2.5
Les éditions Isan/Fuji Manga continuent de publier des vieilles séries de Tezuka avec cette série datant des années 60.
Disons que le manga accuse son âge. Le ton est enfantin avec des grosses facilités dans le scénario. Ainsi non seulement les extraterrestres ont accès à une technologie qui permet de faire plein de trucs, mais c'est aussi le cas pour une organisation d'espionnage japonaise, ainsi que d'une nation belliqueuse. On aura aussi droit à des morales sur le genre humain qu'on a déjà vues dans d'autres œuvres de Tezuka et/ou pour enfants (vous savez que c'est mal de détruire la Terre, parce que même si la plupart des adultes sont des cons parce que les enfants sont purs...en fait la plupart des enfants dont le héros agissent comme des cons mais c'est moins grave que ce que font les adultes).
Il y a des bons personnages et cela se laisse lire, mais le ton est trop naïf pour un adulte et je ne sais pas si un enfant d'aujourd'hui va s'intéresser à un shonen aussi vieux. Au moins, le dessin est du pur Tezuka, lisible et dynamique. Certaines scènes sont vraiment époustouflantes. Globalement, je trouve pas ça mauvais même si vers la fin je trouvais que ça s'étirait un peu trop en longueur et que les péripéties devenaient de moins en moins intéressantes. En gros, pour moi, ça s'adresse aux fans absolus de l'auteur qui voudraient tout lire de lui.
Étant enfant j'avais lu plusieurs volumes de cette BD et j'avais apprécié cette lecture, qui m'a semblé même intéressante avec un œil adulte. C'est surtout dû à une réflexion faite dans la BD sur notre propre monde, via un regard d'enfant-roi qui peut tout se permettre.
Les histoires ont différentes natures, certaines autour du petit roi qui fait un caprice, déclenchant des actions diverses et comiques, d'autre étant surtout sur des changements sociétaux que le petit roi doit gérer. J'aime beaucoup ces dernières histoires, souvent assez surprenantes pour des BD destinées aux enfants. On aborde le thème de l'argent (remplacé par du chocolat), la crise énergétique (qui donne lieu à une très jolie réflexion sur notre dépendance aux technologies), mais aussi la question de la richesse d'un pays comparé à un autre, de l'urbanisation et de la bétonisation ... C'est souvent assez drôle comment on y arrive, loufoque dans la rapidité d’exécution, mais jamais stupide ni irréfléchi. Au contraire, je trouve que Trondheim use habilement d'histoires destinées aux enfants pour parler de thématiques plus profondes qui m'avaient déjà marqué à l'époque. Rien que la question de l'urbanisation massive des forêts ou la question de la crise énergétique semble donner des indications écologiques dans une BD pour enfant (et qui a vingt ans qui plus est !).
Niveau dessin, c'est très dynamique mais ça passe très bien. Curieusement, je trouve que ça ressemble pas mal à la charte graphique de Rayman, type Rayman origin. C'est un comparatif qui est assez bizarre, mais je n'arrive pas à me le sortir de ma tête !
Bref, niveau histoire pour enfant je trouve qu'on a une série qui se classe tout de même dans le haut du panier. Notamment par la diversité et l'intelligence des thèmes abordés, qui sauront régaler les enfants et leur inculquer quelques valeurs que je trouve plutôt positives. Une série vraiment pas mauvaise, ne nécessitant sans doute pas tous les volumes pour apprécier, mais dont quelques tomes permettent de grappiller des lectures pour nos plus jeunes !
De Metter nous livre là un road movie assez noir, dans lequel trois paumés, ou en tout cas trois personnes écorchées par la vie et se cherchant des raisons de vivre (se cherchant tout simplement) se retrouvent et suivent la même dérive. L’intrigue ne s’embarrasse pas de détails, on suit au plus près ces personnages dans leur virée improbable, qui se finit brutalement (dans tous les sens du terme d’ailleurs).
C’est donc une histoire assez épurée, très noire, mais que j’ai appréciée, malgré le peu d’informations que l’on nous donne sur les protagonistes (ou peut-être à cause de ça). La prise de conscience tardive du personnage principal ajoute une ultime touche de noirceur rétrospective.
Le dessin de de Metter est classique pour lui, on aime ou pas (moi je le trouve agréable et sortant de l’ordinaire du genre). Il est en tout cas efficace et accompagne très bien l’histoire.
Note réelle 3,5/5.
