J'ai vraiment adoré le premier tome. Le personnage du croque mort est génial et original à souhait. Charismatique, énigmatique, on sent tout de suite qu'il cache des choses qu'on a hâte de découvrir. L'intrigue apporte vent de fraicheur et renouveau au western. Un sans faute pour ce début de série.
Si j'ai aimé la suite, je serais tout de même légèrement moins enthousiaste (au point d'hésiter entre 3 et 4 étoiles). Une fois que notre héros a livré quelques secrets de son passé, il perd un peu de son charme et de son coté original, à mes yeux en tout cas. C'est aussi un peu le cas de l'intrigue dans le second cycle ou lors de son duel-poursuite avec le vilain docteur Jeronimus Quint, on s'évertue à le faire passer pour le vilain méchant qui sème la mort derrière lui. Plus que le terrible ogre au final. On se retrouve dans une histoire de vengeance coute que coute où le "rôle" de croque mort passe au second plan.
Les personnages secondaires sont importants et bien trouvés. Le dessin est vraiment excellent. Et bien sur l'histoire est très plaisante, même si comme indiqué ci dessus, je trouve qu'elle baisse en qualité en livrant ses secrets. Au final Undertaker est un western original et prenant qui apporte son petit quelque chose au genre et qui mérite amplement son succès.
Voilà une série que j’avais vue il y a bien longtemps trainer dans des médiathèques, mais sans que j’aie jamais eu envie de la lire. Il faut dire que la tête du personnage, en couverture du premier tome, avait des airs de dessin au compas, comme « au brouillon » et qu’à l’époque (il y a une trentaine d’années maintenant), le feuilletage de cet album ne m’avait pas séduit.
En le recroisant il y a peu dans ma petite bibliothèque municipale, j’ai fait l’effort d’y retourner, et ai emprunté les trois premiers tomes – les seuls lus pour le moment, mais je pense en lire d’autres (je ne sais pas ce qui est dispo dans ma bibliothèque).
Il faut dire que ce qui m’avait freiné lors de ma première lecture est sans doute ce qui m’a séduit aujourd’hui. Entre temps j’ai muri, et j’ai lu pas mal de romans de Conrad (j’adore cet auteur !). Et c’est vers cet univers que penche cette série, davantage que vers « Corto Maltese ».
En effet, c’est de l’aventure un peu « mollassonne » – quoi que, dès le premier opus (outre Conrad, il m’a fait penser à certains passages du film « La canonnière du Yangstsé », plus qu’à Tintin, cité par plusieurs posteurs : le ton est radicalement différents, et Théodore n’est pas Tintin, même s’il y a plusieurs clins d'œil dans le tome 2 !), on meurt beaucoup, et Théodore Poussin se bat pour sa survie. Mais voilà, en arrière-plan, de la rêverie, de l’éperdue (le mystérieux monsieur Novembre rappelle par ses apparitions que le réel est là – et qu’il est menaçant). De l’aventure au grand large, presque plus pour l’ambiance générale que pour les péripéties qui l’alimentent.
La collection "BD cul" des Requins Marteaux reste assez inégale, il faut l’avouer. Pour ma part, j’avais, dans les 16 autres titres proposés, seulement craqué pour le jubilatoire La Bibite à Bon Dieu de Bouzard et surtout pour l’irrévérencieux Les Melons de la colère de Bastien Vivès.
Bastien Vivès nous offre une nouvelle fois une palette de son talent dans cette collection avec "La Décharge mentale", véritable réponse à "La Charge mentale" d’Emma, une BD qui avait eu les honneurs de l’Express et de l’Obs, dès sa parution. Mais, en l’espèce, cela m’étonnerait que ces mêmes hebdomadaires consacrent un seul article à la nouvelle création de Bastien Vivès, qui ne s’était jamais caché vouloir s'essayer dans l’illustration de BD dites pour adultes.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher de comparer ce dernier opus avec Les Melons de la colère, et niveau dessin, on peut sans hésiter affirmer que Vivès a encore réalisé de sacrés progrès en nous offrant, ici, des personnages plus réalistes… avec des yeux ! Sinon, je ne peux que souligner que son penchant pour les grosses poitrines (surtout avec la très séduisante Isabelle, même si elle ne dévoile sa poitrine que vers la fin) est, pour le lecteur que je suis, assez jubilatoire.
Côté scénario, Vivès nous offre une histoire assez folle, qui pourrait flirter avec les romans d’Esparbec (d’ailleurs Isabelle n’est-elle pas La Pharmacienne, à la base ?). Nous faisons connaissance avec une famille complètement déjantée qui m’a fait un peu penser au roman assez sulfureux d’Anne Serre "Petite table, sois mise !", où Roger, le père de famille, entraîne son ami d’enfance, Michel, dans sa vie intime faite de surprises.
C’est osé (jetez juste un œil à la couverture !), à contre-courant de toute morale mais aussi très drôle et surtout très bien dessiné.
J’ai trouvé cette fable familiale encore plus forte et plus transgressive que Les Melons de la colère.
A réserver à un public très averti, il va sans dire.
C’est une des premières productions de Vanoli – du moins aussi « longue ». L’album date de la même époque que La Comète, que j’avais plutôt aimé.
Ce qui saute aux yeux tout d’abord – et pourra sans doute indisposer certains lecteurs – c’est le style graphique de Vanoli. En tout cas, moi je l’ai bien aimé. Son travail du Noir et Blanc, très expressionniste, s’écartant des canons habituels – jouant sur des à-plats, refusant la perspective classique, usant de plongées et contre-plongées fantaisistes et brinquebalantes, tout ceci m’a réellement séduit.
