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Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Cinq branches de coton noir
Cinq branches de coton noir

J’ai bien aimé cette histoire du premier drapeau américain avec cette étoile noire cachée. C’est bien dommage que les idéaux des premiers constituants des Etats-Unis ne se sont pas étendus à reconnaître une égalité des droits entre tous les êtres humains quelle que soit la couleur de leur peau. Le contexte de ce récit est celui de la Seconde Guerre Mondiale avec notamment le débarquement en Normandie afin de regagner pour récupérer des œuvres d’art ou des objets ayant une forte valeur historique. C’est bien le cas avec cette récupération de drapeau entre les mains des nazis. Vers la fin, nous aurons droit à l’épisode de la bataille des Ardennes qui a été fort minimisé par les Alliés qui se prenaient une belle dérouillée alors que les divisions allemandes étaient affaiblies par 6 années de guerre intensive. J’ai trouvé cette œuvre fort bien amenée sur une problématique qui reste encore d’actualité. Je n’ai rien à redire sur le graphisme ou encore la mise en scène. J’ai juste regretté une fin assez triste et un peu expéditive.

15/04/2019 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5
Couverture de la série Le Collège Noir
Le Collège Noir

De retour après la trilogie Kairos révélant le talent hors pair d'un jeune auteur prometteur, Ulysse Malassagne, le voici de retour dans une nouvelle trilogie fantastique à destination des adolescents dans un monde oscillant entre les livres de la collection "Chair de Poule" et Scooby-Doo. C'est l'été dans ce pensionnat perdu au milieu d'une forêt en plein Cantal où résident uniquement 5 ados et leur surveillante Lena. En sauvant l'âme d'un camarade disparu, la fine équipe va éveiller le courroux d'une sorcière qui n'aura de cesse d'envoyer chaque nuit une armada de créatures maléfiques à leurs trousses. Ce "Scooby-Gang" d'infortune devra repousser chacune de leurs attaques tout en mettant à profit leur complicité pour anéantir définitivement les forces nocturnes du mal. Mission réussie ? Tout à fait mon Amiral si on prend bien en compte que cette trilogie est en tous points remarquable et ne considère jamais le public cible pour des gogos. En effet Malassagne, fidèle à lui même ne perd pas de temps en imprégnant un rythme effréné dès les premières pages. Le ton est sombre et le restera jusqu'à la conclusion au prix d'un découpage dynamique et d'une succession de scènes d'actions réussies. Le prédécoupage en chapitres courts (Le Collège Noir était d'abord pré-publié dans GEO Ado) fragmente intelligemment le récit et permet aux jeunes lecteurs de reprendre leur souffle. Malassagne simplifie son dessin en abandonnant les hachures de ses autres œuvres. Si les héros sont représentés par des traits presque naïfs et comiques, les nombreuses créatures rencontrés sont bien plus travaillées et terrifiantes pour un jeune public. Les plus âgés se régaleront d'une histoire certes classique mais si bien écrite qu'il est difficile de lever le nez de ces petits bouquins cartonnés. En développant un bestiaire proche de Lovecraft et autres croquemitaines connus ou inédits, Malassagne sait parfaitement où il veut en venir jusqu'à une conclusion parfaite. Loin d'être aussi répétitif et prévisible que prévu, ce Collège Noir est une petite pépite à lire sans modérations.

15/04/2019 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
Couverture de la série Sara Lone
Sara Lone

Tome 1: Pinky Princess Derrière une couverture aguicheuse, se cache une histoire plus sage, à première vue. D'ailleurs, emprunté par hasard à la médiathèque, j'ai tout de suite été pris dans l'histoire. Un scénario original où se mêlent intrigue policière, petite mafia locale, et un mystère qui au fil des 4 volumes que comptera cette série, sera sans nul doute le fil rouge de cette aventure. L'ambiance de l'Amérique des années 60 est fort bien retranscrite avec le dessin tout en finesse de David Morancho. On ne s'ennuie pas un instant avec Sara Lone, alias Joy Carruthers, danseuse de Burlesque, qui va voir sa vie basculer en quelques jours. Un scénario habile, rehaussé par un dessin minutieux, bref une belle série en perspective. tome 2:Cargano Girl Un tome 2 qui se laisse lire avec plaisir. Erik Arnoux nous offre là un polar certes classique , où se mêlent Mafia, FBI, et complot politique le tout sur une recherche au trésor pendant les premières années de la Présidence Kennedy, mais très efficace. On y trouve, comme dans les albums de XIII (s'il faut en faire une référence flatteuse) le Ku Klux Klan mais aussi une mystérieuse conspiration, encore assez énigmatique dans ce deuxième opus. Les dessins de David Morancho sont soignés . Je serai au rendez vous pour le troisième volume. tome 3: Sniper lady Changement de décor, changement d'histoire aussi avec ce troisième et avant dernier volume de cette belle série. Tout d'abord, nous abandonnons la mystérieuse Sara, dirigeante d'une petite entreprise familiale, pour découvrir Sara, agent n°7047, travaillant pour les services secrets américains. Ce virage est assez étonnant voire inattendu. Nous sommes plongés dans les complots (véridiques) et coups foireux fomentés par la CIA pour abattre le jeune régime castriste. Bref l'ensemble de l'album tourne autour de Janus, au détriment de Sara, qui reprendra un rôle de premier plan vers la fin de l'album. On reste plus proche d'une ambiance style XIII (période "Spads") que des débuts de "Sara Lone", dans cet épisode. Je pense que cet opus, véritable parenthèse dans la série, va servir de prétexte pour justifier le rôle que jouera Sara dans le final de cette aventure qui tournera, à mon avis, sur l'assassinat de Kennedy. tome 4: Arlington Day Avec ce quatrième et dernier volume, l'histoire de Sara Lone rejoint la grande histoire. Au vu de l'évolution du récit, on se doutait bien que Sara Lone allait se trouver au centre de la journée du 22 novembre 1963. Ce thriller est fort bien mené jusqu'au dénouement final qui nous offre une fin ouverte, mais pas sous le label "Sandawe" qui vient d'annoncer leur cessation d'activité. A noter à la fin, un dossier très intéressant sur cette histoire (on y apprend au détour d'une phrase, la vraie nature des relations entre Sara Lone et de Rip.

