Ce qui interpelle, en premier, c'est l'extrême singularité de style du graphisme : Aristote et ses potes faisait vraiment "tâche" (sans connotation négative) au sein du Journal De Spirou. Depuis le dépouillement absolu des décors (limite bâclés...) à "l'angulaire" des personnages, le lecteur évoluait en des territoires résolument inexplorés, qu'on se serait d'avantage attendu à croiser dans des revues moins enfantines (Métal Hurlant, par exemple.).
Sinon, une idée de départ originale qui permet une série de gags inusités et -surtout !- assez bien cadencés sur la planche : même quand ils sont plus familiers (ceux mettant en scène les neveux, en particulier), le rythme imposé par les angles de points de vues (limite Comics !), la répartition des cases (et des bulles...) s'allie parfaitement au "saccadé-simpliste" du dessin, plein de peps ; et l'humour s'en trouve ainsi amplifié.
Parce qu'on s'amuse bien, avec cette série ! Bon, c'est sa vocation première, bien entendu ; mais je continue à être surpris que ce mélange si hétéroclite (thème un peu foutraque/absurde et style graphique aussi maladroit qu'à priori commercialement suicidaire...) fonctionne : il y a une alchimie plutôt miraculeuse dans ces pages puisque, d'après les avis précédents, les albums se sont apparemment bien vendus.
Bon point, pour le lectorat de l'époque, d'avoir plébiscité autant d'originalité.
C’est un album surprenant (le titre, déjà – même s’il prend son sens au bout d’un moment) et relativement ambitieux, mais sa lecture s’est révélée un peu difficile – affaire de goûts sans doute.
Sous couvert de suivre la vie et les réflexions de deux jumeaux, c’est en fait une réflexion plus profonde sur le génome, son décodage, ce que ça peut impliquer en matière éthique, thérapeutique, etc. qui nous est proposée.
Car l’un des jumeaux a fait séquencer son génome, ce qui n’est pas sans influencer sa vision de l’avenir. Et son frangin, qui ne l’a pas fait, se sent évidemment concerné du fait de leur gémellité. Les propos scientifiques sont parfois pointus, et les auteurs jouent sur une mise en pages et des dessins assez froids, une numérotation des pages en binaire, pour mettre au premier plan les questionnements autour de ce séquençage, au détriment d’une histoire plus emballante (c’est ce qui m’a un peu freiné).
De plus, au milieu des dialogues, des citations de Tocqueville à propos de la démocratie s’invitent pour que l’on n’oublie pas les arrière-plans sociétaux.
Froid, surprenant, pas inintéressant, mais je suis resté sur ma faim quand même. Mais je pense que d’autres seront davantage attirés par cet album inclassable, entre documentaire et récit à thèse.
L’album (au format assez petit) se lit très rapidement, c’est une suite de « souvenirs », parfois à peine esquissés, qui reprennent en grande partie le procédé narratif de Pérec.
Alors, c’est sûr, il n’y a pas vraiment d’« histoire » au sens habituel. Mais ça se laisse quand même lire agréablement. Car, au travers de ces souvenirs, c’est non seulement la vie de l’auteure qui s’étale, par tranches et sous formes d’anecdotes plus ou moins fortes, mais aussi l’histoire de son pays d’origine, le Liban, et surtout Beyrouth. Beyrouth déchirée par la guerre.
L’autobiographie fragmentaire rejoint donc l’histoire nationale, comme a pu le faire – excellemment – Satrapi avec son Persepolis (même si ici c’est sans doute moins creusé). L’autre point qui rapproche ces deux auteures, c’est le côté graphique – même si leurs styles diffèrent quand même.
Abirached use d’un Noir et Blanc très tranché, avec un dessin stylisé dont le rendu est proche de papiers découpés. Un dessin simple, mais très agréable. Une lecture légère malgré l’arrière-plan tragique. Une lecture plaisante en tout cas.
C’est le troisième album collectif du genre coordonné par Tiburce Oger, qui s’adjoint encore une belle brochette de dessinateurs (même s’il y a moins ici du « lourd », c’est plus inégal je trouve – affaire de goût peut-être), pour accompagner sa déclaration d’amour au western, dans ce qu’il a de plus classique. C’est aussi celui qui m’a le moins convaincu.
