J'ai rencontré Gaet's il y a deux ou trois ans pour une interview à Angoulême à l'occasion de la sortie de l'excellent RIP. Un garçon au demeurant fort sympathique qui dans le récit susnommé explorait les tréfonds de l'âme humaine C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais de pouvoir lire ce récit sur un enfant psychopathe. Le moins que l'on puisse dire est que je n'ai pas été déçu.
Waouw! Ça décoiffe, finalement je l'aime bien ce petit gars qui prend des mesures radicales contre la connerie humaine, et là il faut dire que les habitants de ce petit village collectionnent les tares. Too much dirait certain? Ben non notre héros assume pleinement ses actes. Dans son avis Erik parle de l'innocence de l'enfance. Mort de rire, qui a fréquenté nos chers bambins ou travaillé avec eux sait bien que même s'ils ne sont pas tous psychopathes leurs âmes recèlent parfois de sombres choses.
Non, franchement bien ce récit à la première personne ou le dessin et la colorisation s'accordent parfaitement. des histoires de ce tonneau j'en redemande.
3.5
Ben moi j'ai bien aimé ce one-shot. Peut-être parce que j'aime les œuvres biographiques de Delisle et aussi parce que je vis depuis petit près d'une usine à papier et que je me suis souvent demander ce qui se passait à l'intérieur de ses trucs !
Bon c'est clair que ce n'est pas tout le monde qui va trouver cela intéressant de lire les explications sur les différents travaux qu'on fait lorsqu'on est ouvrier dans une usine de papier et la période d'adolescente de Delisle n'est pas des plus originaux, mais moi j'ai trouvé les anecdotes intéressantes et amusantes et que ça se lissait bien. Il faut peut-être apprécier le style de l'auteur pour apprécier ?
En tout cas, je recommande cet album pour les gros fans de l'auteur comme moi. Pour ceux qui veulent découvrir son œuvre, il vaut mieux commencer par ses albums traitant de ses séjours dans d'autres pays.
Science fiction ? Science Fantasy ? Space Adventure ?
Cette série m'a surpris car je partais sur un a priori assez négatif. Je m'attendais à de la bd commerciale vite lue, vite oubliée, à la Lanfeust des Etoiles, Kookaburra, etc.
Et j'ai d'autant plus apprécié le fait que cette bd soit bien plus intéressante que ces dernières.
Le scénario est très bon, le Sillage étant un parfait prétexte à toutes sortes d'aventures pour Nävis et cette trame de fond persistante permet à Morvan d'étoffer son univers au fil des tomes tout en lui donnant l'occasion de créer de nouveaux univers.
Tous les tomes ne se valent pas et certains font plus avancer l'histoire mais c'est toujours un plaisir de lire les aventure de cette jeune humaine, perdue dans cette grosse machine administrative remplie de races extraterrestres.
Les dessins sont très bons, notamment au niveau des expressions des personnages qui sont très réussies !
Mon personnage préféré n'apparaît que dans quelques histoires mais je pense que si ça n'avait pas été le cas, cela aurait pu limiter l'auteur dans les différentes histoires...(mais quand même, quelle tristesse quand Houyo se sacrifie T__T ).
Bref, c'est toute une aventure et un univers très intéressant à découvrir et à parcourir et je recommande vivement la lecture de cette série !
Alex Alice a décidément beaucoup de talent.
J'avais vraiment adoré Siegfried qui partait sur une base mythologique mais ici, nous sommes en présence d'une uchronie digne de Jules Verne, entre réalité et fiction voire presque magique...
La bd est vraiment proche d'un 5/5 mais je regrette toutefois les réactions parfois un peu étranges des personnages (j'entends par là qu'elles ne sont pas toujours naturelles et on a parfois une sensation de deus ex machina).
Malgré cela, les dessins sont toujours aussi enchanteurs et l'univers est très bien représenté, les designs sont originaux et l'aventure est très agréable à suivre.
Je n'ai lu "que" les 4 premiers tomes mais j'entends bien lire le 5ème dès que possible.
Bref, une très bonne aventure, bien menée et intelligente!
4.5/5
A elle seule, la scène d’introduction vaut le détour. Hilarante mise en bouche, elle donne le ton quant à la suite du récit. Encore fillette, Joe, qui à l'époque s'appelait Marion, est surprise par papa en train de humer un cigare. Loin de se démonter face au paternel l’obligeant à allumer le cigare dans le but de la dégoûter à tout jamais, la gamine se met à aspirer sereinement de grandes bouffées sur l’objet du délit, comme si elle avait toujours fait ça depuis le début de sa courte vie… un passage tout à fait jubilatoire qui, espérons-le, échappera à la vigilance des chasseurs de buzz désœuvrés écumant les réseaux sociaux….
Une fois refermé cet incroyable biopic, on a toutes les peines du monde à croire qu’une personnalité aussi atypique que celle de Marion Barbara Carstairs, alias Joe Castairs, ait pu tracer sa route et s’imposer comme elle l’a fait à une époque où féminisme et homosexualité avait si peu droit de cité. Certes, son statut de riche héritière l’a beaucoup aidé, mais en assumant totalement son amour des femmes, elle détonnait quelque peu face aux règles de bonne conduite de l’époque, même si elle a pu (et su) profiter des années folles pour affirmer son goût pour l’excentricité et la fête dans les milieux libertins. Il s’en est fallu de peu pour que l’Histoire remise aux oubliettes ce personnage de lesbienne haut en couleurs, qu’il est pourtant impossible d’oublier une fois qu’on en a lu le portrait.
