C’est probablement la série qui m’a fait entrer dans le monde de la bande dessinée adulte, il y a bien longtemps – je devais avoir une quinzaine d’années.
Si une partie de l’arrière plan historique m’avait peut-être échappé à l’époque, j’avais été captivé par ce grand récit d’aventure, avec des personnages à la personnalité affirmée. Et probablement aussi attiré par les personnages féminins et leur anatomie tout aussi affirmée !...
Par contre, je n’avais pas été rebuté par la profusion de termes de marine, car je lisais avidement à l’époque les aventures de Richard Bolitho écrites par Alexander Kent.
J’ai depuis régulièrement relue cette série, la dernière fois après la parution des deux derniers tomes. C’est par eux que je veux commencer, car ils ont failli me pousser à ne mettre que 4 étoiles. Failli seulement il est vrai…
D’abord ils ont été publiés longtemps après le reste de la série, cette coupure se ressentant dans le dessin, et étant accentuée par la coupure dans l’intrigue. Moins « maritime », on est là dans un épilogue répondant aux questions que se posaient les lecteurs de cette série à propos du devenir des personnages principaux. Le ton est aussi différent (l’auteur a muri aussi bien sûr).
Mais au final, j’ai quand même bien aimé ces deux albums : le dessin est excellent ! C’est juste que le rythme est plus lent, le temps se dilate, mais on le prend avec Bourgeon, ce temps (aurait-il dû ne faire qu’un tome supplémentaire ? Peut-être, mais bon…). Un peu moins aimé quand même que le reste, mais pas au point d’enlever cette étoile à la série.
Car je dois dire que pour les cinq albums de la première partie, même si je concède quelques « retombées » dans l’action, je reste encore admiratif du scénario de Bourgeon – ce n’est d’ailleurs pas la seule série de lui que je place très haut ! (il faut lire aussi Le Cycle de Cyann ou Les Compagnons du Crépuscule).
Il a su restituer un monde, une époque, le commerce triangulaire, l’aventure outremer, le petit monde de la marine, grâce à un travail incroyable de recherche (plusieurs livres ont été publiés depuis sur son travail, maquettes à l’appui – livres d’ailleurs à découvrir !). C’est d’autant plus bluffant que ça n’alourdit pas le scénario, bien au contraire. Chapeau bas monsieur Bourgeon !
Certains tiquent de voir Bourgeon abuser d’héroïnes peu farouches, aux formes que leurs vêtements plus ou moins mouillés dévoilent parfois trop. Si cette touche d’érotisme avait beaucoup fait pour m’attirer lors des premières lectures d’adolescent, je considère encore qu’il n’y a là aucune fausse note. Atypiques, ses héroïnes le sont, certes. Mais pas improbables (il n’y a qu’à voir la littérature du XVIIIème siècle, de Laclos à Sade pour leur reconnaître une parenté avec les créatures de Bourgeon). En tout cas, c’est pour moi un plus pour le lecteur que je suis. Un érotisme qui s’intègre à l’épopée et lui donne encore plus de souffle.
Le dessin lui est vraiment très bon – et c’est souvent peu de le dire ! Et il ne fait vraiment pas son âge je trouve. S’il a bien sûr évolué – voir ma remarque concernant les deux derniers albums, il a d’emblée été remarquable, et l’est resté. Cette remarque est valable pour les décors comme pour les personnages.
C’est donc tout autant les qualités intrinsèques de cette série qui me font la considérer comme culte, mais aussi l’importance qu’elle a eu dans ma découverte de la bande dessinée adulte, et dans la bande dessinée tout court d’ailleurs.
Une grande histoire à lire et relire, c’est ample et détaillé, c’est lyrique et dépouillé, c’est une grande œuvre que tout amoureux de bande dessinée se doit d’avoir lue !
Culte pour moi aussi !
Le Pouvoir des innocents impressionne par la qualité et la densité de son scénario. Luc Brunschwig, que j'avais déjà repéré dans L'Esprit de Warren, prouve qu'il est un scénariste surdoué. L'intrigue est impeccablement construite et littéralement addictive. Brunschwig casse la linéarité de son récit en introduisant nombre de flashbacks qui permettent de travailler et de densifier au maximum ses personnages principaux. Le développement de l'histoire des personnages, loin de casser le rythme, complexifie le scénario et donne une force incroyable à la série. L'imbrication des histoires personnelles et de la trame principale est un petit bijou de narration.
L'univers, sombre et ultra-violent, tend vers la dystopie. Et pourtant, les auteurs ancrent leur saga dans un cadre réaliste et contemporain. Ils fleurtent au début avec un certain manichéisme mais c'est pour mieux surprendre le lecteur. Car progressivement, s'instaure un climat glauque et dérangeant qui « grise » les personnages comme les situations.
Les dessins de Laurent Hirn sont particuliers et très expressifs. Ils s'améliorent tout au long de la série et donnent un certain cachet.
Sombre, dérangeant et passionnant, Le Pouvoir des innocents est une série à lire absolument.
Un très grand bravo aux auteurs !
En relisant mes vieilles BD, je me répète que La Patrouille des Libellules représente un des sommets du genre.