Le procédé liant entre elles les différentes histoires est ici un fil rouge bien ténu et artificiel. Et surtout, la narration en histoires courtes trouve ici davantage ses limites, j’ai eu du mal à les apprécier, elles manquent souvent de coffre, ou alors auraient pu être plus développées. Celle sur le lynchage de l’éléphant a davantage retenu mon attention, me rappelant ces procès d’animaux, nombreux au moyen-âge. Je ne connaissais pas cette histoire, qui il est vrai sort un peu de notre cadre, puisqu’elle se déroule en 1916 en Virginie, en un lieu et une époque où « l’ouest » n’est plus sauvage ou à conquérir.
Bref, histoires, dessin et fil rouge m’ont ici moins convaincu. Ça reste très lisible, mais décevant par rapport à mes attentes (j’aime tout autant qu’Oger le western).
Note réelle 2,5/5.
J’ai lu le premier tome dans l’édition originale des Humanos, publiée dans un format atypique (tout petit, avec seulement une trentaine de pages). J’imagine que ça devait être un récit qui ne devait pas donner lieu à une suite, une sorte de parenthèse au milieu d’autres productions du duo, plus tournées vers l’humour. Et qu’ensuite ils se sont ravisés, en publiant quelques années plus tard (chez un autre éditeur, mais aussi dans un format et une pagination beaucoup plus classiques) un autre album, qui est une sorte de flash-back/prequel du précédent.
On retrouve le style de Ben Radis, avec des personnages aux têtes animalières. L’originalité ici est qu’ils ont des têtes d’insectes ! Surprenant au départ, mais on s’y fait rapidement. Car le reste du corps est tout ce qu’il y a d’humain, et dans le second tome plusieurs personnages ont des têtes où le côté insecte est présent, mais moins « visible ». En tout cas ce dessin est plutôt agréable, très fluide. Et la colorisation (du Noir et Blanc agrémenté de touches d’orange et de jaune) est elle aussi sympathique.
Les deux histoires donnent dans le polar noir classique (surtout le premier récit, très polar américain des années 1940). C’est bien fait, mais sans aucune surprise. Du coup ça se laisse lire, mais aussi rapidement oublier – seul l’aspect graphique marque un peu plus par son originalité.
A emprunter à l’occasion, pour les amateurs de polar ultra classiques et/ou du duo d’auteurs.
Note réelle 2,5/5.
Biscoto est une maison d'édition qui propose de bons récits pour la jeunesse. En accompagnant la petite grenouille Cécil les jeunes lecteurs et lectrices partent à la recherche d'ingrédients magiques un peu farfelus. Ils/elles découvriront surtout des qualités humaines qui permettent de bien vivre ensemble.
Le récit propose aussi d'aller au-delà des apparences d'une rate alchimiste assez désagréable au premier abord. Le récit ressemble à un jeu de piste en cinq étapes pour reconstituer la potion. Le but de la quête se révèle au fur et à mesure de l'histoire. Le vocabulaire employé est moderne et d'un bon niveau.
Cela propose une lecture agréable même pour les débutants de CP/CE1 grâce à un lettrage très lisible.
Le graphisme est un peu plat mais les personnages sont attachants dans des cases où fourmillent les détails. La mise en couleur est très douce avec une multitude de teintes adaptées à un jeune public.
Une bonne petite lecture à partager avec ses jeunes enfants. Un bon 3
Je suis très, très partagé sur ce nouveau manga, le premier, a priori, à adapter le roman culte de Bram Stoker.
Le début laisse présager une adaptation relativement fidèle, avec une partie de l'histoire se déroulant à bord du Demeter, le bateau qui amène le Comte en Angleterre. Mais très vite, on s'aperçoit que l'auteur a décidé de s'éloigner du roman, en proposant une sorte de variation, qui n'est pas si mal vue d'ailleurs.