Le dessin de Moynot est assez surprenant (en tout cas différent de ce que je connaissais de son travail). Le rendu est original, et pas dénué d’intérêt et de beauté. Malheureusement il se rapproche du travail de certains impressionnistes, courant qui ne m’attire pas trop.
Malgré les qualités du dessin, mes préventions ont fait que je suis entré un peu à reculons dans l’histoire, qui elle est aussi originale. Légère, assez simple, avec un petit côté édifiant, cette histoire se laisse lire agréablement, autour de ce personnage effacé (dans tous les sens du terme, puisque son visage ne possède pas de trait, et que les « autres » le méprisent ou le traitent comme s’il n’était pas là).
C’est une suite de circonstances qui va pousser monsieur Khol à quitter sa routine, et à retrouver goût à la vie et confiance en lui – et accessoirement visage et amour.
Comme d’habitude, cette collection propose un format original et pénible à « ranger ». Voilà en tout cas un album qui mérite le coup d’œil.
Geoffroy Larcher et Stéphane Doreau proposent un (premier ?) album pour le moins réussi.
Le village de Mordaille est loufoque à souhait, avec ces changements de saison soudains, ce cirque aux numéros involontairement comiques et une galerie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres. Une enquête policière se greffe sur ce beau monde, et je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu, même si je me suis un peu lassé sur la longueur (j’aime le loufoque à petite dose, et l’album fait quand même 100 pages).
La mise en image est superbe, avec notamment des couleurs magnifiques qui participent grandement à l’ambiance.
Un album que je recommande aux amateurs de loufoque… moi, j’ai trouvé ça juste « pas mal ».
Une aventure africaine intense et captivante entre le Kenya, l'Ethiopie et le Yemen des années 20, tout ceci génère une atmosphère très plaisante, et le premier tome qui lance l'histoire est remarquable. La mise en place de l'intrigue et des personnages permet ainsi de s'embarquer dans ce récit à suspense sans qu'on sache pourquoi Wallace a tué ces 2 Noirs en perdant tout ce qu'il avait construit : une vie coloniale confortable et une belle fiancée à épouser... On reconnait indubitablement le talent de Desberg qui sait ménager des effets, créer une tension palpable et entretenir la curiosité pour qu'on ait envie de lire la suite.
Le cocktail d'aventure et de mysticisme s'étiole très légèrement dans le tome 2 car Desberg selon son habitude, offre à l'intrigue de multiples directions, il épaissit le mystère ensuite en partant sur plusieurs pistes sans que toutes soient explorées, ça peut créer un petit sentiment de frustration, mais on connait Desberg, il sait se rattrapper par une conclusion adéquate, bien qu'on soit en mesure de faire un peu le difficile. Mais cette bd ne serait qu'imparfaite s'il n'y avait le dessin de Labiano, je retrouve ici son trait puissant que j'avais déja aimé sur Dixie Road, Matador ou Black Op, et son aptitude à créer aussi des ambiances propres à ces contrées africaines, son dessin complète vraiment les petites irrégularités de Desberg, mais l'ensemble du récit reste une bonne lecture.
La guerre de Sécession en BD, c'est comme la Première guerre mondiale, ça commence à être bien rebattu, il faut donc trouver un angle d'approche original pour vraiment intéresser le lecteur. Ce qui présente un intérêt, c'est que ce récit est vu du côté du Sud, ce qui est plutôt rare, la plupart des Bd contant les horreurs de cette guerre fratricide du côté Nord. Ceci a pour inconvénient d'adopter un ton pro-Sudiste et de diaboliser les Nordistes, même si la vision d'un Sud idyllique est ici balayée par les exactions, les atrocités et autres abominations d'une cruauté sans nom dont les auteurs ne nous dissimulent rien. D'après ce que je sais de cette guerre, les Sudistes avaient autant de torts que les Nordistes, aucun des 2 n'était pur ou irréprochable.
Malgré cet angle d'attaque, je n'ai pas été passionné par cette histoire trop sombre et trop démoralisante qui projette des personnages de la littérature dans une après-guerre atroce ; ce n'est pas une lecture divertissante, il faut lire ce récit quand on est dénué de soucis ou si on est dans de bonnes dispositions, c'est sans doute pourquoi je ne suis pas parvenu à rentrer dedans. Intégrer les personnages du Magicien d'Oz et d'Alice au pays des merveilles au coeur de ce pan d'Histoire de l'Amérique donne une vision un peu onirique ou irréaliste, et cette relecture ne m'a pas séduit, même si la narration possède un aspect immersif et très référencé aux oeuvres littéraires.
