Les derniers avis (48360 avis)

Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série 13h17 dans la vie de Jonathan Lassiter
13h17 dans la vie de Jonathan Lassiter

Jonathan Lassiter, petit employé d'assurances, voit sa vie détruite le jour où sa fiancée le quitte et où il est viré de son boulot. Désespéré, il rencontre un homme distingué dans un bar qui s'intéresse à son cas et décide de l'emmener avec lui dans une drôle d'équipée à travers la ville, de soirées mondaines en clubs sélects quoique mal famés. Quel est l'objectif mystérieux derrière les actes de cet étrange bienfaiteur ? Qui est-il vraiment ? Jonathan doit-il se méfier ou se laisser entraîner puisqu'il n'a de toute façon plus rien à perdre ? Mêlant ode à la vie et ambiance polar, ce one-shot est aussi une forme d'hommage au 9e art puisqu'il reprend plusieurs codes des films noirs, sans parler de la ressemblance manifeste entre Monsieur Edward et l'acteur David Niven. Le dessin est sobre, plutôt élégant. Les couleurs sont très désaturées, presque grises à l'exception de touches de de rouge. Leur aspect informatique est assez visible, ce qui a tendance à aplatir un peu les décors. L'histoire est bien rythmée et on s'y laisse facilement prendre, poussé par la curiosité à découvrir les vraies motivations de Monsieur Edward et ce qu'il va arriver au pauvre Jonathan. L'ambiance des Etats-Unis des années 60 ressort plutôt bien. Quand l'énigme est finalement dévoilée, elle tient la route mais peut légèrement décevoir pour qui s'attendait à plus d'originalité ou davantage d'émotions. A noter aussi un peu de facilité dans sa résolution. Mais il n'en reste pas moins une lecture divertissante et bien menée.

30/05/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Réseau Comète - La Ligne d'évasion des pilotes alliés
Le Réseau Comète - La Ligne d'évasion des pilotes alliés

Une BD témoignage historique rendant hommage au réseau établi entre la Belgique et l'Espagne et ayant permis durant la Seconde Guerre Mondiale le sauvetage et l'exfiltration de plus de 800 pilotes alliés dont les avions avaient été abattus lors de leur missions contre l'armée Nazie. L'album prend la forme d'un documentaire rigoureux entrecoupé de discussions plus humaines entre le scénariste et la dernière survivante encore en vie de ce fameux réseau. Cette organisation résistante avait pour base principale le Pays basque puisque le passage le plus complexe de son parcours consistait à traverser les Pyrénées. Or il se trouve que la survivante en question est elle-même basque, de même que le dessinateur Iñaki Holgado ; du coup, le récit se centre plus particulièrement sur cette région et cette étape dans le parcours d'évasion des pilotes. C'est une bonne BD historique. Le dessin est de belle qualité, soigné et agréable, de même que la mise en couleurs. La mise en scène est claire et, malgré quelques sauts dans le temps et l'espace, elle est très compréhensible. J'ai complètement découvert ce réseau d'exfiltration et j'ai été surpris de réaliser à quel point il était organisé alors qu'il semble avoir été initié par une jeune femme belge qui n'avait sans doute pas tous les moyens logistiques et informatifs pour mettre cela en place facilement. J'ai pu découvrir avec plaisir son efficacité mais aussi regretter sa fragilité tant il a coûté en vies humaines parmi ceux qui s'étaient investi dedans, même s'il a su renaître après avoir été durement touché. On notera au passage la bienveillance de la majorité des français dans cette affaire, car à hormis un traitre à un moment donné, tous les contrôleurs de train et autres douaniers rencontrés semblent favorables à l'action des résistants et au respect des pilotes alliés. Et à noter aussi la manœuvre d'infiltration réussie des services d'anti-espionnage allemands qui montre à quel point l'affaire était compliquée et dangereuse pour les courageux femmes et hommes qui se sont lancés dans ce combat de l'intérieur contre l'occupant. Instructif et bien raconté, même si j'aurais aimé en apprendre davantage sur la construction elle-même du réseau, la logistique pour obtenir les faux papiers, laissez-passer et autres billets de train, et sur comment les membres du réseau réussissaient à communiquer entre eux entre la Belgique, la France et l'Espagne.

