Très bonne série, quête pour tuer un vampire sur plusieurs siècles.
Ce, par le biais d'un héritage plutôt spécial transmis de génération en génération, l'auteur nous tient en haleine d'album en album.
En partant du moyen-âge, on navigue de génération en génération, jusqu'à l'affrontement final.
Un coup de crayon superbe, des châteaux médiévaux dessinés d'une main de maître.
Je reste admiratif de ce travail titanesque pour faire vivre la pierre.
Un vrai plaisir pour les yeux, d'autant que le scénario est du très très bon.
Amateurs de cinéma ou de bande de potes... Accrochez-vous!! Avec ou sans moustache est formidablement drôle, beau et émouvant !! Oui premier coup de coeur de 2020 qui semble vraiment être l'année de la BD si ça continue sur cette voie !
On a l'impression de regarder un film français de la "grande époque", les scènes sont très soignées et on a tellement envie de faire partie de cette bande de copains si attachante. Les dialogues sont percutants, les couleurs enveloppent le tout de façon soignée, un vrai régal. Croisons les doigts pour qu'un duo Courty/Efix se reforme pour d'autres récits...
Before Watchmen souffle le chaud et le froid. Si certains opus sont clairement loupés comme celui traitant du Comédien, on n'est pas non plus à l'abri de bonnes surprises comme Before Watchmen - Minutemen ou même Before Watchmen - Rorschach. Cette histoire réservée aux origines du second Hibou fait justement partie des points positifs.
En oubliant la complexité de Dr. Manhattan dans sa version Before Watchmen, Straczynski développe une histoire sans temps morts sur les origines de ce clone de Bruce Wayne au look et à l'humanité identique.
Daniel Dreiberg partage également un héritage inestimable qui lui permettra de développer tout un tas de gadgets dont l'aéronef Archie et on apprend dès les premières pages le malaise vécu adolescent entre les brimades de l'école ou les reproches incessants d'un père violent.
Dan va donc découvrir l'identité du véritable Hibou, en devenir son disciple et prendre la relève ainsi que le titre...
Batman a eu droit à son Year One, voici clairement l'équivalent pour le Hibou 2 avec son apprentissage de l'amitié pour son mentor, les conflits avec son team buddie Rorschach et ses premiers émois amoureux (et sexuels) avec une jolie rousse. Si on ajoute à tout ceci une histoire bien glauque de tueur en série constituant le fil rouge "détective" de cette histoire, on tient un récit haletant et sans aucune baisse de rythme.
Car JMS a su doser tous les éléments pour rendre le cocktail attrayant. Certes centrée sur le jeune Hibou et ses hésitations, l'histoire n'oublie pas en route de hisser Rorschach à un rôle presque aussi important et d'épaissir également Hollis Mason. L'ensemble passe ne manque pas d'humour mais n'est pas non plus avare de quelques jolies scènes de baston.
La Dame du Crépuscule est un chouette personnage féminin. Indépendante et charismatique, elle rappelle également le jeu sensuel que livre constamment Catwoman pour Batman.
Les dessins d'Andy Kubert encrés en partie par son père Joe dont il s'agira hélas de son dernier travail avant sa disparition font le café ! Ils sont classiques mais tout à fait réussis avec un découpage impeccable et des décors chargés de détails.
Alors certes cette histoire n'apportera pas d'énormes bouleversements pour la trame principale de Watchmen. Il s'agit d'une récréation, une mise en bouche qui fait la lumière sur le caractère effacé et introverti d'un Gardien véritablement pur : Dan Dreiberg. Quelques chapitres de plus n'auraient pas été un luxe tant l'histoire file vite. L’enquête menée au cœur du récit abat un peu trop vite ses cartes et aurait méritée d'être un peu plus développée. Cela nous aurait permis de profiter encore un peu plus de la jolie conquête du Hibou ou davantage de pétages de plomb de Rorschach.
Bref peu importe, cela fait vraiment plaisir de retrouver les origines de ces Gardiens en particulier avec toute une foule de petits détails notamment sur la fin permettant de raccrocher les wagons à la trame principale.
"Pourquoi j'ai tué Pierre" est un album très bien construit, bien foutu. Olivier Ka nous livre ici son autobiographie sous le prisme d'un évènement particulier survenu avec ce fameux Pierre, curé " de gauche" dans le camp duquel il allait passer tous ses étés étant enfant, et qui était un ami de la famille. Bon, il ne faut pas être particulièrement devin pour comprendre de quoi il en retourne, et je pense que la plupart des gens le devineront au bout de quelques pages. C'est bien de viol, ou au moins d'agression sexuelle, qu'il s'agit.
L'auteur livre son passé, explique sa vie, comment il a vécu les choses, pour "tuer" Pierre, réussir à l'enlever de sa mémoire et passer définitivement à autre chose. D'ailleurs, le livre aurait pu s'appeler "Comment j'ai tué Pierre". Le récit est agréable, c'est chronologique, on suit le personnage principal à chaque étape de sa vie, ce n'est jamais trop long, trop lourd. Et le sujet, qui aurait pu devenir trop lourdaud, n'est pas omniprésent et traité de façon intelligente. L'évolution du héros est très agréable à suivre, on ne sait pas trop ce qui va lui arriver et comment il va réussir à faire son deuil. C'est un peu comme dans Moi en double, on sait comment ça va finir mais on a envie de savoir comment. D'ailleurs, la fin est extrêmement similaire dans sa construction (le coup de "à ce moment là, j'avais fini mais il est arrivé un truc important qui mérite d'être la fin du récit"). C'est un peu cliché mais bon, ça fait assez réaliste pour être crédible. Et ça clôture très bien le récit, on sent que le truc a marché, cette BD a dû faire pas mal de bien à Olivier Ka.
