Quelle bonne idée que de dessiner l'histoire de René Caillé, un des plus grands explorateurs Français, qui a versé sang et larmes pour être le premier Européen à entrer dans la fameuse cité de Tombouctou.
On suit les traces d'un homme hors du commun, le premier à avoir compris que se couler dans les structures sociales locales et se convertir à l'Islam ouvriraient plus de portes dans le Sahel que l'usage brutal de la force. Parti de rien, tout seul, avec un capital ridicule, René Caillé réussit là où les expéditions ayant infiniment plus de moyens humains et matériels ont toutes échoué avant lui. Mais cette réussite se fait au prix d'un lourd tribut en terme de santé et en termes sociaux - sa conversion à l'Islam, faite pour la grandeur de la France, l'amèneront à être vu comme un traître aux yeux de tous.
Les dessins et les couleurs directes sont véritablement superbes et rendent admirablement bien les ambiances, les paysages d'Afrique et les communautés rencontrées - c'est assez rare pour être souligné !
L'album ne fait pas l'impasse sur les questions existentielles qui ne manquent pas de hanter ce personnage vivant dans une extrême solitude, à la merci des relations qu'il entretient avec ses compagnons de voyage.
Mais c'est ici que l'album pêche, en flanquant René Caillé d'un très improbable guide africain, Arafanba, qui n'a pas grand chose d'africain à part son nom et la couleur de sa peau, et qui chaperonne l'explorateur tout en philosophant avec lui pour lui donner une mauvaise conscience typique de l'anti-colonialisme mou. Il me semble que cet ajout inutile et fort peu crédible déprécie la force et la singularité de l'exploit, empêchant de se rapprocher de René Caillé et de mieux le comprendre (l'histoire est beaucoup plus imaginée que fidèle à ce qu'à écrit Caillé ou qu'à ce qui a été écrit à son sujet).
Malgré cela, cet album reste néanmoins des plus réussi, sort des sentiers battus, et mérite à coup sûr la lecture.
Que certains auteurs amateurs sans talent (je ne cite pas de noms pour ne pas faire de pub à "Lovely Goretta") aient réussi, grâce à un effet de mode, à transformer en vrais livres les platitudes mal dessinées qu'ils affichent sur leur page internet pour que des inconnus viennent y déposer un "kikoolol tro for ta bd, é tu lach 1 komentèr sur mon skyblog toa ossi m1tnan steuplé ?", est un phénomène assez fâcheux. Néanmoins, quand c'est une pointure comme Lewis Trondheim qui décide de se mettre au format "blog", le résultat est assez savoureux et, pour le coup, mérite largement de devenir une série de vrais livres.
Est-ce que ça vaut le coup d'acheter le livre quand on a déjà lu toutes les planches sur le blog jour après jour ? Je dirais oui. Moi, ça m'a fait autant marrer quand j'ai lu le livre que la première fois que j'ai lu "Les Petits Riens" sur le net. En plus, sur le site les planches disparaissent au fur et à mesure, ce qui justifie d'autant plus l'achat.
Pour ce qui est du contenu, ben, c'est du Trondheim pur jus, qui ne décevra pas plus qu'il ne surprendra ses fans. Fidèle à lui-même, Lewis fait ce qu'il sait si bien faire : raconter des petites anecdotes, la plupart du temps assez rigolotes, parfois inquiétantes ou tristes, sur sa petite vie d'auteur de BD. Évidemment, ça ressemble à ses Carnet de bord, à Approximativement, même un peu à Désoeuvré. Évidemment, si vous cherchez plutôt une grande aventure épique, vous ne serez pas forcément subjugué par des histoires de t-shirt sous une chemise à manches courtes ou de bout de barre chocolat-fruits secs qui tombe par terre. Et si vous aimez les Romans Graphiques sérieux et profonds qui font vachement réfléchir sur le sens de la vie et délivrent de puissants messages sur l'amour (qui est triste) et le racisme (qui est mal), vous n'allez pas forcément rigoler quand Lewis et Joann collent exprès du PQ sous leur chaussure pour faire un gag à deux balles dans un festival BD, ou quand Lewis bourré fait du sabre-laser en jouant du piano pour montrer à ses potes qu'il est plus fort que Dark Vador.
