Une BD scientifique retraçant le fonctionnement du cerveau (ici personnifié) selon les connaissances humaines actuelles.
C'est un bon complément par rapport à ce que j'avais pu apprendre durant mon BAC S, notamment d'un point de vue historique sur les scientifiques de renom qui ont permis l'apparition et le développement des neurosciences.
Toutefois, deux ou trois passages restent assez confus à mes yeux et le dessin (dans les choix de présentation) ne permet pas toujours de faciliter la compréhension.
J'aurais bien aimé un petit zoom détaillé sur les jonctions neuromusculaires (nerf-muscle) qui ne sont pas abordées dans cet ouvrage. Je rejoins Alix sur la possible nécessité d'un tome 2.
Enfin, l'ouverture sur des questions plus philosophiques est très intéressante : le cerveau et l'esprit sont-ils distincts ou ce dernier est une production/projection du premier ?
Graphisme simple et efficace dans l'ensemble, lecture fluide.
Note réelle : 3.5/5
Avec ce triptyque, on a un western quelque peu atypique par son traitement et son héroïne.
Même si les westerns récents sont nombreux à donner le premier rôle à des femmes (voir La Venin ou Le Sentier de la Guerre, mais les exemples sont légion), c’était moins le cas au moment de la sortie de Janet Jones.
C’est une femme attachante, à la fois forte tête et ballottée par les événements, ces deux aspects alternant.
C’est d’ailleurs aussi un peu le cas de l’histoire elle-même (même s’ils se suivent et forment une histoire complète, chaque album peut presque se lire indépendamment des autres). En effet, elle brasse quelques thèmes classiques (le long périple d’un convoi vers la Californie, les chercheurs d’or dominés par un caïd local, des bandits traqués par de vigilants, la tenancière de bordel forte femme au grand cœur, etc. – seuls les Indiens ne sont ici qu’accessoires et peu présents).
Mais tout semble comme « adouci », la violence tamisée. Il faut dire que les méchants ne sont pas forcément ceux qu’on croit (seul le deuxième album nous livre un méchant identifiable et presque caricatural – même s’il ressemble à un grand enfant par certains aspects).
Toujours est-il que les histoires se laissent lire, Janet les traverse comme elle a traversé les Rocheuses, elle s’accroche, poursuis son bonhomme de chemin jusqu’au brusque happy end final.
Je reste quand même sur ma faim, car j’ai trouvé l’ensemble trop lisse, cela manque de fond, les histoires ont un goût de trop peu.
Le dessin de Duval est correct, mais quand même inégal. Les visages en particulier ne sont pas tous réussis, loin de là. Il y a même quelques gros ratages (voir la tête hideuse de Janet dans une case page 22 du dernier tome !). Mais bon, globalement, ça passe – comme l’histoire donc.
A noter le petit clin d’œil page 46 du dernier tome, où nous voyons un sosie de Lucky Luke sur Jolly Jumper au milieu de la foule d’une rue…
A emprunter à l’occasion, mais ce n’est pas cette série qui va révolutionner le genre. J’en suis sorti un peu déçu, moi qui suis pourtant amateur de westerns.
Note réelle 2,5/5.
J’avais beaucoup aimé Exit Wounds de l’israélienne Rutu Modan (bon en même temps à voir les avis j’étais bien le seul), je fus donc ravi de rencontrer l’autrice à Angoulême 2023 pour me faire dédicacer son dernier album en date. Je ressors toutefois mitigé de ma lecture.
Le résumé de l’éditeur parle d’un « récit politico-burlesque », et c’est le côté burlesque qui m’a dérangé. L’histoire est beaucoup trop foutraque pour moi, les personnages trop loufoques, et les situations trop invraisemblables. En conséquence j’ai eu du mal à m’intéresser à l’intrigue et à terminer cet épais album, que j’ai trouvé « pas mal sans plus »… 3/5, mais de justesse.
