Les derniers avis (7370 avis)

Par Sejy
Note: 5/5
Couverture de la série Kililana Song
Kililana Song

Si l’Afrique m’était racontée… Comme une invitation au songe. Comme un époustouflant voyage des sens. Au pouls d’un chant noir, qui, dès les premières figurations, me ferait basculer, entrevoir les traditions colorées de l’oralité, pittoresque. En hardi citoyen du monde, me laisser happer, porté par le vent revigorant de la mutinerie dans la galopade d’un gamin de Lamu, puis poussé, chahuté, échevelé par les brises irrésistibles d’un conte moderne où chaque rafale, charriant les mots, les personnages nombreux, les images, nourrirait le tourbillon d’une force narrative qui emporte tout sur son passage, parfois jusqu’à me couper le souffle… Quelque sagesse swahilie promettrait : ce n’est pas la main, mais le cœur qui donne. Benjamin Flao ne lui ment pas. C’est bien une touche d’âme qui affleure dans chacune de ses aquarelles étourdissantes. Tant de présents pour les yeux, nés au bout de doigts exécutant le vibrato saisissant du vivant. Une humanité sans doute ramenée dans son sac à dos. Éloquente, radotante, elle hurle à pleins pinceaux des figures étrangères dont je reconnais, ici, une moue familière, là, un sourire ou une rogne fluente de sincérité. De la vie, authentique, universelle, restituée dans le mouvement et la chaleur de ses scènes, entre vadrouille et spiritualité, célébrée par les effusions opalescentes d’un chromatisme impétueux où le chaud embrasse le froid, où le fantasme embrase le réel. Malgré mon ardeur pour les tenir en respect, quelques jurons intérieurs s’échapperont au hasard d’une case, au détour d’une peinture plus passionnée. Exclamations arrachées par les évidences de cet esthétisme intense qui joue avec mes entrailles. En tous sens. Depuis l’empathie fulgurante d’un baiser dérobé saupoudrant la tendresse ou le tableau, emprunté à l’obscurité, d’une étreinte charnelle fugace qui, en un croche-patte habile à cette volupté trop facile, bouscule l’émotion, puis me mue en voyeur involontaire, un peu gêné d’être ici. Dans le courroux pétulant d’un marinier au langage de charretier, convaincant, légitime à en serrer les poings pour m’inviter dans sa bigorne. Devant la beauté symbolique d’un arbre sacré ou l’expression de la puissance des éléments, au coeur d’échappées sous-marines envoûtantes, quand je me surprends à retenir ma respiration. Parmi des tapisseries superstitieuses, irréelles, où, vagabond ébahi, je touche la légende et ses icônes inquiétantes. Jusqu’aux quatre cents coups d’une bande de gosses malicieux et leurs appels du pied appuyés : spectateur, comparse, complice grisé, je prends mes jambes à mon cou pour rattraper la flamme de l’aventure… Hors champ, contre champ, contre-jour. Plan reculé ou angle intimiste. Oeil aérien. Perspectives imprudentes. Horizon éthéré et regard plus paisible : au fil des cabrioles je déambule, dans la mise en scène admirable, sur les mesures inspirantes d’une narration gigogne qui distribue les rôles à pleines mains, autour d’un héros irrésistible. Naïm bien sûr. Sauvageon libre, intenable dans le zèle à esquiver l’école coranique et ses coups de bâton pédagogiques. Les hasards de ses escapades croiseront la philosophie aux zestes de qat du vieux Nacuda, esgourderont les grossièretés routinières du trivial Günter, un capitaine margoulin affreusement mal léché, attirant curieusement la sympathie, et achèveront son apprentissage dans les visions désincarnées d’un chaman animiste ou celles, plus prosaïques, esquissées dans les formes, les charmes de demoiselles adorablement vénales. Un carnet de route serpentant entre appétits néo-colonialistes et ascensions djihadistes, une traversée initiatique à hauteur d’enfant qui se perd les crayons dans les tentacules d’un imaginaire magnifiquement halluciné. Le boudeur (scrogneugneu !) blâmera des tempéraments marqués, effleurant la caricature dans le verbiage ou le contexte, accablera une trame jugée dilettante. Ces chouias d’exubérance, dans la manière et la matière, je les suppose comme le remarquable écho à la singularité d’un continent qui abandonne dans la marge ses réalités les plus préoccupantes pour mieux réveiller, révéler toute sa magie. Au moins pour un instant. Mais quiconque osera le reproche aura affaire à moi ! … Immense.