Il s’agit d’un des derniers scénarios d’Hubert avant qu’il ne nous quitte début 2020, et s’il n’en verra pas le résultat final, il aurait toutes les raisons d’en être fier. On retrouve ici son talent de conteur, mis en images avec justesse par Virginie Augustin, qui fait que l’on dévore littéralement cette saga romanesque digne d’un biopic hollywoodien. Sur un rythme échevelé, l’auteur de "Peau d’homme" nous met dans les pas de cette femme hors normes, de son enfance dans le Londres victorien jusqu’à sa mort dans la Floride de la dernière décennie du XXe siècle, en passant, entre autres, par les Bahamas, où elle avait acheté une île qu’elle s’était mise en tête de « civiliser »… A l’évidence, le lecteur sera subjugué par cette figure excentrique au parcours extraordinaire, pour le moins mouvementé.
Si Virginie Augustin a recouru ici au noir et blanc (à l’exception d’un court passage en couleurs dont il appartiendra au lecteur d’en deviner l’explication), c’était pour mieux, dit-elle, se centrer sur le personnage de Joe. Il est vrai que mettre de la couleur pour représenter le cadre idyllique des Bahamas aurait pu détourner l’attention du lecteur. Or, ici, le sujet c’est « Joe la Pirate ». La géographie se devait donc de rester secondaire. Il faut dire que la co-autrice d’ Alim le tanneur s’en sort plutôt bien. Si sa ligne claire dynamique évoque Yves Chaland, sa gestion du noir et blanc peut faire penser à Hugo Pratt, en particulier pour l’atmosphère exotique des îles.
Après lecture, ce portrait peine pourtant à susciter une pleine adhésion, tant le personnage est ambivalent, voire parfois agaçant. Bien sûr, 200 pages ne sauraient suffire à résumer la psyché complexe de « Miss. Castairs », mais celle-ci révèle à travers cet ouvrage certains traits de caractère exécrables, même si l’on doit replacer le récit dans le contexte de l’époque. Les auteurs n’en font pas mystère et ne cherchent pas non plus à enjoliver la réalité. Pour cela, on leur en sera très reconnaissant. Oui, le personnage peut agacer mais fascine tout en même temps. Pétrie de contradictions, Joe était capable du pire comme du meilleur, conséquence peut-être d’un rapport houleux avec sa mère, dont elle finit par reproduire les principaux traits psychologiques, mélange de traditionalisme et de libertinage.
Superficielle à l’extérieur, complexe à l’intérieur, notre « héroïne » aimait à s’oublier dans sa passion pour la vitesse ou se dissoudre dans des fêtes débridées — pour ne pas dire des orgies —, tout en étant choquée si elle surprenait ses employés en train de copuler dans le bois de Whale Cay. Un peu caractérielle, telle une enfant gâtée qui n’aurait pas tout à fait mûri, elle continuait à vivre une enfance éternelle à travers sa poupée surnommée Lord Wadley, double d’elle-même sur qui le temps n’avait que peu d’effet. Croyant que l’argent pouvait tout acheter, elle s’habillait et draguait les femmes comme un mec, sur le mode « à l’ancienne » qui donne aujourd’hui — et à juste titre — de l’urticaire aux militantes Metoo. En outre, elle collectionnait les amours comme on collectionne les trophées (le plus prestigieux étant Marlène Dietrich, qui lui avait d’ailleurs donné ce surnom de « pirate »), ce qui valut tout de même à cette pauvre petite fille riche quelques déboires. Mais une chose est sûre, elle savait charmer ses « donzelles » et les combler davantage que le plus irrésistible des casanovas. Manipulatrice dans l’âme, elle s’était créé son petit royaume sur l’île de Whale Cay, où elle pratiquait un paternalisme autoritaire vis-à-vis des autochtones à son service, et malgré ses intentions louables, certes non dénuées de condescendance « civilisatrice », elle s’exposera là encore à quelques désillusions, à une époque où la décolonisation était la tendance.
D’aucuns objecteront sans doute que quand l’argent coule à flot, on peut se permettre d’avoir une vie aussi trépidante que celle-là, mais dans le cas de Joe Castairs, c’est bien sa personnalité turbulente qui a décuplé cette existence en forme de feu d’artifice, digne d’un Gatsby le Magnifique, personnage fictif en revanche. On pourra ne ressentir aucune empathie pour cette femme atypique, souvent déroutante, mais n’en déplaise aux esprits les plus réactionnaires qui détesteront sans doute cet être libre à tout crin, lesbienne de surcroît, elle fut, malgré son côté invivable, profondément aimée de ses amantes, séduites sans doute par son incroyable force vitale. On terminera en évoquant la très belle couverture au design Art déco, qui traduit avec justesse le glamour de cette épopée « bigger than life ».
Gros, gros, gros coup de cœur pour cet album ! Décidément, j’aime beaucoup le travail de ce petit éditeur (Sarbacane).
Le récit s’articule autour de deux idées qui me parlent énormément.
D’un part, une question existentialiste que les mathématiciens explorent avec le monde quantique. Et si la vie que nous vivons n’était qu’une possibilité de vie ? Et si notre destin avait été tout autre ? Et si d’autres réalités de nous coexistaient dans des mondes parallèles ? Qu’est-ce qui détermine ce que nous sommes ? La chance ? Le hasard ? Une ‘destinée’ immuable ?
