L'Arabe du futur

Note: 4.14/5
(4.14/5 pour 22 avis)

Angoulême 2015 : Prix du meilleur album. 2014 : Grand prix RTL de la bande dessinée Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Khadafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Angoulême : récapitulatif des séries primées Autobiographie Best of 2010-2019 Best-of des 20 ans du site Ecole Pivaut, Nantes Gobelins, l'École de l'Image Grand prix RTL de la bande dessinée La Syrie Les petits éditeurs indépendants Proche et Moyen-Orient

Riad Sattouf est né en 1978 d'une mère bretonne et d'un père syrien venu faire ses études en France. L'esprit plein de rêves panarabes, ce père décide un jour d'accepter un poste de professeur à Tripoli, puis à Damas. Le petit Riad, blondinet grandi en France, vit à cette occasion un rude choc des cultures.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Mai 2014
Statut histoire Série terminée 6 tomes parus

Couverture de la série L'Arabe du futur © Allary Editions 2014
Les notes
Note: 4.14/5
(4.14/5 pour 22 avis)
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01/08/2014 | Chéreau
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L'avatar du posteur bamiléké

Je referme le tome six qui conclut cette série adulée depuis dix ans avec une certaine perplexité. Comme ma note le montre je suis partagé car si j'ai dévoré les passages rouges/jaunes avec un grand intérêt par contre les passages bleus m'ont laissé assez indifférent voire m'ont parfois ennuyé. J'ai aussi été déçu du tome six où le père est absent hors les pensées et où j'ai trouvé le récit plutôt banal et un brin égocentrique. Pour résumer, j'ai trouvé cette série paradoxale, émotionnelle et un peu provocatrice. Le paradoxe de la série est que son attrait majeur (pour moi) est le rapport père/fils qui se développe tout au long du récit. C'est Abdel qui donne le rythme par ses voyages professionnels ou ses retours au pays. Ce sont ses prises de paroles, son évolution personnelle au cours des vingt années de vie commune avec la maman qui donnent corps à l'originalité du récit. Or Riad Sattouf n'a de cesse de dévaloriser l'image de son père tout au long des six tomes. D'un "élève brillant" p8 t1 Abdel devient assez vite un personnage peu recommandable et sujet aux moqueries via des lettres à l'orthographe incertaine pour un thésard de la Sorbonne. En effet l'auteur lui prête très vite des propos racistes, antisémites puis des attitudes violentes sur son épouse. Les grands-parents ne sont pas spécialement épargnés avec plusieurs propos homophobes dans leur bouche. Sattouf reprendrait-il la célèbre invective de Gide "Famille, je vous hais !" ? C'est un peu comme cela que je le ressens. Or c'est là où j'y vois un poil de provocation car je ne trouve pas que toutes les décisions d'Abdel soient aussi sottes que cela. Tout d'abord mettre sur la place publique des propos de natures familiales et privés, même délictueux, ce n'est pas mon truc d'autant plus que cela provient de souvenirs de jeune enfant si l'on suit le récit. Mais je trouve que les épisodes provocateurs ne s'arrêtent pas là. Ainsi la description du "meilleur plat du monde" avec une galette au jambon, ou l'anecdote de la reproduction d'une danseuse de Degas dans un village traditionnel syrien participe à ce côté provocateur. Enfin l'épisode du retour au pays de Fadi avec son père est pour moi le sommet du traitement émotionnel de la série. Cet épisode a fortement résonné en moi puisque je suis le papa d'un enfant à double culture comme Fadi. Était-il légitime que son papa emmène son fils avec lui dans sa famille syrienne ? Comme l'explique l'avocat, la police ou les services de l'ambassade mis en scène de façon assez désinvolte voire presque caricaturale, la réponse "oui" est légale et compréhensible. Abdel n'a commis alors aucun délit comme le prouve son retour en France où il a pu circuler librement malgré les demandes de la maman à la police. N'est-il pas légitime qu'un père d'une cinquantaine d'année veuille vivre sa fin de vie sur sa terre natale entouré de ses fils alors que son épouse refuse de le rejoindre sans être divorcée ? A chacun de répondre à cette observation de façon raisonnable ou émotionnelle. Je me fais un peu l'avocat du diable mais je trouve la charge trop violente sur un personne qui ne peut pas répondre. C'est à mes yeux le plus gros défaut du livre. Le graphisme est presque imposé par le genre quasi journalistique du récit. Le trait est souple et dynamique. Pourtant je trouve qu'il fige trop les personnages du père et de la mère dans une fixité temporelle qui ne rend pas assez compte du temps qui passe. Il y peu de décors extérieurs détaillés ce qui enferme l'ambiance dans une confrontation familiale assez lourde. Une lecture en résonnance avec l'histoire de cette décénie.

