Attiré par le nom du scénariste et après une première approche plutôt positive de cet univers (voir mon avis sur la série Hawkeye), je me suis laissé tenter par cette intégrale. Et ce qui m’aura le plus marqué, finalement, ce sera le dessin de Ramon Pérez. En effet, pour les besoins du script, l’artiste jongle brillamment avec trois styles graphiques différents illustrant chacun une époque du récit. Le présent est ainsi représenté dans un style très dépouillé et lisible proche d’une ligne claire. Le futur se voit illustré dans un style plus brut dans lequel les lignes de construction ne sont pas toujours effacées et les personnages ont des traits plus carrés, plus cassants. Enfin, le passé bénéficie de planches réellement magnifiques dans lesquelles l’auteur use d’un style riche et fouillé, proche de la peinture mais toujours extrêmement lisible.
L’histoire, elle, se construit sur deux pôles d’intérêt. Le premier tourne autour d’une histoire d’enfants mutants dont plusieurs organisations cherchent à s’emparer. C’est un récit somme toute assez classique et, s’il n’y avait ces sauts temporels (qui nous font découvrir l’histoire dans un ordre pas toujours chronologique), je l’aurais sans doute trouvé trop convenu et trop linéaire. Par ailleurs, j'ai le désagréable sentiment que Jeff Lemire s’est un peu emmêlé les pinceaux car la cohérence entre ce qui se passe au présent et ce qui se passe au futur m’a semblé assez bancale.
Le deuxième pôle d’intérêt, et à mon avis le plus captivant, vient de la découverte du passé des deux Hawkeye. Déjà, comme dit précédemment, il bénéficie du traitement graphique le plus soigné, mais en plus il nous permet de lever le voile sur la jeunesse des deux personnages et d’ainsi comprendre leurs modes de fonctionnement respectifs. Bon, là aussi, c’est très classique (voire basique) mais Jeff Lemire a ce talent indéniable pour enrichir la psychologie de ses personnages grâce à de petits détails, à de petites séquences qui me les rendent plus réels, plus empathiques.
Au final, je ne peux pas dire que j’ai été subjugué, et la fin me laisse un goût amer du fait de ce que je considère comme une grosse incohérence. Mais la série m’a diverti et m’a permis de découvrir un dessinateur de grand talent. Du coup, bahhh, on va dire « pas mal »… mais sans plus.
Ce petit diptyque pas prise de tête œuvre dans le créneau des séries mêlant aventure, récit policier et humour et s’adressant à un public soit jeune soit conciliant.
Le dessin est dans la lignée du trait franco-belge semi-réaliste des années 70 et 80. On pense à Will (Tif et Tondu), Maltaite (421) ou encore Jidéhem (Starter, Sophie). Dans le genre, c’est totalement adapté au sujet et plutôt bien maîtrisé. Les personnages sont bien typés, on reconnait assez bien la plupart des voitures, les scènes d’action sont dynamiques. Ce n’est nullement novateur mais ça fait le taf.
Au niveau du scénario, les trois ingrédients principaux sont l’humour, l’aventure (avec cet improbable rallye automobile) et le suspense (très relatif).
Soyons clairs, l’aspect course automobile n’est qu’un prétexte tant celle-ci est farfelue et truffée de cascades et d’accidents improbables. Ça me rappelle ma jeunesse lorsque je jouais avec mes Matchbox, créant des courses aussi épiques que naïves.
L’humour, s’il est bien présent, m’aura offert l’un ou l’autre sourire à l’occasion mais ne m’aura jamais fait rire. Ça manque de finesse et d’inventivité. Même remarque d’ailleurs pour le volet policier qui ne m’aura jamais surpris.
Ceci dit, ce diptyque se lit sans déplaisir. Ce n’est pas passionnant, ce n’est pas novateur, ce n’est pas très fin… mais ce concept joue sur la nostalgie de vieux lecteurs se remémorant les bons moments passés à la lecture de ce type de récit durant leur jeunesse, et là, bah, ça marche pas trop mal.