08/03/2014 (modifier)
Par Pierig
Note: 5/5
Couverture de la série Terra Australis
Terra Australis

C’est un pavé. Non pas un pavé dans la mare (quoique, dans l’océan peut être) mais un pavé tout court. Enfin, de 500 pages quand même … Cet album est le fruit d’un travail de longue haleine et de minutie pour retracer la petite histoire qui fit entrer la colonisation de l’Australie par les anglais dans la grande histoire. C’est un pari fou relevé de main de maître par Bollée et Nicloux. La narration et le découpage bénéficient d’une attention particulière. Bollée soigne son récit pour le placer au plus près de la réalité tout en maintenant l’intérêt du lecteur sans cesse en éveil. On ne suit pas l’aventure de ces hommes, on la vit. Le découpage est également à l’avenant en incluant des cases plus aérées permettant de profiter pleinement du talent graphique de Nicloux. Garder une telle constance sur 500 pages ne peut qu’être saluée. Quant au récit, si l’origine de la nation australienne moderne m’était connue, les motivations profondes et la manière dont cela s’est passé l’étaient beaucoup moins. C’est prenant, enrichissant, captivant … De la grande aventure, et du grand art offert par les auteurs. Cette aventure humaine hors norme n’avait encore jamais eu les honneurs d’un pareil ouvrage. C’est maintenant chose faite. Une lecture à savourer lentement avec un whisky « Hellyers Road » pour se mettre dans l’ambiance. ;)

07/03/2014 (modifier)
Par jurin
Note: 5/5
Couverture de la série Kraa
Kraa

Superbe j’ai dévoré cette BD au scénario simple mais assez original. Benoît Sokal nous relate l’histoire d’un jeune indien très attaché à sa terre et qui vit une relation très forte, pratiquement fusionnelle avec un jeune aigle nommé Kraa. La symbiose entre Yuma et Kraa sera bien nécessaire pour faire face au mercantilisme ambiant. L’auteur nous décrit une nature belle mais dure et cruelle ainsi qu’une société pas très reluisante mais pas complètement perdue. Le dessin sert remarquablement l’ambiance du récit, la couverture est bien réussie, Yuma et Kraa fixant l’horizon, ont-ils pour autant le même destin ? Un excellent premier tome. J’attends avec impatience la suite. Après lecture tome 2 et tome 3 (fin) C'est rare de conserver une telle qualité sur 3 tomes, un scénario constant dans sa rigueur et son suspense, beaucoup de sensibilité et un dessin magnifique, une fin originale et surprenante. Tout bon Monsieur Sokal !

16/10/2010 (MAJ le 24/02/2014) (modifier)
Par Pedrolito
Note: 5/5
Couverture de la série Les Aventures de Tintin
Les Aventures de Tintin

Tout dans cette série relève du culte. Qui n'a jamais entendu les insultes du capitaine Haddock ? Les "Bachibouzouks", "Moules à gaufres", "Ectoplasme" et autres mériteraient leur place dans bien des dictionnaires quand on voit ce que l'on peut y entrer dernièrement... Qui n'a jamais ri à cause des Dupont(d)... Je dirais même plus, qui n'a jamais ri à cause des Dupond(t)... N'oublions pas ce vieux fou de Tournesol qui ne comprend jamais rien et emmène bien malgré lui ses compagnons d'aventure....justement dans toutes sortes d'aventures! Bon et il y a aussi Tintin...et Milou. ...Bref, c'est bien et c'est bien là l'essentiel, pas besoin d'en dire plus, la série parle d'elle même.

23/02/2014 (modifier)
Par Tomeke
Note: 5/5
Couverture de la série Dragon Ball
Dragon Ball

C‘est certain, je considère cette série comme culte. Étant un gamin de la génération «Club Dorothée», le dessin animé a bercé mon enfance et mon adolescence. Le manga a poursuivi le travail et je ne m’en lasse pas. C’est un mélange d’humour et d’action qui évoque régulièrement chez moi une envie furieuse de me retaper la lecture des 42 tomes. Le dessin n’est pas en reste, loin de là. Le trait est génial, précis, dynamique à souhait, surtout dans les nombreuses phases de combat. Que dire de plus sur cette série plébiscitée par tant de lecteurs ? Un incontournable, tout simplement !