Quant au dessin, je l'ai trouvé très bien. La différence de taille entre Pierre et Olivier illustre bien la domination instaurée par l'un envers l'autre, on sent bien le petit garçon un peu faible face au gentil gros barbu souriant. Les personnages sont expressifs, ce n'est pas particulièrement beau, mais ça marche très bien.
En fait, il n'y a pas grand chose à reprocher à "Pourquoi j'ai tué Pierre". C'est un livre que j'ai bien aimé, mais pas adoré. Le sujet est intéressant mais ça manque quand même un tout petit peu de surprise, et le personnage est attachant mais pas super attachant. Il manquait peut être aussi d'un peu de développement des autres personnages à mon goût, comme les parents ou la compagne. Je ne dis pas que de ne pas les avoir développés handicape le récit, mais ça m'aurait aidé à me mettre plus dedans, à mieux appréhender le personnage, à mieux rentrer dans le truc.
Mais je chipote, et "Pourquoi j'ai tué Pierre" reste une vraiment bonne BD, solide et bien construite.
Note réelle : 3,5/5
Western crépusculaire. Oui, la formule, souvent galvaudée, semble ici bien choisie, tant l’intrigue (assez squelettique au demeurant) tourne autour de la fin du monde des cow-boys, le chemin de fer remplaçant les grands convoyages à travers les immenses espaces. Le héros en prend conscience, et l’on peut un temps croire qu’il va s’en accommoder, mais en fait il n’en est rien, et c’est bien son refus de vivre hors de ses repères – lorsque la seule chose qui l’attache à la vie aura disparu – qui le pousse « à en finir ».
Quelques petits bémols toutefois. Je trouve que l’histoire manque parfois de profondeur, et aurait en grande partie pu se dérouler dans un autre cadre que le « western ». Mais cela se laisse lire, il y a du rythme. J’ai trouvé assez surprenante la rapidité et la violence avec lesquelles les deux amis se déchirent après le basculement de l’intrigue à Sundance.
Pour le reste, c’est du classique (y compris pour la couverture, qui m’a vaguement fait penser à celle de Colt Walker). Du classique, mais traité sur le ton de l’amertume, du désespoir : malgré les couleurs plutôt vives, c’est bien la noirceur qui prédomine ! Même si la lumière irradie l’épilogue, lorsque la ville et la « civilisation » fleurit, nous savons alors sur quel terreau d’immondices elle s’est bâtie, quelle lâcheté a permis à Sundance de « monter en grade ».
J’ai parlé de couleurs, je voudrais enchaîner et finir par le dessin, qui lui ne souffre pas vraiment de critiques. Je l’ai trouvé excellent, chouette à regarder – que ce soit pour les grands espaces ou pour les personnages (corps, visages, rien à redire). Le dessin de Gastine contrebalance en grande partie les défauts pointés dans le scénario concocté par Félix.
Note réelle 3,5/5
L'auteur avait plutôt marqué un bon point avec son Ailefroide - Altitude 3954 qui avait reçu un excellent accueil de la critique de manière générale. On reste toujours dans la montagne avec ce récit mettant en scène le combat d'un berger et d'un loup.
Il est vrai qu'au début, on arrive vraiment à ressentir ce que le berger Gaspard ressent avec cette réintroduction du loup dans nos montagnes et pâturages. Cela va être une confrontation dans les hauteurs sans merci et assez bestiale où personne ne ressortira vraiment indemne.
J'ai beaucoup aimé cet album assez intense bien que la fin soit plutôt assez improbable et presque folklorique dans un délire onirique. Cependant, un récent film dénommé Alpha nous a prouvé le contraire. Le chien descend du loup qui a été domestiqué. Et puis, dans tout conflit, il y a parfois une voie de réconciliation. J'apprécie bien cette morale qui offre une solution au-delà de la colère et de la rancune. On peut aller de la haine au respect.
C'est un album naturaliste qui reste dans la droite ligne du précédent avec une belle réussite à la clé. Superbe ouvrage sur le fond et la forme.
Carlos Gimenez a créé avec ses différentes séries toute une fresque historique de l'Espagne allant de la Guerre Civile dans Les Temps Mauvais aux années 70 dans Pepe, en se basant sur ses propres souvenirs et les anecdotes qu'il a recueillies de ses proches et d'autres. Dans Paracuellos, il racontait son enfance tragique dans les internats franquistes des années 1940. Barrio se déroule juste après, dans les années 50, au moment où il sort de l'internat et peut vivre à nouveau avec sa mère dans son quartier ouvrier de Madrid. Avec lui, nous allons découvrir la vie dans ce quartier et son passage de l'enfance à l'adolescence.
La série comprend 4 tomes mais le premier est bien différent des 3 suivants. En effet, une trentaine d'années sépare leurs créations. Le tome 1 a été réalisé dans les années 70, avant même les 2 premiers tomes de Paracuellos. Et comme pour cette dernière série sur laquelle Gimenez était revenue près de 20 ans plus tard pour créer de nouveaux tomes, il est revenu sur Barrio ensuite pour prolonger la série dans les années 2000.
