Voici une très bonne série, que j'ai enfin pu terminer grâce à l'acquisition du dernier album, et après l'avoir débutée il y a maintenant trois ans.
D'ailleurs, après ma première lecture, je n'avais pas été convaincu. C'est après l'avoir prêtée à mon frère qui m'en a fait une critique élogieuse que je m'y suis replongé. Et je ne vois toujours pas ce que diable j'ai pu reprocher à Wonderball lors de ma première lecture. Tout y est : l'histoire, le dessin, les personnages.
Le dessin tout d'abord. Il est de belle facture et colle très bien à l'atmosphère et à l'époque : les années 80 dans un San Francisco (mais pas seulement) résolument heighties, entre nouveaux riches, développement, pauvreté et toxicomanie. Les traits des personnages sont parfois durs, et parfois brouillons, mais ils sont tous aisément reconnaissables. Le dessin pose l'ambiance de la série, et celle-ci est terriblement prenante.
L'histoire suit un inspecteur de police, Spadaccini, surnommé Wonderball, rapport à une marque de chocolats, qu'il engloutit régulièrement car elle calme ses sautes d'humeur spectaculaires. Il est amené à enquêter sur un tueur de masse, aux réflexes et aptitudes extraordinaires. Il va peu à peu sombrer dans une enquête le reliant à un "collège occulte" aux activités plus que douteuses et trouver des liens avec son propre passé. Devenu suspect à son tour, il va se lancer dans une quête de vérité, notamment sur lui même. L'histoire mêle des éléments de polars classiques, avec notamment la quête du héros pour retrouver son passé et faire éclater la vérité, avec des éléments plus "fantastiques", surnaturels. En effet, le fameux collège permettrait d'augmenter les capacités de ses membres.
Le résultat est très bon, après ma lecture en deux temps du premier album, je n'ai pu me décoller des autres.
Cela est aussi dû aux personnages.
L'inspecteur Spadaccini est une brute épaisse, un flic aux méthodes détestables, grossier et violent, mais qui, toute sa vie durant, mène un combat contre lui même pour rester du côté du "bien". Cela donne un personnage principal très intéressant et captivant.
Dans les personnages secondaires, les "méchants" sont tous bien construits et développés, quand les "gentils" remplissent bien leurs rôles, sans prendre trop de place. Ainsi de la famille de Spadaccini.
Mais deux sortent du lot. Tout d'abord, Le Fantôme est un personnage mystérieux, somme toute assez classique, mais il est développé de telle manière qu'il reste mystérieux de bout en bout, et aucune de ses actions ne le décrédibilise, il reste ce "badass" mystérieux tout du long.
Mais la grande réussite de cette bd est pour moi l'inspecteur Maggie Osterberg, chargée d'enquêter sur l'affaire une fois Spadaccini devenu incontrôlable. Enfin un personnage féminin secondaire dans la veine "je me débrouille aussi bien voire mieux que les hommes" réussi. D'habitude, je trouve toujours que ces personnages finissent par être un peu gâchés, car toujours mis en dessous du personnage principal, qui est un homme. Ainsi de Méjai dans Le Scorpion, des multiples personnages féminins de XIII par exemple. A chaque fois, j'avais un arrière gout désagréable. Ici, je n'ai à aucun moment ressenti cela, alors que j'en avais très peur. L'inspecteur Osterberg est l'un des meilleurs personnages féminins que j'ai pu rencontrer. Elle n'est pas très originale, n'a pas un rôle démesuré, mais elle est sacrément bien construite. Et ça fait la différence.
De façon plus générale, "Wonderball" est une série sacrément bien construite, sans fausse note, et qui m'a intéressé de bout en bout.
Je ne mets pas la note maximale même si ça m'a fortement titillé. Il manque un peu d'originalité et la fin, même si elle n'est pas mauvaise, ne m'a pas transcendé.
Note réelle : 4,5/5. J'ai l'habitude d'arrondir, mais le "culte" se mérite, et "Wonderball" y était presque.
C'est une lecture très personnelle sur des thèmes aussi rabâchés que le "Post-Apo" que Gipi propose avec La Terre des fils.
Pas réellement attendu sur un terrain propice aux déclinaisons série B voire Z, Gipi abandonne bien vite les artifices du fantastique pour livrer un poignant récit de deux frères inexpérimentés en terre inconnue. La curieuse relation qu'ils entretiennent avec un père cruel et bourru en rappelle plein d'autres et sur différents médias : La Route de McCarthy pour son style épuré mais également le jeu vidéo "The Last of Us" ou "Le Livre d'Eli" des frères Hughes.
Pour autant qu'on accroche au style épuré et hachuré en noir et blanc si typique de l'auteur, La Terre des fils laisse entrapercevoir quelques signes d'un espoir dans un monde vidé de toute substance vivante et où le dialogue est absent ou même carrément simplifié.
