Pas si simple de parler de cet album. Plusieurs voies d’exploration paraissent s’offrir à nous, divers axes de lecture qui, de la facilité à une investigation plus fouillée, délivrent chacun leur part d’émotions et de satisfaction.
Se contenter d’arpenter l’œuvre comme elle se présente au premier coup d’œil ? Une impressionnante compilation d’histoires brèves et très contrastées, à déguster simplement pour ce qu’elles racontent ou ce qu’elles sont. Points de vue de l’auteur sur la vie et sur le monde, réflexions sur ses congénères, tantôt amusées, tantôt tragiques, mais souvent d’une touchante tendresse. Autres minifictions, absurdes, horrifiques, cyniques ou drôles et quelques récits plus intimistes presque autobiographiques dévoilant la sympathique propension de Frederik Peeters à se mettre en cases. Un périple contemplatif et une vadrouille entre les genres, passionnants ou dénués d’intérêt selon qu’ils rencontreront les affinités et les perceptibilités de chacun.
La couverture avec ses indices frappants, laisse pourtant soupçonner des pèlerinages sous-jacents. Ces yeux derrière la tête, ce regard en arrière posé sur le passé. Une rétroprojection pour remonter le fil chronologique et révélateur de la griffe peetersienne. Un champ d’expérimentations créatives, l’apprivoisement du lecteur dans l’émersion d’un style et l’esquisse d’un talent narratif définissables entre mille. La découverte ou la récognition ludique d’univers en gestation que l’on retrouvera plus tard dans les Koma, Lupus ou autres Pilules bleues.
Au-delà de cette vision un tantinet réductrice qui ramènerait l’oeuvre au modeste rôle d’une éprouvette de laboratoire, c’est dans le titre qu’il faudra trouver l’excursion ultime : Ruminations. Introspection, questionnements, remâchement intellectuel. Un exercice cognitif loin d’être évident qui, plus que les vestiges de la « progression », de la supposée évolution d’un profil artistique, va révéler l’essence de chaque récit. Chacun des passages à l’acte créatifs est au service d’une idée propre, d’un état émotionnel dont on appréciera la pertinence et l’éloquence. Une force intrinsèque qui fait que chaque tableau existe avant tout pour et par lui-même, comme une démarche à part entière partiellement ou définitivement aboutie et l’écho d’une sensibilité bien définie à un instant précis.
Intéressant pour qui veut découvrir l’auteur.
Indispensable pour les fans.
Un excellent dessin, et un scénario que j'aime.
Evidemment, les histoires et l'inspiration, basées sur une actualité dépassée, éloigne le sujet de la caricature qui était une des sources.
Mais sans pour autant devoir se replacer dans le contexte, les gags sont vivants et inspirés.
Le dessin de Bercovici, que j'adore, est ici bien soutenu par un bon scénario.
Une des séries que j'aime.
Une série de SF très intéressante dont l'héroïne n'est pas dénudée en permanence (sauf dans le tome 1... pour servir l'histoire).
Cette série est un peu déroutante car chaque tome est différent. Certes l'aventure vécue est différente d'un tome à l'autre mais également le style, et plus encore l'ambiance de chaque tome diffère. Ainsi le tome 1 se déroule dans une belle jungle verte alors que le tome 6 se déroule sur un champ de bataille et le 7 est un huis clos dans une prison.
Chaque tome est l'occasion pour l'auteur de poser une réflexion sur l'écologie, la politique, le viol ou la "nature humaine". Si l'on peut en faire abstraction, il est intéressant de noter que chaque tome est différent car chaque réflexion des auteurs est différente... Jusqu'où iront-ils ?
Les personnages de cette série ne sont pas figés, l'héroïne "vieillit" physiquement et mentalement, des personnages arrivent, d'autres meurent. Malgré leurs différences stylistiques, les tomes s'enchainent tout de même comme les chapitres d'un roman.
Ce sont là les forces de cette série. Ces faiblesses tiennent essentiellement à ces différences entre les tomes car du coup vous adorerez un tome et détesterez peut-être le suivant. Contrairement à un Astérix, vous ne savez pas à l'avance à quoi vous attendre... mais est-ce encore une faiblesse ou une force ?
En revanche je vous déconseille l'achat du hors-série Le Collectionneur, absolument sans intérêt.