Un comics qui à la base n'a rien pour attirer mon attention. Des chiens pour héros et en plus ils parlent, vraiment pas mon truc. Le dessin dans un style Disney, bof bof au premier regard. Alors pourquoi avoir craqué ? Pour le pitch de la quatrième de couverture. A-t-il tenu ses promesses ?
Pour commencer il y a deux parties distinctes dans cet album, la première où les chiens vont prendre conscience que leur (nouveau) maître est un tueur en série. Et une deuxième partie où l'on va découvrir le passé de ces chiens.
Donc, les cinq premiers chapitres se concentrent sur l'enquête des toutous pour découvrir qui est réellement leur maître. Une enquête qui va commencer avec l'arrivée de Sophie, une chienne à qui il reste quelques brides de son passé, et oui d'après une étude sur les chiens, la capacité à se souvenir s'établirait de deux minutes à deux jours et c'est à partir de cette particularité que Tony Fleecs va construire son récit. Un récit atypique puisqu'à certains moments on croirait lire une bd jeunesse et à certains autres un thriller violent, un contraste que j'ai apprécié. Par contre la narration est ..... comment dire .... sur alternatif. Je veux dire par là qu'on passe souvent du coq à l'âne, elle est aussi enfantine, de plus elle manque à mes yeux de cohérence.
Les canidés sont stéréotypés et on ne saura jamais ce qui a motivé leur nouveau maître à zigouiller leurs maîtresses. Dommage, le potentiel était pourtant là.
L'autre tiers de l'album passe en revue sur quelques planches le passé de chaque chien, des morceaux de vie avec leur maîtresse où l'on pourra aussi apercevoir notre serial killer. La partie que j'ai la plus appréciée.
Graphiquement on se rapproche d'un style jeunesse pour les animaux, un dessin lisible et détaillé. Un dessin que j'ai adopté assez facilement. Des couleurs chatoyantes qui ajoutent du contraste à l'intrigue proposée.
Il existe quatre couvertures alternatives en tirages limités, j'ai choisi celle du Silence des Agneaux, film que j'adore.
En conclusion, un comics qui n'a pas tenu toutes ses promesses, mais une lecture pas désagréable.
Wombs est une série de science-fiction originale. Cela m'a rapidement fait penser à Starship Troopers, avec des combats sur une planète lointaine contre un ennemi quasi invisible. Visiblement deux groupes d'humains se mènent la guerre, sans qu'on sache trop pourquoi ils ne peuvent pas cohabiter.
L'originalité est qu'une partie du combat est permise grâce à des femmes enceintes d'une sorte d'agent extraterrestre qui leur permet de se téléporter pour des attaques éclair contre l'ennemi. Yumiko Shirai introduit un univers féminin, nous parle de maternité et les personnages principaux sont des femmes parfois rivales ou solidaires dans leurs fonctions militaires. C'est très centré sur les relations sociales, l'entrainement et la formation de jeunes recrues plutôt que sur des considérations plus globales sur le contexte et les raisons de cette guerre.
Au final c'est un peu confus, on se perd par moments dans les personnages. Un travers qu'on retrouve parfois dans les mangas où on distingue mal qui est qui. Pourtant le dessin est plutôt correct. On se perd aussi dans le charabia pseudo-scientifique, avec le plan de coordonnées par exemple. Le premier tome m'avait bien accroché mais mon intérêt a décru de tome en tome.
Un sentiment mitigé donc et d'ailleurs je ne suis pas allé au bout de la série malgré qu'il n'y ait que 5 tomes. Un petit 3/5.
On a l'impression que l'auteur s'est amusé à utiliser les lieux communs des romans d'espionnage pour évoquer écologie et délocalisation indigne de nos déchets. Une couverture plus sombre et plus mystérieuse aurait pu confirmer ce que je suppose être un parti-pris.
