Henriquet, l'homme-reine

Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 10 avis)

Henri III, premier roi de France LGBT ! Dernier des Valois, le souverain était connu pour son extravagance et ses mœurs licencieuses. Au-delà de la caricature que l’on en fait souvent, Richard Guérineau en dresse un portrait beaucoup plus subtil.


1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Les Guerres de Religion Rois et Reines d'Europe

Après sa brillante adaptation du Charly 9 de Jean Teulé, Richard Guérineau réalise sa propre suite consacrée à Henri III. Ce roman graphique révèle une période historique aussi complexe que passionnante. Mai 1574. Charles IX meurt, laissant son royaume déchiré par les guerres de Religion et toujours sous le choc du massacre de la Saint- Barthélemy. Catherine de Médicis rappelle son fils cadet Henri, alors roi de Pologne… Henri III aura surtout marqué l’Histoire par ses mœurs et ses frasques, avérées, qui auront masqué l’incroyable complexité politique à laquelle a dû faire face ce monarque atypique.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Mars 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Henriquet, l'homme-reine © Delcourt 2017
Les notes
Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 10 avis)
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11/03/2017 | Blue Boy
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Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Henri de Valois ou plus exactement Henri III n’a pas laissé un grand souvenir dans l’Histoire. Alors que les guerres de religion se déchainent et que les passions s’exacerbent, notre bon roi se sent dépassé par les événements. Entre sa mère, toujours intrigante, et son frère cadet qui n’a de cesse d’organiser un soulèvement contre le roi, Henriquet a fort à faire et ses parties fines avec ses mignons n’arrangent rien. Je viens de relire cet album après avoir relu Charly 9. C’est un régal. Subtile, drôle, intelligente, truculente… que dire encore… Une franche réussite pour un très bon moment de lecture… plein de surprises, d’anachronismes et de petits arrangements avec la vérité historique. Comme dans Charly 9, les textes sont un régal et les injures… aux petits oignons. A recommander sans hésitations !

11/03/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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L'avis d'Agecanonix m'a vraiment convaincu d'acheter cette BD et de m'y plonger allègrement une seconde fois, et je lui en suis vraiment reconnaissant. Parce que c'est le genre de BD que j'apprécie presque plus à deuxième lecture. Lorsque j'avais fini ma première lecture, je l'avais trouvé pas mal du tout mais un peu moins bien que Charly 9, qui m'avait vraiment enthousiasmé, mais à la relecture, c'est plutôt l'inverse. Parce que dans cette BD, Guérineau aura réussi le pari de faire aussi bien que son prédécesseur encensé par la critique, mais même mieux sur bien des points. Déjà, il arrive à réaliser l'exploit de couvrir cette période mouvementée de l'histoire en conservant tout les protagonistes principaux et sans que l'on ne s'y perde. De même il réussit l'exploit de rendre compréhensible le beau bordel qu'était le royaume de France à cette époque (quoiqu'il n'ait pas trop développé l'aspect politique extérieur, qui joua un grand rôle dans les troubles du royaume, mais on ne peut pas tout mettre). Privilégiant la lecture fluide sur une précision historique chirurgicale, il en ressort une BD très plaisante, drôle et instructive. Certes, elle ne remplacera jamais un bon cours d'histoire ou un livre documenté sur le sujet, mais on ne vient pas à cette BD pour un cours d'histoire ! Et pourtant, l'auteur fait très fort en nous assénant quelques principes que tout historien se doit de retenir (notamment essayer de trier dans les rumeurs ou encore comprendre les raisons de chaque gestes plutôt que d'y glisser ce qu'on a envie d'y voir). Sans faire de leçon moral, par petites phrases bien sentis, on sent passer l'idée. Et ça, c'est fort ! La BD a encore le bon gout de proposer de l'humour (beaucoup d'humour), des parodies bien trouvées et qui ajoutent au cadre globalement humoristique, mais aussi des pages plus menaçantes (n'oublions pas que ce fut un règne de guerre régulière). Le dessin est excellent, tout autant dans les phases habituelles que dans les parodies qu'on reconnait très vite. La colorisation ajoute beaucoup à l'agréable de la lecture. Bref, une sorte de leçon d'histoire simplifiée mais donnant envie de se plonger un peu plus dans cette période foisonnante de guerre et de religion. C'est instructif, drôle et donnant envie de se pencher encore plus sur le sujet. Un must-have en la matière !

