3.5
Je précise que Ditko a dessiné toutes les histoires de ce recueil et qu'il s'occupait des scénarios, mais pas des dialogues ce qui explique le collectif sur la fiche (j'étais trop paresseux pour inclure tous les dialoguistes).
Commençons cet avis avec un peu d'histoire: Charlton Comics était un éditeur de comics américain qui a duré quelques décennies avant d'être racheté dans les années 80 par DC Comics qui a intégré les super-héros de Charlton dans leurs univers (tout d'abord en indiquant qu'ils vivaient sur Terre-4 et ensuite en faisant fusionner cet terre avec celle des super-héros DC Comics durant Crisis on Infinite Earths).
D'ailleurs ces super-héros étaient censés être les vedettes d'une histoire écrite par Alan Moore, mais DC a préféré que cette histoire mette en vedettes des nouveaux personnages après qu'ils aient vu ce qu'Alan Moore avait prévu de faire avec les personnages de Charlton Comics. Du coup on a eu droit à 'Watchmen' où les personnages sont basés sur ceux de Charlton Comics. Ici on retrouve Captain Atom, Nightshade, Blue Beetle et la Question qui ont servi de bases pour Dr Manhattan, Spectre Soyeux, le Hibou et Rorschach et si on adore Watchmen comme moi, c'est assez rigolo de comparer les personnages avec leurs modèles.
Cette intégrale reprend le travail de Steve Ditko chez cet éditeur durant les années 60-70 (quoique je suis pratiquement certains que toutes les histoires publiées dans les années 70 étaient produites dans les années 60 et n'ont juste pas été publiées parce que les séries de super-héros de Charlton n'avaient pas trop marché à l'époque). Il continue les aventures de Captain Atom, crée un second Blue Beetle, crée la Question et Nightshade ainsi que des personnages secondaires et des méchants.
J'aime bien le dessin de Ditko et j'étais impatient de lire cet album. Après lecture, je trouve que globalement c'est bon, mais certaines histoires sont moyennes. Je préviens que pour aimer il faut comme moi ne pas trop être allergique aux vieux comics. On retrouve la naïveté de l'époque et des tics comme le héros parle tout seul (mention spécial pour lorsque Captain Atom dit qu'il a perdu ses pouvoirs et du coup les méchants l’apprennent et le capture....Il est un peu con Atom).
Les meilleures histoires sont celles de Blue Beetle. On a des intrigues qui se suivent à chaque histoire et la situation évolue rapidement pour une série qui n'a connu que quelques histoires. De plus Ditko fait des trucs qui étaient révolutionnaires pour l'époque. Par exemple, un truc chiant dans les comics c'est lorsque le méchant capture le héros et ne pense même pas à le démasquer. Et ben ici les méchants essaient de démasquer Blue Beetle et il a fait en sorte que son masque reste coller sauf si on fait une certaine action que lui seul connait. Dommage que la série s'est arrêté avant que Ditko finisse une des sous-intrigues de la série.
Les histoires de Captain Atom sont pas mal non plus même si le personnage lui même n'est pas intéressant. J'ai préféré les autres personnages dont un duo de clowns méchants qui m'a fait penser au Joker et à Harley Quinn (personnage qui n'a été introduite que des décennies plus tard).
Les histoires de la Question sont les moins intéressantes de la série. Déjà hormis une histoire les récits le mettant en vedette sont courtes, mais aussi parce que le héros sert de propagande politique pour Ditko qui était fan d'objectivisme, la philosophie développée par Ayn Rand. Déjà que je ne suis pas fan d'elle, mais en plus il n'y a aucune subtilité dans le scénario. Ainsi la Question est un être droit dans un monde de corrompus et les gens sont des moutons qui ne font que suivre la majorité alors que la Question ne suit que son jugement et il a toujours raison. Franchement sa seule histoire longue est pratiquement 25 pages sur pourquoi l'objectivisme c'est bien. Et encore le personnage reste soft comparé à un autre personnage de Ditko créé ensuite, Mr A qui a aussi servi de base pour Rorschach (il y a tout de même un récit qui se termine avec la Question qui laisse des vilains mourir). Le personnage sera beaucoup plus intéressant par la suite lorsqu'il sera utilisé par d'autres auteurs.
A noter que la seule histoire de Blue Beetle que je n'ai pas aimée est aussi à cause des opinions politiques peu subtiles de Ditko (d'ailleurs la Question apparaît) sur l'art contemporain. Je n'ai aucun problème à ce qu'un auteur mette ses opinions politiques dans ses histoires, mais là non seulement je n’adhère pas au discours, mais c'est totalement manichéen et ça m'énerve ! D'ailleurs on peut retrouver de l'objectivisme dans Spider-Man et c'est fait de manière plus subtile.
Bref, tout ça pour dire que c'est un album à lire pour les fans de Steve Ditko et de vieux comics, mais il y a quelques défauts.