Le tome 1 raconte véritablement l'enfance de l'auteur par le biais d'un alter-ego au nom très proche, Carlines Garcia-Garcia. Il narre sa sortie de l'internat, son premier repas avec sa mère retrouvée, le travail dans un atelier de décoration d'objets d'arts qu'il doit trouver dès douze ans pour apporter un peu d'argent au foyer, sa découverte des rues de son quartier et des enfants qui y passent tous leurs temps de loisir. La narration est dense, avec de petites cases et une bonne dose de texte. On sent que l'auteur avait beaucoup de choses à raconter mais il le fait toujours avec subtilité et avec son ton étonnant qui nous fait partager des choses parfois dramatiques et cruelles mais avec toujours un fond de légèreté et de cynisme, comme un petit rire jaune qui dénonce l'absurdité de la tragédie que certains vivaient quand il était jeune.
Les 3 tomes suivants ont été réalisés bien plus tard et l'auteur avait grandement gagné en maîtrise technique entre temps. Son trait s'est modernisé, sa mise en page est bien plus aérée, sa narration plus dynamique et vivante. Et cette fois, il ne raconte plus seulement sa propre enfance mais aussi de nombreuses anecdotes de son quartier et des gens qui y ont vécu. Il donne véritablement vie au Madrid de l'époque, comme un tableau picaresque en présentant une foule d'éléments qui sont autant de repères et de souvenirs pour se forger un portrait global de ceux qui peuplaient et de la vie à l'époque. Outre la pauvreté du pays et du monde ouvrier espagnol au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, c'est aussi l'omniprésence en toile de fond de la dictature franquiste et des vestiges de la Guerre Civile qui forge les bases de la vie de ce quartier dans lequel il va devenir adolescent.
Et toujours cette subtilité dans la mise en scène, ce ton réservé, sans jugement, qui transmet aux lecteurs des scènes pleines d'émotion, de petites joies et de grande tristesse avec un regard bienveillant et presque un sourire pincé.
Cela m'a plusieurs fois rappelé l'oeuvre de Will Eisner quand il dépeignait la ville de New York de son enfance et du début du 20e siècle par exemple dans New York trilogie (Big City). Au-delà de l'aspect instructif, c'est à la fois drôle et touchant, mais surtout touchant.
Dans un futur proche, le big data se multiplie. Où doit-on ranger et classifier toutes ces données numériques ? Y'aura-t-il assez de place pour que tout le monde puisse ajouter des photos sur les réseaux sociaux, conserver des oeuvres culturelles ou artistiques ? Comment faire ? Que faut-il sacrifier pour que tout le monde puisse faire son show sur le net ? Hum vaste question et Hugo Bienvenue essaie d'y répondre et de donner une alerte avec son Préférence système.
Un couple, un robot enceint, une fuite, la mort, une enfant ! Une enfant qui va vivre, durant un temps, en compagnie de Mikki le robot qui lui a donné la vie. Un robot mère porteuse et une famille disparue car le père a voulu sauver des données qui devaient être supprimées du big data car peu utilisées (par exemple tout ce qui concerne 2021, l'Odyssée de l'espace ou des poèmes).
Alors je l'ai lu d’une traite durant mes vacances. 162 planches. C’était épique ! Le Big data is watching you! Les dérives du numérique qui font perdre le sens du réel et de ce qui est finalement important. C'est vraiment très bien, rien à dire. Le style graphique et la colorisation sont fabuleux. On voit la maîtrise de cet auteur, la perfection, et l'édition de Denoël graphics ne gâche rien car elle est vraiment belle.
En revanche, tout va trop vite ! Et le style graphique hyper froid me fait penser que le sens de cette BD, qui met en garde contre les dérives du tout numérique, perd en émotion. J'aurai bien aimé que la relation du robot Mikki avec le couple, ou celle avec la petite Isi, soit un plus développée. Mais c'est très intéressant et intense. Je suis partagée car doit-on toujours ressentir de l'émotion dans une histoire ? Pour moi oui c'est important mais en y réfléchissant le rendu graphique va très bien avec l’histoire contée ! Puis les décors ou certains appareils ou costumes inventés par Hugo Bienvenue sont totalement géniaux. Les 'agents' qui doivent contrôler si les données de telles ou telles choses doivent être supprimées ou pas portent sur la tête des espèces de cônes ultra SF et complètement fous. Il y a beaucoup de clins d'oeil et d'inspirations via d'autres oeuvres très connues dans Préférence Système également. On ressent l'amour de la culture, du cinéma ou de la littérature, que possède l'auteur.
Enfin, je vous conseille de vous faire votre propre idée car malgré tout j'y réfléchis beaucoup à cette bd. Elle a des articles dithyrambiques un peu partout sur le net, ainsi que via d’autres supports médias.
Il est des endroits dans le monde que je préfère ne pas visiter comme par exemple Auschwitz ou encore Salem qui sont des lieux marqués par l’infamie de l’histoire.
L’auteur nous raconte de manière fort intelligente une version de ce qui s’est passé à Salem où l’on a brûlé vives des femmes qu’on a accusé d’être des sorcières diaboliques. Pour se débarrasser de son chien, un dicton nous dit qu’il faut l’accuser d’avoir la rage. C’est assez pratique comme procédé comme pour désigner le méchant et agrandir son influence. On appelle ce procédé une chasse aux sorcières.