Ibn Battûta méritait bien un tel hommage en bande dessinée. Cet homme était un des personnages remarquables d'un monde musulman en effervescence dans plein de domaines et à l'origine de nombreuses découvertes. On peut voir la durée et le parcours incroyable de ses voyages. On peut certes mettre au conditionnel la véracité historique de la réalisation de l'intégralité de tout ce périple au XIVème siècle. Son but premier était d'aller en pèlerinage à La Mecque. En définitive il a passé une bonne partie de sa vie à explorer, restant plus ou moins longtemps à certains endroits selon son envie et l'hospitalité de ses hôtes. Bien souvent et l'auteur appuie pas mal là-dessus, voire trop car on a l'impression que le personnage ne pensait qu'à ça, Ibn Battûta rencontrait des femmes pour des relations sérieuses, avec mariage, ou éphémères. Ou alors serait-ce pour faire contrepoint avec la place de la femme dans la vision des musulmans les plus intégristes de nos jours ?
Le dessin manque un peu de précision et de réalisme à mon goût. Il reste que la colorisation est très bien choisie. Il s'agit d'un ouvrage de plus de 200 pages avec un chapitre par zone géographique parcourue. Cela se laisse lire sans être mémorable.
Un petit album Patte de Mouche qui m'a fait sourire. Le dessin d'Alfred est très bien, dessin super lisible. Mais le véritable protagoniste de l'histoire est cette bouteille. La couverture met tout en place, un escalier et en bas des marches une bouteille posée à terre. Le papi est mort en allant à la cave et tout le monde dans la famille se pose la question de quoi faire de cette bouteille sans jamais parvenir à se mettre d'accord. Une vraie pièce de théâtre condensée sur 24 pages, chapeau.
Un album qui cumule qualités et défauts, dont la lecture n’est pas désagréable, même si au final j’en suis sorti un petit peu déçu.
L’intrigue tourne autour d’un adolescent, Thomas donc, et des questionnements qui vont avec cette période. Du classique donc.
La pointe d’originalité – qui explique le titre de l’album – vient de la révélation ressentie par Thomas au contact d’un nouveau venu dans son collège, qui lui fait découvrir la littérature, en particulier l’existentialisme et l’œuvre et la personnalité de Boris Vian.
Entre ses rêves où il croise Jean Sol Partre, Juliette Greco et tout le toutim germanopratin, et une réalité où Thomas se voit comme le nouveau Vian, réactivant un nouveau Tabou au cœur de sa banlieue, Thomas s’émancipe de ses parents, de ses copains et de ses blocages. Au final, ça ne se passera pas comme prévu.
En fait, l’intrigue est assez brouillonne pour tout ce qui ressors de l’univers de Vian (le reste, autour des crises d’adolescence est plus classique) et j’ai trouvé la fin un peu décevante.
Une lecture rapide et pas désagréable, mais sur laquelle je ne pense pas revenir.
Je trouve le titre de cette série intéressant et bien trouvé. En effet le goût du chlore évoque souvent des après-midis piscine joyeux et festifs voire sensuels et pourtant le chlore laisse sur soi une odeur désagréable dont on se passerait bien.
C'est un peu ce paradoxe que veut traduire la série de Bastien Vivès dans son récit intimiste assez périlleux et original. Choisir l'espace clos d'une piscine dans la période consacrée aux nageurs (et pas au loisir) est un exercice difficile.
En effet le moment est mal choisi pour le dialogue propice à approfondir une rencontre sentimentale. C'est ce défi que relève plutôt bien le scénario de l'auteur. Comment faire passer un message amoureux dans un moment où la nudité des corps à une tout autre destination que le charnel.
On est d'abord venu pour nager et même si au fil des mercredis se crée un lien, l'espace clos étouffe l'éclosion de la parole qui reste inaudible à cause de l'eau.
Il y a peu de texte et quand il y en a, cela reste des banalités. Le langage est celui des corps mais limité aux gestes de la natation.
Le graphisme est prépondérant dans la série. L'auteur a très bien su saisir la beauté de la glisse et de la gestuelle des nageurs. C'est d'ailleurs la progression du garçon dans l'esthétique de sa natation qui va lui donner confiance et permettre un espoir.
Je trouve assez remarquable que l'auteur puisse tenir son histoire sans longueur (de bassin lol) avec ce scénario de rencontre très classique dans un graphisme limité à deux personnes faisant leur entrainement de natation.
C'est une lecture rapide assez sympathique et originale. C'est à découvrir comme une curiosité. 3.5
Depuis Maus, les séries sur la Shoah se sont multipliées. C'est une bonne chose pour la transmission de la mémoire aux jeunes générations.