Voilà un ouvrage comme seuls les éditeurs « indés » peuvent nous en proposer : une histoire sans histoire où il ne se passe pour ainsi dire rien, aucun événement notable, aucun rebondissement, que tchi vous dis-je… L’action (si l’on peut dire) se déroule dans une sorte de banlieue anglaise sans intérêt, faite d’entrepôts hideux et de petits pavillons grisâtres collés les uns aux autres, l’environnement parfait pour susciter la joie de vivre ! Et pour compléter le tableau, Sam, le personnage principal, qui a échoué dans ses trois cursus universitaires et sort de dépression, vient trouver refuge chez sa mère. Affublé d’un physique de grande courge apathique qui semble accablée par ses bras et jambes interminables, Sam n’a qu’un projet : trouver un travail « dont il ignore tout et qui ne lui dit rien », toutes ses tentatives pour obtenir un job passionnant et/ou lucratif s’étant soldées par des échecs retentissants… C’est ainsi qu’il va trouver le « salut » en étant recruté par le lointain cousin d’un père qui a déserté le foyer lorsqu’il n’avait que quinze ans. L’entreprise, on ne sait pas bien ce qu’elle vend au juste, peut-être des tuyaux ou des ventilos pour assainir l’air des boîtes environnantes. D’ailleurs Keith Nutt, le boss, ne semble pas en savoir beaucoup plus, mais là n’est pas l’important… notre quinquagénaire bedonnant passe le plus clair de son temps dans son Audi A4 « left-hand drive »…
Quant à Sam, la partie essentielle de son boulot consiste à écouter Keith lui raconter sa vie, et ses responsabilités accrues le verront successivement prendre le volant de la berline allemande de son boss et s’occuper de son toutou au regard tout doux, un « Cavalier King Charles Spaniel »… c’est ce qu’on appelle du challenge !
Dessin atypique, narration atypique… si ce roman graphique hyper-réaliste peut au premier abord laisser dubitatif, il finit par embarquer le lecteur à son insu dans ses méandres, ceux d’une réalité des plus ordinaires. Car sous l’œil de Joff Winterhart, ces arrêts sur image des vains va-et-vient de Keith Nutt, accompagné de son confident malgré lui, le jeune Sam, prennent une dimension intrigante et subtilement cocasse, parfois incongrue. Le dessin, pas forcément abouti, reste pourtant détaillé et fait ressortir chez son auteur un sens de l’observation pour le moins développé, avec un trait semi-réaliste au crayonné, axé sur les personnages et leurs aspérités physiques, rarement rendus sous un jour avantageux il faut bien le dire. On n’est pas sur du noir et blanc mais plutôt sur un bleu foncé monochrome, et les couleurs existent même si elles sont rares, comme cela semble aller de soi dans une région de l’Angleterre minée par la crise.
Ce qui importe, chez Joff Winterhart, ce sont visiblement les gens et rien d’autre, le scénario et ses enjeux largement relégués au second plan. Toute l’« histoire » tourne in fine autour de ces deux êtres que tout sépare et dont rien ne pouvait laisser présager qu’ils partageraient un jour des moments communs. Et pourtant, de ce malentendu naît une sorte de connivence, tandis que Sam, dans le rôle du narrateur empathique, comprend de mieux en mieux son patron à force d’être à ses côtés, un homme rondouillard et court sur pattes qui s’efforce de garder son masque de virilité, mais se révèle finalement assez faible et n’en devient que plus touchant, égaré dans sa routine insipide et ses « courtes distances », ses blessures et ses petites névroses…
Elu meilleur roman graphique de l’année 2017 par The Guardian, cet album révèle chez son auteur un talent certain de portraitiste. Un moment de lecture sympathique à l’humour discret et inattendu, empreint d’une ironie douce-amère dépourvue de méchanceté, car il ne fait guère de doute que Joff Winterhart est un vrai altruiste possédant cet art de transformer les infimes détails d’un quotidien en tranches de vie singulières…
3.5
C'est le premier manga de cette mangaka que je ne connaissais pas que je lis et j'ai bien envie de mieux connaitre son oeuvre.
On a droit à une jeune femme qui se fait engager comme secrétaire et son supérieur se trouve être son ancien domestique du temps où sa famille était riche et il veut encore être son serviteur ! C'est vraiment le genre de série romantique que je peux lire avec amusement parce que j'aime bien le couple et j'ai bien envie de voir ce qu'il va leur arriver. Évidemment, il y a des clichés (on dirait qu'un nouveau rival arrive de nulle part pratiquement à chaque tome), mais c'est tellement bien fait que cela ne me dérange pas.
Un truc que j'ai trouvé intéressant c'est que même si Dômoto veut être le serviteur de Chôko, il y a plusieurs fois où il est dominant. Il y a un genre de jeu de rôle entre les deux où le rapport dominant/dominé varie selon les scènes et c'est un truc que j'aime bien. Leurs relations évoluent au fil des tomes et comme c'est un manga pour jeunes femmes, on retrouve un peu d'érotisme et on est loin des mangas pour public adolescent où les couples ont de la difficulté à s'avouer leurs sentiments et à s'embrasser durant des dizaines de tomes.