C'est sur la deuxième partie que je suis plus réservé. Sakamoto fait de la petite bande qui va devoir lutter contre Dracula un groupe de lycéens aux rapports ambigus, aux identités un brin différentes (y compris les identités de genre). On est carrément dans une relecture, et faire s'arrêter plus que momentanément l'histoire dans la ville portuaire de Whitby est intéressant. Mais c'est sur ces changements concernant Godalming, Mina, Lucy and co., que je suis plus dubitatif. L'avantage, tout de même, c'est que le récit adopte plusieurs points de vue, ce qui l'enrichit, bien sûr. Dans le deuxième tome l'entourage de Luke/Lucy commence à s'organiser sous la direction de Dr Van Helsing afin de contrer l'action du vampire, en particulier son emprise sur la jeune personne. Cela avance un peu, mais pas assez à mon goût.
Quant à Dracula, il est intangible pendant toute la traversée du Demeter, ce qui ne l'empêche pas de semer la panique à bord, puis la mort. Lorsque le bateau arrive en Angleterre, il saute sur la terre ferme sous la forme d'un loup (comme dans le roman), puis se matérialise de façon très différenciée. Si sa nature protéiforme est actée dans l'histoire originale, j'avoue que les choix graphiques faits par l'auteur ne me satisfont pas vraiment, on se croirait un peu dans un délire de champignons hallucinogènes. Impression confirmée dans le tome 2, en aprtie, avec des scènes oniriques qui n'ont pas vraiment de sens pour certaines, et un Dracula qui a les traits de... Michael Jackson.
Au-delà de ça, le trait est fin, délicat, mais également surprenant, avec le regard inquiétant de la plupart des personnages, une particularité que Sakamoto partage avec Gou Tanabe, l'adaptateur des récits lovecraftiens. Le parti pris graphique et narratif est toutefois original, j'attends de lire la suite pour juger plus précisément.
J'ai été attiré par les couleurs de la couverture. Comme Ro j'ai été séduit tout du long par la très belle mise en couleur qui donne une vraie vie à l'histoire.
Personnellement j'ai bien aimé l'humour proposé par Sfar. Cela part un peu dans tous les sens, il y a plusieurs passages assez intellos avec de nombreuses références. Cela cible très nettement les ados mais j'ai trouvé que l'esprit de l'humour et le vocabulaire employé n'était pas si jeune. C'est probablement pour ça que j'ai accroché. Les personnages sont tous très déjantés, avec une mention spéciale pour la grand-mère !
J'ai vite abandonné la logique du récit pour me laisser porter par le rythme soutenu des péripéties de la jeune Héliotrope que je trouve assez attachante.
Le graphisme est du Sfar pur jus même si c'est Benjamin Chaud qui signe. D'ailleurs j'ai plutôt préféré ce trait aux derniers ouvrages de Sfar que j'ai lus. En effet j'ai trouvé la ligne plus claire et plus nette avec un visuel plus agréable.
Une lecture un peu déjantée et humoristique qui m'a fait passer un gentil moment de lecture.
Je viens de terminer le T3 et j'avoue avoir bien hésiter à baisser ma note d'une étoile. En effet j'ai trouvé le scénario bien en dessous des premiers tomes. Héliotrope devient spectatrice potiche coincée entre Aspirine et sa grand-mère. Sfar nous fait voyagé en Crête dans une vague histoire de la Toison d'Or assez insipide. Je trouve que l'auteur force sur son humour en multipliant les discours direct aux lecteurs, un langage pseudo branché et un recours à l'hémoglobine un peu factice. C'est toujours très déjanté mais j'ai senti comme une difficulté à innover sur le personnage principal.
Le graphisme reste à l'identique avec cette mise en couleur qui m'attire toujours autant.
Un tout petit 3 maintenant
Une lecture sans plaisir.
Cet album est divisé en deux parties distinctes, la première reprend Le Val des Ânes déjà publié en 2001 et la seconde "L'âge bête" qui poursuit la biographie de l'auteur.
La première partie m'a rebuté, elle propose la biographie de l'auteur, de ses six ans jusqu'à son entrée au collège.
Je me suis ennuyé lors de ma lecture, de temps en temps un petit sursaut lorsque j'y découvrais la méchanceté gratuite de Matthieu Blanchin.
Pour le reste, rien de transcendant dans ces souvenirs d'enfance sous forme d'une succession d'anecdotes. Le point positif reste la période des évènements, le début des années 1970 dans une France rurale.
