Les derniers avis (31226 avis)

Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Une Métamorphose iranienne
Une Métamorphose iranienne

Il existe un tas de pays sur la planète où la liberté d’expression peut conduire des individus bien intentionnés en prison. Même un dessinateur de bd pour enfant ne peut parfois y échapper. Il suffit par exemple de dessiner un cafard et d’employer un mot qui dans un autre langage aurait une connotation négative. En l’occurrence, un groupe ethnique vivant en Iran et ayant des liens culturels avec la Turquie et l’Azerbaïdjan se sont servis d’une méprise pour manifester dans la violence leur mécontentement. En gros, ce sont des gens bien susceptibles qui se sentent persécutés. Atteinte à la sécurité de l’Etat et voilà notre auteur emprisonné et privé de liberté. S’il faut ajouter un système politique et judiciaire assez corrompu, voilà le triste résultat. Cela me fait penser que même des soutiens modérés à ce régime peuvent être à un moment donné dans leur collimateur. Cela crée un réfugié politique de plus. A la lecture récente de L'Araignée de Mashhad qui m’avait fort bien séduit, j’avais décidé de découvrir les œuvres antérieures de cet auteur assez étonnant. Après le Petit manuel du parfait réfugié politique, j’ai décidé de lire l’œuvre qui l’a fait connaitre. Il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à mieux sur un sujet aussi délicat. C’est également une épreuve personnelle qu’a subi de plein fouet Mana Neyestani aussi bien dans son arrestation, son emprisonnement ou sa fuite dans différents pays pour échapper à la répression du pouvoir des Ayatollahs. Tout est intéressant pour peu qu’on puisse considérer tout cela comme un tout. Compartimenter n’a d’ailleurs aucun sens. J’aime toujours le trait graphique qui colle à merveille pour ce type de récit. En même temps, c’est très lisible car c’est tout en rondeur. Je n’ai absolument pas eu de mal à rentrer dans cette histoire. C’est agréable à la lecture. Si on ajoute une narration bien réalisée, nous avons une œuvre complète. Certes, cela peut foutre le cafard pour ne pas dire le bordel. Chez nous aussi, il y a des gens susceptibles mais on ne termine pas en prison pour autant.

27/11/2017 (modifier)
Couverture de la série LaoWai
LaoWai

Une bonne introduction d’une trilogie évoquant une période méconnue des français mais à laquelle ils ont pourtant contribué, celle de la seconde guerre de l’opium opposant la Chine face à la France et le Royaume-Uni. Cela dit lorsqu’on voit le rôle qui ont joué ces deux derniers, on comprend pourquoi on fait profil bas (pas beaucoup de livres sur ces événements ni de documentaires). Ce n’est pas très glorieux de se retrouver de l’autre côté du manche dans le camp des méchants envahisseurs, hein ?… Toutefois ce n’est pas un récit purement historique, et heureusement. On démarre l’intrigue en 1859 lorsque la guerre est déjà entamée (1856-1860) mais durant une période de trêve. La guerre de l’opium sert de toile de fond à un récit d’action et d’aventure. Nous suivons un jeune marsouin français engagé volontaire, François Montagne. Un personnage fort intéressant au travers duquel le lecteur pourra se reconnaître car tout comme lui on découvre et s’émerveille du dépaysement de cette Chine du XIXème siècle, en même temps qu’on adopte son regard naïf, complètement ignorant du pourquoi du comment de cette guerre. J’adore ce genre de construction scénaristique où à travers une petite histoire on raconte la grande. Les scénaristes se veulent honnêtes, réalistes, et ne cherchent pas à épargner les forces occidentales. Bien évidemment qu’on ne fait pas la guerre pour des questions d’honneur ou de lutte entre le bien et le mal. Il est toujours de bon ton de présenter son ennemi comme le grand méchant menaçant notre mode de vie, et pas comme un bon bougre qui aspire aux mêmes choses simples que l’occidental moyen (le discours du général Cousin Montauban aux troupiers p.21-22 en est une parfaite illustration). On fait la guerre pour des richesses matérielles, de l’or, des terres, du pouvoir, des parts d’action, le marché, etc. Ne restait plus qu’à trouver le Casus Belli. En plein cœur de ces événements, le soldat Montagne est un peu le rebelle de service qui a des valeurs et les défend envers et contre tous. Un petit côté Corto Maltese un brin candide comme je l’ai évoqué, mais qui fait du bien à suivre. Du camarade exemplaire lors de la phase entraînement façon Easy Company dans Band of Brothers au héros de guerre survivant, en passant par le good lad durant la traversé, jusqu’à la phase remise en question puis rébellion ; il demeure droit comme un « i ». Pour nuancer cette bonne impression globale du scénario, il n’y a pas vraiment de gros rebondissements pour le moment. Même les sous-intrigues sont un peu cousues de fil blanc, pas besoin d’être une flèche pour deviner que la comtesse de Malnay joue un double-jeu et à la longue l'aveuglement de Montagne commence à devenir lourd sur le deuxième tome. Xavier Besse propose un dessin semi-réaliste de très bonne facture qui rentre tout à fait dans ma zone de confort. Et les couleurs à l’aquarelle sont magnifiques et très à propos avec ce type d’histoire, évoquant un aspect carnet de voyage. Comment tout cela va-t-il se terminer ? On connaît la suite dans les grandes lignes : les hominidés crevarices du grand capital obtiendront ce qu’ils étaient venus chercher… quant au sort de Montagne et ses camarades, j’espère que le scénario saura me surprendre dans l'ultime volume.