Par contre, ben, si vous aimez bien les couillonnades habituelles de Lewis-le-parano, Lewis-l'hypocondriaque, Lewis-le-gamin, Lewis-le-rigolo, pas d'hésitation, ce petit album (et ceux qui suivront) a sa place dans votre collection.
Ne connaissant rien au manga, je croyais que ceux-ci étaient orientés vers le sexe ou la violence, que les dessins étaient stéréotypés et bien détrompez-vous avec Tezuka.
Ayant commencé la lecture de l'oeuvre de Tezuka par L'histoire des 3 Adolf et Métropolis, je dois dire que la vie de Boudddha m'a particulièrement plu.
On peut être surpris par le trait du dessin propre à cet auteur, mais la naïveté du trait ne retire rien à la force du récit.
Parfois dérouté par les anachronismes qui jalonnent les tomes, il faut avouer que cette première impression passée, on s'y habitue très bien, et ces anachronismes ajoutent de l'humour à l'histoire.
Des rebondissements, des trahisons, des leçons de courage et d'altruisme, voilà les piliers de ce monument. L'épaisseur des tomes, environ 400 pages chacun, peut rebuter les moins avides, mais la lecture est agréable et bien rythmée.
Sur le plan de la mise en page, on peut regretter la laideur des couvertures, surtout vu le prix, ainsi que le sens de lecture occidental.
Quelques coquilles apparaissent parfois dans le texte, mais rien de bien grave.
Cette oeuvre m'a donné envie de poursuivre la lecture de cet auteur, qui semble être le Hergé du manga.
Je ne suis pas un grand fan du style de David B. et pourtant cette série m’a beaucoup plu. C’est en lisant les précédents avis que j’ai décidé de me lancer dans cette série. Je n’ai pas du tout regretté. Le moins que l’on puisse dire est que cette série est très originale.
David B. nous plonge dans un conte oriental rempli de monstres et de rêves. Son dessin est tout à fait adapté à ce style d’histoire. La mise en couleur est agréable, c’est peut-être ce qui me manquait sur l’Ascension du Haut-Mal. Par contre, j’ai trouvé, après lecture des deux albums, que l’intrigue était un peu compliquée à suivre et qu’on n’avançait pas beaucoup. Alors peut-être faudra-t-il attendre quelques années pour connaître et saisir tout le sens profond de cette œuvre ?
A n’en pas douter, cependant, ceci est une très grande série qui mérite qu’on s'y attarde un peu.
Conan le barbare dans un monde que je n'aurais pas imaginé.
Celui qui n'a pas lu Howard et les moult aventures guerrières et érotiques de ce géant Cimmérien, ne peut pas apprécier le simplisme des scénarios. Voilà, rien de vraiment fulgurant au premier abord, mais le dessin... Ha le dessin de Segrelles... que dire... rien, il faut le voir. Il se dévore case après case, chaque détail a son importance. Je connais peu d'auteurs avec un tel souci de la perfection.
Rien que pour en avoir plein les yeux et pour se détendre.
Note approximative : 3.5/5
La première rencontre entre Superman/Batman et Wonderwoman mise en image dans un long récit d'aventure, voilà qui a de quoi allécher l'amateur de l'univers DC que je suis. Le résultat en est plutôt bon sans être réellement fantastique.
Comme il s'agit de leur première rencontre, ce récit se passe bien sûr à une époque antérieure aux développements actuels de l'univers DC. Cela se passe à une époque où Batman et Superman travaillent déjà souvent ensemble mais où ni l'un ni l'autre n'avaient rencontré Wonder Woman, encore fraîchement issue de son île paradisiaque. Pas encore de Justice League of America, donc, nous en sommes loin.
Cette rencontre est relativement bien amenée et les personnalités des trois super-héros se confrontent avec un assez bon réalisme, amenant quelques dialogues et situations intéressants.
Je ne ferais qu'un reproche concernant le personnage de Batman à qui il est donné, à mes yeux, un comportement trop puéril par moments, notamment dans ses dialogues qui donnent l'impression de voir parler un adolescent têtu. Mais ce n'est pas trop visible et donc moins gênant que certains passages me l'avaient fait craindre en début de lecture.
L'intrigue du récit en elle-même maintenant est assez banale. Face à notre trinité de héros, un trio de super-méchants s'imposait : Ra's al Ghul à leur tête (comme ennemi de Batman), Bizarro à son service (comme ennemi de Superman) et une rebelle amazone (pour Wonder Woman). Ces trois-là oeuvrent pour un plan mettant en scène des fusées nucléaires volées et le désir de détruire ce qui forge le monde moderne et ses dérives libéralistes qui répugnent l'éco-terroriste Ra's al Ghul.