N’allez pas croire qu’il s’agit d’un récit prise de tête ! Bien au contraire, sa lecture est très aisée mais les autrices posent de bonnes questions sur le sujet et nous permettent de nous interroger à notre tour sur cette idée : quelle aurait été notre vie si… ? La dimension fantastique en devient secondaire (d’ailleurs, y a t’il seulement une dimension fantastique ou est-ce là la simple réalité quantique de nos existences ?)
Deuxième thématique : le processus de création (ici littéraire). Qu’est-ce qui rend une œuvre forte ? Le confort nuit-il à la création ? Faut-il souffrir pour créer ? Un thème déjà abordé dans « Bluesman (Ariño) » que j’ai lu il n’y a pas si longtemps et qui revient ici dans un autre contexte mais avec toujours autant de pertinence.
Ces deux thématiques entremêlées sont portée par un personnage au bord de la crise de nerf (voire au-delà), Iris, forte et fragile à la fois. Un très beau personnage féminin qu’un double éclairage humanise merveilleusement. Ce personnage m’a touché dans ses interrogations comme dans ses pétages de plomb.
J’ai dévoré ce récit même si je suis moins convaincu par la forme. En effet, le découpage est parfois excessif. Certains enchainements de cases auraient gagnés en rythme si au lieu de tenir en trois cases, ils avaient été concentrés en une seule. Le dessin est parfois un peu figé et ne dynamise pas ce récit… Mais en fait, je me fiche bien de ces petits détails techniques de pinailleur qui aime chercher la petite bête. La vérité est que j’ai été touché par cet album et que je l’ai dévoré sans pouvoir le lâcher.
Gros coup de cœur du moment et un 4/5 amplement mérité.
Siegfried ! L'histoire de l'anneau de Nibelungen arrive (presque) toujours à nous étonner, malgré le pic de publications et la concurrence ambiante. Ici, j’arrive toujours à y trouver mon compte, largement même ! Et même si je garde une préférence pour Le Crépuscule des Dieux et sa qualité scénaristique, je reste tout à fait extasié par cette belle saga.
Belle, parce-que Alex Alice nous offre un dessin ma-gni-fi-que. Le rendu visuel est superbe, chaque page est un bonheur de détails et de mise en couleurs. Les doubles planches vous éclatent les mirettes. Le trait correspond à ce que j’aime. Le dynamisme et les plans sont dingues, je classerais cette BD comme celles qui pourraient devenir des films efficacement, tant le mouvement et les séquences sont déjà admirablement retranscrits.
Il y a un léger point qui noircit un peu le tableau au niveau du dessin, c’est Mime. Si je suis intéressé par sa relative profondeur et attaché sur son sort (une certaine pitié face à sa destinée), je n’aime pas sa représentation graphique. Le choix du trait et de sa morphologie me donne l’impression qu’il sort du cadre ambiant, il adoucit un peu trop l’ensemble. Et en dehors du dessin, son humour me paraît un peu trop présent par « obligation de légèreté » (je ne suis jamais très fan de ce ressenti). Si je compare avec ce qui reste ma référence, Le Crépuscule des Dieux, je préfère le Mime qui s’y trouve : moins niais, plus orienté vers la loyauté qu’il porte envers son frère et très bien représenté graphiquement. La présence de Mime est suffisamment importante pour entacher mon plaisir de lecture.
Quant au scénario, j’ai dû écouter l’opéra de Wagner d’une oreille inattentive un jour, et Alex Alice tente donc d'adapter le troisième drame lyrique à trois actes. On peut s’amuser à comparer l’un et l’autre, mais bien sûr tout est fait pour offrir au lecteur une BD qui se suffit à elle-même. Tout est fluide, c’est 100% heroic fantasy, pur et réussi. Friand du genre, je suis comblé. Mais cette aventure m'a tout de même moins emporté scénaristiquement que Le Crépuscule des Dieux, où je trouve que l'univers mythologique est plus riche d’authenticité et de complexité ainsi que l'intrigue générale est plus chiadée. Question de goût!
Le dessin redresse la barre d’une puissance sans pareille, il ravive les émotions et déclenche des rebondissements haletants pour une histoire qui se parcoure avec grand plaisir, sans grande complexité mais très efficace. C'est tout de même la classe.
Tiens voila une série dont j'avais repéré le potentiel amusant depuis longtemps à mon arrivée sur BDT, et que je n'avais jamais pu lire jusqu'à présent, et il se trouve que j'ai pu en lire les 4 premiers albums, enfin ! L'ennui c'est de voir que malheureusement cette Bd est vilipendée et critiquée parce qu'elle est trop ceci ou pas assez cela, ça me désole profondément, et il était temps que j'arrive pour contrebalancer cette mauvaise moyenne.
Alors oui bien sûr, on est proche de Gil Jourdan, mais je ne crois pas que les auteurs aient eu envie de la copier, c'est tout simplement un hommage, un chouette hommage même, il faut arrêter de comparer Gipar à Jourdan, l'une est un géant de la bande dessinée franco-belge, l'autre n'est pas une piètre imitation mais simplement une honnête Bd qui ne cherche qu'à divertir et à faire passer un bon moment de lecture. Sa seule ambition est de plaire, et je dois dire que ça m'a plu, dès le premier épisode sur la mythique N7 qui lance bien la série et qui donne le ton de l'ambiance qu'auront les albums suivants.
