Une BD qui combine quelques thématiques de société dans une intrigue dont la morale m'a un peu échappé.
Cela commence avec le sujet du difficile équilibre entre vie professionnelle et maternité pour les femmes modernes, qu'il s'agisse de l'épouse bourgeoise qui travaille dans une agence immobilière ou de sa nouvelle nounou qui doit laisser sa cousine s'occuper de ses enfants jusqu'à tard le soir. En parallèle, on a une vision assez superficielle de la condition des immigrés obligés d'accepter des boulots parfois dégradants et de subir le mal-logement avec des familles trop nombreuses. Puis peu à peu s'installe la thématique du couple qui se délite ou du moins qui a du mal à se maintenir à flot quand l'un des époux se consacre trop à sa carrière et que l'autre est en manque d'affection.
Sur le plan des idées, cet album est intéressant. Il est aussi bon en matière de dessin avec un encrage élégant et des planches plutôt belles et claires à la lecture.
Pourtant, je ne suis pas totalement tombé sous le charme de cette lecture car certains éléments me paraissent un peu bancals et parce que je reste aussi circonspect sur la conclusion de l'histoire. Il y a une certaine bêtise du couple bourgeois, qu'il s'agisse du burn-out de l'une qui parait tellement évident que c'est agaçant de la voir s'enfoncer dedans sans réagir pendant plus de 2 ans, ou qu'il s'agisse du comportement régressif de l'autre qui est tout aussi exaspérant. Il y a aussi le caractère ambigu de la nounou, qui semble changer radicalement de personnalité dans les dernières pages de l'album. Et puis je n'ai pas trouvé crédible le résultat final de l'histoire : pour ne pas spoiler, disons que ça me parait trop énorme sur le plan financier pour passer inaperçu, surtout quand au début de l'album, l'épouse disait être payée tout juste 2 fois le Smic et parce que tout cela se passe à Paris avec les prix que l'on y connait. La morale semble être que c'est bien fait pour ces cons de bourgeois et que tout le monde peut être un requin, mais pour que ça fonctionne, j'ai besoin de trouver ça crédible ce qui n'est pas trop le cas ici.
J’avais adoré Descender, je me suis donc naturellement jeté sur ce nouveau cycle… et malheureusement après lecture de l’intégralité de la série, je baisse ma note d’un point.
La faute, je pense, à l’apparition de magie et autres créatures démoniaques, qui fait virer cette série dans le genre « Science-Fantasy », alors que « Descender » était une histoire pure science-fiction (même si l’auteur avait commencé à saupoudrer son histoire de magie sur la fin, sans doute pour faciliter la transition). J’ai beaucoup aimé le 1er tome, haletant au possible, mais sur la durée mon esprit cartésien a eu du mal à se faire à ces histoires de vampires et de magie, et j’ai eu du mal à m’intéresser aux personnages et à leurs déboires.
Le dessin et les aquarelles de Nguyen sont toujours sublimes, pas de soucis de ce côté.
Une bonne série dans le genre, sans doute… mais « pas mal, sans plus » en ce qui me concerne.
Cette BD, étonnant croisement entre Légendes de la Garde et Walking Dead, fut d’abord publiée en ligne, avant d’être imprimée en album suite à une campagne Kickstarter… Delcourt a acquis les droits des 3 tomes parus.
Le background postapocalyptique est certes classique, mais vu d’un point de vue original : les humains ont disparu (on apprend pourquoi dans le 3eme tome, même si on devine bien avant), et les souris « civilisées » ayant toujours vécu de leurs déchets se retrouvent affamées et bien désemparées. On retrouve les thèmes habituels au genre : la survie face à l’adversité (les autres animaux plutôt que des zombies), le manque de nourriture et la faim omniprésente, les décisions difficiles pour assurer la survie de la colonie, et les désaccords internes. Les paraboles entre comportements humains et animaux sont subtiles et pertinentes, par exemple les interprétations mystiques des évènements qui les dépassent. La narration est efficace, l’intrigue est prenante, je me suis laissé emporter par l’histoire.