L'album n'est pas récent (2012). Il a le mérite d'aborder un sujet qui ne faisaient pas l’actualité en France au début des années 2000 : les lanceurs d'alertes et encore moins les lanceuses d'alertes. Certes les affaires Probo Koala à Abidjan, en 2006, les déchets électroniques dans la Marne en 2010 commençaient à alerter l'opinion. L'album a des faiblesses scénaristiques et graphiques mais il n'est pas inintéressant de voir le poids de l'histoire et la fatalité familiale doter Théophilia Werner d'une image plutôt trouble. Finalement, j'ai pris plaisir à suivre cette héroïne à l'épreuve de ses contradictions.
Etrange série, qui m’a un peu dérouté, car j’attendais – titre oblige – une plus forte référence à l’univers de Lewis Caroll. Comme pour Wonderland (Graph Zeppelin) (que j'avais bien aimée), je voyais bien une version déjantée et quelque peu trash d’Alice au pays des merveilles.
En fait, l’univers d’Alice s’efface presque totalement derrière une aventure fantastique et érotique : seul le côté trash (légèrement) peut être au rendez-vous. Nous suivons en fait plusieurs jeunes femmes – dont Alice – dans un univers un peu post-apocalypse, une ville où des sortes de démons, des zombies, mais aussi des robots parfois, sèment terreur et désordre (le « chaos du titre). Il faut dire que tous sont obsédés de sexe, et que la rencontre de ces démons se finit immanquablement en scènes de sexe torride et souvent violentes.
Parfois loufoque, souvent très hard, cette histoire se laisse lire, mais le scénario aurait pu aisément être densifié, il m’a un peu laissé sur ma faim.
Le dessin est très dynamique et lisible. Mais pas trop mon truc (idem pour la colorisation informatique). C’est dommage, car dans le petit cahier graphique qui clôt l’album (j’ai lu la dernière et toute récente réédition de Tabou), Manolo Garot développe un style plus réaliste et qui m’aurait davantage plu.
Au final, ce sont davantage les amateurs du hard pur que ceux d’Alice qui y trouveront leur compte. Une série de cul originale, mais qui aurait pu mieux exploiter arrière-plan post-apocalypse et les zombies, et/ou l’univers d’Alice.
Note réelle 2,5/5.
Alternant plusieurs époques de la vie du héros, la construction narrative n’est pas toujours aisée à suivre (j’ai en particulier trouvé très brutale la transition entre les deux premières). Mais je m’y suis fait.
C’est un peu la même chose concernant le dessin, très simple, avec parfois des traits du visage effacés (ce que je n’aime pas), qui ne rentre pas trop dans les détails. Là aussi j’ai passé outre certaines préventions, et disons qu’il est lisible. J’ai par contre d’emblée accroché au rendu à gros grains de ce dessin.
Le sujet porte sur les gamins – en tout cas l’un d’entre eux – placés en foyer d’accueil. On voit ici qu’il reste des séquelles, mais aussi que cette expérience marquante, qui va handicaper le héros dans sa vie sociale et amoureuse, l’empêchant bien souvent de « se lancer », de quitter une routine qui le rassure, est aussi riche. C’est ainsi que cet homme une fois adulte va montrer beaucoup d’empathie pour ceux qui sont rejetés, comme ces gens du voyage vivotant près de la station-service où il travaille.
Reste que la narration manque d’un je ne sais quoi pour relever le plat, et que c’est parfois insipide. Une lecture sympathique, qui a des côtés intéressants, mais sur laquelle je ne reviendrai pas.
Note réelle 2,5/5.
Quand la bande dessinée rejoint le livre d’art… Mis en valeur par les Editions de la Cerise, qui ont la passion du papier chevillé au corps, ce petit ouvrage bénéficie d’un écrin délicat (format à l’italienne et dos toilé) pour un récit qui ne l’est pas moins. Linnea Sterte nous propose une fugue pleine de poésie, telle une invitation à abandonner tout nos repères en se mettant dans la peau d’une grenouille qui a décidé de tailler la route.