Certes les intrigues sont un peu simplistes, mais moi ça ne me dérange pas, je n'ai pas envie de faire le difficile quand je tombe sur une Bd avec une ambiance et un dessin qui me plaisent, je me laisse porter par l'ensemble, et malgré le contenu classique des histoires, j'en retire des satisfactions. Le principe de la collection Calandre est d'associer l'automobile à des histoires fictives divertissantes et aventureuses, et je crois que le but est atteint ici, les auteurs brodent des intrigues autour des routes célèbres de France, je trouve ce concept original, et ça m'est égal si ça n'en fait pas une série très consistante, avec une orginalité narrative comme savait les concocter Tillieux dans Gil Jourdan, l'essentiel est que ça se lise avec plaisir, je me laisse donc embarquer avec les héros dans leurs voitures.
Ce qui m'intéresse dans cette bd, c'est l'immersion nostalgique dans cette France des années 50 avec tous ces véhicules mythiques, j'aime le look rétro de ces voitures, de ces pompes à essence, de ces restos pour routiers, de ces enseignes voyantes, de ces bornes kilométriques, et de ces gros bahuts Berliet... et pourtant je n'ai pas connu ces périodes, je suis né après, dans les années 60, mais il se dégage de cette époque quelque chose d'indéfinissable qui me ravit.
L'ambiance fifties et le dessin sont donc les atouts principaux de cette bande qui met bien en valeur le design des années 50, le dessin est une Ligne Claire sympathique que j'aime bien, il est dynamique et reconstitue avec précision les décors d'une France provinciale ou parisienne, et bien évidemment les véhicules, avec un festival de Frégate, Simca Ariane ou Vedette, Aronde, Panhard, 4CV Renault et compagnie... La bande me rappelle un peu dans le principe Léo Loden avec le modernisme de notre époque en moins bien sûr, mais les personnages, certaines situations et le dessin ont pas mal de similitudes.
Voila donc du bel ouvrage avec une bonne petite série qui dégage un plaisir nostalgique, qui ne brille pas trop par ses personnages ou son humour qui reste moyen, mais le tout est très plaisant à lire et permet une bonne détente.
Après un récit complet Symposium, qui fut toutefois assez remarqué par la critique, Chéri, pseudonyme sous lequel se cache l’auteur, nous offre, cette fois ci chez Glénat (collection porn’Pop) des nouvelles très sensuelles autour du thème de la sève, c'est-à-dire du plaisir féminin.
J’avais écrit à propos de son premier album, que Chéri était un ou une auteur à suivre, tant son talent à la fois de scénariste et de dessinateur pointait sous les planches de Symposium. Les défauts que j’avais soulignés à l’époque à propos d’un dessin parfois approximatif sont gommés dans cet album.
Il faut souligner tout d’abord la qualité éditoriale de l’ouvrage, avec une couverture soignée et un papier de qualité, et surtout un riche cahier de recherches d’illustrations en fin d’album.
En prenant le parti de proposer des nouvelles, l’auteur nous fait voyager dans son monde très onirique, très poétique, comme le souligne Céline Tran, dans la préface. Avec, « le ruisseau » la première des six nouvelles, l’auteur nous plonge dans le thème de « la sève », qui ne nous quittera pas tout au long de la lecture. Ma préférence va tout de même au récit intitulé « Cime » (où la marque des bouteilles d’eau distribuée aux passagers de l’avion s’appelle, de manière à peine insolite « sève »), récit le plus explicite sur le plan des scènes de sexe, mais aussi original en raison du tournant donné au bout de 9 pages.
Il faut aussi souligner une nouvelle muette (« Essence ») qui intrigue par son mystère, sa sensualité et son aspect onirique.
Enfin « le lac » vient enfin clore cet album, en réponse au « ruisseau » qui ouvrait cet opus, révélant ainsi que l’auteur n’a pas fait qu’offrir aux lecteurs une succession de scénettes, mais a pensé l’album dans sa globalité.
Un album, certes réservé aux adultes, mais qui se démarque de la production dans ce domaine, par sa sensualité et son dessin.
Une belle réussite.
Super lecture des 5 premiers tomes !
C’est léger, aérien, nostalgique de l’époque Jules Verne et mêlé de merveilleux.
Sans jeu de mots, il y a quelque chose d’éthéré qui flotte dans l’air lorsqu’on lit cette bd, j’avais l’impression d’avoir pris de l’hélium ;-)
Super de se replonger dans cette époque napoléonienne, prussienne, de machines à vapeur, de montgolfières avec un nouvel ingrédient magique : l’éther !
Des protagonistes adolescents avec leurs faiblesses, qui murissent au fil de l’histoire ; par exemple Séraphin personnage central n’est pas le jeune homme fort parfait et n’a pas forcément le dernier mot lors d’une lutte, du coup la bd n’est pas trop lisse et ne fait pas trop super héros, c’est agréable.
Un univers plein de magie foisonnant d’idées novatrices et originales.
Au niveau dessin, j’ai particulièrement aimé la faune, la flore et les êtres féériques martiens.
Un des personnages principaux, Hans, n’est pas dessiné de façon réaliste comme les autres, mais a plus une bouille comique de dessin animé à la Miyazaki, ça aussi j’ai trouvé que c’était fort, c’est introduire une différence qui ajoute au tout et qui si elle n’avait pas été là aurait aussi donné une bd trop lisse ; introduire une différence (qui peut paraître comme un défaut) dans un ensemble cohérent peut paradoxalement le renforcer (comme dans les structures cristallines) et là c’est le cas.
J’ai trouvé tous les dégradés de couleurs magnifiques.
