Proies faciles

Note: 3/5
(3/5 pour 7 avis)

Polar social mené tambour battant par un Miguelanxo Prado habité plus que jamais par son sujet. Un réquisitoire contre le cynisme ambiant.


Auteurs espagnols Espagne Troisième âge

Espagne, aujourd'hui un homme est retrouvé mort dans son appartement : meurtre, suicide ou simple arrêt cardiaque ? L'inspectrice Tabares et son adjoint prennent l'affaire en main. Ils sont vite dépassés quand surgit chaque jour un nouveau cadavre, sans lien apparent avec les précédents. Seraient-ils face à un cas de tueur en série ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Janvier 2017
Statut histoire Une histoire par tome 2 tomes parus

Couverture de la série Proies faciles © Rue de Sèvres 2017
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 7 avis)
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16/01/2017 | pol
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L'avatar du posteur Noirdésir

Prado est un auteur éclectique, mais que j’aime bien. Dans cet album, on a un polar social, dont l’aspect « social/politique » prend rapidement le pas, au point que l’intrigue purement policière passe presque au second plan, bien qu’elle occupe tout l’album. La présentation du contexte par Prado en préface donne le ton, mais révèle en même temps les ressors et quasiment les coupables des crimes qu’il va falloir élucider. Les amateurs d’énigmes policières en seront pour leurs frais. Mais ça ne veut pas dire que l’histoire perd tout intérêt, bien au contraire, j’ai trouvé qu’elle restait agréable à suivre, et intéressante sur le fond. J’aime bien le dessin de Prado, ici un trait semi réaliste. L’omniprésence du gris donne le ton à cette histoire, qui parle de cheveux gris, mais aussi d’une société de prédation triste à regarder. Au final, voilà un album que j’ai apprécié.

06/08/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 3/5
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J’ai hésité à lire cette BD. En feuilletant rapidement les pages, je trouvais le graphisme trop en mode crayonné. Du genre je dois rendre ma copie à l’éditeur et je n’ai fini à temps, ben tant pis je lui donne mes planches à l’état brut et cela fera l’affaire. Pas de colorisation. Pas d’encrage. Allez zou je suis trop à la bourre et puis c’est à prendre ou à laisser. J’ai bien fait au final de me procurer cet album et de passer outre mon ressenti visuel du début car au final cela le fait et cela se prête bien à l’atmosphère ambiant du récit. Nous sommes en Espagne dans les années 2013 2014. Le gouvernement déploie des efforts d’imagination pour amoindrir les retraites. Les banques pour augmenter leurs revenus proposent des produits spéculatifs complexes à tous sans toujours avertir des risques encourus. La misère s’installe lentement. Les retraités deviennent de plus en plus vulnérables. Nos séniors endurent la conjoncture économique en silence. Ils glissent inexorablement dans la précarité. Et tout le monde s’en fout ! Voici donc un polar social dans lequel le cynisme est très présent. Une diatribe sur la crise financière et les conséquences sur de nombreuses victimes innocentes. Les dérives des banques sont dénoncées. Au-delà de ce réquisitoire, il y a des meurtres et une enquête. Des cadres bancaires sont empoisonnés ! Le rythme n’est pas très trépidant mais on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les nombreux personnages sont travaillés. C’est assez poignant. Le scénario réaliste est machiavélique. Et notre gang de retraités tient la route. Le graphisme, je l’ai déjà précisé, ressemble plus à du crayonné. Les nuances noires et grises sont donc omniprésentes. A noter que les visages des personnages sont très expressifs. C’est bien joué ! Au final c’est plutôt bien et cela colle parfaitement au climat voulu par les auteurs pour mettre en exergue le drame que vive nos ainés. Les assassinats ne sont pas spectaculaires. Pas de scènes d’actions du tout. Cet album est plutôt un témoignage d’une époque pas encore révolue et malheureusement encore d’actualité. Finalement ce polar social est une belle surprise et un bon moment de lecture. A découvrir.

23/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Sans aucun doute Miguelanxo sait dessiner. Et le thème de l'enquête est bien dans l'air du temps. Mais il y a à mon goût trop de maladresses dans ce récit. Tout d'abord, on comprend trop vite les ressorts de l'intrigue. Il n'y a pas réellement de suspense, on attend simplement que les enquêteurs dénouent ces meurtres. Mais leur méthode d'investigation semble si peu crédible, ça gâche la lecture. Puis les dialogues et les relations entre les personnages sont mal menés, peu réalistes. Dommage, il y avait sûrement matière à en faire un grand polar moderne.

30/01/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
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Le célèbre dessinateur espagnol Miguelanxo Prado signe ici une sorte de fable sociale voire un réquisitoire sur le système bancaire de son pays. Les abus et les manigances des banques pendant la crise conduiraient les gens au meurtre. Les meurtres des indignés. Bien entendu, j’adhère peu au discours anti-capitaliste même si je reconnais que les inégalités doivent cesser de croitre. Après tout, on peut imaginer qu’un jeune banquier puisse diriger un jour un pays démocratique. J‘ai plutôt la haine contre tout ces vieux épargnants qui nous ont laissé une économie en ruine tout en profitant des trente glorieuses et de la retraite à 60 ans. Voilà, pour le principe, on peut avoir une pensée différente et moins d’égard. Son héroïne n’est pas du tout sympathique. Elle exploite son collègue dans un jeu de séduction en l’obligeant à l’appeler chef ou de la vouvoyer ou encore de lui payer son repas alors qu’elle doit certainement gagner plus que lui. Bref, une horrible femme qui se la joue moderne. Le rythme de cette bd est plutôt très lent. On n’assiste pas aux exécutions. Il y a beaucoup de dialogue. On arrive toujours après l’action comme si celle-ci était totalement absente de cette enquête policière qui privilégie la procédure. Par ailleurs, la conclusion ne m’a absolument pas convaincu. Je sais que l’on crie au génie par rapport aux œuvres de cet auteur. Moi, j’ai un autre regard. Je n’ai rien contre lui ayant aimé la plupart de ses bd. Mais là, ce n’est pas très convaincant car trop classique. Même graphiquement, la sobriété sera de mise avec une absence de décors au profit des têtes de personnage d’une laideur certes convaincante dans une grisaille expressive. Non, je suis déçu car l’ennui prime véritablement.