13/12/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Richard Guérineau donne une suite à son Charly 9, je crois que c'était inévitable. Et comme j'avais apprécié l'ensemble sans en cautionner tous les aspects, ici en revanche je suis pleinement satisfait. Guérineau se lâche tout seul sans scénariste derrière lui, et use d'un dialogue beaucoup plus conforme avec un beau français d'époque, sans qu'il soit pour autant pesant et pénible. Le plus étonnant, c'est qu'il a parfaitement respecté tout l'aspect historique qui sert de fond à son récit, tout est vrai, c'est une période de l'Histoire de France très critique, Charles IX ayant légué à son frère Henri III un royaume malade des guerres de Religion et d'une Saint-Barthélémy funeste qui a fait rejaillir sur la monarchie un vent de cruauté sanglante. Ce roi, le plus intelligent des 3 fils de Catherine de Médicis ayant régné, a dû affronter bien des vicissitudes, des difficultés et des complots contre sa politique, qu'il lui a été houleux de diriger le pays. Je connais parfaitement cette période, je l'ai beaucoup étudiée pour savoir que ce dernier Valois a fait tout ce qu'il a pu pour obtenir la paix et apaiser les tensions entre huguenots et catholiques. Mais il y avait trop de forces contre lui, le poids était trop lourd. Je crois que Guérineau a su bien faire sentir tout ça au lecteur, il donne un aperçu très complexe du royaume de cette époque. Si on est passionné comme moi par cette période, on est aux anges, mais si on est peu connaisseur, on risque d'être un peu largué tant les rouages de la politique sont compliqués et tant il y de protagonistes que Guérineau fait défiler, tous pourtant très connus... entre Catherine la reine-mère, la soeur Margot, François d'Alençon le frère gênant, Henriot qui n'est encore que roi de Navarre, Henri de Guise, les Mignons Joyeuse, O, Epernon, Quélus etc et bien d'autres encore, ça fait beaucoup de monde. Les événements ou faits sont rapportés assez fidèlement, tels l'assassinat du duc de Guise ou la bataille de Coutras... Je trouve que Guérineau a été beaucoup plus sérieux dans son traitement que sur Charly 9 qui suivait le bouquin de Teulé ; ici, il est libre d'interpréter l'Histoire à sa façon mais en la respectant beaucoup plus. D'ailleurs il use de procédés identiques vus dans Charly 9, notamment les styles graphiques différents (j'adore la parodie de l' Histoire de France en Bandes Dessinées) et un certain humour. Il ne peut éviter 1 ou 2 parodies graphiques un peu limite, mais dans l'ensemble, le résultat est plus intéressant que dans Charly 9. Sur la personnalité du roi, on a beaucoup exagéré son côté maniéré, ses "mignardises " et sa soi-disant homosexualité, alors qu'il était un roi sans doute précieux, peut-être légèrement efféminé mais aimant aussi les femmes. On sait qu'il a honoré plus d'une fois la reine Louise pour qui il avait une réelle affection, et d'ailleurs celle-ci le lui rendra après sa mort, conservant un deuil sincère et durable. Guérineau sacrifie donc à 2 ou 3 reprises sur quelques tenues excentriques, mais c'est pour amuser la galerie, Henri étant plus porté sur une certaine élégance, il n'y a qu'à voir les tableaux le représentant toujours fardé mais impeccable et en habit d'homme, au contraire du futur Henri IV qui lui sentait l'écurie et avait des frusques parfois négligées. Guérineau inclut aussi des mots historiques apocryphes ou les détourne de façon amusante, il en oublie aussi de plus fameux. Bref, son approche de ce règne et d'un roi qui commence à être réhabilité par les historiens, est fort subtile. Je m'attendais à plein de dérives un peu connes comme il l'a fait sur Charly 9, à une exagération gratuite sur l'homosexualité et les Mignons, mais point, à part 2 ou 3 trucs sans importance. L'ouvrage est de bonne facture sur le plan historique, c'est ce qui me réjouit. Au niveau graphique, c'est également très agréable, j'aime ce dessin semi-réaliste qui reproduit bien les personnages connus et les édifices avec une bonne dynamique dans la mise en page. L'épilogue dessiné dans un style caricatural imité de Dick Browne, est jubilatoire avec Montaigne et Pierre de l'Estoile qui "arrangent" le dernier mot d'Henri lors de son assassinat par le moine fanatique Jacques Clément. C'est en effet ce mot qui a traversé la postérité, et je gage que beaucoup d'autres en divers siècles ont été enjolivés de même façon. Au final, même si Guérineau a donné sa vision personnelle de ce roi, il a quand même suivi de belle façon l'Histoire de France et n'a pas détourné grand chose, il a même oublié les anachronismes et a non seulement atténué le côté homosexuel du roi, mais a aussi introduit des détails intéressants sur de petits éléments réels (les braguettes, le bilboquet etc..). C'est donc un ouvrage plus sérieux tout en ayant recours aux mêmes recettes qui ont fait le succès de Charly 9, qui déboulonne la mauvaise réputation de ce roi, un subtil équilibre entre le biopic historique et le ton décalé propre à l'auteur.

