Emprunté au hasard dans ma médiathèque, au vu du sticker signalant la récompense glanée à Angoulême, cet album m’a laissé sur ma faim. Disons que je lui aurais mis deux étoiles, mais que j’arrondis aux trois car je pense qu’un lectorat plus jeune sera probablement plus indulgent que moi.
Je ne suis fan ni du dessin ni de la colorisation, mais je leur reconnais du dynamisme, et une certaine efficacité : dans un style très dessin animé, c’est fluide. Mais pas mon truc.
Quant à l’histoire, elle m’a elle aussi laissé sur ma faim.
Je n’ai pas accroché à la partie plus fantastique (dans la deuxième moitié de l’album essentiellement), qui surgit alors même qu’au départ, je me disais que cet aspect allait être évacué dès lors que Snap (la jeune héroïne) avait effacé ses préjugés sur sa « sorcière » de voisine.
La première partie est plus intéressante, mais surjoue trop certains aspects. C’est une sorte d’hymne à la tolérance envers l’homosexualité, les transgenres, quand ce n’est pas les Noirs (le dessin reste d’ailleurs très ambigu sur la couleur de peau de Snap). Mais je trouve que le propos aurait été plus crédible si plus équilibré. En effet, comme le signale justement Ro, il est statistiquement hautement improbable que la quasi-totalité des personnages soient issus de ces catégories.
Quelques petits à-côtés sont intrigants et plaisants (cette voisine/sorcière qui reconstitue les squelettes d’animaux morts par exemple).
Mais, globalement, je n’y ai pas trouvé mon compte.
Note réelle 2,5/5.
L’immortalité est-elle possible, est-elle désirable ?
C’est l’une des questions majeures de ce récit original qui se passe en Inde, et où la Mort se fait licencier par la divinité suprême du panthéon en raison de son inutilité à venir.
La BD est graphiquement réussie, avec des couleurs qui nous plongent dans l’univers bariolé et chatoyant de l’Inde, et un dessin nerveux, particulièrement bon dans les moments dynamiques telle que la poursuite à l’hôpital.
En ce qui concerne le coeur de l’intrigue : les aller-retours de la Mort et ses rendez-vous avec le personnage central de Darius Shah sont espacés dans le temps. J’ai eu la sensation d’une perte de rythme dans le milieu du récit, et de sujets effleurés qui laissent un peu sur sa faim, en dépit de certains moments très réussis. Peut-être est-ce en raison des années écoulées à chaque rencontre qui font que la distance avec Darius reste longtemps trop importante.
Dans la belle dernière partie, plus développée, passe une émotion beaucoup plus forte que dans le milieu du livre qui commence presque comme un thriller noir, et se termine à l’inverse dans une sorte de plénitude apaisée.
Un documentaire instructif, mais pas émouvant du tout. Ça ne fait pas rêver, quoi. Graphiquement, ça ressemble à du Wolinsky quand il dessine les hommes et à du Marion Montaigne (je ne pouvais pas dire du Montaigne, ça aurait prêté à confusion, et je ne sais pas le prénom de Wolinsky pour être vraiment symétrique) pour les femmes.
Les décors sont sommaires, mais on est dans des bureaux et des couloirs, les 3/4 du temps. Les couleurs se démerdent à suivre le code de la famille des radios "France". (bleu, rouge, violet...)
Pour les infos on a quand même 194 pages, donc il y a de quoi découvrir...
Zanello se met en scène à la découverte de l'organisme à plusieurs têtes mais aussi à plusieurs bras qui fournit des contenus musicaux, sportifs, culturels, comiques, d'information, de débat, de jeux, etc... Au nom de la nation... Ou disons avec l'argent de la nation.
Cette pieuvre un peu inquiétante se révèle être une entreprise comme une autre, avec ses tensions sociales, ses fortes têtes,
ses piliers incontournables, ses recoins cachés...
L'affaire de la directrice de France Culture accusée de harcèlement n'avait pas encore éclaté, mais un malaise était présent déjà dans la BD, avec une violence verbale et une sorte de non communication sur la branche "France Cu" qui m'avait mis la puce à l'oreille ; étrange que la maison ronde ait laissé passer cette ombre au tableau....
Bref intéressant pour les auditeurs de Radio France.