L’histoire en elle-même n’en est pas vraiment une. En tout cas là aussi on s’affranchit des critères plus communs. De la poésie, une touche d’absurde (un chouia de Kafka quand même dans ce personnage de Contrôleur de Vérité !) et un peu de loufoque, pour une intrigue sans réelle linéarité ni fin, mais qui promène le lecteur au rythme de l’imagination de l’auteur.
A feuilleter avant d’acheter, mais je suis content d’avoir franchi le pas.
note réelle 3,5/5.
J’ai beaucoup aimé la sincérité qui se dégage de cet album. On peut le dire, il sent le vécu, l’émotion primale, celle qui nous force à agir. En l’occurrence, cette émotion que je ressens est certainement celle qui a poussé Jean-Luc Loyer à l’écrire et même si je ne saurai jamais distinguer le vrai du faux (car ce récit est en partie biographique et en partie romancé), j’ai vraiment pris cette histoire pour argent comptant et je sors de cette lecture ému, touché par l’humanité de l’auteur (dans ses interrogations, dans ses actes, dans ses faiblesses).
Jean-Luc Loyer, vous m’avez donné l’envie de vous rencontrer, d’aller boire une pinte avec vous, de discuter de la vie, de vous… de nous, de notre implication, de ce qui nous fait nous.
J’ai aimé le recul pris par l’auteur (qui se met en scène) face à son quotidien. J’ai aimé la manière dont il explique qu’un événement dramatique a irrémédiablement changé sa vie.
J’ai aimé le ton de cet album. Doux amer, dramatique par bien des aspects et pourtant drôle à plus d’une occasion. Les personnages touchent par leurs faiblesses, par leur folie ordinaire (très ordinaire, même). Je me suis senti proche d’eux sans pouvoir me comparer à eux, un peu comme si nous faisions partie d’une même tribu, celle des gens ordinaires.
J’ai aimé le dessin de Jean-Luc Loyer, simple, lisible, capable de transmettre des émotions sans trop en faire. Le côté caricatural du trait est ici au service de l’humour, de l’exubérance des personnages. Mais derrière ces masques, j’ai ressenti leur fragilité. Jean-Luc Loyer a réussi à dessiner une émotion pour nous en montrer une autre, et quelque part, je ne peux m’empêcher de penser que c’est du grand art.
Enfin, j’ai aimé la fin de cet album. Une fin à l’image de l’album : tout en retenue et tellement juste dans les intentions et les émotions transmises.
Après, vous faites ce que vous voulez. Moi, j’ai acheté l’album et je ne le regrette vraiment pas !
Ces aventures de Jeanne Picquigny sont un peu un plaisir coupable que j'ai fait récemment, investissant dans les tomes (sauf le trois que je n'ai pas trouvé) et les lisant dans la foulée. Et je dois dire que je suis très satisfait de ce petit plaisir !
Les aventures de Jeanne Picquigny sont vraiment dans l'esprit de ces romans d'aventure du début du siècle, où l'on explore tous les continents à la recherche de trésors disparus et de secrets bien gardés. C'est tout l'esprit aventuresque ... Mais en mieux !
Là où Fred Bernard en rajoute une touche, c'est dans les personnages : adieu les aventuriers bellâtres, bienvenue aux aventurières hautes en couleur et fonceuses, aux aventuriers alcooliques et aux amours sans censure. Ici, quand on s'aime on couche ensemble (et on le dit). On part à l'aventure derrière madame qui ne se laisse pas faire et se défend jusqu'au bout. Et monsieur sirote son alcool quasiment chaque page (vive la bien-pensance !) en fumant comme un pompier. Et ça fait du bien.
Je ne dirais pas que ces aventures sont les meilleures que j'ai lues de ma vie, mais elles ont un côté rafraichissant, une belle envolée romanesque et on est pris dans leurs aventures mystiques, teintées de fantastique et d'histoire. Les personnages sont vraiment attachants, à commencer par Jeanne, mais toute la tribu qui l'entoure n'est pas en reste. J'ai vraiment apprécié ces petits moments de détente en compagnie de personnages hauts en couleur.
Le dessin est surprenant : je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi bon ! C'est expressif au possible, et bien que l'auteur ne détaille pas les visages, il arrive à transmettre ce qu'il faut d'informations. Les cases sont très lisibles et retranscrivent bien les atmosphères (de la jungle moite aux neiges éternelles). C'est un point que je redoutais un peu, mais force est de constater le travail de Fred Bernard. Qui s'améliore nettement au fur et à mesure des tomes d'ailleurs !
Une bien belle BD, qui fait vraiment plaisir à lire. Je m'attendais à aimer, je n'ai pas du tout été déçu. Si vous aimez les séries d'aventures aux personnages bien écrits, je vous recommande chaudement cette lecture. Ce n'est ni la meilleure ni la plus prenante, mais elle tire largement son épingle du jeu.
A chaque fois qu’une catastrophe naturelle touche un grand nombre de population et fait d’innombrables victimes, il se pose une question essentielle. Pouvez t’on éviter cela ? On ne parle pas des prédicateurs religieux qui nous assènent de moralité concernant notre débauche qui entraine automatiquement la fin du monde. On parle surtout des scientifiques, des vulcanologues qui étudient les éléments de la nature et qui sont le plus à même de donner leur avis.
