De tous les albums primés à Angoulême cette année, cet album est celui qui m'intéressait le plus vu que j'avais lu des bonnes critiques sur internet et que j'aime bien le polar.
Ce polar est particulier puisqu'il met en vedette un détective qui a le don de parler aux objets ce qui l'aide beaucoup dans ses enquêtes. Il n'est d'ailleurs pas le seul personnage un peu loufoque du récit. Ce que j'ai aimé est que le ton était tout de même sérieux et que cela marche. On ne tombe pas dans un récit absurde avec un humour lourdingue. Il y a certes un peu d'humour, mais ce qui est surtout mis en avant est une enquête dans une ville un peu malsaine.
Le scénario est prenant, le dessin est pas mal et le découpage est excellent. Un polar qui sort un peu de l'ordinaire et qui va plaire aux amateurs du genre. L'album se termine avec un cliffhanger qui me donne envie de lire la suite ! J'espère que ce deuxième tome sera au même niveau que le premier.
Cette bd est rafraichissante !
Petit je lisais les aventures de l'inspecteur Bayard dans le magazine Astrapi, série que j'adorais et notamment pour le dessin de Schwartz que je trouve très élégant.
Alors évidemment, je suis pas très neutre à la lecture, d'où une note à 4/5. Mais tout de même, j'ai eu un vrai plaisir de lecture, j'attends la suite !
Une nouvelle adaptation du roman classique de HP Lovecraft, cette fois-ci à la sauce manga.
Ma lecture de l'original, et même de son adaptation par Culbard, remontant à quelques années, c'est avec un regard presque neuf que j'ai pu l'aborder... Et l'apprécier. Outre la couverture assez psychédélique de Tanabe, l'intérieur est vraiment bien foutu : l'auteur et adaptateur laisse le temps au récit de s'installer, pose les ambiances, joue sur le gigantisme des paysages et la sidération des personnages... Le contraste entre le noir et le blanc prend une nouvelle dimension ici, avec ces montagnes noires qui sont une menace sourde et terriblement oppressante...
Tanabe réussit à mon sens à bien saisir le sens de l'indicible si cher à Lovecraft, même si dans ce premier volet du diptyque on reste un peu sur notre faim, assommés par ces amas de corps, de débris et de glace enchevêtrés. Un seul petit défaut au niveau du graphisme, la totalité ou presque des personnages qui ont des yeux clairs, ce qui gêne un peu à la lecture...
Dans le tome 2 le récit se résume à 95% à l'incursion de Dyer et Danforth au sein de la cité inconnue se trouvant au-delà des montagnes noires. Là encore Tanabe prend tout son temps, jouant sur l'ambiance, les contrastes et les designs inquiétants. On va en apprendre nettement plus sur les Anciens, et comprendre un peu mieux les enjeux, même si à la fin du diptyque de nombreuses questions resteront sans réponse...
Un gros projet en deux volets, qui mérite au moins la lecture.
A noter ce petit plus apporté par Ki-oon, une couverture en imitation cuir, qui en fait un bel objet dans la bibliothèque, ce qui augmente fatalement le prix : 15 euros.
3.5
Une bonne adaptation d'un roman que je ne connais pas et donc je ne peux pas comparer.
C'est un album que je trouvais sympa sans plus au début (je me disais que c'était juste une autre histoire mettant en vedette un type qui sort de prison et qui veut se venger), mais au fil des pages j'ai trouvé que le scénario était de plus en plus captivant.
Gomont alterne les scènes entre le passé et le présent et contrairement à ce qui se passait dans 'Crématorium', tout est clair et cela ne rend pas le récit inutilement compliqué. C'est un bon polar rempli de rebondissements et de retournements de situation. La psychologie de Clovis est bien exploitée et j'ai même fini pas trouver sa relation avec Césaria touchante. Le dessin de Gomont est excellent.
Un album que je conseille aux amateurs de polars noirs parce que cet album est très noir par moments.
"Disapproved by the comic code authority".