Je lirais avec beaucoup d’intérêt la nouvelle série parallèle Les Chimères de Vénus scénarisée par l’excellent Alain Ayroles.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Un léger bruit dans le moteur
J'ai rencontré Gaet's il y a deux ou trois ans pour une interview à Angoulême à l'occasion de la sortie de l'excellent RIP. Un garçon au demeurant fort sympathique qui dans le récit susnommé explorait les tréfonds de l'âme humaine C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais de pouvoir lire ce récit sur un enfant psychopathe. Le moins que l'on puisse dire est que je n'ai pas été déçu. Waouw! Ça décoiffe, finalement je l'aime bien ce petit gars qui prend des mesures radicales contre la connerie humaine, et là il faut dire que les habitants de ce petit village collectionnent les tares. Too much dirait certain? Ben non notre héros assume pleinement ses actes. Dans son avis Erik parle de l'innocence de l'enfance. Mort de rire, qui a fréquenté nos chers bambins ou travaillé avec eux sait bien que même s'ils ne sont pas tous psychopathes leurs âmes recèlent parfois de sombres choses. Non, franchement bien ce récit à la première personne ou le dessin et la colorisation s'accordent parfaitement. des histoires de ce tonneau j'en redemande.
Chroniques de jeunesse
3.5 Ben moi j'ai bien aimé ce one-shot. Peut-être parce que j'aime les œuvres biographiques de Delisle et aussi parce que je vis depuis petit près d'une usine à papier et que je me suis souvent demander ce qui se passait à l'intérieur de ses trucs ! Bon c'est clair que ce n'est pas tout le monde qui va trouver cela intéressant de lire les explications sur les différents travaux qu'on fait lorsqu'on est ouvrier dans une usine de papier et la période d'adolescente de Delisle n'est pas des plus originaux, mais moi j'ai trouvé les anecdotes intéressantes et amusantes et que ça se lissait bien. Il faut peut-être apprécier le style de l'auteur pour apprécier ? En tout cas, je recommande cet album pour les gros fans de l'auteur comme moi. Pour ceux qui veulent découvrir son œuvre, il vaut mieux commencer par ses albums traitant de ses séjours dans d'autres pays.
Sillage
Science fiction ? Science Fantasy ? Space Adventure ? Cette série m'a surpris car je partais sur un a priori assez négatif. Je m'attendais à de la bd commerciale vite lue, vite oubliée, à la Lanfeust des Etoiles, Kookaburra, etc. Et j'ai d'autant plus apprécié le fait que cette bd soit bien plus intéressante que ces dernières. Le scénario est très bon, le Sillage étant un parfait prétexte à toutes sortes d'aventures pour Nävis et cette trame de fond persistante permet à Morvan d'étoffer son univers au fil des tomes tout en lui donnant l'occasion de créer de nouveaux univers. Tous les tomes ne se valent pas et certains font plus avancer l'histoire mais c'est toujours un plaisir de lire les aventure de cette jeune humaine, perdue dans cette grosse machine administrative remplie de races extraterrestres. Les dessins sont très bons, notamment au niveau des expressions des personnages qui sont très réussies ! Mon personnage préféré n'apparaît que dans quelques histoires mais je pense que si ça n'avait pas été le cas, cela aurait pu limiter l'auteur dans les différentes histoires...(mais quand même, quelle tristesse quand Houyo se sacrifie T__T ). Bref, c'est toute une aventure et un univers très intéressant à découvrir et à parcourir et je recommande vivement la lecture de cette série !
Le Château des étoiles
Alex Alice a décidément beaucoup de talent. J'avais vraiment adoré Siegfried qui partait sur une base mythologique mais ici, nous sommes en présence d'une uchronie digne de Jules Verne, entre réalité et fiction voire presque magique... La bd est vraiment proche d'un 5/5 mais je regrette toutefois les réactions parfois un peu étranges des personnages (j'entends par là qu'elles ne sont pas toujours naturelles et on a parfois une sensation de deus ex machina). Malgré cela, les dessins sont toujours aussi enchanteurs et l'univers est très bien représenté, les designs sont originaux et l'aventure est très agréable à suivre. Je n'ai lu "que" les 4 premiers tomes mais j'entends bien lire le 5ème dès que possible. Bref, une très bonne aventure, bien menée et intelligente! 4.5/5
Joe la Pirate
A elle seule, la scène d’introduction vaut le détour. Hilarante mise en bouche, elle donne le ton quant à la suite du récit. Encore fillette, Joe, qui à l'époque s'appelait Marion, est surprise par papa en train de humer un cigare. Loin de se démonter face au paternel l’obligeant à allumer le cigare dans le but de la dégoûter à tout jamais, la gamine se met à aspirer sereinement de grandes bouffées sur l’objet du délit, comme si elle avait toujours fait ça depuis le début de sa courte vie… un passage tout à fait jubilatoire qui, espérons-le, échappera à la vigilance des chasseurs de buzz désœuvrés écumant les réseaux sociaux…. Une fois refermé cet incroyable biopic, on a toutes les peines du monde à croire qu’une personnalité aussi atypique que celle de Marion Barbara Carstairs, alias Joe Castairs, ait pu tracer sa route et s’imposer comme elle l’a fait à une époque où