"L'étrange petite Tatari" fait partie de ses séries dont on a un peu honte d'aimer. D'ailleurs, au début, j'étais plutôt sceptique devant la répétition des scénarios (en gros, quelqu'un est méchant envers Tatari et celle-ci se venge) et envers le dessin qui est un peu moche. Pour finir, en lisant les deux-trois premières histoires, j'avais l'impression de regarder un film de série Z dont la qualité vole à peine plus haut qu'un film de Ed Wood.
Puis, petit à petit, j'ai commencé à prendre du plaisir à lire les aventures de Tatari. Je me suis attaché à elle malgré quelques exagérations dans ses humiliations. À certains moments, je me demandais où étaient les professeurs dans cette école car les élèves semblent avoir beaucoup de temps pour humilier la pauvre Tatari !
Mes tomes préférés sont les tomes 4-5 car l'auteur commence à vraiment varier les situations (ce qui n'est pas pour me déplaire car la lecture du tome 3 m'avait un peu blasé). Une camarade de classe de Tatari commence à avoir des remords et on rencontre dans le tome 5 Kakeru Noroi, un garçon avec un bon potentiel et je trouve dommage qu'il ne soit pas toujours aussi bien exploité que je le voudrais. Le dernier tome racontant l'enfance de Tatari est lui aussi très passionnant.
Bref, c'est peut-être con, mais moi j'aime bien.
Suis-je devenu un inconditionnel de Manu Larcenet ? Je constate simplement que cet auteur est un véritable génie de l'écriture, qu'il a compris son époque et qu'il le retranscrit très bien en bande dessinée. Ce qu'il réalise sort incontestablement du lot. C'est mieux que "pas mal". Il est vrai qu'on ne peut traiter de "daube" le travail d'un Picasso de la bande dessinée à moins d'être inculte ou arrogeant.
On passe un très bon moment de lecture au travers des aventures de Nic Oumouk, un jeune garçon desoeuvré d'une banlieue. Ce régal a lieu grâce au foisonnement de bonnes idées (ah ce "Edukator"; un sorte de Batman de la grammaire française). Contrairement à d'autres bd que j'ai pu lire, le langage jeune (Vazi !) n'est pas galvaudé mais tourné de telle manière qu'on peut en tirer des leçons. La banlieue devient un véritable lieu de vie.
Des dialogues savoureux et une touche de tendresse, un humour fin jamais vulgaire, une réflexion sur la société: tout ce concentré pour un pur moment de plaisir bonheur. Une merveille ! ::
Connaissez-vous le film Identity ? Si ce n'est pas le cas, je vous le recommande chaudement.
Si oui, vous avez peut-être apprécié la façon démoniaque dont le spectateur est baladé tout le long du film, ce renversement de situation qui vous tétanise sur votre siège en fin de métrage.
Pour moi "Shutter Island" est du même tonneau. Adapté d'un roman d'un maître du roman noir, cet album nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine. Ou plutôt dans les circonvolutions complexes et traîtresses de notre esprit. C'est incroyable ce qu'il est capable d'imaginer pour ne pas voir la vérité en face, la nier en se servant de ce qu'il a sous la main. Vous n'avez jamais été fou/folle ? Moi non plus. Enfin, si ça se trouve je le suis, et j'ai créé bdtheque juste pour transposer mes fantasmes de lecture de bandes dessinées qui n'existent pas. Si vous voulez un exemple, replongez dans les rêves où vous vous retrouvez en présence de personnes, de lieux et de situations qui n'ont rien à voir. Vous pouvez vivre une vie entière en quelques heures où votre cerveau lâche les brides.
Bref, j'ai trouvé l'histoire d'une machiavélité remarquable. La fin est un renversement énorme, bien que je l'aie un chouïa sentie venir.
Et encore une fois, comme dans Figurec, comme dans Emma ou encore Le Sang des Valentines, De Metter m'a bluffé. Sa maîtrise du contraste entre noir et blanc, sa mise en scène instaurent une atmosphère vraiment très particulière, complètement dans l'esprit des romans noirs. Il semble attiré par les récits noirs où le lecteur n'est pas pris pour un imbécile. Et quelle couverture, chargée de symbolisme psychiatrique...
Je suis fan.