Par son titre, « Fées des sixties » joue malicieusement sur l’ambiguïté du terme « fairy », qui en anglais signifie au sens premier « fée », et dans un langage familier, désigne les hommes efféminés, pour ne pas dire homosexuels. Pour réunir ces deux notions, quoique de mieux que le Swinging London des « Late Sixties », alors que le mouvement glam rock commençait à peine à éclore avec en chef de file David « Ziggy Stardust » Bowie, mi-homme mi-extra-terrestre maquillé comme un vaisseau spatial volé et capable de faire tourner les têtes, autant masculines que féminines. Une époque bénie où le champ des possibles semblait s’ouvrir à l’infini, avant de se fracasser sur la réalité des crises économiques successives.
Ainsi, ce premier volet titré « Les Disparitions d’Imbolc » nous projette dans une sorte d’uchronie où l’univers mythique d’Avalon (l’île légendaire où vivait la fée Morgane) interfère avec le monde « réel » à travers un portail invisible. Dans cette réalité parallèle, les hippies ont pris l’apparence d’elfes ailés, à l'allure plus ou moins androgyne. Leur présence croissante et leur hédonisme décomplexé inquiète la population londonienne. C’est dans ce contexte que la jeune Ailith va débarquer, alors qu’elle vient d’être embauchée par un grand journal pour enquêter sur une série de disparitions inexpliquées. Persuadée que les fées kidnappent les humains, comme elles l’ont fait pour sa mère elle-même mystérieusement disparue il y a plusieurs années, Ailith est résolue à faire toute la lumière sur le phénomène.
Jul Maroh, qui depuis « Le Bleu est une couleur chaude » refuse la binarité, ne s’est centré.e ici que sur le scénario, confiant les pinceaux à Giulio Macaione, dessinateur italien également multi-casquettes avec plusieurs albums à son actif. Depuis son premier album, on sait que Maroh s’intéresse particulièrement aux questions autour de l’identité sexuelle et des tabous sociétaux. « Fées des sixties » était pour ellui l’occasion rêvée de faire passer plusieurs messages à destination des « young adults », clairement la cible de cet ouvrage. Ce sont ici deux mondes qui s’opposent. D’un côté l’ancien, celui des normes patriarcales et des conventions sociales pesantes et étriquées, et le nouveau, celui de la magie, de la tolérance et de la célébration de la vie, jugé subversif par ses adversaires. L’héroïne elle-même, bien que très mal disposée envers les fées qu’elle accuse d’avoir kidnappé sa mère, va se trouver confrontée au machisme de ses nouveaux collègues en intégrant son poste de journaliste. De même, le flashback en guise d’introduction annonce la couleur assez vite, une couleur chaude comme il se doit, avec ce baiser enflammé de deux hommes sous l’ère victorienne…
Si l’univers des « Disparitions d’Imbolc » fait bien comprendre que le tant conspué « wokisme » de notre époque ne date pas d’hier, l’ouvrage recèle maints motifs d’être séduit, ne serait-ce que par le talent de Macaione. Certes, si son dessin donne une impression de déjà-vu, il n’en révèle pas moins chez son auteur une assurance et une finesse incontestable dans la description de cet univers au charme… féérique. Fabs Norcera quant à lui restitue bien l’ambiance colorée qui va de pair avec ces « insouciantes » années pop. Sur le plan du scénario, on pourra regretter ces petites imprécisions et autres ellipses qui peuvent parfois perdre un peu le lecteur.
Globalement, ce récit imprégné d’Héroic Fantasy moderne, sans dragons cracheurs de feu ni orques effrayants, dispose de nombreux atouts pour conquérir son public. On reste curieux de voir ce que donneront les prochains volumes, tous réalisés par des auteurs différents, un parti pris qui constitue assurément un des intérêts de cette nouvelle série axée sur l’inclusion et la visibilisation des minorités, conceptualisée par Gihef et Christian Lachenal.
On a là un album sans prétention, mais qui se laisse lire agréablement.
C’est une sorte de western sibérien, dans lequel les chasseurs d’ivoire (issu de défenses de mammouths désormais accessibles après le dégel du permafrost) remplaceraient les chercheurs d’or, dans une atmosphère tout aussi enfiévrée et amorale.
La narration est dynamique – même si on peut reprocher à Grolleau un manque de profondeur (de l’histoire et des personnalités des protagonistes, qui auraient pu être davantage creusées).
Le dessin de Pixel Vengeur est lui aussi simple et efficace, proche du travail de Panaccione.