23/02/2014 (modifier)
Couverture de la série Batman - The Dark Knight returns
Batman - The Dark Knight returns

Un quart de siècle après avoir lu The Dark Knight returns, je reste sous le choc lorsque je la ressors de ma bédéthèque. Je trouve que cette série de Frank Miller a révolutionné l'univers des comics à plusieurs titres, et mérite toujours son qualificatif – souvent galvaudé j’en conviens – d’œuvre culte. Tout a été écrit ou presque sur The Dark Knight returns, mais je vais tout de même apporter ma petite pierre à l’édifice. Il faut d'abord replonger dans le contexte de l'Amérique du milieu des années 1980 pour comprendre en quoi cette vision sombre du Batman est le reflet génial de son époque. Allez ! Un petit cours d’histoire pour recréer l’ambiance de l’époque… Nous étions alors dans les années Reagan, le président qui avait proclamé fièrement lors de son arrivée au pouvoir : « America is back! ». Sous ses deux mandats, finis les pleurnicheries et l'auto-apitoiement qui avaient suivi la défaite au Vietnam, terminés les doutes sur l’intégrité du pouvoir et la pureté de la démocratie étasunienne consécutifs au scandale du Watergate ! L’Amérique était de retour et bien décidée à en découdre avec « l’Empire du Mal » soviétique. La guerre froide connut un regain de tension quand Reagan annonça la mise en place de l’initiative de défense stratégique, baptisée « Guerre des Étoiles » par les journalistes. Il s’agissait de mettre en place un réseau de satellites capables de détecter, traquer et détruire en vol les missiles nucléaires qui seraient tirés contre les États-Unis. Techniquement possible, mais hors de prix, ce projet faisait craindre à l’URSS la fin de « l’équilibre de la terreur » qui, en promettant une « destruction mutuelle assurée » en cas d’usage de l’arme nucléaire, avait bon an mal an maintenu un statu quo entre les deux blocs durant les 40 ans de Guerre froide. Certains stratèges alarmistes soulignaient le risque de voir les Soviétiques passer à l’offensive avant que les Américains aient concrétisé leur système. À Moscou, des dirigeants fossilisés et gris se succédaient au pouvoir et la société semblait figée dans une éternité de répression. Le monde tremblait tandis que l’on prophétisait l’imminence d’une troisième guerre mondiale. Aux États-Unis, les néoconservateurs triomphaient. Ils expliquaient que la crise était due à un État trop présent, aux budgets sociaux trop élevés qui plombaient l’économie, aux impôts confiscatoires… Le darwinisme social revenait en force : seuls les plus aptes réussissent dans une société libérale… Les usines automobiles commençaient à fermer pour délocaliser leur production là où l’ouvrier est bon marché et non syndiqué. Le chômage progressait, les pauvres n’avaient qu’à crever s’ils n’étaient pas capables de se prendre en main pour s’enrichir… Dans le même temps, le bling bling devenait la norme. Le trader supplantait le cowboy en tant que héros américain et l’Amérique faisait sa gym ; des cohortes de bons citoyens au brushing impeccable s’agitaient dans les salles d’aérobic, moulés dans des tenues aux couleurs fluo, au son d’une insupportable musique pop. L’univers créé par Miller se situe dans un futur très proche, inspiré de ce monde inquiet et de cette société américaine fracturée. Dans cet univers, Batman