L'ensemble se laisse lire avec une facilité déconcertante tant les pages s’enchaînent rapidement. Il n'y a pourtant peu de scènes dites d'action ou de suspens car Gipi s'attarde à écrire un quotidien somme toute banal malgré une jolie brochette de personnages violents ou dérangés.
Le cahier d'annotations laissé par le Père conservera même une grande partie de ses mystères une fois le livre refermé. Cela aurait pu laisser un sentiment mitigé mais il est en réalité bien difficile de ne pas tout lire d'une traite. Pas forcément convaincu d'y trouver néanmoins du plaisir à la relecture, La Terre des fils reste un récit atypique bien plus original qu'il n'y paraîtrait. Une curiosité.
Pendant que le public amateur de bons mots et d'Héroic Fantasy déjantée se réjouit du retour improbable de Donjon, d'autres récits du même acabit arrivent sans crier gare et pourraient même tirer la couverture à eux.
Cette "Boule de feu" réalisée à 4 mains en est un excellent exemple. Qui aurait pu jauger d'une collaboration improbable entre deux auteurs aux univers distincts et aux techniques si différentes ? Et pourtant on tient ici un petit bijou d'humour absurde dont le contraste des personnages rigolos d'Anouk Ricard se fond parfaitement dans les décors lumineux et inspirés créent une atmosphère hypnotique unique.
En partant d'un pitch relativement simple où il est question de rapatrier du monde des humains un Magicien capable de sauver une contrée lointaine d'envahisseurs par la fameuse Boule de Feu du titre, Anouk Ricard développe une jolie bande de bras cassés pour le plus grand plaisir du lecteur.
Fernando n'est guère motivé par sa quête et le Mage Patrix proclamé comme grand sauveur a tout oublié de ses origines ésotériques. L'équipe est bien mal barrée pour sauver le village d'autant plus que le retour ne se fera pas au bon endroit et qu'il leur faudra braver différentes contrées inhospitalières dans un délai imparti.
La suite ne sera qu'une succession de fous rires et de réparties hilarantes tout au long de leurs rencontres hasardeuses.
Et si on rit souvent des bons mots des personnages grotesques d'Anouk Ricard, nos rétines s'attardent souvent sur les décors travaillés d'Etienne Chaize qui renvoient directement à son magnifique travail sur sa précédente oeuvre Hélios.
La technique n'est pas nouvelle et a déjà été employée en incrustant personnages dessinés sur décors photoshopés avec beaucoup moins de succès que par cette Boule de Feu. Ici tout se mêle dans un naturel confondant sans oublier de développer une histoire drôle mais également parfaitement équilibrée.
Il est également à noter que si le prix pour 70 pages reste élevé, les éditions 2024 ont une fois de plus réalisé un livre de grand format et de grande qualité qui ne risquera pas de prendre la poussière dans votre bibliothèque.
Boule de feu est un excellent antidote contre la morosité et en tous points un pari réussi. Incontournable.
Gandhi voulait les voir disparaître, la constitution indienne les a théoriquement mises hors la loi, mais les castes, et le système qui enserre les Indiens dans des cases hermétiques sont encore belle et bien là dans la vie quotidienne des gens – du moins de la majorité des déshérités de « la plus grande démocratie du monde ».
Cet album retrace la vie d’une femme issue des basses castes, victime du système de violences, de viols, et qui s’est révoltée, jusqu’à devenir « bandit », sorte de Robin des bois moderne, devenant le symbole du combat des femmes et/ou des basses castes – jusqu’à finir assassinée (ce qu’un court texte nous apprend en fin d’album).
Je ne connaissais pas du tout cette femme, et cet album – qui s’inspire de son témoignage écrit – nous en dresse un beau portrait, au milieu d’un enfer. Dont on se demande s’il a bien évolué, et comment (voir les nombreuses affaires de viols de femmes impunies, mais aussi le début de révolte et de manifestations qui se développent ces derniers temps dans certaines grandes villes – les campagnes hélas restant à la traine). C’est pourquoi je regrette un peu – même si l’auteur, Claire Fauvel a choisi de s’en tenir au témoignage de Phoolan avant et pendant son incarcération – que l’on ne se soit pas ici attardé au combat politique que Phoolan a mené après sa sortie de prison (et les éventuels résultats obtenus par celui-ci).
C’est en tout cas une histoire triste – en partie parce que réelle – que je vous encourage à lire.
Note réelle 3,5/5.
Ro a écrit :
"Et là j'ai réalisé que je m'étais fait avoir comme un bleu ! Le retournement final est tel que je suis allé vérifier toutes les planches précédentes pour voir s'il y avait une incohérence. Mais non ! Tout est réalisé à la perfection, et je suis complètement tombé dans le panneau. C'est fait de manière excellente, impeccable !"
Je suis entièrement d'accord avec sa chronique et j'ai eu exactement la même sensation de m'être fait avoir (pour mon plus grand plaisir) et j'ai eu le même réflexe de vérifier la cohérence des planches précédentes... sans faute !
Mise en scène maline, intelligente et subtile avec de superbes dessins et décors sublimes de Cassegrain.
