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Couverture de la série The Fixer - Une histoire de Sarajevo
The Fixer - Une histoire de Sarajevo

Joe Sacco est un auteur que j’aime beaucoup, son travail de documentariste est franchement très intéressant. Si le conflit israélo-palestinien est le sujet qui l’a le plus occupé, on le retrouve ici dans une région et un conflit sur lesquels il a aussi travaillé plusieurs fois (voir Gorazde par exemple). Si ici on retrouve Sacco se mettant en scène, et si j’ai quand même trouvé agréable ma lecture, j’ai aussi trouvé cet album un peu moins intéressant que celui que je viens de citer – pour rester dans les conflits ayant mené à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Il y a là moins de profondeur qu’à l’habitude chez Sacco. L’essentiel de l’album tourne autour de ses rencontres avec Neven un « fixer » à Sarajevo, qui lui a permis – moyennant finances, d’avoir des informations de première main, des contacts, et de réaliser des reportages. Le personnage de Neven est ambigu – comme pas mal de chefs de guerre bosniaques évoqués ici – et Sacco ne cherche pas à en faire un saint ou un salaud. On sent toutefois qu’il s’est attaché à lui, par-delà les relations professionnelles. Ce qui n’empêche pas Sacco de jouer d’humour et d’autodérision à chaque fois qu’il doit raquer pour payer Neven (qui ne manque vraiment aucune occasion de lui soutirer quelques billets). Certains passages où Sacco semble se faire un peu enfumer sont amusants. Bref, une lecture pas inintéressante – sur le travail d’un reporter dans le bourbier serbo-bosniaque des années 1990, sur la situation même de la Bosnie au tournant de l’indépendance, avec des chefs de guerre liés à la pègre utilisés par les dirigeants politiques avant qu’ils ne cherchent à s’en débarrasser. Mais un album clairement en deçà en matière de densité et d’ambition par rapport aux meilleurs Sacco.

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Colville
Colville

Je découvre cet auteur avec cet album, qui possède de réelles qualités, même si, au vu de l’entame, j’en attendais sans doute un peu plus. Ce qui m’a d’emblée attiré, c’est le travail graphique de Steven Gilbert. Son dessin, le rendu, noir et un peu charbonneux, est très plaisant. En tout cas pour les décors, ambiance – ce qui est ici très important, et domine presque l’intrigue elle-même. En effet, c’est plus hésitant et inégal pour les personnages, avec quelques hésitations et menus défauts. Mais, globalement, c’est agréable à regarder. Concernant l’intrigue, elle est en soi très légère. Un jeune homme tente une dernière petite arnaque pour gratter les quelques centaines de dollars qui lui manquent pour auto-éditer son comics. Hélas, tout va mal tourner. On le sait dès le départ, puisque les premières cases, muettes, nous livrent quasiment la fin de ce thriller, images que nous reverrons plus tard, avec les explications, les enchainements qui y mènent. La construction – volontairement décousue – est d’ailleurs, comme l’ambiance, le point original et attractif de cette histoire. Un ensemble très très noir, glauque, les petites frappes de banlieue qui semblaient occuper le côté obscur se voyant largement dépassés par bien plus pervers qu’eux ! Colville est loin d’être le bled calme qu’on imagine en effet. Un polar qui manque un peu de densité, mais que les amateurs d’ambiances poisseuses apprécieront je pense.

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Notre histoire
Notre histoire

Ces deux albums retracent la vie de Lilian Thuram jusqu’à ses débuts de footballeur professionnel. De sa Guadeloupe natale, d’où sa mère s’est embarquée pour la France avec tous ses enfants, jonglant continuellement avec de petits moyens pour que tous s’en sortent, jusqu’au début de réussite de Lilian, qu’on suppose bénéfique pour toute la famille. Régulièrement au cœur de ce récit assez linéaire et classique – et manquant sans doute d’aspérité, à défaut de manquer d’empathie, nous retrouvons le jeune Lilian discutant avec Neddo, un vieux monsieur rencontré dans la cité où la famille s’est installée près de Fontainebleau. Celui-ci va régulièrement lui raconter la vie et l’action de personnes qui se sont battues contre les préjugés et pour défendre les libertés. A part Ésope, la plupart sont liés à la lutte contre le racisme et sont des Noirs, que ce soit dans les colonies européennes ou aux États-Unis (le dernier exemple étant celui d’Angela Davis). Si le procédé fait quand même très artificiel (le personnage du « vieux sage » Neddo est inventé), et si cela tourne un peu à l’exempla édifiant parfois, on ne peut que reconnaitre la nécessité de rappeler des valeurs qui devraient être universelles, et qui forment officiellement l’ossature de notre « démocratie », comme celles reprises dans notre devise. Lilian Thuram s’est depuis longtemps impliqué dans la lutte contre les discriminations – raciales en particulier. Il a participé à plusieurs documentaires avec l’historien spécialiste du sujet Pascal Blanchard. C’est pourquoi, même si l’histoire qui sert de fil rouge n’est en elle-même pas forcément hyper emballante, les idées défendues par ce diptyque méritent d’être mises en avant, par-delà la relative naïveté des moyens employés pour les défendre. En plus des préjugés racistes, Lilian Thuram contredit aussi les idées reçues sur les sportifs – footballeurs en particulier – incapables d’élaborer une pensée cohérente et intellectuellement élevée. Thuram est visiblement une belle personne, et cette série, en plus de nous expliquer sa « formation » (ses valeurs plus que ses capacités sportives), permet de remettre en avant des personnes que l’histoire « officielle » (écrite par et pour des Blancs le plus souvent) a laissé de côté.