La mise en image est très informatisée, et à ce titre me rappelle un peu une autre BD postapocalyptique : Gung Ho. En tout cas les planches ont de la gueule (les animaux sont superbement dessinés), et surtout le trait est très lisible et dynamique.
Une série certes classique, mais qui possède beaucoup de charme, grâce notamment à sa galerie de rongeurs attachants. Bon, j’avoue être bon public pour ce genre d’œuvre (j’adore « Légendes de la Garde »).
A l’heure actuelle, cette série se compose de quatre tomes. Le premier peut être lu comme une histoire complète, les tomes 2 et 3 forment un diptyque. Le quatrième tome, enfin, est à nouveau une histoire en un tome mais peut aussi se voir comme une fin de cycle. En effet, au terme de ce quatrième tome, Catamount est devenu une légende de l’Ouest et peut commencer sa « nouvelle » vie.
En soit, la série propose des thèmes extrêmement classiques pour le genre. Le premier tome est une histoire de colons victimes de la vengeance aveugle d’indiens. Le diptyque s’articule autour de la construction d’une ligne ferroviaire. Le dernier tome voit notre héros protéger la veuve et l’orphelin face à un immonde « homme d’affaire » plus truand qu’autre chose.
Au niveau du ton, le premier tome est assez fidèle à celui employé dans les westerns américains du début des années 60 tandis que les tomes suivants sont bien plus marqués par l’esprit des spaghetti western des années 60 et 70 (des hommages appuyés au Grand Silence sont d’ailleurs repérables).
Le dessin évolue au fil des tomes. Le trait très sec du premier tome va progressivement céder sa place à un style plus soyeux. Assez bizarrement, je le regrette alors même que je reconnais que l’auteur progresse au fur et à mesure… mais j’aimais beaucoup le style employé dans le tome 1.
Ces histoires sont adaptées de romans mais cela ne se sent pas à la lecture. Seul le troisième tome m’a un peu déçu au niveau de la narration. L’arrivée de Gaet’s comme co-scénariste marque en effet une évolution au niveau du style littéraire… qui ne me plait pas outre-mesure car je le trouve trop emphatique, trop mélodramatique. Heureusement, le tome 4 est plus équilibré entre la simplicité du premier tome et les ambitions littéraires du troisième.
Au final, je trouve que Catamount est une bonne série du genre western classique. Elle n’est pas spécialement originale mais, au-delà des intrigues fort classiques qu’elle propose, j’ai aimé voir le personnage principal évoluer, passant de l’enfant assoiffé de vengeance à l’adulte assoiffé de justice.
L’histoire de cet album s’inspire a priori de la vie de l’auteur, et nous raconte l’histoire d’une famille « moderne » : deux couples homosexuels formant une famille coparentale. Les thèmes abordés son multiples : l’adoption, le besoin pour Thomas de retrouver sa famille biologique, mais aussi son désir d’avoir un enfant biologique (et non adopté) avec son partenaire… et enfin la mise en place d’un « protocole » coparental… une tâche finalement assez compliquée.
La narration est un peu classique et linéaire, mais je dois avouer avoir lu les 160 pages d’une traite. Il faut dire que la narration est légère, et que la vie de Thomas est intéressante et fait réfléchir à nos standards familiaux traditionnels.
A lire si les thèmes vous intéressent.
A l’époque de sa sortie, j’aurais mis un 4*
Une alternative à Thorgal pour Rosinski, même si finalement il use du même trait et que le décorum est ressemblant. Mais une série que je trouvais plus « adulte », c’est d’ailleurs par cette dernière que j’ai découvert Jean Dufaux.
Du médiéval fantastique plaisant, qui posera les bases de tout un univers (mais on ne le savais pas à l’époque ^^) que le scénariste décline depuis, 4 cycles à ce jour (sa poule aux œufs d’or ??)
