Avec Servitude, on est servi.
Les dessins de Bourgier sont impressionnants de réalisme tant il se soucie du détail. A la manière d'un Game of Thrones avec une pléiade de personnages tout le monde y trouvera son compte et son/ses favori(s).
De l'heroic fantasy pour adultes, bien loin des blagues à 2 balles de Krän ou encore des histoires pathétiques pour ados boutonneux de Lanfeust. Non, ici il s'agit de nous faire croire à un monde imaginaire en restant réaliste.
Le scénariste contrôle son histoire et nous emmène petit à petit là où il veut. Tout en prenant des risques de perdre quelques lecteurs en route. Son découpage particulier peut surprendre et frustrer. Après un premier tome d'introduction avec certains personnages, le tome 2, lui, part dans une autre direction en occultant 90% de ce que racontait le premier album. Mais cette manière de raconter nous immerge encore plus dans l'histoire et donne de la crédibilité au récit et notamment au monde qu'il dépeint. Le tome 3 lui, réunit les acteurs des 2 précédents tout en augmentant le rythme et en introduisant de nouveaux protagonistes.
Les dessins sont nerveux, les chevaliers sont sales, les combats brutaux, le découpage lisible, mouvements crédibles et proportions respectés.
Petit bémol toutefois, il y a tellement de personnages qu'il est possible de les confondre et Bourgier n'utilise pas beaucoup de couleurs... mais est-ce réellement un reproche ?
Oserait-on dire que Servitude dépasse la bande dessinée traditionnelle? Servitude n'est pas seulement des cases qui s'enchaînent avec des dialogues justes. Non, c'est aussi des lettres manuscrites d'un certain Ulfas, le testament de Bregor ou encore le chant d'Anoroer complété par des dossiers expliquant le mode de vie Drekkar, présentant les principaux protagonistes ou résumant la bataille d'Al Astan à la manière d'un compte rendu militaire.
Une ombre au tableau peut-être? Oui, le temps d'attente entre chaque album. Publiée en 2006, la série ne compte à ce jour que trois albums. Mais si c'est le prix à payer pour obtenir la qualité, alors l'attente sera bien vite pardonnée.
Messieurs David et Bourgier, sommes-nous servis ou servants ?
Jamais je n'aurais mis une semaine à lire une BD. Une vraie semaine, en lisant tout les jours ! C'est vous dire à quel point cette BD est dense. En fait je crois bien que c'est la plus dense et la plus riche qui me soit passée entre les mains. La forme y fait beaucoup (recueil de 20 récits différents), mais c'est aussi le contenu qui joue.
Il serait très difficile de décrire simplement ce pavé, tant au niveau du dessin qu'au niveau des contenus, chacun différant très franchement des autres. J'avoue avoir eu du mal avec deux trois styles de dessins, mais en général c'est excellent et totalement en rapport avec le contenu. Chacun utilise son dessin pour sa propre narration, chacun à son style de représentation (on retrouve Guibert avec le mélange dessin/photo, ou Joe Sacco avec ses dessins si particuliers, ...) et chacun représente à sa façon le reportage.
C'est d'ailleurs l'un des seuls reproche que je pourrais faire à cette BD, la façon de faire son petit reportage. Chacun fait à sa manière, et j'en ai trouvé moins intéressant que d'autres, surtout quand il s'agit de tranches de vies et de petit quotidien, en rapport avec les autres récits sur des sujets bien plus graves. Mais en fin de compte, ils se lisent tout aussi bien, mais je trouve qu'ils ont largement moins d'impact, notamment dans le mélange qui est fait entre tout les auteurs. Mais en fin de compte, ce recueil c'est une ballade dans le monde, entre nos régions de France et tout ce qu'on peut voir, entre les circuits touristiques, la vie quotidienne ou la misère des gens. C'est un panorama du monde et de ses habitants, et tant que tel, le recueil est richissime.
