"La terre des fils" est un récit post-apocalyptique qui débute comme un huis-clos entre un père tyrannique et ses deux fils perdus dans les ruines du monde. Il se poursuit dans une quête existentielle où deux êtres perdus recherchent en vain quelqu'un qui saurait encore lire dans un univers violent et fanatique. Le monde a-t-il un sens quand il est détruit à ce point ? Telle est la question que nous pose Gipi dont la force expressive du dessin fait merveille tout au long de 288 pages de maestria graphique et narrative.
Un excellent ouvrage sur l'autisme, principalement l'autisme féminin que je ne connaissais pas trop vu que la première image que j'ai dans ma tête lorsque je pense à l'autiste et celle d'un jeune garçon et encore je ne vis pas en France où la situation des autistes est bien pire si je me fie à ce que dit l'album.
J'ai vraiment eu du plaisir à lire ce documentaire qui montre la vie quotidienne d'une autiste. J'ai trouvé ce personnage attachant et j'ai ressenti de la peine pour elle. J'ai été particulièrement peiné lorsque la société la met mal à l'aise à cause de ses problèmes de communication, Ils ne cherchent pas à la comprendre et veulent qu'elle agisse 'normalement' alors qu'elle ne peut pas. Le fait que la scénariste soit elle-même autiste donne du réalisme aux situations et m'a aidé à mieux comprendre l'autisme. Le dessin est bon aussi.
J'ai eu un vrai plaisir à lire cet album qui est selon moi à lire absolument.
Ce récit m’a énormément plu, pour de multiples raisons.
Avant tout, il y a le titre. Un titre qui sent bon les boums des années ’80, l’autodérision, l’humour. Un titre qui prend encore plus de sens après lecture du récit.
Puis vient le nom des deux auteurs. Je suis rapidement devenu un grand amateur des œuvres du duo. Et une fois de plus, je suis abasourdi par leur maîtrise graphique et leur art de choisir un style en fonction du sujet du récit. « L'Aliéniste », « Daytripper (au jour le jour) » ou « Deux Frères » ont chacun eu droit à un traitement graphique différent et approprié, et c’est encore le cas avec l’adaptation de cette nouvelle. Et une fois de plus la lisibilité est parfaite, le dynamisme est présent, le charme opère. On pourrait juste reprocher le visage d’un des deux principaux protagonistes, qui fait plus que ses 15 ans supposés. Mais à côté de ça, l’étrange pouvoir de séduction qui se dégage des personnages féminins est juste parfait.
Parlons ensuite de l’auteur de cette nouvelle (puisqu’il s’agit à nouveau d’une adaptation). Neil Gaiman n’est pas un inconnu dans le monde de la bande dessinée et sa réputation n’est plus à faire. Le récit qu’il nous offre ici propose différents niveaux de lecture. Il y a bien sûr des aspects de roman graphique (avec un côté « souvenirs de jeunesse » qui sent le vécu) mais pas que ! J’ai adoré cette approche du « comment aborder les filles quand on a 15 ans » mais surtout comment rester les pieds sur terre lorsque le contact a l’air de se faire, comment décoder leur langage, et d’ailleurs faut-il le décoder ? Le personnage principal du récit m’a beaucoup parlé tant je me suis retrouvé en lui.
Pour cet ensemble de raisons, et grâce à certains passages que j’ai trouvés hilarants dans le style décalé et très britannique qui est celui de l’album, je ne peux que vous conseiller de vous ruer chez votre libraire. Et ne vous arrêtez pas au titre, cet album a bien plus à vous offrir que ça !
C’est une histoire qui, au début, m’a fait penser à la récente série de Riad Sattouf, L'Arabe du futur. La colorisation mise à part, cela partait sur le même ton, mi intimiste mi goguenard, avec un regard d’enfant sur un monde d’adultes.
Cela s’en écarte ensuite, au fur et à mesure que s’éclaire le titre – et le compte à rebours de ces « j’ai tué Pierre », à divers âges.