La série de Galandon et Monin se positionne clairement en direction d'un public de 12/15 ans. Je suis toutefois resté sur ma faim à la fin du cycle 1.
En effet j'ai trouvé le scénario un peu large et quelquefois maladroit. J'ai trouvé que Laurent Galandon voulait montrer trop de choses au détriment d'une analyse un peu plus approfondie.
L'aventure de Simon passe en revue presque tous les éléments rencontrés par les citoyens de religion juive : Pétain, l'antisémitisme haineux, la fuite, l'accueil, la milice ; la résistance ; l'arrestation et la déportation dans un camp de la mort.
Cela fait beaucoup d'autant plus que le scénario s'affranchit de marqueurs temporels qui remettraient chaque élément dans une logique de date et une continuité historique.
De plus le choix de la personnalité du jeune Simon m'a surpris plusieurs fois. Enfant de 13 ans pour l'identification au public lecteur, Simon reste soumis aux événements tout en voulant être un acteur maladroit. Cela le rend presque antipathique par moment.
Mais c'est le passage dans le camp d'extermination que j'ai le moins aimé. C'est beaucoup trop soft à mon goût et cela se perd dans une histoire d'oiseaux assez incongrue à cette place.
Par ailleurs le scénario essaye de ne pas être manichéen présentant des bons et des méchants dans toutes les corporations et même chez les soldats allemands.
Le graphisme est bien réussi avec des visages taillés à la serpe ce qui durcit considérablement l'ambiance. La mise en couleur à dominante marron, brun ou bleu-gris va dans le même sens d'un récit plus sombre et plus adulte.
Je lirais volontiers le cycle 2 si je le trouve en bibliothèque mais je ne me vois pas l'acheter sauf une bonne occasion, mais ce n'est pas une de mes priorités de lecture.
L'histoire de ce premier serial killer argentin est méconnue du public européen. Il s'agit en effet, à l'époque où il s'est "révélé", d'un adolescent affuble de malformations congénitales, né dans une famille pauvre, et sujet aux brimades de son père alcoolique. Le traitement choisi par Luciano Saracino, le scénariste, n'est pas classique : il affirme dans la préface avoir voulu écrire l'histoire d'un monstre. Un monstre construit par les démons qui l'entouraient dans sa prime enfance.
Et en parallèle il nous raconte l'histoire de Vaccari, un journaliste travaillant pour un journal à scandales qui se retrouve à couvrir l'histoire de ce Cayetano qui commence à semer la panique dans un quartier de Buenos Aires. Un journaliste qui rencontre son épouse dans une soirée mondaine, et avec laquelle les relations s'étiolent en quelques années, du fait principalement de ses absences répétées.
Deux personnes seules. L'une broyée par son travail et par sa vie familiale qui se dessèche. L'autre, aliénée par sa maladie physique et mentale ainsi que par l'ostracisme de son entourage. Deux destins brisés. Saracino traite tout cela de façon très clinique, froide, s'efforçant de jouer sur les faits. La mise en images de son compère Nicolas Brondo est très particulière aussi, c'est une ligne claire très statique, jouant régulièrement sur des répétitions de postures tout le long des séquences, symbolisant quelque part une société sclérosée, engoncée dans ses certitudes et les différentes affections qui la rongent lentement.
C'est plutôt glaçant. Surprenant.
Cette BD mêle élégamment trois thématiques a priori assez peu compatibles : les gueules cassées de la première guerre mondiale, le milieu artistique parisien, celui de la sculpture en particulier, et les montagnes du Vercors, leur flore et leur faune. Je ne me sens proche d'aucune de ces thématiques ce qui m'empêche d'avoir été particulièrement touché par cet album, mais je l'ai trouvé de bonne facture, abordant avec justesse des sujets originaux et présentant quelques fulgurances assez touchantes sans pour autant m'emporter. J'ai été un peu rebuté par l'obscurité du dessin et son manque de couleurs. Ce n'est pas un style qui me plait.
J'ai l'air de me plaindre et de faire bien des reproches à cet album mais objectivement, c'est une bonne BD, bien racontée, originale et comportant quelques idées fortes et passages intéressants. C'est juste qu'à titre personnel, je n'ai pas été particulièrement touché par son contenu et j'ai peur qu'elle marque peu ma mémoire.