Il y a un bon mélange d'humour et de drame même si parfois il y a un peu trop d'humour dans certaines situations. Parfois on dirait que c'est pas grave que l’héroïne se fait harceler sexuellement. Le dessin est pas mal.
J’ai beaucoup aimé cette BD qui nous plonge bien dans l’ambiance médiévale. Outre l’utilisation d’une langue française qui semble d’époque, cette BD reflète bien les mœurs du moment où la force régnait en maître. On se plaint parfois de la justice et de la violence actuelles mais cela n’a rien à voir avec ce qui se passait au Moyen-Âge.
Jean-Charles Kraehn nous raconte une histoire dure mais très plausible. Cependant, il n’est pas étonnant que cela ait été un échec commercial car la violence des situations et les scènes sexuelles ne permettent pas de mettre ces albums dans toutes les mains alors que les amateurs d’érotisme se tourneront vraisemblablement vers des histoires moins réalistes et plus explicites.
Ce travail d’une très grande qualité n’a donc pas pu être un succès faute d’un public suffisant. Dommage car on aurait aimé connaître la suite des aventures du chevalier Foulques, de Petitus, de dame Aurimonde et du jeune Angebault dont les destins semblent prendre des chemins si différents que l’on se demande comment l’auteur aurait fait pour qu’ils convergent à nouveau.
Je mets 4/5 et non la note maximale parce que la série est abandonnée.
Aviser cette série n’a rien d’évident.
D’un côté une base scénaristique incroyablement fouillée et un dessin riche et précis.
De l’autre, un format bd pas forcément adapté à une fresque aussi ambitieuse...
On pourrait reprocher aux auteurs : l’absence d’un véritable héros, une histoire non linéaire entre chaque tome, une colorisation « sépia » donnant des planches belles individuellement mais une ambiance monotone entre les différents lieux, différentes cultures...
La présence de multiples bonus m’a plutôt ravi mais cela renforce le fait que le média bd n’est pas adapté à une histoire aussi fourmillante de détails.
Il y a un côté Tolkien dans la subcréation... mais celui-ci était écrivain et illustrateur, il n’a jamais fait de bd.
Je mets 4* car il est évident que tant le scénario que le dessin font l’objet d’un énorme travail de la part des auteurs, j’ai été plus d’une fois émerveillé par certaines scènes... mais je comprends tout autant le raisonnement de dire que pour une bd ça manque de fluidité.
Je suis conquis par cette BD, et je lui discerne un coup de cœur sans la moindre hésitation. Et dire que je me tâtais à lire cette BD, refroidis par cette couverture annonçant un énieme carnet de voyage de la part d'un auteur type "jeune paumé" en route vers un endroit qu'il ne connait pas.
Quelle image faussé n'avais-je alors pas ! Si la couverture ne laisse rien présager de l'ensemble, nous avons le droit à un récit documentaire de qualité et servi avec un certain brio !
Autant le dire, il faut s'accrocher un peu pour rentrer dans cette histoire et arriver à suivre l'auteur, qui a une petite tendance à l'épanchement verbeux, mais également avec le dessin et la construction des pages. Mais une fois passé quelques pages, on rentre dans le style et l'histoire. Attention cependant, ça reste une BD qu'il faut prendre le temps de lire. Prévoyez de la disponibilité cérébrale, il y a de quoi faire !
Ce qui m'a captivé, c'est à la fois le ton de l'auteur, à mi-chemin entre l'humour de son personnage et le documentaire précis de ce qu'il a vu. C'est particulièrement prenant car on se sent transporté avec lui dans ces péripéties en territoire kurde. Le dessin aide particulièrement, avec un dynamisme et une lisibilité parfaite. Tout est très reconnaissable, avec plusieurs petites touches d'humour dans les personnages.
Mais ce ton rendu léger reste très grave. Là-bas, c'est la guerre, et c'est pas rigolo. Zerocalcare arrive à nous faire passer tout la gravité de ce qui se trame dans cette région du monde. Il y a plusieurs moments poignants voir même émouvants, bien que l'auteur ne se prenne jamais toute l'horreur d'une guerre en face. Cependant il fait comprendre ce qui se joue, ce qui se passe et également ce qu'il ressent.
Là où l'auteur m'a réellement convaincu, c'est que souvent ce genre de documentaire se limite à ce que le dessinateur à vécu dans le pays, ou alors tente maladroitement de faire un petit topo sur la situation. Ici, Zerocalcare arrive à faire à la fois un carnet de voyage, mais également un état des lieux bien complet. Les interviews sont très diverses et rendent assez bien compte de toute la complexité des choses, idées renforcée par ce que dit l'auteur (notamment les fois où il précise que ce qu'il a vu n'est pas la réalité objective de tout ce qui existe). Plusieurs fois il prend le temps d'expliquer les points de détails ou de rajouter des précisions importantes. Le nombre de pages et l'abondance de textes permettent de bien développer les différents points. Et de nous sortir des phrases bien senties.
