Gros coup de coeur !
L'histoire est malheureusement partie intégrante d'une réalité qui persiste encore... et ça fait mal à la lecture. On y repense longtemps après (pas que dans mon cas) et c'est pour moi ce qui justifie la place de ce livre chez soi, afin de le faire lire par d'autres.
Mélangeant réalité, rêve éveillé et surnaturel (mis en rapport avec l'usage imposé de la drogue à ces enfants, c'est tout à fait logique) et servi par un dessin réaliste ne choquant pour tant pas au vu des détails atroces, ce récit tient en haleine du début à la fin.
On espère une rédemption du personnage victime de la folie de chefs de guerre, que l'on sait pourtant impossible. Triste mais froidement logique.
Au-delà de la gravité du sujet, la lecture est si prenante qu'elle se fait d'un trait, les 128 pages ne sont pas de trop. Rapport qualité/prix encore une fois imbattable de la part du label 619. Merci !
Epaté par ce 1er album de jeune trio d'auteurs, carré dans les graphismes et le scénario. De bon augre pour l'avenir.
La couverture dans les tons gothique / anées 30 est splendide, 1 bon twist en milieu de lecture qui évite de faire traîner l'intrigue en longueur, un personnage froid et intriguant mais passionant (pour ceux qui affectionnent ces personnages aux intentions troubles, comme le Collectionneur de Toppi par exemple) et une chouette idée de carnet d'investigation clotûrant la fin. Que vouloir de plus ?
Ouvrage de qualité, pages bien épaisses. Lu avec une bande-son de film noir, c'est top.
Malgré les réserves que je vais signaler plus loin, je dois dire que je suis sorti de ma lecture avec l’envie de lire les autres productions de cet auteur. En effet, voilà un ancêtre qui ne fait pas son âge !
Christophe développe son intrigue en une suite de courtes histoires (de six cases à chaque fois) qui forment une histoire complète. Cela lui permet de présenter au fur et à mesure les protagonistes (dont le voisin, un dentiste, dont Cosinus va involontairement pourrir la vie), et d’enchainer sur les mésaventures de cet ahuri de Brioché, alias Cosinus (proche par certains aspect de monsieur Hulot, du professeur Tournesol ou de certains personnages d'Harold Lloyd).
Christophe use d’un humour mêlant le noir, le décalé, l’ironie ou le second, voire troisième degré parfois. C’est-à-dire qu’il est plus que moderne (rappelons que cela date de la fin du XIXème siècle !). Dès le début, j’ai bien aimé le ton, avec des titres et des commentaires qui, par leur côté exagéré et/ou décalé, complètent, enrichissent et surtout dynamisent l’histoire.
Alors, certes, les commentaires sis sous les cases (aucune bulle, tout est au style indirect) sont souvent un peu trop longs. Et l’humour – vraiment très bon pour l’époque, et passant quand même bien je trouve pour aujourd’hui, même s’il faut de l’indulgence et ne pas tout lire d’un coup, aurait gagné à être plus percutant, plus noir (mais là c’est sans doute affaire de goût).
En tout cas, ces strips soutiennent clairement la comparaison avec pas mal d’autres, produits depuis plus d’un siècle. Je vous encourage à jeter un œil sur cet album, et je vais de ce pas m’intéresser aux autres productions de Christophe.
Je regrette juste que l’éditeur n’ait pas eu l’idée de placer une introduction, un dossier éclairant et mettant en perspective le travail de Christophe (comme le feront plus tard avec d’autres très vieilles séries Futuropolis et Horay). J’ai lu l’édition de 1961, et je pense que la suivante, au format à l’italienne, est plus adapté (et peut-être que là un dossier a été ajouté ?).
Mais tout amateur de l’histoire du neuvième art se doit de connaître cet « ancêtre ».
Format inhabituel pour cet album ( 28.9 * 36.8 cm ) .
Un très bon graphisme néo-rétro qui accentue la touche d' originalité de celui-ci .
Atypique mais indispensable dans une bédéthèque .
I love Plunk too, serais-je tenté de dire, pour répondre au titre du premier album.
