Bouche du diable

Note: 3.63/5
(3.63/5 pour 32 avis)

Oeuvre réaliste et historique traitant de la guerre froide. Un roman fascinant sur les tensions d'un homme vivant le conflit des deux cultures.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Boucq Histoires d'espions Le Lombard Les années (A SUIVRE) New York Russie Signé

Youri est un jeune orphelin russe qui a une malformation à la bouche, ce qui lui vaut ce surnom et bien des moqueries de la part des jeunes de son age. Mais un jour un militaire russe vient l'enlever à cette vie de campage. Arrive pour lui le temps de se former à la fois intellectuellement et physiquement, mais plus encore idéologiquement. Mais il y rencontre aussi un vieil homme qui va lui faire découvrir les limites de cette idéologie. Un jour ses supérieurs le jugent prêt à agir et l'envoient aux US pour y devenir espion. Il va y découvrir une nouvelle forme de vie et tous les conflits qui s'opèrent en lui vont se révéler. A qui va-t-il pouvoir se confier?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1990
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bouche du diable © Le Lombard 1990
Les notes
Note: 3.63/5
(3.63/5 pour 32 avis)
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06/03/2002 | régis
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L'avatar du posteur Noirdésir

Publié il y a une grosse trentaine d'années, cet album nous replonge dans les turpitudes des services secrets en plein coeur de la guerre froide, qui prenait fin au moment de sa publication (mais toutes ces méthodes ont-elles réellement et totalement changé ?). Le préambule est très long, prend le temps de nous décrire par le menu la "formation" de Bouche du diable, de son enfance malheureuse à son éducation par une officine du KGB, pour être un "parfait Américain", le héros étant destiné à être un agent soviétique infiltré aux Etats-Unis. Tout s'accélère ensuite lorsqu'il est aux Etats-Unis, et qu'il doit remplir ses premières missions, toujours sous la surveillance de celui qui l'a formé (et qui ne lui fait pas confiance). Disons que ça se laisse lire plutôt agréablement. Le dessin de Boucq est - comme toujours - très bon (seule la colorisation a sans doute un peu mal vieilli). La narration est elle aussi fluide, assez dynamique - on ne s'ennuie pas. Par contre, dans le dernier quart de l'album, j'ai trouvé bien trop improbables, pour ne pas dire manquant totalement de crédibilité certaines scènes : la façon avec laquelle l'Indien sort le héros des égouts, ou intervient dans l'église face aux tueurs du KGB, impossible d'y croire. C'est dommage, car le reste misait justement sur la crédibilité de l'intrigue. La fin est aussi pas mal expédiée. Bon, sinon, ça reste une lecture agréable.

03/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Certains récits de Boucq sont parfois nauséeux, et ici dans certains passages, c'est un peu limite de franchir cet aspect ; c'est ce qui m'avait d'ailleurs détourné de Bouncer. Ceci étant dit, j'analyse la Bd selon mon ressenti. Si cette histoire ne m'a pas ennuyé, elle ne m'a pas non plus totalement emballé, je dirais même qu'elle ne m'a qu'à moitié satisfait, ce qui fait que j'en ressors un peu perplexe. J'ai bien aimé toute la partie endoctrinement militaire et un peu clinique dans cette Russie de guerre froide enrobée par le communisme, on y reconnait les méthodes du KGB qui pouvaient autant briser des hommes que fabriquer des machines de guerre. J'ai moins aimé la partie située aux USA, lorsque Youri est lâché dans New York pour une mission dont on sait peu de choses et qui au final se révèle assez banale (à quoi a servi la dureté de son endoctrinement dans ce cas ?). Mais si l'histoire est un récit réaliste, l'univers de l'espionnage revêt une dimension fantastique voire surréaliste, et ceci me dérange dans la mesure où c'est un peu inutile, tout comme la fin me dérange encore plus, trop brusque, trop facile, on dirait que les auteurs ont opté pour cette échappatoire parce qu'ils ne savaient pas comment finir ce récit. D'ailleurs, je comprend mal cette fin. En plus, toutes les apparitions de l'Indien en forme de deus ex machina dans les égouts ou sur la cathédrale Saint-Patrick, sont des facilités scénaristiques aussi épaisses qu'un câble d'amarrage. C'est dommage parce que cet aspect amoindrit la première partie et décrédibilise la suite. Sinon, comme j'ai dit, c'est une Bd intéressante à lire, c'est juste que ce n'est pas ce que j'étais en droit d'attendre ; d'autre part, la flopée de notes dithyrambiques me dépasse, je trouve qu'elles ne sont pas justifiées. Par contre, l'excellent point positif, c'est le dessin, Boucq s'est surpassé, je crois que c'est un album où il a rarement livré un dessin à la fois aussi pur et aussi vigoureux, et d'une grande précision ; c'est la raison pour laquelle je ne note pas plus bas.