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Neurocomix
Une BD scientifique retraçant le fonctionnement du cerveau (ici personnifié) selon les connaissances humaines actuelles. C'est un bon complément par rapport à ce que j'avais pu apprendre durant mon BAC S, notamment d'un point de vue historique sur les scientifiques de renom qui ont permis l'apparition et le développement des neurosciences. Toutefois, deux ou trois passages restent assez confus à mes yeux et le dessin (dans les choix de présentation) ne permet pas toujours de faciliter la compréhension. J'aurais bien aimé un petit zoom détaillé sur les jonctions neuromusculaires (nerf-muscle) qui ne sont pas abordées dans cet ouvrage. Je rejoins Alix sur la possible nécessité d'un tome 2. Enfin, l'ouverture sur des questions plus philosophiques est très intéressante : le cerveau et l'esprit sont-ils distincts ou ce dernier est une production/projection du premier ? Graphisme simple et efficace dans l'ensemble, lecture fluide. Note réelle : 3.5/5
Janet Jones - Photographe
Avec ce triptyque, on a un western quelque peu atypique par son traitement et son héroïne. Même si les westerns récents sont nombreux à donner le premier rôle à des femmes (voir La Venin ou Le Sentier de la Guerre, mais les exemples sont légion), c’était moins le cas au moment de la sortie de Janet Jones. C’est une femme attachante, à la fois forte tête et ballottée par les événements, ces deux aspects alternant. C’est d’ailleurs aussi un peu le cas de l’histoire elle-même (même s’ils se suivent et forment une histoire complète, chaque album peut presque se lire indépendamment des autres). En effet, elle brasse quelques thèmes classiques (le long périple d’un convoi vers la Californie, les chercheurs d’or dominés par un caïd local, des bandits traqués par de vigilants, la tenancière de bordel forte femme au grand cœur, etc. – seuls les Indiens ne sont ici qu’accessoires et peu présents). Mais tout semble comme « adouci », la violence tamisée. Il faut dire que les méchants ne sont pas forcément ceux qu’on croit (seul le deuxième album nous livre un méchant identifiable et presque caricatural – même s’il ressemble à un grand enfant par certains aspects). Toujours est-il que les histoires se laissent lire, Janet les traverse comme elle a traversé les Rocheuses, elle s’accroche, poursuis son bonhomme de chemin jusqu’au brusque happy end final. Je reste quand même sur ma faim, car j’ai trouvé l’ensemble trop lisse, cela manque de fond, les histoires ont un goût de trop peu. Le dessin de Duval est correct, mais quand même inégal. Les visages en particulier ne sont pas tous réussis, loin de là. Il y a même quelques gros ratages (voir la tête hideuse de Janet dans une case page 22 du dernier tome !). Mais bon, globalement, ça passe – comme l’histoire donc. A noter le petit clin d’œil page 46 du dernier tome, où nous voyons un sosie de Lucky Luke sur Jolly Jumper au milieu de la foule d’une rue… A emprunter à l’occasion, mais ce n’est pas cette série qui va révolutionner le genre. J’en suis sorti un peu déçu, moi qui suis pourtant amateur de westerns. Note réelle 2,5/5.
Tunnels
J’avais beaucoup aimé Exit Wounds de l’israélienne Rutu Modan (bon en même temps à voir les avis j’étais bien le seul), je fus donc ravi de rencontrer l’autrice à Angoulême 2023 pour me faire dédicacer son dernier album en date. Je ressors toutefois mitigé de ma lecture. Le résumé de l’éditeur parle d’un « récit politico-burlesque », et c’est le côté burlesque qui m’a dérangé. L’histoire est beaucoup trop foutraque pour moi, les personnages trop loufoques, et les situations trop invraisemblables. En conséquence j’ai eu du mal à m’intéresser à l’intrigue et à terminer cet épais album, que j’ai trouvé « pas mal sans plus »… 3/5, mais de justesse.