11/11/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Le Grand A

Cela fait bien 3 ans que je l’attendais celui-là car il avait été annoncé peu de temps après la sortie du Charly 9. Comme tous les blésois de naissance j’ai entendu parler de l’assassinat du duc Henri de Guise au sein du château royal de la ville par les fameux mignons de Henri III (que Alexandre Dumas a raconté dans son roman Les Quarante-Cinq), et j’étais intrigué à l’idée de le voir mis en image. Le frère de Guise, le cardinal, a aussi pas mal dérouillé : dépecé puis balancé dans la Loire. Niveau degré de violence aucun doute, on est à la même époque que la Saint-Barthélémy. Il y a beaucoup de ragots autour de ce roi : ses orientations sexuelles, son accoutrement, sa façon de gouverner. Certains sont véridiques, d’autres mettent encore les historiens dans le doute de nos jours. Richard Guérineau, en roue libre sur cet album, s’en tire à merveille en jouant habilement entre faits historiques, romancés, et sa part de fiction. Les moqueries dont fait l’objet Henri, Guérineau en grossit volontairement le trait jusque la caricature, dressant un portrait de fashion victim à ce roi probablement un peu coquet, mais loin d’être une tarlouze comme la populace se l’imagine. Ce traitement presse people fait penser à cette émission de télé Sous les jupons de l’Histoire qui s’intéresse aux ragots, aux choses du quotidien et surtout les histoires de fesses des souverain(e)s. « N’accordez point trop d’importance aux médisances, sire. Supprimer les braguettes pour oublier que vous êtes un homme ? Qui pourrait croire à cette farce ? - Mmh… Entre une vérité triviale et une rumeur putassière, qui peut deviner ce que l’Histoire retiendra ? ». L’humour est constamment présent même dans les moments moins jouasses notamment grâce à des dialogues savoureux et ordurier. J’imagine que c’est la manière avec laquelle ces personnages devaient s’exprimer en privé. L’épilogue de fin est à se taper le cul par terre, j’ai beaucoup ri, avec encore une fois un détournement de l’histoire. Entre les dingueries de Charles IX ou les grossièretés et la décadence (ou la préfiguration tel l'empereur Héliogabale en son temps) de Henri III, j'ai préféré les turpitudes de ce dernier. Les dessins et couleurs de l’auteur sont du même cru que ceux sur Charly 9 avec toujours ces changements de style qui donnent de l’air à un bouquin bien épais. En bref, pour qui aime l’Histoire en sachant distingué fiction et réalité, Henriquet l’homme-reine est incontournable. C’est drôle, très jolie, intelligent, et surtout complet avec près de 200 pages de biographie romancé.

12/10/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

J'ai moins aimé cet album que Charly 9. Le fait que cette fois-ci l'auteur n'adapte pas le roman de quelqu'un d'autre et est du coup totalement seul au scénario y est peut-être pour quelque chose. Le dessin est toujours aussi bon et j'ai aimé lorsque Guerineau prenait un style différent pour les scènes totalement décalées et même parodiques (je pense notamment à la parodie des couvertures des magazines à scandales). Au niveau des scénarios, c'est moins bien passé. Il y a des moments très intéressants, mais d'autres qui m'ont ennuyé. Le gros problème c'est que l'album raconte une période assez complexe où tout le monde trahit tout le monde et c'est parfois un peu dur de s'y retrouver. De plus, lorsqu'il se passait des choses intéressantes, j'ai eu l'impression que cela allait un peu vite, notamment dans la dernière partie. Je trouve que c'est une période historique qui est mieux servie dans une longue saga de plusieurs tomes et non dans un one-shot, même si l'album fait pratiquement 200 pages. Il y a des trucs qui auraient pu être mieux développés comme les mignons du Roi dont je n'ai pas réussi à retenir les noms et à me foutre de leurs existences. C'est un bon album pour les amateurs d'histoires, mais mon intérêt a trop varié au fil de l'album pour que je le considère comme un immanquable.