est vieux, il a raccroché sa cape quelques années plus tôt quand un de ses Robin est mort. Il n’est plus que Bruce Wayne, playboy finissant, menant une vie tumultueuse et défrayant la chronique mondaine par ses excentricités de milliardaire. Mais il reste l’enfant névrosé qui a vu ses parents se faire assassiner pour quelques dollars. Il est toujours l’homme avide de justice qui hait les criminels. Alors il ne résiste pas longtemps à la tentation quand il réalise qu’il pourrait ressusciter le Batman pour vraiment punir les méchants. Pas pour les enfermer gentiment, comme il l’a toujours fait, dans l’Asile d’Arkham d’où ils ne cessent de s’échapper, tels des Dalton maléfiques, non, cette fois, en guise de chant du cygne, il va les massacrer ! Batman n’est pas un gentil héros ; à l’origine, il est celui qui se déguise en chauve-souris géante pour terroriser les criminels, celui guette ses proies dans l’ombre, la face sombre des super-héros dont Superman est la lumière. Les auteurs l’avaient un peu oublié au fil du temps et Miller lui redonne son statut obscur de chevalier vengeur. Sa dernière croisade fait ressortir ses penchants criminels. Les années 1970 ont donné à l’Amérique un certain nombre de personnages qui n’hésitent pas à recourir à des méthodes expéditives contre le crime : “Dirty Harry” Callahan, Paul Kersey, le justicier dans la ville, ou encore le Punisher. Tous sont les héritiers du Batman originel et Miller ne fait que revenir aux sources. Mais il le fait avec une puissance et une violence que l’on n’avait jamais vues dans la série. Miller est un radical, il aime l’expression de la force brute et prend plaisir à trancher le nœud gordien : un bourre-pif vaut selon lui tous les argumentaires subtils quand il s’agit de résoudre des situations compliquées. À plusieurs reprises, dans The Dark Knight returns, il égratigne les médias, les psychologues, les corps intermédiaires, qui semblent incarner à ses yeux les faiblesses d’une société devenue incapable de se défendre ; Miller ne semble pas aimer la démocratie libérale. Il glorifie l’engagement physique, le sens du sacrifice à un point que c’en est un peu inquiétant d’ailleurs. Dans 300, il flirte ouvertement avec l’idéologie fasciste… N’empêche, j’ai un peu honte de l’avouer, mais c’est foutrement jouissif de voir Batman écraser les méchants une fois pour toutes. Du point de vue du style graphique, Miller innove également. Certaines cases sont incompréhensibles, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il s’agit d’une vision parcellaire et en très gros plan d’un élément qui prendra du sens plus tard (les perles par exemple). C’est déroutant et surprenant ; l’expérience est intéressante, mais je trouve que Miller en a abusé par la suite. On n’atteint cependant pas encore le niveau de non-sens de certaines planches d’Elektra Saga… En résumé, The Dark Knight returns constitue incontestablement une rupture, à l’instar des Watchmen (dans un style différent). Cette œuvre a fait basculer Batman, et nombre de super-héros après lui dans le monde adulte. Souvent copié, jamais égalé, l’univers dépeint par Miller reste une des références majeures des Comics. J’en conseille particulièrement la lecture à tous ceux et celles qui pensent que le genre est réservé à un public d’adolescents mâles et boutonneux.