Sur un sujet scabreux – on devine bien en amont le nœud du problème – cette histoire autobiographique – et quasi cathartique ! – avance à petits pas, l’auteur prenant des précautions avec lui-même, pour aller jusqu’au bout de cette libération. Le dessin simple d’Alfred est aussi pour beaucoup pour faciliter la lecture.
C’est vraiment une lecture fortement recommandable, qui ne donne pas dans le pathos, alors même que le sujet y tombe souvent lorsqu’il est évoqué dans les médias. Quant à la justice, puisqu’ici Pierre n’a eu qu’à affronter le regard d’Olivier Ka, elle passe une nouvelle fois l’éponge sur ces criminels en soutanes, fussent-ils, comme ici « très cool ».
J’ajoute qu’en plus d’une triste histoire, très noire (certains passages me faisant penser à la noirceur de Larcenet dans certaines de ses œuvres publiées chez les Rêveurs), cet album est aussi un joli portait de famille, d’une génération : cette partie, qui se lit en parallèle de la relation d’Olivier avec Pierre, est elle aussi (sur un ton plus positif bien sûr) intéressante, brossant le passage à l’âge adulte du jeune Olivier.
Un album que je vous recommande vraiment !
Tout ce que fait Winshluss est pour moi intéressant. Mais en apprenant que son prochain album paraîtrait chez Gallimard, et qui plus est plutôt pour un public « jeunesse », je n’ai pas pu m’empêcher d’anticiper une déception, craignant que l’univers de Winshluss n’en sorte trop édulcoré.
Mais, après tout, il a déjà exposé ses traits underground et caractéristiques, et certaines de ses idées pas forcément consensuelles chez Mickey, avec ses deux crétins de Wizz et Buzz. Alors, je suis allé vérifier ce que cela avait pu donner.
Eh bien c’est plutôt une réussite, qui efface une bonne partie de mes appréhensions initiales. Pas toutes certes, car je préfère l’irrévérence plus marquée de In God We Trust ou surtout du génial « Pinocchio », pour ne parler que de ses perles.
Mais cet album est vraiment bien fichu, adapté à un public jeune certes – et évitant malgré cela tout côté gnangnan – mais qu’un adulte comme moi peut aussi lire avec plaisir.
Franky, le personnage du crapaud, gouailleur et imposant, est caractéristique des créations de Winshluss, et est ici un parfait complément au jeune Angélo, héros malgré lui d’une Odyssée pour de rire.
Comme Smart monkey, c’est un album idéal pour entrer dans l’œuvre de cet auteur original dont je suis fan de l’esthétique (entre autre).
Curieux mélange que cette nouvelle série mélant crimes sanglants et petites culottes.
En effet, Yoshinobu Yamada nous entraîne dans un thriller fantastique qui donne sens au nombre important de meurtres inexpliqués du monde entier ; rien qu'au Japon ils sont 7000 par an...
C'est en partant de là qu'on va suivre l'implication involontaire d'un jeune homme à cette affaire, suite à un accident de la circulation. C'est à l'hopital où il est soigné qu'il va se faire agresser et qu'on va tenter de le tuer pour lui voler ses yeux ! Il est sauvé in extremis par un trio de donzelles roulées comme des pin up qui se réveleront faire partie d'une brigade spéciale de la police...
Sans en dévoiler trop, l'agression dont a fait l'objet Kô Fujimura n'est pas due au hasard, et c'est sa capacité à voir certaines choses qui est à l'origine de cette tentative de meurtre.
Ce premier opus est plutôt prenant et bien fait, même si le côté petites culottes à tout va n'est pas spécialement ma came. Je me suis laissé prendre par le côté fantastique de l'histoire qui se dévoile petit à petit. C'est assez finement dosé, avec une narration très efficace et ce petit côté 'drôles de dames' version gore et fantastique a réussi à prendre le dessus sur les courbes et la dentelle qui agrémentent les pages de cette série.
C'est avec curiosité que j'attends donc la suite de cette série.