J'ai bien senti à travers la BD la charge que l'auteur a contre la Turquie d'Erdogan (et comme il le souligne à la fin, les Turques ne sont pas leur gouvernement), tout autant que toute la réserve qu'il a envers les Kurdes malgré l'accumulation de points en leur faveur. On pourrait y voir un développement très (trop) favorables à ces derniers, mais je dois reconnaitre que dans toute la complexité de cette situation géopolitique, ils représentent une bonne partie des valeurs morales qu'on voudrait défendre.
Cette BD est vraiment le genre de documentaire que j'aime lire. Déjà parce qu'elle est extrêmement instructive, mais également parce qu'elle met en lumière beaucoup de ce qui se passe dans notre monde actuel. Et qu'elle ne nous épargne pas, nous autres européens qui regardons le moyen-orient de loin. Il y a des cases (voir des pages) qui prennent à la gorge lorsqu'on se rend compte de ce qu'il se passe. Et se rappeler que c'est la guerre, et ce que c'est que la guerre, c'est parfois une bonne chose. On rigole un peu en lisant cette BD, et pour une fois je trouve ça salutaire. Parce que cette BD est très dure, mais très bien faite. Un gros coup de cœur pour cette découverte qui a vraiment toutes les qualités.
Le Baron noir, c'est simple et efficace : des gags courts, des dessins et décors efficaces, et une satyre de la société croustillante et finalement très fine. Le baron noir, aigle de son état, surplombe et dominé les moutons, soutenus (passivement) par les autres animaux moins vulnérables, comme l'éléphant. Et que dire des rhinocéros policiers, grands adeptes de la "bavure".
Bref, de l'humour noir et acéré qui fait mouche à tous les coups. Le type d'album à avoir chez soi et à feuilleter de temps en temps pour retrouver (ou pas) le moral. Car c'est pas optimiste de fou quand même.
Un peu difficile à trouver, mais pas impossible, il existe une compilation que j'ai personnellement trouvée d'occasion.
J’ai lu les deux tomes, mais j’ai trouvé le second plutôt dispensable. Mon conseil d’achat ne vaut donc que pour le premier, où l’humour fonctionne mieux sur des histoires courtes, généralement de quatre cases (une page). C’est en tout cas le seul que j’ai acheté.
Bon, c’est sûr, le dessin est moche (volontairement semble-t-il, car Tronchet a fait nettement mieux ailleurs), avec des personnages nus et bedonnants. L’humour n’est vraiment pas fin, c’est même parfois débile…
Oui, mais voilà, c’est généralement assez drôle. L’humour con, un peu noir, de Tronchet est souvent jouissif. Il revisite certains passages obligés de la geste christique, avec une bonne dose de dérision, voire de cynisme.
Bref, c’est con, mais c’est bon, donc, pourquoi ne pas jeter plus qu’un coup d’œil sur ce défouloir de potache ?
Note réelle 3,5/5.
Ce récit est un peu l’histoire de Robinson … sauf qu’ils étaient 80, que c’étaient des esclaves et que leur île était particulièrement inhospitalière (petite, 1 km² environ, quasi sans relief et sans arbre et avec très peu d’eau potable). Bref, l’enfer.
Et pourtant, des hommes et surtout des femmes y ont survécu de longues années.
Le récit croisé du naufrage et de la mission scientifique (qui, 250 ans plus tard, tente de retrouver des traces des naufragés) est très intéressant. Sylvain Savoia alterne bien les deux parties du récit en adaptant son style graphique. Certes, l’histoire est assez peu mouvementée - à part le naufrage initial – mais l’intérêt de cet album réside plus dans le témoignage et la recherche historique que dans l’action.
Certaines longueurs du récit sont nécessaires pour bien apprécier la situation vécue par ces naufragés et, dans une moindre mesure, pour l’équipe archéologique du XXIème siècle. Tout au long de la lecture, on ne peut s’empêcher de se transporter sur cet îlot perdu de l’océan Indien en se posant mille questions sur la façon dont les naufragés ont dû s’organiser pour survivre tant physiquement, que socialement ou psychologiquement.
La partie documentaire n’est pas sans rappeler les magnifiques albums d’Emmanuel Lepage.
Album à recommander vivement tant pour des raisons historiques que comme preuve de l’esprit de lucre qui mène à se comporter d’une manière ignominieuse. Malheureusement, à ce point de vue, le monde ne semble pas avoir beaucoup changé en 250 ans.
Je me retrouve dans les autres avis… « La Tristesse de l'éléphant » débute comme une histoire d’amour classique, naïve (voire mièvre) et à ce titre se rapproche plutôt du genre « conte pour enfant »… pourtant la vie étant ce qu’elle est, l’histoire prend un tournant beaucoup plus sombre sur la deuxième moitié de l’album, avec un dénouement que j’ai trouvé très joli.
Le dessin de Nina Jacqmin est très réussi, le style « crayons de couleur » colle parfaitement au ton de l’histoire, et les touches de bleu et surtout de rouge ajoutent vraiment du cachet à l’ensemble.