Une petite lecture sympathique.
Les auteurs traitent là d’une période finalement peu « connue » de l’Empire romain, et mettent au centre une figure qui ne l’est pas beaucoup plus. D’ailleurs, cette Julia, la matriarche, est souvent en retrait ici – cela s’accentuera sur la fin, ses deux filles prenant temporairement le dessus – même si elle leur survivra, là aussi sans que l’on n’en sache beaucoup sur cette fin.
Je suis sorti avec un ressenti mitigé de ma lecture de triptyque. Ça se laisse lire, on voit bien la folie qui s’empare d’Héliogabale, la violence politique et familiale, nécessaire pour se maintenir au pouvoir, dans une époque très troublée, alors que les légions – et la populace romaine – s’avèrent très versatiles (les empereurs ne durent pas longtemps, aucun n’ayant suffisamment de légitimité pour s’imposer durablement).
Mais j’ai trouvé que les personnages féminins, pourtant censés être au cœur du concept, étaient un peu trop en retrait. Le choix de cette Julia, personnage sur lequel il a sans doute été difficile de trouver assez de matière, a pesé, et il a donc sans doute fallu davantage « romancer » qu’ailleurs, je ne sais pas.
Une histoire qui se lit bien, mais qui est un peu en porte à faux dans cette collection.
2.5
Une série que j'ai trouvé moyenne et limite bof par moment.
Le principal problème selon moi est que le scénario part un peu dans tous les sens et il faut se concentrer pour bien comprendre. Or, je n'ai jamais trouvé le scénario captivant et du coup je n'ai jamais été assez concentré pour bien comprendre toutes les péripéties. Ce qui n'aide pas est que le personnage principal est sans charisme et je me foutais de ce qui lui arrivait. J'ai mieux aimé certains personnages secondaires qui sont plus intéressants que notre héros. Le texte narratif m'a souvent semblé lourd et un peu prétentieux. Le scénario avait du potentiel et au final c'est le genre de BD où j'ai aimé certaines scènes alors que d'autres m'ont ennuyé.
Le dessin est correct, quoique je n'ai pas trop aimé comment sont dessinés les visages.
Eh bien contrairement à Gaston je dirais que parfois il faut profiter de la beauté extérieure sans forcément être exigeant en termes de beauté intérieure. Oui, je parle de BD là, ne me faites pas écrire ce que je n'ai pas écrit.
En effet ce conte siamois n'est pas des plus palpitant. Mais je pense que c'est plus un souci de culture qu'autre chose. Car du peu de j'ai pu lire ou voir du folklore de cette région du monde, Eduardo Mazzitelli me semble respecter, sinon à la lettre, du moins dans l'esprit le ton et la rythmique des histoires locales. C'est très factuel, peu enrobé, et donc à la limite du chiant.
A côté de ça, le boulot d'Enrique Alcatena est phénoménal. Je ne suis pas sûr d'avoir déjà approché son art avant cet album, mais la finesse, le pointillisme et la précision de ses dessins est remarquable. Certes, il ne s'embarrasse presque pas de décors dans la plupart de ses planches, sauf lorsque l'envie lui prend de représenter tel ou tel temple, de fort jolie manière. Mais c'est dans les créatures et les costumes qu'il est le plus fort. On se croirait vraiment dans une fresque du 10ème siècle (ou quelle que soit l'époque) peinte sur Angkor Vat.
Je me suis surpris à me désintéresser d el'histoire, un brin vaine, pour me concentrer sur ces visuels de toute beauté. A réserver aux amatrices et amateurs du folklore de la péninsule indochinoise.
J'ai découvert le travail de Davide Cali avec la série Cruelle Joëlle et j'avais bien apprécié son humour. De la même façon dans 10 petits insectes, Cali propose un humour qui s'adresse aux plus jeunes mais aussi à leurs parents et même à leurs grands frères/soeurs.
C'est dire si le choix de Ro en tout public est justifié. J'aime beaucoup cette façon d'écrire qui permet de dépasser le premier degré et de faire connaître une pensée amusante plus subtile à ses enfants.
Les auteurs s'amusent à détourner l'un des plus célèbres romans d'Agatha Christie dont on n'a plus le-droit-de-prononcer le titre de l'époque. Le titre est donc devenu presqu'une provoc (involontaire) et à lui seul une source intéressante de débat.
