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Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Henriquet - L'homme-reine
Henriquet - L'homme-reine

Après la brillante adaptation de Charly 9, Richard Guérineau poursuit son cycle biographique sur les souverains de France avec le successeur du précité, Henri III, dernier des Valois. Henri III, réputé pour ses tenues extravagantes et pour avoir préféré la compagnie de ses mignons à celle des femmes.... Comme son frère Charles IX, Henri III était un roi haut en couleurs, constituant ainsi un excellent « matériau » pour une bande dessinée. Bien plus détesté que son aîné pourtant à l’origine de la Saint-Barthélemy, notamment par le peuple catholique sous l’emprise de la propagande haineuse de la Ligue, Henri III n’était pourtant pas un roi détestable, tant s’en faut. Ce dernier était un homme doux, humaniste, amoureux des arts et des lettres. Il cherchait à réconcilier les factions rivales durant les guerres de religions qui empoisonnaient la France à cette époque. On lui reprochait également son goût pour les fêtes et ses tenues extravagantes qui le faisaient apparaître très efféminé. Ce qui évidemment faisait de lui une cible très facile pour ses ennemis, dans une période où l’homosexualité constituait un blasphème, deux siècles seulement après l’Inquisition. Tout en s’étant visiblement très bien documenté sur le personnage, Richard Guérineau en a fait une œuvre de fiction. Et qui dit fiction dit interprétation personnelle. Mais globalement, la restitution historique semble plutôt honnête, sans volonté de nuire ou d’enjoliver quoique ce soit, donc relativement objective. Concernant sa supposée homosexualité, débat qui agite toujours les historiens aujourd’hui, l’auteur a choisi de ne fâcher personne en le présentant comme bisexuel, ce qui paraît plus vraisemblable car ce roi comptait également nombre de maîtresses. D’autres anecdotes parsèment le récit, notamment sur l’apparition des bains à la cour (merci Henri !) ou celle du bilboquet, ce qui poussait certains courtisans malicieux à comparer la boule du jeu au fondement du souverain… Quant à l’histoire en elle-même, Guérineau a repris le même parti pris original adopté avec Charly 9 consistant à truffer le récit d’intermèdes au style graphique et narratif radicalement différent. Parfois documentaire, avec des pastiches de « L’Illustration », magazine du XIX siècle pour le côté décalé ( !), de vieilles bandes dessinées historiques les plus désuètes, ou encore de strips gaguesques dans la plus pure tradition franco-belge… Tout cela rend le récit très vivant, lequel bénéficie déjà du trait élégant et enlevé de l’auteur. Même si « Henriquet, l’homme-reine » ne recèle pas la force de son prédécesseur, il reste d’excellente tenue, avec une narration fluide, de l’humour et des textes de qualité, notamment par la truculence des jurons de l’époque proférés par les bouches les plus nobles, y compris celle de Henri III... C’est donc un portrait brillant et équilibré qu’a dressé Richard Guérineau de ce souverain, lequel apparaît au final plutôt attachant, tant par sa majestueuse extravagance que par ses failles, lui qui se disait né au mauvais siècle. Gageons que ce deuxième volume, réussite incontestable, rencontre autant de succès que Charly 9, de sorte à encourager l’auteur à nous narrer la vie d’un autre souverain !

11/03/2017 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
Couverture de la série L'Érection
L'Érection

livre 1 un titre volontairement provocateur (d'ailleurs, Jim justifie son choix dans le dernier numéro de Casemate), se cache une histoire digne du théâtre de boulevard. Le décor est en effet bien campé : un appartement haussmannien au plein cœur de Paris, des presque cinquantenaires en mal d'identité, dont un couple à la dérive. Fidèle à ses précédents ouvrages, Jim nous offre un portrait assez saisissant d'un couple en mal d'amour. Ce premier volume, qui s'apparente à un huis clos, et à une pièce de théâtre, nous offre des dialogues voire des répliques assez violentes entre Léa et Florent, un couple en complète incompréhension suite à un malentendu, qui au demeurant peut se justifier. Mais le thème principal de ce volume réside dans le désir et le temps qui passe dans le couple. Comment faire durer le désir au bout de 30 ans de mariage ou de concubinage, est une question qui, à un moment de notre vie, se pose légitimement. Et c'est justement le thème principal de ce premier volume. A travers de la lecture de cette bd, parfaitement illustrée par Lounis Chabane, certains peuvent encore en douter. L'album se conclut sur une page troublante qui donne une envie furieuse de connaitre la suite livre 2 Passé la bonne surprise du précédent volume, je me suis rué dans la lecture de la seconde partie, dès sa parution. Je dois avouer que cet album est un cran en dessous du précédent. En effet, Jim nous décrit ici des situations plus convenues sur le couple, sur l'adultère, sur la différence d'appréciation de l'âge entre les hommes et les femmes, et il nous livre un album plus bavard, avec un peu moins d'humour, où Florent passe en second plan derrière une Léa métamorphosée (ah! son apparition dans la fête des voisins du dessus !), plus explosive que jamais. Malgré ces faiblesses, j'ai passé un agréable moment de lecture, surtout grâce au superbe dessin de Lounis Chabane