27/12/2013 (MAJ le 14/04/2019) (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
Couverture de la série Trap
Trap

Tel un OVNI venu du fond des âges, « Trap » intrigue d’abord par sa couverture. Un homme, portant en guide de couvre-chef une tête de phacochère, est entouré avec son drôle de chien bleu par un groupe de créatures diverses, à la fois bizarres et familières, toutes regardant dans des directions différentes. Rien de menaçant dans ce curieux portrait de groupe, au contraire. Tous ces personnages, l’humain compris, dégagent un comique sous-jacent, de par leur difformité ou leur regard vide, ou les deux en même temps. A en juger par la couverture souple, au format comics, on peut douter que Mathieu Burniat ait cherché à se prendre au sérieux. Et l’air de rien, malgré les apparences, l’objet est séduisant avec ses touches de vernis sélectif et sa jaquette amovible, laquelle une fois retirée, dévoile des motifs aléatoires évoquant un fatras de fourrures animales, de branchages et de pierres, le tout dans un rouge uni éclatant…On ne se plaindra non plus pas du trait si particulier de Burniat, trait dont les rondeurs habituelles ont été comme électrisées par le rythme du récit, totalement en accord avec la mise en page virevoltante et les couleurs quasi-psychédéliques. L’histoire quant à elle est totalement raccord avec cette couverture. Originale, fascinante, insolite, drôle et surprenante, elle semble avoir été conçue à l’instinct, ce qui au regard de la thématique paraît assez logique. D’emblée, les pages se tournent sans que ne pointe l’ennui, tant le lecteur est intrigué par ce drôle de récit, quasi expérimental, et la raison n’est pas seulement liée au fait qu’il n’y ait pas de textes. Hormis d’obscures tentatives oubapéennes révélant une certaine prétention élitiste dénuée d’humour, « Trap » ne doit pas avoir beaucoup d’équivalents dans le neuvième art. C’est ainsi que l’on observe ce drôle d’humain à gros nez évoluer dans ce monde primitif. Muni d’un sac renfermant des masques de bêtes qui lui confèrent les pouvoirs de l’animal dès lors qu’il les met sur la tête, notre homme, accompagné d’un chien bleu à l’aura à peine plus impressionnante que celle de Rantanplan, se fait super-héros préhistorique, et nous laisse la plupart du temps interloqué et amusé. Si l’ouvrage se lit évidemment vite, dans quelques cas – rares heureusement -, on peut avoir du mal à percuter avec certaines scènes. Mais l’ensemble est tellement bizarre, car c’est aussi ça qui est bon, que l’on en oublie ces petits défauts, et l’on pourra bien faire montre d’indulgence étant donné la difficulté du challenge consistant à produire une histoire sans paroles. « Trap », c’est du primal délesté des blablas. « Trap », c’est le retour à la vie sauvage, l’appropriation de l’instinct animal doublée de lycanthropie, la pure bagarre pour la survie, la grisante adrénaline, l’odeur dangereusement enivrante du sang, le catch frénétique jusqu’à la giclure finale de la sève vitale adverse, mais aussi la sensation voluptueuse des peaux de bête sur "nos" corps nus et larvaires. « Trap », c’est tout cela avec un doigt de chamanisme et c’est follement bon… Ce petit thriller préhisto-psychédélique est donc une belle surprise. Et quand on sait que son auteur manifeste de l’intérêt pour la physique quantique (« Le Mystère du Monde Quantique »), l’objet prend forcément une autre dimension. Il appartiendra au lecteur d’y trouver des connections…