Dans ce 1er cycle, les bases sont posés (ordres, familles, temporalité …) du fantastique léger où l’on sent la fin d’une période, beaucoup d’allusions au passé. Les personnages de Sioban et de Seamus sont plutôt réussis, un peu moins le cas des autres, et des péripéties acceptables.
Le soucis c’est qu’avec le temps, mes relectures m’ont de moins emballé, ça ne vieillit pas très bien à mes yeux. Le scénario m’est devenu d’une lourdeur abyssale (le mal, l’amour, le cœur gnagna) et les couleurs accusent le coup, ça fait dater et je n’ai pas de nostalgie pour cet œuvre.
Du coup aujourd’hui 2,5*
Les autres cycles (plus récents) s’en tirent mieux, fortement aidés en ça par leurs graphismes, je mettrais cependant un peu plus de bémol sur l’histoire.
Un polar mystérieux.
Un duo d'auteurs qui avait déjà collaboré sur Histoires extraordinaires d'Edgar Poe.
Nous sommes en 1877 à Edimbourg et l"inspecteur Clayton McRae va enquêter sur la mort d'un aristocrate et celle-ci va lui donner bien du fil à retordre. L'affaire Thanatos, l'ange noir de la mort. Secrets de famille et séances de spiritisme seront au menu de notre inspecteur et de son adjoint. On y croisera aussi deux étudiants en médecine, dont un certain Conan Doyle et le professeur Bell qui inspirera plus tard Conan Doyle pour son personnage de Sherlock Holmes.
Une narration nerveuse qui ne laisse pas le temps de reprendre son souffle. Un récit bien construit, passionnant et prenant, mais j'ai trouvé que les séances de spiritisme avec l'esprit qui se pointe illico presto, ça enlève du crédit à l'intrigue.
Mais une intrigue qui m'aura permis de découvrir les workhouses qui étaient des hospices du Royaume-Uni dont le rôle s'apparentait à de l'assistance social pour les femmes en détresses.
Le dessin de Jean-Louis Thouard est une petite merveille avec son trait anguleux, acéré et vif.
J'ai particulièrement aimé les parties où se déroulent l'évocation des esprits avec ses couleurs criardes.
Un graphisme qui dégage une ambiance inquiétante du début à la fin.
Note réelle : 3,5.
D’autres semblent avoir davantage apprécié que moi la lecture de cet album. Il possède des qualités, mais je n’ai pas totalement accroché.
La faute au côté graphique d’abord. C’est un choix assez radical, très « esthétique », mais pas trop mon truc hélas.
Ensuite l’histoire, pas désagréable, autour d’un artiste persécuté par un mystérieux malade, en plus d’être poursuivi par un sosie et fan un chouia trop collant.
Mais pour apprécier davantage cette histoire, je pense qu’il faut un peu mieux connaitre ou aimer l’univers qui sert de décor. Or je ne connais pas Dominique A, et connais peu Philippe Katherine (et le peu que je connais me laisse totalement froid).
Il y a sans doute un côté « private joke » qui m’a échappé, je ne sais pas.
Toujours est-il que je ne retournerai pas vers ce polar un peu loufoque, dont les qualités – réelles – ne sont pas ce que je recherche.
Note réelle 2,5/5.
Au long de près de 140 pages, cette BD revient sur le jour du 11 Septembre et des attentats du point de vue de plusieurs témoins directs de l'évènement, puis sur les conséquences de ce drame, la psychose internationale, les guerres d'Afghanistan et d'Irak, le Patriot Act et autres résurgences du terrorisme islamiste partout dans le monde et jusqu'à aujourd'hui encore en Europe.
Le graphisme d'Héloîse Chochois est clair et efficace. Si son trait est simple, son style se démarque par ses couleurs plus personnelles et originales. Cela permet une lecture agréable et bien menée.