Pour aiguiller le jeune lectorat, Cali dévoile immédiatement le caractère parodique et la référence à l'oeuvre de Christie. Il en reprend presque tout le déroulement narratif à quelques petites exceptions près. Seule la fin s'écarte considérablement du roman avec une forme d'épilogue comique assez surprenant.
Le récit accroche bien, le niveau de langage est bon et l'humour agréable.
Le graphisme assez minimaliste de Vincent Pianina crée un décalage certain avec la narration. Au premier coup d'oeil on a même l'impression d'un dessin pour très jeunes enfants (du type Monsieur Madame). Cette impression est intensifiée par la mise en couleur très douce où chaque insecte possède sa propre couleur.
Malgré cela je trouve qu'au bout de quelques cases les personnages deviennent vite attachants et drôles. C'est inventif et ouvre la possibilité de plusieurs gags réussis.
Une nouvelle lecture proposée par les Petits Sarbac' bien agréable.
Je suis assez perplexe après la lecture de cette série. Je ne connaissais rien de la vie de Roger Henrard et la série propose une biographie qui nous entraîne dans un tourbillon d'aventures.
Le scénario de Joseph Safieddine est nerveux, bien structuré et ne m'a laissé aucun moment de répit. Par moment j'ai même eu l'impression que la réalité dépassait la fiction. J'ai parfois eu l'impression de lire une aventure du style Tintin ou Spirou tellement certains éléments me paraissent rocambolesques.
Cette impression est amplifiée par le graphisme proposé par Loïc Guyon. Avec un style semi réaliste à connotation humoristique la série fait presque figure de série pour enfants.
C'est à ce niveau que j'ai fortement tiqué en plusieurs endroits. Car la biographie est parsemée d'éléments dramatiques mortels qui sont traités d'une façon assez désinvolte à mon goût.
En effet si je fais confiance aux auteurs, nous sommes dans une biographie qui retrace la réalité vécue par Roger or certains épisodes m'interpellent (comme le meurtre du capitaine, les accidents à répétition de Roger ou l'incendie de la forêt algérienne).
Tous ces éléments m'ont donné l'impression de lire une hagiographie peu nuancée.
Cela reste une lecture intéressante.
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Snapdragon
Emprunté au hasard dans ma médiathèque, au vu du sticker signalant la récompense glanée à Angoulême, cet album m’a laissé sur ma faim. Disons que je lui aurais mis deux étoiles, mais que j’arrondis aux trois car je pense qu’un lectorat plus jeune sera probablement plus indulgent que moi. Je ne suis fan ni du dessin ni de la colorisation, mais je leur reconnais du dynamisme, et une certaine efficacité : dans un style très dessin animé, c’est fluide. Mais pas mon truc. Quant à l’histoire, elle m’a elle aussi laissé sur ma faim. Je n’ai pas accroché à la partie plus fantastique (dans la deuxième moitié de l’album essentiellement), qui surgit alors même qu’au départ, je me disais que cet aspect allait être évacué dès lors que Snap (la jeune héroïne) avait effacé ses préjugés sur sa « sorcière » de voisine. La première partie est plus intéressante, mais surjoue trop certains aspects. C’est une sorte d’hymne à la tolérance envers l’homosexualité, les transgenres, quand ce n’est pas les Noirs (le dessin reste d’ailleurs très ambigu sur la couleur de peau de Snap). Mais je trouve que le propos aurait été plus crédible si plus équilibré. En effet, comme le signale justement Ro, il est statistiquement hautement improbable que la quasi-totalité des personnages soient issus de ces catégories. Quelques petits à-côtés sont intrigants et plaisants (cette voisine/sorcière qui reconstitue les squelettes d’animaux morts par exemple). Mais, globalement, je n’y ai pas trouvé mon compte. Note réelle 2,5/5.
Toutes les morts de Laila Starr
L’immortalité est-elle possible, est-elle désirable ? C’est l’une des questions majeures de ce récit original qui se passe en Inde, et où la Mort se fait licencier par la divinité suprême du panthéon en raison de son inutilité à venir. La BD est graphiquement réussie, avec des couleurs qui nous plongent dans l’univers bariolé et chatoyant de l’Inde, et un dessin nerveux, particulièrement bon dans les moments dynamiques telle que la poursuite à l’hôpital. En ce qui concerne le coeur de l’intrigue : les aller-retours de la Mort et ses rendez-vous avec le personnage central de Darius Shah sont espacés dans le temps. J’ai eu la sensation d’une perte de rythme dans le milieu du récit, et de sujets effleurés qui laissent un peu sur sa faim, en dépit de certains moments très réussis. Peut-être est-ce en raison des années écoulées à chaque rencontre qui font que la distance avec Darius reste longtemps trop importante. Dans la belle dernière partie, plus développée, passe une émotion beaucoup plus forte que dans le milieu du livre qui commence presque comme un thriller noir, et se termine à l’inverse dans une sorte de plénitude apaisée.
