J’aime beaucoup Pico Bogue comme j’ai eu l’occasion de le dire en direct aux deux auteurs que j’ai pu rencontrer lors d’un récent festival. Le dessin est illustré par Alexis Domal, le fils trentenaire de la scénariste Dominique Roques. Pour un premier coup dans la bande dessinée, c’est plutôt une entrée remarquée. Je dois également avouer qu’il est rare de rencontrer un tel duo « mère-fils » dans le monde de la bd qui connaît, il est vrai, quelques fratries.
Cet album respire bon la fraîcheur car il conte une tranche de vie d’un garçonnet, Pico, de sa sœur, Ana, des parents et des copains d’école. Au premier abord, cela m’a fait penser à Calvin et Hobbes pour son côté strip de 6 cases ainsi que pour l’aspect purement philosophique. J’ai apprécié tout particulièrement cet humour fin qui en découle. Rien n’est lourd et tout est parfaitement dosé pour faire passer une idée simple. L’alchimie entre le futile et les sujets plus lourds se passe à merveille.
Il y a de bons sentiments et le côté mièvre pourra en agacer plus d’un qui ne trouveront rien de nouveau. Cependant, on pourra toujours admirer les superbes réparties entre les personnages.
Quant au dessin, je l’adore véritablement. La couverture est sublime quant à sa beauté. Elle est aussi très évocative sur le monde de l’enfance et le fossé avec celui des adultes. On trouve d’emblée le personnage de Pico très attachant avec sa tignasse de cheveux ébouriffés. Etait-ce une boutade de l’auteur quand il a évoqué le fait de s’identifier à ce personnage ? Je ne pourrais le dire avec certitude.
Bref, j’ai passé un pur moment de bonheur et de régal. C’est toujours bon à prendre dans ce monde de brutes.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
Futuropolis continue sur sa lancée, et nous livre encore un petit bijou dans la plus pure tradition du roman graphique. Une histoire d'amitié, entre Brest et Perros Guirec, qui nait et va lier deux jeunes pongistes que pas grand chose à priori ne semblait rapprocher.
Simplicité et authenticité sont les caractéristiques majeures de cette oeuvre, qui ne décevra pas les amateurs du genre. En effet, ce récit captivant, d'une narration habile, est de plus parfaitement mis en images, notamment sur les passages plus sombres...
Entre joies simples d'adolescents et situations un peu plus tendues, les auteurs nous livrent un double témoignage très humain, sans esbroufe.
La vie, la vraie.
Mise en scène avec talent.
Moi, ça me botte.
Après moult éclats de rire ponctués d’irrépressibles « mais-qu’il-est-con ! », les zygomatiques ravis et les commissures des lèvres scotchées aux lobes d’oreilles, je referme, pantois, le dernier tome d’Autobiography of me too : il est vraiment trop facile le gars Bouzard !
Sous des atours structurés (planches systématiquement découpées en gaufriers de 3 cases par 4), son autobiographie respire le « sans filet ». Une improvisation nimbée d’un ersatz de dilettantisme qui frise néanmoins l’excellence. D’ailleurs, ce n’est pas réellement une autobio. Plutôt une parodie ou une autofiction qui mélange les mises en scène décalées d’un quotidien ordinaire avec des anecdotes de comptoir, des aventurettes fantasmées ou encore des délires exquisement surréalistes (les X-men qui débarquent dans le Poitou !?...).
L’amateur de récit intimiste et d’introspection psychologique passera son chemin. Ici, il n’y a pas véritablement matière à faire phosphorer le ciboulot. Mais alors, qu’est-ce qu’on se marre ! La moindre banalité finit par déraper pour fournir le prétexte à drôlerie. Un humour foutraque qui navigue de temps en temps vers le puéril ou le carrément débile, mais laisse deviner et savourer une certaine finesse voire un semblant de poésie dans ses énormités.