Ce qui me fait donner la note, c'est tout à la fois la richesse des dessins, la densité de l'ouvrage, mais également le contenu des récits, dont certains méritent à eux seuls la lecture de l'intégrale. S'ajoute aussi un atout non négligeable, et que je trouve crucial : ce pavé est également un excellent moyen d'appréhender la BD-reportage, celle qui se veut documentaire en allant directement sur le terrain. J'apprécie énormément ce genre de lecture, et je ne peux que encourager les récits dans ce sens. Ce pavé contient 20 récits de ce genre. Que pouvais-je demander de plus ?
Si vous aimez vous documenter, que vous voulez voir du monde, que vous souhaitez en apprendre plus sur la planète où nous vivons, si vous aimez les reportages, ce recueil est fait pour vous. Si vous n'entrez pas dans ces catégories, ce recueil vous permettra d'aimer le genre. Il est donc aussi fait pour vous.
Des dessins très travaillés, très fidèles à l'anatomie animale, et bien représentatifs de la personnalité incarnée.
Un héros mystérieux, balèze, mais pas invincible, très attachant,
Des intrigues bien ficelées, qui s'intègrent dans des moments clés de l'histoire humaine (comme la "chasse aux sorcières" pour le tome 3).
Pour moi, aucun point négatif, en achetant chaque album, je n'ai jamais été déçu !
Edit : le dernier tome "Amarillo'' est quand même nettement en dessous des autres question scénario, ce qui m'a vraiment étonné, mais aussi question dessins, qui sont bien moins travaillés... Oui, il était temps de s'arrêter.
J'ajoute que j'ai été un peu déconcerté que le "sauveur" de Blacksad dans le tome 4 ne refasse pas une apparition qui justifie ce deus ex machina...
Je laisse quand même un 5/5 car les 4 premiers tomes sont vraiment une tuerie !
(14)
Attention ami bédéphage, si ta jeunesse a été marquée par les péplums médiocres des années 70, si tu penses que Russel Crow botterait le cul d'Achille dans Troie et que Leonidas n'est pas seulement du chocolat alors cette bande dessinée est pour toi.
Marini (Monsieur Marini), dessinateur et scénariste de la série nous livre ici une œuvre graphique et historique en concurrence directe avec Murena.
Violence, sexe, action, suspense tout y est. Les scènes de batailles cadrées au cœur des combats et le découpage de l'action immergent totalement le lecteur au sein même de l'histoire. Le travail effectué sur les couleurs renforce les ambiances si différentes entre les bois humides du nord de l'Europe et le climat méditerranéen de Rome.
On notera également une accélération du rythme dans le quatrième tome où les combats ont remplacé les scènes d'orgies.
Vivement la suite.
Camargue rouge est une bande dessinée historique de qualité tant par le dessin que par le texte.
Elle traite d'un épisode historique peu connu, la rencontre entre des indiens d’Amérique et du peuple camarguais (issu de peuples d'origines différentes comme les gitans, éleveurs de bétails...).
Cette rencontre qui dura plusieurs mois est le fruit du hasard. Elle aura pour cadre un bateau transportant les indiens d'Amérique et des rangers qui faisaient un show représentant les principales batailles de la conquête de l'Ouest dans toute l'Europe fortement endommagée.
Les indiens découvrent alors un peuple nomade aux multiples croyances...
Michel Faure, auteur de nombreuses bandes dessinées historiques, donne envie d'une part de redécouvrir notre belle Camargue, et montre d'autre part l'image que l'on se faisait du Far-West. Une image d'Epinal encore importante de nos jours (à travers des shows ou aujourd'hui des films).
En effet, l'image du cow-boy et de l'indien que nous avons est malheureusement erronée, peu de garçons vachers avaient une arme, au niveau des vêtements aussi... Comme la venus noire, on souhaitait montrer une image... rien qu'une image...
Lors de ma rencontre avec Michel Faure au festival de BD de Saint-Denis de la Réunion, nous avons longuement discuté ensemble. Là où il vit depuis longtemps, c'est amusant, il dispose d'un petit ranch...
J'ai adoré l'humour très noir et les situations très trash de cet album avec une pointe de fantastique qui passe super bien. Un détective bien crasseux, reflet de la ville dans laquelle il opère. Perso, j'en redemande.