14/04/2019 (modifier)
Couverture de la série Nains
Nains

Nains est une série spin off se déroulant dans le même univers que Elfes, autre série de Fantasy éditée chez Soleil. Sans trop m’étendre la-dessus (voir mon avis pour cela), je n’ai pas réussi à apprécier Elfes qui fonctionne trop sur courant alternatif à mon sens. Entre parenthèses, les scenarii écrit par Jarry sur Elfes sont presque les seuls que j’ai pu encadrer. Enfin bref, je n’ai pas eu cette appréhension craintive en abordant Nains qui propose quelque chose de rassurant pour une personne comme moi qui aime l’uniformité et la cohérence, avec un seul scénariste officiant sur les cinq albums de la saison une. Et pas n’importe quel scénariste, car Nicolas Jarry connaît son sujet avec déjà plusieurs histoires sur cette race (Nains ! Les Rois Forgerons), on sent aussi le gars qui a passé des nuits blanches sur Warhammer et autres jeux de rôliste, c’est un expert du nanisme qui se présente ici ! Tome 1 Redwin de la forge 4 étoiles Avec Redwin la série Nains démarre sur les chapeaux de roue. Je commence à le remarquer maintenant, Nicolas Jarry écrit des histoires profondément humanistes et touchantes que n’auraient pas reniées certains de mes écrivains favoris comme David Gemmell ou Anthony Ryan. Redwin de la forge est une tragédie familiale chargée d’émotions fortes où les reproches, les humiliations, la haine aveugle, l’orgueil, mais aussi la rédemption et l’amour, sont au programme. C’est une histoire entre un père surdoué dans son art mais à la philosophie dérangeante et méprisé car pacifiste, et son fils talentueux lui aussi mais aux idéaux contraires ; et de leur impossibilité à communiquer et donc se comprendre naîtra une défiance. Avec le temps et la maturité, Redwin comprendra-t-il la sagesse et les choix de son père avant qu’il ne soit trop tard, ou bien choisira-t-il la voie de la rancœur et de l’obscurité ? Je ne suis pas un père mais cette histoire m’a beaucoup émue, c’est typiquement le genre de récit que j’aime lire en Fantasy avec des personnages extrêmes dans ce qu’ils sont, ce qui cause leur perte; ainsi que des émotions fortes, du sang et des larmes, des sacrifices courageux et un héros sauvé (ou pas) de la damnation. Une bien belle saga superbement mise en image par Pierre-Denis Goux que j’avais déjà aperçu sur Mjöllnir (sympa mais sans plus (d’ailleurs on re-pompe les duels dans une arène)). Je pense qu’il a eu plus de temps qu’à l’accoutumé pour réaliser ce tome 1 car je ne saurais trop expliquer comment, je trouve le rendu plus « fini » que sur Mjöllnir. Il y a des dessins qui font vraiment baver comme la scène contemplative de Redwin devant l’académie de l’ordre de la forge, et surtout ce duel contre le mage noir qui vaudrait presque à lui tout seul qu’on dépense nos talions. La mise en scène des combats dans l’arène m’a bien fait « triper » avec ce côté « hokutonokeniesque » et les grosses giclées de sang. Vraiment, très bon choix de dessinateur. Et pour une fois je n’ai pas à râler sur les couleurs de Digikore Studios qui ont fait du bon boulot. En complément d’information pour connaître les moindres détails : - Pierre-Denis Goux a dessiné les couvertures des trois premiers tomes. - Jean-Paul Bordier et Nicolas Demarre ont respectivement dessiné la leur. - Le coloriste serait Diogo Saito même s’il y a un doute comme quoi Olivier Heban en aurait colorié quelques unes. - Les décors des illustrations de couvertures des tomes un et cinq sont directement réalisés tandis que les illustrations des tomes deux, trois et quatre sont tirés des pages des albums. Tome 2 Ordo du Talion 3 étoiles Dans ce second opus Nicolas Jarry poursuit sa croisade « fuck the system » avec un personnage élevé, torturé, formaté pour servir de bras armé à un ordre qu’il méprise pour lui avoir volé sa vie, mais dont la toute puissance dans les coulisses de la société naine empêche toute velléité de révolte. Jusqu’à ce qu’un soir Ordo trouve le moyen de faire d’une pierre deux coups en renversant le système établi et assouvir sa vengeance par la même occasion. Il monte une équipe constituée d’Héba sa rivale maître-assassin et de Panham le sang-mêlé roi de la voltige pour ce qui s’apparente comme le casse du siècle, cependant que l’ordre du Talion a des nains tapis dans chaque coins d’ombres ce qui risque de corser la difficulté de cette mission suicide. Encore une fois une chouette histoire sur le libre-arbitre et un héros repenti qui démontre qu’il n’est jamais trop tard pour faire le bien. On pourra néanmoins pinailler sur certains aspects qui font tâches comme Ordo : sixième fils né le sixième jour de la sixième lune et cédé à la loge noire le jour de ses six ans. Argh… oh non, pourquoi placer un tel cliché ? C’était vraiment inutile. On pourra aussi se dire « encore une histoire d’assassin en Fantasy », car le genre a suffisamment cumulé ces trente dernières années les récits mettant en scène des Assassin’s Creed adorant prendre la pause accroupi sur le toit d’un édifice le regard tourné vers la cité grouillante. Mais bon, quand c’est bien écrit il n’y a pas trop lieu de se plaindre, seulement que ça casse un peu l’excitation de départ. D’autant plus que cela a déjà été fait dans le cinquième tome de Elfes alors que l’on nous avait promis de la nouveauté et de ne pas céder au facile copier-coller… Le point qui divise le plus c’est malheureusement le dessin. On aime ou on n’aime pas Stéphane Créty, et même si j’ai plutôt apprécié ce qu’il a fait sur Masqué, c’est plus au niveau de ce choix de dessinateur que je m’interroge car c’est un dessinateur qui a un style très inspiré des comics américains. Le trait est épais, les cadrages sont serrés, la morphologie des personnages se montre indécise, les visages au second plan sont indistincts, et les décors dépouillés de fantastique. C’est un peu l’essence même du comics de faire dans la sobriété mais moi cela ne me fait pas fantasmer ce type de graphisme. Pierre-Denis Goux n’y est peut être pas étranger non plus car il est crédité à la conception graphique mais comme je ne sais pas qui fait quoi exactement ici, je me dis que les idées viennent principalement de Créty. Je pense que cela vient aussi des couleurs de Digikore Studios qui la pour le coup font vraiment informatique tellement elles aplatissent le dessin. Une impression mitigé mais j’ai plutôt passé un agréable moment Fantasy. Mise à jour 04/04/16 Tome 3 Aral du Temple 4 étoiles Lorsque Nicolas Jarry puise chez Tolkien et Lovecraft cela donne Aral du Temple, l’épisode le plus ésotérique de la saga Nains. Tolkien pour sa référence évidente au Hobbit car il y a chez Aral comme chez Bilbo ce côté récit initiatique et découverte de soi-même, ainsi que la grande aventure, au travers d’une expédition archéologique ici. Quant à Lovecraft, Jarry a décidé de ne pas jouer la carte de la subtilité lorsque est évoqué « celui qui patientait dans les ténèbres » dont on a presque envie de compléter la formule « Dans sa demeure d’Abu’kazan la morte, le gardien attend en rêvant ». Mais comme encore une fois tout cela est très bien écrit dans un one shot de 56 pages, on pardonne à l'auteur ces gimmicks littéraires. J’ai beaucoup apprécié ce mélange des genres avec Aral qui débute son histoire tel un Adso (Christian Slater) dans le Nom de la Rose en rédigeant ses mémoires. Tout de suite on sent qu’il y a anguille sous roche et que le bonhomme nous prépare une autobiographie des plus pessimistes. Une histoire qui commence sept siècles dans le passé et la découverte par un groupe de miniers d’un artefact renfermant un savoir proscrit. Mais en mettant à jour ce qui aurait dû resté oublié pour l’éternité, les nains ont par la même réveillé un mal ancien qui remonte aux origines de leurs ordres. Toujours beaucoup de références très cool pour meubler ce récit comme la course poursuite dans la cité possédée et cette échappée dans le téléphérique qui m’a rappelé au bon souvenir d’Indiana Jones et le temple maudit ainsi que la scène très jacksonienne en plan-séquence du Hobbit : Un voyage inattendu, avec les nains s’échappant du royaume des gobelins. On pensera de même très fortement à la partie de cache-cache entre Smaug et les nains dans les forges de la montagne solitaire. Le fan service est donc remplie et très bien mis en image par Paolo Deplano dont j’ai apprécié la technique d’encrage, assez profonde, tandis que sa mise en scène demeure efficace mais sans rien de bien spectaculaire (cela manque sévèrement de dessins en pleine page!). J’apprécie beaucoup ce que réalise la coloriste Elodie Jacquemoire chaque fois que je l’ai vue créditée sur une série, et même si ici le travail est bon, je me demande si cela ne serait pas plus agréable en noir et blanc. De quoi me demander si je ne vais pas tenter de me procurer l’édition spéciale à 500 exemplaires tirée à l’occasion du festival d’Angoulême. Cela dit, comme dans les précédents numéros, le plus kiffant reste le message délivré par Nicolas Jarry qui dénote par rapport aux autres. Cet Aral dans son parcours et sa conclusion se pose comme un antagoniste à Redwin qui balançait entre deux chemins pour finalement choisir la voix du côté lumineux. Deux fins opposées mais un même message