Dès la couverture, "Mutafukaz" donne le ton. A bas les conventions surannées et les formats figés, cette bande dessinée tranche radicalement avec tout ce qui se fait dans la tradition franco-belge et le revendique crânement.
C'est un gros pavé de près de 600 pages, politiquement incorrect, imaginatif, délirant, qui ne ressemble pour ainsi dire à rien de ce que j'ai lu auparavant. Dans ce festival visuel, chaque page cache une trouvaille, chaque scène est un prétexte pour un fourmillement d'idées, ça peut déconcerter au départ car on n'est pas habitué à ce genre de capharnaüm artistique. En effet loin des références franco-belges, c'est une oeuvre qui puise largement son essence dans la contre-culture américaine et la japanimation.
D'ailleurs le protagoniste à la dégaine un peu cartoonesque fait penser à une sorte de Mickey Mouse transposé dans un univers de Hip-Hop et de guerre des gangs. Cet Angelino que l'on retrouve au tout début de l'aventure et qui semble traîner son spleen dans une ville sordide, entre les livraisons de pizzas où il médite sur la nullité de son existence et les soirées à glander au milieu des cafards dans un squat miteux qu'il partage avec son meilleur ami, va faire une rencontre inopinée qui va chambouler l'ordre de sa vie et l'entraîner dans un road trip mouvementé au beau milieu d'une gigantesque insurrection urbaine.
Une intrigue passionnante, riche en analepses et en détours scénaristiques, qui aborde des sujets complexes et fascinants (ingénierie génétique, secrets d'états, manipulation climatique etc) et qui fait la part belle à des personnages tous plus loufoques les uns que les autres. L'auteur a quand même réussi à rendre cohérente une histoire qui regroupe des catcheurs mexicains, des soucoupes volantes, des extraterrestres et des gangs afro-américains ! C'est une série qui prend tout son sens dans sa volonté de non-sens et qui se définit par sa créativité désordonnée, complètement iconoclaste, comme un gros "Fuck You ! " adressé aux normes et à l'uniformité.
Comme si cette oeuvre, trop atypique pour devenir populaire mais trop géniale pour tomber dans l'oubli, se fichait de devoir plaire aux 7ans/77ans car de toute façon, les 7 ans seraient tourneboulés par sa violence assumée et les 77 ans dépassés par sa modernité.
Voilà une série classée en aventure, mais c’est presque trompeur – je l’aurais sans doute davantage vu en inclassable, ou alors en simple roman graphique. Certes, notre héros « voyage » pas mal, d’un épisode à l’autre, de l’Afrique aux Amériques, en passant par les îles anglo-normandes. Certes, la violence est présente, il y a un petit relent policier. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est clairement de l’aventure pépère, subie par un personnage nonchalant, pas vraiment charismatique.
Julien Boisvert subit donc les événements. Mais il subit les femmes aussi, qui font toujours les premiers pas – mais il a du succès ce petit bonhomme pourtant quelconque ! Il faut dire qu’il a subi une mère un peu castratrice, puis des petites vieilles envahissantes avec lesquelles il cohabite au départ de la série. Son clébard – qui l’accompagne partout, semble de prime abord aussi peu dynamique que lui.
Si chaque album peut se lire séparément, chacun dévoile une partie de la personnalité de Julien (avec des flash-back par exemple), qui semble gagner en maturité au fur et à mesure – comme le dessin d’ailleurs. En tout cas le « héros » évolue, même si Boisvert reste jusqu’au bout une sorte de grand enfant un peu immature, ballotté par les événements. Pas de réelle conclusion à la fin de chaque album, ni à la fin de la série, même si l’on devine une stabilisation du bonhomme, avec Molly comme point d’ancrage. Les albums sont en fait de simples « tranches de vie » d’un type ordinaire. Mais c’est plutôt bien fait.