01/04/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
L'avatar du posteur Benjie

Cet album paru il y a trente ans se relit très bien. Le scénario est historiquement intéressant, bien mené et cohérent. Si la fin, un peu courte à mon sens, laisse un peu perplexe avec l’intervention d’un personnage providentiel, elle ne gâche en rien la lecture. Le héros, dont on découvre la vie depuis l’enfance, suit un parcours programmé par les services secrets soviétiques, un parcours dans lequel il n’était prévu aucune déviation, aucun fait du hasard, aucune initiative personnelle. Et évidemment, ce qui devait arriver arriva ! Le héros tente d’échapper au contrôle de ses supérieurs. Le récit prend le temps de dérouler l’histoire, pas à pas, sans raccourcis simplificateurs et solutions faciles. Les pages concernant les techniques d’endoctrinement du KGB sont efficaces, de même que la critique de la société américaine qui nous mène dans les bas-fonds du Bronx hyper bien dessinés. Le dessin de Boucq est excellent, subtil et puissant dans les scènes d’action. Un récit d’espionnage qu’on ne lâche pas jusqu’à la fin.

23/01/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Hum, je suis un peu mitigé au final de cette lecture. Recommandée par beaucoup de monde, je n'ai pourtant pas été touché particulièrement par le récit. C'est une lecture qui fut plaisante, indéniablement, le trait de Boucq faisant des merveilles dans les visages aussi bien que dans les décors, notamment la ville qu'il arrive à faire ressentir d'une excellente manière. J'ai bien aimé la façon dont il rend le côté froid et militaire de l'entrainement avec cette idée de masque, où le dynamisme des scènes d'actions. Par contre, niveau scénario, j'ai plus tiqué. De nombreuses scènes semblaient, à mon goût, des facilités scénaristiques (et je pense à beaucoup de celles avec l'indien), mais j'ai également trouvé la fin trop rapidement expédiée. Plein de choses se déroulent en peu de temps, sans grande cohérence avec le reste, et le déclenchement du troisième acte me semblait un peu forcé. Du coup, je sors de l'histoire un peu frustré par la facilité et la rapidité de la fin. Surtout que l'histoire et le contexte auraient pu être exploité de bien des façons. Je rajouterais que le côté fantastique m'a semblé superflu : il n'intervient que très peu et ne sert que pas vraiment l'histoire. C'est dommage. En résumé, ce n'est pas mauvais mais je n'ai pas trouvé cela excellent non plus. Un peu trop de choses à la fois, une dispersion dans les styles et dans la résolution, l'ensemble m'a moyennement convaincu. Mais je laisse la qualité du trait à Boucq, qui est décidément un virtuose de sa plume.