Voilà un auteur que je suis depuis pas mal de temps et qui ne finit pas de me surprendre. Avec ce nouvel album Gess nous offre un écrin magnifique pour une histoire envoutante.
Gustave Babel nous raconte en effet la vie d'un tueur à gage au service de la Pieuvre, organisation mafieuse parisienne de la fin XIXe début XXe qui a le don de parler toutes les langues ; pratique quand on est assassin d'un pays à l'autre !
Sans rien dévoiler, l'album s'ouvre sur la mort de Gustave, et c'est toute son histoire qui va se décanter petit à petit. Lui qui était devenu ce qu'il était en ayant perdu la mémoire, nous donne au compte goutte au fil des différents chapitres tous les éléments qui vont recomposer petit à petit son histoire.
C'est ce récit mais surtout l'ambiance qu'a su donner Gess pour donner vie à une tripotée de personnages aux surnoms tous plus éloquents les uns que les autres qui m'a conquis. L'originalité de ce ton volontairement mélancolique colle parfaitement à cet assassin hors norme qui se retrouve pour la première fois confronté à l'échec (ses cibles meurent avant que lui ne les tue) ; tout cela va précipiter sa chute mais lui permettre de retrouver son intégrité et sa mémoire.
Le dessin et la mise en couleur de Gess concourent parfaitement à l'ambiance qu'il a imaginé pour ce récit et donnent à l'ensemble une cohérence que j'ai trouvé des plus réussie et qui je l'espère donnera naissance à d'autres albums dans cet univers de la Pieuvre.
Et hop! voilà le tome deux. De la bombe mesdames et messieurs et au passage mon coup de cœur du moment, dans la production actuelle du lourd qui déménage faisant fi du politiquement correct.
Alors que Doggybags en arrive à son ultime treizième numéro nous retrouvons Run et Neyef pour suivre la saine et belle éducation du sieur Jesus par les gangs de "carnales" au sein d'une prison américaine. Comme pour Doggybags ou Mutafukaz les auteurs insèrent des textes informatifs sur les gangs américains dans ces prisons. Pas que ces infos soient indispensables à la vie de votre serviteur, a priori elles ne devraient jamais me servir, mais cela aère le récit qui lui est à mille lieues des Bisounours ou de l'île aux enfants.
Petit format donc, une petite vingtaine de pages, mais par les dieux c'est du lourd, condensé, efficace et on ne s'ennuie pas une seconde. La tension est maximale, nous sommes bien loin de ce film avec R. Redford, "Brubaker" je crois plein de clichés. Ici tout est neuf à notre regard d'européen et l'on se dit que la plus grande démocratie du monde (ouarf, ouarf!) possède sans conteste l'un des systèmes carcéral les plus pourris du monde.
Le dessin de Neyef possède ce je ne sais quoi d'à la fois tendu et rond mais au final bougrement efficace aidé en cela par une colorisation assez douce au regard de ce qui nous est montré.
Donc scénario millimétré, dessin foutrement bien fichu, sujet peu comique mais par certains côtés assez édifiant, donc coup de cœur et je vous prierais de faire tourner pour sortir d'un certain ronron d'un certain conformisme il n'y a pas mieux. Au fait, merci PAco pour la suggestion de lecture.
Voilà une bd écrite par des auteurs qui m’étaient totalement inconnus, imprimée en Lituanie et dont l’obscure maison d’édition est située à côté de ma ville. Et pourtant, c’est une réussite totale.
Il s’agit en fait d’une œuvre autobiographique par un couple de deux jeunes auteurs qui font souvent les globe-trotters au Japon. Cependant pas dans un Japon stéréotypé et habituel. Ils nous entraînent loin des clichés et autres sentiers battus à la recherche de ces fameux yokaï (les esprits japonais). Il est d’ailleurs question d’un appareil photo un peu magique capable de les prendre en image sur la pellicule. L’intrigue est fort originale. C’est parfaitement bien amené. On y croirait presque.