Le dessin de Michel Plessix est plutôt bon – en tout cas je l’ai aimé – avec un trait semi-réaliste (avec des bouilles bien « rondes » !), dynamique, une colorisation un peu « passée », qui donne un rendu à la fois précis (certains décors ont une précision du trait quasi pointilliste) et désuet. Je regrette juste une police trop petite ne facilitant pas toujours la lecture de certains dialogues. Le dossier graphique en fin du quatrième album est beau, et surtout intéressant pour voir le travail de Plessix, mais aussi celui de Dieter : comment on passe d’idées, de crayonnés aux planches définitives. Et l’on découvre aussi qu’au départ les auteurs avaient imaginé Julien comme le héros d’aventures plus comiques.
Une série à redécouvrir.
Note réelle 2,5/5.
Le début du premier tome me faisait craindre un gros délire mystique, comme Jodorowsky sait en balancer dans pas mal de ses séries. Mais en fait non, et ce premier tome inaugure vraiment très bien cette série, dans un bain de violence incroyable – et une petite étrangeté (la queue de Juan Solo).
Les deux albums suivant baissent un peu en qualité je trouve, dans une lente descente d’intérêt qui accompagne la descente aux enfers de Solo, transformé de tueur implacable et sans état d’âme (devenu homme de confiance d’un premier ministre après être sorti d’une décharge !) en un alcoolo soumis à sa mère dans un bled paumé. Je suis quand même surpris par la rapidité et la radicalité de l'évolution de la personnalité de Juan Solo, mais bon...
Je trouve que le quatrième et dernier tome, pourtant bien moins violent, plus apaisé que les autres, avec un retour à une atmosphère mystique chère à Jodo (et aux premières planches de l’album inaugural : la boucle est donc parfaitement bouclée), se révèle vraiment très beau – tout comme le dessin de Bess y atteint son apogée.
Ce dessin de Bess est de toute façon globalement vraiment très bon, avec une colorisation cuivrée elle aussi bien fichue. En tout cas Bess confirme la capacité qu’a Jodo à s’entourer d’excellents dessinateurs, pour mettre en images ses délires !
Une série inégale, mais pleine d’une force sauvage. Il faut quand même supporter l’ambiance glauque qui domine à plusieurs reprises.
Note réelle 3,5/5.
J'ai beaucoup aimé ce manga qui nous raconte les tortures dans un monde imaginaire uchronique mais très inspiré par l'inquisition catholique durant le Moyen-Age en Europe.
C'est une lecture conseillée seulement au plus de 16 ans en raison du caractère assez choquant de certaines scènes où il faudra avoir le coeur bien accroché. Je tenais à le préciser non sans raison. Rien ne nous sera épargné dans les détails les plus sordides !
Le thème principal est la chasse aux sorcières par le pouvoir religieux en place. Le dessinateur parvient également à un niveau de graphisme tout à fait remarquable. Rien à redire sur la qualité du trait qui est magnifique.
Au final, un manga assez original qu'il convient de découvrir non sans être prévenu par la violence et l'horreur.
Mon avis sur ce manga sera franchement positif car il nous permet de découvrir les fonds marins de manière assez bienveillante. C'est vrai qu'on connait assez peu ces créatures qui vivent dans les fonds marins à plusieurs kilomètres du niveau niveau de la mer dans les abysses. Comment font certaines espèces pour survivre par exemple 5 ans sans manger ? Cela nous ferait du bien à nous humains !
Le calmar géant ainsi que le bathynome géant en passant par le requin-lézard ou corbeille de vénus n'auront plus aucun secret pour nous pour peu que l'on s'intérresse à la vie sous-marine. C'est par l'intermédiaire d'un jeune balayeur dans un aquarium situé à 200 mètres sous terre dans la baie de Tokyo que l'on va découvrir le Deep Sea Aquarium qui est un lieu unique au monde où la faune abyssale peut être observée.
C'est parfois une sorte de documentaire mais c'est surtout une aventure humaine hors du commun et parfois fascinante qu'il faut découvrir à travers ce manga. Bienvenue en profonde immersion dans ce nouveau monde qui n'a pas fini de nous étonner !