Ceux qui chercheront ici une narration palpitante et cohérente ne suivront pas cette rainette et ne feront que passer leur chemin. L’objet sera plutôt destiné à ceux en quête de petites anecdotes insignifiantes jalonnant une escapade aléatoire et plutôt contemplative, sans but précis, si ce n’est celui du dépaysement et de la découverte dans un monde rendu plus vaste que celui des humains, notamment par la taille des créatures. Un périple empreint de douceur où l’on peut transporter avec soi les esprits des fleurs, où les fruits font résonner de mystérieuses mélodies et où les arbres peuvent devenir rouges de colère contre les saisons. Ce faisant, la jeune autrice suédoise nous convie à écouter et observer le petit peuple des champs et des étangs, ce peuple que l’humain ne voit pas ou ne veut plus voir, aveuglé par la certitude de sa toute puissance.
Comme une écriture, son dessin très sobre ne manque pas de charme, évoquant les estampes asiatiques. Tiges, feuilles et branches des végétaux s’enroulent et se déroulent en pleine page, formant des motifs ou des frises, au même titre que les paysages élargis par l’horizontalité du format à l’italienne. Aucun lieu précis n’est évoqué, mais certains éléments laissent à penser que l’histoire à pour cadre le Japon, ne serait-ce que par cette très belle représentation d’un volcan qui pourrait être le Fujiyama, ou par l’apparition de cette fillette en kimono juchée sur un arbre.
Récemment récompensée par le prix Révélation à Angoulême, Linnea Sterte, sincèrement émue, avait du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Peut-être parce que comme sa rainette, elle a suivi son chemin uniquement pour la beauté et l’amour de l’instant présent, englobant son art, ce qui lui a permis de créer ce conte modeste et intemporel ayant séduit de manière fort compréhensible le jury angoumois.
Boulard est une série spin-off dérivée des Profs qui se focalise donc sur ce fameux cancre qui multiplie les redoublements et les échecs du bac.
J'apprécie les profs, et il est vrai que au fil des années la série s'est surtout focalisée sur Boulard en tant que élève et de son ami au nom compliqué à retenir.
Le voir arriver en Spin-off pourquoi Pas ? C'est pas si mal, on y découvre son frère, sa mère, son père ainsi que sa petite amie et aussi d'autres personnes de son entourage. Les personnages ne sont pas des plus originaux malheureusement, tout le monde est stéréotypé et ils mériteraient de gagner tous plus en profondeur.
Cela dit, cela reste une BD surtout humoristique pour se détendre la tête, alors pourquoi pas? Certains gags m'ont au premier degré fait sourire, d'autres m'ont laissé de marbre, d'autres m'ont simplement plu.
Le style graphique est sans-plus, les tomes plus récents ont un autre illustrateur dont le style est un peu supérieur à l'ancien.
C'est pas si mal, c'est divertissant, certains gags sont sympas mais pas tous, c'est cliché, ça se lit.
A l'instar des Profs, "Les Gendarmes" fait partie pour moi des bonnes séries Bamboo.
Rien d'être exceptionnel, comme pour les Profs, malgré leur stéréotype par moment, on finit par s'attacher aux différents protagonistes arborant l'uniforme bleu, en plus de cela, malgré quelques gags faciles, certains sont vraiment excellents et abordent plusieurs aspects de la vie de gendarme. (Bon j'avoue que la répétition des radars qui se cassent, c'est pas le truc le plus hilarant..)
Le style graphique est pas détaillé, mais a un charme particulier, j'ai toujours trouvé les véhicules plutôt bien représentés.
Une petite série, sympathique, sans prise de tête.