Bref, gros coup de cœur chaudement recommandé.
Je ne connaissais pas du tout Fabien Toulmé et cette BD, énorme pavé de 270 pages, a été un véritable enchantement ! Même si cette œuvre est une pure fiction, l’auteur a su trouver les mots justes pour rendre l’histoire crédible. Il faut dire que refaire sa vie en plaquant un soi-disant « bon » boulot rémunérateur pour se lancer à l’aventure est le rêve de pas mal de gens mais très peu osent réellement se jeter à l’eau.
Outre une histoire sympa, il y a une tendresse dans les rapports entre les deux frères qui fait plaisir à voir (et à lire). De plus, certaines situations, qui pourtant pourraient sembler assez banales, m’ont fait bien rire. Je pense que le dessin, simple mais efficace, y est pour beaucoup.
Scénario est assez classique mais très bien construit, dessin très fluide. Pour paraphraser Sacha Guitry qui disait « Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. », je dirais qu’après que vous ayez fini de lire cette BD, vous resterez encore bercé par son ambiance un bon petit bout de temps...
Bref, à lire absolument !
J'aime l'originalité et l'impact de cette lecture. Elle est dépaysante et met en scène des personnages forts, en particulier évidemment Gabriel, ce père de famille obnubilé par un rêve qui détruit tout sur son chemin. Tiens, en écrivant ça, ça me fait penser au film Mosquito Coast avec Harrison Ford où là aussi un père emmenait ses enfants dans la jungle pour un rêve utopique, même si le héros du film était bien plus sympathique que celui de Malaterre. Car ici, ce fameux Gabriel est difficilement attachant. Et pourtant, on finit par le comprendre un peu et presque l'excuser de son comportement. Il est égoïste, menteur, roublard et il cherche en permanence à imposer violemment sa vision des choses, mais il est en même temps totalement aveuglé et poussé par son rêve et son désir de le transmettre à ses enfants, même s'il le fait de la pire manière qui soit.
J'ai aimé cette plongée dans une vie africaine exotique et crédible. Ayant vécu dans la majorité des pays d'Afrique Noire des ex colonies françaises, je pense pouvoir affirmer sans crainte que celui mis en scène ici est totalement fictif, même s'il rappelle en grande partie le Gabon, le Cameroun ou le Congo. Mais d'expérience, je peux confirmer que la vie des adolescents vivant là-bas telle qu'il la décrit est réaliste même si un peu fantasmée. On y retrouve notamment cette vie entre blancs, presque comme dans un monde à part, occultant complètement ou presque la population noire pourtant bien présente en toile de fond. Il est clair que cela forge des souvenirs bien différents de ceux d'une jeunesse européenne et la BD le retranscrit bien quand elle décrit l'état d'esprit des enfants de Gabriel.
En même temps, leur relation avec leur père est présentée de manière intéressante, ambiguë, avec une balance constante entre affection filiale et haine. C'est intéressant de la voir évoluer et de se demander jusqu'où ira ce père en grande partie indigne ou du moins extrêmement maladroit.
La mise en scène elle aussi est originale, avec un narrateur dont on ne sait jamais trop qui il est, et qui présente les choses à sa manière, dévoilant le futur sans vraiment le dévoiler. Et le dessin est lui aussi très agréable, avec sa palette de couleurs bien à lui.
Cette lecture est prenante, intéressante et elle nous sort des sentiers battus. Bel ouvrage !
Il était une fois Rahan dans l'espace.
Très bonne trouvaille que X-O Manowar, conte épique dessiné à plusieurs mains (Tomàs Giorello, Doug Braithwaite entre autres) qui retrace les circonstances d'une guerre interminable qui saigne à blanc la planète Gorin, étoile perdue au beau milieu de l'univers, loin, très loin de la Terre d’où a été arraché Aric de Dacie, le héros de l'histoire.
Cette série est un "relaunch" d'un comic pré-existant, et le nouveau scénariste Matt Kindt a reçu carte blanche pour exploiter à loisir le personnage et l'univers qu'il y a autour. Le bougre s'avère très doué à la tache du "worldbuilding" (création de mondes imaginaires), et la planète Gorin nous apparait terriblement crédible avec ses luttes intestines et l'odeur du souffre de la guerre qui imprègne son atmosphère. Son protagoniste, un simple wisigoth téléporté dans ce monde qu'il commence à peine à apprivoiser, est un individu marqué par l'atrocité des batailles et des massacres, physiquement d'abord. Moignon à la place de la main gauche, balafres difformes sur le dos, l'abdomen et les bras, cheveux hirsutes, regard dur et désabusé, il a perdu le goût des armes et recherche dorénavant une vie paisible d'homme comblé dans sa ferme aux côtés de sa compagne.
Un profil psychologique réminiscent de Thorgal Aegirsson, lui aussi guerrier nordique, lui aussi désespéré d'échapper à la laide réalité du monde dans une sorte de fuite en avant vaine et tragique.