La ville de Saint-Pierre était la perle des Antilles françaises. C’était la capitale culturelle et économique de la Martinique. Le 8 mai 1902 à savoir le jour de l’Ascension, une nuée ardente d’origine volcanique a tout balayé sur son passage en exterminant tous des habitants soit près de 30.000 personnes. Si une telle chose arrivait actuellement en France, on pleurerait à chaude larme et commémorerait pendant des années car cela serait la catastrophe du siècle. On parle ici de milliers de victimes et non d’une dizaine.
Là encore, les politiciens étaient plus soucieux de l’organisation d’une élection législative que de sauver des milliers de vies alors que cela paraissait évident tant les signes avant-coureurs étaient nombreux. A noter le refus du gouverneur de la Martinique soutenu par son ministère de faire évacuer la ville en assignant des messages rassurants « tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir ! ».
Cette bd va se concentrer sur un survivant peu ordinaire à savoir Cyparis (un ouvrier de 27 ans) qui a survécu douloureusement grâce à sa prison cachot. J’avais entendu parler de cette célèbre histoire mais le temps a fait que les souvenirs se sont peu à peu effacés. Cette bd est là pour rappeler les faits. Il y aura également d’autres personnages avec des destins qui ne seront pas les mêmes. Je pense notamment à la narratrice de ce récit fort bien détaillé mais qui reste très agréable à la lecture. On plonge très facilement dans la Martinique de la belle époque.
A noter que cela a servi de leçons puisque dans les éruptions ultérieures, il y a eu très peu de victimes car on avait pris soin d’évacuer les populations concernées. Il aura fallu payer chèrement le prix. Fort-de-France a également renforcé son statut suite à la disparition de sa rivale. Saint-Pierre est devenu un gros village agricole.
Encore un mot pour féliciter l’auteur dont c’est la première bande dessinée. Réaliser une bd longue aussi bien faite, c’est assez rare de nos jours surtout pour une première. C’est réellement du bon travail avec de très beaux dessins. Il faut encourager ceux qui font de bonnes choses car c’est la promesse de lendemain encore meilleur.
Si l'idée d'un récit mettant en scène un homme qui se réveille sans savoir ce qu'il a fait de sa journée précédente, comme si quelqu'un d'autre avait vécu dans son corps à sa place, n'est pas foncièrement originale, elle a été poussée jusqu'au bout de la réflexion dans cette bande dessinée belle et assez forte en émotions.
En effet, le héros y est confronté à un phénomène fantastique étonnant : quelqu'un prend possession de son corps un jour sur deux. Et ce quelqu'un est prêt au dialogue avec lui, par l'interposition de vidéos enregistrées sur ordinateur, car il ne sait pas plus que le héros pourquoi ce phénomène a lieu, et surtout il n'a pas lui-même de souvenir d'une vie antérieure donc il ne sait pas s'il est une sorte de parasite ou quoi. Le héros est un acrobate, artiste dans l'âme et vivant avec des amis qui lui ressemblent. L'autre, celui qui vit dans son corps la moitié du temps, est bien plus matérialiste et rigoureux. Leurs ambitions sont presque à l'opposée l'un de l'autre. Comment vivre ainsi avec un autre qui vit une vie allant à l'inverse de la sienne un jour sur deux et ce sans que rien ne promette que ça s'arrête un jour ? Quelle vie professionnelle, de famille ou amoureuse peut-on avoir dans ces conditions ? Et que se passerait-il si les choses empiraient avec le temps ?
L'histoire est bien menée, intéressante et soutenue par un dessin très agréable. Les planches sont belles et épurées. Le trait est clair, dynamique et maîtrisé, avec parfois de petites touches qui rappellent les influences du manga, notamment par exemple dans le visage de l'ami magicien du héros. Le travail sur les couleurs est également très réussi et donne une ambiance visuelle bien personnelle à l'album.
Si le scénario rappelle un peu le concept du film animé Your Name, il s'en détache à partir de la moitié de l'album. Et ce qui ressemblait à une routine étrange mais monotone commence à tourner au drame psychologique. L'intrigue amène alors à la réflexion sur des concepts tels que le temps qui passe, l'identité, la notion d'amitié et d'amour, et surtout sur la valeur de la vie et de sa perte quand on ne peut pas la vivre en même temps que ceux qu'on aime.
Sur la fin de l'album arrive une révélation qui fait assez mal quand on s'est finalement attaché au héros. Elle a su me toucher car j'appréhendais avec lui la perte de ces jours et finalement de sa vie quasiment entière. Et quand on ne voit sa vie que par ses yeux à lui, apprendre ce qu'il apprend à ce moment là fait de la peine.
Plus le temps de son récit passait et plus j'ai été ému par cette bande dessinée qui finit par mêler beauté et tristesse, jusqu'à une conclusion qui rappellera un peu celle d'un certain film de Terry Gilliam, avec à peine moins d'amertume et de fatalisme.
Contrairement à d’autres, c’est le travail d’Hérenguel qui m’intéresse davantage que celui de Dorison.
Ma réserve quant à son achat dénote de mon appréciation globale mais s’explique de la manière suivante : On se trouve devant un premier cycle qui doit en appeler d’autres. Comme la suite se fait attendre, je n’en conseille pas l’acquisition pour le moment. Par contre, l’ancrage de l’odyssée d’Ulysse à une période charnière de l’histoire naissante des USA est une idée intéressante et plutôt bien exploitée finalement. Le travail narratif, de qualité, souffre peu la critique. Le suspense et l’action sont au rendez-vous et mis en images par le trait nerveux et expressif d’Hérenguel. Malgré un petit côté brouillon, je trouve la lisibilité des planches satisfaisante.
