Le Cas Fodyl

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Dans un monde où le peuple est totalement soumis à des règles totalitaires, Monsieur Fodyl cherche à mettre un peu d’humanité dans son quotidien, bien mal lui en prend !


Bichromie Dictatures et répression

Les goélands ont colonisé le ciel de la ville. Alors qu’il s’apprête à déguster son croissant, Monsieur Fodyl se fait chiper sa viennoiserie par un de ces nuisibles. Il est encore sous la surprise du larcin aérien quand une brigade de police en pleine intervention le bouscule et le projette à terre. Dans la foule, un enfant demande à sa mère ce que le monsieur a fait pour être ainsi arrêté. Elle lui répond que c’est juste un fainéant que les policiers viennent chercher pour le reconduire à son travail. Deux individus ayant assisté à la scène s’étonnent qu’on retrouve encore ce genre d’individu en centre-ville. Comment arrivent-ils à se cacher ? En tout cas, ils forment un triste spectacle qu’ils ne devraient pas subir, estiment-ils. Plus tard, dans l’immense bâtiment qui abrite le bureau de gestion des cas, Fodyl est face à un homme qui n’a pas travaillé depuis sa dernière période de travaux forcés. L’autre lui raconte qu’il n’a jamais été avec une femme et qu’il est amoureux de la dame de l’accueil. Puis il décrit son arrestation par des militaires lorsqu’il prenait sa douche. Par réflexe, il en a même amoché un. Depuis, il est persuadé d’être surveillé. Alors quand le gars qui s’occupe d’exterminer les œufs de goélands apparait à la fenêtre alors qu’il monte sur le toit, le pauvre homme est persuadé qu’ils l’ont retrouvé…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Janvier 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Cas Fodyl © Sarbacane 2017
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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11/03/2017 | Erik
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Par sloane
Note: 4/5
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Les influences de cet album sont multiples, jugez du peu: 1984 d'Orwell, le Brazil de Terry Gillian, le maitre du haut château de Kafka. Une lecture qui ne donne pas franchement envie de se marrer, tant elle fait écho à plusieurs aspects bien réels de notre monde. Notre pauvre Fodyl est englué jour après jour dans un boulot routinier qui ne lui laisse que peu de place pour affirmer sa personnalité. Petits chefaillons aux pouvoirs démesurés, système de règles nonsensiques qui avilissent l'être. D'ailleurs c'est une question que je me suis souvent posée, dans ce type de régime comment se fait-il que les gens ne se suicident pas plus souvent ? Comment arrivent-ils à supporter cette vie, si l'on peut d'ailleurs appeler ça une vie ? Bref question métaphysique s'il en est. Cet album pose à mon sens de bonnes questions de manière subtile, sans gros sabots et déjà pour cela un grand bravo à Lomig, son trait finalement assez rond avec une colorisation assez douce, même s'il donne un côté oppressif aux choses arrive en même temps à adoucir le propos. Encore une belle réalisation des éditions Sarbacane dont on ne dira jamais assez de bien A lire forcément.

24/05/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
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J’avoue, ce n’est pas le genre de BD que j’achète. Il a fallu que je rencontre Lomig. Une entrevue fortuite à la médiathèque de Nantes lors d’une exposition qui lui était consacrée. Nous avons échangé pendant presque 2 heures. Quel privilège. Il m’a dévoilé comment il travaillait le scénario, comment il appréhendait le dessin du story board jusqu’à la planche finale, les crayons utilisés, ou encore son approche sur la colorisation. Il m’a séduit le bougre ! Je me suis donc procuré « Le cas Fodyl » avec une petite dédicace au passage. Quelle claque ! Nous voilà donc embarqué dans une dystopie. Nous sommes dans une société imaginaire organisée de telle façon qu’il est impossible de lui échapper. Et dans celle-ci, le chômage doit être éradiqué. Les chômeurs également ! Les méthodes managériales sont rudes. Seul le résultat compte. L’empathie est synonyme de faiblesse. Vous ne suivez pas les directives et les process ? Vous êtes virés ! Vous êtes donc condamnés à la peine maximale … le licenciement c’est-à-dire que vous n’avez d’autre choix que les travaux forcés à perpétuité. Lomig nous interpelle avec intelligence et dextérité. Cette société cynique n’est pas si éloignée de la nôtre. Tout accepter pour ne pas perdre son travail n’est pas une bonne chose. La vraie vie est pourtant en dehors du boulot. Le dessin tout en rondeur, sans fioriture, est plutôt agréable. L’utilisation du vert Guignet est parfait. Cela accentue le côté froid du récit. Voilà donc un album déshumanisé très original, agréable à lire que je recommande.