utopique : que le bonheur est à notre porte alors cessons de courir après le « dragon »(comprenez une chimère). C’est la fameuse quête de Tanelorn de Michael Moorcock abordée dans son multivers et le Chaland d’or ! Que voilà de jolies références philosophiques. Vraiment une superbe histoire. Continuez comme ça monsieur Jarry. Mise à jour 05/06/2016 Tome 4 Oösram des Errants 5 étoiles Avec ce tome 4 Nicolas Jarry a peut être écrit son scénario le plus abouti ou en tout cas le plus percutant. Comme toujours en toile de fond il aborde une de ses thématiques chérie, celle du père et de la relation filiale et de la transmission de certaines valeurs humanistes. Mais à travers l’histoire d’Oösram, ce n’est plus un personnage en contestation contre le système mais toute une frange de la population naine qui sème les graines de la révolte. Oösram est bien placé pour savoir que rien ne changera jamais et que ceux situés en haut de la pyramide ont tout à gagner à maintenir le statu quo, lui qui fût un des leurs, gagné par l’avidité, l’ambition et l’obstination, jusqu’à ce qu’il trahisse son roi et par conséquent soit banni au rang des Errants, qui valent moins que des serfs alors qu’ils constituent le gros de la population. Et pourtant, c’est parmi ces sans-dents qu’Oösram apprendra à apprécier la simplicité de la vie, à aimer sa famille et être enfin en paix avec lui-même. Cependant, les Errants ne vivent pas en vase-clos et les abus dont ils sont victimes sont quotidiens, il en a toujours été ainsi. Alors lorsque l’injustice touche un membre de sa famille et qu’un drame se produit, Oösram le fermier, le père aimant, laisse tomber sa pioche pour s’armer de sa hache et déclarer la guerre aux quatre ordres régnant. C’est du grand Braveheart que nous offre là Nicolas Jarry ! Un vent de liberté souffle sur ce récit, on cite Churchill, et on jette des clins d’œil toujours nombreux à Tolkien et Warhammer (le soldat nain enfourchant un sanglier comme monture est typique de l’imaginaire Warhammer). Et un final modèle de bravoure et de sacrifice en hommage aux trois cents de Léonidas. Après cela, les jours de la ploutocratie naine sont comptées ! Vivement la saison 2 et la Révolution naine ! Quant au dessin de Jean-Paul Bordier, il est très net, riche, les paysages sont variés et collent parfaitement à l’esprit de ce que sont les Errants. Et le dessin sur la dernière planche, je ne sais pas si cela est volontaire ou non, mais la hache plantée dans le sol en gros plan est un formidable hommage à Didier Graffet et Druss la légende. Je regrette juste comme presque à chaque fois que les couleurs soient réalisées sous « ‘toshop », ce qui a tendance à rabaisser la qualité graphique tandis qu’avec une couleur directe on attendrai le must. Mise à jour 14/09/2016 Tome 5 Tiss du Bouclier 4 étoiles Nains - Season Final ! Nicolas Jarry clos son cycle par là où il avait commencé avec une saga familiale, du sang et des larmes. Le tome 1 racontait la rancune d’un fils, son imperméabilité face aux bons mots et la sagesse du père, jusqu’à la délivrance et la rédemption. Cette fois-ci les rôles sont inversés, c’est la fille qui donne la leçon au père. Lorsque suite à un drame son dernier né Dohan devient un boitard et qu’il comprend qu’il ne pourra jamais servir dans le noble ordre du Bouclier, le capitaine Brahm tombe dans l’alcoolisme et la haine aveugle. Sa fille Tiss qu’il a toujours ignorée, est triste pour son jeune frère mais voit également là un moyen de redorer le blason familial et de montrer ce qu’elle vaut à son père et par la même occasion à toute cette société naine phallocrate. Tenir ou Périr ! Une fois de plus l’auteur démontre qu’il maîtrise les ficelles pour séduire les easy readers fantasy et nous offre moments épiques sur moments d’émotions entre : la strong independant woman qui bataille plus que les autres pour réussir jusqu’à devenir un modèle pour ses frères d’armes, les petits soldats insignifiants qui deviendront des valeurs sûres, la formation d’une ligue des vieux briscards cabochés et des estropiés sur le retour pour le décompte final, l’indéboulonnable classique mais efficace Fort Alamo fantasy (remember Légende de David Gemmell ? La bataille du Gouffre de Helm chez J.R.R. Tolkien ? ). Et l’auteur kiffe toujours autant 300 pour mon plus grand plaisir (remember Léonidas et ses derniers hoplites pour l’ultime percée ? Ou bien sont-se les 300 polonais de la bataille de Wizna ? ^^ ). Sur Nains c’est presque un album sur deux qui se termine en tragédie, p’tain, j’en ai presque chialé. Mais toujours l’histoire se termine sur une note d’espoir. Bien aimé le dessin de Nicolas Demare, surtout sur les paysages et les décors forestiers. Question de goût mais je regrette que ce ne soit pas un brin davantage détaillé. Mon plus grand regret reste ces couleurs informatisée de Digikore Studios dont je n’arriverai décidément jamais à me faire. Peuvent pas faire à cela à l’ancienne chez Soleil ? On atteindrai le truc d’exception. Mise à jour 14/02/2017 Saison 2 - Tome 6 Jorun de la Force 4 étoiles Les choses bougent tout en conservant la même formule. Pour entamer cette nouvelle saison on reprend là où tout a commencé avec une histoire de père en écho à celle des forgerons Ulrog et Redwin, cette fois-ci entre Redwin et son fils cadet Jorun. Toujours les mêmes ressentiments de colère qui virent à la haine, de regrets, de remords et de fierté mal placée qui donne une impression de redite qui ne ferait pas beaucoup avancer l’histoire. Mais c’est là qu’on se trompe car si le tome 1 racontait l’antagonisme de deux êtres doués dans leur art et qui finissent pas se retrouver, cette suite se penche sur un perdant qui n’est pas du tout à l’image de son père. Jorun est un raté, moins doué que son frère aîné dans la forge des armes, il ne se trouve aucun talent et finit par se déconsidérer. C’est l’histoire d’un nain qui, ne parvenant à marcher dans les pas de son père, essaie tant bien que mal (et plutôt mal) de suivre sa propre voie. Mais comme il porte le poids de ses échecs comme un boulet, il entraîne tous ceux qui l’approche vers un néant auquel il aspire inconsciemment. Nicolas Jarry l’explique bien à un moment donné, Jorun est incapable de donner. Incapable de donner, il ne peut donc recevoir. On aurait envie de lui citer ces mots de la résistante Germaine Tillion, histoire de le guider : « Il n’existe pas de gens médiocres, mais seulement des êtres qui n’ont pas rencontrés les événements qui les auraient révélés ». Jorun trouvera un salut temporaire parmi les mercenaires de la Légion de Fer où il pourra s’appuyer sur le pilier Orss, la fidèle Fey, le sage Gurdan ou encore le guide Fodhron. Autant de bouées de sauvetage qui l’empêcheront de couler au moment du grand final. Redwin sauvera-t-il son fils de l’autodestruction tout comme Ulrog son père l’avait fait en son temps en un ultime sacrifice ? Comme je l’ai dit en introduction, les événements se répètent mais Jarry est suffisamment malin pour ne pas tomber dans le doublon inutile et le récit s’achève sur des destinées contraires. L’air de rien Jorun est probablement le personnage de l’univers Nains que j’ai trouvé le plus intéressant et complexe. Le dessin de Pierre-Denis Goux est du même bock que celui de la première saison. Ces compositions très détaillées en mettent plein la vue dans les scènes d’action. Toujours beaucoup de changements de décors, gros travail de recherche graphique, bref, visuellement le dessinateur est au rendez-vous et nul doute que les amateurs de fantasy y trouveront leur compte. Quelques remarques cependant, car l’œuvre parfaite n’existe pas : si on entend souvent parler des limites de la sacro-sainte pagination en 48 planches, je constate également les limites sur la pagination en 64 planches car j’ai senti que parfois le récit méritait davantage de développement mais qu’en raison de ces contraintes, on a droit à une ellipse ou un truc condensé en une page. On bascule un peu trop vite à mon sens des années d’apprentissage de Jorun vers la défense d’un village qui manque de mise en contexte. J’ai l’impression parfois qu’il faut avoir lu Elfes pour tout comprendre des invasions des royaumes nains. La relation amoureuse entre Jorun et la naine Siblis aurait également mérité quelques pages supplémentaires, histoire que ça touche au plus profond, que là ça manque de passion et d’intérêt. De même qu’on aurait aimé voir la retraite courageuse de Redwin vers la forteresse, et plus que 3 planches consacrées à la défense de ladite forteresse (même si c’est très beau encore une fois). Ultime remarque qui rejoint ce problème de pagination : autant je parvenais à comprendre les ressentiments de Redwin sur le tome 1, le cheminement de ses pensées sombres, le comment du pourquoi, autant j’ai eu du mal sur le caractère de Jorun qui est d’emblée dans son personnage de gros connard alors qu’il n’est encore qu’un marmouse. Ceci étant dit, c’est une très bonne entame, sur le devenir de Redwin on a déjà envie d’être à la saison 3 ! Mise à jour 11/05/2017 Tome 7 - Derdrh du Talion 3 étoiles « On ne change pas une équipe qui gagne » dit le proverbe, ni même qui perde… Déjà lors de la première saison le binôme Jarry – Créty