Je suis un grand fan de Jack London, dont je collectionne les écrits (réédités pour mon plus grand plaisir) et dont je me targue d'avoir bientôt lu toute la bibliographie. Mais dans ce fouillis de plus de cinquante livres aussi divers que cohérent, il en est un que je n'ai toujours pas lu : Le loup des mers. La raison est que lorsque cette BD est sortie, je ne l'avais toujours pas lu et je me suis réservé le plaisir de découvrir en avant première l’œuvre qu'en aura tiré Riff Reb's.
Vous l'aurez compris à cette note, mais ce livre est exceptionnel. Et la liste des qualités est aussi longue que vous le souhaitez.
Le dessin ? Si ce n'est pour vous le point le plus fort, je crois qu'il faut au moins lui laisser sa maestria. Une virtuosité du trait, une noirceur métaphorique, un talent pour représenter le monde maritime ... Il est beau, précis, efficace. C'est dosé à la perfection pour faire ressentir toute l'atmosphère poisseuse d'une goélette de mer, toute la noirceur de ce navire hanté par son capitaine. Rien que le dessin mérite à coup sur qu'on s'y attarde, mais aussi qu'on le relise.
Le scénario ? Outre l'adaptation qui a été faite avec brio (Jack London, malgré tout le respect que je lui porte, est souvent un peu daté dans la façon d'écrire), je dois dire que c'est un modèle pour expliquer les passerelles entre BD et livres : la façon de rendre ces écrits, cette voix intérieure qui traverse les pages, tout autant que la coupure en chapitres. Je suis émerveillé de la façon dont il a réussi à retranscrire les idées, les propos et l'histoire, tout en reconnaissant qu'on est pris aux tripes dans cette lecture presque viscérale.
L'ambiance ? Le plus gros point fort selon moi. Une ambiance de mer, de philosophie, de mort et de noirceur. L'âme humaine dans ses plus bas niveaux, là où ni dieu ni le philosophe ne peuvent aider. C'est une parenthèse que nous ne connaitrons sans doute jamais, mais qui prend aux tripes par la façon de nous montrer des hommes dans leurs limites les plus absolues. Rien ne sera épargné au(x) héros, et ce pour notre plus grande horreur.
Les couleurs ! Une idée superbe : une couleur dominante par chapitre, envahissant toutes les cases et donnant un ton à chaque chapitre, renforçant les idées et les propos.
Et justement, finissons par cela : les propos. Les considérations de chaque homme, mais avant tout de Loup Larsen, le capitaine, sont une des raisons supplémentaires d'aimer cette BD. On y retrouve toutes les idées chères à Jack London : la sauvagerie de l'homme, le nihilisme, l'opposition entre la culture et la force, le destin inéluctable de l'homme, le bonheur dans l'accomplissement physique détaché de toute philosophie, les "dandys" contre les travailleurs, la force primitive de la nature contre laquelle l'homme ne peut rien, et l'absurdité de la vie des hommes. Comme un rappel de notre condition, cette BD se fait défenseur d'idées peu développées aujourd'hui, jugées sombres, violentes ou très peu humanistes. Mais force est de reconnaitre la qualité des arguments employés par Loup Larsen, et ce jusqu'à la fin, qui semble ironiquement lui donner raison.
Une BD belle, une BD forte, qui fit grande impression à sa sortie, et qui le mérite amplement. Du travail de ce niveau, c'est du chef-d’œuvre. Dois-je préciser que je conseille la lecture ?
Un album surprenant, qui sort des sentiers battus.
Au niveau narratif, déjà… les textes sont rares, et les planches souvent muettes et contemplatives (l’album se lit assez vite). Les personnages sont pourtant bien campés et attachants, et l’histoire bien développée. Il y est question de protectionnisme lors de la 2eme guerre mondiale… on livre l’Américain blessé aux Allemands ou on le protège au risque de se faire punir collectivement ? Un dilemme moral intéressant, et un dénouement… tellement humain.