Un chouette moment de lecture…
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Les Gardiens de Terre-4
3.5 Je précise que Ditko a dessiné toutes les histoires de ce recueil et qu'il s'occupait des scénarios, mais pas des dialogues ce qui explique le collectif sur la fiche (j'étais trop paresseux pour inclure tous les dialoguistes). Commençons cet avis avec un peu d'histoire: Charlton Comics était un éditeur de comics américain qui a duré quelques décennies avant d'être racheté dans les années 80 par DC Comics qui a intégré les super-héros de Charlton dans leurs univers (tout d'abord en indiquant qu'ils vivaient sur Terre-4 et ensuite en faisant fusionner cet terre avec celle des super-héros DC Comics durant Crisis on Infinite Earths). D'ailleurs ces super-héros étaient censés être les vedettes d'une histoire écrite par Alan Moore, mais DC a préféré que cette histoire mette en vedettes des nouveaux personnages après qu'ils aient vu ce qu'Alan Moore avait prévu de faire avec les personnages de Charlton Comics. Du coup on a eu droit à 'Watchmen' où les personnages sont basés sur ceux de Charlton Comics. Ici on retrouve Captain Atom, Nightshade, Blue Beetle et la Question qui ont servi de bases pour Dr Manhattan, Spectre Soyeux, le Hibou et Rorschach et si on adore Watchmen comme moi, c'est assez rigolo de comparer les personnages avec leurs modèles. Cette intégrale reprend le travail de Steve Ditko chez cet éditeur durant les années 60-70 (quoique je suis pratiquement certains que toutes les histoires publiées dans les années 70 étaient produites dans les années 60 et n'ont juste pas été publiées parce que les séries de super-héros de Charlton n'avaient pas trop marché à l'époque). Il continue les aventures de Captain Atom, crée un second Blue Beetle, crée la Question et Nightshade ainsi que des personnages secondaires et des méchants. J'aime bien le dessin de Ditko et j'étais impatient de lire cet album. Après lecture, je trouve que globalement c'est bon, mais certaines histoires sont moyennes. Je préviens que pour aimer il faut comme moi ne pas trop être allergique aux vieux comics. On retrouve la naïveté de l'époque et des tics comme le héros parle tout seul (mention spécial pour lorsque Captain Atom dit qu'il a perdu ses pouvoirs et du coup les méchants l’apprennent et le capture....Il est un peu con Atom). Les meilleures histoires sont celles de Blue Beetle. On a des intrigues qui se suivent à chaque histoire et la situation évolue rapidement pour une série qui n'a connu que quelques histoires. De plus Ditko fait des trucs qui étaient révolutionnaires pour l'époque. Par exemple, un truc chiant dans les comics c'est lorsque le méchant capture le héros et ne pense même pas à le démasquer. Et ben ici les méchants essaient de démasquer Blue Beetle et il a fait en sorte que son masque reste coller sauf si on fait une certaine action que lui seul connait. Dommage que la série s'est arrêté avant que Ditko finisse une des sous-intrigues de la série. Les histoires de Captain Atom sont pas mal non plus même si le personnage lui même n'est pas intéressant. J'ai préféré les autres personnages dont un duo de clowns méchants qui m'a fait penser au Joker et à Harley Quinn (personnage qui n'a été introduite que des décennies plus tard). Les histoires de la Question sont les moins intéressantes de la série. Déjà hormis une histoire les récits le mettant en vedette sont courtes, mais aussi parce que le héros sert de propagande politique pour Ditko qui était fan d'objectivisme, la philosophie développée par Ayn Rand. Déjà que je ne suis pas fan d'elle, mais en plus il n'y a aucune subtilité dans le scénario. Ainsi la Question est un être droit dans un monde de corrompus et les gens sont des moutons qui ne font que suivre la majorité alors que la Question ne suit que son jugement et il a toujours raison. Franchement sa seule histoire longue est pratiquement 25 pages sur pourquoi l'objectivisme c'est bien. Et encore le personnage reste soft comparé à un autre personnage de Ditko créé ensuite, Mr A qui a aussi servi de base pour Rorschach (il y a tout de même un récit qui se termine avec la Question qui laisse des vilains mourir). Le personnage sera beaucoup plus intéressant par la suite lorsqu'il sera utilisé par d'autres auteurs. A noter que la seule histoire de Blue Beetle que je n'ai pas aimée est aussi à cause des opinions politiques peu subtiles de Ditko (d'ailleurs la Question apparaît) sur l'art contemporain. Je n'ai aucun problème à ce qu'un auteur mette ses opinions politiques dans ses histoires, mais là non seulement je n’adhère pas au discours, mais c'est totalement manichéen et ça m'énerve ! D'ailleurs on peut retrouver de l'objectivisme dans Spider-Man et c'est fait de manière plus subtile. Bref, tout ça pour dire que c'est un album à lire pour les fans de Steve Ditko et de vieux comics, mais il y a quelques défauts.