était celui qui fonctionnait le moins bien à mon sens, question de goût, mais les dessins d’inspiration comics et les sempiternels couleurs informatiques dégueulasses qui vont de pair n’ont jamais été ma tasse de thé. Bis repetita donc : le trait est pâteux, les graphismes n’ont rien d’enivrant (un défaut majeur pour une bd fantasy), idées assez bateau, service minimum, ce n’est assurément pas dans ce genre de bd que j’investirai mes brousoufles. Un scénario difficile à la comprenette, nettement plus bavard et usant qu’à l’accoutumé. Jusque là les intrigues étaient riches, pas dénuées de réflexions tout en nouant avec des sentiments sincères et s’écoulant de manière fluide dans mon esprit. Ici j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour essayer de saisir les enjeux et la mécanique du complot qui se trame. Le scénariste ne nous avait pas habitué à un tel niveau de complexité et sincèrement, je n’ai pas tout capté, mais les dessins peu avenant ne m’ont pas invité à revenir sur mes pas. Sinon l’histoire en elle-même est plutôt intéressante et résonne avec l’actualité. On avait évoqué en fin de saison 1 les prémisses d’une révolution par le bas à venir. Cependant ici on traite de la « révolution » par le haut avec une tentative de renversement des ordres en faisant basculer le pouvoir nobiliaire et royal en faveur d’une ploutocratie nouvelle (inspirée de la Révolution française ? ). Corruption, sombre tractation, pacte de non-agression éphémère, coups-bas… quels que soient les coups tordus et techniques d’étrangleur ottoman, c’est toujours la banque qui gagne ! Les retournements sont bien amenés à tel point qu’on en oublie que l’album ne s’intitule pas « Ordo », du nom du protagoniste de la saison 1 de l’ordre du Talion ici sur le retour ; mais Derdhr, la plus grande des salopes manipulatrices. The Rains of Castamere ! Mise à jour 26/09/2017 Tome 8 Sriza du Temple 4 étoiles De retour dans la section épouvante / sorcery de la série Nains. Sriza est un nain qui mène une double vie : au quotidien c’est un prêtre au grand cœur et bon conseiller avec ses ouailles, mais il demeure cependant celui à qui le Temple fait appel lorsque les forces obscurs remontent sur le monde depuis l’enfer de Hej. À ce moment Sriza troque sa tunique de ministre du culte pour celle d’exorciste. On lorgne doucement du côté de L’Exorciste, cependant que Sriza a des méthodes plus musclées et n’est pas du genre à psalmodier des incantations le nez dans un bouquin lorsqu’il est confronté au démon. On se rapproche davantage des méthodes de traque et de pistage d’un Van Helsing. Action et aventure sont garantis au programme. En même temps que se déroule une histoire de chasse au démon, on est plongé par petits flash-back sur l’enfance du personnage principal et ses années d’apprentissage. Et lorsqu’on mélange enfance et horrifique cela déboule sur une histoire classique mais néanmoins bien menée de croque-mitaine qui poursuit le héros durant toute sa vie. Des gamins traumatisés par un épouvantail qui devront y faire face à l’âge adulte, tout de suite on pense à Ça de Stephen King (les choses sont bien faites avec le film qui vient de sortir). Mais également à l’inénarrable Berserk, chef d’œuvre de la dark fantasy, lorsque la Bête a déposé sa marque sur le front de Sriza, tout comme Guts, lui rappelant inlassablement que les créatures de la nuit viendront sans cesse le chercher et que son combat n’aura de fin qu’à sa mort. Nicolas Jarry poursuit la construction de son univers en procédant de la même façon que les précédents tomes en rappelant les anciens de la saison 1, qu’il adore maltraiter visiblement. Après un Redwin qui termine façon Roi Liche dans Warcraft III, un game over pour Ordo qui l’a eu dans l’os, il rappelle Aral dont je lui trouve graphiquement un petit côté Luke Skywalker SW7 et qui… mais vous connaissez déjà son sort si vous avez lu le T3. Toujours plein de petites références fantasy, de clins d’œil sympa et de personnages dont on se demande s’ils ne sont pas tirés de la réalité comme le cinglé Orban qui œuvre seul à la reconstruction d’une ancienne forteresse. Personnage à mi-chemin du Radagast de Tolkien et, ce n’est que mon ressenti, de Justo Gallego Martinez. Ce vieux moine autodidacte a entrepris seul en 1961 la construction d’une cathédrale dans sa ville natale de Mejorada. Une entreprise pharaonique ! Il y a aussi cet ours polaire géant utilisé comme « chien de traîneau », tout droit inspiré des Panserbjornes de À la croisée des Mondes de Philip Pullman. Graphiquement toujours aussi beau je trouve. Paolo Deplano est peut être l’artiste que je préfère sur cette série. J’aime son encrage (qui mérite bien encore une fois une édition N&B), ses idées (même si par Yjad cela manque de dessins en pleine page ! ), mentions spéciales pour la forteresse p. 29, le backstab p. 53 et le combo magique p. 54. En revanche, parce qu’il faut apporter un bémol, ça fait toujours aussi chier les limitations de la pagination française comme ce moment que je trouve hyper épique p. 42, avec la confrontation ultime entre Sriza et Ar’Az’Erm qui est complètement passée en ellipse. Alors qu’il y avait tout dans cette scène avec le lettrage façon enluminure lorsque Sriza récite les mots consacrés. Une ch’tite page en plus pour montrer le duel n’aurait pas été de refus. Autre critique : je trouve qu’avec les phases « apprentissage à la dure » du héros, on commence à tourner en rond. On a déjà vu cela, album après album, et je trouve que ce serait pas mal si le scénariste pouvait, je ne sais pas, proposer autre chose que l’histoire en flash-back du personnage qui en a bavé et tout… Mise à jour 25/10/2017 Tome 9 Dröh des Errants 4 étoiles Des années ont passé depuis le sacrifice d’Oösram pour son peuple et même si le statut des Errants a sensiblement évolué, ceux-ci n’en demeurent pas moins une classe sociale défavorisée et méprisée par le reste de la société naine. Dröh, le fils d’Oösram, est de retour parmi les siens après avoir roulé sa bosse, parcouru le monde, appris le métier des armes, et tel le William Wallace de Braveheart les raisins de la colère grondent toujours en lui. Les chiens ne font pas des chats. Cependant les révolutions d’antan sont oubliés, trop de sang a été versé et les plaidoyers guerriers ne sont plus de mode parmi les Errants. Janssen, le beauf de Dröh, est davantage un partisan de la négociation, plus lente mais aussi plus paisible. Ses ambitions étant trop grandes et dangereuses pour ce microcosme paysan, Dröh part jouer les Renaud en mode Germinal sur un chantier d’autoroute, un terreau plus propice aux révoltes avec sa main d’œuvre bon marché facilement remplaçable. L’air de rien cette branche de la série Nains est celle que je préfère sur le plan scénaristique. Une fantasy très politique, avec des intonations révolutionnaires, on n’a pas souvent l’habitude de lire ça. Notre Dröh est un sacré baroudeur et il fera ici des rencontres inattendus, je dois bien avouer que j’ai été surpris par la tournure du scénario qui part un moment donné sur autre chose de complètement différent. D’une histoire qui démarre sur une quête d’égalité et de justice, on termine sur un récit hyper introspectif et une quête de soi, une ébauche d’histoire d’amour qui s’écoule à travers les vies et les âges, une dénonciation de la guerre perpétuelle entretenue par la folie des êtres (comme briser cette putain de roue ?! ), en passant par un duel judiciaire (big up à Tyrion Lannister) et un classique blockhaus style Fort Alamo/Dros Delnoch/Gouffre de Helm. C’est très bien écrit, les textes sont beaux dans le sens touchant et sages. « Ne sois pas triste, Nain, si je n’ai changé qu’une âme… alors mon combat n’aura pas été vain... » C’est néanmoins un peu dommage de faire durer le plaisir sur ces digressions alors qu’on nous promettait les grands soirs fin du tome 4 et de la saison 1 en général. Espérons de ne pas devoir attendre 8 saisons pour qu’enfin… Bref, vivement la saison 3 avec Dröh en mode David Carradine dans Kung Fu. Les dessins de Jean-Paul Bordier sont plaisant mais accrocheurs que par intermittence (ça manque de pleine et double-page), comme la bonne idée du mont Rushmore orc, très cool. En ce qui me concerne, toujours la même rengaine contre les couleurs numériques de Digikore Studios… Mise à jour 28/01/2018 Tome 10 Abokar du Bouclier 3 étoiles Oh non ! Pas ça Nicolas Jarry, il nous refait le coup du mur d’Hadrien. Défendu par les rebuts de l’armée naine : les courtards, les déserteurs, les têtes brûlés, les lâches, les voleurs, les assassins, et les ennemis au-delà de la barrière sont des nains sauvageons, n’en jetez plus, c’est le Mur du Trône de Fer quoi… Je n’ai rien contre le TdF mais j’en ai un peu marre de ces références là. Certes, le TdF n’a pas le monopole du dernier rempart à défendre mais là la ressemblance est frappante. Peut-être est-il temps de conclure la série dans la saison 3 avant que cela ne devienne un long fleuve tranquille sans surprises qui ne ferait que singer les classiques. Dohan, un capitaine boiteux de bonne volonté mais trop bonne poire sert de bouc émissaire suite à la mort de leur général Abokar lors d’une bataille décisive face aux hordes