Il y aura également un peu de cuisine et surtout des contes et légendes locaux à travers les endroits explorés. C’est tout un parfum d’un Japon invisible. Les auteurs parviennent à dresser le portrait d'un Japon en équilibre sur les deux mondes à savoir le monde moderne et le monde ancestral des esprits. Par ailleurs, il n’y a rien à redire sur le dessin avec un trait chaleureux ou sur la qualité de l’édition. C’est parfaitement soigné. Chaque chapitre sera clôturé par une photographie où l'on verra apparaître ces Yokaï.
Voilà, ce titre fait véritablement partie de mes découvertes assez rafraîchissantes. Cela ne sera certainement pas un best-seller mais cela sera au moins une bd très ludique qui me plaît par son originalité.
Tout d'abord le dessin de Barbara Yelin que je découvre à cette occasion et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est rudement efficace. Alors oui il ne plaira pas à tout le monde avec ce petit air sale cette sensation d'inachevé en le regardant, mais j'avoue que s'il n'est pas dans ce que j'apprécie habituellement il m'a fait son petit effet.
Sur l'histoire en elle même je n'ai pas grand chose à dire c'est le récit d'un fait divers. Par contre c'est le contexte dans lequel il se déroule qui est à mon sens nettement plus intéressant. A l'instar d'un Chabrol au cinéma, j'aime quand les tenants de la morale, les gens bien pensants s'en prennent plein la tronche. Ici mais par les dieux quelle horreur, dire qu'une poignée de personnes se targuent de dicter, de régir la vie des autres selon des préceptes dont ils pensent qu'ils sont à la pointe de la modernité. Franchement ça fait froid dans le dos, et ne croyons pas que ces comportements moralistes soient d'un autre temps...
Mais je m'égare et pour revenir à ce récit je dirais que je le trouve fort habilement construit, qu'une fois la lecture entamée il ne se lâche plus.
Fortement recommandable si l'achat vous rebute, une lecture en emprunt est très envisageable.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
La Terre des fils
"La terre des fils" est un récit post-apocalyptique qui débute comme un huis-clos entre un père tyrannique et ses deux fils perdus dans les ruines du monde. Il se poursuit dans une quête existentielle où deux êtres perdus recherchent en vain quelqu'un qui saurait encore lire dans un univers violent et fanatique. Le monde a-t-il un sens quand il est détruit à ce point ? Telle est la question que nous pose Gipi dont la force expressive du dessin fait merveille tout au long de 288 pages de maestria graphique et narrative.
La Différence invisible
Un excellent ouvrage sur l'autisme, principalement l'autisme féminin que je ne connaissais pas trop vu que la première image que j'ai dans ma tête lorsque je pense à l'autiste et celle d'un jeune garçon et encore je ne vis pas en France où la situation des autistes est bien pire si je me fie à ce que dit l'album. J'ai vraiment eu du plaisir à lire ce documentaire qui montre la vie quotidienne d'une autiste. J'ai trouvé ce personnage attachant et j'ai ressenti de la peine pour elle. J'ai été particulièrement peiné lorsque la société la met mal à l'aise à cause de ses problèmes de communication, Ils ne cherchent pas à la comprendre et veulent qu'elle agisse 'normalement' alors qu'elle ne peut pas. Le fait que la scénariste soit elle-même autiste donne du réalisme aux situations et m'a aidé à mieux comprendre l'autisme. Le dessin est bon aussi. J'ai eu un vrai plaisir à lire cet album qui est selon moi à lire absolument.