Une intrigue suffisamment bien construite pour être assez captivante mais sans grande originalité ni véritable passion pour le lecteur.
Le dessin, quant à lui, est assez typé, pas particulièrement joli mais sympathique et agréable à lire. Il est cependant nettement meilleur concernant les personnages que les véhicules. Les avions et autres hélicoptères sont en effet assez ratés. Sans parler du ridicule d'un assemblage flottant apparaissant en fin d'histoire, formé de deux fusées nucléaires accolées de manière suggestive de deux grosses bouées rondes à leur base.
Une lecture assez sympathique, une première rencontre entre trois personnages légendaires de l'univers DC réaliste et bien rendue, mais une intrigue sans grande surprise. Ne vous attendez pas à un chef-d'oeuvre, juste à un bon moment de lecture.
C’est suite à l’annonce de l’arrêt de "Lapinot" que Trondheim s’est lancé dans l’écriture de "Désoeuvré". Ce livre est comme souvent un travail autobiographique (comme Approximativement, ou les carnets de bord…), mais ce n’est pas que cela ; le prétexte, ici, n’est pas de nous montrer Lewis dans son quotidien, mais surtout de le comprendre dans son métier de dessinateur. Trondheim s’est lancé dans une réflexion sur son travail d’auteur et sa soi-disant déprime artistique.
Trondheim ne se sentant plus capable de créer quelque chose de novateur et traversant un passage à vide, s’interroge sur cette situation. Comme dans ses carnets de bord, on le retrouve grimé en oiseau et on rencontre un certain nombre de ses comparses de la nouvelle génération de la bande dessinée (toujours marrant de connaître ses considérations sur ses collègues). Une des théories intéressantes du bouquin évoque le vieillissement des dessinateurs qui les pousse inexorablement vers une forme d’automatisme et ne peut qu’entraîner leur déclin. Ce livre m’a vraiment beaucoup plu car c’est une vraie réflexion théorique sur le travail de l’artiste et le sens que l’on donne au mot « œuvre ».
Trondheim s’interroge sur le travail de dessinateurs célèbres, évoque ses créations, ses ruptures. Il s’informe sur des auteurs comme, Hergé, Bilal, Degotte…, fait des rencontres. Celle avec Gotlib et Tibet est tout à fait intéressante car elle permet de montrer deux façons d’appréhender le métier. L’un des auteurs Tibet poursuit son travail, contre vents et marées, mais reste fidèle à son style de départ. L’autre, Gotlib, s’est arrêté en pleine gloire, car il ne se croyait plus capable de dessiner comme à la belle époque. Alors, il est vrai que ceux qui ne s’intéressent pas au travail de Trondheim trouveront peut-être ce livre assommant et par certains côtés trop nombriliste. Mais, pour ma part, j’ai beaucoup aimé, il est rare de trouver un grand auteur de son vivant s’interroger sur son travail et se remettre ainsi en question.
Dans ce diptyque, j’ai nettement préféré le premier tome. Il raconte l’enfance des quatre personnages, 3 garçons, une fille, avec beaucoup de tendresse. La narration prend son temps, on s’attarde sur les paysages méditerranéens, la nature, les animaux. La vision est assez panthéiste, comme dans les films de Terrence Malick. Tout cela se mélange avec les thèmes de l’enfance, de l’amour pour la petite Lisa, sans oublier les conflits et les drames. On avait un vrai sentiment de bien-être à la lecture de cet album.
Dans le deuxième tome, le côté tendresse a totalement disparu, les personnages ont vieilli et ont perdu de leur innocence. L’émergence du fantastique m’a un peu gêné. Elle ne cadrait pas avec l’ambiance du premier tome. De ce fait, j’ai été un peu déçu, même si la fin est en tout point magnifique et permet de saisir un vrai moment d’émotion. Le dessin d’Olivier Pont, surtout, grâce à son travail sur les décors, est remarquable.
Je mettrais 4 étoiles au premier tome, 3 au second. Ce qui fait 3,5, mais j’arrondis à 4, car cela me semble plus justifié.