La seconde partie est déjà plus intéressante, elle reprend la vie de l'auteur du collège à la réalisation de cette BD. On va en apprendre un peu plus sur son entourage familial. Mais surtout, le récit devient plus intimiste, Matthieu Blanchin se met à nu, il parle de sa difficulté à se lier d'amitié, de ses rapports difficiles avec les filles et de ses désirs sexuels, de son mal être. Mais aussi de sa découverte de la bande dessinée qui sera son échappatoire.
Un épilogue qui permet d'en connaître un peu plus sur les pensées, les motivations et le parcours de l'auteur.
Oui plus intéressant, mais je suis resté indifférent à son histoire, à ses souffrances, à sa psychanalyse.
Graphiquement, les mêmes reproches que pour Le Val des Ânes. Un trait brouillon, un manque de lisibilité qui ne permet pas toujours de reconnaître les personnages du premier coup d'œil. Un dessin déprimant. Un style que je n'apprécie pas.
3 étoiles de justesse.
Je ressors malheureusement mitigé de ma lecture.
J’ai pourtant beaucoup aimé la première moitié du récit. J’adore les textes qui décrivent avec humour et précision les âges enfantins, adolescents et adultes. J’ai souvent souri voire ri, quel sens de l’observation et de la dérision.
Mais l’histoire même est je trouve répétitive, et n’a pas réussi à retenir mon attention sur 200 pages. L’auteur explique pourtant qu’il a fait de nombreuses coupures par rapport au texte original, mais je trouve que ça reste trop long, et pour moi le charme s’est rompu. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à lire les descriptions caustiques de l’adolescence (mon ainé va avoir 14 ans, et les similitudes sont vraiment cocasses), mais je me suis désintéressé des évènements.
J’applaudis la verve de l’auteur, mais aussi de la traductrice Aude Pasquier qui sur le coup fait un boulot incroyable. Mais une lecture peu marquante, finalement.
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Aristote et ses potes
Ce qui interpelle, en premier, c'est l'extrême singularité de style du graphisme : Aristote et ses potes faisait vraiment "tâche" (sans connotation négative) au sein du Journal De Spirou. Depuis le dépouillement absolu des décors (limite bâclés...) à "l'angulaire" des personnages, le lecteur évoluait en des territoires résolument inexplorés, qu'on se serait d'avantage attendu à croiser dans des revues moins enfantines (Métal Hurlant, par exemple.). Sinon, une idée de départ originale qui permet une série de gags inusités et -surtout !- assez bien cadencés sur la planche : même quand ils sont plus familiers (ceux mettant en scène les neveux, en particulier), le rythme imposé par les angles de points de vues (limite Comics !), la répartition des cases (et des bulles...) s'allie parfaitement au "saccadé-simpliste" du dessin, plein de peps ; et l'humour s'en trouve ainsi amplifié. Parce qu'on s'amuse bien, avec cette série ! Bon, c'est sa vocation première, bien entendu ; mais je continue à être surpris que ce mélange si hétéroclite (thème un peu foutraque/absurde et style graphique aussi maladroit qu'à priori commercialement suicidaire...) fonctionne : il y a une alchimie plutôt miraculeuse dans ces pages puisque, d'après les avis précédents, les albums se sont apparemment bien vendus. Bon point, pour le lectorat de l'époque, d'avoir plébiscité autant d'originalité.
Macula Brocoli
C’est un album surprenant (le titre, déjà – même s’il prend son sens au bout d’un moment) et relativement ambitieux, mais sa lecture s’est révélée un peu difficile – affaire de goûts sans doute. Sous couvert de suivre la vie et les réflexions de deux jumeaux, c’est en fait une réflexion plus profonde sur le génome, son décodage, ce que ça peut impliquer en matière éthique, thérapeutique, etc. qui nous est proposée. Car l’un des jumeaux a fait séquencer son génome, ce qui n’est pas sans influencer sa vision de l’avenir. Et son frangin, qui ne l’a pas fait, se sent évidemment concerné du fait de leur gémellité. Les propos scientifiques sont parfois pointus, et les auteurs jouent sur une mise en pages et des dessins assez froids, une numérotation des pages en binaire, pour mettre au premier plan les questionnements autour de ce séquençage, au détriment d’une histoire plus emballante (c’est ce qui m’a un peu freiné). De plus, au milieu des dialogues, des citations de Tocqueville à propos de la démocratie s’invitent pour que l’on n’oublie pas les arrière-plans sociétaux. Froid, surprenant, pas inintéressant, mais je suis resté sur ma faim quand même. Mais je pense que d’autres seront davantage attirés par cet album inclassable, entre documentaire et récit à thèse.