25/10/2020 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
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Avec "Le cas Fodyl" Lomig continue de poser son regard acéré sur notre société et ses absurdités. Après Vacadab et ses vendeurs d'aspirateurs, Magic Dream Box et ses vendeurs de rêve, c'est sur le chômage et le regard de la société à son égard qu'il pose le doigt. Et il appuie fort ! Dans le monde qu'il nous dépeint, être chômeur est devenu une tare sociétale majeure : Ceux qui ne peuvent ou ne "veulent pas" travailler sont envoyés aux travaux forcés. Le travail est devenu une denrée rare et tout est bon pour garder sa place ou piquer celle de l'autre. Cette vision extrême de notre société pourra sembler caricaturale à certains, mais à bien y réfléchir, elle pourrait très bien n'être que le prolongement de ce que nous vivons. Maintenir une base populaire dans une dépendance profonde à cette société de consommation et son monde du travail. Travailler pour consommer ; éradiquer ceux qui ne rentrent pas dans le moule ou le remettent en question... Si le propos n'est pas nouveau il est plutôt efficace et bien réalisé. Fodyl, notre personnage principal incarne bien cette charnière qui peut lâcher à tout moment. Le dessin de Lomig est quant à lui efficace et le choix de la colorisation monochrome gris/bleu renforce l'effet oppressant de la société que nous dépeint son histoire. Voici donc une critique efficace de notre société à venir si on se laisse moutonnement glisser sur les pentes qu'on nous savonne...

25/10/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album relativement épais, mais qui se lit très vite. D’abord parce qu’il y a beaucoup de cases sans dialogues – et peu de cases et/ou de dialogues souvent d’ailleurs. Ensuite, et c’est quand même le plus important, parce que le sujet est intéressant, d’actualité, et traité finement. On est dans un univers brassant les influences : pêle-mêle, l’univers absurde et bureaucratique de Julius Corentin Acquefacques ou de « Brazil », Kafka ou Orwell, mais aussi le film inspiré par l’album concept de Pink Floyd « The Wall » (on y trouve un clin d’œil direct page 18 !). Le personnage principal est un simple employé d’une sorte de Pôle Emploi vaguement futuriste, encore plus déshumanisé que le nôtre, qui gère ceux qui n’ont pas d’emploi – ces derniers étant stigmatisés et pourchassés par une sorte de police politique. Un univers froid, déshumanisé, ceci étant renforcé par l’utilisation de la bichromie par Lomig. Mais celui-ci laisse percer l’espoir : le personnage principal est le grain de sable du rouage, il se pose des questions, cherche à rester humain – même face à ses parents, conquis par la doxa ambiante. Mais l’espoir, ce sont aussi ces goélands, omniprésents, qui volent au-dessus des tours impersonnelles (architecture stalinienne ou digne de la Germania d’Hitler) et sont libres de « partir ». C’est aussi ce peintre, qui met un peu de bleu dans sa peinture… Quelques respirations donc pour nous empêcher d’étouffer, mais Lomig nous dépeint quand même une société affreuse, asphyxiante, qui broie les individus rejetés par le « chômage », en les rendant responsables de leur malheur, alors même qu’il n’y a pas d’emploi pour tous, et que les dirigeants semblent profiter davantage de la société que le quidam. Toute ressemblance avec des faits ou des personnages réels ne doit là rien à la coïncidence, hélas, puisque Lomig n’a pas eu à trop grossir le trait : nous sommes presque arrivés à ce stade, et sans doute dans quelques années devront nous enlever cet album de la catégorie Science-Fiction. A lire et à méditer.

06/04/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Cette société totalitaire fait peur car elle semble être vraiment proche de nous. D'une part, elle est fascinée par la productivité. En même temps, elle oblige ceux qui n'ont pas de travail à faire des travaux forcés gratuitement. On stigmatise les fainéants qui nous pompent toutes les aides sociales avec nos impôts. C'est vrai que j'ai déjà entendu maintes fois ce discours. Lomig va plus loin et nous offre sa vision des choses comme elle pourrait aboutir. On est dans un milieu proche du fameux roman 1984 d'Orwell. C'est une véritable critique déguisée des choses qui se passent maintenant et qui sont assez insidieuses. Le peuple est souvent aveugle ou maintenu dans une certaine ignorance de la réalité. Je trouve que la démonstration est plutôt pas mal. Graphiquement, l'auteur a misé sur une bichromie. C'est bien vu. Pour le reste, cette lecture a été assez agréable avec une belle fin et surtout une belle moralité. Cette oeuvre va sans doute beaucoup vous plaire.

11/03/2017 (modifier)