En trois albums, Yann, plus méchant et incisif que jamais, manie toutes les ficelles de l'humour avec une aisance impressionnante.
Bien sûr, je reconnais que le scénario est décousu, qu'il y a des ellipses et des sauts spatio-temporels parfois déstabilisants, mais l'histoire se tient incontestablement et Yann va là où il veut nous amener. Le premier album constitue un récit complet parodique où se mêlent trépidations scoutes et espionnage à la fin des années 1930. Les deux suivants entament un cycle durant lequel l'histoire de la Seconde Guerre mondiale fournit une trame de fond, sans être pesante ni didactique. Car l'important dans La Patrouille des Libellules c'est l'humour, et chacun en prend pour son grade.
Si l'humour de Yann est aussi efficace, c'est qu'il écorne avec une rare pertinence les travers de la BD franco-belge bien pensante. La Patrouille des Libellules est l'antithèse de La Patrouille des Castors. Cette dernière série qui relate les aventures d'un groupe de scouts parés des plus grandes qualités chrétiennes (courage, honnêteté, fidélité, foi en Dieu…) est emblématique des valeurs traditionnelles (pour ne pas dire traditionalistes) que Charles Dupuis voulait défendre dans le magazine Spirou, pour l'édification de la jeunesse. Il est évident que Yann a lu Spirou, ainsi que les romans à succès de la littérature scoute, tels que Le Prince Éric (qui apparaît d'ailleurs dans la série en tant que parangon des valeurs chrétiennes et patriotiques). Peut-être a-t-il aussi quelques comptes à régler avec la religion, le gaullisme, la propagande colonialiste…
Toujours est-il qu'il détourne les codes d'avant 1968 pour réécrire une page d'histoire dont le récit a été largement mythifié après-guerre. La Patrouille des Libellules tape juste et appuie là où ça fait mal : le peuple français n'est pas digne dans la défaite, il est volontiers mesquin, stupide, raciste et lâche, De Gaulle est un illuminé qui se prend pour le sauveur, et les fillettes scoutes cachent une libido torride derrière leur idéalisme patriotique.
Ce n'est pas politiquement correct, mais bon sang que c'est drôle : je suis mort de rire à chaque fois que je vois la planche qui compare les cauchemars d'Hitler, Churchill et De Gaulle. Du grand art, je vous dis !
Au dessin, Hardy assure complètement dans la peinture de personnages qui ne sont que des caricatures. Après plusieurs essais (Arkel avec Desberg, Lolo et Sucette avec Yann), il a fini par rencontrer un certain succès avec la série Pierre Tombal, et a choisi d'y consacrer tout son talent. C'est gentillet… je préférais ses œuvres de jeunesse, mais le métier est rude et il faut bien manger.
L'un de mes plus grands regrets en BD est que la série ait été abandonnée, probablement définitivement, car je doute que Yann parvienne à reprendre cette série jugée « pas assez vendeuse » par l'éditeur.
Je crois que si La Patrouille des Libellules a été un échec commercial, ce n'est pas à cause de son ton irrévérencieux. Car dans les années 1980, les humoristes se permettaient d'aller beaucoup plus loin qu'aujourd'hui sans s'auto-censurer. L'humour dans cette œuvre repose sur des références qui ont sans doute bercé l'enfance de Yann, à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Il n'est pas évident que ses lecteurs aient eu les mêmes, et il est donc possible que ses gags aient été perçus comme des private jokes ou des provocations gratuites.
Yann écrivait à la même époque des scénarios que je trouve fabuleux : Les Innommables et Bob Marone avec Conrad, Les Exploits de Yoyo avec Le Gall ou Les Histoires merveilleuses des Oncles Paul. Depuis, il évolué, a diversifié sa production avec plus ou moins de bonheur et je regrette son humour potache.
Mais je ne désespère pas. Récemment, Yann a donné une suite à Bob Marone, après 28 ans d'attente, alors peut-être que nous aurons la chance de lire un jour la suite de La Patrouille des Libellules. Rien ne me ferait plus plaisir.
En attendant, si vous trouvez ces albums chez un bouquiniste, n'hésitez pas à les acheter. Que vous adhériez ou non à l'humour de Yann ou au dessin de Hardy, vous tiendrez dans vos mains une série qui occupe une place majeure dans la bande dessinée d'humour.
J'ai été conquis par les 3 tomes et j'attends le 4eme avec impatience.... après ce début, mises à jour plus bas.
Des 3, c'est Arctic Nation qui m'a le plus captivé, par la densité du scenario et la reconstitution du climat de ce qui pourrait être l'Amérique ségrégationniste, mais aussi une vision futuriste de bien des sociétés...
Sans atteindre le sommet d'Arctic Nation, les deux autres sont cependant excellents : c'est du grand polar noir, avec des femmes fatales sublimissimes, des demi-salauds et de franches ordures et un détective costaud et désabusé.
On imagine très facilement cette BD en film, tellement les changements de plan, les cadrages sont réussis. Le jeu avec les couleurs (très différentes entre les albums) contribue à donner à chacun une ambiance qui lui est propre.