J’aime beaucoup les westerns, j’aime aussi le dessin d’Hermann, mais je n’ai pas toujours été convaincu par ses one shot, que ce soit Sarajevo-Tango ou Caatinga. J’ai cependant bien apprécié cet album. Je n'ai pas oublié qu'Hermann avait déjà travaillé sur un précédent western Comanche, une de ses meilleures séries.
L’histoire est simple : quatre bandits assassinent une famille de chercheurs d'or. Melvin Hubbard, un jeune garçon, est le seul témoin de la scène. Ce sera le personnage principal de l’histoire et non pas le célèbre Wild Bill Hickock qui n’a qu’un rapport lointain avec l’histoire. On voit alors Melvin accomplir différents petits boulots pour survivre. Le scénario est de fait diablement bien construit et ne donne son sens que dans les dernières pages du livre. Ce western a quelque chose de crépusculaire, dans le genre des films d'Eastwood.
A signaler que cet album est entièrement dessiné en couleurs réelles et c’est une merveille. Les fans de la série Deadwood (dont je suis) apprécieront aussi à sa juste valeur ce one shot.
Cette BD n'est pas l'une des meilleures oeuvres d'Alan Moore, mais cela reste un très bon comics de super-héros.
Déjà, il faut savoir que même si l'histoire racontée ici a une vraie fin, son début par contre fait suite à d'autres aventures du même héros. Captain Britain n'est pas en effet une création d'Alan Moore comme je le pensais mais un personnage qui avait existé auparavant, qui avait déjà vécu des aventures et qu'on retrouve sur la fin d'une d'entre elles au début du présent album. C'est un peu déroutant quand on ne connaît pas le personnage car il est entouré d'autres personnes dont on ne sait rien, dans une situation déjà relativement complexe et que les évènements viennent encore davantage chambouler.
Le commencement de cette BD est donc un petit peu ardu à appréhender. Et à la difficulté à rentrer dès les premières pages dans le récit s'ajoute la longueur de cette introduction, car ce n'est qu'arrivé à la moitié de l'album environ que l'on rentre dans le vif du sujet avec la rencontre entre Captain Britain et Captain UK. Et toute cette introduction manque un peu d'accroche pour captiver le lecteur.
Autre semi-déception, j'imaginais en Captain Britain un détournement irrévérencieux et intelligent des super-héros à l'américaine par un Alan Moore décidé à mettre en avant les spécificités européennes et plus spécialement britanniques. Au lieu de ça, le fait que Captain Britain soit le héraut de la tradition celtique britannique n'a que très peu d'importance dans cette histoire. Tout au plus voit-on Merlin intervenir à distance et l'ennemi prendre la forme d'une sorte de Chapelier Fou de Lewis Caroll, pour le reste le décor britannique et l'Union Jack auraient très bien pu être remplacés par les habituels USA et la bannière étoilée.
En outre, le glorieux Captain Britain parait souvent bien minable, passant son temps à sauter sur des ennemis aussi ou plus puissants que lui et se ramassant le plus souvent de gros coups qui le mettent KO et forcent tout son entourage à venir à son secours, si ce n'est à le ressusciter ni plus ni moins. Gentil mais pas très imposant comme grand héros d'une nation quand n'importe quel mercenaire de l'espace semble au moins aussi fort que lui.
Passé ces petites mises en garde, le récit est quand même très bon et le dessin tout à fait correct pour le mettre en forme.
On retrouve de nombreuses influences d'autres oeuvres d'Alan Moore. Miracleman est largement cité bien sûr, mais on retrouve aussi l'idée de Suprême de voir de nombreuses versions d'un même super-héros. L'abondance de personnages aux super-pouvoirs divers et une petite dose d'humour fait aussi penser à Top 10. L'Angleterre tombant sous une férule faciste fait penser à V pour Vendetta. Bref, autant d'idées parfois déjà-vues mais formant ici un tout néanmoins sympathique.
Et autant la première moitié du récit manque un peu de liant, autant il devient assez palpitant et prenant par la suite. Raconté avec intelligence, il captivera le lecteur amateur d'histoires pertinentes de super-héros modernes.
Au final, malgré quelques petites déceptions, j'ai passé un très bon et dense moment de lecture que je conseille aux férus d'Alan Moore comme aux autres amateurs de super-héros.