04/06/2016 (MAJ le 11/03/2017) (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Le Cas Fodyl
Le Cas Fodyl

Cette société totalitaire fait peur car elle semble être vraiment proche de nous. D'une part, elle est fascinée par la productivité. En même temps, elle oblige ceux qui n'ont pas de travail à faire des travaux forcés gratuitement. On stigmatise les fainéants qui nous pompent toutes les aides sociales avec nos impôts. C'est vrai que j'ai déjà entendu maintes fois ce discours. Lomig va plus loin et nous offre sa vision des choses comme elle pourrait aboutir. On est dans un milieu proche du fameux roman 1984 d'Orwell. C'est une véritable critique déguisée des choses qui se passent maintenant et qui sont assez insidieuses. Le peuple est souvent aveugle ou maintenu dans une certaine ignorance de la réalité. Je trouve que la démonstration est plutôt pas mal. Graphiquement, l'auteur a misé sur une bichromie. C'est bien vu. Pour le reste, cette lecture a été assez agréable avec une belle fin et surtout une belle moralité. Cette oeuvre va sans doute beaucoup vous plaire.

11/03/2017 (modifier)
Couverture de la série L'Or des Fous
L'Or des Fous

Après des Bd sur les Aztèques, il était normal qu'il y en ait sur les Incas, autre peuple d'Amérique que les Espagnols ont pillé sans vergogne, je désespérais d'ailleurs de voir une Bd aborder ce sujet, c'est chose faite, mon voeu est exaucé et je suis satisfait par l'ensemble, même si j'émet quelques réserves. C'est du beau travail, avec comme principal défaut une narration qui m'a semblé un peu rapide, mais au final, c'est peut-être pas plus mal que de faire trainer une narration qui parfois s'englue dans des circonvolutions aberrantes, ce qui a souvent pour effet de multiplier des albums et faire dépenser de l'argent aux lecteurs. Ici, un triptyque c'est la bonne formule, encore que le sujet vaste et foisonnant, pouvait appeler un album de plus. Tout est vu comme la conquête du Mexique où les conquistadores ont anéanti l'empire aztèque et l'empire maya, c'est à dire que ces répugnants personnages étaient tout simplement en quête de richesses et d'or comme toujours, et cette conquête du Pérou s'est faite elle aussi dans le sang, au prix de nombreux combats farouches, de massacres et d'asservissement. L'or des Incas a aussi excité la convoitise des autres nations, et on sait que les Anglais de John Drake n'en manquaient pas une pour piller à leur tour les galions chargés de richesses des Espagnols, ces 2 pays étant en guerre au XVIème siècle ; les Français aussi ont eu leur part dans ces conflits. M'étant toujours intéressé aux civilisations précolombiennes, j'étais bien renseigné au départ sur la civilisation Inca, et je n'ai rien appris dans cette Bd que je ne savais déjà, mais je peux dire que tout est relaté de façon conforme : la quête de l'or, les dissensions entre Pizarro et Almagro, la rançon faramineuse qui fut promise par l'Inca en remplissant son cachot d'or jusqu'au plafond... tout ceci est vrai, j'ai même une illustration dans un bouquin qui montre le cachot rempli d'or. La série se décompose en 3 parties assez distinctes : le tome 1 est consacré à la conquête du Pérou, le tome 2 s'intéresse à la rivalité entre Almagro et Pizarro, qui continue un peu dans le tome 3... montrant aussi que l'après conquête est souvent faite d'amères décisions et de trahisons ; c'est encore le cas ici, où après la mise à mort d'Almagro, Pizarro connut également une fin tragique puisqu'il fut tué par le fils de son rival. Le défaut annexe de cette série est l'absence de dates et de noms, car je conçois que pour des gens comme moi passionnés de cette civilisation, ce fut une lecture plus facile, mais pour des néophytes, ça manque sérieusement. On ne cite jamais le nom de Pizarro alors que celui d'Almagro revient sans cesse, et on ne cite jamais le nom de l'Inca qui fut capturé par traitrise et enfermé dans ce fameux cachot : il s'agit de Atahualpa qui avait usurpé le trône de son frère Huascar ; il sera étranglé malgré le fait qu'il s'était converti à la religion catholique. Si beaucoup de choses sont montrées, il manque quand même des événements comme celui-ci et quelques autres qui auraient pu mieux étoffer cette série. Malgré ces réserves, je reste satisfait , de plus le dessin me convient parfaitement, c'est un trait classique, costaud, bien appuyé, avec un soin dans les décors et les costumes, et les riches parures incas, ça semble bien documenté sur la culture inca ; il y a de belles images de tempêtes et de batailles, accentuées par de grandes cases et des pleine-pages. Bref, une série qui manquait sur cette période historique mais qui aurait pu être encore mieux grâce à quelques détails supplémentaires et un 4ème album.