En tout cas, j’ai vraiment aimé suivre les mésaventures de ce personnage bizarroïde, sans jambe, avec des pieds qui ressemblent à des mains, un nez en trompette, et qui est seulement vêtu d’un grand short vert et d’un entonnoir sur le crâne.
Cet improbable bonhomme traverse ses aventures un peu comme monsieur Hulot, ballotté, s’étonnant à peine de l’incroyable. La quasi-totalité des gags sont réussis, apportant au minimum le sourire, voire le rire (c’est plus rare, certes).
De l’humour con, parfois absurde, pas mal de poésie. On est là proche de ce que font des auteurs de la même région, comme De Poortere avec Dickie, ou alors Retera avec Jean-Norbert, même si, Dupuis oblige, on est là plus dans la retenue (rien de trash, ou de trop enlevé). Mais c’est quand même une série bien sympa, drôle et à découvrir.
Il ne fait jamais bon vieillir quoi qu’on en dise, et personne ne souhaite expérimenter ce « naufrage », plus ou moins long dans la durée selon l’horloge interne de chacun. Pourtant, un jour ou l’autre, vient le moment où l’on vous laisse la place dans le bus, sans que l’on ait vu venir le coup. Et là, s’ensuit le temps des questionnements et peut-être de la déprime… A la soixantaine, peut-on encore être utile à quelqu’un et bâtir des projets ? Peut-on encore être désirable et connaître le grand amour quand on est seul ?
Avec cet album au titre original, mais ne reflétant guère son contenu, Zidrou nous propose quelques éléments de réponse, qui, il faut l’avouer, s’avèrent plutôt réconfortants. L’histoire, qui démarre dans une certaine noirceur liée à la problématique du vieillissement, opère un virage à 180° dès lors que la rencontre entre Ulysse et Méditerranée aura lieu. On assiste alors à une sorte de petit miracle qui, une fois passé le cap de l’acceptation des corps flétris, va rajeunir les visages et injecter du sourire dans les expressions, avant que ne soit posée la cerise rouge vif sur le gâteau de l’amour tardif dont on ne pourra rien dire ici pour éviter de spoiler le récit.
« L'Obsolescence programmée de nos sentiments » est servie par de très beaux textes où l’humour n’est pas absent. L’auteur belge, qui n’en est pas moins lucide pour autant, montre, sans tabous, qu’il n’y a pas nécessairement de fatalité, quand bien même avec l’âge on en vient à se sentir « blanchi comme un cheval fourbu », comme le chantait avec tant de désespérance Léo Ferré. A ce titre, cette fable optimiste sur le temps qui passe trouverait peut-être davantage son inspiration dans la chanson d’un compatriote non moins célèbre, j'ai nommé Jacques Brel, qui déclamait de façon poignante que le feu pouvait rejaillir « d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux ».
Impossible de terminer cette chronique sans évoquer Aimée de Jongh, jeune dessinatrice néerlandaise déjà récompensée pour Le Retour de la Bondrée, qui illustre avec sensibilité le récit de Zidrou. Alliant son trait expressif à un cadrage bien senti, elle fait ressortir aussi bien les tourments intérieurs des personnages que leur besoin criant d’amour, les rend encore plus vivants en y mettant toute sa tendresse et son humanité. La synergie entre les deux auteurs a donc très bien fonctionné pour cette love story séniorisante, trop belle pour être vraie diront les grincheux, mais comme une pause bienfaisante face au tic-tac implacable de l’horloge.
Tezuka ... Le dieu du manga n'usurpe pas son nom, c'est certain. Il a un talent de conteur, de dessinateur, d'auteur et allie tout cela avec une intelligence de propos. Et toujours le mélange entre la noirceur et l'humanité de tout ses personnages. C'est une véritable mine d'or que chacune de ses séries. Et encore une fois, l'Histoire des 3 Adolf ne déroge pas à la règle.
Cette histoire se développe sur toute la période du nazisme (et même après) et prend le temps d'installer ses personnages et son histoire. C'est impressionnant comme il est facile de gober autant de pages alors même que le propos est bien souvent très noir. Mais tout passe sans aucun souci.