Courtes Distances
Voilà un ouvrage comme seuls les éditeurs « indés » peuvent nous en proposer : une histoire sans histoire où il ne se passe pour ainsi dire rien, aucun événement notable, aucun rebondissement, que tchi vous dis-je… L’action (si l’on peut dire) se déroule dans une sorte de banlieue anglaise sans intérêt, faite d’entrepôts hideux et de petits pavillons grisâtres collés les uns aux autres, l’environnement parfait pour susciter la joie de vivre ! Et pour compléter le tableau, Sam, le personnage principal, qui a échoué dans ses trois cursus universitaires et sort de dépression, vient trouver refuge chez sa mère. Affublé d’un physique de grande courge apathique qui semble accablée par ses bras et jambes interminables, Sam n’a qu’un projet : trouver un travail « dont il ignore tout et qui ne lui dit rien », toutes ses tentatives pour obtenir un job passionnant et/ou lucratif s’étant soldées par des échecs retentissants… C’est ainsi qu’il va trouver le « salut » en étant recruté par le lointain cousin d’un père qui a déserté le foyer lorsqu’il n’avait que quinze ans. L’entreprise, on ne sait pas bien ce qu’elle vend au juste, peut-être des tuyaux ou des ventilos pour assainir l’air des boîtes environnantes. D’ailleurs Keith Nutt, le boss, ne semble pas en savoir beaucoup plus, mais là n’est pas l’important… notre quinquagénaire bedonnant passe le plus clair de son temps dans son Audi A4 « left-hand drive »… Quant à Sam, la partie essentielle de son boulot consiste à écouter Keith lui raconter sa vie, et ses responsabilités accrues le verront successivement prendre le volant de la berline allemande de son boss et s’occuper de son toutou au regard tout doux, un « Cavalier King Charles Spaniel »… c’est ce qu’on appelle du challenge ! Dessin atypique, narration atypique… si ce roman graphique hyper-réaliste peut au premier abord laisser dubitatif, il finit par embarquer le lecteur à son insu dans ses méandres, ceux d’une réalité des plus ordinaires. Car sous l’œil de Joff Winterhart, ces arrêts sur image des vains va-et-vient de Keith Nutt, accompagné de son confident malgré lui, le jeune Sam, prennent une dimension intrigante et subtilement cocasse, parfois incongrue. Le dessin, pas forcément abouti, reste pourtant détaillé et fait ressortir chez son auteur un sens de l’observation pour le moins développé, avec un trait semi-réaliste au crayonné, axé sur les personnages et leurs aspérités physiques, rarement rendus sous un jour avantageux il faut bien le dire. On n’est pas sur du noir et blanc mais plutôt sur un bleu foncé monochrome, et les couleurs existent même si elles sont rares, comme cela semble aller de soi dans une région de l’Angleterre minée par la crise. Ce qui importe, chez Joff Winterhart, ce sont visiblement les gens et rien d’autre, le scénario et ses enjeux largement relégués au second plan. Toute l’« histoire » tourne in fine autour de ces deux êtres que tout sépare et dont rien ne pouvait laisser présager qu’ils partageraient un jour des moments communs. Et pourtant, de ce malentendu naît une sorte de connivence, tandis que Sam, dans le rôle du narrateur empathique, comprend de mieux en mieux son patron à force d’être à ses côtés, un homme rondouillard et court sur pattes qui s’efforce de garder son masque de virilité, mais se révèle finalement assez faible et n’en devient que plus touchant, égaré dans sa routine insipide et ses « courtes distances », ses blessures et ses petites névroses… Elu meilleur roman graphique de l’année 2017 par The Guardian, cet album révèle chez son auteur un talent certain de portraitiste. Un moment de lecture sympathique à l’humour discret et inattendu, empreint d’une ironie douce-amère dépourvue de méchanceté, car il ne fait guère de doute que Joff Winterhart est un vrai altruiste possédant cet art de transformer les infimes détails d’un quotidien en tranches de vie singulières…
Ma Petite Maîtresse
3.5 C'est le premier manga de cette mangaka que je ne connaissais pas que je lis et j'ai bien envie de mieux connaitre son oeuvre. On a droit à une jeune femme qui se fait engager comme secrétaire et son supérieur se trouve être son ancien domestique du temps où sa famille était riche et il veut encore être son serviteur ! C'est vraiment le genre de série romantique que je peux lire avec amusement parce que j'aime bien le couple et j'ai bien envie de voir ce qu'il va leur arriver. Évidemment, il y a des clichés (on dirait qu'un nouveau rival arrive de nulle part pratiquement à chaque tome), mais c'est tellement bien fait que cela ne me dérange pas. Un truc que j'ai trouvé intéressant c'est que même si Dômoto veut être le serviteur de Chôko, il y a plusieurs fois où il est dominant. Il y a un genre de jeu de rôle entre les deux où le rapport dominant/dominé varie selon les scènes et c'est un truc que j'aime bien. Leurs relations évoluent au fil des tomes et comme c'est un manga pour jeunes femmes, on retrouve un peu d'érotisme et on est loin des mangas pour public adolescent où les couples ont de la difficulté à s'avouer leurs sentiments et à s'embrasser durant des dizaines de tomes. Il y a un bon mélange d'humour et de drame même si parfois il y a un peu trop d'humour dans certaines situations. Parfois on dirait que c'est pas grave que l’héroïne se fait harceler sexuellement. Le dessin est pas mal.