Bref, une bonne entrée en la matière mais qui, en l’état, reste un peu vaine.
A noter que si suite il y a, elle se fera sans Herenguel.
3.5
Je précise que Ditko a dessiné toutes les histoires de ce recueil et qu'il s'occupait des scénarios, mais pas des dialogues ce qui explique le collectif sur la fiche (j'étais trop paresseux pour inclure tous les dialoguistes).
Commençons cet avis avec un peu d'histoire: Charlton Comics était un éditeur de comics américain qui a duré quelques décennies avant d'être racheté dans les années 80 par DC Comics qui a intégré les super-héros de Charlton dans leurs univers (tout d'abord en indiquant qu'ils vivaient sur Terre-4 et ensuite en faisant fusionner cet terre avec celle des super-héros DC Comics durant Crisis on Infinite Earths).
D'ailleurs ces super-héros étaient censés être les vedettes d'une histoire écrite par Alan Moore, mais DC a préféré que cette histoire mette en vedettes des nouveaux personnages après qu'ils aient vu ce qu'Alan Moore avait prévu de faire avec les personnages de Charlton Comics. Du coup on a eu droit à 'Watchmen' où les personnages sont basés sur ceux de Charlton Comics. Ici on retrouve Captain Atom, Nightshade, Blue Beetle et la Question qui ont servi de bases pour Dr Manhattan, Spectre Soyeux, le Hibou et Rorschach et si on adore Watchmen comme moi, c'est assez rigolo de comparer les personnages avec leurs modèles.
Cette intégrale reprend le travail de Steve Ditko chez cet éditeur durant les années 60-70 (quoique je suis pratiquement certains que toutes les histoires publiées dans les années 70 étaient produites dans les années 60 et n'ont juste pas été publiées parce que les séries de super-héros de Charlton n'avaient pas trop marché à l'époque). Il continue les aventures de Captain Atom, crée un second Blue Beetle, crée la Question et Nightshade ainsi que des personnages secondaires et des méchants.
J'aime bien le dessin de Ditko et j'étais impatient de lire cet album. Après lecture, je trouve que globalement c'est bon, mais certaines histoires sont moyennes. Je préviens que pour aimer il faut comme moi ne pas trop être allergique aux vieux comics. On retrouve la naïveté de l'époque et des tics comme le héros parle tout seul (mention spécial pour lorsque Captain Atom dit qu'il a perdu ses pouvoirs et du coup les méchants l’apprennent et le capture....Il est un peu con Atom).
Les meilleures histoires sont celles de Blue Beetle. On a des intrigues qui se suivent à chaque histoire et la situation évolue rapidement pour une série qui n'a connu que quelques histoires. De plus Ditko fait des trucs qui étaient révolutionnaires pour l'époque. Par exemple, un truc chiant dans les comics c'est lorsque le méchant capture le héros et ne pense même pas à le démasquer. Et ben ici les méchants essaient de démasquer Blue Beetle et il a fait en sorte que son masque reste coller sauf si on fait une certaine action que lui seul connait. Dommage que la série s'est arrêté avant que Ditko finisse une des sous-intrigues de la série.
Les histoires de Captain Atom sont pas mal non plus même si le personnage lui même n'est pas intéressant. J'ai préféré les autres personnages dont un duo de clowns méchants qui m'a fait penser au Joker et à Harley Quinn (personnage qui n'a été introduite que des décennies plus tard).
Les histoires de la Question sont les moins intéressantes de la série. Déjà hormis une histoire les récits le mettant en vedette sont courtes, mais aussi parce que le héros sert de propagande politique pour Ditko qui était fan d'objectivisme, la philosophie développée par Ayn Rand. Déjà que je ne suis pas fan d'elle, mais en plus il n'y a aucune subtilité dans le scénario. Ainsi la Question est un être droit dans un monde de corrompus et les gens sont des moutons qui ne font que suivre la majorité alors que la Question ne suit que son jugement et il a toujours raison. Franchement sa seule histoire longue est pratiquement 25 pages sur pourquoi l'objectivisme c'est bien. Et encore le personnage reste soft comparé à un autre personnage de Ditko créé ensuite, Mr A qui a aussi servi de base pour Rorschach (il y a tout de même un récit qui se termine avec la Question qui laisse des vilains mourir). Le personnage sera beaucoup plus intéressant par la suite lorsqu'il sera utilisé par d'autres auteurs.
A noter que la seule histoire de Blue Beetle que je n'ai pas aimée est aussi à cause des opinions politiques peu subtiles de Ditko (d'ailleurs la Question apparaît) sur l'art contemporain. Je n'ai aucun problème à ce qu'un auteur mette ses opinions politiques dans ses histoires, mais là non seulement je n’adhère pas au discours, mais c'est totalement manichéen et ça m'énerve ! D'ailleurs on peut retrouver de l'objectivisme dans Spider-Man et c'est fait de manière plus subtile.