Mine de rien le Label 619 de chez Ankama est en train de prendre une sacré dimension. Après l'adaptation par un studio japonais de la BD Mutafukaz c'est au tour de cet album de Guillaume Singelin de bénéficier d'une sortie le même jour en France et aux États Unis. Excusez du peu.
Voilà en tout cas encore du tout bon, très bon même.
P.T.S.D. (Post Traumatic Stress Disorder), nous avons tous entendu parler de ce syndrome qui touche les anciens combattants au retour d'une guerre, les empêchant bien souvent de pouvoir vivre une vie normale. Le plus célèbre de ces malades fut sans conteste un certain John Rambo.
Ici nous suivons les pas de Jun ancienne tireuse d'élite dans une guerre imaginaire et qui se retrouve aujourd'hui à la rue, sa seule échappatoire c'est la drogue avec laquelle des dealers asservissent les vétérans comme elle. Pour retrouver peut être une vie normale elle obtient le soutien d'autres vétérans, d'une cuisinière aimable et la compagnie d'un chien.
Pour Jun c'est la difficile reconquête de son intégrité physique et psychique. L'air de rien l'auteur s'attaque à du lourd, il interroge le lecteur sur la notion de résilience, la capacité de Jun à résister face à un monde qui la rejette et à l'effondrement de ses valeurs et raisons de vivre.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur disons que son style est très caractéristique, nous l'avons déjà vu à l’œuvre sur Doggybags et The Grocery. Ici il donne à son héroïne un look enfantin, comme la couverture le montre bien, qui sur le coup peut être déstabilisant mais à mon sens renforce le propos pour au final avec une colorisation très lumineuse qui vient en contre point de l'état mental de Jun et vient nous donner une perspective unique sur les effets de la guerre et sur la façon dont les individus doivent gérer le retour à une vie la plus normale possible.
Un grand Label 619 que je recommande chaudement.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
VilleVermine
De tous les albums primés à Angoulême cette année, cet album est celui qui m'intéressait le plus vu que j'avais lu des bonnes critiques sur internet et que j'aime bien le polar. Ce polar est particulier puisqu'il met en vedette un détective qui a le don de parler aux objets ce qui l'aide beaucoup dans ses enquêtes. Il n'est d'ailleurs pas le seul personnage un peu loufoque du récit. Ce que j'ai aimé est que le ton était tout de même sérieux et que cela marche. On ne tombe pas dans un récit absurde avec un humour lourdingue. Il y a certes un peu d'humour, mais ce qui est surtout mis en avant est une enquête dans une ville un peu malsaine. Le scénario est prenant, le dessin est pas mal et le découpage est excellent. Un polar qui sort un peu de l'ordinaire et qui va plaire aux amateurs du genre. L'album se termine avec un cliffhanger qui me donne envie de lire la suite ! J'espère que ce deuxième tome sera au même niveau que le premier.
Atom Agency
Cette bd est rafraichissante ! Petit je lisais les aventures de l'inspecteur Bayard dans le magazine Astrapi, série que j'adorais et notamment pour le dessin de Schwartz que je trouve très élégant. Alors évidemment, je suis pas très neutre à la lecture, d'où une note à 4/5. Mais tout de même, j'ai eu un vrai plaisir de lecture, j'attends la suite !