Par contre, ce qui m'a vraiment séduit, c'est le dessin de Meddour ; je l'avais trouvé très irrégulier sur Ganarah, ici je ne le reconnais pas du tout, il a changé de style et lorgne vers le style de Sorel, avec un dessin aquarellé de toute beauté, d'une finesse étrange, et surtout une gamme chromatique adaptée à chaque ambiance, variant entre des tons de roux, d'orangé, de sépia, de grisaille etc... c'est richement évocateur en plus. Ma note est donc orientée dessin plus que vers le récit qui ne m'a pas passionné, sinon je notais 2/5.
L’idée de cette série a germé dans la tête d’un scénariste (de jeux vidéo et de films), et je trouve que ça se sent, tant on a l’impression de se retrouver dans un film américain. Charreyron dit même espérer, dans un dossier accompagnant l’un des albums, que « Le Mur » connaisse une version cinématographique.
Disons que ce triptyque ne révolutionne rien dans un genre assez balisé, le post apocalypse. Mais c’est quand même suffisamment bien fichu pour que l’on ne s’ennuie pas, et que l’on n’ait pas l’impression de ne lire que du déjà-vu.
Comme expliqué dans les dossiers précédant ou suivant chaque album, l’histoire a été inspiré à l’auteur par une triste réalité contemporaine, à savoir les migrations plus ou moins désespérées du Sud vers le Nord, et les « murs » (physiques ou virtuels) battis pour protéger Europe et États-Unis de ces migrants.
Si cet aspect peut apparaitre en filigrane parfois, on l’oublie souvent, l’intrigue s’en écartant régulièrement, pour y revenir parfois, par petites touches, montrant la lutte entre hordes de réprouvés et quelques nantis dans leur forteresse.
Quelques bémols toutefois, qui gênent parfois la lecture. Les scènes d’actions sont souvent difficiles à suivre, c’est franchement peu clair ! Et la mise en page choisie par Alberti, si elle est moderne et dynamique, renforce parfois cette difficulté de lecture (j’ai parfois hésité quant à l’ordre de lecture des cases sur certaines pages).
Bon, sinon, ça reste une série agréable à lire, qui ne renouvelle rien, mais qui est suffisamment dynamique pour faire passer ce thème post apocalypse.
Une lecture sympathique. Qui ne casse pas forcément des briques (désolé), mais qui, grâce à certains à-côtés, bonifie une intrigue policière peut-être un peu mollassonne.
D’abord le dessin de François, déroutant de prime abord, original, en tout cas que j’ai bien aimé.
Ensuite le cadre dans lequel se déroule l’intrigue. Hautière nous fait découvrir l’une des grandes utopies socialistes françaises du XIXème siècle, dans la foulée de celle de Fourrier, le Familistère de Godin, dont le fonctionnement est à la fois un décor et un moteur de l’histoire.
Une utopie sociale toujours à défendre, la montée des tensions (l’intrigue se déroule essentiellement dans les tout derniers temps précédents la première guerre mondiale), en arrière-plan, la grande Histoire donne de la force à la petite.
L’épilogue (dessiné par l’excellent Pierre-Henry Gomont) livre l’ultime clé de l’intrigue, avec une fin noire et tristement ironique.
Note réelle 3,5/5.
Koffi Roger N'Guessan est un artiste de Côte d'Ivoire qui a déjà produit plusieurs séries. Ici il nous propose un graphisme réaliste en ligne claires assez épaisses bien abouties.
L'accent est mis sur l'expressivité des personnages qui sont bien travaillés. "Séductions" prend le temps de développer la psychologie d'Anaïs et de sa rivale Anita avec leur stratégie de séduction bien différentes.
En arrière-plan l'auteur en profite pour mettre en garde les jeunes femmes qui voudraient "se blanchir" la peau avec des produits qui sont le plus souvent toxiques. Koffi Roger ouvre d'ailleurs son histoire sur la déconvenue de la patronne d'Anaïs que son "amoureux", débarquant de France, trouve trop blanche à son goût.
Je le lis comme une invitation à travailler sa personnalité plus que son apparence pour être bien dans sa peau et sans stress afin de pouvoir séduire plus sincèrement.
Un récit intéressant et bien construit qui se lit très facilement.
Le second récit nous plonge au coeur des croyances africaines où la place du marabout est encore bien présente. Des petits récits qui pourraient faire sourire si l'on avait pas crainte de se faire envouter.