Et c’est tellement bien construit. La narration possède un rythme discret, un tempo insidieux qui se montre efficace et très réjouissant. En partie imputable à la mise en page, c’est avant tout la ponctuation fournie par les dialogues qui génère cette sensation. Un sens inné de la précision pour poser un silence ou déclencher une réplique qui tue. Le dessin, lui, est tout simplement remarquable. Comment deux ou trois coups de crayon si spontanés, par instants presque négligés, peuvent-ils aboutir à un tel résultat ? Une ligne impulsive, intuitive et libérée qui donne du mouvement et de la vie. Quel verbiage graphique ! Quelle virtuosité ! Bouzard se ballade dans la gamme des émotions et de l’expressivité. Les tronches et les attitudes sont si bien retranscrites que chaque situation induit une identification instantanée et donc un plaisir décuplé. Chapeau Maestro !
Désopilant et inspiré. Quel talent !
Quand je juge de la qualité d'un ancien titre, je me dis souvent que mes notes sont en général très sévères car celles-ci s'inscrivent dans le cadre d'une époque aujourd'hui révolue où la bd avait ses règles. La bd moderne me plaît énormément et en comparaison, cela fait pâle figure.
Pourtant, cette oeuvre qui est restée inachevée m'a passionné. Non pas que je ne connaisse pas le célèbre roman dont elle découle puisqu'il s'agit de l'adaptation de la vie de Martin Gray. Bien sûr que l'histoire de ce jeune juif qui a vécu pendant l'enfer nazi du ghetto de Varsovie est plus que bouleversante. Au-delà de cet aspect, il y a tout d'abord le souci d'une vérité historique très bien retranscrite par le scénariste en herbe qu'était Cothias à cette époque.
Je ne cache pas non plus pour mon admiration pour le dessinateur Paul Gillon visiblement pas très apprécié sur ce site... en témoignent les mauvaises notes attribuées à ses oeuvres. Pourtant, c'est un grand nom de la bd qui a contribué à pas mal de grandes oeuvres novatrices. Son dessin me séduit au plus haut point quand je vois que d'autres ne sont même pas capable de réaliser un visage correct.
Il n'était pas facile de retranscrire en dessin toute l'horreur de l'extermination. On ressent véritablement toute la souffrance d'un peuple à travers celle d'un homme qui a tout fait pour survivre. Magnifique sur le fond et la forme ! Une véritable perle !
Néanmoins, je ne conseillerais pas l'achat car l'oeuvre est restée inachevée. Or, à quoi bon commencer une série dont on ne verra jamais la fin ? Heureusement, il y a toujours le livre !
Après la lecture du premier tome :
Smolderen confirme tout le bien que je pensais de lui, surtout après la série Convoi - Les Aventures de Karen Springwell.
Il a de l'imagination à revendre mais canalise très bien ses idées pour les assembler à merveille. Cette série, relativement classique sur certains points, a sa propre personnalité.
Le dessin est à la hauteur, même si j'ai trouvé une certaine inégalité dans le traitement d'une case à l'autre.
L'essai reste à transformer par la suite mais l'optimisme est de vigueur.
Ce premier tome d'introduction fonctionne bien, la lecture est plaisante et beaucoup de questions n'attendent que les réponses.
Cette album pour l'instant malheureusement sans suite est à mon avis très innovant dans le domaine du fantastique et de l'horreur, puisqu'il propose une ambiance horrifique genre Lovecraft, le tout dans un contexte de fantasy. Le climat est oppressant et cauchemardesque, une vrai réussite.
Delmas est un auteur qui mérite la reconnaissance car il est vraiment original et inspiré.
À la fin de ma lecture, bouche-bée, je me suis posé la question que peut-être d'autres se posent au début : Mais qui sont donc les auteurs ? Je les trouve à la fin de la bd ; Fane et son Joe Bar Team et Jim, qui n'est autre que Téhy auteur de Yiu et Fée et tendres Automates, encore une fois je reste sans voix. Je lis leur préface où ils racontent comment cette idée a germé et là aussi je suis captivée. Des personnages au crayonné vif et léger, plus vrais que nature, que voici réunis pour quatre jours assurément inoubliables.