Comment aborder les filles en soirées
Ce récit m’a énormément plu, pour de multiples raisons. Avant tout, il y a le titre. Un titre qui sent bon les boums des années ’80, l’autodérision, l’humour. Un titre qui prend encore plus de sens après lecture du récit. Puis vient le nom des deux auteurs. Je suis rapidement devenu un grand amateur des œuvres du duo. Et une fois de plus, je suis abasourdi par leur maîtrise graphique et leur art de choisir un style en fonction du sujet du récit. « L'Aliéniste », « Daytripper (au jour le jour) » ou « Deux Frères » ont chacun eu droit à un traitement graphique différent et approprié, et c’est encore le cas avec l’adaptation de cette nouvelle. Et une fois de plus la lisibilité est parfaite, le dynamisme est présent, le charme opère. On pourrait juste reprocher le visage d’un des deux principaux protagonistes, qui fait plus que ses 15 ans supposés. Mais à côté de ça, l’étrange pouvoir de séduction qui se dégage des personnages féminins est juste parfait. Parlons ensuite de l’auteur de cette nouvelle (puisqu’il s’agit à nouveau d’une adaptation). Neil Gaiman n’est pas un inconnu dans le monde de la bande dessinée et sa réputation n’est plus à faire. Le récit qu’il nous offre ici propose différents niveaux de lecture. Il y a bien sûr des aspects de roman graphique (avec un côté « souvenirs de jeunesse » qui sent le vécu) mais pas que ! J’ai adoré cette approche du « comment aborder les filles quand on a 15 ans » mais surtout comment rester les pieds sur terre lorsque le contact a l’air de se faire, comment décoder leur langage, et d’ailleurs faut-il le décoder ? Le personnage principal du récit m’a beaucoup parlé tant je me suis retrouvé en lui. Pour cet ensemble de raisons, et grâce à certains passages que j’ai trouvés hilarants dans le style décalé et très britannique qui est celui de l’album, je ne peux que vous conseiller de vous ruer chez votre libraire. Et ne vous arrêtez pas au titre, cet album a bien plus à vous offrir que ça !
Pourquoi j'ai tué Pierre
C’est une histoire qui, au début, m’a fait penser à la récente série de Riad Sattouf, L'Arabe du futur. La colorisation mise à part, cela partait sur le même ton, mi intimiste mi goguenard, avec un regard d’enfant sur un monde d’adultes. Cela s’en écarte ensuite, au fur et à mesure que s’éclaire le titre – et le compte à rebours de ces « j’ai tué Pierre », à divers âges. Sur un sujet scabreux – on devine bien en amont le nœud du problème – cette histoire autobiographique – et quasi cathartique ! – avance à petits pas, l’auteur prenant des précautions avec lui-même, pour aller jusqu’au bout de cette libération. Le dessin simple d’Alfred est aussi pour beaucoup pour faciliter la lecture. C’est vraiment une lecture fortement recommandable, qui ne donne pas dans le pathos, alors même que le sujet y tombe souvent lorsqu’il est évoqué dans les médias. Quant à la justice, puisqu’ici Pierre n’a eu qu’à affronter le regard d’Olivier Ka, elle passe une nouvelle fois l’éponge sur ces criminels en soutanes, fussent-ils, comme ici « très cool ». J’ajoute qu’en plus d’une triste histoire, très noire (certains passages me faisant penser à la noirceur de Larcenet dans certaines de ses œuvres publiées chez les Rêveurs), cet album est aussi un joli portait de famille, d’une génération : cette partie, qui se lit en parallèle de la relation d’Olivier avec Pierre, est elle aussi (sur un ton plus positif bien sûr) intéressante, brossant le passage à l’âge adulte du jeune Olivier. Un album que je vous recommande vraiment !
Dans la forêt sombre et mystérieuse
Tout ce que fait Winshluss est pour moi intéressant. Mais en apprenant que son prochain album paraîtrait chez Gallimard, et qui plus est plutôt pour un public « jeunesse », je n’ai pas pu m’empêcher d’anticiper une déception, craignant que l’univers de Winshluss n’en sorte trop édulcoré. Mais, après tout, il a déjà exposé ses traits underground et caractéristiques, et certaines de ses idées pas forcément consensuelles chez Mickey, avec ses deux crétins de Wizz et Buzz. Alors, je suis allé vérifier ce que cela avait pu donner. Eh bien c’est plutôt une réussite, qui efface une bonne partie de mes appréhensions initiales. Pas toutes certes, car je préfère l’irrévérence plus marquée de In God We Trust ou surtout du génial « Pinocchio », pour ne parler que de ses perles. Mais cet album est vraiment bien fichu, adapté à un public jeune certes – et évitant malgré cela tout côté gnangnan – mais qu’un adulte comme moi peut aussi lire avec plaisir. Franky, le personnage du crapaud, gouailleur et imposant, est caractéristique des créations de Winshluss, et est ici un parfait complément au jeune Angélo, héros malgré lui d’une Odyssée pour de rire. Comme Smart monkey, c’est un album idéal pour entrer dans l’œuvre de cet auteur original dont je suis fan de l’esthétique (entre autre).