21/02/2014 (modifier)
Par DamBDfan
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Pinocchio (Winshluss)
Pinocchio (Winshluss)

Et bien mes cochons, quelle claque, mais quelle claque !! Tout simplement EX-CE-LL-ENT !! Certains verront ce livre comme une hérésie à l’œuvre originale de Disney, moi j’y vois du pur génie. Noir, glauque, malsain, dérangeant, ironique, immoral, pessimiste, désabusé mais aussi terriblement jouissif, poétique et réaliste d’un autre côté. Voilà les mots qui qualifient au mieux ce chef-d’œuvre. Vision cruelle du monde, critique de la société, dureté de la vie, philosophie de comptoir...tout y passe et avec maestria. On est souvent proche de la virtuosité tant au niveau graphique que de la narration quasi muette. Certains passages avec Jiminy Cafard sont à se tordre de rire et je suis parfois resté longtemps à contempler certaines planches et savourer le moindre détail, les couleurs…Quelle talent ce Winshluss ! Un album ainsi, on en lit pas tous les jours. L’année 2014 vient de commencer mais il y a beaucoup de chance pour que cette lecture reste la number one pour toute cette année. Incontournable!

15/02/2014 (modifier)
Par PAco
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Kililana Song
Kililana Song

Watchaw ! Dans la famille "album qui fait briller les yeux" je demande la paire ! A quand la sortie du second albuuumm !!! Rhalala... Bande de feignasse d'auteur à toi tout seul Môssieur Ben Flao !!! C'est ça ! C'est pas humain de nous laisser comme ça, la bave aux lèvres, suspendus au regard si vivant de Naïm comme son frère à ses talons ! On est là comme deux ronds de flan à se remettre de ce qu'on a pris dans les mirettes pendant près de 140 pages... Couleurs chaudes et chatoyantes qui rendent à merveille l'ambiance de cette région d'Afrique si lointaine et inconnue pour ce qui me concerne ; pleines doubles pages vives et élancées quand l'envie lui en prend, cadrages intelligents et mise en page soignée : l'a bouffé du lion le Benjamin Flao ! C'est tellement vivant, le quotidien filtre à travers son trait et ses dialogues : ça sent le vécu ! Et J'en redemande ! Et j'en reveux ! Et j'en re-REVEUX ! Rien que la couverture te donne envie de clouer cet album au mur tellement elle en jette ! Et dire que l'intérieur est du même tenant ! On est là à se balader, à suivre ces destins malicieusement amenés à se croiser, pour quelque chose de plus grand, qui prend racine dans les légendes de la corne africaine et qu'on découvre insidieusement au fil des pages... Alors môsssieur Flao, merci pour ce voyage, merci pour ce bout de rêve partagé ! C'est bien, mais c'est pas le moment de mollir et de nous laisser moisir ! A vos crayons, pinceaux, bout de branche ou tout ce que vous voulez, et que l'esprit de Kililana vous mène à bon port, pour nous sortir de la transe dans laquelle vous nous avez plongé ! ***** Après lecture du second tome ***** (je monte la note à 5/5) Ba voilà, une série de plus qui rentre dans mon petit panthéon des séries cultes ! Franchement, rien à redire à ce second tome qui clôt magnifiquement ce diptyque. Benjamin Flao réussit quand même le tour de force de me surprendre en poussant du côté sombre de son histoire. Les démons de l'Afrique moderne prennent corps de façons multiples (terrorisme, drogue, mondialisation...) et donnent à ce récit force et réalisme, tout en préservant cet aspect si chaleureux et magique de la tradition qu'avait introduit le premier tome. Le seul petit reproche que je ferais concerne certaines planches que j'ai trouvées un brin moins travaillées que l'ensemble que compose le premier opus. Mais vu les planches magnifiques et tout simplement hallucinantes qui viennent donner cet élan tout en couleur au récit, je m'incline. Une série en deux tomes qu'il ne faut surtout pas manquer, tant par la qualité de son graphisme que par la force de son récit.

03/04/2012 (MAJ le 06/02/2014) (modifier)
Couverture de la série Un bébé à livrer
Un bébé à livrer

Voilà un album dont j’avais entendu parler, en bien, et que j’avais feuilleté il y a quelques temps, mais que j’ai mis du temps à acquérir – j’ai attendu de pouvoir le faire d’occasion, rapport au prix. Et voilà c’est fait, je l’ai acheté, et lu dans la foulée. Et bien c’est un gros coup de cœur ! C’est de l’humour con, souvent bête et méchant, mais accessible à tous, petits et grands. Les aventures de cette équipe de bras cassés, qui se retrouvent avoir la responsabilité d’un bébé est jouissive. Les branquignoles accumulent les gaffes, les échecs pour notre plus grand plaisir. Les dialogues sont vraiment poilants, les répliques fusent et on s’attache à ces héros pathétiques. De l’humour con (mais jamais trash), et dans un style parfois très cartoon. Certaines répliques, situations ou gags, comme la course poursuite en fin d’album, sont dignes de Tex Avery ou de Chuck Jones. Le dessin est lui aussi très réussi. Peu de décor (il n’y a d’ailleurs pas de cases à proprement parler), des dessins minimalistes (assez proches de certains dessins de Reiser ou de Sempé) pour les personnages, qui sont rehaussés à l’aquarelle : c’est à la fois simple, beau et très expressif. Ce gros pavé se lit donc très bien, le sourire ou le rire aux lèvres : j’ai vraiment beaucoup aimé, et mon fils aussi. Une réussite à recommander à tous ! Le type d’album idéal pour un plaisir en famille !