10/03/2017 (modifier)
Couverture de la série Pleine lune
Pleine lune

Dans la première partie, Chabouté nous dresse un portrait au vitriol du personnage principal, petit fonctionnaire aux ambitions minables, célibataire asocial se morfondant dans une vie étriquée et monotone. Un pauvre type qui ne possède pas beaucoup de qualités, Chabouté chargeant vraiment la barque de ce beauf content de lui et de ses petits triomphes, aux dépends de ceux qui viennent quémander sa mansuétude au guichet de la Sécurité sociale où il travaille. Puis, à la suite d’une série de hasards malencontreux, ce pauvre type va vivre une nuit d’enfer, confronté à tous ses cauchemars de misogyne, raciste, beauf et anti jeunes qu’il est. Lui, chantre de l’ordre, du droit (du mâle blanc adulte s’entend), se voit traité comme ceux qu’il honnit et avec lesquels il se trouve assimilé, à son corps défendant (il y a clairement un peu de « Monsieur Klein » en lui, même s’il ne réagit pas de la même manière). Si un court passage (l’éléphant avec le cirque ambulant) fait un peu tomber la tension et apporte un peu de poésie et d’humour, l’album baigne dans une violence, une atmosphère glauque, le « héros » s’enfonçant à chaque fois qu’il croit pouvoir sortir de son cauchemar. Un peu du Céline du « Voyage au bout de la nuit », l’humour en moins. Une histoire intéressante. Mais il manque peut-être un peu de nuance pour que cette farce noire soit plus crédible, même si l’on peut prendre du plaisir à voir tomber une sorte de justice immanente sur ce pauvre type, vraiment haïssable. A ce titre, la chute est plutôt marrante. Reste le dessin de Chabouté, qui utilise comme souvent un Noir et Blanc très classique, mais très réussi : cette aventure nocturne est bien mise en images. Un défouloir à découvrir. Note réelle 3,5/5.

10/03/2017 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Père et Fils - Vater und Sohn - Les Saisons
Père et Fils - Vater und Sohn - Les Saisons

Peu de temps avant la publication en quasi-intégrale (dans une somptueuse édition, selon les mots de la Gouttière) chez Warum des strips originaux d'Erich Ohser (alias e. o. Plauen), Marc Lizano, après avoir été approché par Panini Allemagne, se lance dans une version moderne de cette série culte. Peut-être pour retrouver un esprit germanique, il s'associe avec Ulf K., dont le style cubique et simple pourrait être à la hauteur. Plus de deux ans plus tard (le premier strip date de fin 2014), le premier recueil sort. C'est de l'excellent boulot. L'esprit original de la série est respecté au plus près. Pétri de poésie, d'amour et d'humour, il mêle prise de becs, discussions intimes, jeux d'enfants. J'en avais presque les larmes aux yeux tant Lizano a su transposer l'universalité du propos d'Ohser dans notre époque. Réalisés en bichromie, muet, les gags, le plus souvent réalisés en une page en gaufrier, sont la plupart du temps imparables. Les "faibles" sont largement minoritaires. Cerise sur le gâteau, l'absence de la maman est évoquée l'espace de trois gags pleins de pudeur. Et comme je l'indiquais, le boulot d'Ulf K. est simple mais efficace. Un seul (petit) regret, le rouge est un poil trop pétant. Pour le reste, c'est impeccable.