féminisme et homosexualité avait si peu droit de cité. Certes, son statut de riche héritière l’a beaucoup aidé, mais en assumant totalement son amour des femmes, elle détonnait quelque peu face aux règles de bonne conduite de l’époque, même si elle a pu (et su) profiter des années folles pour affirmer son goût pour l’excentricité et la fête dans les milieux libertins. Il s’en est fallu de peu pour que l’Histoire remise aux oubliettes ce personnage de lesbienne haut en couleurs, qu’il est pourtant impossible d’oublier une fois qu’on en a lu le portrait. Il s’agit d’un des derniers scénarios d’Hubert avant qu’il ne nous quitte début 2020, et s’il n’en verra pas le résultat final, il aurait toutes les raisons d’en être fier. On retrouve ici son talent de conteur, mis en images avec justesse par Virginie Augustin, qui fait que l’on dévore littéralement cette saga romanesque digne d’un biopic hollywoodien. Sur un rythme échevelé, l’auteur de "Peau d’homme" nous met dans les pas de cette femme hors normes, de son enfance dans le Londres victorien jusqu’à sa mort dans la Floride de la dernière décennie du XXe siècle, en passant, entre autres, par les Bahamas, où elle avait acheté une île qu’elle s’était mise en tête de « civiliser »… A l’évidence, le lecteur sera subjugué par cette figure excentrique au parcours extraordinaire, pour le moins mouvementé. Si Virginie Augustin a recouru ici au noir et blanc (à l’exception d’un court passage en couleurs dont il appartiendra au lecteur d’en deviner l’explication), c’était pour mieux, dit-elle, se centrer sur le personnage de Joe. Il est vrai que mettre de la couleur pour représenter le cadre idyllique des Bahamas aurait pu détourner l’attention du lecteur. Or, ici, le sujet c’est « Joe la Pirate ». La géographie se devait donc de rester secondaire. Il faut dire que la co-autrice d’ Alim le tanneur s’en sort plutôt bien. Si sa ligne claire dynamique évoque Yves Chaland, sa gestion du noir et blanc peut faire penser à Hugo Pratt, en particulier pour l’atmosphère exotique des îles. Après lecture, ce portrait peine pourtant à susciter une pleine adhésion, tant le personnage est ambivalent, voire parfois agaçant. Bien sûr, 200 pages ne sauraient suffire à résumer la psyché complexe de « Miss. Castairs », mais celle-ci révèle à travers cet ouvrage certains traits de caractère exécrables, même si l’on doit replacer le récit dans le contexte de l’époque. Les auteurs n’en font pas mystère et ne cherchent pas non plus à enjoliver la réalité. Pour cela, on leur en sera très reconnaissant. Oui, le personnage peut agacer mais fascine tout en même temps. Pétrie de contradictions, Joe était capable du pire comme du meilleur, conséquence peut-être d’un rapport houleux avec sa mère, dont elle finit par reproduire les principaux traits psychologiques, mélange de traditionalisme et de libertinage. Superficielle à l’extérieur, complexe à l’intérieur, notre « héroïne » aimait à s’oublier dans sa passion pour la vitesse ou se dissoudre dans des fêtes débridées — pour ne pas dire des orgies —, tout en étant choquée si elle surprenait ses employés en train de copuler dans le bois de Whale Cay. Un peu caractérielle, telle une enfant gâtée qui n’aurait pas tout à fait mûri, elle continuait à vivre une enfance éternelle à travers sa poupée surnommée Lord Wadley, double d’elle-même sur qui le temps n’avait que peu d’effet. Croyant que l’argent pouvait tout acheter, elle s’habillait et draguait les femmes comme un mec, sur le mode « à l’ancienne » qui donne aujourd’hui — et à juste titre — de l’urticaire aux militantes Metoo. En outre, elle collectionnait les amours comme on collectionne les trophées (le plus prestigieux étant Marlène Dietrich, qui lui avait d’ailleurs donné ce surnom de « pirate »), ce qui valut tout de même à cette pauvre petite fille riche quelques déboires. Mais une chose est sûre, elle savait charmer ses « donzelles » et les combler davantage que le plus irrésistible des casanovas. Manipulatrice dans l’âme, elle s’était créé son petit royaume sur l’île de Whale Cay, où elle pratiquait un paternalisme autoritaire vis-à-vis des autochtones à son service, et malgré ses intentions louables, certes non dénuées de condescendance « civilisatrice », elle s’exposera là encore à quelques désillusions, à une époque où la décolonisation était la tendance. D’aucuns objecteront sans doute que quand l’argent coule à flot, on peut se permettre d’avoir une vie aussi trépidante que celle-là, mais dans le cas de Joe Castairs, c’est bien sa personnalité turbulente qui a décuplé cette existence en forme de feu d’artifice, digne d’un Gatsby le Magnifique, personnage fictif en revanche. On pourra ne ressentir aucune empathie pour cette femme atypique, souvent déroutante, mais n’en déplaise aux esprits les plus réactionnaires qui détesteront sans doute cet être libre à tout crin, lesbienne de surcroît, elle fut, malgré son côté invivable, profondément aimée de ses amantes, séduites sans doute par son incroyable force vitale. On terminera en évoquant la très belle couverture au design Art déco, qui traduit avec justesse le glamour de cette épopée « bigger than life ».