***** Mise à jour suite à lecture du 4eme tome (l'Enfer, le Silence)
J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce 4eme tome. Le cadre est relativement classique (Nouvelle Orléans, Jazz, vaudou...) avec cependant une intrigue qui réserve quelques surprises sur des protagonistes du récit, et de beaux personnages de losers magnifiques. C'est un récit de genre, très réussi.
Le scenario est efficace, mais ce qui fait que je suis fan de la série, c'est surtout par la façon de le raconter visuellement (le dessin, les couleurs et les cadrages... et les idées: dans le 4eme tome, les planches en jeux de lumières à l'ombre des arbres sont magnifiques), et de mettre en relation chaque personnage avec l'animal qui les incarne.
**** Mise à jour suite à lecture du 5eme tome (Amarillo)
Bon, j'aime toujours autant! Encore un autre univers, un passage par le cirque surprenant... on a une surprise avec la famille de Blacksad... les femmes fatales sont toujours craquantes... et fatales! Une réussite que cette série... mon préféré restant Arctic Nation.
Une autre qualité de cette série avec le recul, c'est la diversité des récits et des lieux. Beaucoup de lecteurs différents peuvent y prendre du plaisir.
Une excellente série, qu'il a en effet mieux valu connaitre une fois terminée, tant l'attente a du être insupportable, voire décourageante à l'époque.
Dès le début, on tombe sous le charme de cette bande dessinée, avec ses dessins et couleurs somptueux, ses dialogues soignés, ses personnages attachants et comiques, son univers loufoque, onirique.
J'ai adoré les nombreux passages faisant référence aux rêves, symbolisés par des dessins volontairement plus enfantins, c'est très bien trouvé, comme astuce.
L'univers d'eauxfolles est très plaisant, on retombe vraiment en enfance avec ce château, son roi, ses complots, ses engins bizarres, sa milice maladroite, et la liqueur de coloquinte !
Bravo à Turf pour avoir réussi à imaginer un tel monde, avec ses termes, ses lois, et son propre calendrier, dont les mois peuvent compter d'un à plusieurs centaines de jours !
Vu le nombre de tomes, j'avais peur que la qualité baisse au fur et à mesure de ma lecture, au niveau graphique, mais aussi et surtout au niveau du scénario...Que nenni ! Même si je pense qu'on aurait pu se dispenser d'un tome, la sauce étant tout de même un peu rallongée, le scénario se tient et est parfaitement bouclé !
C'est un vraie histoire originale, parfaitement bien pensée et construite, avec deux univers parallèles bien reliés.
Bref, une histoire en 7 tomes presque parfaite, une de ces BD qui ne deviennent que trop rare.....
(275)
Pour de la flibusterie, on est servi avec Long John Silver. Un petit bijou de BD décomposé en 4 phases distinctes avec une introduction des personnages fouillée et abondante, une virée en mer dévastatrice, une expédition en jungle poisseuse et une conclusion qui termine tous les arcs scénaristique de façon maîtrisée et en feu d'artifice attendu.
Certes, certains trouveront l'introduction trop longue, seront déçus par des aspects transcendantaux un peu simples, pointeront quelques faux raccords sans incidence ou encore regretteront la brièveté de l'apparition de Hastings.
Il n'en reste pas moins une épopée montant en puissance jusqu'à l'explosion, au dessin foisonnant à la colorisation parfaite (les fresques monumentales) pour retranscrire les ambiances, les mouvements et les tensions.
Les auteurs souhaitaient faire de Long John Silver un hommage humble à l'oeuvre de Stevenson. Ils en ont capté l'essence, l'âme sans dénaturer présomptueusement. Chapeau.
Un chef d’œuvre cette bd ! Ma préférée de René Hausman, juste devant le prince des écureuils et nettement meilleure que Laïyna, le camp volant et les chasseurs de l'aube.
C'est un conte moyenâgeux absolument délicieux, magique, cruel et sombre. Le récit est passionnant (le grand Yann au scénario), les dessins magnifiques, rien à jeter. J'adore tout particulièrement certaines planches : La reine qui s'offre au monstre dans la grotte pour préserver sa beauté puis qui fait couper la langue aux témoins de la scène ; les carpes qui parlent, les scènes avec le prince, l'autre princesse qui se jette de la tour. Les visages, les étoffes, la forêt avec ses arbres morts typiquement Hausmanien (pas les stations de métro ^^) c'est magnifique ... )
J'admets tout de même que c'est un peu flou dans mon esprit car je ne possède plus cet album (à retrouver absolument) mais les 3 cheveux blancs représentent personnellement un certain idéal de bd. J'ai dû le lire un bon nombre de fois et c'est cet album qui m'a fait entrer dans le monde noir et merveilleux d'Hausman.
Donc si vous êtes sensible au charme de cette ambiance moyenâgeuse et légendaire, sombre et cruelle, n'hésitez pas.
Seul (petit) reproche comme souvent avec les bds d'Hausman, les planches auraient gagné à être un poil plus contrastées.
4,5
Calvin et Hobbes est pour moi une des plus belles choses que j'ai pu lire. Les personnages sont à la fois touchants et drôles, chaque chose est à sa place et ça fonctionne très bien, c'est un univers à part entière.