J’avoue que ce que ce pasteur évangélique a fait à ces pauvres femmes pour masquer son forfait personnel (être puritain et aimer la luxure) ainsi que d’assurer sa domination sur cette ville est tout simplement abjecte. Cependant, quand on pense qu’une bonne partie de la population haineuse a collaboré, c’est tout simplement édifiant.
Pourtant, les exemples ne manquent pas à travers le monde de peuple soutenant leurs présidents dérangés ou leurs dictateurs assoiffés de pouvoir. Que dire également de l’emprise de la religion qui est simplement néfaste ? Ceux qui ne se rangent pas dans cette foi sont tués. Bien entendu, cela nous rappelle toujours quelque chose. De mon côté, je vais plus loin en indiquant que presque toutes les religions au monde ont leurs fanatiques.
Au final, l’auteur a très bien retranscrit cette histoire de la ville de Salem rongée par le puritanisme au point de mener à une haine absurde et mortelle. J’ai pu apprécier une réelle maîtrise de la mise en scène avec un graphisme absolument magnifique. Une bd qui nous permet de décortiquer le phénomène de l’influence des foules en se servant de la peur. Un drame de plus dans la folie des hommes…
Cette BD est un délire parfaitement assumé, totalement maitrisé et complètement barré. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en commençant la lecture, mais je suis sous le charme de l'humour mordant et acerbe de Frédéric Pontarolo, qui n'en est pas la moitié d'un quand il s'agit de faire de l'humour et de la caricature.
La BD propose une histoire très loufoque, basée sur Dieu vivant dans une canette de Coca et qui était Elvis, mais surtout l'auteur va agrémenter son histoire de nombreuses, très nombreuses références qu'il va disséminer ou mettre en avant dans le récit. Entre les acteurs, les personnalités, les références culturelles mais aussi historiques, on navigue dans une BD où l'on cherche presque à chaque case la référence qu'il aura réussi à y caser. En soi, on pourrait s'attendre à seulement ça, mais l'auteur est allé plus loin en nous pondant une histoire qui a quelques atouts supplémentaires, à commencer par des personnages hauts en couleurs, immigrés mexicains sans travail ou dans des conditions précaires, petits trafiquants à gros trafiquants, sosies d'Elvis (ex-psychiatre) et j'en passe. Chaque nouveau personnage du récit est une nouvelle gueule qui ne dépareille pas de l'ensemble. Et les portraits sont tous peints au vitriol, chez le héros comme chez les autres. Une belle brochette d'humanité dans ce qu'elle a de moins reluisante, mais toujours avec humour. Même une pointe de pitié parfois, qu'on sentirait presque poindre chez ces gens qui sont finalement paumés dans une vie (ville) trop grande pour eux (en même temps, voir Dieu débarquer c'est quand même un truc).
Et ce que j'ai apprécié dans cette représentation du monde, c'est que l'auteur ne donne pas de direction claire dans son récit quant aux intentions (simple récit humoristique, parodie, hommage, satire, critique ?) mais laisse planer une critique du mode de vie américain et ses travers (obésité, racisme, tendance à la violence par les armes ...), ainsi que de la religion . Cependant, j'ai également eu un ressenti -totalement personnel je l'admets- d'une critique de l'impérialisme américain au travers de son exportation massive d'un modèle culturel. Je ne sais pas si c'est volontaire ou si j'extrapole une réflexion, mais la surabondance de représentations de séries, livres, acteurs et films américains dans les références ne semble pas anodin. J'ai réellement eu l'impression que l'auteur voulait parodier un modèle culturel omniprésent en y allant de bon cœur et à fond les ballons. Et pour ma part je la trouve bien sentie, notamment sur le revers du rêve américain dans un monde post-11 septembre. Les petites piques sur la délocalisation, la considération des minorités, la difficulté de l'accès au soin pour les couches pauvres ... On sent que l'auteur charge tout de même les critiques, tout en les enterrant sous une couche d'humour qui fait passer le tout.
Mais ce ton humoristique s'efface parfois pour laisse place à un ton plus dur, presque tragique, autour de la fin notamment. Ça parle de thèmes plus sérieux, plus sombres aussi. Une petite réussite d'avoir réussi à intégrer cela après l'avalanche de gags qui sont proposés. Rien que par la façon dont le diable parle de l'humanité, je trouve que la BD oscille réellement sur une corde raide entre l'humour et le sérieux.
Le dessin n'est pas en reste, avec ses teintes de bruns bien sales, ses visages allongés et sa façon de représenter en tout sens, comme une concrétisation de la folie de ces protagonistes et de cette histoire. Les personnages sont très expressifs, tout comme les attitudes et les cases.
Dans cet élan de compliments, je dois quand même avouer que la fin m'a un peu déçu (c'est-à-dire les deux dernières pages), parce qu'elles concluent de manière un peu "facile" cette histoire, qui n'attendait pas de chute de toute façon. Mais je suis quand même resté sur ma faim. Pour le reste, c'est une excellente BD d'humour, qui sait jouer sur plusieurs tableaux à la fois, avec une grande pertinence dans son propos. Une lecture recommandée !