05/02/2014 (modifier)
Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Before Watchmen - Minutemen
Before Watchmen - Minutemen

Voici un cas très particulier. A peine avais-je entamé la lecture de ce profane Before Watchmen Minutemen que j’étais pressé d’en finir et d’en connaitre la conclusion. Était-ce pour oublier le choix « infamous » (comme on pourrait lire dans la langue de Shakespeare ?) de cette lecture a priori incongrue et que tous les fans d’Alan Moore rejettent par fidélité sans y poser un œil ? Absolument pas, contre toute attente, cette préquelle non autorisée par son cultissime auteur barbu est un « must have » absolu qui prolonge de façon immédiate le plaisir de redécouvrir des personnages célèbres ou juste effleurés par la grâce du talent de Darwyn Cooke qui a dû prendre autant de plaisir à l’écrire et à la mettre en page que moi-même à la lire. Effectivement tout a déjà été écrit, imaginé, pensé et analysé de façon méticuleuse dans l’œuvre somme d’origine et cette mini-série de 6 épisodes n’a pas pour objectif de la supplanter. Il s’agit d’un récit qui pourrait tout à fait se lire indépendamment de la série mère même si de discrètes références et passerelles sont disséminées ici et là. Hollis Mason, officiellement flic à la retraite et officieusement premier Hibou décide de rétablir la vérité par la publication controversée de son autobiographie faisant largement référence aux Minutemen, premier groupe historique de superhéros dans l’Amérique uchronique des années 40. Après une introduction présentant chacun des protagonistes, du sombre Juge Masqué à la Silhouette, le récit décolle par le premier « coup d’éclat » des Minutemen, un fiasco complet qu’on manipule pour en faire un acte héroïque…. Et l’aventure commence pour ce groupe atypique aux intérêts divergeants dans un New-York gangréné par le crime et les non-dits. Les souvenirs de Mason sont passionnants, les personnages extrêmement travaillés mais l’ensemble était déjà, il est vrai, servi sur un plateau d’argent. Cooke ne trahit pas les intentions d’origine en parsemant son récit de scènes d’action comme tout autant de réflexions. Les « héros » sont faits de chair et de sang et certaines révélations suprenantes sont de mise tissant et reliant le schéma tentaculaire d’une existence éphémère, marquante et terriblement humaine. Chaque protagoniste profite d’un background riche et intéressant s’insérant au fur et à mesure de façon fort habile. Si on ne comprend pas pourquoi les écrits du Hibou, élément tout aussi charismatique et candide que son successeur, engendrent autant d’hostilité à être publiés par les autres survivants du groupe, la noirceur et l’apreté de certaines situations réalistes destinant la lecture à un public adulte finissent par remporter l’adhésion générale. La construction n’a forcément plus la folle originalité de son modèle mais Darwyn Cooke s’en dédouane par un trait rétro délicieusement élégant et tout à fait en phase avec son univers rendant la lecture fort agréable et aisée à suivre. Il subsiste un très joli parfum de tolérance et d’humanisme. Malheureusement certaines manipulations et traitrises feront du chapitre final un choc dont on peut ne pas sortir indemne avec le mystérieux Comédien, pivot central des deux mondes de Watchmen. Au final et sans en attendre grand chose, ce Before Watchmen Minutemen n’est ni plus ni moins qu’un chef d’œuvre que je ne peux que recommander contre vents et marées. La force du récit est de proposer une histoire intelligente et indépendante ou pas, il n’est nullement nécessaire d’avoir lu Watchmen sur le bout des doigts pour suivre les péripéties de l’Homme Insecte, la Silhouette, Bill Dollar et les autres même si je ne saurais que vous encourager à le faire bien évidemment. N’en déplaise à son auteur d’origine, la préquelle de Darwyn Cooke ne sera jamais une œuvre culte mais mériterait très sincèrement d’être reconnue pour les valeurs sincères qu’elle véhicule. Conscient que Watchmen est insurmontable, Darwyn Cooke livre non seulement un travail sincère mais honnête et respectueux. Comme quoi l’infidélité se doit d’être parfois récompensée, je lui réserve un statut d’œuvre culte immédiatement à la droite du seul et unique Watchmen en espérant que les autres digressions Before Watchmen soient du même calibre…

30/01/2014 (modifier)