Les réflexions sont souvent profondes mais conservent toujours une part de légèreté. J'ai commencé à lire la série à 7 ans et je pense pouvoir la relire à 77 ans avec la même satisfaction.
Avec Servitude, on est servi.
Les dessins de Bourgier sont impressionnants de réalisme tant il se soucie du détail. A la manière d'un Game of Thrones avec une pléiade de personnages tout le monde y trouvera son compte et son/ses favori(s).
De l'heroic fantasy pour adultes, bien loin des blagues à 2 balles de Krän ou encore des histoires pathétiques pour ados boutonneux de Lanfeust. Non, ici il s'agit de nous faire croire à un monde imaginaire en restant réaliste.
Le scénariste contrôle son histoire et nous emmène petit à petit là où il veut. Tout en prenant des risques de perdre quelques lecteurs en route. Son découpage particulier peut surprendre et frustrer. Après un premier tome d'introduction avec certains personnages, le tome 2, lui, part dans une autre direction en occultant 90% de ce que racontait le premier album. Mais cette manière de raconter nous immerge encore plus dans l'histoire et donne de la crédibilité au récit et notamment au monde qu'il dépeint. Le tome 3 lui, réunit les acteurs des 2 précédents tout en augmentant le rythme et en introduisant de nouveaux protagonistes.
Les dessins sont nerveux, les chevaliers sont sales, les combats brutaux, le découpage lisible, mouvements crédibles et proportions respectés.
Petit bémol toutefois, il y a tellement de personnages qu'il est possible de les confondre et Bourgier n'utilise pas beaucoup de couleurs... mais est-ce réellement un reproche ?
Oserait-on dire que Servitude dépasse la bande dessinée traditionnelle? Servitude n'est pas seulement des cases qui s'enchaînent avec des dialogues justes. Non, c'est aussi des lettres manuscrites d'un certain Ulfas, le testament de Bregor ou encore le chant d'Anoroer complété par des dossiers expliquant le mode de vie Drekkar, présentant les principaux protagonistes ou résumant la bataille d'Al Astan à la manière d'un compte rendu militaire.
Une ombre au tableau peut-être? Oui, le temps d'attente entre chaque album. Publiée en 2006, la série ne compte à ce jour que trois albums. Mais si c'est le prix à payer pour obtenir la qualité, alors l'attente sera bien vite pardonnée.
Messieurs David et Bourgier, sommes-nous servis ou servants ?
Jamais je n'aurais mis une semaine à lire une BD. Une vraie semaine, en lisant tout les jours ! C'est vous dire à quel point cette BD est dense. En fait je crois bien que c'est la plus dense et la plus riche qui me soit passée entre les mains. La forme y fait beaucoup (recueil de 20 récits différents), mais c'est aussi le contenu qui joue.
Il serait très difficile de décrire simplement ce pavé, tant au niveau du dessin qu'au niveau des contenus, chacun différant très franchement des autres. J'avoue avoir eu du mal avec deux trois styles de dessins, mais en général c'est excellent et totalement en rapport avec le contenu. Chacun utilise son dessin pour sa propre narration, chacun à son style de représentation (on retrouve Guibert avec le mélange dessin/photo, ou Joe Sacco avec ses dessins si particuliers, ...) et chacun représente à sa façon le reportage.
C'est d'ailleurs l'un des seuls reproche que je pourrais faire à cette BD, la façon de faire son petit reportage. Chacun fait à sa manière, et j'en ai trouvé moins intéressant que d'autres, surtout quand il s'agit de tranches de vies et de petit quotidien, en rapport avec les autres récits sur des sujets bien plus graves. Mais en fin de compte, ils se lisent tout aussi bien, mais je trouve qu'ils ont largement moins d'impact, notamment dans le mélange qui est fait entre tout les auteurs. Mais en fin de compte, ce recueil c'est une ballade dans le monde, entre nos régions de France et tout ce qu'on peut voir, entre les circuits touristiques, la vie quotidienne ou la misère des gens. C'est un panorama du monde et de ses habitants, et tant que tel, le recueil est richissime.
Ce qui me fait donner la note, c'est tout à la fois la richesse des dessins, la densité de l'ouvrage, mais également le contenu des récits, dont certains méritent à eux seuls la lecture de l'intégrale. S'ajoute aussi un atout non négligeable, et que je trouve crucial : ce pavé est également un excellent moyen d'appréhender la BD-reportage, celle qui se veut documentaire en allant directement sur le terrain. J'apprécie énormément ce genre de lecture, et je ne peux que encourager les récits dans ce sens. Ce pavé contient 20 récits de ce genre. Que pouvais-je demander de plus ?