30/05/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Le Grand Vide
Le Grand Vide

Léa Murawiec est une jeune autrice et disons que cela se voit en lisant cet album. J'ai bien aimé le dessin que je trouve expressif et dynamique. C'est le genre de style qui me donne envie de lire une BD ! J'ai toutefois trouvé qu'il y avait un peu trop de scènes contemplatives composées de plans de la ville. Ça va bien une fois, mais après on dirait que l'autrice voulait absolument épater la galerie en montrant à quel point elle sait bien dessiner. Le scénario est agréable à lire avec une bonne idée de départ qui satirise bien le besoin d'attention du monde moderne. L'idée qu'on meurt si on n’a pas assez de présence est bien pensée et l'autrice utilise bien le concept. L'évolution psychologique de l'héroïne se fait de manière naturelle même si le récit perd de son originalité une fois que l'héroïne devient une célébrité superficielle qui abandonne famille et amis pour une vie au final sans intérêt. En plus, c'est traité de manière un peu superficielle, mais ce n'est pas trop. Ce qui m'a surtout dérangé c'est la fin qui est trop ouverte à mon goût et aussi un peu incompréhensible. J'ai eu l'impression que c'était la fin d'une première partie et qu'il y avait une suite alors que c'est un one-shot. Cela se voit que l'autrice a un certain talent et qu'elle doit faire un peu de travail pour améliorer certaines choses dans son travail.

30/05/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Sensationnelle She-Hulk
La Sensationnelle She-Hulk

John Byrne est sans aucun doute l'auteur qui a eu le plus d'influence sur le personnage de She-Hulk. Non seulement il l'a utilisé comme membre remplaçant dans les Quatre Fantastiques, mais lorsqu'il sera en charge de la seconde série de She-Hulk, il va en faire un personnage comique qui brise le quatrième mur et c'est une particularité que d'autres auteurs ont utilisée par la suite. Cet omnibus regroupe tous les épisodes que John Byrne a écrits et dessinés à la fin des années 80-début des années 90. Il est à noter que John Byrne s'était disputé avec son éditrice et a quitté la série avant de revenir, ce qui explique pourquoi on passe du numéro 8 à 31. Ce sont donc des histoires de super-héros légères et comiques et en plus produites à une époque où les comics de super-héros devenaient plus sombres et violents. C'est sympathique à lire quoique je ne pense pas que ça soit un indispensable comme plusieurs lecteurs de comics l'affirment. L'humour m'a fait sourire, mais je n'ai jamais ri aux grands éclats. Et à force de voir She Hulk se plaindre de la qualité du scénario, cela donne l'impression que Byrne utilise l'humour pour excuser des défauts. C'est tout de même amusant de le voir s'amuser avec le médium car il va vraiment faire n'importe quoi (des pages blanches, des pin-up qui prennent plus d'espaces que les cases racontant le récit en cours). J'ai été surpris de voir autant de pages avec peu de cases et de textes, ça se lit vite pour un comics de cette période où il y avait encore des scénaristes qui mettaient plein de textes à chaque page. Le point fort des récits est que Byrne s'amuse en faisant revenir les personnages les plus bizarres et/ou débiles créés par Marvel et ils sont souvent obscurs. Je pense d'ailleurs que pour apprécier ces récits, il faut connaitre un peu les comics et son industrie pour comprendre toutes les références et aussi n'avoir pas peur du coté ridicule des super-héros. Si vous aimez les trucs plus sérieux, vous allez vite vous ennuyez. Quant au dessin, c'est du John Byrne en grande forme.