Voici une bd qui ne pourrait aucunement être qualifiée de fond de tiroir! Mon erreur : la découvrir aussi tardivement. Bien sûr, j'en avais longuement entendu parler car elle a donné lieu à tout un univers de science-fiction qui a certainement dû inspirer plus d'un cinéaste à commencer par Luc Besson et son 5ème élément. Et puis, c'est l'association entre deux grands maîtres de la bande dessinée à savoir Moebius et le contesté Jodorowsky. Pour un titre qui commence à dater, c'est du tout bon!
En effet, j'ai littéralement adoré les aventures de John Difool, ce minable détective de classe R surnommé JDF par ses amis. Il est entraîné malgré lui dans une histoire qui le dépasse totalement et qui l'amènera à être le sauveur de deux galaxies. Il est l'image même de l’antihéros voulant simplement vivre égoïstement.
L'Incal est une sorte de pyramide blanche possédant des pouvoirs extraordinaires convoités par de nombreuses factions : une secte de scientifique, un chef d'état dictateur, des extraterrestres venant d'une autre galaxie etc...
Il y a des personnages secondaires très intéressants ou marrants comme Deepo la mouette de béton ou encore Kill tête de chien. Le scénario n'est pas linéaire et se complique un petit peu à chaque tome mais garde une parfaite cohérence et lisibilité. Ce mélange de space-opéra est peut-être l'une des meilleures séries de science-fiction de la bd. :)
Lowlife, d'Ivan Brun, exprimait déjà une vision incroyablement pessimiste de notre société. Avec No comment, l'auteur va plus loin. Beaucoup plus loin. D'une originalité et d'une unité graphique qui n'a d'égale que la noirceur de son propos, cet album est une véritable claque.
Tout d'abord, comme le titre l'indique, No Comment ne comporte aucun texte écrit. Et c'est là qu'on reconnaît la maîtrise : Ivan Brun parvient, grâce à toute une série de symboles voire même de logos (!), à retranscrire toute la gamme des émotions, des intentions... Mais il n'en abuse pas, et l'expressivité des visages suffit souvent à comprendre une situation.
En outre, grâce à un dessin faussement naïf, aux couleurs vives, avec des petits personnages tout en rondeur qui en paraîtraient presque mignons, la surprise et le malaise viennent ainsi du décalage avec le contenu des histoires.
En effet, l'auteur explore encore plus avant les thèmes déjà développés dans Lowlife. Le cadre est souvent celui de la ville tentaculaire, dévorante et aspirante. Dans les tréfonds des bidonvilles, c'est sur un terreau de misère (économique, culturelle) que prospèrent le crime, la prostitution... A contrario, c'est aussi -voire surtout- des résidences ultra-sécurisées, des bureaux de direction que surgissent les pires instincts, de violence et de rapports de domination.
Misère sexuelle, perversion des rapports amoureux, voyeurisme... et pire que tout, cynisme et indifférence, l'auteur ne nous épargne rien.
C'est là tout son talent que d'avoir su saisir la variété des maux qui affectent notre société. Mais plus que ça, et sans tomber dans la dénonciation anarchisante, c'est l'instinct de mort de l'homme qu'il semble désigner comme coupable. Ce qui en fait une oeuvre terriblement pessimiste. On broie vraiment du noir l'ayant terminé.
Monde de merde tiens...
P.S: attention, certaines scènes peuvent choquer...
Après le hit Batman - Un long Halloween, il me paraissait évident au vu de mon enthousiasme d'attaquer directement sa suite directe, Dark Victory.
Il est d'ailleurs clairement indiqué de lire les deux épisodes dans l'ordre chronologique au risque de se perdre dans une intrigue puisant tous ses fondements dans l'oeuvre d'origine, et ce, même pour le fan éclairé de Batman.
Alors on prend les mêmes et on recommence mais en légèrement moins bien. Impossible de ne pas en faire la comparaison tant le style éclaté, rapide et ambitieux de Long Halloween se veut plus pesant ici. Le principal défaut réside dans le fait que l'histoire est même assez similaire avec un nouveau tueur en série mystérieux et une fin bien plus prévisible (quoique très bien amenée) donc en gros l'effet de surprise ne subsiste plus mais on reste accroché à des personnages désormais familiers ou du moins ce qui en subsiste.