Si vous aimez vous documenter, que vous voulez voir du monde, que vous souhaitez en apprendre plus sur la planète où nous vivons, si vous aimez les reportages, ce recueil est fait pour vous. Si vous n'entrez pas dans ces catégories, ce recueil vous permettra d'aimer le genre. Il est donc aussi fait pour vous.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Les Passagers du vent
C’est probablement la série qui m’a fait entrer dans le monde de la bande dessinée adulte, il y a bien longtemps – je devais avoir une quinzaine d’années. Si une partie de l’arrière plan historique m’avait peut-être échappé à l’époque, j’avais été captivé par ce grand récit d’aventure, avec des personnages à la personnalité affirmée. Et probablement aussi attiré par les personnages féminins et leur anatomie tout aussi affirmée !... Par contre, je n’avais pas été rebuté par la profusion de termes de marine, car je lisais avidement à l’époque les aventures de Richard Bolitho écrites par Alexander Kent. J’ai depuis régulièrement relue cette série, la dernière fois après la parution des deux derniers tomes. C’est par eux que je veux commencer, car ils ont failli me pousser à ne mettre que 4 étoiles. Failli seulement il est vrai… D’abord ils ont été publiés longtemps après le reste de la série, cette coupure se ressentant dans le dessin, et étant accentuée par la coupure dans l’intrigue. Moins « maritime », on est là dans un épilogue répondant aux questions que se posaient les lecteurs de cette série à propos du devenir des personnages principaux. Le ton est aussi différent (l’auteur a muri aussi bien sûr). Mais au final, j’ai quand même bien aimé ces deux albums : le dessin est excellent ! C’est juste que le rythme est plus lent, le temps se dilate, mais on le prend avec Bourgeon, ce temps (aurait-il dû ne faire qu’un tome supplémentaire ? Peut-être, mais bon…). Un peu moins aimé quand même que le reste, mais pas au point d’enlever cette étoile à la série. Car je dois dire que pour les cinq albums de la première partie, même si je concède quelques « retombées » dans l’action, je reste encore admiratif du scénario de Bourgeon – ce n’est d’ailleurs pas la seule série de lui que je place très haut ! (il faut lire aussi Le Cycle de Cyann ou Les Compagnons du Crépuscule). Il a su restituer un monde, une époque, le commerce triangulaire, l’aventure outremer, le petit monde de la marine, grâce à un travail incroyable de recherche (plusieurs livres ont été publiés depuis sur son travail, maquettes à l’appui – livres d’ailleurs à découvrir !). C’est d’autant plus bluffant que ça n’alourdit pas le scénario, bien au contraire. Chapeau bas monsieur Bourgeon ! Certains tiquent de voir Bourgeon abuser d’héroïnes peu farouches, aux formes que leurs vêtements plus ou moins mouillés dévoilent parfois trop. Si cette touche d’érotisme avait beaucoup fait pour m’attirer lors des premières lectures d’adolescent, je considère encore qu’il n’y a là aucune fausse note. Atypiques, ses héroïnes le sont, certes. Mais pas improbables (il n’y a qu’à voir la littérature du XVIIIème siècle, de Laclos à Sade pour leur reconnaître une parenté avec les créatures de Bourgeon). En tout cas, c’est pour moi un plus pour le lecteur que je suis. Un érotisme qui s’intègre à l’épopée et lui donne encore plus de souffle. Le dessin lui est vraiment très bon – et c’est souvent peu de le dire ! Et il ne fait vraiment pas son âge je trouve. S’il a bien sûr évolué – voir ma remarque concernant les deux derniers albums, il a d’emblée été remarquable, et l’est resté. Cette remarque est valable pour les décors comme pour les personnages. C’est donc tout autant les qualités intrinsèques de cette série qui me font la considérer comme culte, mais aussi l’importance qu’elle a eu dans ma découverte de la bande dessinée adulte, et dans la bande dessinée tout court d’ailleurs. Une grande histoire à lire et relire, c’est ample et détaillé, c’est lyrique et dépouillé, c’est une grande œuvre que tout amoureux de bande dessinée se doit d’avoir lue !
Le Pouvoir des innocents
Culte pour moi aussi ! Le Pouvoir des innocents impressionne par la qualité et la densité de son scénario. Luc Brunschwig, que j'avais déjà repéré dans L'Esprit de Warren, prouve qu'il est un scénariste surdoué. L'intrigue est impeccablement construite et littéralement addictive. Brunschwig casse la linéarité de son récit en introduisant nombre de flashbacks qui permettent de travailler et de densifier au maximum ses personnages principaux. Le développement de l'histoire des personnages, loin de casser le rythme, complexifie le scénario et donne une force incroyable à la série. L'imbrication des histoires personnelles et de la trame principale est un petit bijou de narration. L'univers, sombre et ultra-violent, tend vers la dystopie. Et pourtant, les auteurs ancrent leur saga dans un cadre réaliste et contemporain. Ils fleurtent au début avec un certain manichéisme mais c'est pour mieux surprendre le lecteur. Car progressivement, s'instaure un climat glauque et dérangeant qui « grise » les personnages comme les situations. Les dessins de Laurent Hirn sont particuliers et très expressifs. Ils s'améliorent tout au long de la série et donnent un certain cachet. Sombre, dérangeant et passionnant, Le Pouvoir des innocents est une série à lire absolument. Un très grand bravo aux auteurs !