29/05/2023 (modifier)
Couverture de la série Mazzeru
Mazzeru

J’arrondis aux trois étoiles à cause du (ou grâce au) travail graphique. En effet, le dessin au trait gras et charbonneux, avec des cases comme griffées pour faire sortir un peu de lumière d’un Noir insistant, tout ce travail m’a bien plu. Le rendu est vraiment chouette. Et il est bien mis en valeur par un format vraiment très grand, et une pagination aérée. J’ai moins accroché à l’histoire. D’abord parce que j’ai trouvé certains passages obscurs. Mais aussi parce que l’intrigue elle-même ne m’a pas emballé. Le rythme est lent, et ça manque singulièrement de fond – en tout cas à mon goût. Et le sujet (mis à par le phénomène du mazzeru – peu expliqué en fait) ne m’a pas intéressé. Aucun dialogue, la quasi-totalité des planches sont muettes. Certaines pages sont traversées par un texte présenté comme un poème (en vers), qui accompagne de loin « l’action ». L’histoire se passe en Corse au début du XXème, dans une ambiance paysanne, pastorale où la vie et les paysages sont rudes (quelques passages dans les mines dans le dernier tiers de l’album). Parmi les personnages que nous suivons, deux jeunes gens, une adolescente qui subit des violences (un viol) et qui s’ensauvage ensuite dans le maquis, et un garçon, mazzeru, c’est-à-dire qu’il a le pouvoir de deviner la mort des gens, de la voir au cœur de ses rêves. Un léger fantastique traverse donc l’album, au travers de cette illustration (très belle au demeurant donc) d’une sorte de shamanisme corse. Mais les destins de ces deux personnes semblent s’exprimer de façon indépendante, le lien entre eux est assez tenu : en tout cas peu d’interaction. Bref, un très bel album, mais qui m’a quand même laissé sur ma faim. J’ai à plusieurs reprises « zappé » des passages poétiques (rares en fait) pour me consacrer uniquement à la lecture des très belles planches. Note réelle 2,5/5.

28/05/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Puppy knight
Puppy knight

Puppy knight, c'est une petite série d'heroic fantasy animalière à même de plaire autant aux enfants qu'aux adultes. Il n'y a qu'un seul tome paru actuellement, une histoire complète, et je ne sais pas s'il y aura une suite, rien ne l'empêche en tout cas après lecture. Les héros sont deux chiens antropomorphes, deux amis même si l'un est visiblement plus âgé et le mentor de l'autre. Il y a Sparky, un guerrier qui semble avoir un petit peu d'expérience de l'aventure même s'il se révèle sans le sou. Et il y a le petit Pugsly qu'il a pris sous son aile et qui va vivre avec lui ses premières aventures de héros chasseurs de trésors. L'un est un peu couillon, l'autre est très naïf et irréfléchi, prompt à causer de gros dégâts en n'y prenant pas garde. Ce sont donc des aventures légères et orientées vers l'humour. Celle du premier tome est sympathique et sans grande envergure. Concrètement, le danger vient directement chercher les héros dans l'auberge où ils ont passé la nuit (à faire la plonge car ils n'avaient pas de quoi payer) et les emmène dans un piège mortel juste à côté de la ville. Peu de conséquence et pas de gloire à la fin, mais juste une aventure sympa et pas prise de tête. Quant au dessin, il est lui plaisant, mélange de styles comics et manga, avec quelques grandes planches où l'auteur se fait plaisir à donner vie à son monde animalier et souriant dans un esprit un peu Donjon.

28/05/2023 (modifier)
Couverture de la série Afrikakorps
Afrikakorps

C’est une reconstitution crédible, solidement documentée (l’auteur nous présente une importante bibliographie sur le sujet) de l’action de l’armée allemande en Afrique du nord durant la seconde guerre mondiale. Cette volonté d’être le plus réaliste et le plus exhaustif possible sur le sujet, de reconstituer parfaitement cette virée allemande en Afrique du nord, est la grande force de cette série, qui plaira sans aucun doute aux amateurs d’histoire militaire de la période. Ainsi les équipements sont détaillés, les batailles et les stratégies bien développées. La narration est agréable. Speltens prend le temps d’exposer les enjeux, il n’y a pas d’ellipses, il est donc facile de suivre l’évolution de la situation. L’histoire est conclue en trois tomes donc, et s’arrête avant la dernière année d’agonie de l’Afrikakorps et le retour de Rommel en Europe. Chaque tome est ouvert par un long texte de présentation du contexte, et le dernier est en sus conclus par un texte présentant la suite et la fin des combats en Afrique du nord : le lecteur est donc bien mis au fait de la situation générale (des cartes en fin d’albums situent aussi les actions militaires). Par contre, la volonté de mettre en avant les enjeux, les batailles, les stratégies laisse un peu au second plan les personnages. Même Von Richter, le commandant de Panzer au cœur de l’histoire, dont la fin préfigure celle de l’Afrikakorps et plus généralement celle du Reich, n’est présent qu’en tant que rouage de la grande machine guerrière, ce qui empêche peut-être de davantage s’attacher à lui. Mais ça n’en reste pas moins une belle série militaire.