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Le Prince de la Nuit
Très bonne série, quête pour tuer un vampire sur plusieurs siècles. Ce, par le biais d'un héritage plutôt spécial transmis de génération en génération, l'auteur nous tient en haleine d'album en album. En partant du moyen-âge, on navigue de génération en génération, jusqu'à l'affrontement final. Un coup de crayon superbe, des châteaux médiévaux dessinés d'une main de maître. Je reste admiratif de ce travail titanesque pour faire vivre la pierre. Un vrai plaisir pour les yeux, d'autant que le scénario est du très très bon.
Avec ou sans moustache ?
Amateurs de cinéma ou de bande de potes... Accrochez-vous!! Avec ou sans moustache est formidablement drôle, beau et émouvant !! Oui premier coup de coeur de 2020 qui semble vraiment être l'année de la BD si ça continue sur cette voie ! On a l'impression de regarder un film français de la "grande époque", les scènes sont très soignées et on a tellement envie de faire partie de cette bande de copains si attachante. Les dialogues sont percutants, les couleurs enveloppent le tout de façon soignée, un vrai régal. Croisons les doigts pour qu'un duo Courty/Efix se reforme pour d'autres récits...
Before Watchmen - Le Hibou
Before Watchmen souffle le chaud et le froid. Si certains opus sont clairement loupés comme celui traitant du Comédien, on n'est pas non plus à l'abri de bonnes surprises comme Before Watchmen - Minutemen ou même Before Watchmen - Rorschach. Cette histoire réservée aux origines du second Hibou fait justement partie des points positifs. En oubliant la complexité de Dr. Manhattan dans sa version Before Watchmen, Straczynski développe une histoire sans temps morts sur les origines de ce clone de Bruce Wayne au look et à l'humanité identique. Daniel Dreiberg partage également un héritage inestimable qui lui permettra de développer tout un tas de gadgets dont l'aéronef Archie et on apprend dès les premières pages le malaise vécu adolescent entre les brimades de l'école ou les reproches incessants d'un père violent. Dan va donc découvrir l'identité du véritable Hibou, en devenir son disciple et prendre la relève ainsi que le titre... Batman a eu droit à son Year One, voici clairement l'équivalent pour le Hibou 2 avec son apprentissage de l'amitié pour son mentor, les conflits avec son team buddie Rorschach et ses premiers émois amoureux (et sexuels) avec une jolie rousse. Si on ajoute à tout ceci une histoire bien glauque de tueur en série constituant le fil rouge "détective" de cette histoire, on tient un récit haletant et sans aucune baisse de rythme. Car JMS a su doser tous les éléments pour rendre le cocktail attrayant. Certes centrée sur le jeune Hibou et ses hésitations, l'histoire n'oublie pas en route de hisser Rorschach à un rôle presque aussi important et d'épaissir également Hollis Mason. L'ensemble passe ne manque pas d'humour mais n'est pas non plus avare de quelques jolies scènes de baston. La Dame du Crépuscule est un chouette personnage féminin. Indépendante et charismatique, elle rappelle également le jeu sensuel que livre constamment Catwoman pour Batman. Les dessins d'Andy Kubert encrés en partie par son père Joe dont il s'agira hélas de son dernier travail avant sa disparition font le café ! Ils sont classiques mais tout à fait réussis avec un découpage impeccable et des décors chargés de détails. Alors certes cette histoire n'apportera pas d'énormes bouleversements pour la trame principale de Watchmen. Il s'agit d'une récréation, une mise en bouche qui fait la lumière sur le caractère effacé et introverti d'un Gardien véritablement pur : Dan Dreiberg. Quelques chapitres de plus n'auraient pas été un luxe tant l'histoire file vite. L’enquête menée au cœur du récit abat un peu trop vite ses cartes et aurait méritée d'être un peu plus développée. Cela nous aurait permis de profiter encore un peu plus de la jolie conquête du Hibou ou davantage de pétages de plomb de Rorschach. Bref peu importe, cela fait vraiment plaisir de retrouver les origines de ces Gardiens en particulier avec toute une foule de petits détails notamment sur la fin permettant de raccrocher les wagons à la trame principale.