La Patrouille des Libellules
En relisant mes vieilles BD, je me répète que La Patrouille des Libellules représente un des sommets du genre. En trois albums, Yann, plus méchant et incisif que jamais, manie toutes les ficelles de l'humour avec une aisance impressionnante. Bien sûr, je reconnais que le scénario est décousu, qu'il y a des ellipses et des sauts spatio-temporels parfois déstabilisants, mais l'histoire se tient incontestablement et Yann va là où il veut nous amener. Le premier album constitue un récit complet parodique où se mêlent trépidations scoutes et espionnage à la fin des années 1930. Les deux suivants entament un cycle durant lequel l'histoire de la Seconde Guerre mondiale fournit une trame de fond, sans être pesante ni didactique. Car l'important dans La Patrouille des Libellules c'est l'humour, et chacun en prend pour son grade. Si l'humour de Yann est aussi efficace, c'est qu'il écorne avec une rare pertinence les travers de la BD franco-belge bien pensante. La Patrouille des Libellules est l'antithèse de La Patrouille des Castors. Cette dernière série qui relate les aventures d'un groupe de scouts parés des plus grandes qualités chrétiennes (courage, honnêteté, fidélité, foi en Dieu…) est emblématique des valeurs traditionnelles (pour ne pas dire traditionalistes) que Charles Dupuis voulait défendre dans le magazine Spirou, pour l'édification de la jeunesse. Il est évident que Yann a lu Spirou, ainsi que les romans à succès de la littérature scoute, tels que Le Prince Éric (qui apparaît d'ailleurs dans la série en tant que parangon des valeurs chrétiennes et patriotiques). Peut-être a-t-il aussi quelques comptes à régler avec la religion, le gaullisme, la propagande colonialiste… Toujours est-il qu'il détourne les codes d'avant 1968 pour réécrire une page d'histoire dont le récit a été largement mythifié après-guerre. La Patrouille des Libellules tape juste et appuie là où ça fait mal : le peuple français n'est pas digne dans la défaite, il est volontiers mesquin, stupide, raciste et lâche, De Gaulle est un illuminé qui se prend pour le sauveur, et les fillettes scoutes cachent une libido torride derrière leur idéalisme patriotique. Ce n'est pas politiquement correct, mais bon sang que c'est drôle : je suis mort de rire à chaque fois que je vois la planche qui compare les cauchemars d'Hitler, Churchill et De Gaulle. Du grand art, je vous dis ! Au dessin, Hardy assure complètement dans la peinture de personnages qui ne sont que des caricatures. Après plusieurs essais (Arkel avec Desberg, Lolo et Sucette avec Yann), il a fini par rencontrer un certain succès avec la série Pierre Tombal, et a choisi d'y consacrer tout son talent. C'est gentillet… je préférais ses œuvres de jeunesse, mais le métier est rude et il faut bien manger. L'un de mes plus grands regrets en BD est que la série ait été abandonnée, probablement définitivement, car je doute que Yann parvienne à reprendre cette série jugée « pas assez vendeuse » par l'éditeur. Je crois que si La Patrouille des Libellules a été un échec commercial, ce n'est pas à cause de son ton irrévérencieux. Car dans les années 1980, les humoristes se permettaient d'aller beaucoup plus loin qu'aujourd'hui sans s'auto-censurer. L'humour dans cette œuvre repose sur des références qui ont sans doute bercé l'enfance de Yann, à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Il n'est pas évident que ses lecteurs aient eu les mêmes, et il est donc possible que ses gags aient été perçus comme des private jokes ou des provocations gratuites. Yann écrivait à la même époque des scénarios que je trouve fabuleux : Les Innommables et Bob Marone avec Conrad, Les Exploits de Yoyo avec Le Gall ou Les Histoires merveilleuses des Oncles Paul. Depuis, il évolué, a diversifié sa production avec plus ou moins de bonheur et je regrette son humour potache. Mais je ne désespère pas. Récemment, Yann a donné une suite à Bob Marone, après 28 ans d'attente, alors peut-être que nous aurons la chance de lire un jour la suite de La Patrouille des Libellules. Rien ne me ferait plus plaisir. En attendant, si vous trouvez ces albums chez un bouquiniste, n'hésitez pas à les acheter. Que vous adhériez ou non à l'humour de Yann ou au dessin de Hardy, vous tiendrez dans vos mains une série qui occupe une place majeure dans la bande dessinée d'humour.