Deathtopia
Curieux mélange que cette nouvelle série mélant crimes sanglants et petites culottes. En effet, Yoshinobu Yamada nous entraîne dans un thriller fantastique qui donne sens au nombre important de meurtres inexpliqués du monde entier ; rien qu'au Japon ils sont 7000 par an... C'est en partant de là qu'on va suivre l'implication involontaire d'un jeune homme à cette affaire, suite à un accident de la circulation. C'est à l'hopital où il est soigné qu'il va se faire agresser et qu'on va tenter de le tuer pour lui voler ses yeux ! Il est sauvé in extremis par un trio de donzelles roulées comme des pin up qui se réveleront faire partie d'une brigade spéciale de la police... Sans en dévoiler trop, l'agression dont a fait l'objet Kô Fujimura n'est pas due au hasard, et c'est sa capacité à voir certaines choses qui est à l'origine de cette tentative de meurtre. Ce premier opus est plutôt prenant et bien fait, même si le côté petites culottes à tout va n'est pas spécialement ma came. Je me suis laissé prendre par le côté fantastique de l'histoire qui se dévoile petit à petit. C'est assez finement dosé, avec une narration très efficace et ce petit côté 'drôles de dames' version gore et fantastique a réussi à prendre le dessus sur les courbes et la dentelle qui agrémentent les pages de cette série. C'est avec curiosité que j'attends donc la suite de cette série.
La Malédiction de Gustave Babel
Voilà un auteur que je suis depuis pas mal de temps et qui ne finit pas de me surprendre. Avec ce nouvel album Gess nous offre un écrin magnifique pour une histoire envoutante. Gustave Babel nous raconte en effet la vie d'un tueur à gage au service de la Pieuvre, organisation mafieuse parisienne de la fin XIXe début XXe qui a le don de parler toutes les langues ; pratique quand on est assassin d'un pays à l'autre ! Sans rien dévoiler, l'album s'ouvre sur la mort de Gustave, et c'est toute son histoire qui va se décanter petit à petit. Lui qui était devenu ce qu'il était en ayant perdu la mémoire, nous donne au compte goutte au fil des différents chapitres tous les éléments qui vont recomposer petit à petit son histoire. C'est ce récit mais surtout l'ambiance qu'a su donner Gess pour donner vie à une tripotée de personnages aux surnoms tous plus éloquents les uns que les autres qui m'a conquis. L'originalité de ce ton volontairement mélancolique colle parfaitement à cet assassin hors norme qui se retrouve pour la première fois confronté à l'échec (ses cibles meurent avant que lui ne les tue) ; tout cela va précipiter sa chute mais lui permettre de retrouver son intégrité et sa mémoire. Le dessin et la mise en couleur de Gess concourent parfaitement à l'ambiance qu'il a imaginé pour ce récit et donnent à l'ensemble une cohérence que j'ai trouvé des plus réussie et qui je l'espère donnera naissance à d'autres albums dans cet univers de la Pieuvre.