Jean Pierre, marié, deux enfants, qui arrive avec "sa nouvelle amie Jan" rencontrée sur le net, comme un gosse, sauf que le gosse il a déjà 37 ans et la nouvelle copine, elle, 19. Arrive Hubert, 35 ans et joyeux drille. Le couple Dominique 37 ans et Isabelle 32 ans, deux enfants, mariés, heureux ? Pas sûr. Puis Héléna 32 ans fatalement belle mais fatalement seule.
Ce n'est pas ici l'habituel week-end entre amis au ton jovial et bon enfant. Ces six amis d'il y a une vingtaine d'années se retrouvent à l'occasion de l'éclipse. Fallait-il qu'un évènement exceptionnel les réunisse tous à nouveau ? Enfin, tous sauf Claire la femme de Jean Pierre restée à la maison avec les mômes, par dépit ?
Mais tout va très vite déraper, le couple se déchire, tout le monde s'invective, se jette à la figure des vérités refoulées depuis longtemps, chacun juge l'autre puis est jugé à son tour. Tout ceci n'est que le résultat de leur mal-être, leurs doutes, leurs déceptions, leurs mauvais choix au fil des années, la tension monte… Jusqu'à l'éclipse, ou plutôt "les éclipses", chacun la sienne, pourront-ils comme la lune cache le soleil cacher leur détresse avec leurs mensonges ?
Avec beaucoup humour, parfois avec violence, pouvant aller jusqu'à la nausée, les auteurs nous montrent la complexité des sentiments humains et vont pour certains d'entre nous, jusqu'à nous fouiller l'âme. Il n'y a rien d'exagéré dans ce récit, la vérité crue, sans détours, celle qui déplaît, celle qui fait mal et qui dérange. Et que dire des toutes dernières planches ? Dans ce silence où tout est dit...
Captivant petit ouvrage sur un thème ô combien difficile. Un voyage dont personne ne ressort indemne, une épreuve touchante et dure. C’est surtout le combat d’une famille, à travers la force de caractère du père, pour ne pas sombrer dans la fatalité, lutter coûte que coûte contre ce foutu destin qui ne laisse malheureusement aucun échappatoire…
Quelle maîtrise ! Quelle maîtrise du dessin, du scénario, du ressort dramatique, de la lente montée vers cette fin, du lyrisme des écrits… Une idée de base pourtant ressassée, mais abordée de manière juste et pas larmoyante. Pedrosa distille une ambiance accrocheuse dès les premières pages et tout au long de l’album. On a envie de savoir ce qui va se passer, on a envie de savoir comment va se terminer ce périple, on a envie de savoir… et d’espérer.
L’endroit où se déroule l’histoire est déjà difficile à situer, mais donne justement pour ma part, une impression étrange, une époque passée enchanteresse. Et puis nous suivons ce long voyage, cette fuite vers… nulle part. Un petit contexte magique parsème l’album, donnant une dimension spirituelle au récit.
Je ne sais pas pour vous, mais pour ce qui est de moi, j’ai complètement accroché au caractère du père, refusant l’idée même de perdre son fils. Quitte à se perdre, quitte à donner sa vie pour sauver son enfant. Une fuite qu’il sait pourtant rapidement perdu d’avance, mais impossible de renoncer. Impossible de laisser partir l’être chéri, adulé et vital.
Un récit émouvant et superbement mis en image.
Encore un grand smile avec cette collection :-)
Ce tome va tout droit sur le podium avec Sept Missionnaires et Sept psychopathes.
Le format a grandement facilité la tâche des auteurs, pourquoi tout le monde n'a pas eu 77 pages ;-)
L'histoire est sans compromis, parfois violente, crue dans les propos et non dénuée d'humour.
Le dessin est sobre, vif et fin. Il n'est malheureusement pas mis en valeur au niveau de la colorisation.
Le scénario n'est pas révolutionnaire mais il a le mérite d'être maîtrisé et d'aller au bout de sa logique.
L'ensemble forme une BD plaisante à lire.