Au niveau graphique, ensuite… le dessin semble constitué de crayonnés sur fonds « cartonnés », avec des touches de bleu pour la mer. Le rendu est original, et finalement très beau… j’ai pris beaucoup de plaisir à me promener sur les îles Chausey, en compagnie des différents protagonistes.
Une histoire pas forcément marquante, mais très belle… un moment de lecture reposant et divertissant.
J'ai découvert récemment l'auteur et la série et j'ai beaucoup apprécié l'univers déployé par Christophe Dubois. Non ce n'est pas une énieme histoire sur une jeune fille qui voyage, c'est bien plus. Ce n'est pas un thriller mais le suspens est là, ce n'est pas de l'aventure mais elle est omniprésente, ce n'est pas un drame mais l'inéluctable s'avance souvent, le tout servi pas un dessin précis et ambitieux qui alterne efficacement les tons et les couleurs tout au long du récit. Le scénario est assez fin avec de nombreux rebondissements.
Marion Montaigne est toujours très pédagogique dans ses albums, cela se confirme dans ce tome spatial!
La BD est très agréable à lire, les dessins sont sympas et collent vraiment bien au côté décalé du récit.
L'ouvrage est dense, plus de 200 pages, et est captivant!
On suit l'histoire de Thomas Pesquet, notre astronaute national, depuis son enfance (assez rapidement, c'est surtout pour montrer que son envie d'espace a toujours été très forte), jusqu'à son retour de l'ISS. On peut notamment voir le processus de recrutement, qui est la partie de l'histoire qui m'a fait le plus rire! On apprend énormément de choses : sur d'autres astronautes, sur la vie en apesanteur et ses problèmes, sur la mise en orbite, sur Thomas Pesquet lui-même, sur les missions dans l'ISS, etc...
Le ton léger utilisé permet à la fois de désacraliser ces gens (oui, les astronautes font caca, et oui globalement quand ils reviennent ils puent), tout en maintenant notre admiration en eux (ils sont quand même hyper balèzes...).
C'est tout simplement passionnant!
L'autodérision est très présente, sous forme de "je suis un astronaute, et je suis un très bon astronaute, mais j'ai des fêlures", et ça marche très bien. Derrière cette couche d'humour on sent l'amour qu'a Thomas Pesquet pour l'espace, et c'est enivrant de partager avec lui le bonheur d'avoir pu réaliser ce rêve de gosse.
Finalement j'ai autant aimé toutes les digressions scientifiques qui nous expliquent plein de choses que le parcours de Pesquet lui-même.
C'était top. Je vais le relire tiens.
J’ai souvent eu du mal avec les productions de Blutch, dans lesquelles je ne suis pas toujours entré aisément. Mais je persévère avec lui, car toutes ses séries m’ont paru intéressantes, originales : Blutch a du talent, même si je n’ai pas toujours eu la clé pour pénétrer dans son univers.
Mais je n’ai eu aucune difficulté à entrer dans les petites histoires de ce gamin (alter ego de l’auteur ?) – il faut dire que les nombreuses références (magazines, séries télé, films, etc.) dans lesquelles s’immerge Christian (débordant d’énergie et d’imagination) sont de celles, génération oblige, qui me touchent, ayant été plongé dans le même bain, j’ai à peu près le même âge que lui.
Par petites touches, les historiettes du premier tome développent, sur un mode humoristique, un monde revisité, habité par un gamin. Un ton et des chutes proches parfois du Petit Nicolas de Goscinny.
Le second tome confronte le petit Christian à deux terribles passages dans l’inconnu : il entre au collège, en Sixième, et tombe amoureux !
Mais Christian garde son âme d’enfant, malgré ses angoisses – et les moqueries de son frère ou des plus grands, et Blutch traite avec la même fraicheur (mais avec des couleurs cette fois-ci) les mésaventures somme toute ordinaires de ce petit garçon.