orcs. Sauf qu’Abokar n’a pas trépassé, il a choisi de disparaître pour ne pas pas que ses hommes remarquent sa dégénérescence physique et mental qui le gagnait. C’est Dohan qui paye les pots cassés en se montrant fidèle au général : à ce dernier une gloire immortelle, pour l’autre l’opprobre et l’exil. Mais en fin de compte le destin pourrait décidé de refaire se croiser les deux officiers pour un ultime baroud d’honneur… L’histoire est sympa, c’est un truc pour les bonhommes. On est dans un récit très militaire où ça cause disciple, mater les récalcitrants à coups de taloche, tactique, expédition, reconnaissance, mais aussi d’honneur perdu… Et puis soudain on bascule dans l’ésotérisme type T3 et T8 consacré au Temple, et ce n’est pas la première fois que Jarry prend les lecteurs à contre-pied. J’ai adoré les idées apportées dans cette seconde partie : on dirait du Pacific Rim fantasy :) . En bref, c’était plutôt cool, avec quelques clins d’œil en prime, il y a du suspens avec ce général aussi taré que Nivelle frisant l’irresponsabilité d’un Grouchy mais doté du génie stratégique de Turenne ; mais au-delà du simple divertissement je ne vois pas ce que ça apporte à l’univers Nains. C’est vrai on retrouve Dohan, souvenez-vous, c’est le frère de Tiss du Bouclier (Tome 5), et son histoire très touchante agrandi la toile de l’univers Nains mais c’est au niveau de l’histoire en général qu’on ne progresse plus je trouve. Les dessins : « mmmmouais, ok » ça fait le taf mais les couleurs, toujours pareil : « c’est fait à l’informatique et ça se voit ». Grrrrrrrrr ! Mise à jour 17/09/2018 Saison 3 Tome 11 Torun de la Forge 4 étoiles Avec Torun de la Forge s’achève la trilogie Redwin (quoique…). Les thèmes demeurent les mêmes, se référencer à mes avis des tomes 1 et 6 pour les connaître. Un album passionnant malgré le phénomène de répétition. Lorsqu’un journaliste faisait remarquer à Angus Young, guitariste solo du groupe rock AC/DC, qu’ils avaient sortis 10 albums mais qu’on ne pouvait pas les différencier les uns des autres, Angus lui répondit : « Faux ! Nous avons déjà 11 albums qui sonnent comme un seul. » Les albums de la série Nains fonctionnent à mes yeux un peu de la même façon, c’est toujours plus ou moins la même chose, mais c’est tellement bon qu’on en redemande. Ce numéro est toutefois intéressant car on ne fait que s’attarder sur l’enfance du héros. Cette-fois l’histoire entière est consacrée à celle-ci. Du coup on se demande un peu pourquoi l’illustration de couverture montre un Torun dans la fleur de l’âge alors que le récit se déroule durant sa 13ème année. Mais plus intéressant encore on se demande si Torun est le véritable héros de cette histoire, tout comme Anakin Skywalker / Darth Vader est le véritable personnage principal de Star Wars, car à travers lui c’est le dernier baroud d’honneur de Redwin qui nous est raconté ici. Le dernier ? Cela reste à voir, mais pour une fois on aimerait tellement que les choses se terminent bien, laissons-le finir sa vie du bon côté de la Force, lui que l’on avait laissé en héritier du Roi Liche à la fin du tome 6. Plutôt bien apprécié les graphismes de Pierre-Denis Goux, surtout dans la deuxième moitié du livre, lorsqu’il y avait plus d’action et de combats. Y a pas à dire, ce mec sait donner de la vie et du rythme à son dessin. Le combat titanesque entre le plus grand guerrier nain de son temps et le plus grand guerrier nain de tous les temps est époustouflant, mode serious business. Moins séduits en revanche par les tronches cartoonesques et de manière générale de l’héritage « comics » dans son trait. Mais bon… question de goût. Je me demande ce que nous réserve les Héritiers de la Forge (huhuhu ! ) dans la quatrième saison. Mise à jour 01/11/2018 Kardum du Talion 3 étoiles Retour vers l’ordre du Talion, pas le plus exaltant des cinq ordres régnants, néanmoins le plus intéressant pour comprendre qui dans l’ombre tire les ficelles de nous autres, simples marionnettes entre les mains des puissants. Kardum est un seigneur de guerre, un vendeur de mort, marchand d’armes partie de rien et devenu une des plus grosses fortunes d’Arran. À priori il possède le profil type de l’enfoiré individualiste prêt à vendre père et mère pour amasser un peu plus de fortune. Cela c’était le profil de Derdhr vu dans la saison 2. Kardum est en quelque sorte l’autre face de la même pièce. Si leurs ambitions restent les mêmes, les moyens pour y parvenir diffèrent car en dépit d’un trait d’individualisme forcené, Kardum possède un certain code d’honneur, l’argent n’est pas un fin en soi à ses yeux. Il apprécie la notoriété qu’il lui confère mais l’argent n’est qu’un instrument servant à de plus grandes ambitions. Le pouvoir demeure la finalité de toute chose. Les questions de fonds sont également très intéressantes via les scènes entre Kardum et sa mère. Cette dernière lui reprochant de s’être renié et d’avoir trahi les idéaux familiaux, et ne désespère pas de le voir un jour revenir dans « le droit » chemin. Mais Kardum s’est-il vraiment renié ? Duperies, fausses promesses, parties d’échec, tout en continuant à s’attacher aux choses qui comptent vraiment dans la vie : sa famille, ses amis. Kardum est ce qu’il est, ses méthodes ne sont peut être pas très honorable, mais le constat demeure implacable : il œuvre de façon général pour le bien commun. Toujours pas très emballé par les graphismes de Stéphane Créty, c’est comme ça. Et ces couleurs... beurk ! Du « à l’informatique et ça se voit ». Sérieux les gars, faut arrêter là. C’est vraiment dommage, c’est le mauvais point qui justifie le 3 étoiles. La conclusion est assez intrigante. La citadelle de Gabaradas deviendra-t-elle le futur bastion et Éden de la résistance naine ? Mise à jour 06/12/2018 Tome 13 Fey du Temple 4 étoiles Encore une bien jolie histoire signée Nicolas Jarry, tout à la fois personnelle on le devine et qui en même temps résonne dans notre actualité. Le récit met en avant Fey, un second couteau apparu dans les tomes précédents et que je ne soupçonnais pas pouvoir jouer les premiers rôles. Je ne pouvais plus mal me tromper, cet album met en avant la « strong independant woman » qui demeure en chaque femme. C’est cool, même si le récit demeure violent et guerrier, l’histoire est un peu plus taiseux qu’à l’habitude, sans le bruit et la fureur habituelle mais avec davantage de réflexions et un message clairement porté sur l’amour qui relie les êtres avec cette jolie métaphore du pont à rebâtir coûte que coûte. En plus il y a une révélation surprenante sur les origines de Fey, les lecteurs de la première heure apprécieront. Toujours de superbes planches de Paolo Deplano accompagné cette-fois de Benoît Dellac au story-board, un dessinateur à suivre avec attention lui aussi. Mise à jour 14/04/2019 Tome 14 Brum des Errants 3 étoiles Voilà une histoire qui met en avant un personnage secondaire de la série mais aperçu à de nombreuses reprises désormais, il fait parti des meubles, et au charisme suffisamment badass pour mériter son propre album. J’ai nommé : Brum des Errants, commandant de la légendaire Légion de Fer. On connaît désormais les gimmicks d’écriture de Nicolas Jarry, le récit s’ouvre sur le héros qui revient sur son lieu de vie d’enfance, la fange et les quartiers misérables où il a grandit, pour se rappeler à ses vieux souvenirs, comment lui Brum est parti de rien pour devenir le plus grand guerrier de son temps. La formule est désormais classique et on a cette impression de « déja-vu » mais cela marche toujours pourtant. Le héros qui se hisse en haut de l’échelle sociale sans pour autant oublier ses amis, les conflits familiaux avec Brum qui se trouve un père de substitution et vice-versa, etc. J’ai l’impression que les albums passent et les avis se répètent… Comme les histoires de Nicolas Jarry sont comme les romans de David Gemmell ou les albums d’AC/DC, ils sonnent comme un seul (et c’est ça qu’est bon), j’attends désormais des surprises dans le choix des dessinateurs. Car la aussi le casting se répète et je trouve cela un peu dommage. J’aime bien globalement Jean-Paul Bordier mais il ne me transporte pas plus que cela. Et les couleurs de Digikore Studios n’aident pas non plus… De la nouveauté, please ! Tome 15 Oboron du Bouclier 3 étoiles L’histoire est convaincante, pas d’ennui comme toujours avec Nicolas Jarry. Cet épisode est truffé de références pop culture comme le fait qu’Oboron soit condamné par les habituels salopards de service à vivre enfermé dans cet armure flippante façon Anakin Skywalker lorsqu’il devient Darth Vader, « Scellez l’armure ! Elle sera ta dernière demeure, Oboron ». On en apprend plus sur la mythologie de monde des Nains avec un récit tourné vers les berserkers, ces redoutables guerriers invincibles dont on a déjà observé deux phénomènes : Redwin le plus grand guerrier de tous les temps et Brun le seigneur de la légion de fer, dont le pouvoir ne relève pas d’une lignée maudite mais qui en fait… Chut, je ne vais pas spoiler la révélation. ^^ Le dessin de Nicolas Demare est très agréable, lisible et fluide. Ouaich… j’ai passé un bon moment. Bon, c’est quand qu’on passe aux choses sérieuses et le grand final ? Tome 21 Ulrog de la Forge 5 étoiles