Bref, tout ça pour dire que c'est un album à lire pour les fans de Steve Ditko et de vieux comics, mais il y a quelques défauts.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Undertaker
J'ai vraiment adoré le premier tome. Le personnage du croque mort est génial et original à souhait. Charismatique, énigmatique, on sent tout de suite qu'il cache des choses qu'on a hâte de découvrir. L'intrigue apporte vent de fraicheur et renouveau au western. Un sans faute pour ce début de série. Si j'ai aimé la suite, je serais tout de même légèrement moins enthousiaste (au point d'hésiter entre 3 et 4 étoiles). Une fois que notre héros a livré quelques secrets de son passé, il perd un peu de son charme et de son coté original, à mes yeux en tout cas. C'est aussi un peu le cas de l'intrigue dans le second cycle ou lors de son duel-poursuite avec le vilain docteur Jeronimus Quint, on s'évertue à le faire passer pour le vilain méchant qui sème la mort derrière lui. Plus que le terrible ogre au final. On se retrouve dans une histoire de vengeance coute que coute où le "rôle" de croque mort passe au second plan. Les personnages secondaires sont importants et bien trouvés. Le dessin est vraiment excellent. Et bien sur l'histoire est très plaisante, même si comme indiqué ci dessus, je trouve qu'elle baisse en qualité en livrant ses secrets. Au final Undertaker est un western original et prenant qui apporte son petit quelque chose au genre et qui mérite amplement son succès.
Théodore Poussin
Voilà une série que j’avais vue il y a bien longtemps trainer dans des médiathèques, mais sans que j’aie jamais eu envie de la lire. Il faut dire que la tête du personnage, en couverture du premier tome, avait des airs de dessin au compas, comme « au brouillon » et qu’à l’époque (il y a une trentaine d’années maintenant), le feuilletage de cet album ne m’avait pas séduit. En le recroisant il y a peu dans ma petite bibliothèque municipale, j’ai fait l’effort d’y retourner, et ai emprunté les trois premiers tomes – les seuls lus pour le moment, mais je pense en lire d’autres (je ne sais pas ce qui est dispo dans ma bibliothèque). Il faut dire que ce qui m’avait freiné lors de ma première lecture est sans doute ce qui m’a séduit aujourd’hui. Entre temps j’ai muri, et j’ai lu pas mal de romans de Conrad (j’adore cet auteur !). Et c’est vers cet univers que penche cette série, davantage que vers « Corto Maltese ». En effet, c’est de l’aventure un peu « mollassonne » – quoi que, dès le premier opus (outre Conrad, il m’a fait penser à certains passages du film « La canonnière du Yangstsé », plus qu’à Tintin, cité par plusieurs posteurs : le ton est radicalement différents, et Théodore n’est pas Tintin, même s’il y a plusieurs clins d'œil dans le tome 2 !), on meurt beaucoup, et Théodore Poussin se bat pour sa survie. Mais voilà, en arrière-plan, de la rêverie, de l’éperdue (le mystérieux monsieur Novembre rappelle par ses apparitions que le réel est là – et qu’il est menaçant). De l’aventure au grand large, presque plus pour l’ambiance générale que pour les péripéties qui l’alimentent.
La Décharge mentale
La collection "BD cul" des Requins Marteaux reste assez inégale, il faut l’avouer. Pour ma part, j’avais, dans les 16 autres titres proposés, seulement craqué pour le jubilatoire La Bibite à Bon Dieu de Bouzard et surtout pour l’irrévérencieux Les Melons de la colère de Bastien Vivès. Bastien Vivès nous offre une nouvelle fois une palette de son talent dans cette collection avec "La Décharge mentale", véritable réponse à "La Charge mentale" d’Emma, une BD qui avait eu les honneurs de l’Express et de l’Obs, dès sa parution. Mais, en l’espèce, cela m’étonnerait que ces mêmes hebdomadaires consacrent un seul article à la nouvelle création de Bastien Vivès, qui ne s’était jamais caché vouloir s'essayer dans l’illustration de BD dites pour adultes. Bien sûr, on ne peut s’empêcher de comparer ce dernier opus avec Les Melons de la colère, et niveau dessin, on peut sans hésiter affirmer que Vivès a encore réalisé de sacrés progrès en nous offrant, ici, des personnages plus réalistes… avec des yeux ! Sinon, je ne peux que souligner que son penchant pour les grosses poitrines (surtout avec la très séduisante Isabelle, même si elle ne dévoile sa poitrine que vers la fin) est, pour le lecteur que je suis, assez jubilatoire. Côté scénario, Vivès nous offre une histoire assez folle, qui pourrait flirter avec les romans d’Esparbec (d’ailleurs Isabelle n’est-elle pas La Pharmacienne, à la base ?). Nous faisons connaissance avec une famille complètement déjantée qui m’a fait un peu penser au roman assez sulfureux d’Anne Serre "Petite table, sois mise !", où Roger, le père de famille, entraîne son ami d’enfance, Michel, dans sa vie intime faite de surprises. C’est osé (jetez juste un œil à la couverture !), à contre-courant de toute morale mais aussi très drôle et surtout très bien dessiné. J’ai trouvé cette fable familiale encore plus forte et plus transgressive que Les Melons de la colère. A réserver à un public très averti, il va sans dire.