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Hawkeye - Les deux Hawkeye (All new Hawkeye)
Attiré par le nom du scénariste et après une première approche plutôt positive de cet univers (voir mon avis sur la série Hawkeye), je me suis laissé tenter par cette intégrale. Et ce qui m’aura le plus marqué, finalement, ce sera le dessin de Ramon Pérez. En effet, pour les besoins du script, l’artiste jongle brillamment avec trois styles graphiques différents illustrant chacun une époque du récit. Le présent est ainsi représenté dans un style très dépouillé et lisible proche d’une ligne claire. Le futur se voit illustré dans un style plus brut dans lequel les lignes de construction ne sont pas toujours effacées et les personnages ont des traits plus carrés, plus cassants. Enfin, le passé bénéficie de planches réellement magnifiques dans lesquelles l’auteur use d’un style riche et fouillé, proche de la peinture mais toujours extrêmement lisible. L’histoire, elle, se construit sur deux pôles d’intérêt. Le premier tourne autour d’une histoire d’enfants mutants dont plusieurs organisations cherchent à s’emparer. C’est un récit somme toute assez classique et, s’il n’y avait ces sauts temporels (qui nous font découvrir l’histoire dans un ordre pas toujours chronologique), je l’aurais sans doute trouvé trop convenu et trop linéaire. Par ailleurs, j'ai le désagréable sentiment que Jeff Lemire s’est un peu emmêlé les pinceaux car la cohérence entre ce qui se passe au présent et ce qui se passe au futur m’a semblé assez bancale. Le deuxième pôle d’intérêt, et à mon avis le plus captivant, vient de la découverte du passé des deux Hawkeye. Déjà, comme dit précédemment, il bénéficie du traitement graphique le plus soigné, mais en plus il nous permet de lever le voile sur la jeunesse des deux personnages et d’ainsi comprendre leurs modes de fonctionnement respectifs. Bon, là aussi, c’est très classique (voire basique) mais Jeff Lemire a ce talent indéniable pour enrichir la psychologie de ses personnages grâce à de petits détails, à de petites séquences qui me les rendent plus réels, plus empathiques. Au final, je ne peux pas dire que j’ai été subjugué, et la fin me laisse un goût amer du fait de ce que je considère comme une grosse incohérence. Mais la série m’a diverti et m’a permis de découvrir un dessinateur de grand talent. Du coup, bahhh, on va dire « pas mal »… mais sans plus.
La Valse des félins
Ce petit diptyque pas prise de tête œuvre dans le créneau des séries mêlant aventure, récit policier et humour et s’adressant à un public soit jeune soit conciliant. Le dessin est dans la lignée du trait franco-belge semi-réaliste des années 70 et 80. On pense à Will (Tif et Tondu), Maltaite (421) ou encore Jidéhem (Starter, Sophie). Dans le genre, c’est totalement adapté au sujet et plutôt bien maîtrisé. Les personnages sont bien typés, on reconnait assez bien la plupart des voitures, les scènes d’action sont dynamiques. Ce n’est nullement novateur mais ça fait le taf. Au niveau du scénario, les trois ingrédients principaux sont l’humour, l’aventure (avec cet improbable rallye automobile) et le suspense (très relatif). Soyons clairs, l’aspect course automobile n’est qu’un prétexte tant celle-ci est farfelue et truffée de cascades et d’accidents improbables. Ça me rappelle ma jeunesse lorsque je jouais avec mes Matchbox, créant des courses aussi épiques que naïves. L’humour, s’il est bien présent, m’aura offert l’un ou l’autre sourire à l’occasion mais ne m’aura jamais fait rire. Ça manque de finesse et d’inventivité. Même remarque d’ailleurs pour le volet policier qui ne m’aura jamais surpris. Ceci dit, ce diptyque se lit sans déplaisir. Ce n’est pas passionnant, ce n’est pas novateur, ce n’est pas très fin… mais ce concept joue sur la nostalgie de vieux lecteurs se remémorant les bons moments passés à la lecture de ce type de récit durant leur jeunesse, et là, bah, ça marche pas trop mal.