22/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Je viens de finir le dernier volume de cette série démarrée il y a quelques années déjà. Verdict : totale réussite. La touche de Sattouf pourrait se définir comme une mise à nu simpliste d'un monde complexe. Il nous prend la main et nous emmène partout dans son passé, aucun sujet n'est écarté, il nous raconte sans jugement et sans raisonnement... et on comprend, on ressent cette vie atypique dans ce foyer dysfonctionnel. Un voyage intime intense qui permettra à beaucoup de lecteurs d'ouvrir les yeux sur tant de sujets (l'enfance, l'adolescence, les parents, le moyen orient, les amitiés, la famille étendue, l'observation introspective). Personnellement, j'ai lu chaque volume d'une traite !

07/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur AuroreYoyo

POSSIBLES SPOILERS Il n’est sans doute pas utile de faire de la pub pour cette saga de 6 tomes au succès énorme, mais je vais le faire quand même. C’est ma saga préférée, celle qui m’a fait pleuré à chaudes larmes tout le tome 5 et 6. je me suis attachée énormément à Riad et à sa maman, au destin de son petit Frère Fadi, et à ce père tellement compliqué, antisémite sexiste nationaliste, mais son père quand même avec des moments touchants entre eux dans les premiers tomes . Je prête ces tomes à toute ma famille comme si je donnais des nouvelles de gens de notre famille justement, nous n’avons aucun lien avec la Syrie mais cette bd parle à tous les humains Riad a fait une des œuvres les plus importantes du monde de la bd à mes yeux.

30/10/2023 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
L'avatar du posteur Canarde

Attirée par vos avis et par ce titre étrange, j'ai acheté cet album avec curiosité. Je n'ai pas été déçue: on a vraiment besoin de témoignage comme ça. La Syrie, la Libye, ce sont des sortes d'épouvantails pour nous occidentaux casaniers: on les range dans la catégorie commune des dictatures barbares sans vraiment se pencher plus sur la question. Ici, on a le témoignage d'un enfant blond métisse qui se trouve trimballé dans ces pays dans les années 60 et on en voit les aspects communs (le culte de la personnalité, les travaux commencés qui ne finissent jamais de constructions merdiques en béton partout et une sorte de sentiment d'abandon général, la place assez ambivalente de la religion) mais aussi des différences qu'on a du mal à justifier (sont-elles simplement anecdotiques, ou le signe de quelque chose de plus profond, on ne sait pas) En Libye, l'idée des maisons sans clef, qui obligent les femmes à rester à la maison pour les surveiller, les arabophones qu'on cherche à faire venir du monde entier pour enseigner leur langue, en Syrie, les enfants qui embrochent des chiens, ou coulent des bronzes au milieu des rues, en règle générale un statut de l'enfant assez étrange. Le dessin de Riad Sattouf, toujours réduit au plus simple où chacun porte son ridicule vaillamment, contribue à faire sourire mais aussi à inquiéter sur ces mondes étrangers, il y a quelque chose de Marjane Satrapi, (vue depuis l'enfance) mais parfois de Willem, voire de Reiser (une violence qui nous remet à notre place, inquiet)... Après avoir lu tous les tomes, et suivi l'invraisemblable parcours de Riad Sattouf, je confirme mon premier enthousiasme. Le dernier volume qui arrive à la mort du père, celui qui rêvait que sont fils devienne l'arabe du futur, est particulièrement poignant... Il y a plusieurs passages où le fils trouve de l'aide dans la psychanalyse jungienne pour se débarrasser de l'emprise de ce père bizarre, et ces pages m'ont paru très utiles, en particulier lorsque la psychanalyste explique que nous ne sommes pas là pour sauver nos parents.