Le Contrôleur de Vérité
C’est une des premières productions de Vanoli – du moins aussi « longue ». L’album date de la même époque que La Comète, que j’avais plutôt aimé. Ce qui saute aux yeux tout d’abord – et pourra sans doute indisposer certains lecteurs – c’est le style graphique de Vanoli. En tout cas, moi je l’ai bien aimé. Son travail du Noir et Blanc, très expressionniste, s’écartant des canons habituels – jouant sur des à-plats, refusant la perspective classique, usant de plongées et contre-plongées fantaisistes et brinquebalantes, tout ceci m’a réellement séduit. L’histoire en elle-même n’en est pas vraiment une. En tout cas là aussi on s’affranchit des critères plus communs. De la poésie, une touche d’absurde (un chouia de Kafka quand même dans ce personnage de Contrôleur de Vérité !) et un peu de loufoque, pour une intrigue sans réelle linéarité ni fin, mais qui promène le lecteur au rythme de l’imagination de l’auteur. A feuilleter avant d’acheter, mais je suis content d’avoir franchi le pas. note réelle 3,5/5.
Cintré(e)
J’ai beaucoup aimé la sincérité qui se dégage de cet album. On peut le dire, il sent le vécu, l’émotion primale, celle qui nous force à agir. En l’occurrence, cette émotion que je ressens est certainement celle qui a poussé Jean-Luc Loyer à l’écrire et même si je ne saurai jamais distinguer le vrai du faux (car ce récit est en partie biographique et en partie romancé), j’ai vraiment pris cette histoire pour argent comptant et je sors de cette lecture ému, touché par l’humanité de l’auteur (dans ses interrogations, dans ses actes, dans ses faiblesses). Jean-Luc Loyer, vous m’avez donné l’envie de vous rencontrer, d’aller boire une pinte avec vous, de discuter de la vie, de vous… de nous, de notre implication, de ce qui nous fait nous. J’ai aimé le recul pris par l’auteur (qui se met en scène) face à son quotidien. J’ai aimé la manière dont il explique qu’un événement dramatique a irrémédiablement changé sa vie. J’ai aimé le ton de cet album. Doux amer, dramatique par bien des aspects et pourtant drôle à plus d’une occasion. Les personnages touchent par leurs faiblesses, par leur folie ordinaire (très ordinaire, même). Je me suis senti proche d’eux sans pouvoir me comparer à eux, un peu comme si nous faisions partie d’une même tribu, celle des gens ordinaires. J’ai aimé le dessin de Jean-Luc Loyer, simple, lisible, capable de transmettre des émotions sans trop en faire. Le côté caricatural du trait est ici au service de l’humour, de l’exubérance des personnages. Mais derrière ces masques, j’ai ressenti leur fragilité. Jean-Luc Loyer a réussi à dessiner une émotion pour nous en montrer une autre, et quelque part, je ne peux m’empêcher de penser que c’est du grand art. Enfin, j’ai aimé la fin de cet album. Une fin à l’image de l’album : tout en retenue et tellement juste dans les intentions et les émotions transmises. Après, vous faites ce que vous voulez. Moi, j’ai acheté l’album et je ne le regrette vraiment pas !
Une Aventure de Jeanne Picquigny
Ces aventures de Jeanne Picquigny sont un peu un plaisir coupable que j'ai fait récemment, investissant dans les tomes (sauf le trois que je n'ai pas trouvé) et les lisant dans la foulée. Et je dois dire que je suis très satisfait de ce petit plaisir ! Les aventures de Jeanne Picquigny sont vraiment dans l'esprit de ces romans d'aventure du début du siècle, où l'on explore tous les continents à la recherche de trésors disparus et de secrets bien gardés. C'est tout l'esprit aventuresque ... Mais en mieux ! Là où Fred Bernard en rajoute une touche, c'est dans les personnages : adieu les aventuriers bellâtres, bienvenue aux aventurières hautes en couleur et fonceuses, aux aventuriers alcooliques et aux amours sans censure. Ici, quand on s'aime on couche ensemble (et on le dit). On part à l'aventure derrière madame qui ne se laisse pas faire et se défend jusqu'au bout. Et monsieur sirote son alcool quasiment chaque page (vive la bien-pensance !) en fumant comme un pompier. Et ça fait du bien. Je ne dirais pas que ces aventures sont les meilleures que j'ai lues de ma vie, mais elles ont un côté rafraichissant, une belle envolée romanesque et on est pris dans leurs aventures mystiques, teintées de fantastique et d'histoire. Les personnages sont vraiment attachants, à commencer par Jeanne, mais toute la tribu qui l'entoure n'est pas en reste. J'ai vraiment apprécié ces petits moments de détente en compagnie de personnages hauts en couleur. Le dessin est surprenant : je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi bon ! C'est expressif au possible, et bien que l'auteur ne détaille pas les visages, il arrive à transmettre ce qu'il faut d'informations. Les cases sont très lisibles et retranscrivent bien les atmosphères (de la jungle moite aux neiges éternelles). C'est un point que je redoutais un peu, mais force est de constater le travail de Fred Bernard. Qui s'améliore nettement au fur et à mesure des tomes d'ailleurs ! Une bien belle BD, qui fait vraiment plaisir à lire. Je m'attendais à aimer, je n'ai pas du tout été déçu. Si vous aimez les séries d'aventures aux personnages bien écrits, je vous recommande chaudement cette lecture. Ce n'est ni la meilleure ni la plus prenante, mais elle tire largement son épingle du jeu.