Très bonne surprise que ce nouvel album traitant de sport, après Match décisif. Là encore, nous avons une adolescente qui pratique le sport, mais contrairement au héros de l’autre série, elle souhaite ardemment faire du haut niveau. Seulement son père, de confession musulmane, s’y oppose… Un sujet de société fort, mais traité de façon plutôt fine je trouve. Le père, pratiquant mais pas extrémiste, a des convictions, mais est aussi ouvert à la discussion, avec sa fille, avec un éducateur… Il faut dire que lui-même a pratiqué la course de fond dans le désert… La mère de Safia est aussi traitée avec retenue, elle qui n’a pas pu avoir la carrière artistique dont elle rêvait et se retrouve à nettoyer les douches du Stade de France… Son petit frère aussi, adolescent pas rebelle qui veut aider sa sœur. Encore une fois, il y a un rôle d’éducateur, mais il n’est pas omniprésent, on le voit juste à 2-3 reprises. Le parcours de Safia est crédible, un peu exemplaire bien sûr par la suite, mais c’est vraiment le réalisme dans son histoire qui m’a marqué. Safia est concentrée sur son objectif, elle avale les kilomètres, mais n’en oublie pas de bien travailler au lycée, une condition sine qua non pour que ses parents la laissent s’exprimer.
Le dessin de Sébastien Verdier est pour moi une découverte. Je m’attendais à un auteur débutant, au trait hésitant, et pour une fois dans une série sportive (la première peut-être), le dessin est vraiment bon, les personnages sont bien proportionnés, les décors sont réalistes… Peut-être encore un manque de réalisme sur certains visages, mais c’est pour chipoter.
Et, point positif, pour une fois le sport ne fait pas tache dans l’histoire. Il est au centre, mais est traité de façon très intelligente, on ne s’ennuie pas du tout dans les scènes de foulées de Safia…
L’album comporte en annexes un historique du marathon, des origines antiques aux grandes performances, mais aussi une bibliographie multimédia sur le sujet.
Il s’agit là d’un bel album, très intéressant, pédagogique, bien mené, très bien illustré. A lire.
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Pico Bogue
J’aime beaucoup Pico Bogue comme j’ai eu l’occasion de le dire en direct aux deux auteurs que j’ai pu rencontrer lors d’un récent festival. Le dessin est illustré par Alexis Domal, le fils trentenaire de la scénariste Dominique Roques. Pour un premier coup dans la bande dessinée, c’est plutôt une entrée remarquée. Je dois également avouer qu’il est rare de rencontrer un tel duo « mère-fils » dans le monde de la bd qui connaît, il est vrai, quelques fratries. Cet album respire bon la fraîcheur car il conte une tranche de vie d’un garçonnet, Pico, de sa sœur, Ana, des parents et des copains d’école. Au premier abord, cela m’a fait penser à Calvin et Hobbes pour son côté strip de 6 cases ainsi que pour l’aspect purement philosophique. J’ai apprécié tout particulièrement cet humour fin qui en découle. Rien n’est lourd et tout est parfaitement dosé pour faire passer une idée simple. L’alchimie entre le futile et les sujets plus lourds se passe à merveille. Il y a de bons sentiments et le côté mièvre pourra en agacer plus d’un qui ne trouveront rien de nouveau. Cependant, on pourra toujours admirer les superbes réparties entre les personnages. Quant au dessin, je l’adore véritablement. La couverture est sublime quant à sa beauté. Elle est aussi très évocative sur le monde de l’enfance et le fossé avec celui des adultes. On trouve d’emblée le personnage de Pico très attachant avec sa tignasse de cheveux ébouriffés. Etait-ce une boutade de l’auteur quand il a évoqué le fait de s’identifier à ce personnage ? Je ne pourrais le dire avec certitude. Bref, j’ai passé un pur moment de bonheur et de régal. C’est toujours bon à prendre dans ce monde de brutes. Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
Les Ensembles contraires
Futuropolis continue sur sa lancée, et nous livre encore un petit bijou dans la plus pure tradition du roman graphique. Une histoire d'amitié, entre Brest et Perros Guirec, qui nait et va lier deux jeunes pongistes que pas grand chose à priori ne semblait rapprocher. Simplicité et authenticité sont les caractéristiques majeures de cette oeuvre, qui ne décevra pas les amateurs du genre. En effet, ce récit captivant, d'une narration habile, est de plus parfaitement mis en images, notamment sur les passages plus sombres... Entre joies simples d'adolescents et situations un peu plus tendues, les auteurs nous livrent un double témoignage très humain, sans esbroufe. La vie, la vraie. Mise en scène avec talent. Moi, ça me botte.