Maison Ronde
Un documentaire instructif, mais pas émouvant du tout. Ça ne fait pas rêver, quoi. Graphiquement, ça ressemble à du Wolinsky quand il dessine les hommes et à du Marion Montaigne (je ne pouvais pas dire du Montaigne, ça aurait prêté à confusion, et je ne sais pas le prénom de Wolinsky pour être vraiment symétrique) pour les femmes. Les décors sont sommaires, mais on est dans des bureaux et des couloirs, les 3/4 du temps. Les couleurs se démerdent à suivre le code de la famille des radios "France". (bleu, rouge, violet...) Pour les infos on a quand même 194 pages, donc il y a de quoi découvrir... Zanello se met en scène à la découverte de l'organisme à plusieurs têtes mais aussi à plusieurs bras qui fournit des contenus musicaux, sportifs, culturels, comiques, d'information, de débat, de jeux, etc... Au nom de la nation... Ou disons avec l'argent de la nation. Cette pieuvre un peu inquiétante se révèle être une entreprise comme une autre, avec ses tensions sociales, ses fortes têtes, ses piliers incontournables, ses recoins cachés... L'affaire de la directrice de France Culture accusée de harcèlement n'avait pas encore éclaté, mais un malaise était présent déjà dans la BD, avec une violence verbale et une sorte de non communication sur la branche "France Cu" qui m'avait mis la puce à l'oreille ; étrange que la maison ronde ait laissé passer cette ombre au tableau.... Bref intéressant pour les auditeurs de Radio France.
Fées des sixties
Par son titre, « Fées des sixties » joue malicieusement sur l’ambiguïté du terme « fairy », qui en anglais signifie au sens premier « fée », et dans un langage familier, désigne les hommes efféminés, pour ne pas dire homosexuels. Pour réunir ces deux notions, quoique de mieux que le Swinging London des « Late Sixties », alors que le mouvement glam rock commençait à peine à éclore avec en chef de file David « Ziggy Stardust » Bowie, mi-homme mi-extra-terrestre maquillé comme un vaisseau spatial volé et capable de faire tourner les têtes, autant masculines que féminines. Une époque bénie où le champ des possibles semblait s’ouvrir à l’infini, avant de se fracasser sur la réalité des crises économiques successives. Ainsi, ce premier volet titré « Les Disparitions d’Imbolc » nous projette dans une sorte d’uchronie où l’univers mythique d’Avalon (l’île légendaire où vivait la fée Morgane) interfère avec le monde « réel » à travers un portail invisible. Dans cette réalité parallèle, les hippies ont pris l’apparence d’elfes ailés, à l'allure plus ou moins androgyne. Leur présence croissante et leur hédonisme décomplexé inquiète la population londonienne. C’est dans ce contexte que la jeune Ailith va débarquer, alors qu’elle vient d’être embauchée par un grand journal pour enquêter sur une série de disparitions inexpliquées. Persuadée que les fées kidnappent les humains, comme elles l’ont fait pour sa mère elle-même mystérieusement disparue il y a plusieurs années, Ailith est résolue à faire toute la lumière sur le phénomène. Jul Maroh, qui depuis « Le Bleu est une couleur chaude » refuse la binarité, ne s’est centré.e ici que sur le scénario, confiant les pinceaux à Giulio Macaione, dessinateur italien également multi-casquettes avec plusieurs albums à son actif. Depuis son premier album, on sait que Maroh s’intéresse particulièrement aux questions autour de l’identité sexuelle et des tabous sociétaux. « Fées des sixties » était pour ellui l’occasion rêvée de faire passer plusieurs messages à destination des « young adults », clairement la cible de cet ouvrage. Ce sont ici deux mondes qui s’opposent. D’un côté l’ancien, celui des normes patriarcales et des conventions sociales pesantes et étriquées, et le nouveau, celui de la magie, de la tolérance et de la célébration de la vie, jugé subversif par ses adversaires. L’héroïne elle-même, bien que très mal disposée envers les fées qu’elle accuse d’avoir kidnappé sa mère, va se trouver confrontée au machisme de ses nouveaux collègues en intégrant son poste