déployer sa passion pour les chevaux. La particularité qu'aucune autre Bd n'avait fait jusqu'alors, c'est que les personnages vieillissent au fil des récits, et s'étoffent ; chaque aventure même si elle a son final propre, s'enchaîne avec la suivante, la série est évolutive : trappeur solitaire au début, Buddy sauve Chinook, une jeune squaw sioux, il l'épouse et tous deux s'installent dans une cabane de rondins au sein d'un paysage superbe, puis c'est la naissance d'un fils, Jérémie, d'une fille, Kathleen, et l'amour de Buddy et Chinook devient à chaque fois plus fort. Le western devient familial, les enfants grandissent, les parents mûrissent et traversent des épreuves qui renforcent leurs liens, un équilibre affectif s'établit qui passe par l'initiation aux valeurs mais aussi par le conflit intérieur, car Jérémie, en tant que métis, doit supporter le fardeau de la différence, déchiré par l'opposition des deux ethnies dont il est issu. Quelques autres personnages attachants apparaissent tels le trappeur Slim-le-Borgne, le frère de Chinook, Daim Rapide, leur père Ours Debout, César ou encore la belle Nancy. Cette fresque devient de plus en plus réussie au fil des années, elle se déroule aux premiers temps de la conquête de l'Ouest, à une époque où l'homme blanc n'a pas encore trop envahi l'espace, les Indiens y vivent relativement en paix, le pays n'est pas totalement civilisé, c'est le temps des trappeurs. Pour les Longway, c'est la confrontation avec la nature, à la dure vie quotidienne, mais aussi parfois avec le racisme et la haine. Tout ceci crée une sorte de lien affectif avec le lecteur. La progression de la série est remarquable, certains épisodes sont plus forts que d'autres, et la tension dramatique culmine vers son arrêt définitif dans les derniers albums. La réussite réside aussi dans le graphisme et la technique narrative : le dessin semi-caricatural des premiers épisodes fait très vite place à un réalisme total, la mise en page s'écarte de la formule traditionnelle en 3 ou 4 strips horizontaux, préférant les gros plans, les images dans l'image, les cases de différents formats ; les grands décors sont exaltés par des cadrages larges ou des pleines pages, de même que Derib développe l'insert pour amplifier un détail (Cosey qui sera son assistant, utilisera aussi cette technique dans Jonathan), et on la retrouve fréquemment en BD de nos jours. L'image est ainsi privilégiée, le texte se fait discret, d'autant plus que les débuts de la bande sont très influencés par le film Jeremiah Johnson où Robert Redford campait un trappeur isolé dans une solitude neigeuse, sans trop de dialogues. Le style de la mise en page est souvent cinématographique, aussi, quel beau western ça ferait à l'écran. L'action est lente, poétique, avant d'être brusquement réveillée par une scène dramatique. Le texte étant réduit à l'essentiel, la lecture peut se faire rapidement, mais on y revient ensuite en s'attardant sur chaque dessin ou sur la mise en page toujours efficace. Il y a aussi beaucoup de tendresse et d'émotion, ainsi qu'un grand respect pour les coutumes indiennes et l'homme rouge en général. Voici donc un western évolutif qui compte parmi les plus grands fleurons du genre, une de mes Bd fétiches qui fut une des premières grandes lectures adultes lorsque j'étais ado, c'est donc une belle collection à garder précieusement dans sa biblio, une série indémodable.

13/06/2013 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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J'ai lu une dizaine de tomes de cette série qui semble être culte pour certains. Personnellement, j'ai trouvé cela divertissant sans plus. Les deux choses que j'ai le plus appréciées sont, premièrement, que la vie des personnages principaux change rapidement au fil des tomes (c'est un peu comme voir la vie d'un homme en accéléré) et, deuxièmement, le dessin de Derib qui respire la vie ! Que c'est beau ! Sauf que... les histoires sont plutôt légères et se lisent trop vite. Souvent, on ne voit que la vie quotidienne du héros et ensuite il se passe un truc. Le tome 3 est un bon exemple. On dirait même que parfois le scénario est improvisée du début jusqu'à la fin. Rien n'est vraiment développé et c'est plutôt frustrant car certains personnages auraient pu être mémorables.