Les Montagnes hallucinées (Tanabe)
Une nouvelle adaptation du roman classique de HP Lovecraft, cette fois-ci à la sauce manga. Ma lecture de l'original, et même de son adaptation par Culbard, remontant à quelques années, c'est avec un regard presque neuf que j'ai pu l'aborder... Et l'apprécier. Outre la couverture assez psychédélique de Tanabe, l'intérieur est vraiment bien foutu : l'auteur et adaptateur laisse le temps au récit de s'installer, pose les ambiances, joue sur le gigantisme des paysages et la sidération des personnages... Le contraste entre le noir et le blanc prend une nouvelle dimension ici, avec ces montagnes noires qui sont une menace sourde et terriblement oppressante... Tanabe réussit à mon sens à bien saisir le sens de l'indicible si cher à Lovecraft, même si dans ce premier volet du diptyque on reste un peu sur notre faim, assommés par ces amas de corps, de débris et de glace enchevêtrés. Un seul petit défaut au niveau du graphisme, la totalité ou presque des personnages qui ont des yeux clairs, ce qui gêne un peu à la lecture... Dans le tome 2 le récit se résume à 95% à l'incursion de Dyer et Danforth au sein de la cité inconnue se trouvant au-delà des montagnes noires. Là encore Tanabe prend tout son temps, jouant sur l'ambiance, les contrastes et les designs inquiétants. On va en apprendre nettement plus sur les Anciens, et comprendre un peu mieux les enjeux, même si à la fin du diptyque de nombreuses questions resteront sans réponse... Un gros projet en deux volets, qui mérite au moins la lecture. A noter ce petit plus apporté par Ki-oon, une couverture en imitation cuir, qui en fait un bel objet dans la bibliothèque, ce qui augmente fatalement le prix : 15 euros.
Les Nuits de Saturne
3.5 Une bonne adaptation d'un roman que je ne connais pas et donc je ne peux pas comparer. C'est un album que je trouvais sympa sans plus au début (je me disais que c'était juste une autre histoire mettant en vedette un type qui sort de prison et qui veut se venger), mais au fil des pages j'ai trouvé que le scénario était de plus en plus captivant. Gomont alterne les scènes entre le passé et le présent et contrairement à ce qui se passait dans 'Crématorium', tout est clair et cela ne rend pas le récit inutilement compliqué. C'est un bon polar rempli de rebondissements et de retournements de situation. La psychologie de Clovis est bien exploitée et j'ai même fini pas trouver sa relation avec Césaria touchante. Le dessin de Gomont est excellent. Un album que je conseille aux amateurs de polars noirs parce que cet album est très noir par moments.
Mutafukaz
"Disapproved by the comic code authority". Dès la couverture, "Mutafukaz" donne le ton. A bas les conventions surannées et les formats figés, cette bande dessinée tranche radicalement avec tout ce qui se fait dans la tradition franco-belge et le revendique crânement. C'est un gros pavé de près de 600 pages, politiquement incorrect, imaginatif, délirant, qui ne ressemble pour ainsi dire à rien de ce que j'ai lu auparavant. Dans ce festival visuel, chaque page cache une trouvaille, chaque scène est un prétexte pour un fourmillement d'idées, ça peut déconcerter au départ car on n'est pas habitué à ce genre de capharnaüm artistique. En effet loin des références franco-belges, c'est une oeuvre qui puise largement son essence dans la contre-culture américaine et la japanimation. D'ailleurs le protagoniste à la dégaine un peu cartoonesque fait penser à une sorte de Mickey Mouse transposé dans un univers de Hip-Hop et de guerre des gangs. Cet Angelino que l'on retrouve au tout début de l'aventure et qui semble traîner son spleen dans une ville sordide, entre les livraisons de pizzas où il médite sur la nullité de son existence et les soirées à glander au milieu des cafards dans un squat miteux qu'il partage avec son meilleur ami, va faire une rencontre inopinée qui va chambouler l'ordre de sa vie et l'entraîner dans un road trip mouvementé au beau milieu d'une gigantesque insurrection urbaine. Une intrigue passionnante, riche en analepses et en détours scénaristiques, qui aborde des sujets complexes et fascinants (ingénierie génétique, secrets d'états, manipulation climatique etc) et qui fait la part belle à des personnages tous plus loufoques les uns que les autres. L'auteur a quand même réussi à rendre cohérente une histoire qui regroupe des catcheurs mexicains, des soucoupes volantes, des extraterrestres et des gangs afro-américains ! C'est une série qui prend tout son sens dans sa volonté de non-sens et qui se définit par sa créativité désordonnée, complètement iconoclaste, comme un gros "Fuck You ! " adressé aux normes et à l'uniformité. Comme si cette oeuvre, trop atypique pour devenir populaire mais trop géniale pour tomber dans l'oubli, se fichait de devoir plaire aux 7ans/77ans car de toute façon, les 7 ans seraient tourneboulés par sa violence assumée et les 77 ans dépassés par sa modernité.