28/05/2023 (modifier)
Couverture de la série Sweet Jayne Mansfield
Sweet Jayne Mansfield

Comme beaucoup je pense, je ne connaissais de Jayne Mansfield que sa poitrine opulente, qui me semblait avoir fait office de talent à cette blonde péroxydée, caricature de la midinette transformée en sexe symbole et en femme objet, sous Marilyn offerte aux regards et aux moqueries d’une opinion à la fois voyeuse et peu regardante. Je crois n’avoir jamais vu de film d’elle (même pas « La blonde et moi », qui semble être le meilleur/moins mauvais). En ouvrant cette biographie, je me disais que j’allais peut-être découvrir un envers plus reluisant, comme cela avait été le cas pour Hedy lamarr dans La Plus Belle Femme du Monde - The Incredible Life of Hedy Lamarr (il est vrai que Lamarr semblait avoir plus de talent artistique, en plus). Je dois dire que si cet album montre une Jayne Mansfield pas aussi neuneu que je le craignais, sa soif de réussite, sa complaisance quand il s’agit d’user de ses atouts physiques et son peu d’amour propre lorsqu’il s’agit de suivre les différents plans marketing de ses managers ne m’ont pas trop fait changer d’avis : on a bien là une « créature » de l’usine à fantasmes de la société du spectacle hollywoodienne. Être la « plus futée des blondes idiotes », pour reprendre une expression de la presse de l’époque, est une ambition qui me dépasse. D’autant qu’intellectuellement elle pouvait prétendre à autre chose. La déchéance dans le dernier tiers de l’album est pathétique, mais hélas prévisible. Je ne sais pas si c’est une invention de Dupont, mais j’ai trouvé ridicules et horripilants les « Iiiiiiiik » couinés par Jayne à chaque fois qu’elle voulait montrer sa joie. Pour le reste, ça reste une biographie honnête, la narration est fluide, presque trop « classique » et linéaire. Au dessin, on retrouve avec Baldazzini un habitué des séries érotiques voire porno – il a donc dû facilement trouver ses marques pour représenter Jayne Mansfield et ses deux gros talents, même s’il n’y a pas de scènes « osées » ici. Quant au Hollywood de l’après-guerre, il est amusant qu’il l’ait dessiné au même moment dans Hollywoodland. Ce dessin est globalement bon, mais la colorisation manque de nuances je trouve.

27/05/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Phasma Story
Phasma Story

Un récit d'aventure tous publics ayant pour héros un groupe de 7 amis phasmes, vous savez ces insectes longilignes dont la forme permet de se dissimiler dans la nature. Ceux là sont tous d'espèces différentes, les uns en formes d'écorce, d'autres de brindilles ou d'autres encore de feuilles. Et le jour où un coup de vent terrible les emporte tous, ils atterrissent dans un lieu inconnu et y sauvent une libellule qui deviendra leur nouvelle amie. Sur le fond, le scénario parait adapté aux enfants car il est très basique et ne va pas très loin. Mais dans les faits, la BD convient à tous les lecteurs car les dialogues et comportements de chacun des insectes sont très sympas, avec un humour simple mais agréable. L'intrigue utilise aussi relativement bien les caractéristiques de chacun des phasmes. Quant au dessin de Nancy Peña, il est très sympa, maîtrisé et expressif. Il fait preuve d'un beau sens de l'esthétisme, de la mise en scène et du cadrage. Je note au passage un trait plus clair et une colorisation plus contrastée que dans ses autres oeuvres pour fournir ici davantage de lisibilité. Sympathique lecture plutôt destinée aux enfants mais agréable aussi pour les parents.