The autobiography of me too
Après moult éclats de rire ponctués d’irrépressibles « mais-qu’il-est-con ! », les zygomatiques ravis et les commissures des lèvres scotchées aux lobes d’oreilles, je referme, pantois, le dernier tome d’Autobiography of me too : il est vraiment trop facile le gars Bouzard ! Sous des atours structurés (planches systématiquement découpées en gaufriers de 3 cases par 4), son autobiographie respire le « sans filet ». Une improvisation nimbée d’un ersatz de dilettantisme qui frise néanmoins l’excellence. D’ailleurs, ce n’est pas réellement une autobio. Plutôt une parodie ou une autofiction qui mélange les mises en scène décalées d’un quotidien ordinaire avec des anecdotes de comptoir, des aventurettes fantasmées ou encore des délires exquisement surréalistes (les X-men qui débarquent dans le Poitou !?...). L’amateur de récit intimiste et d’introspection psychologique passera son chemin. Ici, il n’y a pas véritablement matière à faire phosphorer le ciboulot. Mais alors, qu’est-ce qu’on se marre ! La moindre banalité finit par déraper pour fournir le prétexte à drôlerie. Un humour foutraque qui navigue de temps en temps vers le puéril ou le carrément débile, mais laisse deviner et savourer une certaine finesse voire un semblant de poésie dans ses énormités. Et c’est tellement bien construit. La narration possède un rythme discret, un tempo insidieux qui se montre efficace et très réjouissant. En partie imputable à la mise en page, c’est avant tout la ponctuation fournie par les dialogues qui génère cette sensation. Un sens inné de la précision pour poser un silence ou déclencher une réplique qui tue. Le dessin, lui, est tout simplement remarquable. Comment deux ou trois coups de crayon si spontanés, par instants presque négligés, peuvent-ils aboutir à un tel résultat ? Une ligne impulsive, intuitive et libérée qui donne du mouvement et de la vie. Quel verbiage graphique ! Quelle virtuosité ! Bouzard se ballade dans la gamme des émotions et de l’expressivité. Les tronches et les attitudes sont si bien retranscrites que chaque situation induit une identification instantanée et donc un plaisir décuplé. Chapeau Maestro ! Désopilant et inspiré. Quel talent !
Au nom de tous les miens
Quand je juge de la qualité d'un ancien titre, je me dis souvent que mes notes sont en général très sévères car celles-ci s'inscrivent dans le cadre d'une époque aujourd'hui révolue où la bd avait ses règles. La bd moderne me plaît énormément et en comparaison, cela fait pâle figure. Pourtant, cette oeuvre qui est restée inachevée m'a passionné. Non pas que je ne connaisse pas le célèbre roman dont elle découle puisqu'il s'agit de l'adaptation de la vie de Martin Gray. Bien sûr que l'histoire de ce jeune juif qui a vécu pendant l'enfer nazi du ghetto de Varsovie est plus que bouleversante. Au-delà de cet aspect, il y a tout d'abord le souci d'une vérité historique très bien retranscrite par le scénariste en herbe qu'était Cothias à cette époque. Je ne cache pas non plus pour mon admiration pour le dessinateur Paul Gillon visiblement pas très apprécié sur ce site... en témoignent les mauvaises notes attribuées à ses oeuvres. Pourtant, c'est un grand nom de la bd qui a contribué à pas mal de grandes oeuvres novatrices. Son dessin me séduit au plus haut point quand je vois que d'autres ne sont même pas capable de réaliser un visage correct. Il n'était pas facile de retranscrire en dessin toute l'horreur de l'extermination. On ressent véritablement toute la souffrance d'un peuple à travers celle d'un homme qui a tout fait pour survivre. Magnifique sur le fond et la forme ! Une véritable perle ! Néanmoins, je ne conseillerais pas l'achat car l'oeuvre est restée inachevée. Or, à quoi bon commencer une série dont on ne verra jamais la fin ? Heureusement, il y a toujours le livre !