Le premier tiers de l'album est assez fort avec sa manière de nous faire revivre le 11 Septembre de l'intérieur en suivant le parcours d'une poignée de survivants, ainsi que celui de George Bush lui-même. J'y ai retrouvé la part d'émotion que j'avais moi-même ressenti à l'époque en suivant les informations en direct, et de voir comment certains ont échappé à la mort à une minute ou deux près est assez édifiant.
La suite est toutefois moins captivante. Quiconque a suivi l'actualité de 2001 à aujourd'hui n'y apprendra quasiment rien. Les auteurs n'approfondissent pas vraiment le sujet et se contentent d'énoncer les faits, les conséquences que le grand public connait déjà , les guerres, les attentats, les décisions politiques et leur impact sur la vie des occidentaux et des musulmans. Un long moment, je me suis demandé où les auteurs voulaient en venir, pour finalement constater qu'ils voulaient juste résumer les conséquences du 11 Septembre au long de ces vingt dernières années et montrer que le souvenir des attentats était encore fort, sans plus y apporter de réflexion ou d'investigation.
Il s'agit donc d'une piqure de rappel plutôt bien faite, surtout pour son premier tiers, mais pas particulièrement indispensable pour les adultes de mon âge qui connaissent déjà toute la suite. Peut-être informera-t-elle mieux par contre les lecteurs plus jeunes pour qui le 11 Septembre est devenu simplement un évènement dans les livres d'Histoire.
J.F. Di Giorgio passe de la culture japonaise dans Samurai à la culture chinoise ici, mais reste dans le domaine asiatique. Il installe son récit dans une Chine médiévale fantasmée avec un premier tome qui pose les bases d'une intrigue mouvementée classique, avec tous les ingrédients nécessaires pour en faire une aventure à suspense : un contre-la-montre, des ennemis mystérieux et un jeune héros au cœur pur, méprisé par ses camarades mais promis à un destin exceptionnel, qui est chargé d'une mission de haute importance. Ce concept n'est certes pas nouveau, aussi pour sortir du déjà-vu, le scénariste s'est attaché à rendre son personnage principal sympathique, à créer un cadre et une époque dépaysants, et surtout, à générer une montée en tension efficace.
Après cette mise en place qui dévoile déja bien l'intrigue générale, le second tome est plus tourné vers l'action, avec une petite dose d'humour par le personnage de Yuki, la chasseuse de prime sexy et adroite au maniement du sabre, les scènes d'action se multiplient et le mystère s'épaissit un peu. D'ailleurs, le scénario est parfois un peu confus où Di Giorgio se mélange un peu les pinceaux entre noms japonais et chinois, résultat de ses nombreuses années sur Samurai, mais ce n'est pas bien grave. Ce qui compte c'est que les auteurs installent un récit bien équilibré en mettant en place une ambiance chinoise réussie, un profil consistant du jeune héros, et l'action qui découle d'une quête mouvementée.
Graphiquement, j'aime beaucoup, Looky gère impeccablement les scènes mouvementées, comme les moments contemplatifs. Les décors et les costumes d'inspiration asiatique se révèlent crédibles et détaillés comme il se doit, soignant les décors et les arrière-plans, de même que son découpage est dynamique, les mouvements sont fluides, les personnages sont encrés avec un trait épais, ce qui leur donne de l'allure, bref c'est un rendu superbe, qui tranche cependant avec ses précédents travaux beaucoup plus techniques et travaillés sur Hercule (Soleil) et La Belle et la Bête (Bamboo) ; je n'avais pas aimé son Hercule, mais le dessin était top. Ici, il offre un magnifique travail mais plus conventionnel. La colorisation joue aussi un rôle important, elle est chatoyante et sert bien ces décors asiatiques.
Voila donc un récit initiatique avec de l'action et une part de fantastique, sans franche surprise, qui débute de belle façon et narré avec talent, la lecture s'en trouve fort plaisante. Espérons que la conclusion sera à la hauteur.