Cyparis - Le Prisonnier de Saint-Pierre
A chaque fois qu’une catastrophe naturelle touche un grand nombre de population et fait d’innombrables victimes, il se pose une question essentielle. Pouvez t’on éviter cela ? On ne parle pas des prédicateurs religieux qui nous assènent de moralité concernant notre débauche qui entraine automatiquement la fin du monde. On parle surtout des scientifiques, des vulcanologues qui étudient les éléments de la nature et qui sont le plus à même de donner leur avis. La ville de Saint-Pierre était la perle des Antilles françaises. C’était la capitale culturelle et économique de la Martinique. Le 8 mai 1902 à savoir le jour de l’Ascension, une nuée ardente d’origine volcanique a tout balayé sur son passage en exterminant tous des habitants soit près de 30.000 personnes. Si une telle chose arrivait actuellement en France, on pleurerait à chaude larme et commémorerait pendant des années car cela serait la catastrophe du siècle. On parle ici de milliers de victimes et non d’une dizaine. Là encore, les politiciens étaient plus soucieux de l’organisation d’une élection législative que de sauver des milliers de vies alors que cela paraissait évident tant les signes avant-coureurs étaient nombreux. A noter le refus du gouverneur de la Martinique soutenu par son ministère de faire évacuer la ville en assignant des messages rassurants « tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir ! ». Cette bd va se concentrer sur un survivant peu ordinaire à savoir Cyparis (un ouvrier de 27 ans) qui a survécu douloureusement grâce à sa prison cachot. J’avais entendu parler de cette célèbre histoire mais le temps a fait que les souvenirs se sont peu à peu effacés. Cette bd est là pour rappeler les faits. Il y aura également d’autres personnages avec des destins qui ne seront pas les mêmes. Je pense notamment à la narratrice de ce récit fort bien détaillé mais qui reste très agréable à la lecture. On plonge très facilement dans la Martinique de la belle époque. A noter que cela a servi de leçons puisque dans les éruptions ultérieures, il y a eu très peu de victimes car on avait pris soin d’évacuer les populations concernées. Il aura fallu payer chèrement le prix. Fort-de-France a également renforcé son statut suite à la disparition de sa rivale. Saint-Pierre est devenu un gros village agricole. Encore un mot pour féliciter l’auteur dont c’est la première bande dessinée. Réaliser une bd longue aussi bien faite, c’est assez rare de nos jours surtout pour une première. C’est réellement du bon travail avec de très beaux dessins. Il faut encourager ceux qui font de bonnes choses car c’est la promesse de lendemain encore meilleur.
Ces jours qui disparaissent
Si l'idée d'un récit mettant en scène un homme qui se réveille sans savoir ce qu'il a fait de sa journée précédente, comme si quelqu'un d'autre avait vécu dans son corps à sa place, n'est pas foncièrement originale, elle a été poussée jusqu'au bout de la réflexion dans cette bande dessinée belle et assez forte en émotions. En effet, le héros y est confronté à un phénomène fantastique étonnant : quelqu'un prend possession de son corps un jour sur deux. Et ce quelqu'un est prêt au dialogue avec lui, par l'interposition de vidéos enregistrées sur ordinateur, car il ne sait pas plus que le héros pourquoi ce phénomène a lieu, et surtout il n'a pas lui-même de souvenir d'une vie antérieure donc il ne sait pas s'il est une sorte de parasite ou quoi. Le héros est un acrobate, artiste dans l'âme et vivant avec des amis qui lui ressemblent. L'autre, celui qui vit dans son corps la moitié du temps, est bien plus matérialiste et rigoureux. Leurs ambitions sont presque à l'opposée l'un de l'autre. Comment vivre ainsi avec un autre qui vit une vie allant à l'inverse de la sienne un jour sur deux et ce sans que rien ne promette que ça s'arrête un jour ? Quelle vie professionnelle, de famille ou amoureuse peut-on avoir dans ces conditions ? Et que se passerait-il si les choses empiraient avec le temps ? L'histoire est bien menée, intéressante et soutenue par un dessin très agréable. Les planches sont belles et épurées. Le trait est clair, dynamique et maîtrisé, avec parfois de petites touches qui rappellent les influences du manga, notamment par exemple dans le visage de l'ami magicien du héros. Le travail sur les couleurs est également très réussi et donne une ambiance visuelle bien personnelle à l'album. Si le scénario rappelle un peu le concept du film animé Your Name, il s'en détache à partir de la moitié de l'album. Et ce qui ressemblait à une routine étrange mais monotone commence à tourner au drame psychologique. L'intrigue amène alors à la réflexion sur des concepts tels que le temps qui passe, l'identité, la notion d'amitié et d'amour, et surtout sur la valeur de la vie et de sa perte quand on ne peut pas la vivre en même temps que ceux qu'on aime. Sur la fin de l'album arrive une révélation qui fait assez mal quand on s'est finalement attaché au héros. Elle a su me toucher car j'appréhendais avec lui la perte de ces jours et finalement de sa vie quasiment entière. Et quand on ne voit sa vie que par ses yeux à lui, apprendre ce qu'il apprend à ce moment là fait de la peine. Plus le temps de son récit passait et plus j'ai été ému par cette bande dessinée qui finit par mêler beauté et tristesse, jusqu'à une conclusion qui rappellera un peu celle d'un certain film de Terry Gilliam, avec à peine moins d'amertume et de fatalisme.