de journaliste. De même, le flashback en guise d’introduction annonce la couleur assez vite, une couleur chaude comme il se doit, avec ce baiser enflammé de deux hommes sous l’ère victorienne… Si l’univers des « Disparitions d’Imbolc » fait bien comprendre que le tant conspué « wokisme » de notre époque ne date pas d’hier, l’ouvrage recèle maints motifs d’être séduit, ne serait-ce que par le talent de Macaione. Certes, si son dessin donne une impression de déjà-vu, il n’en révèle pas moins chez son auteur une assurance et une finesse incontestable dans la description de cet univers au charme… féérique. Fabs Norcera quant à lui restitue bien l’ambiance colorée qui va de pair avec ces « insouciantes » années pop. Sur le plan du scénario, on pourra regretter ces petites imprécisions et autres ellipses qui peuvent parfois perdre un peu le lecteur. Globalement, ce récit imprégné d’Héroic Fantasy moderne, sans dragons cracheurs de feu ni orques effrayants, dispose de nombreux atouts pour conquérir son public. On reste curieux de voir ce que donneront les prochains volumes, tous réalisés par des auteurs différents, un parti pris qui constitue assurément un des intérêts de cette nouvelle série axée sur l’inclusion et la visibilisation des minorités, conceptualisée par Gihef et Christian Lachenal.
Mamoht
On a là un album sans prétention, mais qui se laisse lire agréablement. C’est une sorte de western sibérien, dans lequel les chasseurs d’ivoire (issu de défenses de mammouths désormais accessibles après le dégel du permafrost) remplaceraient les chercheurs d’or, dans une atmosphère tout aussi enfiévrée et amorale. La narration est dynamique – même si on peut reprocher à Grolleau un manque de profondeur (de l’histoire et des personnalités des protagonistes, qui auraient pu être davantage creusées). Le dessin de Pixel Vengeur est lui aussi simple et efficace, proche du travail de Panaccione. Une petite lecture sympathique.
Les Trois Julia
Les auteurs traitent là d’une période finalement peu « connue » de l’Empire romain, et mettent au centre une figure qui ne l’est pas beaucoup plus. D’ailleurs, cette Julia, la matriarche, est souvent en retrait ici – cela s’accentuera sur la fin, ses deux filles prenant temporairement le dessus – même si elle leur survivra, là aussi sans que l’on n’en sache beaucoup sur cette fin. Je suis sorti avec un ressenti mitigé de ma lecture de triptyque. Ça se laisse lire, on voit bien la folie qui s’empare d’Héliogabale, la violence politique et familiale, nécessaire pour se maintenir au pouvoir, dans une époque très troublée, alors que les légions – et la populace romaine – s’avèrent très versatiles (les empereurs ne durent pas longtemps, aucun n’ayant suffisamment de légitimité pour s’imposer durablement). Mais j’ai trouvé que les personnages féminins, pourtant censés être au cœur du concept, étaient un peu trop en retrait. Le choix de cette Julia, personnage sur lequel il a sans doute été difficile de trouver assez de matière, a pesé, et il a donc sans doute fallu davantage « romancer » qu’ailleurs, je ne sais pas. Une histoire qui se lit bien, mais qui est un peu en porte à faux dans cette collection.
Le Lion de Judah
2.5 Une série que j'ai trouvé moyenne et limite bof par moment. Le principal problème selon moi est que le scénario part un peu dans tous les sens et il faut se concentrer pour bien comprendre. Or, je n'ai jamais trouvé le scénario captivant et du coup je n'ai jamais été assez concentré pour bien comprendre toutes les péripéties. Ce qui n'aide pas est que le personnage principal est sans charisme et je me foutais de ce qui lui arrivait. J'ai mieux aimé certains personnages secondaires qui sont plus intéressants que notre héros. Le texte narratif m'a souvent semblé lourd et un peu prétentieux. Le scénario avait du potentiel et au final c'est le genre de BD où j'ai aimé certaines scènes alors que d'autres m'ont ennuyé. Le dessin est correct, quoique je n'ai pas trop aimé comment sont dessinés les visages.