Aaah Jérôme K, ça c'est une série qui m'est très chère. Les histoires sont bien souvent rythmées, denses, costaudes (le tome 4 est un incontournable par ex, la scène de filature dans le tome 19 est un régal de découpage...) où l’action et le suspense sont bien présents, rendant la lecture des plus savoureuses. Quelques situations sont parfois un peu grosse, loufoque mais pourquoi pas après tout...il se passe tellement de choses dans ce monde de fous.
Les dessins sont plaisants, limpides, plein de petits détails sans esbroufe rendant les expressions des personnages assez réalistes, subtiles, notamment dans les « grimaces » faciales et les gestes du quotidien dans lesquels on peut se reconnaître. Certains personnages sont parfois touchants, mélancoliques avec une psychologie bien élaborée (la jeune fille dans le tome 7 et 17, le vagabond dans le tome 8,...)
Bref, je passe souvent un très bon moment de détente avec ce détective au grand cœur qui est incontestablement l'un de mes héros favoris en BD sans oublier sa ravissante compagne Babette.
Gibrat est vraiment un magicien !
Voilà une histoire où il ne se passe pas grand chose, et pour le tome 3, absolument rien avant les dernières pages où il re-catapulte son récit, et où l'on ne s'ennuie pourtant jamais !
Et quel beau graphisme ! Et que les femmes qu'il dessine sont belles.
Je suis toujours abasourdi comme il a pu, tel en littérature Anton Tchékhov dans ses nouvelles, peindre des scènes de vie anodines avec tellement de talent, et qu'aussi banales qu'elles soient, aussi bien dessinées et présentées, elles en deviennent passionnantes !
C'est pour moi le nirvana de l'art de tout conteur.
Et un énorme moment de ravissement que de lire cette série.
Bravo à son auteur !
Vivement la suite ....
Ah, cette saga anarchiste de Alan Moore ... La première lecture fut très retardée pour la simple raison que le graphisme me semblait atroce, et j'avoue qu'après plusieurs lectures il reste le principal problème de cette série. Il est lisible, bien qu'il m'ait fallu un temps d'adaptation à chaque lecture, mais contient de gros points noirs, notamment dans la reconnaissance des visages. Plusieurs fois je n'ai reconnu les personnages que quand un autre l'interpelait. C'est surtout le cas des personnages secondaires qui prennent de l'importance ensuite.
Mis à part ce petit détail, j'ai adoré tout le reste. La BD est parfaite, dans la trame, dans les idées, dans le développement, dans les personnages, l'histoire, tout est bien fait. Tout est parfait. J'ai aimé chaque discours, chaque dialogue, la justesse des propos et aussi des idées. Certes, je suis assez d'accord avec et certainement moins objectif que je ne le voudrais, mais il faut reconnaitre à Alan Moore l'incroyable prouesse dont il fait ici preuve, avec tout son talent habituel, construisant un monde complet, le faisant évoluer, jouant du caractère de chaque personnages, arrivant à retomber sur ses pieds mais également à développer son idée principale : l'anarchie.
D'ailleurs je ne peux que admirer la façon de mettre en scène cette anarchie, V jouant le rôle de Dieu omnipotent et omniprésent qui reconstruit un monde débarrassé de ses dirigeants. L'idéologie est très forte et confère une dimension supplémentaire à l'ensemble du récit. Sans compter toutes les tares humaines exposées, le point de vue sur l'homme est assez sombre.
Sans trop m'épancher de détails, la BD est selon moi excellent, extraordinaire, unique en son genre. Alan Moore à réussi son pari, et la BD reste un incontournable, bien au-delà de son adaptation cinématographique -qui reste pourtant bonne aussi-, et qui vaut largement qu'on s'y attarde. Pour moi, un incontournable de la BD.
J’ai profité de ces vacances de Noël pour relire l’intégrale (4 tomes) de la série « Le combat ordinaire » de Manu Larcenet. Cela fait déjà plusieurs années que j’ai dans ma bibliothèque cette série, qui à l’époque m’avait fait découvrir ce fabuleux auteur et dessinateur qu’est Manu Larcenet. J’ai d’ailleurs depuis découvert d’autres oeuvres de cet auteur, notamment la série « Retour à la Terre » et plus récemment « Blast ».