23/11/2014 (MAJ le 26/08/2023) (modifier)
Par karibou79
Note: 3/5
L'avatar du posteur karibou79

Très grand respect à Riad Sattouf qui a le coup d'oeil pertinent, sait garder le recul nécessaire et a le talent de croquer de manière simple et précise tout personnage ou situation. Vraiment remarquable. Le principe est un peu celui de Les Cahiers d'Esther mais c'est la vie du dessinateur lui-même qui est mise en image donc avec beaucoup plus de réflexion et un cadre géographique beaucoup plus vaste. Comme j'adore les cahiers d'Esther, j'aime l'Arabe du futur. Mais j'ai du mal à supporter la mentalité intransigeante de pas mal de personnages. Riad Sattouf détaille très bien le problème de l'enracinement profond de mentalités et arrive à se mettre dans la tête de l'autre. Mais rien à faire, les fondamentalismes et la bêtise humaine ça ne passe pas du tout chez moi lorsqu'ils sont ancrés dans le réel et gâchent toute lecture. Je pense que la série vaut 4 mais en raison du malaise évoqué, je lui donnerais 2. Poire coupée en 2, cela fait 3.

25/07/2023 (modifier)
Par grogro
Note: 5/5
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Ayé ! Je viens de terminer le tome 6. Le moins que l'on puisse dire est que cet ultime volume constitue une conclusion forte. Cette série est formidable. Cela ne tient pas tant au dessin, très sympa au demeurant, qu'à la manière de Sattouf de raconter, et à cet humour dont il mâtine son récit. Tout au long de cette saga, il fait preuve d'une honnêteté sans filtre et raconte cet enfant malingre qu'il a été, confronté à ce père que chacun jugera à sa manière. Il raconte comment il a grandi, en proie aux moqueries, souvent, dresse un portrait sans concession de ce souffre-douleurs qui a subi le mal-être de ceux qui se croyaient dominants, le conduisant sans doute à faire de lui un dessinateur, un conteur hors-paire, qui a eu bien raison de suivre sa bille malgré les avis parfois contraires. Grande leçon que voilà. Son parcours est peu banal et méritait d'être raconté. On lit chaque tome d'une traite, ou du moins jusqu'à ce que le sommeil fasse ployer vos paupières. Oui, récit drôle, épique et réellement émouvant. Comme on dit : un must-have !

09/03/2023 (modifier)
Par yaglourt
Note: 4/5
L'avatar du posteur yaglourt

Excellente série pour les raisons que tout le monde a déjà données mais j'ai été un peu déçu par le dernier tome *Attention Spoilers* Après tant d'attente, on n'apprend quasiment rien des 20 ans passés en Syrie du petit frère kidnappé (à part qu'il a fait des études de médecine) et encore on apprend encore moins sur le devenir du père (à part sa mort).

17/02/2023 (modifier)
Par Pasukare
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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J'ai une longue histoire avec L'Arabe du futur, semée d'échecs de lecture, de rejets vis à vis de comportements et de mentalités insupportables à mes yeux et souvent à désespérer d'atteindre un jour la paix entre les peuples et le respect de la nature dont nous ne sommes qu'un élément parmi tant d'autres. Et puis Riad Sattouf a été invité sur France Inter en cette fin d'année 2022 pour parler de la sortie du dernier tome de la série et tout ce qu'il en a dit m'a fortement donné envie de retenter le coup. Relecture du tome 1 d'abord, j'y ai retrouvé ce qui m'avait fait buter les premières fois, mais j'ai continué et j'ai dévoré la suite en quelques jours, une lecture presque boulimique, parfois en état de sidération face à cette vie et ces épreuves incroyables. Cela ne m'a pas redonné espoir pour la paix dans le monde mais plutôt ouvert les yeux sur une impossibilité assez déprimante tant nos différences et convictions sont ancrées en nous dès le plus jeune âge par notre éducation et l'environnement dans lequel on grandit... ce qui les rend bien difficile à nuancer par la suite quand l'occasion pourrait se présenter. Il n'y a heureusement pas que ça dans l'Arabe du futur. C'est toute une vie simple et complexe à la fois, semée de moments forts et de déchirements, le tout illustré dans un style à la fois drôle, efficace et poétique. Une série marquante à tous points de vue.