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Udama chez ces gens-là
Une BD qui combine quelques thématiques de société dans une intrigue dont la morale m'a un peu échappé. Cela commence avec le sujet du difficile équilibre entre vie professionnelle et maternité pour les femmes modernes, qu'il s'agisse de l'épouse bourgeoise qui travaille dans une agence immobilière ou de sa nouvelle nounou qui doit laisser sa cousine s'occuper de ses enfants jusqu'à tard le soir. En parallèle, on a une vision assez superficielle de la condition des immigrés obligés d'accepter des boulots parfois dégradants et de subir le mal-logement avec des familles trop nombreuses. Puis peu à peu s'installe la thématique du couple qui se délite ou du moins qui a du mal à se maintenir à flot quand l'un des époux se consacre trop à sa carrière et que l'autre est en manque d'affection. Sur le plan des idées, cet album est intéressant. Il est aussi bon en matière de dessin avec un encrage élégant et des planches plutôt belles et claires à la lecture. Pourtant, je ne suis pas totalement tombé sous le charme de cette lecture car certains éléments me paraissent un peu bancals et parce que je reste aussi circonspect sur la conclusion de l'histoire. Il y a une certaine bêtise du couple bourgeois, qu'il s'agisse du burn-out de l'une qui parait tellement évident que c'est agaçant de la voir s'enfoncer dedans sans réagir pendant plus de 2 ans, ou qu'il s'agisse du comportement régressif de l'autre qui est tout aussi exaspérant. Il y a aussi le caractère ambigu de la nounou, qui semble changer radicalement de personnalité dans les dernières pages de l'album. Et puis je n'ai pas trouvé crédible le résultat final de l'histoire : pour ne pas spoiler, disons que ça me parait trop énorme sur le plan financier pour passer inaperçu, surtout quand au début de l'album, l'épouse disait être payée tout juste 2 fois le Smic et parce que tout cela se passe à Paris avec les prix que l'on y connait. La morale semble être que c'est bien fait pour ces cons de bourgeois et que tout le monde peut être un requin, mais pour que ça fonctionne, j'ai besoin de trouver ça crédible ce qui n'est pas trop le cas ici.
Ascender
J’avais adoré Descender, je me suis donc naturellement jeté sur ce nouveau cycle… et malheureusement après lecture de l’intégralité de la série, je baisse ma note d’un point. La faute, je pense, à l’apparition de magie et autres créatures démoniaques, qui fait virer cette série dans le genre « Science-Fantasy », alors que « Descender » était une histoire pure science-fiction (même si l’auteur avait commencé à saupoudrer son histoire de magie sur la fin, sans doute pour faciliter la transition). J’ai beaucoup aimé le 1er tome, haletant au possible, mais sur la durée mon esprit cartésien a eu du mal à se faire à ces histoires de vampires et de magie, et j’ai eu du mal à m’intéresser aux personnages et à leurs déboires. Le dessin et les aquarelles de Nguyen sont toujours sublimes, pas de soucis de ce côté. Une bonne série dans le genre, sans doute… mais « pas mal, sans plus » en ce qui me concerne.
Scurry
Cette BD, étonnant croisement entre Légendes de la Garde et Walking Dead, fut d’abord publiée en ligne, avant d’être imprimée en album suite à une campagne Kickstarter… Delcourt a acquis les droits des 3 tomes parus. Le background postapocalyptique est certes classique, mais vu d’un point de vue original : les humains ont disparu (on apprend pourquoi dans le 3eme tome, même si on devine bien avant), et les souris « civilisées » ayant toujours vécu de leurs déchets se retrouvent affamées et bien désemparées. On retrouve les thèmes habituels au genre : la survie face à l’adversité (les autres animaux plutôt que des zombies), le manque de nourriture et la faim omniprésente, les décisions difficiles pour assurer la survie de la colonie, et les désaccords internes. Les paraboles entre comportements humains et animaux sont subtiles et pertinentes, par exemple les interprétations mystiques des évènements qui les dépassent. La narration est efficace, l’intrigue est prenante, je me suis laissé emporter par l’histoire. La mise en image est très informatisée, et à ce titre me rappelle un peu une autre BD postapocalyptique : Gung Ho. En tout cas les planches ont de la gueule (les animaux sont superbement dessinés), et surtout le trait est très lisible et dynamique. Une série certes classique, mais qui possède beaucoup de charme, grâce notamment à sa galerie de rongeurs attachants. Bon, j’avoue être bon public pour ce genre d’œuvre (j’adore « Légendes de la Garde »).