On retrouve ici bon nombre de thèmes chers à Tezuka : l'humanité des personnages inhumains, la dictature et la guerre (on sent très bien à quel point il a été traumatisé par ce qu'il vécut dans la seconde guerre mondiale), la violence faite aux femmes (qui revient presque tout le temps dans ses œuvres) ... Le tout associés à des nouvelles thématiques autour de l'idéologie nazies, mais aussi de la façon dont tout finit par revenir. Je ne peux pas ici en dire plus sans spoiler, mais la fin est d'une cruauté rare et d'une justesse douloureuse. Elle reboucle parfaitement sur l’imbécilité de l'humain qui n'en finira jamais de se taper dessus et de se haïr. C'en est presque désespérant.
J'ai beau savoir que le propos de départ de la BD est une légende urbaine, il n'empêche que je suis époustouflé par la facilité avec laquelle Tezuka utilise cela pour développer une histoire complète autour. Une histoire qui prend au tripes et qui laisse finalement songeur lorsqu'on referme le livre.
Je le redis encore une fois, mais le dessin me subjugue à chaque fois. La maestria dont il fait preuve, le dynamisme et la précision qu'il y met est incroyable. Le drame côtoie la comédie, la satyre côtoie la réalité crue, l'histoire côtoie la fiction. C'est impressionnant de réussite dans chaque case, dans chaque organisation de planches.
Je ne saurais quoi dire sans donner l'impression de m'épancher encore et encore sur son talent, mais je recommande cette oeuvre. En fait, je recommande plutôt l'auteur. Vraiment.
Fabcaro avait frappé fort à la sortie de Zaï Zaï Zaï Zaï. La BD a largement fait parler d'elle et c'est tout naturellement plein de confiance que je me suis précipité dessus. Grand bien m'en a fait d'ailleurs.
Cette BD est un condensé d'humour, mais pas exempt d'une pointe de critique sociale acerbe. Fabcaro a l'art de croquer le français moyen, dans sa toute moyenne. Il émaille son récit de petites répliques bien senties, de petites piques envers des personnes ou des institutions, le tout en n'oubliant pas de rester délicieusement absurde.
Je crois que c'est le premier Fabcaro que j'ai lu, et je ne le regrette absolument pas. C'est du tout bon de A à Z, le dessin très particulier mais complètement dans l'air de la BD apportant sa touche de comique supplémentaire. Je ne peux que recommander une BD comme celle-ci.
On peut dire que Soleil a fait fort pour accoucher du petit dernier de la collection Métamorphose, « Minivip et Supervip ». Présenté dans un tirage soigné avec vernis sélectif pour la couverture, l’éditeur a fait appel à un vétéran de l’animation italienne, Bruno Bozzetto, et à Grégory Panaccione, figure montante de la BD européenne. Récompensé par un Ours d’or à Berlin en 1990, le Milanais a ressorti ses propres archives pour ce one-shot dérivé de son long métrage de 1968, méconnu de ce côté-ci des Alpes, « VIP, mon frère Superman », avec ses deux héros improbables, parodies des surhommes marvelliens d’outre-Atlantique.
Quant à Panaccione, jeune quinqua arrivé tardivement dans la BD mais déjà remarqué pour Un océan d'amour et sa série Chronosquad, il a su réactualiser l’univers « sixties » de l’Italien sans en dénaturer l’esprit, un rien provocateur. Son dessin « cartoonesque », graphiquement très abouti, dynamise parfaitement cette histoire aux rebondissements multiples, entre la fable écolo et le pastiche SF. Jouant davantage sur le visuel, ce pavé de 280 pages sans temps morts se lit plutôt vite, et, de façon fort logique, donne parfois l’impression de regarder un dessin animé (il suffit de visionner la bande-annonce pour comprendre). Résultant d’une mise en page serrée, le mouvement est punchy et les trombines des personnages, qu’elles soient flegmatiques ou hallucinées, produisent leur effet comique à plein. Seul bémol, les répliques ne sont pas toujours drôles et la narration tend parfois à s’égarer dans des délires quelque peu tortueux qui diluent la tension censée habiter le récit, même si bien sûr, on est davantage dans le registre de la dérision.