Cependant comme Thorgal, s'il fuit la guerre, la guerre se débrouille toujours pour le rattraper d'une façon ou d'une autre, tel un fatum implacable, tel l'ombre de la Mort dans les films Destination Finale. Et pour se "remettre en selle", le wisigoth peut compter sur l'étrange armure pensante X-O Manowar avec laquelle il entretient une relation ambigüe superbement mis en exergue par Kindt tout au long de l'histoire. Une relation d'attraction/répulsion car s'il répugne à s'en servir parce qu'elle symbolise tout ce qu'il exècre à ses yeux, il est suffisamment lucide pour savoir qu'il aura forcément besoin d'elle et de ses "vertus" inestimables lorsque la guerre viendra frapper à sa porte.
Ce comic c'est aussi l'histoire d'une ascension sociale fulgurante. Aric, par la démonstration de ses qualités intrinsèques de stratège et de leader, passe de simple outcast au rang de capitaine incontesté et admiré par ses troupes puis au rang d'empereur absolu, une évolution qui l'amène de paysan à Iron-Man puis Napoléon Bonaparte. Les titres des différents tomes reflétant d'ailleurs cette promotion personnelle ("De soldat à général", "D'empereur à wisigoth").
En conclusion je dirais que je conseille X-O Manowar à tous les amoureux de Star Wars et à tous les nostalgiques de Flash Gordon, car l'oeuvre est une parfaite synthèse des deux. Rythmé, épique et graphiquement impeccable (même si le changement de dessinateur peut déconcerter quelquefois et que j'en préfère certains plus que d'autres).
Unique tome paru des aventures de Constant Souci, écrit et dessiné par Greg, avec la complicité de Vicq au scénario et Dupa aux décors, "Le Mystère de l'homme aux trèfles" est une vraie réussite, et une bonne illustration du génie de Greg.
Son talent pour les péripéties loufoques à souhait et pour les personnages hauts en couleurs atteint ici un paroxysme, qu'il a certes déjà atteint à maintes reprises dans son oeuvre prolifique, mais qui émerveille toujours autant. Des personnages hauts en couleurs, "Constant Souci" en contient un certain nombre, et ce d'autant plus que l'intrigue d'espionnage permet à Greg de s'amuser comme toujours des clichés sur les nationalités, sans mauvais goût et avec un bonheur de tous les instants.
L'humour ne se limite pas à cela, bien évidemment, et la confrontation entre le pauvre Constant Souci, moniteur de sport au chômage, et le milliardaire Grozobez y Gazon, d'une chance aussi insolente que permanente, est aussi la source de gags hilarants, cette chance réduisant à néant tous les efforts des adversaires du milliardaire pour lui nuire. On appréciera également que le scénario ne soit pas une succession de gags sans lien, comme Greg a pu le faire dans certains récits (Jo Nuage et Kay Mc Cloud, par exemple), mais un vrai récit filé, où tous les éléments présentés avant, même les plus insignifiants en apparence, joueront un vrai rôle dans la résolution de l'intrigue.
En ce qui concerne le dessin, ça devient banal de le dire, mais c'est évidemment excellent. Le talent de Greg pour les physiques marqués et caricaturaux est toujours intact, et les décors de Dupa sont très réussis, adoptant une touche de modernité très 60's à la Spirou et Fantasio (les véhicules de Grozobez ne dépareilleraient pas dans le garage d'un certain Zorglub), parfaitement délicieuse.
Bref, une jolie pépite rééditée en outre chez Glénat dans un très bel album de la collection Patrimoine BD, qui mérite bien qu'on dépense quelques sous pour le faire figurer en bonne place dans notre collection.
Comme le dit Mac Arthur dans son avis, il est important de se rappeler que cet album est basé sur le journal de Phoolan Devi, et que tout est donc autobiographique (même si les propos sont rapportés par Claire Fauvel). Difficile en effet de croire qu’autant d’horreurs soient arrivées à une seule et même personne, une jeune fille dont la seule erreur fut d’être née à cet endroit (le nord de l’Inde), dans ces conditions (basse caste) et à cette époque (même si on se demande si beaucoup a changé aujourd’hui). La réalisation de l’album a dû être éprouvante par moment, notamment sur les scènes de viols infantiles. L’auteure n’a pas édulcoré les faits. Phoolan Devi est un être humain avec beaucoup de qualités, mais qui fait aussi des choix compliqués, et la ligne entre justice et revanche sauvage est parfois franchie.
Mon seul reproche serait que la fin de la vie de Phoolan (carrière politique, assassinat) ne soit pas vraiment racontée, à part quelques phrases en guise de conclusion. Il aurait été intéressant d’en dire un peu plus, ne serait-ce qu’au travers un mini-documentaire en postface. Bon, rien de grave, et j’imagine qu’il s’agit d’un choix de l’auteure, qui a voulu s’en tenir aux carnets de Phoolan.
Une lecture essentielle !