Kinnara - L’Automate céleste
Eh bien contrairement à Gaston je dirais que parfois il faut profiter de la beauté extérieure sans forcément être exigeant en termes de beauté intérieure. Oui, je parle de BD là, ne me faites pas écrire ce que je n'ai pas écrit. En effet ce conte siamois n'est pas des plus palpitant. Mais je pense que c'est plus un souci de culture qu'autre chose. Car du peu de j'ai pu lire ou voir du folklore de cette région du monde, Eduardo Mazzitelli me semble respecter, sinon à la lettre, du moins dans l'esprit le ton et la rythmique des histoires locales. C'est très factuel, peu enrobé, et donc à la limite du chiant. A côté de ça, le boulot d'Enrique Alcatena est phénoménal. Je ne suis pas sûr d'avoir déjà approché son art avant cet album, mais la finesse, le pointillisme et la précision de ses dessins est remarquable. Certes, il ne s'embarrasse presque pas de décors dans la plupart de ses planches, sauf lorsque l'envie lui prend de représenter tel ou tel temple, de fort jolie manière. Mais c'est dans les créatures et les costumes qu'il est le plus fort. On se croirait vraiment dans une fresque du 10ème siècle (ou quelle que soit l'époque) peinte sur Angkor Vat. Je me suis surpris à me désintéresser d el'histoire, un brin vaine, pour me concentrer sur ces visuels de toute beauté. A réserver aux amatrices et amateurs du folklore de la péninsule indochinoise.
10 petits insectes
J'ai découvert le travail de Davide Cali avec la série Cruelle Joëlle et j'avais bien apprécié son humour. De la même façon dans 10 petits insectes, Cali propose un humour qui s'adresse aux plus jeunes mais aussi à leurs parents et même à leurs grands frères/soeurs. C'est dire si le choix de Ro en tout public est justifié. J'aime beaucoup cette façon d'écrire qui permet de dépasser le premier degré et de faire connaître une pensée amusante plus subtile à ses enfants. Les auteurs s'amusent à détourner l'un des plus célèbres romans d'Agatha Christie dont on n'a plus le-droit-de-prononcer le titre de l'époque. Le titre est donc devenu presqu'une provoc (involontaire) et à lui seul une source intéressante de débat. Pour aiguiller le jeune lectorat, Cali dévoile immédiatement le caractère parodique et la référence à l'oeuvre de Christie. Il en reprend presque tout le déroulement narratif à quelques petites exceptions près. Seule la fin s'écarte considérablement du roman avec une forme d'épilogue comique assez surprenant. Le récit accroche bien, le niveau de langage est bon et l'humour agréable. Le graphisme assez minimaliste de Vincent Pianina crée un décalage certain avec la narration. Au premier coup d'oeil on a même l'impression d'un dessin pour très jeunes enfants (du type Monsieur Madame). Cette impression est intensifiée par la mise en couleur très douce où chaque insecte possède sa propre couleur. Malgré cela je trouve qu'au bout de quelques cases les personnages deviennent vite attachants et drôles. C'est inventif et ouvre la possibilité de plusieurs gags réussis. Une nouvelle lecture proposée par les Petits Sarbac' bien agréable.
L'Enragé du ciel
Je suis assez perplexe après la lecture de cette série. Je ne connaissais rien de la vie de Roger Henrard et la série propose une biographie qui nous entraîne dans un tourbillon d'aventures. Le scénario de Joseph Safieddine est nerveux, bien structuré et ne m'a laissé aucun moment de répit. Par moment j'ai même eu l'impression que la réalité dépassait la fiction. J'ai parfois eu l'impression de lire une aventure du style Tintin ou Spirou tellement certains éléments me paraissent rocambolesques. Cette impression est amplifiée par le graphisme proposé par Loïc Guyon. Avec un style semi réaliste à connotation humoristique la série fait presque figure de série pour enfants. C'est à ce niveau que j'ai fortement tiqué en plusieurs endroits. Car la biographie est parsemée d'éléments dramatiques mortels qui sont traités d'une façon assez désinvolte à mon goût. En effet si je fais confiance aux auteurs, nous sommes dans une biographie qui retrace la réalité vécue par Roger or certains épisodes m'interpellent (comme le meurtre du capitaine, les accidents à répétition de Roger ou l'incendie de la forêt algérienne). Tous ces éléments m'ont donné l'impression de lire une hagiographie peu nuancée. Cela reste une lecture intéressante.