Voilà une lecture chaudement recommandée !
L’année dernière, Thomas Pesquet est devenu la personnalité française la plus incontournable entre le gendre idéal ou le héros interstellaire. Il faut dire qu’il a été envoyé dans l’espace pour un long séjour de 6 mois. Loin d’être une punition, c’était le rêve de sa vie qui a été accompli. Ce documentaire assez détaillé nous retrace tout son parcours en près de 208 pages de sa sélection à son voyage dans l’espace au sein de la station internationale.
J’avoue que c’est parfois un peu long et un peu inutile (sur l’art par exemple de faire ses besoins dans l’espace). Cependant, l’ensemble est assez intéressant pour peu que l’on s’intéresse à la conquête spatiale de manière assez rationnelle. On va passer ainsi de Cologne à Houston puis à Baïkonour dans le Kazakhstan avec une formation très exigeante qui aura duré pas moins de 7 ans avant son départ pour l’ISS.
Les dessins sont assez sympas pour une lecture agréable avec des textes abordables. D’ailleurs, cette bd a constitué le cadeau de Noel idéal pour la plupart des bédéphiles si on regarde les ventes. La dérision et l’humour seront les maîtres mots. Cependant et au-delà des anecdotes amusantes, on se rend compte qu’être astronaute n’est pas de tout repos et que cela exige beaucoup de sacrifices et d’efforts.
Une œuvre qui ne sera fort heureusement pas creuse sur fond de surmédiatisation ambiante de l’astronaute français devenu un héros. Viser la Lune, cela ne lui fait pas peur. Histoire et humour seront au rendez-vous pour une œuvre hilarante et bien construite. On redemande du Thomas Pesquet !
J’aime bien ce genre de récit quand c’est bien construit et c’est bien le cas en l’espèce. Nous suivons le parcours d’un homme qui ne souhaite pas vendre sa librairie héritée de ses parents alors qu’il est au bord de la faillite. Il faut dire que le marché du livre s’est effondré depuis l’arrivée d’internet et de toutes les nouvelles technologies numériques.
On le retrouve également avec de nombreux flash-back dans le passé où il a vécu une douloureuse histoire avec son meilleur ami harcelé à l’école. Cela s’est mal terminé et il s’en veut énormément. Bref, il a toutes les peines du monde. Je préfère nettement ce genre de récit introspectif qui reflète la réalité plutôt que la grosse dose de tous ces super-héros qui pullulent sur le marché. Mais bon, il ne faut pas tout mélanger.
On fera également connaissance avec la Bondrée qui possède une bonne philosophie de vie pour tout recommencer. Faire table rase du passé et avancer. Bref, un album comme je les aime avec d’ailleurs un très joli trait graphique. Une réussite pour une première par une auteure néerlandaise.
Il s’appelait Ptitrou est l’ancêtre de Spirou, celui qui a inspiré ce personnage qui est devenu le héros de la génération des soixante-huitards. Depuis, il faut quand même dire que l’état de notre monde ne s’est guère amélioré mais on croit toujours et plus que jamais aux héros sans peur et ni reproche. L’Amérique avait John Wayne et nous européens avions Spirou, le groom roux.
J’ai bien aimé ce récit qui s’inscrit dans une histoire au contexte bien particulier qui est celui de l’entre-deux-guerres avec la montée du nazisme et des luttes syndicales. Il est question également d’une croisière sur un paquebot digne héritier du Titanic dont il s’inspire mais qui ne connaitra heureusement pas le même sort tragique.
Il y a un aspect assez vieillot mais également une touche de modernisme dans la manière de faire. C’est moins naïf que le Spirou original ce qui constitue un sérieux plus. J’ai bien aimé le déroulé de ce récit même s’il ne casse pas des briques au niveau originalité. Il y a comme un parfum de quelque chose qui n’existe plus où l’on pouvait être majordome et sauver le monde. C’est un bel hommage qui nous est donné.