Catamount
A l’heure actuelle, cette série se compose de quatre tomes. Le premier peut être lu comme une histoire complète, les tomes 2 et 3 forment un diptyque. Le quatrième tome, enfin, est à nouveau une histoire en un tome mais peut aussi se voir comme une fin de cycle. En effet, au terme de ce quatrième tome, Catamount est devenu une légende de l’Ouest et peut commencer sa « nouvelle » vie. En soit, la série propose des thèmes extrêmement classiques pour le genre. Le premier tome est une histoire de colons victimes de la vengeance aveugle d’indiens. Le diptyque s’articule autour de la construction d’une ligne ferroviaire. Le dernier tome voit notre héros protéger la veuve et l’orphelin face à un immonde « homme d’affaire » plus truand qu’autre chose. Au niveau du ton, le premier tome est assez fidèle à celui employé dans les westerns américains du début des années 60 tandis que les tomes suivants sont bien plus marqués par l’esprit des spaghetti western des années 60 et 70 (des hommages appuyés au Grand Silence sont d’ailleurs repérables). Le dessin évolue au fil des tomes. Le trait très sec du premier tome va progressivement céder sa place à un style plus soyeux. Assez bizarrement, je le regrette alors même que je reconnais que l’auteur progresse au fur et à mesure… mais j’aimais beaucoup le style employé dans le tome 1. Ces histoires sont adaptées de romans mais cela ne se sent pas à la lecture. Seul le troisième tome m’a un peu déçu au niveau de la narration. L’arrivée de Gaet’s comme co-scénariste marque en effet une évolution au niveau du style littéraire… qui ne me plait pas outre-mesure car je le trouve trop emphatique, trop mélodramatique. Heureusement, le tome 4 est plus équilibré entre la simplicité du premier tome et les ambitions littéraires du troisième. Au final, je trouve que Catamount est une bonne série du genre western classique. Elle n’est pas spécialement originale mais, au-delà des intrigues fort classiques qu’elle propose, j’ai aimé voir le personnage principal évoluer, passant de l’enfant assoiffé de vengeance à l’adulte assoiffé de justice.
Fils & pères
L’histoire de cet album s’inspire a priori de la vie de l’auteur, et nous raconte l’histoire d’une famille « moderne » : deux couples homosexuels formant une famille coparentale. Les thèmes abordés son multiples : l’adoption, le besoin pour Thomas de retrouver sa famille biologique, mais aussi son désir d’avoir un enfant biologique (et non adopté) avec son partenaire… et enfin la mise en place d’un « protocole » coparental… une tâche finalement assez compliquée. La narration est un peu classique et linéaire, mais je dois avouer avoir lu les 160 pages d’une traite. Il faut dire que la narration est légère, et que la vie de Thomas est intéressante et fait réfléchir à nos standards familiaux traditionnels. A lire si les thèmes vous intéressent.