« Supervip et Minivip », ces deux frangins héros plus « anti » que « super » dont on retient surtout la capacité à commettre des gaffes, sauront-ils trouver leur public au-delà de l’Italie ? En tous cas, cet album « jeunesse-mais-aussi-pour-toute-la-famille » ne manque pas d’atouts pour les y aider, avec notamment cette galerie de créatures décalées et hilarantes (l’Impératrice « Fertilité », petite sœur de Jabba the Hutt, Sing-Song, le gorille aux angoisses shakespeariennes, ou encore Sterminator, géant vert très benêt à la syntaxe fantaisiste). Avant de téléporter sur une planète lointaine nos deux zigues en collants, on peut donc les inviter dans son salon de lecture, tout en les priant bien évidemment de ne pas faire de zèle…
Alors que Châteaux-Bordeaux se dirige vers son dernier tome, voilà une nouvelle suite qui se décline pour découvrir la haute gastronomie. Après le vin, quoi de plus normal ? A noter que Les Gouttes de Dieu que doit certainement lire l'auteur a suivi exactement le même chemin avec son fameux mariage entre mets et bon cru.
Au niveau de la construction du récit, il n'y a rien à redire tant la maîtrise est visible. Au niveau du dessin, c'est toujours aussi excellent. Il faut dire que j'aime bien ce genre de graphisme réaliste qui a le souci du détail. Par ailleurs, quelle plaisir de retrouver Alexandra Baudricourt qui ouvre un restaurant au sein du domaine familial Le Chêne Courbe.
On découvre un monde tout aussi riche que celui du vin dans un univers pas aussi éloigné que cela. Les fans de la saga originale qui s'est d'ailleurs très bien vendu seront ravis. Les autres pourront passer leur chemin.
Oenologie et restauration vont bien ensemble. Cependant, après avoir eu des souci avec son vin, l'héroïne va en avoir avec son restaurant. Cela fait certes un peu répétition mais si bien dosé que la lecture demeure très agréable et qu'on en redemande. Une belle proposition à consommer sans se retenir.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Doggybags - Teddy Bear
Gros coup de coeur ! L'histoire est malheureusement partie intégrante d'une réalité qui persiste encore... et ça fait mal à la lecture. On y repense longtemps après (pas que dans mon cas) et c'est pour moi ce qui justifie la place de ce livre chez soi, afin de le faire lire par d'autres. Mélangeant réalité, rêve éveillé et surnaturel (mis en rapport avec l'usage imposé de la drogue à ces enfants, c'est tout à fait logique) et servi par un dessin réaliste ne choquant pour tant pas au vu des détails atroces, ce récit tient en haleine du début à la fin. On espère une rédemption du personnage victime de la folie de chefs de guerre, que l'on sait pourtant impossible. Triste mais froidement logique. Au-delà de la gravité du sujet, la lecture est si prenante qu'elle se fait d'un trait, les 128 pages ne sont pas de trop. Rapport qualité/prix encore une fois imbattable de la part du label 619. Merci !
La Valise (Akileos)
Epaté par ce 1er album de jeune trio d'auteurs, carré dans les graphismes et le scénario. De bon augre pour l'avenir. La couverture dans les tons gothique / anées 30 est splendide, 1 bon twist en milieu de lecture qui évite de faire traîner l'intrigue en longueur, un personnage froid et intriguant mais passionant (pour ceux qui affectionnent ces personnages aux intentions troubles, comme le Collectionneur de Toppi par exemple) et une chouette idée de carnet d'investigation clotûrant la fin. Que vouloir de plus ? Ouvrage de qualité, pages bien épaisses. Lu avec une bande-son de film noir, c'est top.