Avant tout, je dois préciser que j’ai abandonné la lecture des Spirou et Fantasio depuis quelques années. Bien sûr, je m’étais rué dès leur sortie vers les albums "Une aventure de Spirou vu par… ", mais quelle déception ! Les repreneurs, pourtant reconnus, comme Vehlmann, Frank Legall ou Yoann ou encore Fabrice Tarrin n’ont pas réussi à me convaincre. Pire, j’ai revendu toute cette collection, à deux exceptions près : le formidable " Le journal d’un ingénu" d’Emile Bravo , et " Le groom Vert-de-Gris " (malgré quelques maladresses) de Yann & Schwartz. Depuis, j’évite tout achat de la série " Spirou" depuis la désastreuse reprise de Morvan & Munuera (j’ai également revendu les albums de cette période) ou de ses déclinaisons.
Difficile en effet de succéder à Franquin, même si la période Fournier était plaisante, et si Tom & Janry avaient réalisé de très bons albums, sans oublier Nic & Cauvin, qui rétrospectivement, nous avaient offert des histoires correctes. Dommage que Chaland n’ait pas continué sa propre version, qui ravivait les nostalgiques des premières aventures de Spirou et Fantasio.
Nostalgie justement, c’est sur cette vague que navigue " Il s’appelait Ptirou " de Verron et Yves Sente. Tout d’abord, c’est le côté " rétro " du dessin qui m’a attiré. N’ayant pas lu les autres albums de Laurent Verron, ce fut une belle découverte.
Côté scénario, Yves Sente, si souvent décrié, notamment sur sa reprise de Thorgal et de certains Blake et Mortimer, s’en sort ici magistralement. En débutant l’histoire à la manière des "belles histoires de l’oncle Paul", que je lisais dans ma jeunesse dans les périodiques conservés par mon père, il fait un beau cadeau aux nostalgiques du journal. Pari risqué mais pari réussi, au delà même de mes espérances.
Le scénario repose sur plusieurs intrigues sur fond de début de récession de l’année 1929, le tout pendant une traversée transatlantique. On retrouve de l’aventure, du suspense, des clins d’œil appuyés (avec Robert Velter), un début de romance le tout sur un ton mélodramatique assez inattendu pour une aventure évoquant "Spirou".
Car cet album n’est pas une histoire de "Spirou", une de plus, mais un véritable hommage au personnage, à sa genèse, et à son créateur, Rob-Vel.
Très bel album qui me réconcilie enfin avec le personnage.
A lire d’urgence.
Sans véritable équivalent, Yiu peut être considéré comme un OVNI dans le monde de la bande dessinée, mais un OVNI incroyablement convaincant.
Un univers sombre, marqué de fanatisme religieux qui n'est pas sans rappeler certains éléments du 3ème Testament. Un questionnement identitaire sur l'avenir de la race humaine dans un monde marqué par la technologie dont Matrix aurait pu s'inspirer. Un monde fait de cynisme et d'ultraviolence (dont on constate avec effroi qu'il fait parfois étonnamment écho à l'actualité) ... et au milieu, Yiu qui déploie toute sa rage face au chaos ambiant.
Porté par des illustrations exceptionnelles, Yiu ressemble davantage à une gigantesque fresque qu'à l'image qu'on se fait d'une bande dessinée.
Intense, profonde, au plus prêt des émotions primaires, Yiu vous prend par les tripes et vous oblige à ouvrir votre regard sur le monde. Avec au final une seule question... A la fin : que subsistera-t-il de nous?
On aime ou on déteste mais personne ne restera indifférent. Pour moi, c'est un véritable chef d'oeuvre!