Ulysse 1781
Contrairement à d’autres, c’est le travail d’Hérenguel qui m’intéresse davantage que celui de Dorison. Ma réserve quant à son achat dénote de mon appréciation globale mais s’explique de la manière suivante : On se trouve devant un premier cycle qui doit en appeler d’autres. Comme la suite se fait attendre, je n’en conseille pas l’acquisition pour le moment. Par contre, l’ancrage de l’odyssée d’Ulysse à une période charnière de l’histoire naissante des USA est une idée intéressante et plutôt bien exploitée finalement. Le travail narratif, de qualité, souffre peu la critique. Le suspense et l’action sont au rendez-vous et mis en images par le trait nerveux et expressif d’Hérenguel. Malgré un petit côté brouillon, je trouve la lisibilité des planches satisfaisante. Bref, une bonne entrée en la matière mais qui, en l’état, reste un peu vaine. A noter que si suite il y a, elle se fera sans Herenguel.
Les Gardiens de Terre-4
3.5 Je précise que Ditko a dessiné toutes les histoires de ce recueil et qu'il s'occupait des scénarios, mais pas des dialogues ce qui explique le collectif sur la fiche (j'étais trop paresseux pour inclure tous les dialoguistes). Commençons cet avis avec un peu d'histoire: Charlton Comics était un éditeur de comics américain qui a duré quelques décennies avant d'être racheté dans les années 80 par DC Comics qui a intégré les super-héros de Charlton dans leurs univers (tout d'abord en indiquant qu'ils vivaient sur Terre-4 et ensuite en faisant fusionner cet terre avec celle des super-héros DC Comics durant Crisis on Infinite Earths). D'ailleurs ces super-héros étaient censés être les vedettes d'une histoire écrite par Alan Moore, mais DC a préféré que cette histoire mette en vedettes des nouveaux personnages après qu'ils aient vu ce qu'Alan Moore avait prévu de faire avec les personnages de Charlton Comics. Du coup on a eu droit à 'Watchmen' où les personnages sont basés sur ceux de Charlton Comics. Ici on retrouve Captain Atom, Nightshade, Blue Beetle et la Question qui ont servi de bases pour Dr Manhattan, Spectre Soyeux, le Hibou et Rorschach et si on adore Watchmen comme moi, c'est assez rigolo de comparer les personnages avec leurs modèles. Cette intégrale reprend le travail de Steve Ditko chez cet éditeur durant les années 60-70 (quoique je suis pratiquement certains que toutes les histoires publiées dans les années 70 étaient produites dans les années 60 et n'ont juste pas été publiées parce que les séries de super-héros de Charlton n'avaient pas trop marché à l'époque). Il continue les aventures de Captain Atom, crée un second Blue Beetle, crée la Question et Nightshade ainsi que des personnages secondaires et des méchants. J'aime bien le dessin de Ditko et j'étais impatient de lire cet album. Après lecture, je trouve que globalement c'est bon, mais certaines histoires sont moyennes. Je préviens que pour aimer il faut comme moi ne pas trop être allergique aux vieux comics. On retrouve la naïveté de l'époque et des tics comme le héros parle tout seul (mention spécial pour lorsque Captain Atom dit qu'il a perdu ses pouvoirs et du coup les méchants l’apprennent et le capture....Il est un peu con Atom). Les meilleures histoires sont celles de Blue Beetle. On a des intrigues qui se suivent à chaque histoire et la situation évolue rapidement pour une série qui n'a connu que quelques histoires. De plus Ditko fait des trucs qui étaient révolutionnaires pour l'époque. Par exemple, un truc chiant dans les comics c'est lorsque le méchant capture le héros et ne pense même pas à le démasquer. Et ben ici les méchants essaient de démasquer Blue Beetle et il a fait en sorte que son masque reste coller sauf si on fait une certaine action que lui seul connait. Dommage que la série s'est arrêté avant que Ditko finisse une des sous-intrigues de la série. Les histoires de Captain Atom sont pas mal non plus même si le personnage lui même n'est pas intéressant. J'ai préféré les autres personnages dont un duo de clowns méchants qui m'a fait penser au Joker et à Harley Quinn (personnage qui n'a été introduite que des décennies plus tard). Les histoires de la Question sont les moins intéressantes de la série. Déjà hormis une histoire les récits le mettant en vedette sont courtes, mais aussi parce que le héros sert de propagande politique pour Ditko qui était fan d'objectivisme, la philosophie développée par Ayn Rand. Déjà que je ne suis pas fan d'elle, mais en plus il n'y a aucune subtilité dans le scénario. Ainsi la Question est un être droit dans un monde de corrompus et les gens sont des moutons qui ne font que suivre la majorité alors que la Question ne suit que son jugement et il a toujours raison. Franchement sa seule histoire longue est pratiquement 25 pages sur pourquoi l'objectivisme c'est bien. Et encore le personnage reste soft comparé à un autre personnage de Ditko créé ensuite, Mr A qui a aussi servi de base pour Rorschach (il y a tout de même un récit qui se termine avec la Question qui laisse des vilains mourir). Le personnage sera beaucoup plus intéressant par la suite lorsqu'il sera utilisé par d'autres auteurs. A noter que la seule histoire de Blue Beetle que je n'ai pas aimée est aussi à cause des opinions politiques peu subtiles de Ditko (d'ailleurs la Question apparaît) sur l'art contemporain. Je n'ai aucun problème à ce qu'un auteur mette ses opinions politiques dans ses histoires, mais là non seulement je n’adhère pas au discours, mais c'est totalement manichéen et ça m'énerve ! D'ailleurs on peut retrouver de l'objectivisme dans Spider-Man et c'est fait de manière plus subtile. Bref, tout ça pour dire que c'est un album à lire pour les fans de Steve Ditko et de vieux comics, mais il y a quelques défauts.