L'Idée fixe du savant Cosinus
Malgré les réserves que je vais signaler plus loin, je dois dire que je suis sorti de ma lecture avec l’envie de lire les autres productions de cet auteur. En effet, voilà un ancêtre qui ne fait pas son âge ! Christophe développe son intrigue en une suite de courtes histoires (de six cases à chaque fois) qui forment une histoire complète. Cela lui permet de présenter au fur et à mesure les protagonistes (dont le voisin, un dentiste, dont Cosinus va involontairement pourrir la vie), et d’enchainer sur les mésaventures de cet ahuri de Brioché, alias Cosinus (proche par certains aspect de monsieur Hulot, du professeur Tournesol ou de certains personnages d'Harold Lloyd). Christophe use d’un humour mêlant le noir, le décalé, l’ironie ou le second, voire troisième degré parfois. C’est-à-dire qu’il est plus que moderne (rappelons que cela date de la fin du XIXème siècle !). Dès le début, j’ai bien aimé le ton, avec des titres et des commentaires qui, par leur côté exagéré et/ou décalé, complètent, enrichissent et surtout dynamisent l’histoire. Alors, certes, les commentaires sis sous les cases (aucune bulle, tout est au style indirect) sont souvent un peu trop longs. Et l’humour – vraiment très bon pour l’époque, et passant quand même bien je trouve pour aujourd’hui, même s’il faut de l’indulgence et ne pas tout lire d’un coup, aurait gagné à être plus percutant, plus noir (mais là c’est sans doute affaire de goût). En tout cas, ces strips soutiennent clairement la comparaison avec pas mal d’autres, produits depuis plus d’un siècle. Je vous encourage à jeter un œil sur cet album, et je vais de ce pas m’intéresser aux autres productions de Christophe. Je regrette juste que l’éditeur n’ait pas eu l’idée de placer une introduction, un dossier éclairant et mettant en perspective le travail de Christophe (comme le feront plus tard avec d’autres très vieilles séries Futuropolis et Horay). J’ai lu l’édition de 1961, et je pense que la suivante, au format à l’italienne, est plus adapté (et peut-être que là un dossier a été ajouté ?). Mais tout amateur de l’histoire du neuvième art se doit de connaître cet « ancêtre ».
Adam Clarks
Format inhabituel pour cet album ( 28.9 * 36.8 cm ) . Un très bon graphisme néo-rétro qui accentue la touche d' originalité de celui-ci . Atypique mais indispensable dans une bédéthèque .
Plunk
I love Plunk too, serais-je tenté de dire, pour répondre au titre du premier album. En tout cas, j’ai vraiment aimé suivre les mésaventures de ce personnage bizarroïde, sans jambe, avec des pieds qui ressemblent à des mains, un nez en trompette, et qui est seulement vêtu d’un grand short vert et d’un entonnoir sur le crâne. Cet improbable bonhomme traverse ses aventures un peu comme monsieur Hulot, ballotté, s’étonnant à peine de l’incroyable. La quasi-totalité des gags sont réussis, apportant au minimum le sourire, voire le rire (c’est plus rare, certes). De l’humour con, parfois absurde, pas mal de poésie. On est là proche de ce que font des auteurs de la même région, comme De Poortere avec Dickie, ou alors Retera avec Jean-Norbert, même si, Dupuis oblige, on est là plus dans la retenue (rien de trash, ou de trop enlevé). Mais c’est quand même une série bien sympa, drôle et à découvrir.
L'Obsolescence programmée de nos sentiments
Il ne fait jamais bon vieillir quoi qu’on en dise, et personne ne souhaite expérimenter ce « naufrage », plus ou moins long dans la durée selon l’horloge interne de chacun. Pourtant, un jour ou l’autre, vient le moment où l’on vous laisse la place dans le bus, sans que l’on ait vu venir le coup. Et là, s’ensuit le temps des questionnements et peut-être de la déprime… A la soixantaine, peut-on encore être utile à quelqu’un et bâtir des projets ? Peut-on encore être désirable et connaître le grand amour quand on est seul ? Avec cet album au titre original, mais ne reflétant guère son contenu, Zidrou nous propose quelques éléments de réponse, qui, il faut l’avouer, s’avèrent plutôt réconfortants. L’histoire, qui démarre dans une certaine noirceur liée à la problématique du vieillissement, opère un virage à 180° dès lors que la rencontre entre Ulysse et Méditerranée aura lieu. On assiste alors à une sorte de petit miracle qui, une fois passé le cap de l’acceptation des corps flétris, va rajeunir les visages et injecter du sourire dans les expressions, avant que ne soit posée la cerise rouge vif sur le gâteau de l’amour