Complainte des landes perdues
A l’époque de sa sortie, j’aurais mis un 4* Une alternative à Thorgal pour Rosinski, même si finalement il use du même trait et que le décorum est ressemblant. Mais une série que je trouvais plus « adulte », c’est d’ailleurs par cette dernière que j’ai découvert Jean Dufaux. Du médiéval fantastique plaisant, qui posera les bases de tout un univers (mais on ne le savais pas à l’époque ^^) que le scénariste décline depuis, 4 cycles à ce jour (sa poule aux œufs d’or ??) Dans ce 1er cycle, les bases sont posés (ordres, familles, temporalité …) du fantastique léger où l’on sent la fin d’une période, beaucoup d’allusions au passé. Les personnages de Sioban et de Seamus sont plutôt réussis, un peu moins le cas des autres, et des péripéties acceptables. Le soucis c’est qu’avec le temps, mes relectures m’ont de moins emballé, ça ne vieillit pas très bien à mes yeux. Le scénario m’est devenu d’une lourdeur abyssale (le mal, l’amour, le cœur gnagna) et les couleurs accusent le coup, ça fait dater et je n’ai pas de nostalgie pour cet œuvre. Du coup aujourd’hui 2,5* Les autres cycles (plus récents) s’en tirent mieux, fortement aidés en ça par leurs graphismes, je mettrais cependant un peu plus de bémol sur l’histoire.
Le Dossier Thanatos
Un polar mystérieux. Un duo d'auteurs qui avait déjà collaboré sur Histoires extraordinaires d'Edgar Poe. Nous sommes en 1877 à Edimbourg et l"inspecteur Clayton McRae va enquêter sur la mort d'un aristocrate et celle-ci va lui donner bien du fil à retordre. L'affaire Thanatos, l'ange noir de la mort. Secrets de famille et séances de spiritisme seront au menu de notre inspecteur et de son adjoint. On y croisera aussi deux étudiants en médecine, dont un certain Conan Doyle et le professeur Bell qui inspirera plus tard Conan Doyle pour son personnage de Sherlock Holmes. Une narration nerveuse qui ne laisse pas le temps de reprendre son souffle. Un récit bien construit, passionnant et prenant, mais j'ai trouvé que les séances de spiritisme avec l'esprit qui se pointe illico presto, ça enlève du crédit à l'intrigue. Mais une intrigue qui m'aura permis de découvrir les workhouses qui étaient des hospices du Royaume-Uni dont le rôle s'apparentait à de l'assistance social pour les femmes en détresses. Le dessin de Jean-Louis Thouard est une petite merveille avec son trait anguleux, acéré et vif. J'ai particulièrement aimé les parties où se déroulent l'évocation des esprits avec ses couleurs criardes. Un graphisme qui dégage une ambiance inquiétante du début à la fin. Note réelle : 3,5.
J'aurai ta peau, Dominique A.
D’autres semblent avoir davantage apprécié que moi la lecture de cet album. Il possède des qualités, mais je n’ai pas totalement accroché. La faute au côté graphique d’abord. C’est un choix assez radical, très « esthétique », mais pas trop mon truc hélas. Ensuite l’histoire, pas désagréable, autour d’un artiste persécuté par un mystérieux malade, en plus d’être poursuivi par un sosie et fan un chouia trop collant. Mais pour apprécier davantage cette histoire, je pense qu’il faut un peu mieux connaitre ou aimer l’univers qui sert de décor. Or je ne connais pas Dominique A, et connais peu Philippe Katherine (et le peu que je connais me laisse totalement froid). Il y a sans doute un côté « private joke » qui m’a échappé, je ne sais pas. Toujours est-il que je ne retournerai pas vers ce polar un peu loufoque, dont les qualités – réelles – ne sont pas ce que je recherche. Note réelle 2,5/5.