10/03/2017 (modifier)
Couverture de la série Les Cinq Conteurs de Bagdad
Les Cinq Conteurs de Bagdad

Vehlmann est un auteur assez éclectique, qui a déjà écrit – pour des publics divers – pas mal de séries réussies. Avec cette histoire de conteurs, il confirme son talent. Tous d’âge et de personnalité différents, ces cinq conteurs, assemblés dans une équipe traversant le monde à la recherche d’inspiration, pour que l’un d’entre eux gagne un concours de contes, sont intéressants. Ils sont à la fois complémentaires et opposés, et c’est l’entrechoc de ces individus – dont une devineresse nous apprend très tôt ce qui va leur arriver (même si parfois le destin prend plaisir à se manifester « par surprise ») – qui fait le sel de cette aventure, découpée en petites histoires toutes liées à un conte ou un conteur rencontrés. Une histoire intéressante et bien bâtie, facilement et vite lue malgré l’importante pagination (peu de dialogues finalement). Ce qui fait aussi la réussite de cet album, c’est le très beau dessin de Duchazeau, très moderne, très sombre, simple (privilégiant les esquisses et les hachures). Un album hautement recommandable. Note réelle 3,5/5.

09/03/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Daredevil par McKenzie et Miller
Daredevil par McKenzie et Miller

3.5 Quelle bonne idée de publier enfin ces épisodes de Daredevil en librairie. Jusqu'à présent les éditeurs commençaient la publication des histoires de Daredevil par Frank Miller que lorsqu'il était seul aux commandes. On voit donc les débuts de Miller sur le titre qui le rendit célèbre. L'ambiance n'est pas aussi noire que ce que fera ensuite Miller mais on retrouve déjà un univers assez sérieux pour un comics de l'époque, je trouve. Les histoires sont excitantes si comme moi on aime bien le personnage de Daredevil et son univers. Je les ai trouvées palpitantes sauf celle où on a encore droit à un énième retour sur les origines de Daredevil quoique la fin de cette histoire est excellente. Le dessin de Miller est déjà excellent. Il est à noter que ces épisodes ne sont pas importants que sur le plan historique. Il y a un vilain récurrent de Daredevil qui meurt durant un épisode et à ma connaissance il n'a jamais été ressuscité.

08/03/2017 (modifier)
Par Capucine
Note: 4/5
Couverture de la série Les Enquêtes de l'Inspecteur Bayard
Les Enquêtes de l'Inspecteur Bayard

Ces livres font appel au sens de la vue et à la logique. Les énigmes sont intéressantes et bien écrites. Les indices ne sont pas trop difficiles à repérer.

08/03/2017 (MAJ le 08/03/2017) (modifier)
Couverture de la série Les Nouvelles aventures du Chat Botté
Les Nouvelles aventures du Chat Botté

Nancy Pena réalise ici une très belle série, qui revisite et prolonge les aventures du Chat botté, ancrées de manière plus ou moins nébuleuses dans l’imaginaire et la culture populaires. Je dois dire que j’ai absolument tout aimé de cette histoire, que ce soit le fond ou la forme. Le ton est primesautier, marie agréablement l’ironique et le comique de Guignol. C’est pétillant, et l’on est embarqué dans cette histoire sans pouvoir – et surtout sans vouloir s’en détacher. Les références sont nombreuses, essentiellement aux auteurs du Grand siècle évidemment (Perrault, Molière, Racine …), mais parfois plus surprenantes, puisqu’une réplique culte des Tontons flingueurs s’y trouve utilisée. Nancy Pena elle-même est un personnage à part entière, puisque « l’auteur » est un protagoniste, cité, pris à témoin par certains personnages – le chat essentiellement (ici accompagné d’une souris, d’une montagne et d’un ogre, pour ne garder que les principaux figurants de cette farce joviale). Ajoutons que les éditions 6 pieds sous terre ont vraiment fait ici du bel ouvrage pour l’intégrale, sur laquelle je me suis rué (après avoir découvert cette série dans ses premières publications en petits volumes de la collection Lépidoptère). Papier et couverture très épais (avec dos toilé), marque page : un bien bel écrin pour ce petit bijou ! Un gros coup de cœur !

07/03/2017 (modifier)