07/11/2019 (modifier)
Par Jérem
Note: 4/5

On découvre la vie de Youri, jeune orphelin ukrainien, formé par le KGB, pour devenir un espion russe sur le sol américain en pleine Guerre Froide. Si la construction de l’intrigue est classique avec un chapitre dédié pour chaque période clé du héros (comme dans un roman), l’histoire est quant à elle aussi originale que passionnante avec une place importante offerte à la spiritualité et au fantastique, ainsi que la grande minutie du travail sur la psychologie de Youri, personnage tragique très réussi. J’ai beaucoup aimé le trait très singulier de Boucq, auteur que j’ai très peu lu jusqu’ici. Les dessins, d’un réalisme et d’un détail saisissants, accompagnent avec brio l’intrigue de Charyn et donnent à l’album une ambiance très particulière. J’ai un peu moins aimé la fin, ainsi que l’importance donnée à son compagnon indien qui semble sortir de nulle part. Bouche du diable est un bel album.

20/02/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Le meilleur album de ce duo à mon avis. Le dessin réaliste de Boucq est toujours aussi bon. Le scénario est prenant. J'avais un peu peur au début de ne lire qu'une suite de malheurs d'un pauvre type qui a un problème à la bouche, mais dès que sa formation d'espion commence j'ai été content et j'ai trouvé toute cette partie de l'histoire très intéressante. La suite est bonne aussi quoique mes sentiments pour la fin sont un peu mélangés. D'un coté, il y a des choses que j'aime bien, mais en temps il se passe des trucs qui m'ont semblé tomber un peu dans le n'importe quoi. Ce qui me dérange surtout c'est qu'un personnage réapparaît sans trop d'explications et cela m'a semblé être une facilité scénaristique. Mais bon malgré ces dernières pages, je trouve tout de même que c'est un très bon récit d'espionnage qui contient du fantastique.

08/07/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Vingt-cinq ans avant Little Tulip paraissait "Bouche du diable", une BD dont il est difficile de ne pas voir quelques similitudes avec sa petite sœur. Comme pour Little Tulip, le récit porte sur le parcours âpre d’un orphelin qui évoluera jusqu’à l’âge adulte dans un univers concentrationnaire, en plein cœur de l’Union soviétique, sur fond de spiritualité, puis sera amené à traîner ses guêtres du côté de New York, avec quelques incursions dans l’univers du tatouage. Cette aventure se déroulant dans les seventies, en pleine guerre froide, donne également lieu à plusieurs scènes dignes des meilleurs thrillers, avec une brutalité le plus souvent suggérée, mais aussi de beaux moments de poésie urbaine alliée au chamanisme indien. A l’intérieur d’un cadrage très cinématographique, on retrouve le trait précis et vigoureux de François Boucq, qui comme souvent met en scène des personnages bien campés avec de vraies « gueules ». Sans être exceptionnelle, la couleur reste soignée et d’une sobriété de bon aloi. Quant au scénario de Jérôme Charyn, il est impeccable et ne souffre d’aucun essoufflement. Autant d’arguments qui font de "Bouche du diable" une lecture largement conseillée.

14/02/2016 (modifier)
Par DamBDfan
Note: 3/5
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"Bouche du diable" est une oeuvre intéressante, interpellante et globalement réussie. On suit le destin de Youri, un jeune orphelin, qui va être recruté par la police politique soviétique (KGB) pour en faire un agent secret contre les USA mais rien ne va se passer comme prévu. J'ai acheté cette BD grâce avant tout au dessin qui a été une vraie claque au premier coup d'oeil, c'est vraiment du beau boulot ( les prises de vue dans les rues d'un New-York très "Scorsesien", les trognes des personnages, les décors de la Russie, la poursuite époustouflante dans les égouts, les scènes de pluie,....) Une sacrée ambiance et un pur régal visuel !! Le scénario est bon (surtout dans la première partie) mais quelques facilités, raccourcis et des pistes pas suffisamment creusées ont eu tendance à me plomber une partie de ma lecture. Ex : SPOILER : - l'indien qui sort de nulle part dans les égouts, situation un peu grosse à mon goût. - l'histoire des poupées russes, pourquoi Youri a-t-il décidé d'emprunter ces objets, il aurait pu prendre d'autres choses... - Comment les deux Russes ont trouvé la cache du transfuge? - Les raisons du changement de camp d'Abel - La sortie des égouts, mouais... FIN DU SPOILER En gros, l'intrigue d'espionnage est un peu faible voire nébuleuse mais je pense que celle-ci n'était pas le but premier du scénariste... Il s'agit avant tout de l'histoire d'un homme, sa solitude, sa quête spirituelle, l'endoctrinement et ses causes et la complexité de la guerre froide. Un album qu'il faut lire et relire. 3,5/5