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Wonderball
Voici une très bonne série, que j'ai enfin pu terminer grâce à l'acquisition du dernier album, et après l'avoir débutée il y a maintenant trois ans. D'ailleurs, après ma première lecture, je n'avais pas été convaincu. C'est après l'avoir prêtée à mon frère qui m'en a fait une critique élogieuse que je m'y suis replongé. Et je ne vois toujours pas ce que diable j'ai pu reprocher à Wonderball lors de ma première lecture. Tout y est : l'histoire, le dessin, les personnages. Le dessin tout d'abord. Il est de belle facture et colle très bien à l'atmosphère et à l'époque : les années 80 dans un San Francisco (mais pas seulement) résolument heighties, entre nouveaux riches, développement, pauvreté et toxicomanie. Les traits des personnages sont parfois durs, et parfois brouillons, mais ils sont tous aisément reconnaissables. Le dessin pose l'ambiance de la série, et celle-ci est terriblement prenante. L'histoire suit un inspecteur de police, Spadaccini, surnommé Wonderball, rapport à une marque de chocolats, qu'il engloutit régulièrement car elle calme ses sautes d'humeur spectaculaires. Il est amené à enquêter sur un tueur de masse, aux réflexes et aptitudes extraordinaires. Il va peu à peu sombrer dans une enquête le reliant à un "collège occulte" aux activités plus que douteuses et trouver des liens avec son propre passé. Devenu suspect à son tour, il va se lancer dans une quête de vérité, notamment sur lui même. L'histoire mêle des éléments de polars classiques, avec notamment la quête du héros pour retrouver son passé et faire éclater la vérité, avec des éléments plus "fantastiques", surnaturels. En effet, le fameux collège permettrait d'augmenter les capacités de ses membres. Le résultat est très bon, après ma lecture en deux temps du premier album, je n'ai pu me décoller des autres. Cela est aussi dû aux personnages. L'inspecteur Spadaccini est une brute épaisse, un flic aux méthodes détestables, grossier et violent, mais qui, toute sa vie durant, mène un combat contre lui même pour rester du côté du "bien". Cela donne un personnage principal très intéressant et captivant. Dans les personnages secondaires, les "méchants" sont tous bien construits et développés, quand les "gentils" remplissent bien leurs rôles, sans prendre trop de place. Ainsi de la famille de Spadaccini. Mais deux sortent du lot. Tout d'abord, Le Fantôme est un personnage mystérieux, somme toute assez classique, mais il est développé de telle manière qu'il reste mystérieux de bout en bout, et aucune de ses actions ne le décrédibilise, il reste ce "badass" mystérieux tout du long. Mais la grande réussite de cette bd est pour moi l'inspecteur Maggie Osterberg, chargée d'enquêter sur l'affaire une fois Spadaccini devenu incontrôlable. Enfin un personnage féminin secondaire dans la veine "je me débrouille aussi bien voire mieux que les hommes" réussi. D'habitude, je trouve toujours que ces personnages finissent par être un peu gâchés, car toujours mis en dessous du personnage principal, qui est un homme. Ainsi de Méjai dans Le Scorpion, des multiples personnages féminins de XIII par exemple. A chaque fois, j'avais un arrière gout désagréable. Ici, je n'ai à aucun moment ressenti cela, alors que j'en avais très peur. L'inspecteur Osterberg est l'un des meilleurs personnages féminins que j'ai pu rencontrer. Elle n'est pas très originale, n'a pas un rôle démesuré, mais elle est sacrément bien construite. Et ça fait la différence. De façon plus générale, "Wonderball" est une série sacrément bien construite, sans fausse note, et qui m'a intéressé de bout en bout. Je ne mets pas la note maximale même si ça m'a fortement titillé. Il manque un peu d'originalité et la fin, même si elle n'est pas mauvaise, ne m'a pas transcendé. Note réelle : 4,5/5. J'ai l'habitude d'arrondir, mais le "culte" se mérite, et "Wonderball" y était presque.
La Terre des fils
C'est une lecture très personnelle sur des thèmes aussi rabâchés que le "Post-Apo" que Gipi propose avec La Terre des fils. Pas réellement attendu sur un terrain propice aux déclinaisons série B voire Z, Gipi abandonne bien vite les artifices du fantastique pour livrer un poignant récit de deux frères inexpérimentés en terre inconnue. La curieuse relation qu'ils entretiennent avec un père cruel et bourru en rappelle plein d'autres et sur différents médias : La Route de McCarthy pour son style épuré mais également le jeu vidéo "The Last of Us" ou "Le Livre d'Eli" des frères Hughes. Pour autant qu'on accroche au style épuré et hachuré en noir et blanc si typique de l'auteur, La Terre des fils laisse entrapercevoir quelques signes d'un espoir dans un monde vidé de toute substance vivante et où le dialogue est absent ou même carrément simplifié. L'ensemble se laisse lire avec une facilité déconcertante tant les pages s’enchaînent rapidement. Il n'y a pourtant peu de scènes dites d'action ou de suspens car Gipi s'attarde à écrire un quotidien somme toute banal malgré une jolie brochette de personnages violents ou dérangés. Le cahier d'annotations laissé par le Père conservera même une grande partie de ses mystères une fois le livre refermé. Cela aurait pu laisser un sentiment mitigé mais il est en réalité bien difficile de ne pas tout lire d'une traite. Pas forcément convaincu d'y trouver néanmoins du plaisir à la relecture, La Terre des fils reste un récit atypique bien plus original qu'il n'y paraîtrait. Une curiosité.