tardif dont on ne pourra rien dire ici pour éviter de spoiler le récit. « L'Obsolescence programmée de nos sentiments » est servie par de très beaux textes où l’humour n’est pas absent. L’auteur belge, qui n’en est pas moins lucide pour autant, montre, sans tabous, qu’il n’y a pas nécessairement de fatalité, quand bien même avec l’âge on en vient à se sentir « blanchi comme un cheval fourbu », comme le chantait avec tant de désespérance Léo Ferré. A ce titre, cette fable optimiste sur le temps qui passe trouverait peut-être davantage son inspiration dans la chanson d’un compatriote non moins célèbre, j'ai nommé Jacques Brel, qui déclamait de façon poignante que le feu pouvait rejaillir « d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux ». Impossible de terminer cette chronique sans évoquer Aimée de Jongh, jeune dessinatrice néerlandaise déjà récompensée pour Le Retour de la Bondrée, qui illustre avec sensibilité le récit de Zidrou. Alliant son trait expressif à un cadrage bien senti, elle fait ressortir aussi bien les tourments intérieurs des personnages que leur besoin criant d’amour, les rend encore plus vivants en y mettant toute sa tendresse et son humanité. La synergie entre les deux auteurs a donc très bien fonctionné pour cette love story séniorisante, trop belle pour être vraie diront les grincheux, mais comme une pause bienfaisante face au tic-tac implacable de l’horloge.
L'Histoire des 3 Adolf
Tezuka ... Le dieu du manga n'usurpe pas son nom, c'est certain. Il a un talent de conteur, de dessinateur, d'auteur et allie tout cela avec une intelligence de propos. Et toujours le mélange entre la noirceur et l'humanité de tout ses personnages. C'est une véritable mine d'or que chacune de ses séries. Et encore une fois, l'Histoire des 3 Adolf ne déroge pas à la règle. Cette histoire se développe sur toute la période du nazisme (et même après) et prend le temps d'installer ses personnages et son histoire. C'est impressionnant comme il est facile de gober autant de pages alors même que le propos est bien souvent très noir. Mais tout passe sans aucun souci. On retrouve ici bon nombre de thèmes chers à Tezuka : l'humanité des personnages inhumains, la dictature et la guerre (on sent très bien à quel point il a été traumatisé par ce qu'il vécut dans la seconde guerre mondiale), la violence faite aux femmes (qui revient presque tout le temps dans ses œuvres) ... Le tout associés à des nouvelles thématiques autour de l'idéologie nazies, mais aussi de la façon dont tout finit par revenir. Je ne peux pas ici en dire plus sans spoiler, mais la fin est d'une cruauté rare et d'une justesse douloureuse. Elle reboucle parfaitement sur l’imbécilité de l'humain qui n'en finira jamais de se taper dessus et de se haïr. C'en est presque désespérant. J'ai beau savoir que le propos de départ de la BD est une légende urbaine, il n'empêche que je suis époustouflé par la facilité avec laquelle Tezuka utilise cela pour développer une histoire complète autour. Une histoire qui prend au tripes et qui laisse finalement songeur lorsqu'on referme le livre. Je le redis encore une fois, mais le dessin me subjugue à chaque fois. La maestria dont il fait preuve, le dynamisme et la précision qu'il y met est incroyable. Le drame côtoie la comédie, la satyre côtoie la réalité crue, l'histoire côtoie la fiction. C'est impressionnant de réussite dans chaque case, dans chaque organisation de planches. Je ne saurais quoi dire sans donner l'impression de m'épancher encore et encore sur son talent, mais je recommande cette oeuvre. En fait, je recommande plutôt l'auteur. Vraiment.
Zaï Zaï Zaï Zaï
Fabcaro avait frappé fort à la sortie de Zaï Zaï Zaï Zaï. La BD a largement fait parler d'elle et c'est tout naturellement plein de confiance que je me suis précipité dessus. Grand bien m'en a fait d'ailleurs. Cette BD est un condensé d'humour, mais pas exempt d'une pointe de critique sociale acerbe. Fabcaro a l'art de croquer le français moyen, dans sa toute moyenne. Il émaille son récit de petites répliques bien senties, de petites piques envers des personnes ou des institutions, le tout en n'oubliant pas de rester délicieusement absurde. Je crois que c'est le premier Fabcaro que j'ai lu, et je ne le regrette absolument pas. C'est du tout bon de A à Z, le dessin très particulier mais complètement dans l'air de la BD apportant sa touche de comique supplémentaire. Je ne peux que recommander une BD comme celle-ci.