L'arrivée tardive mais logique de Dick Grayson alias le premier Robin témoigne d'une approche attendrissante et d'un parallèle avec la jeunesse de Bruce Wayne en miroir assez maitrisé. Les auteurs n'oublient pas pour autant de mettre en scène les ennemis classiques comme le Joker et l'épouvantail tout en continuant à dresser une famille mafieuse de haute volée... Il est d'ailleurs encore plus facile de s'y perdre tant l'histoire est éclatée mais l'univers est riche et passionnant et malgré tout décrit de façon réaliste (mais le Joker et ses mimiques nous rappellent que nous sommes bien dans un comics orienté polar).
Il est donc question de Two-Face, au coeur des débats et des crimes, de remise en question de Gordon comme de Wayne et de la mélancolie si palpable de l'univers Batman sans oublier quelques scènes anthologiques. Passé la déception de voir que Loeb reprend les mêmes ficelles utilisées avec succès dans A Long Halloween (c'est quand même en somme la même histoire), on reste séduit par le dessin juste d'un Tim Sale plutôt dynamique et de qualité et par l'univers d'un jeune Batman en proie au doute....
Pari réussi, j'attaque Catwoman - A Rome qui se déroule en parallèle de cette aventure, décidément les aventures du Caped Crusader sur son format d'origine n'ont pas fini de me captiver, vivement recommandé même si un poil en deçà de mais vous savez de quelle oeuvre je parle ! :)
Excellente bd, originale et drôle. Un très bon dessin, détaillé et vivant aux couleurs informatisées mais pas flashies et qui s'accordent parfaitement au récit. Les personnages sont très expressifs, c'est un vrai plaisir à regarder.
Le scénario est très intéressant dans ce monde où la magie a disparue et où une joyeuse équipe de personnages issus de cet univers qu'est la fantasy, sont tout simplement des flics, mais oui, de vrais inspecteurs avec tout ce qui va avec, recherche d'indices, interrogatoires, course-poursuites, indics… Tout y a été bien pensé jusqu'au moindre détail.
Les personnages sont très attachants et ont une sacré dose d'humour. On aimerait juste un autre cycle… Si Pascal Brau nous entend…
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Ruminations
Pas si simple de parler de cet album. Plusieurs voies d’exploration paraissent s’offrir à nous, divers axes de lecture qui, de la facilité à une investigation plus fouillée, délivrent chacun leur part d’émotions et de satisfaction. Se contenter d’arpenter l’œuvre comme elle se présente au premier coup d’œil ? Une impressionnante compilation d’histoires brèves et très contrastées, à déguster simplement pour ce qu’elles racontent ou ce qu’elles sont. Points de vue de l’auteur sur la vie et sur le monde, réflexions sur ses congénères, tantôt amusées, tantôt tragiques, mais souvent d’une touchante tendresse. Autres minifictions, absurdes, horrifiques, cyniques ou drôles et quelques récits plus intimistes presque autobiographiques dévoilant la sympathique propension de Frederik Peeters à se mettre en cases. Un périple contemplatif et une vadrouille entre les genres, passionnants ou dénués d’intérêt selon qu’ils rencontreront les affinités et les perceptibilités de chacun. La couverture avec ses indices frappants, laisse pourtant soupçonner des pèlerinages sous-jacents. Ces yeux derrière la tête, ce regard en arrière posé sur le passé. Une rétroprojection pour remonter le fil chronologique et révélateur de la griffe peetersienne. Un champ d’expérimentations créatives, l’apprivoisement du lecteur dans l’émersion d’un style et l’esquisse d’un talent narratif définissables entre mille. La découverte ou la récognition ludique d’univers en gestation que l’on retrouvera plus tard dans les Koma, Lupus ou autres Pilules bleues. Au-delà de cette vision un tantinet réductrice qui ramènerait l’oeuvre au modeste rôle d’une éprouvette de laboratoire, c’est dans le titre qu’il faudra trouver l’excursion ultime : Ruminations. Introspection, questionnements, remâchement intellectuel. Un exercice cognitif loin d’être évident qui, plus que les vestiges de la « progression », de la supposée évolution d’un profil artistique, va révéler l’essence de chaque récit. Chacun des passages à l’acte créatifs est au service d’une idée propre, d’un état émotionnel dont on appréciera la pertinence et l’éloquence. Une force intrinsèque qui fait que chaque tableau existe avant tout pour et par lui-même, comme une démarche à part entière partiellement ou définitivement aboutie et l’écho d’une sensibilité bien définie à un instant précis. Intéressant pour qui veut découvrir l’auteur. Indispensable pour les fans.