Boule de Feu
Pendant que le public amateur de bons mots et d'Héroic Fantasy déjantée se réjouit du retour improbable de Donjon, d'autres récits du même acabit arrivent sans crier gare et pourraient même tirer la couverture à eux. Cette "Boule de feu" réalisée à 4 mains en est un excellent exemple. Qui aurait pu jauger d'une collaboration improbable entre deux auteurs aux univers distincts et aux techniques si différentes ? Et pourtant on tient ici un petit bijou d'humour absurde dont le contraste des personnages rigolos d'Anouk Ricard se fond parfaitement dans les décors lumineux et inspirés créent une atmosphère hypnotique unique. En partant d'un pitch relativement simple où il est question de rapatrier du monde des humains un Magicien capable de sauver une contrée lointaine d'envahisseurs par la fameuse Boule de Feu du titre, Anouk Ricard développe une jolie bande de bras cassés pour le plus grand plaisir du lecteur. Fernando n'est guère motivé par sa quête et le Mage Patrix proclamé comme grand sauveur a tout oublié de ses origines ésotériques. L'équipe est bien mal barrée pour sauver le village d'autant plus que le retour ne se fera pas au bon endroit et qu'il leur faudra braver différentes contrées inhospitalières dans un délai imparti. La suite ne sera qu'une succession de fous rires et de réparties hilarantes tout au long de leurs rencontres hasardeuses. Et si on rit souvent des bons mots des personnages grotesques d'Anouk Ricard, nos rétines s'attardent souvent sur les décors travaillés d'Etienne Chaize qui renvoient directement à son magnifique travail sur sa précédente oeuvre Hélios. La technique n'est pas nouvelle et a déjà été employée en incrustant personnages dessinés sur décors photoshopés avec beaucoup moins de succès que par cette Boule de Feu. Ici tout se mêle dans un naturel confondant sans oublier de développer une histoire drôle mais également parfaitement équilibrée. Il est également à noter que si le prix pour 70 pages reste élevé, les éditions 2024 ont une fois de plus réalisé un livre de grand format et de grande qualité qui ne risquera pas de prendre la poussière dans votre bibliothèque. Boule de feu est un excellent antidote contre la morosité et en tous points un pari réussi. Incontournable.
Phoolan Devi, reine des bandits
Gandhi voulait les voir disparaître, la constitution indienne les a théoriquement mises hors la loi, mais les castes, et le système qui enserre les Indiens dans des cases hermétiques sont encore belle et bien là dans la vie quotidienne des gens – du moins de la majorité des déshérités de « la plus grande démocratie du monde ». Cet album retrace la vie d’une femme issue des basses castes, victime du système de violences, de viols, et qui s’est révoltée, jusqu’à devenir « bandit », sorte de Robin des bois moderne, devenant le symbole du combat des femmes et/ou des basses castes – jusqu’à finir assassinée (ce qu’un court texte nous apprend en fin d’album). Je ne connaissais pas du tout cette femme, et cet album – qui s’inspire de son témoignage écrit – nous en dresse un beau portrait, au milieu d’un enfer. Dont on se demande s’il a bien évolué, et comment (voir les nombreuses affaires de viols de femmes impunies, mais aussi le début de révolte et de manifestations qui se développent ces derniers temps dans certaines grandes villes – les campagnes hélas restant à la traine). C’est pourquoi je regrette un peu – même si l’auteur, Claire Fauvel a choisi de s’en tenir au témoignage de Phoolan avant et pendant son incarcération – que l’on ne se soit pas ici attardé au combat politique que Phoolan a mené après sa sortie de prison (et les éventuels résultats obtenus par celui-ci). C’est en tout cas une histoire triste – en partie parce que réelle – que je vous encourage à lire. Note réelle 3,5/5.
Nymphéas noirs
Ro a écrit : "Et là j'ai réalisé que je m'étais fait avoir comme un bleu ! Le retournement final est tel que je suis allé vérifier toutes les planches précédentes pour voir s'il y avait une incohérence. Mais non ! Tout est réalisé à la perfection, et je suis complètement tombé dans le panneau. C'est fait de manière excellente, impeccable !" Je suis entièrement d'accord avec sa chronique et j'ai eu exactement la même sensation de m'être fait avoir (pour mon plus grand plaisir) et j'ai eu le même réflexe de vérifier la cohérence des planches précédentes... sans faute ! Mise en scène maline, intelligente et subtile avec de superbes dessins et décors sublimes de Cassegrain. Bref, gros coup de cœur chaudement recommandé.