Mutafukaz - Puta Madre
Et hop! voilà le tome deux. De la bombe mesdames et messieurs et au passage mon coup de cœur du moment, dans la production actuelle du lourd qui déménage faisant fi du politiquement correct. Alors que Doggybags en arrive à son ultime treizième numéro nous retrouvons Run et Neyef pour suivre la saine et belle éducation du sieur Jesus par les gangs de "carnales" au sein d'une prison américaine. Comme pour Doggybags ou Mutafukaz les auteurs insèrent des textes informatifs sur les gangs américains dans ces prisons. Pas que ces infos soient indispensables à la vie de votre serviteur, a priori elles ne devraient jamais me servir, mais cela aère le récit qui lui est à mille lieues des Bisounours ou de l'île aux enfants. Petit format donc, une petite vingtaine de pages, mais par les dieux c'est du lourd, condensé, efficace et on ne s'ennuie pas une seconde. La tension est maximale, nous sommes bien loin de ce film avec R. Redford, "Brubaker" je crois plein de clichés. Ici tout est neuf à notre regard d'européen et l'on se dit que la plus grande démocratie du monde (ouarf, ouarf!) possède sans conteste l'un des systèmes carcéral les plus pourris du monde. Le dessin de Neyef possède ce je ne sais quoi d'à la fois tendu et rond mais au final bougrement efficace aidé en cela par une colorisation assez douce au regard de ce qui nous est montré. Donc scénario millimétré, dessin foutrement bien fichu, sujet peu comique mais par certains côtés assez édifiant, donc coup de cœur et je vous prierais de faire tourner pour sortir d'un certain ronron d'un certain conformisme il n'y a pas mieux. Au fait, merci PAco pour la suggestion de lecture.
Onibi - Carnets du Japon invisible
Voilà une bd écrite par des auteurs qui m’étaient totalement inconnus, imprimée en Lituanie et dont l’obscure maison d’édition est située à côté de ma ville. Et pourtant, c’est une réussite totale. Il s’agit en fait d’une œuvre autobiographique par un couple de deux jeunes auteurs qui font souvent les globe-trotters au Japon. Cependant pas dans un Japon stéréotypé et habituel. Ils nous entraînent loin des clichés et autres sentiers battus à la recherche de ces fameux yokaï (les esprits japonais). Il est d’ailleurs question d’un appareil photo un peu magique capable de les prendre en image sur la pellicule. L’intrigue est fort originale. C’est parfaitement bien amené. On y croirait presque. Il y aura également un peu de cuisine et surtout des contes et légendes locaux à travers les endroits explorés. C’est tout un parfum d’un Japon invisible. Les auteurs parviennent à dresser le portrait d'un Japon en équilibre sur les deux mondes à savoir le monde moderne et le monde ancestral des esprits. Par ailleurs, il n’y a rien à redire sur le dessin avec un trait chaleureux ou sur la qualité de l’édition. C’est parfaitement soigné. Chaque chapitre sera clôturé par une photographie où l'on verra apparaître ces Yokaï. Voilà, ce titre fait véritablement partie de mes découvertes assez rafraîchissantes. Cela ne sera certainement pas un best-seller mais cela sera au moins une bd très ludique qui me plaît par son originalité.
L'Empoisonneuse
Tout d'abord le dessin de Barbara Yelin que je découvre à cette occasion et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est rudement efficace. Alors oui il ne plaira pas à tout le monde avec ce petit air sale cette sensation d'inachevé en le regardant, mais j'avoue que s'il n'est pas dans ce que j'apprécie habituellement il m'a fait son petit effet. Sur l'histoire en elle même je n'ai pas grand chose à dire c'est le récit d'un fait divers. Par contre c'est le contexte dans lequel il se déroule qui est à mon sens nettement plus intéressant. A l'instar d'un Chabrol au cinéma, j'aime quand les tenants de la morale, les gens bien pensants s'en prennent plein la tronche. Ici mais par les dieux quelle horreur, dire qu'une poignée de personnes se targuent de dicter, de régir la vie des autres selon des préceptes dont ils pensent qu'ils sont à la pointe de la modernité. Franchement ça fait froid dans le dos, et ne croyons pas que ces comportements moralistes soient d'un autre temps... Mais je m'égare et pour revenir à ce récit je dirais que je le trouve fort habilement construit, qu'une fois la lecture entamée il ne se lâche plus. Fortement recommandable si l'achat vous rebute, une lecture en emprunt est très envisageable.