05/05/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Dans un contexte international où l’économie et la sacro-sainte finance semblent toujours primer sur le bien-être de l’humanité, ce polar social est une pierre de plus dans le jardin des cyniques et des puissants. Car il faut rappeler ce constat alarmant martelé par le fameux mouvement des Indignés : 1 % de la population mondiale possède davantage que les 99 % restants ! Et le mouvement ne fait que s’accélérer ! Citoyen espagnol, Miguelanxo Prado a déversé sa légitime révolte dans cette fiction qui d’une certaine manière vient venger toutes les victimes de la gigantesque arnaque immobilière qui avait entrainé l’expulsion de leur logement une grande partie de ses concitoyens. L’histoire est menée à la façon d’une enquête policière ordinaire : meurtres en série, interrogatoires des suspects, fausses pistes et prises de têtes, jusqu’à l’aveu du coupable lui-même, au-dessus de tout soupçon. Tous les codes de la série policière sont quasiment respectés, avec comme personnages principaux un duo de flics, l’inspectrice en chef assistée de son fidèle collaborateur, liés tous deux par un rapport quelque peu ambigu où le jeu de la séduction interfère parfois avec la stricte rigueur professionnelle… Malheureusement, malgré l’irruption d’un sujet d’actualité hautement passionnant, le récit pêche par une volonté de trop coller au genre et perd son impact en oubliant de ménager ses effets. On est à peine surpris lorsque le coupable vient se livrer de lui-même aux inspecteurs, c’est dire... On sent pourtant bien la sincérité et la révolte de l’auteur qui se retrouvent dans les aveux du meurtrier, et on se prend d’empathie pour lui. Mais ces confidences arrivent un peu tard car pendant les premiers trois-quarts du livre, le lecteur aura été noyé dans des détails plus ou moins anecdotiques liés à l’enquête, avec trop peu de respirations, et in fine c’est l’ennui qui prend le dessus. Un peu à l’image du dessin à la fois réaliste et expressif, quasi maintenu dans son crayonné matriciel, ce qui est loin d’être déplaisant mais ne fait que renforcer cette impression de grisaille narrative. Pour autant, ce n’est pas mauvais, tant s’en faut, mais alléché par un tel pitch, on pouvait s’attendre à quelque chose de beaucoup plus marquant, de plus percutant.

25/03/2017 (modifier)
Par montane
Note: 4/5
L'avatar du posteur montane

Nous sommes en pleine crise du secteur immobilier en Espagne en 2013. Des petits emprunteurs ont effectué des investissements douteux. Leur épargne s'envole, et ne pouvant rembourser leurs emprunts, les maisons sont saisies. Dans le même temps une série de morts suspectes concerne des cadres de grandes banques; celles la même qui ont conduit à la ruine de ces particuliers. Le lien entre les deux parait évident, et deux inspecteurs de la police espagnole mènent l'enquête avec minutie, un jeune officier et sa supérieure, Olga. On sent d'ailleurs qu'il existe entre eux une attirance larvée, mais à peine effleurée. Avec ce polar social, en prise avec l'actualité récente, Prado nous livre une enquête de qualité où ceux qui ont commis ces meurtres se retrouvent moins blâmables que leurs victimes. Un album où l'intérêt ne réside pas tant de savoir qui sont les meurtriers potentiels, que comment ils ont pu commettre ces assassinats. Je n'en dirai pas plus et je laisse le soin aux lecteurs intéressés de lire cet album. Le dessin de Prado est comme toujours superbe, tout au long des 90 pages de cet album dépourvu de couleurs puisque seuls le noir, le blanc et le gris sont utilisés. Une belle lecture qui ravira les fans de cet auteur espagnol qui ne choisit jamais la facilité.

24/03/2017 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
L'avatar du posteur pol

Cet album est un polar qui allie une bonne petite enquête policière avec une chronique sociale assez acerbe sur le monde de la finance d'aujourd'hui. L'auteur dénonce les dérives d'un milieu que rien n'arrête malheureusement lorsque il y a des euros à gagner. Il est question de plusieurs meurtres. Initialement rien ne les relie. Mais lorsque les enquêteurs commencent à voir le début d'un lien, et qu'ils comprennent que tous ces gens occupaient une place dans l'organigramme type des grands établissements bancaires, le puzzle se met en place. Les pistes qu'ils suivent, la façon dont les éléments s'emboîtent, la progression de cette enquête, tout cela est bien mené et crédible. Il y a là tout ce que les amateurs de polars réalistes aiment retrouver. A coté de ça, cette intrigue est également un prétexte pour dénoncer le coté sombre et malsain du système bancaire espagnol. Ou comment des banquiers sans scrupules n'ont pas hésité à sacrifier les économies de milliers de personnes âgées en leur faisant miroiter des bénéfices et qu'en réalité ils ont tout perdu. Ces pratiques ont fait beaucoup de dégâts ces dernières années en Espagne. Prado en dit ici tout le mal qu'il en pense. Si parfois le message est un peu trop appuyé pour paraître 'neutre' dans l'intrigue, l'idée générale passe plutôt bien et est tout à fait au service de l'intrigue policière. Ce mix est réussi et on obtient un album plaisant.

16/01/2017 (modifier)