Quel plaisir j’ai eu à relire ces 4 tomes et à rentrer à nouveau dans l’univers de Marco, photographe reporter névrosé, régulièrement pris de crises d’angoisse, toujours dans le doute.
J’ai avalé d’une traite les 4 tomes, qui déroulent la vie de Marco. Le premier tome pose l’univers du personnage, ses parents, son frère, son psychanalyste, son chat « Adolf », sa maison loin de Paris et de sa Bretagne natale, son travail qui ne lui dit plus rien… Dans les autres tomes nous le suivons dans son initiation à sa vrai vie d’adulte, de sa rencontre avec Emilie, jusqu’à la naissance de sa fille, en passant par le décès de son père, et on accompagne son évolution dans ce monde qui l’angoisse tant. J’avoue cependant que le tome 4, plus politique, m’a un peu moins emballé.
Tout au long des albums, sont abordés de très nombreux thèmes qui nous amènent rapidement à s’identifier à Marco: l’angoisse de la page blanche de l’artiste, sa relation aux femmes (peur de s’engager…), la relation à l’image paternelle et la difficulté d’être père lui même…
Par ailleurs, sous un trait tout de même humoristique, Manu Larcenet évoque de nombreux sujets qui nous amènent à réfléchir: la psychanalyse, la politique et la montée du Front National ou bien encore la guerre d’Algérie…
Cette série est donc extrêmement riche et captivante.
Côté graphisme, le dessin est plutôt simple, les traits des personnages sont typiques de l’univers de l’auteur, avec pour les hommes une forte importance donnée à leur nez ! Les tomes sont parsemés de plusieurs planches entièrement en sépia, emplis de paysages vides et évoquant les réflexions de Marco.
Bref, une superbe série à avoir à tout prix de mon point de vue dans sa bibliothèque.
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Servitude
Avec Servitude, on est servi. Les dessins de Bourgier sont impressionnants de réalisme tant il se soucie du détail. A la manière d'un Game of Thrones avec une pléiade de personnages tout le monde y trouvera son compte et son/ses favori(s). De l'heroic fantasy pour adultes, bien loin des blagues à 2 balles de Krän ou encore des histoires pathétiques pour ados boutonneux de Lanfeust. Non, ici il s'agit de nous faire croire à un monde imaginaire en restant réaliste. Le scénariste contrôle son histoire et nous emmène petit à petit là où il veut. Tout en prenant des risques de perdre quelques lecteurs en route. Son découpage particulier peut surprendre et frustrer. Après un premier tome d'introduction avec certains personnages, le tome 2, lui, part dans une autre direction en occultant 90% de ce que racontait le premier album. Mais cette manière de raconter nous immerge encore plus dans l'histoire et donne de la crédibilité au récit et notamment au monde qu'il dépeint. Le tome 3 lui, réunit les acteurs des 2 précédents tout en augmentant le rythme et en introduisant de nouveaux protagonistes. Les dessins sont nerveux, les chevaliers sont sales, les combats brutaux, le découpage lisible, mouvements crédibles et proportions respectés. Petit bémol toutefois, il y a tellement de personnages qu'il est possible de les confondre et Bourgier n'utilise pas beaucoup de couleurs... mais est-ce réellement un reproche ? Oserait-on dire que Servitude dépasse la bande dessinée traditionnelle? Servitude n'est pas seulement des cases qui s'enchaînent avec des dialogues justes. Non, c'est aussi des lettres manuscrites d'un certain Ulfas, le testament de Bregor ou encore le chant d'Anoroer complété par des dossiers expliquant le mode de vie Drekkar, présentant les principaux protagonistes ou résumant la bataille d'Al Astan à la manière d'un compte rendu militaire. Une ombre au tableau peut-être? Oui, le temps d'attente entre chaque album. Publiée en 2006, la série ne compte à ce jour que trois albums. Mais si c'est le prix à payer pour obtenir la qualité, alors l'attente sera bien vite pardonnée. Messieurs David et Bourgier, sommes-nous servis ou servants ?