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Le Loup des Mers
Je suis un grand fan de Jack London, dont je collectionne les écrits (réédités pour mon plus grand plaisir) et dont je me targue d'avoir bientôt lu toute la bibliographie. Mais dans ce fouillis de plus de cinquante livres aussi divers que cohérent, il en est un que je n'ai toujours pas lu : Le loup des mers. La raison est que lorsque cette BD est sortie, je ne l'avais toujours pas lu et je me suis réservé le plaisir de découvrir en avant première l’œuvre qu'en aura tiré Riff Reb's. Vous l'aurez compris à cette note, mais ce livre est exceptionnel. Et la liste des qualités est aussi longue que vous le souhaitez. Le dessin ? Si ce n'est pour vous le point le plus fort, je crois qu'il faut au moins lui laisser sa maestria. Une virtuosité du trait, une noirceur métaphorique, un talent pour représenter le monde maritime ... Il est beau, précis, efficace. C'est dosé à la perfection pour faire ressentir toute l'atmosphère poisseuse d'une goélette de mer, toute la noirceur de ce navire hanté par son capitaine. Rien que le dessin mérite à coup sur qu'on s'y attarde, mais aussi qu'on le relise. Le scénario ? Outre l'adaptation qui a été faite avec brio (Jack London, malgré tout le respect que je lui porte, est souvent un peu daté dans la façon d'écrire), je dois dire que c'est un modèle pour expliquer les passerelles entre BD et livres : la façon de rendre ces écrits, cette voix intérieure qui traverse les pages, tout autant que la coupure en chapitres. Je suis émerveillé de la façon dont il a réussi à retranscrire les idées, les propos et l'histoire, tout en reconnaissant qu'on est pris aux tripes dans cette lecture presque viscérale. L'ambiance ? Le plus gros point fort selon moi. Une ambiance de mer, de philosophie, de mort et de noirceur. L'âme humaine dans ses plus bas niveaux, là où ni dieu ni le philosophe ne peuvent aider. C'est une parenthèse que nous ne connaitrons sans doute jamais, mais qui prend aux tripes par la façon de nous montrer des hommes dans leurs limites les plus absolues. Rien ne sera épargné au(x) héros, et ce pour notre plus grande horreur. Les couleurs ! Une idée superbe : une couleur dominante par chapitre, envahissant toutes les cases et donnant un ton à chaque chapitre, renforçant les idées et les propos. Et justement, finissons par cela : les propos. Les considérations de chaque homme, mais avant tout de Loup Larsen, le capitaine, sont une des raisons supplémentaires d'aimer cette BD. On y retrouve toutes les idées chères à Jack London : la sauvagerie de l'homme, le nihilisme, l'opposition entre la culture et la force, le destin inéluctable de l'homme, le bonheur dans l'accomplissement physique détaché de toute philosophie, les "dandys" contre les travailleurs, la force primitive de la nature contre laquelle l'homme ne peut rien, et l'absurdité de la vie des hommes. Comme un rappel de notre condition, cette BD se fait défenseur d'idées peu développées aujourd'hui, jugées sombres, violentes ou très peu humanistes. Mais force est de reconnaitre la qualité des arguments employés par Loup Larsen, et ce jusqu'à la fin, qui semble ironiquement lui donner raison. Une BD belle, une BD forte, qui fit grande impression à sa sortie, et qui le mérite amplement. Du travail de ce niveau, c'est du chef-d’œuvre. Dois-je préciser que je conseille la lecture ?
Bleu amer
Un album surprenant, qui sort des sentiers battus. Au niveau narratif, déjà… les textes sont rares, et les planches souvent muettes et contemplatives (l’album se lit assez vite). Les personnages sont pourtant bien campés et attachants, et l’histoire bien développée. Il y est question de protectionnisme lors de la 2eme guerre mondiale… on livre l’Américain blessé aux Allemands ou on le protège au risque de se faire punir collectivement ? Un dilemme moral intéressant, et un dénouement… tellement humain. Au niveau graphique, ensuite… le dessin semble constitué de crayonnés sur fonds « cartonnés », avec des touches de bleu pour la mer. Le rendu est original, et finalement très beau… j’ai pris beaucoup de plaisir à me promener sur les îles Chausey, en compagnie des différents protagonistes. Une histoire pas forcément marquante, mais très belle… un moment de lecture reposant et divertissant.