16/07/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Après Charly 9, c'est au tour de son frère Henriquet, l'homme reine. Il est vrai qu'on avait peu aperçu ce personnage dans le premier opus consacré à cette période mouvementée de l'Histoire de France sur fond de guerre de religion avec notamment le massacre de la Saint-Barthélémy. La France n'a pas toujours eu de bons souverains. Là, notre pays a véritablement enchaîné sur une mauvaise série. En même temps, l'auteur nous montre que derrière les actes de cruauté et des décisions pour le moins douteuse pour le bien du royaume, il y a toujours un homme qui essaye de bien faire. On a récemment connu cela dans notre pays mais le peuple ne pardonne pas le moindre écart qui ne va pas dans une certaine conformité. L'impopularité d'Henri III est lié à ses frasques avec ses mignons, à son incapacité de donner un héritier à la couronne et à ses manières peu viriles. Daft Punk peut aller se rhabiller. J'ai adoré la manière si peu conventionnelle de nous montrer cette histoire de France même si certains faits paraissent un peu romanesque et presque anachronique. Il y a une volonté d'interprétation qui séduit. La lecture a été à la fois savoureuse et passionnante car elle nous montre des rouages assez complexe des intrigues de la cour. On se croirait presque dans Game of thrones, les dragons en moins. Je peux aisément qualifier cette oeuvre d'intelligente. 4 étoiles bien entendu comme une évidence.

23/06/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Richard Guerineau poursuit ici son « histoire de France », particulièrement centrée sur les derniers Valois (après Charles IX, voici donc Henri III). Ayant particulièrement aimé Charly 9, j’étais curieux – et un peu anxieux – de voir ce que Guerineau pouvait faire sans Teulé pour l’idée générale et les dialogues. Force m’est de reconnaître qu’il s’en sort plutôt bien, même si je regrette quand même un peu la causticité de certains dialogues de Teulé. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est une revisite agréable de l’histoire de France. Le dessin, semi-réaliste, est vraiment bon, avec une colorisation très tranchée. De même – comme il l’avait déjà fait pour Charly 9, l’apparition de passages usant d’un autre style est assez bien vue et amusante : une parodie de « L’histoire en Bande Dessinée », de Larousse, d’une BD de Moore, d’un journal, de certains strip-gags, ou un style proche du Peyo de Johan et Pirlouit à la fin par exemple, voire de unes de magazines people… Au final, c’est une lecture agréable que je vous recommande, assez dans la lignée de Charly 9 (même si je préfère quand même Charly), pour une vision assez guignolesque (le look impayable d’Henri III !) d’une période pourtant pas forcément très drôle.

13/05/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

Je suis bien obligé de faire la comparaison avec le précédent ouvrage de Mr Guérineau a savoir son Charly 9 et je dois avouer que celle ci n'est pas en faveur de ce dernier opus. Comme le dit l'avis précédent est ce l'effet de surprise qui s'est émoussé ? Sans doute mais peut être aussi la période ou se déroule notre histoire. Par les dieux qu'elle est complexe. Entre les intrigues de cours, les huguenots, les "malcontents" et la foultitude de personnages petits ou grands il est parfois difficile de s'y retrouver. Pour autant on prend un certain plaisir à la lecture tant le ton est décalé, l'humour bienvenu et les dialogues souvent au petits oignons. Alors au final un ouvrage plutôt sympa mais qui demande un petit peu d'effort pour se plonger dans la période mais si c'est un moyen de se réapproprié l'histoire de France, louons le propos et la démarche qui gentiment bousculent la manière d'apprendre.