27/11/2017 (modifier)
Par Leonard
Note: 4/5
Couverture de la série Pandemonium
Pandemonium

Une bonne surprise, un récit captivant dans une ambiance un peu morbide. Historiquement intéressant également. De beaux dessins.

26/11/2017 (modifier)
Couverture de la série Natacha
Natacha

C'est très certainement sous le coup de la nostalgie que j'accorde quatre étoiles à cette BD. Objectivement, elle en mériterait peut être trois voire moins. J'en conviens, mon jugement est biaisé car Natacha fait partie de ces bonnes vieilleries franco-belges qui ont bercé mon enfance et mon adolescence (snif snif, souvenirs souvenirs...) Oui car comment ne pas tomber sous le charme de cette délicieuse blondinette en jupon ? La série avait surpris son monde à l'époque, une héroïne qui assumait sa féminité tout en affichant un caractère bien couillu face aux pires dangers, ça tranchait avec la consensualité phallocratique qui régnait alors. Des auteurs vont suivre le mouvement, en particulier Roger Leloup qui réussira lui aussi le coup de la protagoniste sexy et débrouillarde de bien meilleure manière que Walthéry en créant Yoko Tsuno en 1970. Ce qui est vraiment chouette avec Natacha, c'est qu'on se familiarise au fabuleux monde des aéroports et des avions civils. Hôtesse de l'air de la "B.A.R.D.A.F" et toujours flanquée de son collègue faire-valoir Walter, le stewart gaffeur et ombrageux, elle nous emporte dans un tourbillon d'aventures exaltantes, la plupart tournant autour de son métier même si Walthéry s'autorise parfois quelques délires sci-fi intéressants comme le diptyque "Instantanés pour Caltech/ Les machines incertaines" . Détournements d'avions, courses-poursuites entre deux vols, pirates de l'air et autres pieds nickelés, à travers ces histoires sympas et sans prétention on se retrouve absolument transporté dans cet univers immersif; Natacha appartient à cette caste de BD qui agit comme une magnifique publicité pour un corps de métier (on peut faire le parallèle avec Michel Vaillant et le monde du sport automobile). Même si cette série peut paraître un peu désuète et même un brin ridicule aujourd'hui ( Ah cette indomptable Natacha qui déambule en pleine forêt amazonienne en talons aiguilles, divinement ubuesque !), elle n'en reste pas moins un classique qui a su faire bouger les esprits psychorigides d'antan et je ne boude jamais mon plaisir de la relire de temps en temps au coin du feu. Qu'on se le dise, Natacha restera à jamais pour moi la seule héroïne de magazine Playboy capable de m'envoyer au 7ème ciel (au propre comme au figuré hein !)

26/11/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Les Esclaves oubliés de Tromelin
Les Esclaves oubliés de Tromelin

Encore un ouvrage sur la traite négrière, au bout du compte on peut se demander si ces témoignages des temps anciens possèdent une valeur pédagogique. Sans doute quoique! Alors que je lis cette BD les infos m'apprennent qu'en Lybie des migrants sont vendus sur les plages par des négriers modernes. Si ce n'était pas si triste j'aurais envie de pleurer, mais que les humains sont cons, peut être pas l'humanité mais il y a deux trois individus qui foutent la merde. Mais revenons à cette histoire qui emprunte beaucoup au genre de récits auxquels nous a habitué E. Lepage. Une sorte de documentaire, ici mâtiné d'un récit "à l'époque". L'ensemble n'est pas mal mais du fait de cette alternance entre hier et aujourd'hui cela perd de sa puissance d'évocation. Pour autant c'est un album à lire qui fait œuvre de mémoire sinon d'avertissement, l'actualité sur le coup ne donne pas raison à l'auteur.