25/07/2011 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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On peut difficilement mettre moins de 3 étoiles à cet hymne à la nature avec son grand côté moralisateur propre à cet auteur. Tout y passe ou presque : lutte contre le racisme, l'intolérance et la violence avec retour sur le respect de la terre et des nobles animaux qui la composent à commencer par le loup, le cheval, l'ours et même l'orignal ! Les valeurs familiales en tant que lien d'équilibre affectif sont également très présentes pour notre plus grand bonheur. Cette série se situe farouchement du côté des indiens contre les visages pâles et autres tuniques bleues. Buddy Longway est le héros le plus propre qui soit. Dommage qu'il soit blanc, c'est son seul défaut ! Cependant, l'auteur pouvait difficilement faire un Yakari bis pour adultes. Ce Buddy-là se dresse contre toutes les injustices que subissent les peaux rouges massacrés de toute part. Il nous donne une magnifique leçon de vie. Heureusement que Buddy Longway existe depuis une trentaine d'années pour nous ouvrir les yeux. Au-delà de ces (trop) belles considérations, vous l'aurez compris, cette série ne sort pas des sentiers battus avec son pro-formatage de bons sentiments. Une histoire classique et assez creuse dans l'ensemble qui ravira cependant les vieux nostalgiques. Cela se laisse lire. Pour l'achat, il ne faut pas trop m'en demander !

26/12/2008 (modifier)
Par Pasukare
Note: 5/5
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Buddy Longway, c'est un peu le Thorgal du Far West, les extra-terrestres, les dieux nordiques et les superpouvoirs en moins. Buddy est fort et loyal, il essaie de vivre loin de la folie des hommes avec sa femme Chinook et ses deux enfants et il est clairement du côté des opprimés et souvent victime des manigances des visages pâles sans scrupule, il est également peu enclin à se mettre au diapason de la "civilisation" ou ce qui est considéré comme tel mais il y est sans cesse confronté et s'en sort à chaque fois avec honneur et grandeur d'âme. L'histoire se passe à la fin du XIXème siècle, Buddy est arrivé d'Irlande avec ses parents en 1840 et on assiste au fil des épisodes au resserrage d'étau par les colons autour des indiens, au dilemme de ces tribus obligées de choisir entre la rébellion et la mise en réserve. On n'est pas vraiment dans la "traditionnelle" BD de cow-boys et d'indiens (pour ce que j'en sais), c'est plus des histoires de trappeur face aux forces de la nature, d'indiens plus ou moins dépassés par le déferlement de violence gratuite des blancs qui les envahissent, et de petitesse de l'homme face aux éléments. Derib, comme dans Yakari ou Celui qui est né deux fois, fait passer ici un message de tolérance et d'amour de la nature très fort. Dès le deuxième tome, le trait du dessin devient vraiment beau, on n'est pas dans du dessin à couper le souffle mais on a vraiment une sensation de facilité, c'est simple, sans fioriture et sans défaut majeur. Les paysages sont splendides, les chevaux magnifiques et les personnages sont vrais, dans le sens où Derib n'a pas cherché à faire de ses héros des perfections de la nature, mais des gens avec des qualités et des défauts, comme dans la vraie vie. De plus, ce sont des personnages qui vieillissent au fil des épisodes, on en voit naître, grandir et mourir, d'autre passent et reviennent des années plus tard usés par les années. C'est une série vivante. Pour ce qui est de la colorisation, c'est un peu vieillot pour ce qui est des premiers tomes (qui datent quand même des années 70 / 80 et pour le coup, certains sont déjà révélateurs du potentiel qui va se développer plus tard) mais à partir de 2002 et du tome 17 "Regarde au dessus des nuages", on voit bien qu'on est passé à une autre technique et là, je n'ai plus aucun reproche à faire.