Stray dogs
Un comics qui à la base n'a rien pour attirer mon attention. Des chiens pour héros et en plus ils parlent, vraiment pas mon truc. Le dessin dans un style Disney, bof bof au premier regard. Alors pourquoi avoir craqué ? Pour le pitch de la quatrième de couverture. A-t-il tenu ses promesses ? Pour commencer il y a deux parties distinctes dans cet album, la première où les chiens vont prendre conscience que leur (nouveau) maître est un tueur en série. Et une deuxième partie où l'on va découvrir le passé de ces chiens. Donc, les cinq premiers chapitres se concentrent sur l'enquête des toutous pour découvrir qui est réellement leur maître. Une enquête qui va commencer avec l'arrivée de Sophie, une chienne à qui il reste quelques brides de son passé, et oui d'après une étude sur les chiens, la capacité à se souvenir s'établirait de deux minutes à deux jours et c'est à partir de cette particularité que Tony Fleecs va construire son récit. Un récit atypique puisqu'à certains moments on croirait lire une bd jeunesse et à certains autres un thriller violent, un contraste que j'ai apprécié. Par contre la narration est ..... comment dire .... sur alternatif. Je veux dire par là qu'on passe souvent du coq à l'âne, elle est aussi enfantine, de plus elle manque à mes yeux de cohérence. Les canidés sont stéréotypés et on ne saura jamais ce qui a motivé leur nouveau maître à zigouiller leurs maîtresses. Dommage, le potentiel était pourtant là. L'autre tiers de l'album passe en revue sur quelques planches le passé de chaque chien, des morceaux de vie avec leur maîtresse où l'on pourra aussi apercevoir notre serial killer. La partie que j'ai la plus appréciée. Graphiquement on se rapproche d'un style jeunesse pour les animaux, un dessin lisible et détaillé. Un dessin que j'ai adopté assez facilement. Des couleurs chatoyantes qui ajoutent du contraste à l'intrigue proposée. Il existe quatre couvertures alternatives en tirages limités, j'ai choisi celle du Silence des Agneaux, film que j'adore. En conclusion, un comics qui n'a pas tenu toutes ses promesses, mais une lecture pas désagréable.
Wombs
Wombs est une série de science-fiction originale. Cela m'a rapidement fait penser à Starship Troopers, avec des combats sur une planète lointaine contre un ennemi quasi invisible. Visiblement deux groupes d'humains se mènent la guerre, sans qu'on sache trop pourquoi ils ne peuvent pas cohabiter. L'originalité est qu'une partie du combat est permise grâce à des femmes enceintes d'une sorte d'agent extraterrestre qui leur permet de se téléporter pour des attaques éclair contre l'ennemi. Yumiko Shirai introduit un univers féminin, nous parle de maternité et les personnages principaux sont des femmes parfois rivales ou solidaires dans leurs fonctions militaires. C'est très centré sur les relations sociales, l'entrainement et la formation de jeunes recrues plutôt que sur des considérations plus globales sur le contexte et les raisons de cette guerre. Au final c'est un peu confus, on se perd par moments dans les personnages. Un travers qu'on retrouve parfois dans les mangas où on distingue mal qui est qui. Pourtant le dessin est plutôt correct. On se perd aussi dans le charabia pseudo-scientifique, avec le plan de coordonnées par exemple. Le premier tome m'avait bien accroché mais mon intérêt a décru de tome en tome. Un sentiment mitigé donc et d'ailleurs je ne suis pas allé au bout de la série malgré qu'il n'y ait que 5 tomes. Un petit 3/5.