Julien Boisvert
Voilà une série classée en aventure, mais c’est presque trompeur – je l’aurais sans doute davantage vu en inclassable, ou alors en simple roman graphique. Certes, notre héros « voyage » pas mal, d’un épisode à l’autre, de l’Afrique aux Amériques, en passant par les îles anglo-normandes. Certes, la violence est présente, il y a un petit relent policier. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est clairement de l’aventure pépère, subie par un personnage nonchalant, pas vraiment charismatique. Julien Boisvert subit donc les événements. Mais il subit les femmes aussi, qui font toujours les premiers pas – mais il a du succès ce petit bonhomme pourtant quelconque ! Il faut dire qu’il a subi une mère un peu castratrice, puis des petites vieilles envahissantes avec lesquelles il cohabite au départ de la série. Son clébard – qui l’accompagne partout, semble de prime abord aussi peu dynamique que lui. Si chaque album peut se lire séparément, chacun dévoile une partie de la personnalité de Julien (avec des flash-back par exemple), qui semble gagner en maturité au fur et à mesure – comme le dessin d’ailleurs. En tout cas le « héros » évolue, même si Boisvert reste jusqu’au bout une sorte de grand enfant un peu immature, ballotté par les événements. Pas de réelle conclusion à la fin de chaque album, ni à la fin de la série, même si l’on devine une stabilisation du bonhomme, avec Molly comme point d’ancrage. Les albums sont en fait de simples « tranches de vie » d’un type ordinaire. Mais c’est plutôt bien fait. Le dessin de Michel Plessix est plutôt bon – en tout cas je l’ai aimé – avec un trait semi-réaliste (avec des bouilles bien « rondes » !), dynamique, une colorisation un peu « passée », qui donne un rendu à la fois précis (certains décors ont une précision du trait quasi pointilliste) et désuet. Je regrette juste une police trop petite ne facilitant pas toujours la lecture de certains dialogues. Le dossier graphique en fin du quatrième album est beau, et surtout intéressant pour voir le travail de Plessix, mais aussi celui de Dieter : comment on passe d’idées, de crayonnés aux planches définitives. Et l’on découvre aussi qu’au départ les auteurs avaient imaginé Julien comme le héros d’aventures plus comiques. Une série à redécouvrir. Note réelle 2,5/5.
Juan Solo
Le début du premier tome me faisait craindre un gros délire mystique, comme Jodorowsky sait en balancer dans pas mal de ses séries. Mais en fait non, et ce premier tome inaugure vraiment très bien cette série, dans un bain de violence incroyable – et une petite étrangeté (la queue de Juan Solo). Les deux albums suivant baissent un peu en qualité je trouve, dans une lente descente d’intérêt qui accompagne la descente aux enfers de Solo, transformé de tueur implacable et sans état d’âme (devenu homme de confiance d’un premier ministre après être sorti d’une décharge !) en un alcoolo soumis à sa mère dans un bled paumé. Je suis quand même surpris par la rapidité et la radicalité de l'évolution de la personnalité de Juan Solo, mais bon... Je trouve que le quatrième et dernier tome, pourtant bien moins violent, plus apaisé que les autres, avec un retour à une atmosphère mystique chère à Jodo (et aux premières planches de l’album inaugural : la boucle est donc parfaitement bouclée), se révèle vraiment très beau – tout comme le dessin de Bess y atteint son apogée. Ce dessin de Bess est de toute façon globalement vraiment très bon, avec une colorisation cuivrée elle aussi bien fichue. En tout cas Bess confirme la capacité qu’a Jodo à s’entourer d’excellents dessinateurs, pour mettre en images ses délires ! Une série inégale, mais pleine d’une force sauvage. Il faut quand même supporter l’ambiance glauque qui domine à plusieurs reprises. Note réelle 3,5/5.