Iris, deux fois
Gros, gros, gros coup de cœur pour cet album ! Décidément, j’aime beaucoup le travail de ce petit éditeur (Sarbacane). Le récit s’articule autour de deux idées qui me parlent énormément. D’un part, une question existentialiste que les mathématiciens explorent avec le monde quantique. Et si la vie que nous vivons n’était qu’une possibilité de vie ? Et si notre destin avait été tout autre ? Et si d’autres réalités de nous coexistaient dans des mondes parallèles ? Qu’est-ce qui détermine ce que nous sommes ? La chance ? Le hasard ? Une ‘destinée’ immuable ? N’allez pas croire qu’il s’agit d’un récit prise de tête ! Bien au contraire, sa lecture est très aisée mais les autrices posent de bonnes questions sur le sujet et nous permettent de nous interroger à notre tour sur cette idée : quelle aurait été notre vie si… ? La dimension fantastique en devient secondaire (d’ailleurs, y a t’il seulement une dimension fantastique ou est-ce là la simple réalité quantique de nos existences ?) Deuxième thématique : le processus de création (ici littéraire). Qu’est-ce qui rend une œuvre forte ? Le confort nuit-il à la création ? Faut-il souffrir pour créer ? Un thème déjà abordé dans « Bluesman (Ariño) » que j’ai lu il n’y a pas si longtemps et qui revient ici dans un autre contexte mais avec toujours autant de pertinence. Ces deux thématiques entremêlées sont portée par un personnage au bord de la crise de nerf (voire au-delà), Iris, forte et fragile à la fois. Un très beau personnage féminin qu’un double éclairage humanise merveilleusement. Ce personnage m’a touché dans ses interrogations comme dans ses pétages de plomb. J’ai dévoré ce récit même si je suis moins convaincu par la forme. En effet, le découpage est parfois excessif. Certains enchainements de cases auraient gagnés en rythme si au lieu de tenir en trois cases, ils avaient été concentrés en une seule. Le dessin est parfois un peu figé et ne dynamise pas ce récit… Mais en fait, je me fiche bien de ces petits détails techniques de pinailleur qui aime chercher la petite bête. La vérité est que j’ai été touché par cet album et que je l’ai dévoré sans pouvoir le lâcher. Gros coup de cœur du moment et un 4/5 amplement mérité.
Siegfried
Siegfried ! L'histoire de l'anneau de Nibelungen arrive (presque) toujours à nous étonner, malgré le pic de publications et la concurrence ambiante. Ici, j’arrive toujours à y trouver mon compte, largement même ! Et même si je garde une préférence pour Le Crépuscule des Dieux et sa qualité scénaristique, je reste tout à fait extasié par cette belle saga. Belle, parce-que Alex Alice nous offre un dessin ma-gni-fi-que. Le rendu visuel est superbe, chaque page est un bonheur de détails et de mise en couleurs. Les doubles planches vous éclatent les mirettes. Le trait correspond à ce que j’aime. Le dynamisme et les plans sont dingues, je classerais cette BD comme celles qui pourraient devenir des films efficacement, tant le mouvement et les séquences sont déjà admirablement retranscrits. Il y a un léger point qui noircit un peu le tableau au niveau du dessin, c’est Mime. Si je suis intéressé par sa relative profondeur et attaché sur son sort (une certaine pitié face à sa destinée), je n’aime pas sa représentation graphique. Le choix du trait et de sa morphologie me donne l’impression qu’il sort du cadre ambiant, il adoucit un peu trop l’ensemble. Et en dehors du dessin, son humour me paraît un peu trop présent par « obligation de légèreté » (je ne suis jamais très fan de ce ressenti). Si je compare avec ce qui reste ma référence, Le Crépuscule des Dieux, je préfère le Mime qui s’y trouve : moins niais, plus orienté vers la loyauté qu’il porte envers son frère et très bien représenté graphiquement. La présence de Mime est suffisamment importante pour entacher mon plaisir de lecture. Quant au scénario, j’ai dû écouter l’opéra de Wagner d’une oreille inattentive un jour, et Alex Alice tente donc d'adapter le troisième drame lyrique à trois actes. On peut s’amuser à comparer l’un et l’autre, mais bien sûr tout est fait pour offrir au lecteur une BD qui se suffit à elle-même. Tout est fluide, c’est 100% heroic fantasy, pur et réussi. Friand du genre, je suis comblé. Mais cette aventure m'a tout de même moins emporté scénaristiquement que Le Crépuscule des Dieux, où je trouve que l'univers mythologique est plus riche d’authenticité et de complexité ainsi que l'intrigue générale est plus chiadée. Question de goût! Le dessin redresse la barre d’une puissance sans pareille, il ravive les émotions et déclenche des rebondissements haletants pour une histoire qui se parcoure avec grand plaisir, sans grande complexité mais très efficace. C'est tout de même la classe.