28/11/2008 (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5

A mon avis la meilleure série de Derib et une des plus réussies sur le Far-West. Derib adore les grands paysages américains, les forêts d'automne dont on a l'impression de respirer l'odeur d'humus, les grandes plaines herbeuses du middle-west avec leurs troupeaux de bisons. Dans ces paysages somptueux, il prend le temps d'installer des histoires simples et humaines, autour d'une famille de pionniers qu'on voit grandir, vieillir, évoluer d'un album à l'autre, fait rare dans la BD, où un "Tintin" ou un Buck Danny ne prennent pas une ride en 50 ans. Derib, auteur par ailleurs de la très belle série Yakari, est résolument du côté des Indiens et préfère les trappeurs aux flingueurs. Il croit en l'homme, mais on pressent dans toute la série la tragédie du génocide indien et du saccage de l'Ouest sauvage en train de se faire. Achat conseillé ? Oui, c'est une série qui se relit plusieurs fois !

24/11/2008 (modifier)
Par Jugurtha
Note: 4/5

Très beau western écologique. Cela commence comme une simple série d'aventure, puis sur ces bases où le jeune Buddy Longway se fait trappeur par goût de la vie sauvage, il sauve la belle Chinook qui devient sa femme. Le ton change alors. Le couple s'installe à l'écart du monde, entretient des liens amicaux avec les indiens, fait du commerce avec les blancs. Un garçon naît, et la vie quotidienne du trappeur devient un aspect important des intrigues. Elles s'axent autour des dangers qui menacent le foyer, ou des différentes péripéties qui peuvent arriver aux membres de la famille. Celle-ci s'agrandit, et cette chronique qui prend son temps pour installer tout son univers se révèle purement et simplement fascinante. Les circonstances amèneront Longway à retenter l'aventure, et sa vie en sera changée. Récits à la première personne, les scénarios de cette série font réellement corps avec le dessin, ce dernier est suffisamment éloquent pour éviter toute description superflue. Les mises en pages sont particulièrement "aérées", le découpage ne suit aucune règle classique (à part au début) et les compositions de chaque image se rejoignent pour constituer le fil du récit, qui ne s'égare jamais grâce à la puissance graphique de Derib. Le dessinateur sait modeler à merveille son trait et utiliser des aplats de noirs pour découper les reliefs, et ses planches sont autant de créations superbes sur le quotidien sauvage de son trappeur. Les intrigues peuvent paraître simples, mais cette proximité du texte et du dessin démontre l'ambition de Derib de vraiment décrire une chronique vivante et réaliste du monde des trappeurs, et de ce fait évite tout artifice qui pourrait nuire à la crédibilité de son récit. Les dialogues, sans être réduits à leur minimum, ne sont pas expansifs, et les quelques schématismes finissent par bien passer grâce à la cohérence des histoires. Même lorsque Derib revient vers l'aventure plus classique, il parvient à éviter le spectaculaire inutile pour des intrigues humbles et particulièrement lisibles. Il ne faut pas oublier les quelques notes de fantastique, la remarquable poésie des images ainsi que la violence jamais édulcorée qui n'ignore pas la cruauté du monde qui est décrit dans cette saga. Après seize tomes, et une décennie d'absence, Derib reprend ses personnages pour terminer la série. La rupture a-t-elle été trop longue ? Toujours est-il qu'il ne retrouve pas tout à fait le ton original qu'il a créé, les situations se bousculent, ce qui ne convient pas trop à son style, et le recours à des poncifs trop faciles plombent des récits qui paraissent un peu mal équilibrés. Reste un épilogue poignant et finalement assez imprévisible qui termine bien la série. Une grande saga tout de même, remplie d'êtres de chair et de sang, porté par le style puissant et humaniste de Derib, qui porte un regard tendre et réaliste sur la vie de Buddy Longway. Son talent explose pour décrire la faune et les paysages de l'ouest américain, et la structure de ses récits leur apporte une grande épaisseur et une belle vitalité. Une grande série à ne surtout pas éviter.

01/06/2007 (modifier)