Minivip & Supervip
On peut dire que Soleil a fait fort pour accoucher du petit dernier de la collection Métamorphose, « Minivip et Supervip ». Présenté dans un tirage soigné avec vernis sélectif pour la couverture, l’éditeur a fait appel à un vétéran de l’animation italienne, Bruno Bozzetto, et à Grégory Panaccione, figure montante de la BD européenne. Récompensé par un Ours d’or à Berlin en 1990, le Milanais a ressorti ses propres archives pour ce one-shot dérivé de son long métrage de 1968, méconnu de ce côté-ci des Alpes, « VIP, mon frère Superman », avec ses deux héros improbables, parodies des surhommes marvelliens d’outre-Atlantique. Quant à Panaccione, jeune quinqua arrivé tardivement dans la BD mais déjà remarqué pour Un océan d'amour et sa série Chronosquad, il a su réactualiser l’univers « sixties » de l’Italien sans en dénaturer l’esprit, un rien provocateur. Son dessin « cartoonesque », graphiquement très abouti, dynamise parfaitement cette histoire aux rebondissements multiples, entre la fable écolo et le pastiche SF. Jouant davantage sur le visuel, ce pavé de 280 pages sans temps morts se lit plutôt vite, et, de façon fort logique, donne parfois l’impression de regarder un dessin animé (il suffit de visionner la bande-annonce pour comprendre). Résultant d’une mise en page serrée, le mouvement est punchy et les trombines des personnages, qu’elles soient flegmatiques ou hallucinées, produisent leur effet comique à plein. Seul bémol, les répliques ne sont pas toujours drôles et la narration tend parfois à s’égarer dans des délires quelque peu tortueux qui diluent la tension censée habiter le récit, même si bien sûr, on est davantage dans le registre de la dérision. « Supervip et Minivip », ces deux frangins héros plus « anti » que « super » dont on retient surtout la capacité à commettre des gaffes, sauront-ils trouver leur public au-delà de l’Italie ? En tous cas, cet album « jeunesse-mais-aussi-pour-toute-la-famille » ne manque pas d’atouts pour les y aider, avec notamment cette galerie de créatures décalées et hilarantes (l’Impératrice « Fertilité », petite sœur de Jabba the Hutt, Sing-Song, le gorille aux angoisses shakespeariennes, ou encore Sterminator, géant vert très benêt à la syntaxe fantaisiste). Avant de téléporter sur une planète lointaine nos deux zigues en collants, on peut donc les inviter dans son salon de lecture, tout en les priant bien évidemment de ne pas faire de zèle…
Châteaux Bordeaux - A table !
Alors que Châteaux-Bordeaux se dirige vers son dernier tome, voilà une nouvelle suite qui se décline pour découvrir la haute gastronomie. Après le vin, quoi de plus normal ? A noter que Les Gouttes de Dieu que doit certainement lire l'auteur a suivi exactement le même chemin avec son fameux mariage entre mets et bon cru. Au niveau de la construction du récit, il n'y a rien à redire tant la maîtrise est visible. Au niveau du dessin, c'est toujours aussi excellent. Il faut dire que j'aime bien ce genre de graphisme réaliste qui a le souci du détail. Par ailleurs, quelle plaisir de retrouver Alexandra Baudricourt qui ouvre un restaurant au sein du domaine familial Le Chêne Courbe. On découvre un monde tout aussi riche que celui du vin dans un univers pas aussi éloigné que cela. Les fans de la saga originale qui s'est d'ailleurs très bien vendu seront ravis. Les autres pourront passer leur chemin. Oenologie et restauration vont bien ensemble. Cependant, après avoir eu des souci avec son vin, l'héroïne va en avoir avec son restaurant. Cela fait certes un peu répétition mais si bien dosé que la lecture demeure très agréable et qu'on en redemande. Une belle proposition à consommer sans se retenir. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5