La Ballade de Magdalena
J'ai découvert récemment l'auteur et la série et j'ai beaucoup apprécié l'univers déployé par Christophe Dubois. Non ce n'est pas une énieme histoire sur une jeune fille qui voyage, c'est bien plus. Ce n'est pas un thriller mais le suspens est là, ce n'est pas de l'aventure mais elle est omniprésente, ce n'est pas un drame mais l'inéluctable s'avance souvent, le tout servi pas un dessin précis et ambitieux qui alterne efficacement les tons et les couleurs tout au long du récit. Le scénario est assez fin avec de nombreux rebondissements.
Dans la combi de Thomas Pesquet
Marion Montaigne est toujours très pédagogique dans ses albums, cela se confirme dans ce tome spatial! La BD est très agréable à lire, les dessins sont sympas et collent vraiment bien au côté décalé du récit. L'ouvrage est dense, plus de 200 pages, et est captivant! On suit l'histoire de Thomas Pesquet, notre astronaute national, depuis son enfance (assez rapidement, c'est surtout pour montrer que son envie d'espace a toujours été très forte), jusqu'à son retour de l'ISS. On peut notamment voir le processus de recrutement, qui est la partie de l'histoire qui m'a fait le plus rire! On apprend énormément de choses : sur d'autres astronautes, sur la vie en apesanteur et ses problèmes, sur la mise en orbite, sur Thomas Pesquet lui-même, sur les missions dans l'ISS, etc... Le ton léger utilisé permet à la fois de désacraliser ces gens (oui, les astronautes font caca, et oui globalement quand ils reviennent ils puent), tout en maintenant notre admiration en eux (ils sont quand même hyper balèzes...). C'est tout simplement passionnant! L'autodérision est très présente, sous forme de "je suis un astronaute, et je suis un très bon astronaute, mais j'ai des fêlures", et ça marche très bien. Derrière cette couche d'humour on sent l'amour qu'a Thomas Pesquet pour l'espace, et c'est enivrant de partager avec lui le bonheur d'avoir pu réaliser ce rêve de gosse. Finalement j'ai autant aimé toutes les digressions scientifiques qui nous expliquent plein de choses que le parcours de Pesquet lui-même. C'était top. Je vais le relire tiens.
Le Petit Christian
J’ai souvent eu du mal avec les productions de Blutch, dans lesquelles je ne suis pas toujours entré aisément. Mais je persévère avec lui, car toutes ses séries m’ont paru intéressantes, originales : Blutch a du talent, même si je n’ai pas toujours eu la clé pour pénétrer dans son univers. Mais je n’ai eu aucune difficulté à entrer dans les petites histoires de ce gamin (alter ego de l’auteur ?) – il faut dire que les nombreuses références (magazines, séries télé, films, etc.) dans lesquelles s’immerge Christian (débordant d’énergie et d’imagination) sont de celles, génération oblige, qui me touchent, ayant été plongé dans le même bain, j’ai à peu près le même âge que lui. Par petites touches, les historiettes du premier tome développent, sur un mode humoristique, un monde revisité, habité par un gamin. Un ton et des chutes proches parfois du Petit Nicolas de Goscinny. Le second tome confronte le petit Christian à deux terribles passages dans l’inconnu : il entre au collège, en Sixième, et tombe amoureux ! Mais Christian garde son âme d’enfant, malgré ses angoisses – et les moqueries de son frère ou des plus grands, et Blutch traite avec la même fraicheur (mais avec des couleurs cette fois-ci) les mésaventures somme toute ordinaires de ce petit garçon. Voilà une lecture chaudement recommandée !