26/11/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Ut
Ut

Ce n'est pas une formule que de dire que je suis vraiment embêté avec cette BD, du moins les deux premiers tomes de ce qui est annoncé comme une trilogie. C'est sur les étagères du sieur Paco que j'ai aperçu ces couvertures magnifiques autant qu'intriguantes et un feuilletage rapide m'a vite convaincu qu'il fallait que j'aille y voir de plus près. Chose faite. Un dessin en noir et blanc magnifique et je pèse mes mots, pas un trait appuyé tel qu'on peut le voir dans Le Rapport de Brodeck par exemple, mais quelque chose de plus étouffé, comme si réalisé à la pointe de charbon il avait été ensuite essuyé. Non vraiment des planches sublimes avec un décor puissant et envoûtant. Des architectures à la Lovecraft d'où suinte une angoisse sourde comme aurait dit le maître. Le problème vient en fait du scénario, ai-je tout compris ? Sans doute que non, mais ce n'est finalement peut être pas le plus important. Je crois qu'avec ce récit il faut accepter de se laisser prendre, mais vraiment (donc lieu calme et apaisé pour faire cette lecture). D’emblée nous sommes plongés dans un monde fantasmagorique. J'ai beaucoup pensé à l'univers de David Lynch, période "Eraserhead" . Un monde un peu glauque qui pour peu qu'on le veuille bien vous emporte très très loin où vous perdez vos repères, ce qui semble d'ailleurs être le cas de la plupart des personnages. Rarement une BD m'aura fait cet effet, habituellement je suis dans le petit classement tranquille : j'aime beaucoup, bien, moyen, pas du tout. Là depuis ma lecture, des images, de manière obsédante, me reviennent, en lien avec ma culture, littéraire, cinématographique, etc.... et sans fumer la moquette au final je dirais que cette histoire et sa mise en images sont tout bonnement fabuleuses. Attention je ne fais pas une expérience mystique mais tout simplement quand une histoire vous fait cet effet là et au vu de ce que j'ai pu vous dire jusqu'à maintenant je ne peux faire mieux que cette note qui avec la conclusion de cette trilogie ne demande qu'à s'élever encore. Tes étagères sont sympas Paco.

26/11/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Nerval l'inconsolé
Nerval l'inconsolé

Très réussie, la couverture résume assez bien à elle seule le personnage de Gérard de Nerval et la fantaisie de l’album. La BD historique ou biographique recourant plus souvent à un style de dessin académique (généralement très réaliste), il est toujours agréable de découvrir une œuvre sortant des canons habituels, et c’est complètement le cas ici. On pense plus aux Pieds Nickelés voire à certains moments aux caricatures de Daumier (contemporain de Nerval, né également en 1808 !), et d’emblée, on peut être déconcerté par le décalage entre le graphisme « cartoon » et le personnage évoqué : un auteur du mouvement romantique du XIXe, sujet au spleen et qui ne prêtait guère au burlesque. Et contre toute attente, on finit pas adhérer très vite. On découvre que Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, était un être fantasque, nerveux, toujours « intranquille » et aux abois, ce qui colle assez bien au trait enlevé et imprécis. Et que finalement, son côté lunaire en fait un parfait personnage de BD… La narration bénéficie d’un rythme enlevé. Les scènes sans paroles, souvent oniriques, constituent des respirations poétiques bienvenues alternant avec les passages textuels plus ordinaires. Chaque scène est introduite par des citations ou extraits épistolaires de Nerval ou de ses proches (son grand ami Théophile Gautier principalement). On suit donc avec intérêt la biographie de cet auteur, certes méconnu, mais qui se révèle attachant dans ses tourments existentiels – accrus par une grosse déception amoureuse avec la chanteuse Jenny Colon - auxquels il ne semblait y avoir aucun remède, aucune consolation… sauf peut-être celle, pour le moins étrange, de se suspendre par le cou aux poignées de porte afin d’atteindre l’ivresse sexuelle. « Nerval l’inconsolé » dégage un charme certain, avec une restitution historique crédible malgré la fantaisie qui parcourt l’histoire. Le lecteur ne peut qu’être séduit devant la magnifique évocation des voyages en Méditerranée de notre Gérard. Daniel Casanave semble décidément à l’aise dans les biographies de romanciers (Flaubert, Baudelaire, Verlaine…) ou adaptations de leurs œuvres (Shakespeare, Alfred Jarry). Ce n’est pas la première fois qu’il travaille avec le scénariste David Vandermeulen (Shelley, Chamisso (L'Homme qui a perdu son ombre)), et au vu de ce bel ouvrage, on ne peut qu’espérer une longue et fructueuse collaboration. Un des meilleurs albums de l’année sans aucun doute.