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Abdallahi
Quelle bonne idée que de dessiner l'histoire de René Caillé, un des plus grands explorateurs Français, qui a versé sang et larmes pour être le premier Européen à entrer dans la fameuse cité de Tombouctou. On suit les traces d'un homme hors du commun, le premier à avoir compris que se couler dans les structures sociales locales et se convertir à l'Islam ouvriraient plus de portes dans le Sahel que l'usage brutal de la force. Parti de rien, tout seul, avec un capital ridicule, René Caillé réussit là où les expéditions ayant infiniment plus de moyens humains et matériels ont toutes échoué avant lui. Mais cette réussite se fait au prix d'un lourd tribut en terme de santé et en termes sociaux - sa conversion à l'Islam, faite pour la grandeur de la France, l'amèneront à être vu comme un traître aux yeux de tous. Les dessins et les couleurs directes sont véritablement superbes et rendent admirablement bien les ambiances, les paysages d'Afrique et les communautés rencontrées - c'est assez rare pour être souligné ! L'album ne fait pas l'impasse sur les questions existentielles qui ne manquent pas de hanter ce personnage vivant dans une extrême solitude, à la merci des relations qu'il entretient avec ses compagnons de voyage. Mais c'est ici que l'album pêche, en flanquant René Caillé d'un très improbable guide africain, Arafanba, qui n'a pas grand chose d'africain à part son nom et la couleur de sa peau, et qui chaperonne l'explorateur tout en philosophant avec lui pour lui donner une mauvaise conscience typique de l'anti-colonialisme mou. Il me semble que cet ajout inutile et fort peu crédible déprécie la force et la singularité de l'exploit, empêchant de se rapprocher de René Caillé et de mieux le comprendre (l'histoire est beaucoup plus imaginée que fidèle à ce qu'à écrit Caillé ou qu'à ce qui a été écrit à son sujet). Malgré cela, cet album reste néanmoins des plus réussi, sort des sentiers battus, et mérite à coup sûr la lecture.
Les Petits Riens
Que certains auteurs amateurs sans talent (je ne cite pas de noms pour ne pas faire de pub à "Lovely Goretta") aient réussi, grâce à un effet de mode, à transformer en vrais livres les platitudes mal dessinées qu'ils affichent sur leur page internet pour que des inconnus viennent y déposer un "kikoolol tro for ta bd, é tu lach 1 komentèr sur mon skyblog toa ossi m1tnan steuplé ?", est un phénomène assez fâcheux. Néanmoins, quand c'est une pointure comme Lewis Trondheim qui décide de se mettre au format "blog", le résultat est assez savoureux et, pour le coup, mérite largement de devenir une série de vrais livres. Est-ce que ça vaut le coup d'acheter le livre quand on a déjà lu toutes les planches sur le blog jour après jour ? Je dirais oui. Moi, ça m'a fait autant marrer quand j'ai lu le livre que la première fois que j'ai lu "Les Petits Riens" sur le net. En plus, sur le site les planches disparaissent au fur et à mesure, ce qui justifie d'autant plus l'achat. Pour ce qui est du contenu, ben, c'est du Trondheim pur jus, qui ne décevra pas plus qu'il ne surprendra ses fans. Fidèle à lui-même, Lewis fait ce qu'il sait si bien faire : raconter des petites anecdotes, la plupart du temps assez rigolotes, parfois inquiétantes ou tristes, sur sa petite vie d'auteur de BD. Évidemment, ça ressemble à ses Carnet de bord, à Approximativement, même un peu à Désoeuvré. Évidemment, si vous cherchez plutôt une grande aventure épique, vous ne serez pas forcément subjugué par des histoires de t-shirt sous une chemise à manches courtes ou de bout de barre chocolat-fruits secs qui tombe par terre. Et si vous aimez les Romans Graphiques sérieux et profonds qui font vachement réfléchir sur le sens de la vie et délivrent de puissants messages sur l'amour (qui est triste) et le racisme (qui est mal), vous n'allez pas forcément rigoler quand Lewis et Joann collent exprès du PQ sous leur chaussure pour faire un gag à deux balles dans un festival BD, ou quand Lewis bourré fait du sabre-laser en jouant du piano pour montrer à ses potes qu'il est plus fort que Dark Vador. Par contre, ben, si vous aimez bien les couillonnades habituelles de Lewis-le-parano, Lewis-l'hypocondriaque, Lewis-le-gamin, Lewis-le-rigolo, pas d'hésitation, ce petit album (et ceux qui suivront) a sa place dans votre collection.