Je me souviens, Beyrouth
L’album (au format assez petit) se lit très rapidement, c’est une suite de « souvenirs », parfois à peine esquissés, qui reprennent en grande partie le procédé narratif de Pérec. Alors, c’est sûr, il n’y a pas vraiment d’« histoire » au sens habituel. Mais ça se laisse quand même lire agréablement. Car, au travers de ces souvenirs, c’est non seulement la vie de l’auteure qui s’étale, par tranches et sous formes d’anecdotes plus ou moins fortes, mais aussi l’histoire de son pays d’origine, le Liban, et surtout Beyrouth. Beyrouth déchirée par la guerre. L’autobiographie fragmentaire rejoint donc l’histoire nationale, comme a pu le faire – excellemment – Satrapi avec son Persepolis (même si ici c’est sans doute moins creusé). L’autre point qui rapproche ces deux auteures, c’est le côté graphique – même si leurs styles diffèrent quand même. Abirached use d’un Noir et Blanc très tranché, avec un dessin stylisé dont le rendu est proche de papiers découpés. Un dessin simple, mais très agréable. Une lecture légère malgré l’arrière-plan tragique. Une lecture plaisante en tout cas.
GunMen of the West
C’est le troisième album collectif du genre coordonné par Tiburce Oger, qui s’adjoint encore une belle brochette de dessinateurs (même s’il y a moins ici du « lourd », c’est plus inégal je trouve – affaire de goût peut-être), pour accompagner sa déclaration d’amour au western, dans ce qu’il a de plus classique. C’est aussi celui qui m’a le moins convaincu. Le procédé liant entre elles les différentes histoires est ici un fil rouge bien ténu et artificiel. Et surtout, la narration en histoires courtes trouve ici davantage ses limites, j’ai eu du mal à les apprécier, elles manquent souvent de coffre, ou alors auraient pu être plus développées. Celle sur le lynchage de l’éléphant a davantage retenu mon attention, me rappelant ces procès d’animaux, nombreux au moyen-âge. Je ne connaissais pas cette histoire, qui il est vrai sort un peu de notre cadre, puisqu’elle se déroule en 1916 en Virginie, en un lieu et une époque où « l’ouest » n’est plus sauvage ou à conquérir. Bref, histoires, dessin et fil rouge m’ont ici moins convaincu. Ça reste très lisible, mais décevant par rapport à mes attentes (j’aime tout autant qu’Oger le western). Note réelle 2,5/5.
Gomina
J’ai lu le premier tome dans l’édition originale des Humanos, publiée dans un format atypique (tout petit, avec seulement une trentaine de pages). J’imagine que ça devait être un récit qui ne devait pas donner lieu à une suite, une sorte de parenthèse au milieu d’autres productions du duo, plus tournées vers l’humour. Et qu’ensuite ils se sont ravisés, en publiant quelques années plus tard (chez un autre éditeur, mais aussi dans un format et une pagination beaucoup plus classiques) un autre album, qui est une sorte de flash-back/prequel du précédent. On retrouve le style de Ben Radis, avec des personnages aux têtes animalières. L’originalité ici est qu’ils ont des têtes d’insectes ! Surprenant au départ, mais on s’y fait rapidement. Car le reste du corps est tout ce qu’il y a d’humain, et dans le second tome plusieurs personnages ont des têtes où le côté insecte est présent, mais moins « visible ». En tout cas ce dessin est plutôt agréable, très fluide. Et la colorisation (du Noir et Blanc agrémenté de touches d’orange et de jaune) est elle aussi sympathique. Les deux histoires donnent dans le polar noir classique (surtout le premier récit, très polar américain des années 1940). C’est bien fait, mais sans aucune surprise. Du coup ça se laisse lire, mais aussi rapidement oublier – seul l’aspect graphique marque un peu plus par son originalité. A emprunter à l’occasion, pour les amateurs de polar ultra classiques et/ou du duo d’auteurs. Note réelle 2,5/5.