Pourquoi j'ai tué Pierre
"Pourquoi j'ai tué Pierre" est un album très bien construit, bien foutu. Olivier Ka nous livre ici son autobiographie sous le prisme d'un évènement particulier survenu avec ce fameux Pierre, curé " de gauche" dans le camp duquel il allait passer tous ses étés étant enfant, et qui était un ami de la famille. Bon, il ne faut pas être particulièrement devin pour comprendre de quoi il en retourne, et je pense que la plupart des gens le devineront au bout de quelques pages. C'est bien de viol, ou au moins d'agression sexuelle, qu'il s'agit. L'auteur livre son passé, explique sa vie, comment il a vécu les choses, pour "tuer" Pierre, réussir à l'enlever de sa mémoire et passer définitivement à autre chose. D'ailleurs, le livre aurait pu s'appeler "Comment j'ai tué Pierre". Le récit est agréable, c'est chronologique, on suit le personnage principal à chaque étape de sa vie, ce n'est jamais trop long, trop lourd. Et le sujet, qui aurait pu devenir trop lourdaud, n'est pas omniprésent et traité de façon intelligente. L'évolution du héros est très agréable à suivre, on ne sait pas trop ce qui va lui arriver et comment il va réussir à faire son deuil. C'est un peu comme dans Moi en double, on sait comment ça va finir mais on a envie de savoir comment. D'ailleurs, la fin est extrêmement similaire dans sa construction (le coup de "à ce moment là, j'avais fini mais il est arrivé un truc important qui mérite d'être la fin du récit"). C'est un peu cliché mais bon, ça fait assez réaliste pour être crédible. Et ça clôture très bien le récit, on sent que le truc a marché, cette BD a dû faire pas mal de bien à Olivier Ka. Quant au dessin, je l'ai trouvé très bien. La différence de taille entre Pierre et Olivier illustre bien la domination instaurée par l'un envers l'autre, on sent bien le petit garçon un peu faible face au gentil gros barbu souriant. Les personnages sont expressifs, ce n'est pas particulièrement beau, mais ça marche très bien. En fait, il n'y a pas grand chose à reprocher à "Pourquoi j'ai tué Pierre". C'est un livre que j'ai bien aimé, mais pas adoré. Le sujet est intéressant mais ça manque quand même un tout petit peu de surprise, et le personnage est attachant mais pas super attachant. Il manquait peut être aussi d'un peu de développement des autres personnages à mon goût, comme les parents ou la compagne. Je ne dis pas que de ne pas les avoir développés handicape le récit, mais ça m'aurait aidé à me mettre plus dedans, à mieux appréhender le personnage, à mieux rentrer dans le truc. Mais je chipote, et "Pourquoi j'ai tué Pierre" reste une vraiment bonne BD, solide et bien construite. Note réelle : 3,5/5
Jusqu'au dernier
Western crépusculaire. Oui, la formule, souvent galvaudée, semble ici bien choisie, tant l’intrigue (assez squelettique au demeurant) tourne autour de la fin du monde des cow-boys, le chemin de fer remplaçant les grands convoyages à travers les immenses espaces. Le héros en prend conscience, et l’on peut un temps croire qu’il va s’en accommoder, mais en fait il n’en est rien, et c’est bien son refus de vivre hors de ses repères – lorsque la seule chose qui l’attache à la vie aura disparu – qui le pousse « à en finir ». Quelques petits bémols toutefois. Je trouve que l’histoire manque parfois de profondeur, et aurait en grande partie pu se dérouler dans un autre cadre que le « western ». Mais cela se laisse lire, il y a du rythme. J’ai trouvé assez surprenante la rapidité et la violence avec lesquelles les deux amis se déchirent après le basculement de l’intrigue à Sundance. Pour le reste, c’est du classique (y compris pour la couverture, qui m’a vaguement fait penser à celle de Colt Walker). Du classique, mais traité sur le ton de l’amertume, du désespoir : malgré les couleurs plutôt vives, c’est bien la noirceur qui prédomine ! Même si la lumière irradie l’épilogue, lorsque la ville et la « civilisation » fleurit, nous savons alors sur quel terreau d’immondices elle s’est bâtie, quelle lâcheté a permis à Sundance de « monter en grade ». J’ai parlé de couleurs, je voudrais enchaîner et finir par le dessin, qui lui ne souffre pas vraiment de critiques. Je l’ai trouvé excellent, chouette à regarder – que ce soit pour les grands espaces ou pour les personnages (corps, visages, rien à redire). Le dessin de Gastine contrebalance en grande partie les défauts pointés dans le scénario concocté par Félix. Note réelle 3,5/5
Le Loup
L'auteur avait plutôt marqué un bon point avec son Ailefroide - Altitude 3954 qui avait reçu un excellent accueil de la critique de manière générale. On reste toujours dans la montagne avec ce récit mettant en scène le combat d'un berger et d'un loup. Il est vrai qu'au début, on arrive vraiment à ressentir ce que le berger Gaspard ressent avec cette réintroduction du loup dans nos montagnes et pâturages. Cela va être une confrontation dans les hauteurs sans merci et assez bestiale où personne ne ressortira vraiment indemne. J'ai beaucoup aimé cet album assez intense bien que la fin soit plutôt assez improbable et presque folklorique dans un délire onirique. Cependant, un récent film dénommé Alpha nous a prouvé le contraire. Le chien descend du loup qui a été domestiqué. Et puis, dans tout conflit, il y a parfois une voie de réconciliation. J'apprécie bien cette morale qui offre une solution au-delà de la colère et de la rancune. On peut aller de la haine au respect. C'est un album naturaliste qui reste dans la droite ligne du précédent avec une belle réussite à la clé. Superbe ouvrage sur le fond et la forme.