Iron Hammer against the witch
J'ai beaucoup aimé ce manga qui nous raconte les tortures dans un monde imaginaire uchronique mais très inspiré par l'inquisition catholique durant le Moyen-Age en Europe. C'est une lecture conseillée seulement au plus de 16 ans en raison du caractère assez choquant de certaines scènes où il faudra avoir le coeur bien accroché. Je tenais à le préciser non sans raison. Rien ne nous sera épargné dans les détails les plus sordides ! Le thème principal est la chasse aux sorcières par le pouvoir religieux en place. Le dessinateur parvient également à un niveau de graphisme tout à fait remarquable. Rien à redire sur la qualité du trait qui est magnifique. Au final, un manga assez original qu'il convient de découvrir non sans être prévenu par la violence et l'horreur.
Deep Sea Aquarium Magmell
Mon avis sur ce manga sera franchement positif car il nous permet de découvrir les fonds marins de manière assez bienveillante. C'est vrai qu'on connait assez peu ces créatures qui vivent dans les fonds marins à plusieurs kilomètres du niveau niveau de la mer dans les abysses. Comment font certaines espèces pour survivre par exemple 5 ans sans manger ? Cela nous ferait du bien à nous humains ! Le calmar géant ainsi que le bathynome géant en passant par le requin-lézard ou corbeille de vénus n'auront plus aucun secret pour nous pour peu que l'on s'intérresse à la vie sous-marine. C'est par l'intermédiaire d'un jeune balayeur dans un aquarium situé à 200 mètres sous terre dans la baie de Tokyo que l'on va découvrir le Deep Sea Aquarium qui est un lieu unique au monde où la faune abyssale peut être observée. C'est parfois une sorte de documentaire mais c'est surtout une aventure humaine hors du commun et parfois fascinante qu'il faut découvrir à travers ce manga. Bienvenue en profonde immersion dans ce nouveau monde qui n'a pas fini de nous étonner !
P.T.S.D.
Mine de rien le Label 619 de chez Ankama est en train de prendre une sacré dimension. Après l'adaptation par un studio japonais de la BD Mutafukaz c'est au tour de cet album de Guillaume Singelin de bénéficier d'une sortie le même jour en France et aux États Unis. Excusez du peu. Voilà en tout cas encore du tout bon, très bon même. P.T.S.D. (Post Traumatic Stress Disorder), nous avons tous entendu parler de ce syndrome qui touche les anciens combattants au retour d'une guerre, les empêchant bien souvent de pouvoir vivre une vie normale. Le plus célèbre de ces malades fut sans conteste un certain John Rambo. Ici nous suivons les pas de Jun ancienne tireuse d'élite dans une guerre imaginaire et qui se retrouve aujourd'hui à la rue, sa seule échappatoire c'est la drogue avec laquelle des dealers asservissent les vétérans comme elle. Pour retrouver peut être une vie normale elle obtient le soutien d'autres vétérans, d'une cuisinière aimable et la compagnie d'un chien. Pour Jun c'est la difficile reconquête de son intégrité physique et psychique. L'air de rien l'auteur s'attaque à du lourd, il interroge le lecteur sur la notion de résilience, la capacité de Jun à résister face à un monde qui la rejette et à l'effondrement de ses valeurs et raisons de vivre. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur disons que son style est très caractéristique, nous l'avons déjà vu à l’œuvre sur Doggybags et The Grocery. Ici il donne à son héroïne un look enfantin, comme la couverture le montre bien, qui sur le coup peut être déstabilisant mais à mon sens renforce le propos pour au final avec une colorisation très lumineuse qui vient en contre point de l'état mental de Jun et vient nous donner une perspective unique sur les effets de la guerre et sur la façon dont les individus doivent gérer le retour à une vie la plus normale possible. Un grand Label 619 que je recommande chaudement.