Le Ruistre
J’ai beaucoup aimé cette BD qui nous plonge bien dans l’ambiance médiévale. Outre l’utilisation d’une langue française qui semble d’époque, cette BD reflète bien les mœurs du moment où la force régnait en maître. On se plaint parfois de la justice et de la violence actuelles mais cela n’a rien à voir avec ce qui se passait au Moyen-Âge. Jean-Charles Kraehn nous raconte une histoire dure mais très plausible. Cependant, il n’est pas étonnant que cela ait été un échec commercial car la violence des situations et les scènes sexuelles ne permettent pas de mettre ces albums dans toutes les mains alors que les amateurs d’érotisme se tourneront vraisemblablement vers des histoires moins réalistes et plus explicites. Ce travail d’une très grande qualité n’a donc pas pu être un succès faute d’un public suffisant. Dommage car on aurait aimé connaître la suite des aventures du chevalier Foulques, de Petitus, de dame Aurimonde et du jeune Angebault dont les destins semblent prendre des chemins si différents que l’on se demande comment l’auteur aurait fait pour qu’ils convergent à nouveau. Je mets 4/5 et non la note maximale parce que la série est abandonnée.
Servitude
Aviser cette série n’a rien d’évident. D’un côté une base scénaristique incroyablement fouillée et un dessin riche et précis. De l’autre, un format bd pas forcément adapté à une fresque aussi ambitieuse... On pourrait reprocher aux auteurs : l’absence d’un véritable héros, une histoire non linéaire entre chaque tome, une colorisation « sépia » donnant des planches belles individuellement mais une ambiance monotone entre les différents lieux, différentes cultures... La présence de multiples bonus m’a plutôt ravi mais cela renforce le fait que le média bd n’est pas adapté à une histoire aussi fourmillante de détails. Il y a un côté Tolkien dans la subcréation... mais celui-ci était écrivain et illustrateur, il n’a jamais fait de bd. Je mets 4* car il est évident que tant le scénario que le dessin font l’objet d’un énorme travail de la part des auteurs, j’ai été plus d’une fois émerveillé par certaines scènes... mais je comprends tout autant le raisonnement de dire que pour une bd ça manque de fluidité.
Kobane Calling
Je suis conquis par cette BD, et je lui discerne un coup de cœur sans la moindre hésitation. Et dire que je me tâtais à lire cette BD, refroidis par cette couverture annonçant un énieme carnet de voyage de la part d'un auteur type "jeune paumé" en route vers un endroit qu'il ne connait pas. Quelle image faussé n'avais-je alors pas ! Si la couverture ne laisse rien présager de l'ensemble, nous avons le droit à un récit documentaire de qualité et servi avec un certain brio ! Autant le dire, il faut s'accrocher un peu pour rentrer dans cette histoire et arriver à suivre l'auteur, qui a une petite tendance à l'épanchement verbeux, mais également avec le dessin et la construction des pages. Mais une fois passé quelques pages, on rentre dans le style et l'histoire. Attention cependant, ça reste une BD qu'il faut prendre le temps de lire. Prévoyez de la disponibilité cérébrale, il y a de quoi faire ! Ce qui m'a captivé, c'est à la fois le ton de l'auteur, à mi-chemin entre l'humour de son personnage et le documentaire précis de ce qu'il a vu. C'est particulièrement prenant car on se sent transporté avec lui dans ces péripéties en territoire kurde. Le dessin aide particulièrement, avec un dynamisme et une lisibilité parfaite. Tout est très reconnaissable, avec plusieurs petites touches d'humour dans les personnages. Mais ce ton rendu léger reste très grave. Là-bas, c'est la guerre, et c'est pas rigolo. Zerocalcare arrive à nous faire passer tout la gravité de ce qui se trame dans cette région du monde. Il y a plusieurs moments poignants voir même émouvants, bien que l'auteur ne se prenne jamais toute l'horreur d'une guerre en face. Cependant il fait comprendre ce qui se joue, ce qui se passe et également ce qu'il ressent. Là où l'auteur m'a réellement convaincu, c'est que souvent ce genre de documentaire se limite à ce que le dessinateur à vécu dans le pays, ou alors tente maladroitement de faire un petit topo sur la situation. Ici, Zerocalcare arrive à faire à la fois un carnet de voyage, mais également un état des lieux bien complet. Les interviews sont très diverses et rendent assez bien compte de toute la complexité des choses, idées renforcée par ce que dit l'auteur (notamment les fois où il précise que ce qu'il a vu n'est pas la réalité objective de tout ce qui existe). Plusieurs fois il prend le temps d'expliquer les points de détails ou de rajouter des précisions importantes. Le nombre de pages et l'abondance de textes permettent de bien développer les différents points. Et de nous sortir des phrases bien senties. J'ai bien senti à travers la BD la charge que l'auteur a contre la Turquie d'Erdogan (et comme il le souligne à la fin, les Turques ne sont pas leur gouvernement), tout autant que toute la réserve qu'il a envers les Kurdes malgré l'accumulation de points en leur faveur. On pourrait y voir un développement très (trop) favorables à ces derniers, mais je dois reconnaitre que dans toute la complexité de cette situation géopolitique, ils représentent une bonne partie des valeurs morales qu'on voudrait défendre. Cette BD est vraiment le genre de documentaire que j'aime lire. Déjà parce qu'elle est extrêmement instructive, mais également parce qu'elle met en lumière beaucoup de ce qui se passe dans notre monde actuel. Et qu'elle ne nous épargne pas, nous autres européens qui regardons le moyen-orient de loin. Il y a des cases (voir des pages) qui prennent à la gorge lorsqu'on se rend compte de ce qu'il se passe. Et se rappeler que c'est la guerre, et ce que c'est que la guerre, c'est parfois une bonne chose. On rigole un peu en lisant cette BD, et pour une fois je trouve ça salutaire. Parce que cette BD est très dure, mais très bien faite. Un gros coup de cœur pour cette découverte qui a vraiment toutes les qualités.