27/05/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Tati et le film sans fin
Tati et le film sans fin

La couverture aux couleurs pétillantes, évoquant le monde de l’enfance, résume assez bien Jacques Tati, qui avait fini par se confondre avec son personnage emblématique, Monsieur Hulot. Sur un joli fond bleu ciel, on y voit ce dernier, les mains dans le dos (une de ses postures familières) et les pieds sur les nuages, penché sur l’objectif d’une caméra, en train d’observer ce que celle-ci veut bien lui offrir. On ne manquera pas de remercier les auteurs pour nous offrir la première biographie en bande dessinée de cet artiste si singulier, qui avait su, grâce à sa grande faculté d’observation, nous restituer sur grand écran avec un humour poétique bien à lui la façon décalée dont il percevait le monde. Le Gouëfflec et Supiot font revivre pour notre plus grand bonheur le père quelque peu méconnu de Monsieur Hulot, cet être lunaire à l’étrange démarche qui s’était hissé au panthéon mondial du mime burlesque aux côtés de Charlot, Harold Lloyd et Buster Keaton, ou plus récemment Jim Carrey. Le récit débute par l’enfance de Jacques Tati et ses débuts au music-hall (l’artiste fut repéré par Louis Leplée, l’impresario d’Edith Piaf), puis opère un chapitrage évoquant successivement chacun de ses films. Sur un rythme très libre et syncopé, les auteurs multiplient les clins d’œil autour des influences de Tati tout en racontant la genèse de ses productions. Arnaud Le Gouëfflec nous donne à comprendre l’approche atypique de ce perfectionniste entièrement dédié à son art, arrivé dans le cinéma un peu par hasard, qui ne voulait pas « d’histoires qui puissent se raconter » et trouva la ruine avec son ambitieux projet, incompris à l’époque, « Playtime ». Pendant une bonne partie du livre, il fait parler Tati en « voix off », à partir vraisemblablement des sources mentionnées en fin d’ouvrage. La bonne idée est d’avoir fait intervenir des contradicteurs fictifs, sortes de Dupondt philosophes prénommés Bruleau et Boyère travaillant sur « une théorie du cinéma de Monsieur Jacques Tati », harcelant ce dernier qui n’en avait jamais eu aucune… Des questions qui pourront paraître superfétatoires pour certains et pertinentes pour d’autres, mais bien sûr, « Hulot-Tati » ne donnera jamais de réponses, préférant la fuite et le silence. A l’image des personnages dans ses films où les dialogues passaient au second plan, réduits au statut de « brouhaha » informe se confondant avec les bruits environnants. On retiendra également la lettre de François Truffaut, qui qualifiait « Playtime » de film réalisé par « le premier cinéaste martien ». Tout au plus pourra-t-on regretter la disproportion entre chaque chapitre : pourquoi ceux consacrés à « Mon Oncle » ou « Playtime » font-ils une vingtaine de pages, contre deux ou trois pour « Trafic » ou « Parade » ? Des films certainement moins marquants dans sa carrière, mais les fans comme moi auraient tout de même aimé en savoir plus… Côté dessin, Olivier Supiot a su très bien reproduire les célèbres attitudes de « l’acteur », qu’il s’agisse du facteur de « Jour de fête » ou de Monsieur Hulot, avec son parapluie qu’il n’avait ouvert qu’une seule fois dans « Trafic ». Son travail sur la couleur est très plaisant, associé à une recherche graphique élaborée et une mise en page variée, où fort logiquement la poésie est très présente. Tout cela fait de « Tati et le film sans fin » un bel hommage à une figure de génie devenue culte dans la pop culture du XXe siècle, qui sans nul doute réjouira les inconditionnels et donnera peut-être envie aux néophytes de redécouvrir la filmographie aussi modeste qu’exceptionnelle d’un homme qui s’était permis de refuser les avances de Hollywood ! Des œuvres intemporelles d’une modernité étourdissante que l’on peut revoir sans se lasser, en particulier « Mon oncle » ou « Playtime », en trouvant à chaque visionnage un nouveau détail qui nous avait échappé la fois d’avant. Mais foin de blablas, il est désormais temps de conclure, j’en ai d’ailleurs sûrement déjà beaucoup trop dit… ;-)

27/05/2023 (modifier)