Les Deux Vies de Baudouin
Je ne connaissais pas du tout Fabien Toulmé et cette BD, énorme pavé de 270 pages, a été un véritable enchantement ! Même si cette œuvre est une pure fiction, l’auteur a su trouver les mots justes pour rendre l’histoire crédible. Il faut dire que refaire sa vie en plaquant un soi-disant « bon » boulot rémunérateur pour se lancer à l’aventure est le rêve de pas mal de gens mais très peu osent réellement se jeter à l’eau. Outre une histoire sympa, il y a une tendresse dans les rapports entre les deux frères qui fait plaisir à voir (et à lire). De plus, certaines situations, qui pourtant pourraient sembler assez banales, m’ont fait bien rire. Je pense que le dessin, simple mais efficace, y est pour beaucoup. Scénario est assez classique mais très bien construit, dessin très fluide. Pour paraphraser Sacha Guitry qui disait « Lorsqu'on vient d'entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui. », je dirais qu’après que vous ayez fini de lire cette BD, vous resterez encore bercé par son ambiance un bon petit bout de temps... Bref, à lire absolument !
Malaterre
J'aime l'originalité et l'impact de cette lecture. Elle est dépaysante et met en scène des personnages forts, en particulier évidemment Gabriel, ce père de famille obnubilé par un rêve qui détruit tout sur son chemin. Tiens, en écrivant ça, ça me fait penser au film Mosquito Coast avec Harrison Ford où là aussi un père emmenait ses enfants dans la jungle pour un rêve utopique, même si le héros du film était bien plus sympathique que celui de Malaterre. Car ici, ce fameux Gabriel est difficilement attachant. Et pourtant, on finit par le comprendre un peu et presque l'excuser de son comportement. Il est égoïste, menteur, roublard et il cherche en permanence à imposer violemment sa vision des choses, mais il est en même temps totalement aveuglé et poussé par son rêve et son désir de le transmettre à ses enfants, même s'il le fait de la pire manière qui soit. J'ai aimé cette plongée dans une vie africaine exotique et crédible. Ayant vécu dans la majorité des pays d'Afrique Noire des ex colonies françaises, je pense pouvoir affirmer sans crainte que celui mis en scène ici est totalement fictif, même s'il rappelle en grande partie le Gabon, le Cameroun ou le Congo. Mais d'expérience, je peux confirmer que la vie des adolescents vivant là-bas telle qu'il la décrit est réaliste même si un peu fantasmée. On y retrouve notamment cette vie entre blancs, presque comme dans un monde à part, occultant complètement ou presque la population noire pourtant bien présente en toile de fond. Il est clair que cela forge des souvenirs bien différents de ceux d'une jeunesse européenne et la BD le retranscrit bien quand elle décrit l'état d'esprit des enfants de Gabriel. En même temps, leur relation avec leur père est présentée de manière intéressante, ambiguë, avec une balance constante entre affection filiale et haine. C'est intéressant de la voir évoluer et de se demander jusqu'où ira ce père en grande partie indigne ou du moins extrêmement maladroit. La mise en scène elle aussi est originale, avec un narrateur dont on ne sait jamais trop qui il est, et qui présente les choses à sa manière, dévoilant le futur sans vraiment le dévoiler. Et le dessin est lui aussi très agréable, avec sa palette de couleurs bien à lui. Cette lecture est prenante, intéressante et elle nous sort des sentiers battus. Bel ouvrage !
X-O Manowar
Il était une fois Rahan dans l'espace. Très bonne trouvaille que X-O Manowar, conte épique dessiné à plusieurs mains (Tomàs Giorello, Doug Braithwaite entre autres) qui retrace les circonstances d'une guerre interminable qui saigne à blanc la planète Gorin, étoile perdue au beau milieu de l'univers, loin, très loin de la Terre d’où a été arraché Aric de Dacie, le héros de l'histoire. Cette série est un "relaunch" d'un comic pré-existant, et le nouveau scénariste Matt Kindt a reçu carte blanche pour exploiter à loisir le personnage et l'univers qu'il y a autour. Le bougre s'avère très doué à la tache du "worldbuilding" (création de mondes imaginaires), et la planète Gorin nous apparait terriblement crédible avec ses luttes intestines et l'odeur du souffre de la guerre qui imprègne son atmosphère. Son protagoniste, un simple wisigoth téléporté dans ce monde qu'il commence à peine à apprivoiser, est un individu marqué par l'atrocité des batailles et des massacres, physiquement d'abord. Moignon à la place de la main gauche, balafres difformes sur le dos, l'abdomen et les bras, cheveux hirsutes, regard dur et désabusé, il a perdu le goût des armes et recherche dorénavant une vie paisible d'homme comblé dans sa ferme aux côtés de sa compagne. Un profil psychologique réminiscent de Thorgal Aegirsson, lui aussi guerrier nordique, lui aussi désespéré d'échapper à la laide réalité du monde dans une sorte