Leonid et Spoutnika
Un excellent dessin, et un scénario que j'aime. Evidemment, les histoires et l'inspiration, basées sur une actualité dépassée, éloigne le sujet de la caricature qui était une des sources. Mais sans pour autant devoir se replacer dans le contexte, les gags sont vivants et inspirés. Le dessin de Bercovici, que j'adore, est ici bien soutenu par un bon scénario. Une des séries que j'aime.
Sillage
Une série de SF très intéressante dont l'héroïne n'est pas dénudée en permanence (sauf dans le tome 1... pour servir l'histoire). Cette série est un peu déroutante car chaque tome est différent. Certes l'aventure vécue est différente d'un tome à l'autre mais également le style, et plus encore l'ambiance de chaque tome diffère. Ainsi le tome 1 se déroule dans une belle jungle verte alors que le tome 6 se déroule sur un champ de bataille et le 7 est un huis clos dans une prison. Chaque tome est l'occasion pour l'auteur de poser une réflexion sur l'écologie, la politique, le viol ou la "nature humaine". Si l'on peut en faire abstraction, il est intéressant de noter que chaque tome est différent car chaque réflexion des auteurs est différente... Jusqu'où iront-ils ? Les personnages de cette série ne sont pas figés, l'héroïne "vieillit" physiquement et mentalement, des personnages arrivent, d'autres meurent. Malgré leurs différences stylistiques, les tomes s'enchainent tout de même comme les chapitres d'un roman. Ce sont là les forces de cette série. Ces faiblesses tiennent essentiellement à ces différences entre les tomes car du coup vous adorerez un tome et détesterez peut-être le suivant. Contrairement à un Astérix, vous ne savez pas à l'avance à quoi vous attendre... mais est-ce encore une faiblesse ou une force ? En revanche je vous déconseille l'achat du hors-série Le Collectionneur, absolument sans intérêt.
L'Étrange petite Tatari
"L'étrange petite Tatari" fait partie de ses séries dont on a un peu honte d'aimer. D'ailleurs, au début, j'étais plutôt sceptique devant la répétition des scénarios (en gros, quelqu'un est méchant envers Tatari et celle-ci se venge) et envers le dessin qui est un peu moche. Pour finir, en lisant les deux-trois premières histoires, j'avais l'impression de regarder un film de série Z dont la qualité vole à peine plus haut qu'un film de Ed Wood. Puis, petit à petit, j'ai commencé à prendre du plaisir à lire les aventures de Tatari. Je me suis attaché à elle malgré quelques exagérations dans ses humiliations. À certains moments, je me demandais où étaient les professeurs dans cette école car les élèves semblent avoir beaucoup de temps pour humilier la pauvre Tatari ! Mes tomes préférés sont les tomes 4-5 car l'auteur commence à vraiment varier les situations (ce qui n'est pas pour me déplaire car la lecture du tome 3 m'avait un peu blasé). Une camarade de classe de Tatari commence à avoir des remords et on rencontre dans le tome 5 Kakeru Noroi, un garçon avec un bon potentiel et je trouve dommage qu'il ne soit pas toujours aussi bien exploité que je le voudrais. Le dernier tome racontant l'enfance de Tatari est lui aussi très passionnant. Bref, c'est peut-être con, mais moi j'aime bien.