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W3 (Wonder three)
2.5 Les éditions Isan/Fuji Manga continuent de publier des vieilles séries de Tezuka avec cette série datant des années 60. Disons que le manga accuse son âge. Le ton est enfantin avec des grosses facilités dans le scénario. Ainsi non seulement les extraterrestres ont accès à une technologie qui permet de faire plein de trucs, mais c'est aussi le cas pour une organisation d'espionnage japonaise, ainsi que d'une nation belliqueuse. On aura aussi droit à des morales sur le genre humain qu'on a déjà vues dans d'autres œuvres de Tezuka et/ou pour enfants (vous savez que c'est mal de détruire la Terre, parce que même si la plupart des adultes sont des cons parce que les enfants sont purs...en fait la plupart des enfants dont le héros agissent comme des cons mais c'est moins grave que ce que font les adultes). Il y a des bons personnages et cela se laisse lire, mais le ton est trop naïf pour un adulte et je ne sais pas si un enfant d'aujourd'hui va s'intéresser à un shonen aussi vieux. Au moins, le dessin est du pur Tezuka, lisible et dynamique. Certaines scènes sont vraiment époustouflantes. Globalement, je trouve pas ça mauvais même si vers la fin je trouvais que ça s'étirait un peu trop en longueur et que les péripéties devenaient de moins en moins intéressantes. En gros, pour moi, ça s'adresse aux fans absolus de l'auteur qui voudraient tout lire de lui.
Le Roi catastrophe
Étant enfant j'avais lu plusieurs volumes de cette BD et j'avais apprécié cette lecture, qui m'a semblé même intéressante avec un œil adulte. C'est surtout dû à une réflexion faite dans la BD sur notre propre monde, via un regard d'enfant-roi qui peut tout se permettre. Les histoires ont différentes natures, certaines autour du petit roi qui fait un caprice, déclenchant des actions diverses et comiques, d'autre étant surtout sur des changements sociétaux que le petit roi doit gérer. J'aime beaucoup ces dernières histoires, souvent assez surprenantes pour des BD destinées aux enfants. On aborde le thème de l'argent (remplacé par du chocolat), la crise énergétique (qui donne lieu à une très jolie réflexion sur notre dépendance aux technologies), mais aussi la question de la richesse d'un pays comparé à un autre, de l'urbanisation et de la bétonisation ... C'est souvent assez drôle comment on y arrive, loufoque dans la rapidité d’exécution, mais jamais stupide ni irréfléchi. Au contraire, je trouve que Trondheim use habilement d'histoires destinées aux enfants pour parler de thématiques plus profondes qui m'avaient déjà marqué à l'époque. Rien que la question de l'urbanisation massive des forêts ou la question de la crise énergétique semble donner des indications écologiques dans une BD pour enfant (et qui a vingt ans qui plus est !). Niveau dessin, c'est très dynamique mais ça passe très bien. Curieusement, je trouve que ça ressemble pas mal à la charte graphique de Rayman, type Rayman origin. C'est un comparatif qui est assez bizarre, mais je n'arrive pas à me le sortir de ma tête ! Bref, niveau histoire pour enfant je trouve qu'on a une série qui se classe tout de même dans le haut du panier. Notamment par la diversité et l'intelligence des thèmes abordés, qui sauront régaler les enfants et leur inculquer quelques valeurs que je trouve plutôt positives. Une série vraiment pas mauvaise, ne nécessitant sans doute pas tous les volumes pour apprécier, mais dont quelques tomes permettent de grappiller des lectures pour nos plus jeunes !
Vers le démon
De Metter nous livre là un road movie assez noir, dans lequel trois paumés, ou en tout cas trois personnes écorchées par la vie et se cherchant des raisons de vivre (se cherchant tout simplement) se retrouvent et suivent la même dérive. L’intrigue ne s’embarrasse pas de détails, on suit au plus près ces personnages dans leur virée improbable, qui se finit brutalement (dans tous les sens du terme d’ailleurs). C’est donc une histoire assez épurée, très noire, mais que j’ai appréciée, malgré le peu d’informations que l’on nous donne sur les protagonistes (ou peut-être à cause de ça). La prise de conscience tardive du personnage principal ajoute une ultime touche de noirceur rétrospective. Le dessin de de Metter est classique pour lui, on aime ou pas (moi je le trouve agréable et sortant de l’ordinaire du genre). Il est en tout cas efficace et accompagne très bien l’histoire. Note réelle 3,5/5.