05/01/2023 (modifier)
Par olma
Note: 5/5
L'avatar du posteur olma

j'avais entendu parler de cette bande dessinée il y a longtemps, et je l'ai enfin découverte et lue à l'occasion de la sortie du quatrième tome. Elle mérite tout à fait son excellente réputation. Riad Sattouf a un talent étonnant, celui de nous faire vivre un véritable voyage dans le temps et dans l'âge, car tout son récit se passe à hauteur d'enfant, sans la moindre niaiserie, et commence au crépuscule des espoirs qu'avaient pu faire naître les "despotes éclairés" dont on avait pu penser qu'ils allaient moderniser leur pays et faire accéder leurs concitoyens à une meilleure qualité de vie. On oublie que Kaddhafi ou même Hafez El Assad (dont la violente répression de la rébellion d'Homs n'était pas connue à l'époque) étaient considérés non pas comme des potentats corrompus et sanguinaires, mais comme des dirigeants rationnels, modernes, ouverts. Puis les années passent, les guerres d'Irak, l'influence de l'Arabie Saoudite, la dureté des conditions de vie et les inégalités en Lybie et en Syrie passent en toile de fond - avec le contraste des pages se déroulant en France où tout n'est pas simple surtout pour un garçon s'appelant Sattouf, mais où notamment l'influence bienfaisante ou malicieuse des grands-parents vient éclairer les souvenirs, mais ce n'est pas un lourd cours de géopolitique qui passe, mais des éléments plus ou moins bien compris par le jeune Riad, et qui éclairent l'évolution de son père, très probablement déçu dans ses espérances initiales de jeune homme, qu'il a ensuite rejetées avec amertume comme une occidentalisation dont il ne voulait plus. Progressivement par la force des choses la mère de Riad devient plus présente et apporte une autre tonalité au récit. Il y a beaucoup de passages très drôles, d'autres plus mélancoliques, certains pourraient être très durs s'ils étaient présentés de façon directe, mais là encore la magie de Riad Sattouf est de nous les faire éprouver tels que lui les a vécues enfants, avec une dose d'innocence et d'incompréhension qui a parfois des effets très comiques. En sus de son talent de conteur et scénariste, Riad Sattouf illustre son histoire avec un trait très juste et très vivant, expressif et drôle. Pour l'anecdote, c'est amusant de découvrir que Riad s'est inspiré des univers de Lovecraft, Moebius et Conan dans ses premières oeuvres d'enfant / ado dessinateur.

14/07/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 5/5
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L’Arabe du futur, 5 tomes parus qui nous ont menés de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d’Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne. Fils d’un couple franco-syrien, Riad Sattouf raconte son histoire à hauteur d’enfant puis d’adolescent. C’est pertinent, drôle, tendre, émouvant… L’œuvre est pensée dans sa globalité ce qui donne à chaque album sa place dans la série. Au fil des tomes de cette autobiographie, Riad Sattouf se souvient et raconte avec précision les scènes du quotidien, ses sentiments, ses angoisses d’enfant et d’adolescent dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes. L’auteur revient sur le rapport entre le monde des enfants et celui des adultes, dont il se rapproche au fil des albums, sur le poids du père et son insistance à faire de Riad un musulman accompli fidèle aux traditions, sur ses questionnements sur la religion et la spiritualité en général, et sur une vie familiale qui finit par se déchirer, tiraillée entre l’Orient et l’Occident. Cette magnifique série est à la fois un témoignage et une analyse de deux sociétés qui ont du mal à dialoguer entre elles. Le dessin – on dirait du dessin de presse - est d’une sobriété très efficace. Pas besoin de décors, seuls les personnages captent l’attention et c’est le but de l’autobiographie. Un grand coup de cœur pour cette série !

06/02/2021 (modifier)