Le Baron Noir
Le Baron noir, c'est simple et efficace : des gags courts, des dessins et décors efficaces, et une satyre de la société croustillante et finalement très fine. Le baron noir, aigle de son état, surplombe et dominé les moutons, soutenus (passivement) par les autres animaux moins vulnérables, comme l'éléphant. Et que dire des rhinocéros policiers, grands adeptes de la "bavure". Bref, de l'humour noir et acéré qui fait mouche à tous les coups. Le type d'album à avoir chez soi et à feuilleter de temps en temps pour retrouver (ou pas) le moral. Car c'est pas optimiste de fou quand même. Un peu difficile à trouver, mais pas impossible, il existe une compilation que j'ai personnellement trouvée d'occasion.
Sacré Jésus !
J’ai lu les deux tomes, mais j’ai trouvé le second plutôt dispensable. Mon conseil d’achat ne vaut donc que pour le premier, où l’humour fonctionne mieux sur des histoires courtes, généralement de quatre cases (une page). C’est en tout cas le seul que j’ai acheté. Bon, c’est sûr, le dessin est moche (volontairement semble-t-il, car Tronchet a fait nettement mieux ailleurs), avec des personnages nus et bedonnants. L’humour n’est vraiment pas fin, c’est même parfois débile… Oui, mais voilà, c’est généralement assez drôle. L’humour con, un peu noir, de Tronchet est souvent jouissif. Il revisite certains passages obligés de la geste christique, avec une bonne dose de dérision, voire de cynisme. Bref, c’est con, mais c’est bon, donc, pourquoi ne pas jeter plus qu’un coup d’œil sur ce défouloir de potache ? Note réelle 3,5/5.
Les Esclaves oubliés de Tromelin
Ce récit est un peu l’histoire de Robinson … sauf qu’ils étaient 80, que c’étaient des esclaves et que leur île était particulièrement inhospitalière (petite, 1 km² environ, quasi sans relief et sans arbre et avec très peu d’eau potable). Bref, l’enfer. Et pourtant, des hommes et surtout des femmes y ont survécu de longues années. Le récit croisé du naufrage et de la mission scientifique (qui, 250 ans plus tard, tente de retrouver des traces des naufragés) est très intéressant. Sylvain Savoia alterne bien les deux parties du récit en adaptant son style graphique. Certes, l’histoire est assez peu mouvementée - à part le naufrage initial – mais l’intérêt de cet album réside plus dans le témoignage et la recherche historique que dans l’action. Certaines longueurs du récit sont nécessaires pour bien apprécier la situation vécue par ces naufragés et, dans une moindre mesure, pour l’équipe archéologique du XXIème siècle. Tout au long de la lecture, on ne peut s’empêcher de se transporter sur cet îlot perdu de l’océan Indien en se posant mille questions sur la façon dont les naufragés ont dû s’organiser pour survivre tant physiquement, que socialement ou psychologiquement. La partie documentaire n’est pas sans rappeler les magnifiques albums d’Emmanuel Lepage. Album à recommander vivement tant pour des raisons historiques que comme preuve de l’esprit de lucre qui mène à se comporter d’une manière ignominieuse. Malheureusement, à ce point de vue, le monde ne semble pas avoir beaucoup changé en 250 ans.
La Tristesse de l'éléphant
Je me retrouve dans les autres avis… « La Tristesse de l'éléphant » débute comme une histoire d’amour classique, naïve (voire mièvre) et à ce titre se rapproche plutôt du genre « conte pour enfant »… pourtant la vie étant ce qu’elle est, l’histoire prend un tournant beaucoup plus sombre sur la deuxième moitié de l’album, avec un dénouement que j’ai trouvé très joli. Le dessin de Nina Jacqmin est très réussi, le style « crayons de couleur » colle parfaitement au ton de l’histoire, et les touches de bleu et surtout de rouge ajoutent vraiment du cachet à l’ensemble. Un chouette moment de lecture…