Nic Oumouk
Suis-je devenu un inconditionnel de Manu Larcenet ? Je constate simplement que cet auteur est un véritable génie de l'écriture, qu'il a compris son époque et qu'il le retranscrit très bien en bande dessinée. Ce qu'il réalise sort incontestablement du lot. C'est mieux que "pas mal". Il est vrai qu'on ne peut traiter de "daube" le travail d'un Picasso de la bande dessinée à moins d'être inculte ou arrogeant. On passe un très bon moment de lecture au travers des aventures de Nic Oumouk, un jeune garçon desoeuvré d'une banlieue. Ce régal a lieu grâce au foisonnement de bonnes idées (ah ce "Edukator"; un sorte de Batman de la grammaire française). Contrairement à d'autres bd que j'ai pu lire, le langage jeune (Vazi !) n'est pas galvaudé mais tourné de telle manière qu'on peut en tirer des leçons. La banlieue devient un véritable lieu de vie. Des dialogues savoureux et une touche de tendresse, un humour fin jamais vulgaire, une réflexion sur la société: tout ce concentré pour un pur moment de plaisir bonheur. Une merveille ! ::
Shutter Island
Connaissez-vous le film Identity ? Si ce n'est pas le cas, je vous le recommande chaudement. Si oui, vous avez peut-être apprécié la façon démoniaque dont le spectateur est baladé tout le long du film, ce renversement de situation qui vous tétanise sur votre siège en fin de métrage. Pour moi "Shutter Island" est du même tonneau. Adapté d'un roman d'un maître du roman noir, cet album nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine. Ou plutôt dans les circonvolutions complexes et traîtresses de notre esprit. C'est incroyable ce qu'il est capable d'imaginer pour ne pas voir la vérité en face, la nier en se servant de ce qu'il a sous la main. Vous n'avez jamais été fou/folle ? Moi non plus. Enfin, si ça se trouve je le suis, et j'ai créé bdtheque juste pour transposer mes fantasmes de lecture de bandes dessinées qui n'existent pas. Si vous voulez un exemple, replongez dans les rêves où vous vous retrouvez en présence de personnes, de lieux et de situations qui n'ont rien à voir. Vous pouvez vivre une vie entière en quelques heures où votre cerveau lâche les brides. Bref, j'ai trouvé l'histoire d'une machiavélité remarquable. La fin est un renversement énorme, bien que je l'aie un chouïa sentie venir. Et encore une fois, comme dans Figurec, comme dans Emma ou encore Le Sang des Valentines, De Metter m'a bluffé. Sa maîtrise du contraste entre noir et blanc, sa mise en scène instaurent une atmosphère vraiment très particulière, complètement dans l'esprit des romans noirs. Il semble attiré par les récits noirs où le lecteur n'est pas pris pour un imbécile. Et quelle couverture, chargée de symbolisme psychiatrique... Je suis fan.
L'Incal
Voici une bd qui ne pourrait aucunement être qualifiée de fond de tiroir! Mon erreur : la découvrir aussi tardivement. Bien sûr, j'en avais longuement entendu parler car elle a donné lieu à tout un univers de science-fiction qui a certainement dû inspirer plus d'un cinéaste à commencer par Luc Besson et son 5ème élément. Et puis, c'est l'association entre deux grands maîtres de la bande dessinée à savoir Moebius et le contesté Jodorowsky. Pour un titre qui commence à dater, c'est du tout bon! En effet, j'ai littéralement adoré les aventures de John Difool, ce minable détective de classe R surnommé JDF par ses amis. Il est entraîné malgré lui dans une histoire qui le dépasse totalement et qui l'amènera à être le sauveur de deux galaxies. Il est l'image même de l’antihéros voulant simplement vivre égoïstement. L'Incal est une sorte de pyramide blanche possédant des pouvoirs extraordinaires convoités par de nombreuses factions : une secte de scientifique, un chef d'état dictateur, des extraterrestres venant d'une autre galaxie etc... Il y a des personnages secondaires très intéressants ou marrants comme Deepo la mouette de béton ou encore Kill tête de chien. Le scénario n'est pas linéaire et se complique un petit peu à chaque tome mais garde une parfaite cohérence et lisibilité. Ce mélange de space-opéra est peut-être l'une des meilleures séries de science-fiction de la bd. :)
No comment
Lowlife, d'Ivan Brun, exprimait déjà une vision incroyablement pessimiste de notre société. Avec No comment, l'auteur va plus loin. Beaucoup plus loin. D'une originalité et d'une unité graphique qui n'a d'égale que la noirceur de son propos, cet album est une véritable claque. Tout d'abord, comme le titre l'indique, No Comment ne comporte aucun texte écrit. Et c'est là qu'on reconnaît la maîtrise : Ivan Brun parvient, grâce à toute une série de symboles voire même de logos (!), à retranscrire toute la gamme des émotions, des intentions... Mais il n'en abuse pas, et l'expressivité des visages suffit souvent à comprendre une situation. En outre, grâce à un dessin faussement naïf, aux couleurs vives, avec des petits personnages tout en rondeur qui en paraîtraient presque mignons, la surprise et le malaise viennent ainsi du décalage avec le contenu des histoires. En effet, l'auteur explore encore plus avant les thèmes déjà développés dans Lowlife. Le cadre est souvent celui de la ville tentaculaire, dévorante et aspirante. Dans les tréfonds des bidonvilles, c'est sur un terreau de misère (économique, culturelle) que prospèrent le crime, la prostitution... A contrario, c'est aussi -voire surtout- des résidences ultra-sécurisées, des bureaux de direction que surgissent les pires instincts, de violence et de rapports de domination. Misère sexuelle, perversion des rapports amoureux, voyeurisme... et pire que tout, cynisme et indifférence, l'auteur ne nous épargne rien. C'est là tout son talent que d'avoir su saisir la variété des maux qui affectent notre société. Mais plus que ça, et sans tomber dans la dénonciation anarchisante, c'est l'instinct de mort de l'homme qu'il semble désigner comme coupable. Ce qui en fait une oeuvre terriblement pessimiste. On broie vraiment du noir l'ayant terminé. Monde de merde tiens... P.S: attention, certaines scènes peuvent choquer...