11 septembre 2001 - Le jour où le monde a basculé
Au long de près de 140 pages, cette BD revient sur le jour du 11 Septembre et des attentats du point de vue de plusieurs témoins directs de l'évènement, puis sur les conséquences de ce drame, la psychose internationale, les guerres d'Afghanistan et d'Irak, le Patriot Act et autres résurgences du terrorisme islamiste partout dans le monde et jusqu'à aujourd'hui encore en Europe. Le graphisme d'Héloîse Chochois est clair et efficace. Si son trait est simple, son style se démarque par ses couleurs plus personnelles et originales. Cela permet une lecture agréable et bien menée. Le premier tiers de l'album est assez fort avec sa manière de nous faire revivre le 11 Septembre de l'intérieur en suivant le parcours d'une poignée de survivants, ainsi que celui de George Bush lui-même. J'y ai retrouvé la part d'émotion que j'avais moi-même ressenti à l'époque en suivant les informations en direct, et de voir comment certains ont échappé à la mort à une minute ou deux près est assez édifiant. La suite est toutefois moins captivante. Quiconque a suivi l'actualité de 2001 à aujourd'hui n'y apprendra quasiment rien. Les auteurs n'approfondissent pas vraiment le sujet et se contentent d'énoncer les faits, les conséquences que le grand public connait déjà , les guerres, les attentats, les décisions politiques et leur impact sur la vie des occidentaux et des musulmans. Un long moment, je me suis demandé où les auteurs voulaient en venir, pour finalement constater qu'ils voulaient juste résumer les conséquences du 11 Septembre au long de ces vingt dernières années et montrer que le souvenir des attentats était encore fort, sans plus y apporter de réflexion ou d'investigation. Il s'agit donc d'une piqure de rappel plutôt bien faite, surtout pour son premier tiers, mais pas particulièrement indispensable pour les adultes de mon âge qui connaissent déjà toute la suite. Peut-être informera-t-elle mieux par contre les lecteurs plus jeunes pour qui le 11 Septembre est devenu simplement un évènement dans les livres d'Histoire.
Shaolin
J.F. Di Giorgio passe de la culture japonaise dans Samurai à la culture chinoise ici, mais reste dans le domaine asiatique. Il installe son récit dans une Chine médiévale fantasmée avec un premier tome qui pose les bases d'une intrigue mouvementée classique, avec tous les ingrédients nécessaires pour en faire une aventure à suspense : un contre-la-montre, des ennemis mystérieux et un jeune héros au cœur pur, méprisé par ses camarades mais promis à un destin exceptionnel, qui est chargé d'une mission de haute importance. Ce concept n'est certes pas nouveau, aussi pour sortir du déjà-vu, le scénariste s'est attaché à rendre son personnage principal sympathique, à créer un cadre et une époque dépaysants, et surtout, à générer une montée en tension efficace. Après cette mise en place qui dévoile déja bien l'intrigue générale, le second tome est plus tourné vers l'action, avec une petite dose d'humour par le personnage de Yuki, la chasseuse de prime sexy et adroite au maniement du sabre, les scènes d'action se multiplient et le mystère s'épaissit un peu. D'ailleurs, le scénario est parfois un peu confus où Di Giorgio se mélange un peu les pinceaux entre noms japonais et chinois, résultat de ses nombreuses années sur Samurai, mais ce n'est pas bien grave. Ce qui compte c'est que les auteurs installent un récit bien équilibré en mettant en place une ambiance chinoise réussie, un profil consistant du jeune héros, et l'action qui découle d'une quête mouvementée. Graphiquement, j'aime beaucoup, Looky gère impeccablement les scènes mouvementées, comme les moments contemplatifs. Les décors et les costumes d'inspiration asiatique se révèlent crédibles et détaillés comme il se doit, soignant les décors et les arrière-plans, de même que son découpage est dynamique, les mouvements sont fluides, les personnages sont encrés avec un trait épais, ce qui leur donne de l'allure, bref c'est un rendu superbe, qui tranche cependant avec ses précédents travaux beaucoup plus techniques et travaillés sur Hercule (Soleil) et La Belle et la Bête (Bamboo) ; je n'avais pas aimé son Hercule, mais le dessin était top. Ici, il offre un magnifique travail mais plus conventionnel. La colorisation joue aussi un rôle important, elle est chatoyante et sert bien ces décors asiatiques. Voila donc un récit initiatique avec de l'action et une part de fantastique, sans franche surprise, qui débute de belle façon et narré avec talent, la lecture s'en trouve fort plaisante. Espérons que la conclusion sera à la hauteur.