La Vie de Bouddha
Ne connaissant rien au manga, je croyais que ceux-ci étaient orientés vers le sexe ou la violence, que les dessins étaient stéréotypés et bien détrompez-vous avec Tezuka. Ayant commencé la lecture de l'oeuvre de Tezuka par L'histoire des 3 Adolf et Métropolis, je dois dire que la vie de Boudddha m'a particulièrement plu. On peut être surpris par le trait du dessin propre à cet auteur, mais la naïveté du trait ne retire rien à la force du récit. Parfois dérouté par les anachronismes qui jalonnent les tomes, il faut avouer que cette première impression passée, on s'y habitue très bien, et ces anachronismes ajoutent de l'humour à l'histoire. Des rebondissements, des trahisons, des leçons de courage et d'altruisme, voilà les piliers de ce monument. L'épaisseur des tomes, environ 400 pages chacun, peut rebuter les moins avides, mais la lecture est agréable et bien rythmée. Sur le plan de la mise en page, on peut regretter la laideur des couvertures, surtout vu le prix, ainsi que le sens de lecture occidental. Quelques coquilles apparaissent parfois dans le texte, mais rien de bien grave. Cette oeuvre m'a donné envie de poursuivre la lecture de cet auteur, qui semble être le Hergé du manga.
Les Chercheurs de trésor
Je ne suis pas un grand fan du style de David B. et pourtant cette série m’a beaucoup plu. C’est en lisant les précédents avis que j’ai décidé de me lancer dans cette série. Je n’ai pas du tout regretté. Le moins que l’on puisse dire est que cette série est très originale. David B. nous plonge dans un conte oriental rempli de monstres et de rêves. Son dessin est tout à fait adapté à ce style d’histoire. La mise en couleur est agréable, c’est peut-être ce qui me manquait sur l’Ascension du Haut-Mal. Par contre, j’ai trouvé, après lecture des deux albums, que l’intrigue était un peu compliquée à suivre et qu’on n’avançait pas beaucoup. Alors peut-être faudra-t-il attendre quelques années pour connaître et saisir tout le sens profond de cette œuvre ? A n’en pas douter, cependant, ceci est une très grande série qui mérite qu’on s'y attarde un peu.
Le Mercenaire
Conan le barbare dans un monde que je n'aurais pas imaginé. Celui qui n'a pas lu Howard et les moult aventures guerrières et érotiques de ce géant Cimmérien, ne peut pas apprécier le simplisme des scénarios. Voilà, rien de vraiment fulgurant au premier abord, mais le dessin... Ha le dessin de Segrelles... que dire... rien, il faut le voir. Il se dévore case après case, chaque détail a son importance. Je connais peu d'auteurs avec un tel souci de la perfection. Rien que pour en avoir plein les yeux et pour se détendre.
Trinité
Note approximative : 3.5/5 La première rencontre entre Superman/Batman et Wonderwoman mise en image dans un long récit d'aventure, voilà qui a de quoi allécher l'amateur de l'univers DC que je suis. Le résultat en est plutôt bon sans être réellement fantastique. Comme il s'agit de leur première rencontre, ce récit se passe bien sûr à une époque antérieure aux développements actuels de l'univers DC. Cela se passe à une époque où Batman et Superman travaillent déjà souvent ensemble mais où ni l'un ni l'autre n'avaient rencontré Wonder Woman, encore fraîchement issue de son île paradisiaque. Pas encore de Justice League of America, donc, nous en sommes loin. Cette rencontre est relativement bien amenée et les personnalités des trois super-héros se confrontent avec un assez bon réalisme, amenant quelques dialogues et situations intéressants. Je ne ferais qu'un reproche concernant le personnage de Batman à qui il est donné, à mes yeux, un comportement trop puéril par moments, notamment dans ses dialogues qui donnent l'impression de voir parler un adolescent têtu. Mais ce n'est pas trop visible et donc moins gênant que certains passages me l'avaient fait craindre en début de lecture. L'intrigue du récit en elle-même maintenant est assez banale. Face à notre trinité de héros, un trio de super-méchants s'imposait : Ra's al Ghul à leur tête (comme ennemi de Batman), Bizarro à son service (comme ennemi de Superman) et une rebelle amazone (pour Wonder Woman). Ces trois-là oeuvrent pour un plan mettant en scène des fusées nucléaires volées et le désir de détruire ce qui forge le monde moderne et ses dérives libéralistes qui répugnent l'éco-terroriste Ra's al Ghul. Une intrigue suffisamment bien construite pour être assez captivante mais sans grande originalité ni véritable passion pour le lecteur. Le dessin, quant à lui, est assez typé, pas particulièrement joli mais sympathique et agréable à lire. Il est cependant nettement meilleur concernant les personnages que les véhicules. Les avions et autres hélicoptères sont en effet assez ratés. Sans parler du ridicule d'un assemblage flottant apparaissant en fin d'histoire, formé de deux fusées nucléaires accolées de manière suggestive de deux grosses bouées rondes à leur base. Une lecture assez sympathique, une première rencontre entre trois personnages légendaires de l'univers DC réaliste et bien rendue, mais une intrigue sans grande surprise. Ne vous attendez pas à un chef-d'oeuvre, juste à un bon moment de lecture.