02/04/2017 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Pour ce deuxième titre concernant la vie de nos têtes couronnées, Richard Guérineau s’attarde cette fois-ci sur Henri III, qui succéda à Charles IX, toujours en pleine guerres de religions. Nous ne sommes donc pas trop dépaysés, car pour ceux qui auront lu Charly 9, nous prenons simplement la suite chronologique des événements et nous retrouvons même certains des personnages clés de notre histoire qui traversent cette période. Au vu du succès de son Charly 9, Richard Guérineau reprend les ingrédients qui avaient fait la réussite de cet album : un ton décalé, des dialogues bien sentis, de l'humour, un dessin qui change de style par intermède, le tout sur un fond historique bien campé. Alors oui, ça marche encore, mais j'avoue que l'effet de surprise du premier album m'avait davantage enjoué et m'avait permis de passer outre le côté historique pur et dur qui n'est pas ma tasse de thé à la base. Mais ça, c'est juste de mon fait, je suis fâché avec les dates de l'histoire : ça ne veut pas rentrer. Du coup, vu la complexité de la période, des factions rivales et des intérêts personnels en conflit, j'avoue avoir été un peu perdu par moment pour savoir qui complotait contre qui... Alors oui, Richard Guérineau a du talent et nous donne de façon intelligente et drôle l'occasion de nous replonger dans notre histoire. C'est juste que l'effet de découverte en moins j'ai eu un peu plus de mal à m'immerger dans cet histoire pourtant très bien réalisée.

13/03/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Après la brillante adaptation de Charly 9, Richard Guérineau poursuit son cycle biographique sur les souverains de France avec le successeur du précité, Henri III, dernier des Valois. Henri III, réputé pour ses tenues extravagantes et pour avoir préféré la compagnie de ses mignons à celle des femmes.... Comme son frère Charles IX, Henri III était un roi haut en couleurs, constituant ainsi un excellent « matériau » pour une bande dessinée. Bien plus détesté que son aîné pourtant à l’origine de la Saint-Barthélemy, notamment par le peuple catholique sous l’emprise de la propagande haineuse de la Ligue, Henri III n’était pourtant pas un roi détestable, tant s’en faut. Ce dernier était un homme doux, humaniste, amoureux des arts et des lettres. Il cherchait à réconcilier les factions rivales durant les guerres de religions qui empoisonnaient la France à cette époque. On lui reprochait également son goût pour les fêtes et ses tenues extravagantes qui le faisaient apparaître très efféminé. Ce qui évidemment faisait de lui une cible très facile pour ses ennemis, dans une période où l’homosexualité constituait un blasphème, deux siècles seulement après l’Inquisition. Tout en s’étant visiblement très bien documenté sur le personnage, Richard Guérineau en a fait une œuvre de fiction. Et qui dit fiction dit interprétation personnelle. Mais globalement, la restitution historique semble plutôt honnête, sans volonté de nuire ou d’enjoliver quoique ce soit, donc relativement objective. Concernant sa supposée homosexualité, débat qui agite toujours les historiens aujourd’hui, l’auteur a choisi de ne fâcher personne en le présentant comme bisexuel, ce qui paraît plus vraisemblable car ce roi comptait également nombre de maîtresses. D’autres anecdotes parsèment le récit, notamment sur l’apparition des bains à la cour (merci Henri !) ou celle du bilboquet, ce qui poussait certains courtisans malicieux à comparer la boule du jeu au fondement du souverain… Quant à l’histoire en elle-même, Guérineau a repris le même parti pris original adopté avec Charly 9 consistant à truffer le récit d’intermèdes au style graphique et narratif radicalement différent. Parfois documentaire, avec des pastiches de « L’Illustration », magazine du XIX siècle pour le côté décalé ( !), de vieilles bandes dessinées historiques les plus désuètes, ou encore de strips gaguesques dans la plus pure tradition franco-belge… Tout cela rend le récit très vivant, lequel bénéficie déjà du trait élégant et enlevé de l’auteur. Même si « Henriquet, l’homme-reine » ne recèle pas la force de son prédécesseur, il reste d’excellente tenue, avec une narration fluide, de l’humour et des textes de qualité, notamment par la truculence des jurons de l’époque proférés par les bouches les plus nobles, y compris celle de Henri III... C’est donc un portrait brillant et équilibré qu’a dressé Richard Guérineau de ce souverain, lequel apparaît au final plutôt attachant, tant par sa majestueuse extravagance que par ses failles, lui qui se disait né au mauvais siècle. Gageons que ce deuxième volume, réussite incontestable, rencontre autant de succès que Charly 9, de sorte à encourager l’auteur à nous narrer la vie d’un autre souverain !

11/03/2017 (modifier)