Barrio
Carlos Gimenez a créé avec ses différentes séries toute une fresque historique de l'Espagne allant de la Guerre Civile dans Les Temps Mauvais aux années 70 dans Pepe, en se basant sur ses propres souvenirs et les anecdotes qu'il a recueillies de ses proches et d'autres. Dans Paracuellos, il racontait son enfance tragique dans les internats franquistes des années 1940. Barrio se déroule juste après, dans les années 50, au moment où il sort de l'internat et peut vivre à nouveau avec sa mère dans son quartier ouvrier de Madrid. Avec lui, nous allons découvrir la vie dans ce quartier et son passage de l'enfance à l'adolescence. La série comprend 4 tomes mais le premier est bien différent des 3 suivants. En effet, une trentaine d'années sépare leurs créations. Le tome 1 a été réalisé dans les années 70, avant même les 2 premiers tomes de Paracuellos. Et comme pour cette dernière série sur laquelle Gimenez était revenue près de 20 ans plus tard pour créer de nouveaux tomes, il est revenu sur Barrio ensuite pour prolonger la série dans les années 2000. Le tome 1 raconte véritablement l'enfance de l'auteur par le biais d'un alter-ego au nom très proche, Carlines Garcia-Garcia. Il narre sa sortie de l'internat, son premier repas avec sa mère retrouvée, le travail dans un atelier de décoration d'objets d'arts qu'il doit trouver dès douze ans pour apporter un peu d'argent au foyer, sa découverte des rues de son quartier et des enfants qui y passent tous leurs temps de loisir. La narration est dense, avec de petites cases et une bonne dose de texte. On sent que l'auteur avait beaucoup de choses à raconter mais il le fait toujours avec subtilité et avec son ton étonnant qui nous fait partager des choses parfois dramatiques et cruelles mais avec toujours un fond de légèreté et de cynisme, comme un petit rire jaune qui dénonce l'absurdité de la tragédie que certains vivaient quand il était jeune. Les 3 tomes suivants ont été réalisés bien plus tard et l'auteur avait grandement gagné en maîtrise technique entre temps. Son trait s'est modernisé, sa mise en page est bien plus aérée, sa narration plus dynamique et vivante. Et cette fois, il ne raconte plus seulement sa propre enfance mais aussi de nombreuses anecdotes de son quartier et des gens qui y ont vécu. Il donne véritablement vie au Madrid de l'époque, comme un tableau picaresque en présentant une foule d'éléments qui sont autant de repères et de souvenirs pour se forger un portrait global de ceux qui peuplaient et de la vie à l'époque. Outre la pauvreté du pays et du monde ouvrier espagnol au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, c'est aussi l'omniprésence en toile de fond de la dictature franquiste et des vestiges de la Guerre Civile qui forge les bases de la vie de ce quartier dans lequel il va devenir adolescent. Et toujours cette subtilité dans la mise en scène, ce ton réservé, sans jugement, qui transmet aux lecteurs des scènes pleines d'émotion, de petites joies et de grande tristesse avec un regard bienveillant et presque un sourire pincé. Cela m'a plusieurs fois rappelé l'oeuvre de Will Eisner quand il dépeignait la ville de New York de son enfance et du début du 20e siècle par exemple dans New York trilogie (Big City). Au-delà de l'aspect instructif, c'est à la fois drôle et touchant, mais surtout touchant.
Préférence système
Dans un futur proche, le big data se multiplie. Où doit-on ranger et classifier toutes ces données numériques ? Y'aura-t-il assez de place pour que tout le monde puisse ajouter des photos sur les réseaux sociaux, conserver des oeuvres culturelles ou artistiques ? Comment faire ? Que faut-il sacrifier pour que tout le monde puisse faire son show sur le net ? Hum vaste question et Hugo Bienvenue essaie d'y répondre et de donner une alerte avec son Préférence système. Un couple, un robot enceint, une fuite, la mort, une enfant ! Une enfant qui va vivre, durant un temps, en compagnie de Mikki le robot qui lui a donné la vie. Un robot mère porteuse et une famille disparue car le père a voulu sauver des données qui devaient être supprimées du big data car peu utilisées (par exemple tout ce qui concerne 2021, l'Odyssée de l'espace ou des poèmes). Alors je l'ai lu d’une traite durant mes vacances. 162 planches. C’était épique ! Le Big data is watching you! Les dérives du numérique qui font perdre le sens du réel et de ce qui est finalement important. C'est vraiment très bien, rien à dire. Le style graphique et la colorisation sont fabuleux. On voit la maîtrise de cet auteur, la perfection, et l'édition de Denoël graphics ne gâche rien car elle est vraiment belle. En revanche, tout va trop vite ! Et le style graphique hyper froid me fait penser que le sens de cette BD, qui met en garde contre les dérives du tout numérique, perd en émotion. J'aurai bien aimé que la relation du robot Mikki avec le couple, ou celle avec la petite Isi, soit un plus développée. Mais c'est très intéressant et intense. Je suis partagée car doit-on toujours ressentir de l'émotion dans une histoire ? Pour moi oui c'est important mais en y réfléchissant le rendu graphique va très bien avec l’histoire contée ! Puis les décors ou certains appareils ou costumes inventés par Hugo Bienvenue sont totalement géniaux. Les 'agents' qui doivent contrôler si les données de telles ou telles choses doivent être supprimées ou pas portent sur la tête des espèces de cônes ultra SF et complètement fous. Il y a beaucoup de clins d'oeil et d'inspirations via d'autres oeuvres très connues dans Préférence Système également. On ressent l'amour de la culture, du cinéma ou de la littérature, que possède l'auteur. Enfin, je vous conseille de vous faire votre propre idée car malgré tout j'y réfléchis beaucoup à cette bd. Elle a des articles dithyrambiques un peu partout sur le net, ainsi que via d’autres supports médias.