Blacksad
J'ai été conquis par les 3 tomes et j'attends le 4eme avec impatience.... après ce début, mises à jour plus bas. Des 3, c'est Arctic Nation qui m'a le plus captivé, par la densité du scenario et la reconstitution du climat de ce qui pourrait être l'Amérique ségrégationniste, mais aussi une vision futuriste de bien des sociétés... Sans atteindre le sommet d'Arctic Nation, les deux autres sont cependant excellents : c'est du grand polar noir, avec des femmes fatales sublimissimes, des demi-salauds et de franches ordures et un détective costaud et désabusé. On imagine très facilement cette BD en film, tellement les changements de plan, les cadrages sont réussis. Le jeu avec les couleurs (très différentes entre les albums) contribue à donner à chacun une ambiance qui lui est propre. ***** Mise à jour suite à lecture du 4eme tome (l'Enfer, le Silence) J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce 4eme tome. Le cadre est relativement classique (Nouvelle Orléans, Jazz, vaudou...) avec cependant une intrigue qui réserve quelques surprises sur des protagonistes du récit, et de beaux personnages de losers magnifiques. C'est un récit de genre, très réussi. Le scenario est efficace, mais ce qui fait que je suis fan de la série, c'est surtout par la façon de le raconter visuellement (le dessin, les couleurs et les cadrages... et les idées: dans le 4eme tome, les planches en jeux de lumières à l'ombre des arbres sont magnifiques), et de mettre en relation chaque personnage avec l'animal qui les incarne. **** Mise à jour suite à lecture du 5eme tome (Amarillo) Bon, j'aime toujours autant! Encore un autre univers, un passage par le cirque surprenant... on a une surprise avec la famille de Blacksad... les femmes fatales sont toujours craquantes... et fatales! Une réussite que cette série... mon préféré restant Arctic Nation. Une autre qualité de cette série avec le recul, c'est la diversité des récits et des lieux. Beaucoup de lecteurs différents peuvent y prendre du plaisir.
La Nef des fous
Une excellente série, qu'il a en effet mieux valu connaitre une fois terminée, tant l'attente a du être insupportable, voire décourageante à l'époque. Dès le début, on tombe sous le charme de cette bande dessinée, avec ses dessins et couleurs somptueux, ses dialogues soignés, ses personnages attachants et comiques, son univers loufoque, onirique. J'ai adoré les nombreux passages faisant référence aux rêves, symbolisés par des dessins volontairement plus enfantins, c'est très bien trouvé, comme astuce. L'univers d'eauxfolles est très plaisant, on retombe vraiment en enfance avec ce château, son roi, ses complots, ses engins bizarres, sa milice maladroite, et la liqueur de coloquinte ! Bravo à Turf pour avoir réussi à imaginer un tel monde, avec ses termes, ses lois, et son propre calendrier, dont les mois peuvent compter d'un à plusieurs centaines de jours ! Vu le nombre de tomes, j'avais peur que la qualité baisse au fur et à mesure de ma lecture, au niveau graphique, mais aussi et surtout au niveau du scénario...Que nenni ! Même si je pense qu'on aurait pu se dispenser d'un tome, la sauce étant tout de même un peu rallongée, le scénario se tient et est parfaitement bouclé ! C'est un vraie histoire originale, parfaitement bien pensée et construite, avec deux univers parallèles bien reliés. Bref, une histoire en 7 tomes presque parfaite, une de ces BD qui ne deviennent que trop rare..... (275)
Long John Silver
Pour de la flibusterie, on est servi avec Long John Silver. Un petit bijou de BD décomposé en 4 phases distinctes avec une introduction des personnages fouillée et abondante, une virée en mer dévastatrice, une expédition en jungle poisseuse et une conclusion qui termine tous les arcs scénaristique de façon maîtrisée et en feu d'artifice attendu. Certes, certains trouveront l'introduction trop longue, seront déçus par des aspects transcendantaux un peu simples, pointeront quelques faux raccords sans incidence ou encore regretteront la brièveté de l'apparition de Hastings. Il n'en reste pas moins une épopée montant en puissance jusqu'à l'explosion, au dessin foisonnant à la colorisation parfaite (les fresques monumentales) pour retranscrire les ambiances, les mouvements et les tensions. Les auteurs souhaitaient faire de Long John Silver un hommage humble à l'oeuvre de Stevenson. Ils en ont capté l'essence, l'âme sans dénaturer présomptueusement. Chapeau.
Les Trois cheveux blancs
Un chef d’œuvre cette bd ! Ma préférée de René Hausman, juste devant le prince des écureuils et nettement meilleure que Laïyna, le camp volant et les chasseurs de l'aube. C'est un conte moyenâgeux absolument délicieux, magique, cruel et sombre. Le récit est passionnant (le grand Yann au scénario), les dessins magnifiques, rien à jeter. J'adore tout particulièrement certaines planches : La reine qui s'offre au monstre dans la grotte pour préserver sa beauté puis qui fait couper la langue aux témoins de la scène ; les carpes qui parlent, les scènes avec le prince, l'autre princesse qui se jette de la tour. Les visages, les étoffes, la forêt avec ses arbres morts typiquement Hausmanien (pas les stations de métro ^^) c'est magnifique ... ) J'admets tout de même que c'est un peu flou dans mon esprit car je ne possède plus cet album (à retrouver absolument) mais les 3 cheveux blancs représentent personnellement un certain idéal de bd. J'ai dû le lire un bon nombre de fois et c'est cet album qui m'a fait entrer dans le monde noir et merveilleux d'Hausman. Donc si vous êtes sensible au charme de cette ambiance moyenâgeuse et légendaire, sombre et cruelle, n'hésitez pas. Seul (petit) reproche comme souvent avec les bds d'Hausman, les planches auraient gagné à être un poil plus contrastées. 4,5
Calvin et Hobbes
Calvin et Hobbes est pour moi une des plus belles choses que j'ai pu lire. Les personnages sont à la fois touchants et drôles, chaque chose est à sa place et ça fonctionne très bien, c'est un univers à part entière. Les réflexions sont souvent profondes mais conservent toujours une part de légèreté. J'ai commencé à lire la série à 7 ans et je pense pouvoir la relire à 77 ans avec la même satisfaction.