Grands reporters
Jamais je n'aurais mis une semaine à lire une BD. Une vraie semaine, en lisant tout les jours ! C'est vous dire à quel point cette BD est dense. En fait je crois bien que c'est la plus dense et la plus riche qui me soit passée entre les mains. La forme y fait beaucoup (recueil de 20 récits différents), mais c'est aussi le contenu qui joue. Il serait très difficile de décrire simplement ce pavé, tant au niveau du dessin qu'au niveau des contenus, chacun différant très franchement des autres. J'avoue avoir eu du mal avec deux trois styles de dessins, mais en général c'est excellent et totalement en rapport avec le contenu. Chacun utilise son dessin pour sa propre narration, chacun à son style de représentation (on retrouve Guibert avec le mélange dessin/photo, ou Joe Sacco avec ses dessins si particuliers, ...) et chacun représente à sa façon le reportage. C'est d'ailleurs l'un des seuls reproche que je pourrais faire à cette BD, la façon de faire son petit reportage. Chacun fait à sa manière, et j'en ai trouvé moins intéressant que d'autres, surtout quand il s'agit de tranches de vies et de petit quotidien, en rapport avec les autres récits sur des sujets bien plus graves. Mais en fin de compte, ils se lisent tout aussi bien, mais je trouve qu'ils ont largement moins d'impact, notamment dans le mélange qui est fait entre tout les auteurs. Mais en fin de compte, ce recueil c'est une ballade dans le monde, entre nos régions de France et tout ce qu'on peut voir, entre les circuits touristiques, la vie quotidienne ou la misère des gens. C'est un panorama du monde et de ses habitants, et tant que tel, le recueil est richissime. Ce qui me fait donner la note, c'est tout à la fois la richesse des dessins, la densité de l'ouvrage, mais également le contenu des récits, dont certains méritent à eux seuls la lecture de l'intégrale. S'ajoute aussi un atout non négligeable, et que je trouve crucial : ce pavé est également un excellent moyen d'appréhender la BD-reportage, celle qui se veut documentaire en allant directement sur le terrain. J'apprécie énormément ce genre de lecture, et je ne peux que encourager les récits dans ce sens. Ce pavé contient 20 récits de ce genre. Que pouvais-je demander de plus ? Si vous aimez vous documenter, que vous voulez voir du monde, que vous souhaitez en apprendre plus sur la planète où nous vivons, si vous aimez les reportages, ce recueil est fait pour vous. Si vous n'entrez pas dans ces catégories, ce recueil vous permettra d'aimer le genre. Il est donc aussi fait pour vous.
Blacksad
Des dessins très travaillés, très fidèles à l'anatomie animale, et bien représentatifs de la personnalité incarnée. Un héros mystérieux, balèze, mais pas invincible, très attachant, Des intrigues bien ficelées, qui s'intègrent dans des moments clés de l'histoire humaine (comme la "chasse aux sorcières" pour le tome 3). Pour moi, aucun point négatif, en achetant chaque album, je n'ai jamais été déçu ! Edit : le dernier tome "Amarillo'' est quand même nettement en dessous des autres question scénario, ce qui m'a vraiment étonné, mais aussi question dessins, qui sont bien moins travaillés... Oui, il était temps de s'arrêter. J'ajoute que j'ai été un peu déconcerté que le "sauveur" de Blacksad dans le tome 4 ne refasse pas une apparition qui justifie ce deus ex machina... Je laisse quand même un 5/5 car les 4 premiers tomes sont vraiment une tuerie ! (14)
Les Aigles de Rome
Attention ami bédéphage, si ta jeunesse a été marquée par les péplums médiocres des années 70, si tu penses que Russel Crow botterait le cul d'Achille dans Troie et que Leonidas n'est pas seulement du chocolat alors cette bande dessinée est pour toi. Marini (Monsieur Marini), dessinateur et scénariste de la série nous livre ici une œuvre graphique et historique en concurrence directe avec Murena. Violence, sexe, action, suspense tout y est. Les scènes de batailles cadrées au cœur des combats et le découpage de l'action immergent totalement le lecteur au sein même de l'histoire. Le travail effectué sur les couleurs renforce les ambiances si différentes entre les bois humides du nord de l'Europe et le climat méditerranéen de Rome. On notera également une accélération du rythme dans le quatrième tome où les combats ont remplacé les scènes d'orgies. Vivement la suite.