de fuite en avant vaine et tragique. Cependant comme Thorgal, s'il fuit la guerre, la guerre se débrouille toujours pour le rattraper d'une façon ou d'une autre, tel un fatum implacable, tel l'ombre de la Mort dans les films Destination Finale. Et pour se "remettre en selle", le wisigoth peut compter sur l'étrange armure pensante X-O Manowar avec laquelle il entretient une relation ambigüe superbement mis en exergue par Kindt tout au long de l'histoire. Une relation d'attraction/répulsion car s'il répugne à s'en servir parce qu'elle symbolise tout ce qu'il exècre à ses yeux, il est suffisamment lucide pour savoir qu'il aura forcément besoin d'elle et de ses "vertus" inestimables lorsque la guerre viendra frapper à sa porte. Ce comic c'est aussi l'histoire d'une ascension sociale fulgurante. Aric, par la démonstration de ses qualités intrinsèques de stratège et de leader, passe de simple outcast au rang de capitaine incontesté et admiré par ses troupes puis au rang d'empereur absolu, une évolution qui l'amène de paysan à Iron-Man puis Napoléon Bonaparte. Les titres des différents tomes reflétant d'ailleurs cette promotion personnelle ("De soldat à général", "D'empereur à wisigoth"). En conclusion je dirais que je conseille X-O Manowar à tous les amoureux de Star Wars et à tous les nostalgiques de Flash Gordon, car l'oeuvre est une parfaite synthèse des deux. Rythmé, épique et graphiquement impeccable (même si le changement de dessinateur peut déconcerter quelquefois et que j'en préfère certains plus que d'autres).
Constant Souci
Unique tome paru des aventures de Constant Souci, écrit et dessiné par Greg, avec la complicité de Vicq au scénario et Dupa aux décors, "Le Mystère de l'homme aux trèfles" est une vraie réussite, et une bonne illustration du génie de Greg. Son talent pour les péripéties loufoques à souhait et pour les personnages hauts en couleurs atteint ici un paroxysme, qu'il a certes déjà atteint à maintes reprises dans son oeuvre prolifique, mais qui émerveille toujours autant. Des personnages hauts en couleurs, "Constant Souci" en contient un certain nombre, et ce d'autant plus que l'intrigue d'espionnage permet à Greg de s'amuser comme toujours des clichés sur les nationalités, sans mauvais goût et avec un bonheur de tous les instants. L'humour ne se limite pas à cela, bien évidemment, et la confrontation entre le pauvre Constant Souci, moniteur de sport au chômage, et le milliardaire Grozobez y Gazon, d'une chance aussi insolente que permanente, est aussi la source de gags hilarants, cette chance réduisant à néant tous les efforts des adversaires du milliardaire pour lui nuire. On appréciera également que le scénario ne soit pas une succession de gags sans lien, comme Greg a pu le faire dans certains récits (Jo Nuage et Kay Mc Cloud, par exemple), mais un vrai récit filé, où tous les éléments présentés avant, même les plus insignifiants en apparence, joueront un vrai rôle dans la résolution de l'intrigue. En ce qui concerne le dessin, ça devient banal de le dire, mais c'est évidemment excellent. Le talent de Greg pour les physiques marqués et caricaturaux est toujours intact, et les décors de Dupa sont très réussis, adoptant une touche de modernité très 60's à la Spirou et Fantasio (les véhicules de Grozobez ne dépareilleraient pas dans le garage d'un certain Zorglub), parfaitement délicieuse. Bref, une jolie pépite rééditée en outre chez Glénat dans un très bel album de la collection Patrimoine BD, qui mérite bien qu'on dépense quelques sous pour le faire figurer en bonne place dans notre collection.
Phoolan Devi, reine des bandits
Comme le dit Mac Arthur dans son avis, il est important de se rappeler que cet album est basé sur le journal de Phoolan Devi, et que tout est donc autobiographique (même si les propos sont rapportés par Claire Fauvel). Difficile en effet de croire qu’autant d’horreurs soient arrivées à une seule et même personne, une jeune fille dont la seule erreur fut d’être née à cet endroit (le nord de l’Inde), dans ces conditions (basse caste) et à cette époque (même si on se demande si beaucoup a changé aujourd’hui). La réalisation de l’album a dû être éprouvante par moment, notamment sur les scènes de viols infantiles. L’auteure n’a pas édulcoré les faits. Phoolan Devi est un être humain avec beaucoup de qualités, mais qui fait aussi des choix compliqués, et la ligne entre justice et revanche sauvage est parfois franchie. Mon seul reproche serait que la fin de la vie de Phoolan (carrière politique, assassinat) ne soit pas vraiment racontée, à part quelques phrases en guise de conclusion. Il aurait été intéressant d’en dire un peu plus, ne serait-ce qu’au travers un mini-documentaire en postface. Bon, rien de grave, et j’imagine qu’il s’agit d’un choix de l’auteure, qui a voulu s’en tenir aux carnets de Phoolan. Une lecture essentielle !