31/10/2014 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
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Que voilà un shot intéressant! D'abord il nous fait découvrir une époque, un pays et un système dans le grand jeu de ce qui sera la guerre froide. Il s'agit de recruter des individus qui iront s'installer dans le pays du camp adverse pour mener des missions de déstabilisations plus ou moins utiles à la politique des USA ou de l'URSS. Ici l'on s'attache au parcours d'un jeune Russe affublé d'un bec de lièvre, tare qui lui sera bien sûr supprimée. Ne soyons pas naïfs et gageons que de l'autre bord le même types de méthodes ont été employés! Voilà donc notre héros un peu malgré lui engagé dans une éducation où rien ne nous est épargné. Sévices, encore et toujours quel que soit le lieu où il vit. A ce titre la partie se déroulant après l'orphelinat dans un centre du NKVD, de tchékistes ou du KGB fait froid dans le dos et est extrêmement bien rendue. Comment à finalement peu de frais et dans une époque donnée, on peut arriver à manipuler un être humain et en faire une marionnette abrutie. A coup sûr c'est la meilleure partie de ce récit. Encore une fois ne doutons pas que le camp d'en face procédait de la même manière. Et puis vient la mission pour laquelle le héros a été préparé. Le décor change et nous voilà transportés aux USA, décrit ici comme pas si merveilleux que ça. De la mission en question nous ne saurons finalement pas grand chose, elle est juste un prétexte pour nous montrer l'absurdité, la vanité des choses. Dans cette deuxième partie vient se superposer ce que j'appellerais la touche "mystique indienne"; si elle rend hommage au pays et que sa touche surnaturelle vient en écho au rationalisme soviétique, pourquoi pas mais elle est un peu de trop. Le héros subit plus les évènements qu'il ne les contrôle et cet aspect très loin de l'iconographie habituelle est plutôt bienvenu. Alors une BD sur une vie fracassée par le milieu de son époque, un homme qui lutte toute sa vie pour atteindre l'inaccessible (sa liberté), l'horreur quotidienne du milieu du renseignement, etc, etc... Un mot tout de même sur le dessin de Boucq maitrisé de bout en bout avec une précision dans les détails assez incroyable, je vous renvois aux ruelles de New York ou au monastère où le héros parfait son "éducation" . Pour moi c'est un immanquable du genre, que tous les amateurs se doivent, sinon de posséder, du moins de lire. La formule est un peu consacrée mais oh combien pleine d'exactitude.

23/09/2014 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

Je ressors mitigé de ma lecture. Tout le début m’a beaucoup plu, j’ai beaucoup aimé l’enfance du protagoniste et son ambiance communiste d’après-guerre. Mais on retombe assez rapidement dans le schéma classique de la guerre froide (espions, services secrets, lavage de cerveau etc.) Et surtout je n’ai pas trop apprécié l’apparition d’éléments fantastiques sur la deuxième moitié de l’histoire (télépathie, magie indienne). J’ai trouvé le mélange un peu étrange. Par contre j’ai vraiment été impressionné par le dessin. Quel maitrise du détail, quelle précision, les planches sont vraiment magnifiques. Ma lecture fut plaisante, mais pas vraiment marquante.

15/10/2013 (modifier)