Camargue rouge
Camargue rouge est une bande dessinée historique de qualité tant par le dessin que par le texte. Elle traite d'un épisode historique peu connu, la rencontre entre des indiens d’Amérique et du peuple camarguais (issu de peuples d'origines différentes comme les gitans, éleveurs de bétails...). Cette rencontre qui dura plusieurs mois est le fruit du hasard. Elle aura pour cadre un bateau transportant les indiens d'Amérique et des rangers qui faisaient un show représentant les principales batailles de la conquête de l'Ouest dans toute l'Europe fortement endommagée. Les indiens découvrent alors un peuple nomade aux multiples croyances... Michel Faure, auteur de nombreuses bandes dessinées historiques, donne envie d'une part de redécouvrir notre belle Camargue, et montre d'autre part l'image que l'on se faisait du Far-West. Une image d'Epinal encore importante de nos jours (à travers des shows ou aujourd'hui des films). En effet, l'image du cow-boy et de l'indien que nous avons est malheureusement erronée, peu de garçons vachers avaient une arme, au niveau des vêtements aussi... Comme la venus noire, on souhaitait montrer une image... rien qu'une image... Lors de ma rencontre avec Michel Faure au festival de BD de Saint-Denis de la Réunion, nous avons longuement discuté ensemble. Là où il vit depuis longtemps, c'est amusant, il dispose d'un petit ranch...
Gilles Hamesh
J'ai adoré l'humour très noir et les situations très trash de cet album avec une pointe de fantastique qui passe super bien. Un détective bien crasseux, reflet de la ville dans laquelle il opère. Perso, j'en redemande.
Jérôme K. Jérôme Bloche
Aaah Jérôme K, ça c'est une série qui m'est très chère. Les histoires sont bien souvent rythmées, denses, costaudes (le tome 4 est un incontournable par ex, la scène de filature dans le tome 19 est un régal de découpage...) où l’action et le suspense sont bien présents, rendant la lecture des plus savoureuses. Quelques situations sont parfois un peu grosse, loufoque mais pourquoi pas après tout...il se passe tellement de choses dans ce monde de fous. Les dessins sont plaisants, limpides, plein de petits détails sans esbroufe rendant les expressions des personnages assez réalistes, subtiles, notamment dans les « grimaces » faciales et les gestes du quotidien dans lesquels on peut se reconnaître. Certains personnages sont parfois touchants, mélancoliques avec une psychologie bien élaborée (la jeune fille dans le tome 7 et 17, le vagabond dans le tome 8,...) Bref, je passe souvent un très bon moment de détente avec ce détective au grand cœur qui est incontestablement l'un de mes héros favoris en BD sans oublier sa ravissante compagne Babette.
Mattéo
Gibrat est vraiment un magicien ! Voilà une histoire où il ne se passe pas grand chose, et pour le tome 3, absolument rien avant les dernières pages où il re-catapulte son récit, et où l'on ne s'ennuie pourtant jamais ! Et quel beau graphisme ! Et que les femmes qu'il dessine sont belles. Je suis toujours abasourdi comme il a pu, tel en littérature Anton Tchékhov dans ses nouvelles, peindre des scènes de vie anodines avec tellement de talent, et qu'aussi banales qu'elles soient, aussi bien dessinées et présentées, elles en deviennent passionnantes ! C'est pour moi le nirvana de l'art de tout conteur. Et un énorme moment de ravissement que de lire cette série. Bravo à son auteur ! Vivement la suite ....