Une Aventure de Jacques Gipar
Tiens voila une série dont j'avais repéré le potentiel amusant depuis longtemps à mon arrivée sur BDT, et que je n'avais jamais pu lire jusqu'à présent, et il se trouve que j'ai pu en lire les 4 premiers albums, enfin ! L'ennui c'est de voir que malheureusement cette Bd est vilipendée et critiquée parce qu'elle est trop ceci ou pas assez cela, ça me désole profondément, et il était temps que j'arrive pour contrebalancer cette mauvaise moyenne. Alors oui bien sûr, on est proche de Gil Jourdan, mais je ne crois pas que les auteurs aient eu envie de la copier, c'est tout simplement un hommage, un chouette hommage même, il faut arrêter de comparer Gipar à Jourdan, l'une est un géant de la bande dessinée franco-belge, l'autre n'est pas une piètre imitation mais simplement une honnête Bd qui ne cherche qu'à divertir et à faire passer un bon moment de lecture. Sa seule ambition est de plaire, et je dois dire que ça m'a plu, dès le premier épisode sur la mythique N7 qui lance bien la série et qui donne le ton de l'ambiance qu'auront les albums suivants. Certes les intrigues sont un peu simplistes, mais moi ça ne me dérange pas, je n'ai pas envie de faire le difficile quand je tombe sur une Bd avec une ambiance et un dessin qui me plaisent, je me laisse porter par l'ensemble, et malgré le contenu classique des histoires, j'en retire des satisfactions. Le principe de la collection Calandre est d'associer l'automobile à des histoires fictives divertissantes et aventureuses, et je crois que le but est atteint ici, les auteurs brodent des intrigues autour des routes célèbres de France, je trouve ce concept original, et ça m'est égal si ça n'en fait pas une série très consistante, avec une orginalité narrative comme savait les concocter Tillieux dans Gil Jourdan, l'essentiel est que ça se lise avec plaisir, je me laisse donc embarquer avec les héros dans leurs voitures. Ce qui m'intéresse dans cette bd, c'est l'immersion nostalgique dans cette France des années 50 avec tous ces véhicules mythiques, j'aime le look rétro de ces voitures, de ces pompes à essence, de ces restos pour routiers, de ces enseignes voyantes, de ces bornes kilométriques, et de ces gros bahuts Berliet... et pourtant je n'ai pas connu ces périodes, je suis né après, dans les années 60, mais il se dégage de cette époque quelque chose d'indéfinissable qui me ravit. L'ambiance fifties et le dessin sont donc les atouts principaux de cette bande qui met bien en valeur le design des années 50, le dessin est une Ligne Claire sympathique que j'aime bien, il est dynamique et reconstitue avec précision les décors d'une France provinciale ou parisienne, et bien évidemment les véhicules, avec un festival de Frégate, Simca Ariane ou Vedette, Aronde, Panhard, 4CV Renault et compagnie... La bande me rappelle un peu dans le principe Léo Loden avec le modernisme de notre époque en moins bien sûr, mais les personnages, certaines situations et le dessin ont pas mal de similitudes. Voila donc du bel ouvrage avec une bonne petite série qui dégage un plaisir nostalgique, qui ne brille pas trop par ses personnages ou son humour qui reste moyen, mais le tout est très plaisant à lire et permet une bonne détente.
La Sève
Après un récit complet Symposium, qui fut toutefois assez remarqué par la critique, Chéri, pseudonyme sous lequel se cache l’auteur, nous offre, cette fois ci chez Glénat (collection porn’Pop) des nouvelles très sensuelles autour du thème de la sève, c'est-à-dire du plaisir féminin. J’avais écrit à propos de son premier album, que Chéri était un ou une auteur à suivre, tant son talent à la fois de scénariste et de dessinateur pointait sous les planches de Symposium. Les défauts que j’avais soulignés à l’époque à propos d’un dessin parfois approximatif sont gommés dans cet album. Il faut souligner tout d’abord la qualité éditoriale de l’ouvrage, avec une couverture soignée et un papier de qualité, et surtout un riche cahier de recherches d’illustrations en fin d’album. En prenant le parti de proposer des nouvelles, l’auteur nous fait voyager dans son monde très onirique, très poétique, comme le souligne Céline Tran, dans la préface. Avec, « le ruisseau » la première des six nouvelles, l’auteur nous plonge dans le thème de « la sève », qui ne nous quittera pas tout au long de la lecture. Ma préférence va tout de même au récit intitulé « Cime » (où la marque des bouteilles d’eau distribuée aux passagers de l’avion s’appelle, de manière à peine insolite « sève »), récit le plus explicite sur le plan des scènes de sexe, mais aussi original en raison du tournant donné au bout de 9 pages. Il faut aussi souligner une nouvelle muette (« Essence ») qui intrigue par son mystère, sa sensualité et son aspect onirique. Enfin « le lac » vient enfin clore cet album, en réponse au « ruisseau » qui ouvrait cet opus, révélant ainsi que l’auteur n’a pas fait qu’offrir aux lecteurs une succession de scénettes, mais a pensé l’album dans sa globalité. Un album, certes réservé aux adultes, mais qui se démarque de la production dans ce domaine, par sa sensualité et son dessin. Une belle réussite.
Le Château des étoiles
Super lecture des 5 premiers tomes ! C’est léger, aérien, nostalgique de l’époque Jules Verne et mêlé de merveilleux. Sans jeu de mots, il y a quelque chose d’éthéré qui flotte dans l’air lorsqu’on lit cette bd, j’avais l’impression d’avoir pris de l’hélium ;-) Super de se replonger dans cette époque napoléonienne, prussienne, de machines à vapeur, de montgolfières avec un nouvel ingrédient magique : l’éther ! Des protagonistes adolescents avec leurs faiblesses, qui murissent au fil de l’histoire ; par exemple Séraphin personnage central n’est pas le jeune homme fort parfait et n’a pas forcément le dernier mot lors d’une lutte, du coup la bd n’est pas trop lisse et ne fait pas trop super héros, c’est agréable. Un univers plein de magie foisonnant d’idées novatrices et originales. Au niveau dessin, j’ai particulièrement aimé la faune, la flore et les êtres féériques martiens. Un des personnages principaux, Hans, n’est pas dessiné de façon réaliste comme les autres, mais a plus une bouille comique de dessin animé à la Miyazaki, ça aussi j’ai trouvé que c’était fort, c’est introduire une différence qui ajoute au tout et qui si elle n’avait pas été là aurait aussi donné une bd trop lisse ; introduire une différence (qui peut paraître comme un défaut) dans un ensemble cohérent peut paradoxalement le renforcer (comme dans les structures cristallines) et là c’est le cas. J’ai trouvé tous les dégradés de couleurs magnifiques. Je lirais avec beaucoup d’intérêt la nouvelle série parallèle Les Chimères de Vénus scénarisée par l’excellent Alain Ayroles.