Batman - Amère victoire (Dark Victory)
Après le hit Batman - Un long Halloween, il me paraissait évident au vu de mon enthousiasme d'attaquer directement sa suite directe, Dark Victory. Il est d'ailleurs clairement indiqué de lire les deux épisodes dans l'ordre chronologique au risque de se perdre dans une intrigue puisant tous ses fondements dans l'oeuvre d'origine, et ce, même pour le fan éclairé de Batman. Alors on prend les mêmes et on recommence mais en légèrement moins bien. Impossible de ne pas en faire la comparaison tant le style éclaté, rapide et ambitieux de Long Halloween se veut plus pesant ici. Le principal défaut réside dans le fait que l'histoire est même assez similaire avec un nouveau tueur en série mystérieux et une fin bien plus prévisible (quoique très bien amenée) donc en gros l'effet de surprise ne subsiste plus mais on reste accroché à des personnages désormais familiers ou du moins ce qui en subsiste. L'arrivée tardive mais logique de Dick Grayson alias le premier Robin témoigne d'une approche attendrissante et d'un parallèle avec la jeunesse de Bruce Wayne en miroir assez maitrisé. Les auteurs n'oublient pas pour autant de mettre en scène les ennemis classiques comme le Joker et l'épouvantail tout en continuant à dresser une famille mafieuse de haute volée... Il est d'ailleurs encore plus facile de s'y perdre tant l'histoire est éclatée mais l'univers est riche et passionnant et malgré tout décrit de façon réaliste (mais le Joker et ses mimiques nous rappellent que nous sommes bien dans un comics orienté polar). Il est donc question de Two-Face, au coeur des débats et des crimes, de remise en question de Gordon comme de Wayne et de la mélancolie si palpable de l'univers Batman sans oublier quelques scènes anthologiques. Passé la déception de voir que Loeb reprend les mêmes ficelles utilisées avec succès dans A Long Halloween (c'est quand même en somme la même histoire), on reste séduit par le dessin juste d'un Tim Sale plutôt dynamique et de qualité et par l'univers d'un jeune Batman en proie au doute.... Pari réussi, j'attaque Catwoman - A Rome qui se déroule en parallèle de cette aventure, décidément les aventures du Caped Crusader sur son format d'origine n'ont pas fini de me captiver, vivement recommandé même si un poil en deçà de mais vous savez de quelle oeuvre je parle ! :)
Hardland
Excellente bd, originale et drôle. Un très bon dessin, détaillé et vivant aux couleurs informatisées mais pas flashies et qui s'accordent parfaitement au récit. Les personnages sont très expressifs, c'est un vrai plaisir à regarder. Le scénario est très intéressant dans ce monde où la magie a disparue et où une joyeuse équipe de personnages issus de cet univers qu'est la fantasy, sont tout simplement des flics, mais oui, de vrais inspecteurs avec tout ce qui va avec, recherche d'indices, interrogatoires, course-poursuites, indics… Tout y a été bien pensé jusqu'au moindre détail. Les personnages sont très attachants et ont une sacré dose d'humour. On aimerait juste un autre cycle… Si Pascal Brau nous entend…