V pour Vendetta
Ah, cette saga anarchiste de Alan Moore ... La première lecture fut très retardée pour la simple raison que le graphisme me semblait atroce, et j'avoue qu'après plusieurs lectures il reste le principal problème de cette série. Il est lisible, bien qu'il m'ait fallu un temps d'adaptation à chaque lecture, mais contient de gros points noirs, notamment dans la reconnaissance des visages. Plusieurs fois je n'ai reconnu les personnages que quand un autre l'interpelait. C'est surtout le cas des personnages secondaires qui prennent de l'importance ensuite. Mis à part ce petit détail, j'ai adoré tout le reste. La BD est parfaite, dans la trame, dans les idées, dans le développement, dans les personnages, l'histoire, tout est bien fait. Tout est parfait. J'ai aimé chaque discours, chaque dialogue, la justesse des propos et aussi des idées. Certes, je suis assez d'accord avec et certainement moins objectif que je ne le voudrais, mais il faut reconnaitre à Alan Moore l'incroyable prouesse dont il fait ici preuve, avec tout son talent habituel, construisant un monde complet, le faisant évoluer, jouant du caractère de chaque personnages, arrivant à retomber sur ses pieds mais également à développer son idée principale : l'anarchie. D'ailleurs je ne peux que admirer la façon de mettre en scène cette anarchie, V jouant le rôle de Dieu omnipotent et omniprésent qui reconstruit un monde débarrassé de ses dirigeants. L'idéologie est très forte et confère une dimension supplémentaire à l'ensemble du récit. Sans compter toutes les tares humaines exposées, le point de vue sur l'homme est assez sombre. Sans trop m'épancher de détails, la BD est selon moi excellent, extraordinaire, unique en son genre. Alan Moore à réussi son pari, et la BD reste un incontournable, bien au-delà de son adaptation cinématographique -qui reste pourtant bonne aussi-, et qui vaut largement qu'on s'y attarde. Pour moi, un incontournable de la BD.
Le Combat ordinaire
J’ai profité de ces vacances de Noël pour relire l’intégrale (4 tomes) de la série « Le combat ordinaire » de Manu Larcenet. Cela fait déjà plusieurs années que j’ai dans ma bibliothèque cette série, qui à l’époque m’avait fait découvrir ce fabuleux auteur et dessinateur qu’est Manu Larcenet. J’ai d’ailleurs depuis découvert d’autres oeuvres de cet auteur, notamment la série « Retour à la Terre » et plus récemment « Blast ». Quel plaisir j’ai eu à relire ces 4 tomes et à rentrer à nouveau dans l’univers de Marco, photographe reporter névrosé, régulièrement pris de crises d’angoisse, toujours dans le doute. J’ai avalé d’une traite les 4 tomes, qui déroulent la vie de Marco. Le premier tome pose l’univers du personnage, ses parents, son frère, son psychanalyste, son chat « Adolf », sa maison loin de Paris et de sa Bretagne natale, son travail qui ne lui dit plus rien… Dans les autres tomes nous le suivons dans son initiation à sa vrai vie d’adulte, de sa rencontre avec Emilie, jusqu’à la naissance de sa fille, en passant par le décès de son père, et on accompagne son évolution dans ce monde qui l’angoisse tant. J’avoue cependant que le tome 4, plus politique, m’a un peu moins emballé. Tout au long des albums, sont abordés de très nombreux thèmes qui nous amènent rapidement à s’identifier à Marco: l’angoisse de la page blanche de l’artiste, sa relation aux femmes (peur de s’engager…), la relation à l’image paternelle et la difficulté d’être père lui même… Par ailleurs, sous un trait tout de même humoristique, Manu Larcenet évoque de nombreux sujets qui nous amènent à réfléchir: la psychanalyse, la politique et la montée du Front National ou bien encore la guerre d’Algérie… Cette série est donc extrêmement riche et captivante. Côté graphisme, le dessin est plutôt simple, les traits des personnages sont typiques de l’univers de l’auteur, avec pour les hommes une forte importance donnée à leur nez ! Les tomes sont parsemés de plusieurs planches entièrement en sépia, emplis de paysages vides et évoquant les réflexions de Marco. Bref, une superbe série à avoir à tout prix de mon point de vue dans sa bibliothèque.