Cécil et les objets cassés
Biscoto est une maison d'édition qui propose de bons récits pour la jeunesse. En accompagnant la petite grenouille Cécil les jeunes lecteurs et lectrices partent à la recherche d'ingrédients magiques un peu farfelus. Ils/elles découvriront surtout des qualités humaines qui permettent de bien vivre ensemble. Le récit propose aussi d'aller au-delà des apparences d'une rate alchimiste assez désagréable au premier abord. Le récit ressemble à un jeu de piste en cinq étapes pour reconstituer la potion. Le but de la quête se révèle au fur et à mesure de l'histoire. Le vocabulaire employé est moderne et d'un bon niveau. Cela propose une lecture agréable même pour les débutants de CP/CE1 grâce à un lettrage très lisible. Le graphisme est un peu plat mais les personnages sont attachants dans des cases où fourmillent les détails. La mise en couleur est très douce avec une multitude de teintes adaptées à un jeune public. Une bonne petite lecture à partager avec ses jeunes enfants. Un bon 3
#DRCL Midnight children
Je suis très, très partagé sur ce nouveau manga, le premier, a priori, à adapter le roman culte de Bram Stoker. Le début laisse présager une adaptation relativement fidèle, avec une partie de l'histoire se déroulant à bord du Demeter, le bateau qui amène le Comte en Angleterre. Mais très vite, on s'aperçoit que l'auteur a décidé de s'éloigner du roman, en proposant une sorte de variation, qui n'est pas si mal vue d'ailleurs. C'est sur la deuxième partie que je suis plus réservé. Sakamoto fait de la petite bande qui va devoir lutter contre Dracula un groupe de lycéens aux rapports ambigus, aux identités un brin différentes (y compris les identités de genre). On est carrément dans une relecture, et faire s'arrêter plus que momentanément l'histoire dans la ville portuaire de Whitby est intéressant. Mais c'est sur ces changements concernant Godalming, Mina, Lucy and co., que je suis plus dubitatif. L'avantage, tout de même, c'est que le récit adopte plusieurs points de vue, ce qui l'enrichit, bien sûr. Dans le deuxième tome l'entourage de Luke/Lucy commence à s'organiser sous la direction de Dr Van Helsing afin de contrer l'action du vampire, en particulier son emprise sur la jeune personne. Cela avance un peu, mais pas assez à mon goût. Quant à Dracula, il est intangible pendant toute la traversée du Demeter, ce qui ne l'empêche pas de semer la panique à bord, puis la mort. Lorsque le bateau arrive en Angleterre, il saute sur la terre ferme sous la forme d'un loup (comme dans le roman), puis se matérialise de façon très différenciée. Si sa nature protéiforme est actée dans l'histoire originale, j'avoue que les choix graphiques faits par l'auteur ne me satisfont pas vraiment, on se croirait un peu dans un délire de champignons hallucinogènes. Impression confirmée dans le tome 2, en aprtie, avec des scènes oniriques qui n'ont pas vraiment de sens pour certaines, et un Dracula qui a les traits de... Michael Jackson. Au-delà de ça, le trait est fin, délicat, mais également surprenant, avec le regard inquiétant de la plupart des personnages, une particularité que Sakamoto partage avec Gou Tanabe, l'adaptateur des récits lovecraftiens. Le parti pris graphique et narratif est toutefois original, j'attends de lire la suite pour juger plus précisément.