15/03/2016 (MAJ le 14/04/2019) (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Wobblies
Wobblies

Un pavé ! plus de 300 pages ! Mais quel délice de plonger dans l’histoire des Industrial Workers of the Word ! À son apogée, la IWW – la eye double you double you - comptait environ 100 000 membres actifs. Ce syndicat a fêté son centenaire en janvier 2005. Cet ouvrage offre différents points de vue sur l’histoire des wobblies à travers les dessins d’Harvey Pekar, Peter Kuper, Mike Konopacki, Trina Robbins, Seth Tobocman, Jay Kinney, Sabrina Jones, Jeffrey Lewis, ou encore Sharon Rudahl. Des styles bien différents que vous découvrez au fil des pages mais un fil rouge … noir et blanc. Cela peut être repoussant au début – surtout pour ceux qui préfèrent des BD colorisées – mais pour s’imprégner de cette fresque sociale, évidemment c’était le choix qu il fallait prendre. Bon d’accord pas possible de lire et de se cultiver avec cette BD à la plage entre deux ploufs, un château de sable à construire avec les gamins et en se délectant d’une glace chocolat vanille. Non non. Pour apprécier … un canapé moelleux et un bon whisky. Vous êtes prêts ? Vous pouvez désormais glisser lentement dans l’atmosphère du début des années 1900, des premières mobilisations de masse, et des souhaits d’un changement radical d’une population démunie. Cette longue histoire dessinée se veut un témoignage engagé et n’est autre qu’une révolte artistique contre les banquiers qui accumulèrent des fortunes jusque là inimaginables tandis que le nombre de travailleurs pauvres et sans espoir de voir leur situation s’améliorer allait croissant. J’ai adoré !