Dans la combi de Thomas Pesquet
L’année dernière, Thomas Pesquet est devenu la personnalité française la plus incontournable entre le gendre idéal ou le héros interstellaire. Il faut dire qu’il a été envoyé dans l’espace pour un long séjour de 6 mois. Loin d’être une punition, c’était le rêve de sa vie qui a été accompli. Ce documentaire assez détaillé nous retrace tout son parcours en près de 208 pages de sa sélection à son voyage dans l’espace au sein de la station internationale. J’avoue que c’est parfois un peu long et un peu inutile (sur l’art par exemple de faire ses besoins dans l’espace). Cependant, l’ensemble est assez intéressant pour peu que l’on s’intéresse à la conquête spatiale de manière assez rationnelle. On va passer ainsi de Cologne à Houston puis à Baïkonour dans le Kazakhstan avec une formation très exigeante qui aura duré pas moins de 7 ans avant son départ pour l’ISS. Les dessins sont assez sympas pour une lecture agréable avec des textes abordables. D’ailleurs, cette bd a constitué le cadeau de Noel idéal pour la plupart des bédéphiles si on regarde les ventes. La dérision et l’humour seront les maîtres mots. Cependant et au-delà des anecdotes amusantes, on se rend compte qu’être astronaute n’est pas de tout repos et que cela exige beaucoup de sacrifices et d’efforts. Une œuvre qui ne sera fort heureusement pas creuse sur fond de surmédiatisation ambiante de l’astronaute français devenu un héros. Viser la Lune, cela ne lui fait pas peur. Histoire et humour seront au rendez-vous pour une œuvre hilarante et bien construite. On redemande du Thomas Pesquet !
Le Retour de la Bondrée
J’aime bien ce genre de récit quand c’est bien construit et c’est bien le cas en l’espèce. Nous suivons le parcours d’un homme qui ne souhaite pas vendre sa librairie héritée de ses parents alors qu’il est au bord de la faillite. Il faut dire que le marché du livre s’est effondré depuis l’arrivée d’internet et de toutes les nouvelles technologies numériques. On le retrouve également avec de nombreux flash-back dans le passé où il a vécu une douloureuse histoire avec son meilleur ami harcelé à l’école. Cela s’est mal terminé et il s’en veut énormément. Bref, il a toutes les peines du monde. Je préfère nettement ce genre de récit introspectif qui reflète la réalité plutôt que la grosse dose de tous ces super-héros qui pullulent sur le marché. Mais bon, il ne faut pas tout mélanger. On fera également connaissance avec la Bondrée qui possède une bonne philosophie de vie pour tout recommencer. Faire table rase du passé et avancer. Bref, un album comme je les aime avec d’ailleurs un très joli trait graphique. Une réussite pour une première par une auteure néerlandaise.
Mademoiselle J. (Il s'appelait Ptirou)
Il s’appelait Ptitrou est l’ancêtre de Spirou, celui qui a inspiré ce personnage qui est devenu le héros de la génération des soixante-huitards. Depuis, il faut quand même dire que l’état de notre monde ne s’est guère amélioré mais on croit toujours et plus que jamais aux héros sans peur et ni reproche. L’Amérique avait John Wayne et nous européens avions Spirou, le groom roux. J’ai bien aimé ce récit qui s’inscrit dans une histoire au contexte bien particulier qui est celui de l’entre-deux-guerres avec la montée du nazisme et des luttes syndicales. Il est question également d’une croisière sur un paquebot digne héritier du Titanic dont il s’inspire mais qui ne connaitra heureusement pas le même sort tragique. Il y a un aspect assez vieillot mais également une touche de modernisme dans la manière de faire. C’est moins naïf que le Spirou original ce qui constitue un sérieux plus. J’ai bien aimé le déroulé de ce récit même s’il ne casse pas des briques au niveau originalité. Il y a comme un parfum de quelque chose qui n’existe plus où l’on pouvait être majordome et sauver le monde. C’est un bel hommage qui nous est donné.