Héliotrope
J'ai été attiré par les couleurs de la couverture. Comme Ro j'ai été séduit tout du long par la très belle mise en couleur qui donne une vraie vie à l'histoire. Personnellement j'ai bien aimé l'humour proposé par Sfar. Cela part un peu dans tous les sens, il y a plusieurs passages assez intellos avec de nombreuses références. Cela cible très nettement les ados mais j'ai trouvé que l'esprit de l'humour et le vocabulaire employé n'était pas si jeune. C'est probablement pour ça que j'ai accroché. Les personnages sont tous très déjantés, avec une mention spéciale pour la grand-mère ! J'ai vite abandonné la logique du récit pour me laisser porter par le rythme soutenu des péripéties de la jeune Héliotrope que je trouve assez attachante. Le graphisme est du Sfar pur jus même si c'est Benjamin Chaud qui signe. D'ailleurs j'ai plutôt préféré ce trait aux derniers ouvrages de Sfar que j'ai lus. En effet j'ai trouvé la ligne plus claire et plus nette avec un visuel plus agréable. Une lecture un peu déjantée et humoristique qui m'a fait passer un gentil moment de lecture. Je viens de terminer le T3 et j'avoue avoir bien hésiter à baisser ma note d'une étoile. En effet j'ai trouvé le scénario bien en dessous des premiers tomes. Héliotrope devient spectatrice potiche coincée entre Aspirine et sa grand-mère. Sfar nous fait voyagé en Crête dans une vague histoire de la Toison d'Or assez insipide. Je trouve que l'auteur force sur son humour en multipliant les discours direct aux lecteurs, un langage pseudo branché et un recours à l'hémoglobine un peu factice. C'est toujours très déjanté mais j'ai senti comme une difficulté à innover sur le personnage principal. Le graphisme reste à l'identique avec cette mise en couleur qui m'attire toujours autant. Un tout petit 3 maintenant
Comment je ne suis pas devenu un salaud
Une lecture sans plaisir. Cet album est divisé en deux parties distinctes, la première reprend Le Val des Ânes déjà publié en 2001 et la seconde "L'âge bête" qui poursuit la biographie de l'auteur. La première partie m'a rebuté, elle propose la biographie de l'auteur, de ses six ans jusqu'à son entrée au collège. Je me suis ennuyé lors de ma lecture, de temps en temps un petit sursaut lorsque j'y découvrais la méchanceté gratuite de Matthieu Blanchin. Pour le reste, rien de transcendant dans ces souvenirs d'enfance sous forme d'une succession d'anecdotes. Le point positif reste la période des évènements, le début des années 1970 dans une France rurale. La seconde partie est déjà plus intéressante, elle reprend la vie de l'auteur du collège à la réalisation de cette BD. On va en apprendre un peu plus sur son entourage familial. Mais surtout, le récit devient plus intimiste, Matthieu Blanchin se met à nu, il parle de sa difficulté à se lier d'amitié, de ses rapports difficiles avec les filles et de ses désirs sexuels, de son mal être. Mais aussi de sa découverte de la bande dessinée qui sera son échappatoire. Un épilogue qui permet d'en connaître un peu plus sur les pensées, les motivations et le parcours de l'auteur. Oui plus intéressant, mais je suis resté indifférent à son histoire, à ses souffrances, à sa psychanalyse. Graphiquement, les mêmes reproches que pour Le Val des Ânes. Un trait brouillon, un manque de lisibilité qui ne permet pas toujours de reconnaître les personnages du premier coup d'œil. Un dessin déprimant. Un style que je n'apprécie pas. 3 étoiles de justesse.
Béa Wolf
Je ressors malheureusement mitigé de ma lecture. J’ai pourtant beaucoup aimé la première moitié du récit. J’adore les textes qui décrivent avec humour et précision les âges enfantins, adolescents et adultes. J’ai souvent souri voire ri, quel sens de l’observation et de la dérision. Mais l’histoire même est je trouve répétitive, et n’a pas réussi à retenir mon attention sur 200 pages. L’auteur explique pourtant qu’il a fait de nombreuses coupures par rapport au texte original, mais je trouve que ça reste trop long, et pour moi le charme s’est rompu. J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à lire les descriptions caustiques de l’adolescence (mon ainé va avoir 14 ans, et les similitudes sont vraiment cocasses), mais je me suis désintéressé des évènements. J’applaudis la verve de l’auteur, mais aussi de la traductrice Aude Pasquier qui sur le coup fait un boulot incroyable. Mais une lecture peu marquante, finalement.