Désoeuvré
C’est suite à l’annonce de l’arrêt de "Lapinot" que Trondheim s’est lancé dans l’écriture de "Désoeuvré". Ce livre est comme souvent un travail autobiographique (comme Approximativement, ou les carnets de bord…), mais ce n’est pas que cela ; le prétexte, ici, n’est pas de nous montrer Lewis dans son quotidien, mais surtout de le comprendre dans son métier de dessinateur. Trondheim s’est lancé dans une réflexion sur son travail d’auteur et sa soi-disant déprime artistique. Trondheim ne se sentant plus capable de créer quelque chose de novateur et traversant un passage à vide, s’interroge sur cette situation. Comme dans ses carnets de bord, on le retrouve grimé en oiseau et on rencontre un certain nombre de ses comparses de la nouvelle génération de la bande dessinée (toujours marrant de connaître ses considérations sur ses collègues). Une des théories intéressantes du bouquin évoque le vieillissement des dessinateurs qui les pousse inexorablement vers une forme d’automatisme et ne peut qu’entraîner leur déclin. Ce livre m’a vraiment beaucoup plu car c’est une vraie réflexion théorique sur le travail de l’artiste et le sens que l’on donne au mot « œuvre ». Trondheim s’interroge sur le travail de dessinateurs célèbres, évoque ses créations, ses ruptures. Il s’informe sur des auteurs comme, Hergé, Bilal, Degotte…, fait des rencontres. Celle avec Gotlib et Tibet est tout à fait intéressante car elle permet de montrer deux façons d’appréhender le métier. L’un des auteurs Tibet poursuit son travail, contre vents et marées, mais reste fidèle à son style de départ. L’autre, Gotlib, s’est arrêté en pleine gloire, car il ne se croyait plus capable de dessiner comme à la belle époque. Alors, il est vrai que ceux qui ne s’intéressent pas au travail de Trondheim trouveront peut-être ce livre assommant et par certains côtés trop nombriliste. Mais, pour ma part, j’ai beaucoup aimé, il est rare de trouver un grand auteur de son vivant s’interroger sur son travail et se remettre ainsi en question.
Où le regard ne porte pas...
Dans ce diptyque, j’ai nettement préféré le premier tome. Il raconte l’enfance des quatre personnages, 3 garçons, une fille, avec beaucoup de tendresse. La narration prend son temps, on s’attarde sur les paysages méditerranéens, la nature, les animaux. La vision est assez panthéiste, comme dans les films de Terrence Malick. Tout cela se mélange avec les thèmes de l’enfance, de l’amour pour la petite Lisa, sans oublier les conflits et les drames. On avait un vrai sentiment de bien-être à la lecture de cet album. Dans le deuxième tome, le côté tendresse a totalement disparu, les personnages ont vieilli et ont perdu de leur innocence. L’émergence du fantastique m’a un peu gêné. Elle ne cadrait pas avec l’ambiance du premier tome. De ce fait, j’ai été un peu déçu, même si la fin est en tout point magnifique et permet de saisir un vrai moment d’émotion. Le dessin d’Olivier Pont, surtout, grâce à son travail sur les décors, est remarquable. Je mettrais 4 étoiles au premier tome, 3 au second. Ce qui fait 3,5, mais j’arrondis à 4, car cela me semble plus justifié.