Les Filles de Salem
Il est des endroits dans le monde que je préfère ne pas visiter comme par exemple Auschwitz ou encore Salem qui sont des lieux marqués par l’infamie de l’histoire. L’auteur nous raconte de manière fort intelligente une version de ce qui s’est passé à Salem où l’on a brûlé vives des femmes qu’on a accusé d’être des sorcières diaboliques. Pour se débarrasser de son chien, un dicton nous dit qu’il faut l’accuser d’avoir la rage. C’est assez pratique comme procédé comme pour désigner le méchant et agrandir son influence. On appelle ce procédé une chasse aux sorcières. J’avoue que ce que ce pasteur évangélique a fait à ces pauvres femmes pour masquer son forfait personnel (être puritain et aimer la luxure) ainsi que d’assurer sa domination sur cette ville est tout simplement abjecte. Cependant, quand on pense qu’une bonne partie de la population haineuse a collaboré, c’est tout simplement édifiant. Pourtant, les exemples ne manquent pas à travers le monde de peuple soutenant leurs présidents dérangés ou leurs dictateurs assoiffés de pouvoir. Que dire également de l’emprise de la religion qui est simplement néfaste ? Ceux qui ne se rangent pas dans cette foi sont tués. Bien entendu, cela nous rappelle toujours quelque chose. De mon côté, je vais plus loin en indiquant que presque toutes les religions au monde ont leurs fanatiques. Au final, l’auteur a très bien retranscrit cette histoire de la ville de Salem rongée par le puritanisme au point de mener à une haine absurde et mortelle. J’ai pu apprécier une réelle maîtrise de la mise en scène avec un graphisme absolument magnifique. Une bd qui nous permet de décortiquer le phénomène de l’influence des foules en se servant de la peur. Un drame de plus dans la folie des hommes…
James Dieu
Cette BD est un délire parfaitement assumé, totalement maitrisé et complètement barré. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en commençant la lecture, mais je suis sous le charme de l'humour mordant et acerbe de Frédéric Pontarolo, qui n'en est pas la moitié d'un quand il s'agit de faire de l'humour et de la caricature. La BD propose une histoire très loufoque, basée sur Dieu vivant dans une canette de Coca et qui était Elvis, mais surtout l'auteur va agrémenter son histoire de nombreuses, très nombreuses références qu'il va disséminer ou mettre en avant dans le récit. Entre les acteurs, les personnalités, les références culturelles mais aussi historiques, on navigue dans une BD où l'on cherche presque à chaque case la référence qu'il aura réussi à y caser. En soi, on pourrait s'attendre à seulement ça, mais l'auteur est allé plus loin en nous pondant une histoire qui a quelques atouts supplémentaires, à commencer par des personnages hauts en couleurs, immigrés mexicains sans travail ou dans des conditions précaires, petits trafiquants à gros trafiquants, sosies d'Elvis (ex-psychiatre) et j'en passe. Chaque nouveau personnage du récit est une nouvelle gueule qui ne dépareille pas de l'ensemble. Et les portraits sont tous peints au vitriol, chez le héros comme chez les autres. Une belle brochette d'humanité dans ce qu'elle a de moins reluisante, mais toujours avec humour. Même une pointe de pitié parfois, qu'on sentirait presque poindre chez ces gens qui sont finalement paumés dans une vie (ville) trop grande pour eux (en même temps, voir Dieu débarquer c'est quand même un truc). Et ce que j'ai apprécié dans cette représentation du monde, c'est que l'auteur ne donne pas de direction claire dans son récit quant aux intentions (simple récit humoristique, parodie, hommage, satire, critique ?) mais laisse planer une critique du mode de vie américain et ses travers (obésité, racisme, tendance à la violence par les armes ...), ainsi que de la religion . Cependant, j'ai également eu un ressenti -totalement personnel je l'admets- d'une critique de l'impérialisme américain au travers de son exportation massive d'un modèle culturel. Je ne sais pas si c'est volontaire ou si j'extrapole une réflexion, mais la surabondance de représentations de séries, livres, acteurs et films américains dans les références ne semble pas anodin. J'ai réellement eu l'impression que l'auteur voulait parodier un modèle culturel omniprésent en y allant de bon cœur et à fond les ballons. Et pour ma part je la trouve bien sentie, notamment sur le revers du rêve américain dans un monde post-11 septembre. Les petites piques sur la délocalisation, la considération des minorités, la difficulté de l'accès au soin pour les couches pauvres ... On sent que l'auteur charge tout de même les critiques, tout en les enterrant sous une couche d'humour qui fait passer le tout. Mais ce ton humoristique s'efface parfois pour laisse place à un ton plus dur, presque tragique, autour de la fin notamment. Ça parle de thèmes plus sérieux, plus sombres aussi. Une petite réussite d'avoir réussi à intégrer cela après l'avalanche de gags qui sont proposés. Rien que par la façon dont le diable parle de l'humanité, je trouve que la BD oscille réellement sur une corde raide entre l'humour et le sérieux. Le dessin n'est pas en reste, avec ses teintes de bruns bien sales, ses visages allongés et sa façon de représenter en tout sens, comme une concrétisation de la folie de ces protagonistes et de cette histoire. Les personnages sont très expressifs, tout comme les attitudes et les cases. Dans cet élan de compliments, je dois quand même avouer que la fin m'a un peu déçu (c'est-à-dire les deux dernières pages), parce qu'elles concluent de manière un peu "facile" cette histoire, qui n'attendait pas de chute de toute façon. Mais je suis quand même resté sur ma faim. Pour le reste, c'est une excellente BD d'humour, qui sait jouer sur plusieurs tableaux à la fois, avec une grande pertinence dans son propos. Une lecture recommandée !