Theophilia Werner
On a l'impression que l'auteur s'est amusé à utiliser les lieux communs des romans d'espionnage pour évoquer écologie et délocalisation indigne de nos déchets. Une couverture plus sombre et plus mystérieuse aurait pu confirmer ce que je suppose être un parti-pris. L'album n'est pas récent (2012). Il a le mérite d'aborder un sujet qui ne faisaient pas l’actualité en France au début des années 2000 : les lanceurs d'alertes et encore moins les lanceuses d'alertes. Certes les affaires Probo Koala à Abidjan, en 2006, les déchets électroniques dans la Marne en 2010 commençaient à alerter l'opinion. L'album a des faiblesses scénaristiques et graphiques mais il n'est pas inintéressant de voir le poids de l'histoire et la fatalité familiale doter Théophilia Werner d'une image plutôt trouble. Finalement, j'ai pris plaisir à suivre cette héroïne à l'épreuve de ses contradictions.
Alice au Pays du Chaos
Etrange série, qui m’a un peu dérouté, car j’attendais – titre oblige – une plus forte référence à l’univers de Lewis Caroll. Comme pour Wonderland (Graph Zeppelin) (que j'avais bien aimée), je voyais bien une version déjantée et quelque peu trash d’Alice au pays des merveilles. En fait, l’univers d’Alice s’efface presque totalement derrière une aventure fantastique et érotique : seul le côté trash (légèrement) peut être au rendez-vous. Nous suivons en fait plusieurs jeunes femmes – dont Alice – dans un univers un peu post-apocalypse, une ville où des sortes de démons, des zombies, mais aussi des robots parfois, sèment terreur et désordre (le « chaos du titre). Il faut dire que tous sont obsédés de sexe, et que la rencontre de ces démons se finit immanquablement en scènes de sexe torride et souvent violentes. Parfois loufoque, souvent très hard, cette histoire se laisse lire, mais le scénario aurait pu aisément être densifié, il m’a un peu laissé sur ma faim. Le dessin est très dynamique et lisible. Mais pas trop mon truc (idem pour la colorisation informatique). C’est dommage, car dans le petit cahier graphique qui clôt l’album (j’ai lu la dernière et toute récente réédition de Tabou), Manolo Garot développe un style plus réaliste et qui m’aurait davantage plu. Au final, ce sont davantage les amateurs du hard pur que ceux d’Alice qui y trouveront leur compte. Une série de cul originale, mais qui aurait pu mieux exploiter arrière-plan post-apocalypse et les zombies, et/ou l’univers d’Alice. Note réelle 2,5/5.
La Promotion
Alternant plusieurs époques de la vie du héros, la construction narrative n’est pas toujours aisée à suivre (j’ai en particulier trouvé très brutale la transition entre les deux premières). Mais je m’y suis fait. C’est un peu la même chose concernant le dessin, très simple, avec parfois des traits du visage effacés (ce que je n’aime pas), qui ne rentre pas trop dans les détails. Là aussi j’ai passé outre certaines préventions, et disons qu’il est lisible. J’ai par contre d’emblée accroché au rendu à gros grains de ce dessin. Le sujet porte sur les gamins – en tout cas l’un d’entre eux – placés en foyer d’accueil. On voit ici qu’il reste des séquelles, mais aussi que cette expérience marquante, qui va handicaper le héros dans sa vie sociale et amoureuse, l’empêchant bien souvent de « se lancer », de quitter une routine qui le rassure, est aussi riche. C’est ainsi que cet homme une fois adulte va montrer beaucoup d’empathie pour ceux qui sont rejetés, comme ces gens du voyage vivotant près de la station-service où il travaille. Reste que la narration manque d’un je ne sais quoi pour relever le plat, et que c’est parfois insipide. Une lecture sympathique, qui a des côtés intéressants, mais sur laquelle je ne reviendrai pas. Note réelle 2,5/5.
Une rainette en automne (et plus encore...)