Ghost money
Après la lecture du premier tome : Smolderen confirme tout le bien que je pensais de lui, surtout après la série Convoi - Les Aventures de Karen Springwell. Il a de l'imagination à revendre mais canalise très bien ses idées pour les assembler à merveille. Cette série, relativement classique sur certains points, a sa propre personnalité. Le dessin est à la hauteur, même si j'ai trouvé une certaine inégalité dans le traitement d'une case à l'autre. L'essai reste à transformer par la suite mais l'optimisme est de vigueur. Ce premier tome d'introduction fonctionne bien, la lecture est plaisante et beaucoup de questions n'attendent que les réponses.
Ceux qui rampent
Cette album pour l'instant malheureusement sans suite est à mon avis très innovant dans le domaine du fantastique et de l'horreur, puisqu'il propose une ambiance horrifique genre Lovecraft, le tout dans un contexte de fantasy. Le climat est oppressant et cauchemardesque, une vrai réussite. Delmas est un auteur qui mérite la reconnaissance car il est vraiment original et inspiré.
Petites éclipses
À la fin de ma lecture, bouche-bée, je me suis posé la question que peut-être d'autres se posent au début : Mais qui sont donc les auteurs ? Je les trouve à la fin de la bd ; Fane et son Joe Bar Team et Jim, qui n'est autre que Téhy auteur de Yiu et Fée et tendres Automates, encore une fois je reste sans voix. Je lis leur préface où ils racontent comment cette idée a germé et là aussi je suis captivée. Des personnages au crayonné vif et léger, plus vrais que nature, que voici réunis pour quatre jours assurément inoubliables. Jean Pierre, marié, deux enfants, qui arrive avec "sa nouvelle amie Jan" rencontrée sur le net, comme un gosse, sauf que le gosse il a déjà 37 ans et la nouvelle copine, elle, 19. Arrive Hubert, 35 ans et joyeux drille. Le couple Dominique 37 ans et Isabelle 32 ans, deux enfants, mariés, heureux ? Pas sûr. Puis Héléna 32 ans fatalement belle mais fatalement seule. Ce n'est pas ici l'habituel week-end entre amis au ton jovial et bon enfant. Ces six amis d'il y a une vingtaine d'années se retrouvent à l'occasion de l'éclipse. Fallait-il qu'un évènement exceptionnel les réunisse tous à nouveau ? Enfin, tous sauf Claire la femme de Jean Pierre restée à la maison avec les mômes, par dépit ? Mais tout va très vite déraper, le couple se déchire, tout le monde s'invective, se jette à la figure des vérités refoulées depuis longtemps, chacun juge l'autre puis est jugé à son tour. Tout ceci n'est que le résultat de leur mal-être, leurs doutes, leurs déceptions, leurs mauvais choix au fil des années, la tension monte… Jusqu'à l'éclipse, ou plutôt "les éclipses", chacun la sienne, pourront-ils comme la lune cache le soleil cacher leur détresse avec leurs mensonges ? Avec beaucoup humour, parfois avec violence, pouvant aller jusqu'à la nausée, les auteurs nous montrent la complexité des sentiments humains et vont pour certains d'entre nous, jusqu'à nous fouiller l'âme. Il n'y a rien d'exagéré dans ce récit, la vérité crue, sans détours, celle qui déplaît, celle qui fait mal et qui dérange. Et que dire des toutes dernières planches ? Dans ce silence où tout est dit...