Monsieur Khol
Le dessin de Moynot est assez surprenant (en tout cas différent de ce que je connaissais de son travail). Le rendu est original, et pas dénué d’intérêt et de beauté. Malheureusement il se rapproche du travail de certains impressionnistes, courant qui ne m’attire pas trop. Malgré les qualités du dessin, mes préventions ont fait que je suis entré un peu à reculons dans l’histoire, qui elle est aussi originale. Légère, assez simple, avec un petit côté édifiant, cette histoire se laisse lire agréablement, autour de ce personnage effacé (dans tous les sens du terme, puisque son visage ne possède pas de trait, et que les « autres » le méprisent ou le traitent comme s’il n’était pas là). C’est une suite de circonstances qui va pousser monsieur Khol à quitter sa routine, et à retrouver goût à la vie et confiance en lui – et accessoirement visage et amour. Comme d’habitude, cette collection propose un format original et pénible à « ranger ». Voilà en tout cas un album qui mérite le coup d’œil.
Les trois visages de Tullula-Belle
Geoffroy Larcher et Stéphane Doreau proposent un (premier ?) album pour le moins réussi. Le village de Mordaille est loufoque à souhait, avec ces changements de saison soudains, ce cirque aux numéros involontairement comiques et une galerie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres. Une enquête policière se greffe sur ce beau monde, et je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu, même si je me suis un peu lassé sur la longueur (j’aime le loufoque à petite dose, et l’album fait quand même 100 pages). La mise en image est superbe, avec notamment des couleurs magnifiques qui participent grandement à l’ambiance. Un album que je recommande aux amateurs de loufoque… moi, j’ai trouvé ça juste « pas mal ».
Le Lion de Judah
Une aventure africaine intense et captivante entre le Kenya, l'Ethiopie et le Yemen des années 20, tout ceci génère une atmosphère très plaisante, et le premier tome qui lance l'histoire est remarquable. La mise en place de l'intrigue et des personnages permet ainsi de s'embarquer dans ce récit à suspense sans qu'on sache pourquoi Wallace a tué ces 2 Noirs en perdant tout ce qu'il avait construit : une vie coloniale confortable et une belle fiancée à épouser... On reconnait indubitablement le talent de Desberg qui sait ménager des effets, créer une tension palpable et entretenir la curiosité pour qu'on ait envie de lire la suite. Le cocktail d'aventure et de mysticisme s'étiole très légèrement dans le tome 2 car Desberg selon son habitude, offre à l'intrigue de multiples directions, il épaissit le mystère ensuite en partant sur plusieurs pistes sans que toutes soient explorées, ça peut créer un petit sentiment de frustration, mais on connait Desberg, il sait se rattrapper par une conclusion adéquate, bien qu'on soit en mesure de faire un peu le difficile. Mais cette bd ne serait qu'imparfaite s'il n'y avait le dessin de Labiano, je retrouve ici son trait puissant que j'avais déja aimé sur Dixie Road, Matador ou Black Op, et son aptitude à créer aussi des ambiances propres à ces contrées africaines, son dessin complète vraiment les petites irrégularités de Desberg, mais l'ensemble du récit reste une bonne lecture.
Après l'enfer
La guerre de Sécession en BD, c'est comme la Première guerre mondiale, ça commence à être bien rebattu, il faut donc trouver un angle d'approche original pour vraiment intéresser le lecteur. Ce qui présente un intérêt, c'est que ce récit est vu du côté du Sud, ce qui est plutôt rare, la plupart des Bd contant les horreurs de cette guerre fratricide du côté Nord. Ceci a pour inconvénient d'adopter un ton pro-Sudiste et de diaboliser les Nordistes, même si la vision d'un Sud idyllique est ici balayée par les exactions, les atrocités et autres abominations d'une cruauté sans nom dont les auteurs ne nous dissimulent rien. D'après ce que je sais de cette guerre, les Sudistes avaient autant de torts que les Nordistes, aucun des 2 n'était pur ou irréprochable. Malgré cet angle d'attaque, je n'ai pas été passionné par cette histoire trop sombre et trop démoralisante qui projette des personnages de la littérature dans une après-guerre atroce ; ce n'est pas une lecture divertissante, il faut lire ce récit quand on est dénué de soucis ou si on est dans de bonnes dispositions, c'est sans doute pourquoi je ne suis pas parvenu à rentrer dedans. Intégrer les personnages du Magicien d'Oz et d'Alice au pays des merveilles au coeur de ce pan d'Histoire de l'Amérique donne une vision un peu onirique ou irréaliste, et cette relecture ne m'a pas séduit, même si la narration possède un aspect immersif et très référencé aux oeuvres littéraires. Par contre, ce qui m'a vraiment séduit, c'est le dessin de Meddour ; je l'avais trouvé très irrégulier sur Ganarah, ici je ne le reconnais pas du tout, il a changé de style et lorgne vers le style de Sorel, avec un dessin aquarellé de toute beauté, d'une finesse étrange, et surtout une gamme chromatique adaptée à chaque ambiance, variant entre des tons de roux, d'orangé, de sépia, de grisaille etc... c'est richement évocateur en plus. Ma note est donc orientée dessin plus que vers le récit qui ne m'a pas passionné, sinon je notais 2/5.