Quand la bande dessinée rejoint le livre d’art… Mis en valeur par les Editions de la Cerise, qui ont la passion du papier chevillé au corps, ce petit ouvrage bénéficie d’un écrin délicat (format à l’italienne et dos toilé) pour un récit qui ne l’est pas moins. Linnea Sterte nous propose une fugue pleine de poésie, telle une invitation à abandonner tout nos repères en se mettant dans la peau d’une grenouille qui a décidé de tailler la route. Ceux qui chercheront ici une narration palpitante et cohérente ne suivront pas cette rainette et ne feront que passer leur chemin. L’objet sera plutôt destiné à ceux en quête de petites anecdotes insignifiantes jalonnant une escapade aléatoire et plutôt contemplative, sans but précis, si ce n’est celui du dépaysement et de la découverte dans un monde rendu plus vaste que celui des humains, notamment par la taille des créatures. Un périple empreint de douceur où l’on peut transporter avec soi les esprits des fleurs, où les fruits font résonner de mystérieuses mélodies et où les arbres peuvent devenir rouges de colère contre les saisons. Ce faisant, la jeune autrice suédoise nous convie à écouter et observer le petit peuple des champs et des étangs, ce peuple que l’humain ne voit pas ou ne veut plus voir, aveuglé par la certitude de sa toute puissance. Comme une écriture, son dessin très sobre ne manque pas de charme, évoquant les estampes asiatiques. Tiges, feuilles et branches des végétaux s’enroulent et se déroulent en pleine page, formant des motifs ou des frises, au même titre que les paysages élargis par l’horizontalité du format à l’italienne. Aucun lieu précis n’est évoqué, mais certains éléments laissent à penser que l’histoire à pour cadre le Japon, ne serait-ce que par cette très belle représentation d’un volcan qui pourrait être le Fujiyama, ou par l’apparition de cette fillette en kimono juchée sur un arbre. Récemment récompensée par le prix Révélation à Angoulême, Linnea Sterte, sincèrement émue, avait du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Peut-être parce que comme sa rainette, elle a suivi son chemin uniquement pour la beauté et l’amour de l’instant présent, englobant son art, ce qui lui a permis de créer ce conte modeste et intemporel ayant séduit de manière fort compréhensible le jury angoumois.
Boulard
Boulard est une série spin-off dérivée des Profs qui se focalise donc sur ce fameux cancre qui multiplie les redoublements et les échecs du bac. J'apprécie les profs, et il est vrai que au fil des années la série s'est surtout focalisée sur Boulard en tant que élève et de son ami au nom compliqué à retenir. Le voir arriver en Spin-off pourquoi Pas ? C'est pas si mal, on y découvre son frère, sa mère, son père ainsi que sa petite amie et aussi d'autres personnes de son entourage. Les personnages ne sont pas des plus originaux malheureusement, tout le monde est stéréotypé et ils mériteraient de gagner tous plus en profondeur. Cela dit, cela reste une BD surtout humoristique pour se détendre la tête, alors pourquoi pas? Certains gags m'ont au premier degré fait sourire, d'autres m'ont laissé de marbre, d'autres m'ont simplement plu. Le style graphique est sans-plus, les tomes plus récents ont un autre illustrateur dont le style est un peu supérieur à l'ancien. C'est pas si mal, c'est divertissant, certains gags sont sympas mais pas tous, c'est cliché, ça se lit.
Les Gendarmes
A l'instar des Profs, "Les Gendarmes" fait partie pour moi des bonnes séries Bamboo. Rien d'être exceptionnel, comme pour les Profs, malgré leur stéréotype par moment, on finit par s'attacher aux différents protagonistes arborant l'uniforme bleu, en plus de cela, malgré quelques gags faciles, certains sont vraiment excellents et abordent plusieurs aspects de la vie de gendarme. (Bon j'avoue que la répétition des radars qui se cassent, c'est pas le truc le plus hilarant..) Le style graphique est pas détaillé, mais a un charme particulier, j'ai toujours trouvé les véhicules plutôt bien représentés. Une petite série, sympathique, sans prise de tête.