14/04/2019 (MAJ le 14/04/2019) (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Le Prince et la Couturière
Le Prince et la Couturière

3.5 Un comics qui parle de transsexualité à travers un prince qui se sens plus comme une princesse et qui cache son secret à tout le monde sauf son serviteur et une couturière qui va lui confectionner de belles robes. Je ne sais pas trop quoi ajouter aux deux autres avis. C'est une bonne bande dessinée et qui m'a plus convaincue que la plupart des autres albums primés à Angoulême cette année. L'intrigue est prenante même si le déroulement du récit est un peu trop prévisible et que la fin est un peu facile, mais en même temps le scénario a un coté conte de fée et les contes de fées sont clichés et ont des fins heureuses impossible alors ça ne m'a pas trop dérangé. Les personnages sont attachant, le dessin est bon et l'auteure réussit à parler d'un 'sujet de société' sans tomber dans un ton moralisateur chiant.

14/04/2019 (modifier)
Couverture de la série Tseu Hi - La Dame dragon
Tseu Hi - La Dame dragon

C’est la première fois que j’ai l’occasion de lire une série de cette collection. Et, paradoxalement, je l’inaugure avec sans doute la reine que je connaissais le moins (que je ne connaissais pas du tout en fait !). C’est donc une découverte, à tous points de vue. Je ne sais pas jusqu’où les choix faits par les auteurs les ont conduits à respecter la réalité. Mais en tout cas ils nous dépeignent ici une trajectoire quasi linéaire d’une self made woman qui a tout fait pour assouvir ses envies, et aller même au-delà de ses ambitions (en fait c’est presque le portrait de l’ambition d’un duo, Tseu Hi étant ici accompagnée par un jeune homme, eunuque lui aussi très ambitieux). Un eunuque et une concubine : une grande partie de l’intrigue se déroule donc dans certaines alcôves, le sexe jouant un rôle (pour souder les deux alliés, et pour défendre ses ambitions). Et l’on découvre qu’une fois arrivée au sommet du pouvoir, Tseu Hi poursuit sur sa lancée, cette fois-ci pour conserver le pouvoir : le personnage débordant d’ambition se révèle alors froid calculateur, n’hésitant pas à éliminer ceux qui pourraient devenir des obstacles, fussent-ils de sa chair. Intrigante, sans scrupules ni morale, Tseu Hi est un personnage finalement peu sympathique (même si ses débuts nous la rendaient plus attachante, victime de son père et de décisions qui n’en faisaient qu’un objet). La société impériale de l’époque est bien rendue (par la narration et le dessin), comme les politiques hypocrites et agressives des Européens, Américains et Japonais, qui menaient dans cette Chine affaiblie et déchirée des guerres de conquêtes. Dont Tseu Hi sut se servir pour se maintenir au pouvoir face aux révoltes populaires. Note réelle 3,5/5.

11/04/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Aristophania
Aristophania

Le seul premier tome paru à ce jour est encore un peu trop introductif pour garantir que l'ensemble de la série soit franchement bien, mais il y a un très bon potentiel, une belle réalisation et j'ai envie d'y croire. C'est une sympathique idée que de mettre en scène une France du début du 20e siècle sous un angle d'urban fantasy, avec des sorciers et sorcières vivant secrètement au milieu des humains. Le mélange entre un contexte un peu social, avec grèves d'ouvriers et enfants vivants dans la misère, et un conflit entre magiciens, surtout dans le décor de la banlieue Parisienne et de la Provence de l'époque sort assez des sentiers battus, en tout cas en bande dessinée. Le dessin de Joël Parnotte est également très bon, très soigné, avec de belles planches qu'on prend plaisir à admirer. Et l'intrigue tient le lecteur en haleine, avec l'envie d'en savoir plus sur ce qui se trame derrière le voile de mystère que les trois jeunes héros tentent de lever. Un bon début, et si la suite tient la route, avec un bon développement et une conclusion satisfaisante au bout des 4 tomes prévus, ce sera là un très bon cru.

11/04/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série La Guerre des Fourmis
La Guerre des Fourmis

J'ai découvert adolescent le monde complexe et incroyable des fourmis avec les bouquins de Bernard Weber. Leur société, leur mode de vie et leur capacité d'adaptation m'avait alors fasciné. La Guerre des Fourmis m'a apporté de nouvelles informations instructives sur ces animaux incroyables, mais aussi de quoi donner froid dans le dos. Initialement publiée sous la forme d'un web-comics à vocation totalement documentaire et scientifique, cette BD présente aux lecteurs le mode de vie étonnant de certaines espèces de fourmis avant de s'attacher plus précisément à nous informer sur les espèces dites envahissantes. On parle ici de colonies ou de méga-colonies qui ont conquis des territoires à l'échelle de continents entiers et qui se battent très violemment les unes contre les autres, et contre d'autres animaux également. Nous apprendrons ici leurs méthodes, leurs organisations et leurs armes. Et il y a parfois de quoi avoir peur et de se dire qu'on a vraiment de la chance de ne pas être à la même échelle que ces insectes là sans quoi l'espèce humaine serait vraiment en danger devant une telle ingéniosité martiale. C'est une lecture très intéressante mais aussi amusante dans sa mise en scène et sa présentation, les auteurs combinant la véracité scientifique de leur récit avec des images plus humoristiques, un peu à la manière d'une Marion Montaigne dans Tu mourras moins bête. C'est le cas notamment dans le dernier chapitre où sont racontés les affrontements entre différents types d'espèce que les scientifiques ont volontairement faits se rencontrer pour voir qui battait qui. Et le dessin de Mathieu Ughetti est lui aussi très agréable, avec un trait épuré mais hyper efficace et une élégante colorisation en tri-chromie. Un joli bouquin aussi instructif qu'amusant !

11/04/2019 (modifier)