On a tué Wild Bill
J’aime beaucoup les westerns, j’aime aussi le dessin d’Hermann, mais je n’ai pas toujours été convaincu par ses one shot, que ce soit Sarajevo-Tango ou Caatinga. J’ai cependant bien apprécié cet album. Je n'ai pas oublié qu'Hermann avait déjà travaillé sur un précédent western Comanche, une de ses meilleures séries. L’histoire est simple : quatre bandits assassinent une famille de chercheurs d'or. Melvin Hubbard, un jeune garçon, est le seul témoin de la scène. Ce sera le personnage principal de l’histoire et non pas le célèbre Wild Bill Hickock qui n’a qu’un rapport lointain avec l’histoire. On voit alors Melvin accomplir différents petits boulots pour survivre. Le scénario est de fait diablement bien construit et ne donne son sens que dans les dernières pages du livre. Ce western a quelque chose de crépusculaire, dans le genre des films d'Eastwood. A signaler que cet album est entièrement dessiné en couleurs réelles et c’est une merveille. Les fans de la série Deadwood (dont je suis) apprécieront aussi à sa juste valeur ce one shot.
Captain Britain - La Fin du Monde
Cette BD n'est pas l'une des meilleures oeuvres d'Alan Moore, mais cela reste un très bon comics de super-héros. Déjà, il faut savoir que même si l'histoire racontée ici a une vraie fin, son début par contre fait suite à d'autres aventures du même héros. Captain Britain n'est pas en effet une création d'Alan Moore comme je le pensais mais un personnage qui avait existé auparavant, qui avait déjà vécu des aventures et qu'on retrouve sur la fin d'une d'entre elles au début du présent album. C'est un peu déroutant quand on ne connaît pas le personnage car il est entouré d'autres personnes dont on ne sait rien, dans une situation déjà relativement complexe et que les évènements viennent encore davantage chambouler. Le commencement de cette BD est donc un petit peu ardu à appréhender. Et à la difficulté à rentrer dès les premières pages dans le récit s'ajoute la longueur de cette introduction, car ce n'est qu'arrivé à la moitié de l'album environ que l'on rentre dans le vif du sujet avec la rencontre entre Captain Britain et Captain UK. Et toute cette introduction manque un peu d'accroche pour captiver le lecteur. Autre semi-déception, j'imaginais en Captain Britain un détournement irrévérencieux et intelligent des super-héros à l'américaine par un Alan Moore décidé à mettre en avant les spécificités européennes et plus spécialement britanniques. Au lieu de ça, le fait que Captain Britain soit le héraut de la tradition celtique britannique n'a que très peu d'importance dans cette histoire. Tout au plus voit-on Merlin intervenir à distance et l'ennemi prendre la forme d'une sorte de Chapelier Fou de Lewis Caroll, pour le reste le décor britannique et l'Union Jack auraient très bien pu être remplacés par les habituels USA et la bannière étoilée. En outre, le glorieux Captain Britain parait souvent bien minable, passant son temps à sauter sur des ennemis aussi ou plus puissants que lui et se ramassant le plus souvent de gros coups qui le mettent KO et forcent tout son entourage à venir à son secours, si ce n'est à le ressusciter ni plus ni moins. Gentil mais pas très imposant comme grand héros d'une nation quand n'importe quel mercenaire de l'espace semble au moins aussi fort que lui. Passé ces petites mises en garde, le récit est quand même très bon et le dessin tout à fait correct pour le mettre en forme. On retrouve de nombreuses influences d'autres oeuvres d'Alan Moore. Miracleman est largement cité bien sûr, mais on retrouve aussi l'idée de Suprême de voir de nombreuses versions d'un même super-héros. L'abondance de personnages aux super-pouvoirs divers et une petite dose d'humour fait aussi penser à Top 10. L'Angleterre tombant sous une férule faciste fait penser à V pour Vendetta. Bref, autant d'idées parfois déjà-vues mais formant ici un tout néanmoins sympathique. Et autant la première moitié du récit manque un peu de liant, autant il devient assez palpitant et prenant par la suite. Raconté avec intelligence, il captivera le lecteur amateur d'histoires pertinentes de super-héros modernes. Au final, malgré quelques petites déceptions, j'ai passé un très bon et dense moment de lecture que je conseille aux férus d'Alan Moore comme aux autres amateurs de super-héros.