25/11/2017 (modifier)
Couverture de la série Paracuellos
Paracuellos

Même si cette série est classée en Humour, ne vous attendez pas en la lisant à pleurer de rire ! C’est plutôt la tristesse et la rage qui risquent de vous arracher des larmes. En effet, le sujet est des plus glauques, porte en lui un vent de révolte contre toute vision rigoriste de la société, et en particulier contre la morale et l’action castratrice de l’Eglise, surtout l’Eglise catholique espagnole (des années 1920 à la fin du régime de Franco en 1975). De nombreux scandales ont depuis éclaté à propos de la violence de cette Eglise (enfants volés à leur mère par des institutions religieuses…), sans bien sûr que personne ne soit renvoyé devant les tribunaux… La force des albums de Gimenez – qui se met en scène, car ayant lui-même vécu ce calvaire – est de ne pas faire d’attaque brutale, frontale. Bien au contraire, les petites historiettes (deux pages généralement chacune) sont toutes en nuance, usant d’une douceur froide, d’un réalisme glacial, d’une ironie mordante, avec des chutes à la fois simples et terribles. Qui peuvent parfois ressembler à de l’humour, certes. Mais un humour noir, tranchant, un rire jaune. Toutes ces histoires sont en tout cas émouvantes, prenantes. Le dessin de Gimenez est très bon, le Noir et Blanc convient parfaitement à ce qui s’apparente souvent à une chronique de la haine ordinaire, les institutions religieuses/orphelinats/pensionnats (il est vrai au cœur d’une société franquiste fasciste et castratrice par essence) ressemblant pas mal à des camps de concentration pour gamins. Quelle horreur ! (au nom de l’ordre, de Dieu ou de je ne sais quoi de bien-pensant évidemment). Un autre auteur de chez Fluide Glacial a aussi décrit, dans une vision finalement presque aussi noire, même s’il y a des différences (un peu plus de « vrai » humour), cet univers affreux des pensionnats catholiques : n’hésitez pas à lire L'Institution de Binet, pour compléter avec un exemple français le témoignage espagnol de Gimenez. Edifiant. Note réelle 4,5/5.

25/11/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Une Soeur
Une Soeur

C'est toujours avec un certain plaisir que je suis les oeuvres d'un des auteurs les plus doués de sa génération. Encore une fois, c'est une réussite totale. Pourtant, les thèmes sont assez classiques et ont été maintes fois exploités dans la bd. Toutefois, c'est réalisé avec un certain brio. En effet, la qualité du dessin est remarquable avec cette pureté des traits. S'il n'y avait que cela, on ne crierais pas au chef d'oeuvre. Il y a également le récit qui est basé sur les moments clefs de l'adolescence mêlés de sentiment de peur, de solitude mais également de rire. Tout sonne vrai dans cette initiation à l'amour de vacances à la sexualité. Il y a une certaine sensibilité du trait et du scénario que j'aime bien. La retranscription est parfaite. On se reconnaît dans Antoine et Hélène si on pouvait remonter le temps. Qui n'a jamais vécu un premier baiser ou étreinte amoureuse avant de se terminer dans une séparation non voulue ? Un mot pour dire qu'il ne faut jamais emmené les cartes Pokémon sur une plage : ce n'est pas le lieu. En conclusion, une bouffée de jeunesse qui fait du bien au-delà de la banalité.

25/11/2017 (modifier)
Couverture de la série Le Grand Méchant Renard
Le Grand Méchant Renard

Oui, c’est un conte fort sympathique, drôle par petites touches, enfin, ce n’est pas la grosse poilade non plus mais j’ai souri sur certaines répliques. C’est plein de bons sentiments qui, à moins d’avoir un cœur de pierre toucheront forcément le plus grand nombre. J’ai été légèrement déçu parce que la bd a été tellement sur-vendue que je m’attendais à l’œuvre d’exception. C’est un peu le revers de la médaille aussi, avec une adaptation au cinéma en l’espace de moins de 2 ans après sa sortie, là où d’autres séries cultes poireautent toujours en attente, je me disais que le succès et les éloges étaient forcément logiques et qu’on rentrait dans la catégorie des immanquables. Mise en page, dessin, couleurs directes, narration… ça se lit vite et bien, rapport au nombre de pages. Je ne dirais pas que c’est « joli » mais ça fait le taf. Du coup l’édition spéciale n’apporte pas grand-chose si on n’est pas gaga du dessin. On préférera l’édition simple déjà pas donnée. Bon sinon ce n’est pas trop mon truc ce genre d’histoire, je trouve cela un peu niais et déjà-vu, même si je n’ai pas d’exemple en tête qui me vient là. Je réserve plutôt cela à un public féminin et jeune. Un petit 4 mais mérité.

24/11/2017 (modifier)