Les Voyages d'Ibn Battûta
Ibn Battûta méritait bien un tel hommage en bande dessinée. Cet homme était un des personnages remarquables d'un monde musulman en effervescence dans plein de domaines et à l'origine de nombreuses découvertes. On peut voir la durée et le parcours incroyable de ses voyages. On peut certes mettre au conditionnel la véracité historique de la réalisation de l'intégralité de tout ce périple au XIVème siècle. Son but premier était d'aller en pèlerinage à La Mecque. En définitive il a passé une bonne partie de sa vie à explorer, restant plus ou moins longtemps à certains endroits selon son envie et l'hospitalité de ses hôtes. Bien souvent et l'auteur appuie pas mal là-dessus, voire trop car on a l'impression que le personnage ne pensait qu'à ça, Ibn Battûta rencontrait des femmes pour des relations sérieuses, avec mariage, ou éphémères. Ou alors serait-ce pour faire contrepoint avec la place de la femme dans la vision des musulmans les plus intégristes de nos jours ? Le dessin manque un peu de précision et de réalisme à mon goût. Il reste que la colorisation est très bien choisie. Il s'agit d'un ouvrage de plus de 200 pages avec un chapitre par zone géographique parcourue. Cela se laisse lire sans être mémorable.
La Bouteille
Un petit album Patte de Mouche qui m'a fait sourire. Le dessin d'Alfred est très bien, dessin super lisible. Mais le véritable protagoniste de l'histoire est cette bouteille. La couverture met tout en place, un escalier et en bas des marches une bouteille posée à terre. Le papi est mort en allant à la cave et tout le monde dans la famille se pose la question de quoi faire de cette bouteille sans jamais parvenir à se mettre d'accord. Une vraie pièce de théâtre condensée sur 24 pages, chapeau.
Thomas ou le Retour du Tabou
Un album qui cumule qualités et défauts, dont la lecture n’est pas désagréable, même si au final j’en suis sorti un petit peu déçu. L’intrigue tourne autour d’un adolescent, Thomas donc, et des questionnements qui vont avec cette période. Du classique donc. La pointe d’originalité – qui explique le titre de l’album – vient de la révélation ressentie par Thomas au contact d’un nouveau venu dans son collège, qui lui fait découvrir la littérature, en particulier l’existentialisme et l’œuvre et la personnalité de Boris Vian. Entre ses rêves où il croise Jean Sol Partre, Juliette Greco et tout le toutim germanopratin, et une réalité où Thomas se voit comme le nouveau Vian, réactivant un nouveau Tabou au cœur de sa banlieue, Thomas s’émancipe de ses parents, de ses copains et de ses blocages. Au final, ça ne se passera pas comme prévu. En fait, l’intrigue est assez brouillonne pour tout ce qui ressors de l’univers de Vian (le reste, autour des crises d’adolescence est plus classique) et j’ai trouvé la fin un peu décevante. Une lecture rapide et pas désagréable, mais sur laquelle je ne pense pas revenir.
Le Goût du chlore
Je trouve le titre de cette série intéressant et bien trouvé. En effet le goût du chlore évoque souvent des après-midis piscine joyeux et festifs voire sensuels et pourtant le chlore laisse sur soi une odeur désagréable dont on se passerait bien. C'est un peu ce paradoxe que veut traduire la série de Bastien Vivès dans son récit intimiste assez périlleux et original. Choisir l'espace clos d'une piscine dans la période consacrée aux nageurs (et pas au loisir) est un exercice difficile. En effet le moment est mal choisi pour le dialogue propice à approfondir une rencontre sentimentale. C'est ce défi que relève plutôt bien le scénario de l'auteur. Comment faire passer un message amoureux dans un moment où la nudité des corps à une tout autre destination que le charnel. On est d'abord venu pour nager et même si au fil des mercredis se crée un lien, l'espace clos étouffe l'éclosion de la parole qui reste inaudible à cause de l'eau. Il y a peu de texte et quand il y en a, cela reste des banalités. Le langage est celui des corps mais limité aux gestes de la natation. Le graphisme est prépondérant dans la série. L'auteur a très bien su saisir la beauté de la glisse et de la gestuelle des nageurs. C'est d'ailleurs la progression du garçon dans l'esthétique de sa natation qui va lui donner confiance et permettre un espoir. Je trouve assez remarquable que l'auteur puisse tenir son histoire sans longueur (de bassin lol) avec ce scénario de rencontre très classique dans un graphisme limité à deux personnes faisant leur entrainement de natation. C'est une lecture rapide assez sympathique et originale. C'est à découvrir comme une curiosité. 3.5