Le Mur
L’idée de cette série a germé dans la tête d’un scénariste (de jeux vidéo et de films), et je trouve que ça se sent, tant on a l’impression de se retrouver dans un film américain. Charreyron dit même espérer, dans un dossier accompagnant l’un des albums, que « Le Mur » connaisse une version cinématographique. Disons que ce triptyque ne révolutionne rien dans un genre assez balisé, le post apocalypse. Mais c’est quand même suffisamment bien fichu pour que l’on ne s’ennuie pas, et que l’on n’ait pas l’impression de ne lire que du déjà-vu. Comme expliqué dans les dossiers précédant ou suivant chaque album, l’histoire a été inspiré à l’auteur par une triste réalité contemporaine, à savoir les migrations plus ou moins désespérées du Sud vers le Nord, et les « murs » (physiques ou virtuels) battis pour protéger Europe et États-Unis de ces migrants. Si cet aspect peut apparaitre en filigrane parfois, on l’oublie souvent, l’intrigue s’en écartant régulièrement, pour y revenir parfois, par petites touches, montrant la lutte entre hordes de réprouvés et quelques nantis dans leur forteresse. Quelques bémols toutefois, qui gênent parfois la lecture. Les scènes d’actions sont souvent difficiles à suivre, c’est franchement peu clair ! Et la mise en page choisie par Alberti, si elle est moderne et dynamique, renforce parfois cette difficulté de lecture (j’ai parfois hésité quant à l’ordre de lecture des cases sur certaines pages). Bon, sinon, ça reste une série agréable à lire, qui ne renouvelle rien, mais qui est suffisamment dynamique pour faire passer ce thème post apocalypse.
De Briques & de Sang
Une lecture sympathique. Qui ne casse pas forcément des briques (désolé), mais qui, grâce à certains à-côtés, bonifie une intrigue policière peut-être un peu mollassonne. D’abord le dessin de François, déroutant de prime abord, original, en tout cas que j’ai bien aimé. Ensuite le cadre dans lequel se déroule l’intrigue. Hautière nous fait découvrir l’une des grandes utopies socialistes françaises du XIXème siècle, dans la foulée de celle de Fourrier, le Familistère de Godin, dont le fonctionnement est à la fois un décor et un moteur de l’histoire. Une utopie sociale toujours à défendre, la montée des tensions (l’intrigue se déroule essentiellement dans les tout derniers temps précédents la première guerre mondiale), en arrière-plan, la grande Histoire donne de la force à la petite. L’épilogue (dessiné par l’excellent Pierre-Henry Gomont) livre l’ultime clé de l’intrigue, avec une fin noire et tristement ironique. Note réelle 3,5/5.
Séductions - Mille mystères d'Afrique
Koffi Roger N'Guessan est un artiste de Côte d'Ivoire qui a déjà produit plusieurs séries. Ici il nous propose un graphisme réaliste en ligne claires assez épaisses bien abouties. L'accent est mis sur l'expressivité des personnages qui sont bien travaillés. "Séductions" prend le temps de développer la psychologie d'Anaïs et de sa rivale Anita avec leur stratégie de séduction bien différentes. En arrière-plan l'auteur en profite pour mettre en garde les jeunes femmes qui voudraient "se blanchir" la peau avec des produits qui sont le plus souvent toxiques. Koffi Roger ouvre d'ailleurs son histoire sur la déconvenue de la patronne d'Anaïs que son "amoureux", débarquant de France, trouve trop blanche à son goût. Je le lis comme une invitation à travailler sa personnalité plus que son apparence pour être bien dans sa peau et sans stress afin de pouvoir séduire plus sincèrement. Un récit intéressant et bien construit qui se lit très facilement. Le second récit nous plonge au coeur des croyances africaines où la place du marabout est encore bien présente. Des petits récits qui pourraient faire sourire si l'on avait pas crainte de se faire envouter.