Trois ombres
Captivant petit ouvrage sur un thème ô combien difficile. Un voyage dont personne ne ressort indemne, une épreuve touchante et dure. C’est surtout le combat d’une famille, à travers la force de caractère du père, pour ne pas sombrer dans la fatalité, lutter coûte que coûte contre ce foutu destin qui ne laisse malheureusement aucun échappatoire… Quelle maîtrise ! Quelle maîtrise du dessin, du scénario, du ressort dramatique, de la lente montée vers cette fin, du lyrisme des écrits… Une idée de base pourtant ressassée, mais abordée de manière juste et pas larmoyante. Pedrosa distille une ambiance accrocheuse dès les premières pages et tout au long de l’album. On a envie de savoir ce qui va se passer, on a envie de savoir comment va se terminer ce périple, on a envie de savoir… et d’espérer. L’endroit où se déroule l’histoire est déjà difficile à situer, mais donne justement pour ma part, une impression étrange, une époque passée enchanteresse. Et puis nous suivons ce long voyage, cette fuite vers… nulle part. Un petit contexte magique parsème l’album, donnant une dimension spirituelle au récit. Je ne sais pas pour vous, mais pour ce qui est de moi, j’ai complètement accroché au caractère du père, refusant l’idée même de perdre son fils. Quitte à se perdre, quitte à donner sa vie pour sauver son enfant. Une fuite qu’il sait pourtant rapidement perdu d’avance, mais impossible de renoncer. Impossible de laisser partir l’être chéri, adulé et vital. Un récit émouvant et superbement mis en image.
Sept yakuzas
Encore un grand smile avec cette collection :-) Ce tome va tout droit sur le podium avec Sept Missionnaires et Sept psychopathes. Le format a grandement facilité la tâche des auteurs, pourquoi tout le monde n'a pas eu 77 pages ;-) L'histoire est sans compromis, parfois violente, crue dans les propos et non dénuée d'humour. Le dessin est sobre, vif et fin. Il n'est malheureusement pas mis en valeur au niveau de la colorisation. Le scénario n'est pas révolutionnaire mais il a le mérite d'être maîtrisé et d'aller au bout de sa logique. L'ensemble forme une BD plaisante à lire.
Le Marathon de Safia
Très bonne surprise que ce nouvel album traitant de sport, après Match décisif. Là encore, nous avons une adolescente qui pratique le sport, mais contrairement au héros de l’autre série, elle souhaite ardemment faire du haut niveau. Seulement son père, de confession musulmane, s’y oppose… Un sujet de société fort, mais traité de façon plutôt fine je trouve. Le père, pratiquant mais pas extrémiste, a des convictions, mais est aussi ouvert à la discussion, avec sa fille, avec un éducateur… Il faut dire que lui-même a pratiqué la course de fond dans le désert… La mère de Safia est aussi traitée avec retenue, elle qui n’a pas pu avoir la carrière artistique dont elle rêvait et se retrouve à nettoyer les douches du Stade de France… Son petit frère aussi, adolescent pas rebelle qui veut aider sa sœur. Encore une fois, il y a un rôle d’éducateur, mais il n’est pas omniprésent, on le voit juste à 2-3 reprises. Le parcours de Safia est crédible, un peu exemplaire bien sûr par la suite, mais c’est vraiment le réalisme dans son histoire qui m’a marqué. Safia est concentrée sur son objectif, elle avale les kilomètres, mais n’en oublie pas de bien travailler au lycée, une condition sine qua non pour que ses parents la laissent s’exprimer. Le dessin de Sébastien Verdier est pour moi une découverte. Je m’attendais à un auteur débutant, au trait hésitant, et pour une fois dans une série sportive (la première peut-être), le dessin est vraiment bon, les personnages sont bien proportionnés, les décors sont réalistes… Peut-être encore un manque de réalisme sur certains visages, mais c’est pour chipoter. Et, point positif, pour une fois le sport ne fait pas tache dans l’histoire. Il est au centre, mais est traité de façon très intelligente, on ne s’ennuie pas du tout dans les scènes de foulées de Safia… L’album comporte en annexes un historique du marathon, des origines antiques aux grandes performances, mais aussi une bibliographie multimédia sur le sujet. Il s’agit là d’un bel album, très intéressant, pédagogique, bien mené, très bien illustré. A lire.