L'Envolée sauvage
Depuis Maus, les séries sur la Shoah se sont multipliées. C'est une bonne chose pour la transmission de la mémoire aux jeunes générations. La série de Galandon et Monin se positionne clairement en direction d'un public de 12/15 ans. Je suis toutefois resté sur ma faim à la fin du cycle 1. En effet j'ai trouvé le scénario un peu large et quelquefois maladroit. J'ai trouvé que Laurent Galandon voulait montrer trop de choses au détriment d'une analyse un peu plus approfondie. L'aventure de Simon passe en revue presque tous les éléments rencontrés par les citoyens de religion juive : Pétain, l'antisémitisme haineux, la fuite, l'accueil, la milice ; la résistance ; l'arrestation et la déportation dans un camp de la mort. Cela fait beaucoup d'autant plus que le scénario s'affranchit de marqueurs temporels qui remettraient chaque élément dans une logique de date et une continuité historique. De plus le choix de la personnalité du jeune Simon m'a surpris plusieurs fois. Enfant de 13 ans pour l'identification au public lecteur, Simon reste soumis aux événements tout en voulant être un acteur maladroit. Cela le rend presque antipathique par moment. Mais c'est le passage dans le camp d'extermination que j'ai le moins aimé. C'est beaucoup trop soft à mon goût et cela se perd dans une histoire d'oiseaux assez incongrue à cette place. Par ailleurs le scénario essaye de ne pas être manichéen présentant des bons et des méchants dans toutes les corporations et même chez les soldats allemands. Le graphisme est bien réussi avec des visages taillés à la serpe ce qui durcit considérablement l'ambiance. La mise en couleur à dominante marron, brun ou bleu-gris va dans le même sens d'un récit plus sombre et plus adulte. Je lirais volontiers le cycle 2 si je le trouve en bibliothèque mais je ne me vois pas l'acheter sauf une bonne occasion, mais ce n'est pas une de mes priorités de lecture.
Cayetano - Le premier serial killer de l'Argentine
L'histoire de ce premier serial killer argentin est méconnue du public européen. Il s'agit en effet, à l'époque où il s'est "révélé", d'un adolescent affuble de malformations congénitales, né dans une famille pauvre, et sujet aux brimades de son père alcoolique. Le traitement choisi par Luciano Saracino, le scénariste, n'est pas classique : il affirme dans la préface avoir voulu écrire l'histoire d'un monstre. Un monstre construit par les démons qui l'entouraient dans sa prime enfance. Et en parallèle il nous raconte l'histoire de Vaccari, un journaliste travaillant pour un journal à scandales qui se retrouve à couvrir l'histoire de ce Cayetano qui commence à semer la panique dans un quartier de Buenos Aires. Un journaliste qui rencontre son épouse dans une soirée mondaine, et avec laquelle les relations s'étiolent en quelques années, du fait principalement de ses absences répétées. Deux personnes seules. L'une broyée par son travail et par sa vie familiale qui se dessèche. L'autre, aliénée par sa maladie physique et mentale ainsi que par l'ostracisme de son entourage. Deux destins brisés. Saracino traite tout cela de façon très clinique, froide, s'efforçant de jouer sur les faits. La mise en images de son compère Nicolas Brondo est très particulière aussi, c'est une ligne claire très statique, jouant régulièrement sur des répétitions de postures tout le long des séquences, symbolisant quelque part une société sclérosée, engoncée dans ses certitudes et les différentes affections qui la rongent lentement. C'est plutôt glaçant. Surprenant.
La Dernière Reine (Rochette)
Cette BD mêle élégamment trois thématiques a priori assez peu compatibles : les gueules cassées de la première guerre mondiale, le milieu artistique parisien, celui de la sculpture en particulier, et les montagnes du Vercors, leur flore et leur faune. Je ne me sens proche d'aucune de ces thématiques ce qui m'empêche d'avoir été particulièrement touché par cet album, mais je l'ai trouvé de bonne facture, abordant avec justesse des sujets originaux et présentant quelques fulgurances assez touchantes sans pour autant m'emporter. J'ai été un peu rebuté par l'obscurité du dessin et son manque de couleurs. Ce n'est pas un style qui me plait. J'ai l'air de me plaindre et de faire bien des reproches à cet album mais objectivement, c'est une bonne BD, bien racontée, originale et comportant quelques idées fortes et passages intéressants. C'est juste qu'à titre personnel, je n'ai pas été particulièrement touché par son contenu et j'ai peur qu'elle marque peu ma mémoire.