Mademoiselle J. (Il s'appelait Ptirou)
Avant tout, je dois préciser que j’ai abandonné la lecture des Spirou et Fantasio depuis quelques années. Bien sûr, je m’étais rué dès leur sortie vers les albums "Une aventure de Spirou vu par… ", mais quelle déception ! Les repreneurs, pourtant reconnus, comme Vehlmann, Frank Legall ou Yoann ou encore Fabrice Tarrin n’ont pas réussi à me convaincre. Pire, j’ai revendu toute cette collection, à deux exceptions près : le formidable " Le journal d’un ingénu" d’Emile Bravo , et " Le groom Vert-de-Gris " (malgré quelques maladresses) de Yann & Schwartz. Depuis, j’évite tout achat de la série " Spirou" depuis la désastreuse reprise de Morvan & Munuera (j’ai également revendu les albums de cette période) ou de ses déclinaisons. Difficile en effet de succéder à Franquin, même si la période Fournier était plaisante, et si Tom & Janry avaient réalisé de très bons albums, sans oublier Nic & Cauvin, qui rétrospectivement, nous avaient offert des histoires correctes. Dommage que Chaland n’ait pas continué sa propre version, qui ravivait les nostalgiques des premières aventures de Spirou et Fantasio. Nostalgie justement, c’est sur cette vague que navigue " Il s’appelait Ptirou " de Verron et Yves Sente. Tout d’abord, c’est le côté " rétro " du dessin qui m’a attiré. N’ayant pas lu les autres albums de Laurent Verron, ce fut une belle découverte. Côté scénario, Yves Sente, si souvent décrié, notamment sur sa reprise de Thorgal et de certains Blake et Mortimer, s’en sort ici magistralement. En débutant l’histoire à la manière des "belles histoires de l’oncle Paul", que je lisais dans ma jeunesse dans les périodiques conservés par mon père, il fait un beau cadeau aux nostalgiques du journal. Pari risqué mais pari réussi, au delà même de mes espérances. Le scénario repose sur plusieurs intrigues sur fond de début de récession de l’année 1929, le tout pendant une traversée transatlantique. On retrouve de l’aventure, du suspense, des clins d’œil appuyés (avec Robert Velter), un début de romance le tout sur un ton mélodramatique assez inattendu pour une aventure évoquant "Spirou". Car cet album n’est pas une histoire de "Spirou", une de plus, mais un véritable hommage au personnage, à sa genèse, et à son créateur, Rob-Vel. Très bel album qui me réconcilie enfin avec le personnage. A lire d’urgence.
Yiu
Sans véritable équivalent, Yiu peut être considéré comme un OVNI dans le monde de la bande dessinée, mais un OVNI incroyablement convaincant. Un univers sombre, marqué de fanatisme religieux qui n'est pas sans rappeler certains éléments du 3ème Testament. Un questionnement identitaire sur l'avenir de la race humaine dans un monde marqué par la technologie dont Matrix aurait pu s'inspirer. Un monde fait de cynisme et d'ultraviolence (dont on constate avec effroi qu'il fait parfois étonnamment écho à l'actualité) ... et au milieu, Yiu qui déploie toute sa rage face au chaos ambiant. Porté par des illustrations exceptionnelles, Yiu ressemble davantage à une gigantesque fresque qu'à l'image qu'on se fait d'une bande dessinée. Intense, profonde, au plus prêt des émotions primaires, Yiu vous prend par les tripes et vous oblige à ouvrir votre regard sur le monde. Avec au final une seule question... A la fin : que subsistera-t-il de nous? On aime ou on déteste mais personne ne restera indifférent. Pour moi, c'est un véritable chef d'oeuvre!