Servitude
Avec Servitude, on est servi. Les dessins de Bourgier sont impressionnants de réalisme tant il se soucie du détail. A la manière d'un Game of Thrones avec une pléiade de personnages tout le monde y trouvera son compte et son/ses favori(s). De l'heroic fantasy pour adultes, bien loin des blagues à 2 balles de Krän ou encore des histoires pathétiques pour ados boutonneux de Lanfeust. Non, ici il s'agit de nous faire croire à un monde imaginaire en restant réaliste. Le scénariste contrôle son histoire et nous emmène petit à petit là où il veut. Tout en prenant des risques de perdre quelques lecteurs en route. Son découpage particulier peut surprendre et frustrer. Après un premier tome d'introduction avec certains personnages, le tome 2, lui, part dans une autre direction en occultant 90% de ce que racontait le premier album. Mais cette manière de raconter nous immerge encore plus dans l'histoire et donne de la crédibilité au récit et notamment au monde qu'il dépeint. Le tome 3 lui, réunit les acteurs des 2 précédents tout en augmentant le rythme et en introduisant de nouveaux protagonistes. Les dessins sont nerveux, les chevaliers sont sales, les combats brutaux, le découpage lisible, mouvements crédibles et proportions respectés. Petit bémol toutefois, il y a tellement de personnages qu'il est possible de les confondre et Bourgier n'utilise pas beaucoup de couleurs... mais est-ce réellement un reproche ? Oserait-on dire que Servitude dépasse la bande dessinée traditionnelle? Servitude n'est pas seulement des cases qui s'enchaînent avec des dialogues justes. Non, c'est aussi des lettres manuscrites d'un certain Ulfas, le testament de Bregor ou encore le chant d'Anoroer complété par des dossiers expliquant le mode de vie Drekkar, présentant les principaux protagonistes ou résumant la bataille d'Al Astan à la manière d'un compte rendu militaire. Une ombre au tableau peut-être? Oui, le temps d'attente entre chaque album. Publiée en 2006, la série ne compte à ce jour que trois albums. Mais si c'est le prix à payer pour obtenir la qualité, alors l'attente sera bien vite pardonnée. Messieurs David et Bourgier, sommes-nous servis ou servants ?
Grands reporters
Jamais je n'aurais mis une semaine à lire une BD. Une vraie semaine, en lisant tout les jours ! C'est vous dire à quel point cette BD est dense. En fait je crois bien que c'est la plus dense et la plus riche qui me soit passée entre les mains. La forme y fait beaucoup (recueil de 20 récits différents), mais c'est aussi le contenu qui joue. Il serait très difficile de décrire simplement ce pavé, tant au niveau du dessin qu'au niveau des contenus, chacun différant très franchement des autres. J'avoue avoir eu du mal avec deux trois styles de dessins, mais en général c'est excellent et totalement en rapport avec le contenu. Chacun utilise son dessin pour sa propre narration, chacun à son style de représentation (on retrouve Guibert avec le mélange dessin/photo, ou Joe Sacco avec ses dessins si particuliers, ...) et chacun représente à sa façon le reportage. C'est d'ailleurs l'un des seuls reproche que je pourrais faire à cette BD, la façon de faire son petit reportage. Chacun fait à sa manière, et j'en ai trouvé moins intéressant que d'autres, surtout quand il s'agit de tranches de vies et de petit quotidien, en rapport avec les autres récits sur des sujets bien plus graves. Mais en fin de compte, ils se lisent tout aussi bien, mais je trouve qu'ils ont largement moins d'impact, notamment dans le mélange qui est fait entre tout les auteurs. Mais en fin de compte, ce recueil c'est une ballade dans le monde, entre nos régions de France et tout ce qu'on peut voir, entre les circuits touristiques, la vie quotidienne ou la misère des gens. C'est un panorama du monde et de ses habitants, et tant que tel, le recueil est richissime. Ce qui me fait donner la note, c'est tout à la fois la richesse des dessins, la densité de l'ouvrage, mais également le contenu des récits, dont certains méritent à eux seuls la lecture de l'intégrale. S'ajoute aussi un atout non négligeable, et que je trouve crucial : ce pavé est également un excellent moyen d'appréhender la BD-reportage, celle qui se veut documentaire en allant directement sur le terrain. J'apprécie énormément ce genre de lecture, et je ne peux que encourager les récits dans ce sens. Ce pavé contient 20 récits de ce genre. Que pouvais-je demander de plus ? Si vous aimez vous documenter, que vous voulez voir du monde, que vous souhaitez en apprendre plus sur la planète où nous vivons, si vous aimez les reportages, ce recueil est fait pour vous. Si vous n'entrez pas dans ces catégories, ce recueil vous permettra d'aimer le genre. Il est donc aussi fait pour vous.