08/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série The Ex-People
The Ex-People

Dommage, cette série en deux tomes manque clairement de peps pour que je puisse leur donner plus. Et pourtant j'aimais beaucoup l'idée et l'atmosphère de conte qui se dégageait de l'ensemble avait quelque chose pour me plaire. Le premier volume contient les éléments de mise en place d'une histoire qui se développe très peu au final, avec une longue mise en place de comment on en est arrivé là et une résolution qui est ... beaucoup trop rapide. Une action, une grande bataille et voila la fin après un petit échange sympathique mais clairement manquant de développement. A mon sens, il manquerait un volume de plus et l'histoire aurait bien mieux tenue. En l'état il y a beaucoup de choses sympathique mais l'enchainement rapide fait que pleins de détails sont trop peu développés tandis que d'autre le sont trop par rapport à leur importance. Le dessin de Utkine est toujours aussi bon que ce que j'avais découvert dans son Le Roi des oiseaux, avec ce trait charbonneux qui va à merveille à une ambiance de conte légèrement merveilleuse, avec une touche d'étrange dans les personnages où les yeux en amande et trop grand pour le visage, plongeant très vite dans le ton du récit. Rien que pour le dessin, je recommanderais la lecture. Pas mauvais, clairement pas, mais manquant d'un truc qui fasse réellement décoller le récit au-dessus de la masse, cette BD manque du petit plus qui me ferait monter ma note. En l'état, je donne un 3* qui salue le travail et je ne vous déconseille pas la lecture qui reste plaisante.

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Miss Charity
Miss Charity

Je commence à être familier de la façon du couple Montel/Clément. Leurs propositions souvent poétiques et contemplatives ne me laissent jamais indifférent. Toutefois ici j'ai eu du mal à accrocher dans les pas de la jeune Charity et de son univers victorien guindé et étouffant. Je comprends ce parcours de pionnière qui éclos à cette époque dans beaucoup de domaines réservés aux hommes ( médecine, physique, cinéma …) Sauf que je trouve le message un peu ambiguë puisque c'est dans un domaine artistique que la jeune Charity explose. J'ai trouvé le rythme bien trop lent et seuls les personnages de Tabitha, au début, puis celui de Blanche ont égayé ma lecture. L'autre source de plaisir provient des belles aquarelles de Anne Montel. Elles sont gracieuses, fraiches et colorées. La construction des planches est très moderne et donne le sentiment d'une totale liberté en contraste absolu avec l'ambiance de prison sociale dans laquelle vit la jeune fille. Pas trop à mon goût mais cela reste une lecture plaisante. Un bon 3 tout de même

08/09/2025 (modifier)
Couverture de la série My Broken Mariko
My Broken Mariko

Hmmm… Pas facile pour moi de vraiment savoir quoi penser de ce manga. D'un côté, le sujet du suicide, d'une vie si désespérante qu'un individu ne soit plus qu'une coquille se contentant d'avancer sans réfléchir, d'une fuite en avant pour symboliser le chaos passé et la difficulté de pleinement comprendre et digérer les émotions que l'on ressent, tout ça marche beaucoup sur moi. J'avoue même avoir pleuré. Mais, de l'autre côté, je me dois d'être honnête, la forme m'a paru bien trop chaotique, décevante même. Trop "fofolle" pour pleinement émouvoir, cherchant trop à faire rire au détriment de la pleine gravité de la situation. C'est compliqué à dire, il est techniquement possible de lier le comique et le tragique, de traiter son sujet à la fois avec la gravité qui lui revient et la légèreté que l'on souhaite lui insuffler, mais pourtant, là, chacune des deux extrémités narratives dessert l'autre. Pas un problème d'idée, un problème de forme je pense. Peut-être que si les passages se voulant comiques n'intervenait/n'interrompait pas toutes les deux pages, qu'ils servaient plus à cristalliser les quelques bons souvenirs passés ou à symboliser l'espoir d'un futur ils auraient pu mieux passer. Ce défaut de rythme et de ton mis-à-part (il reste tout de même un gros point noir à mes yeux) j'apprécie l'histoire qui nous est racontée. Disons en tout cas que je l'apprécie sur le papier. C'est l'histoire d'une jeune femme apprenant un jour aux infos que sa meilleure amie s'est donnée la mort. Sachant à quel point sa vie a été dure auparavant, ne souhaitant pas laisser ses cendres entre les mains de son père qui lui avait fait tant de mal et ne parvenant pas encore à faire son deuil, Tomoyo décide de voler les reste de Mariko, son amie, et de lui offrir un dernier voyage. Un road-movie mélancolique, teinté du spectre de l'amitié perdu, de la mort et des souvenirs ça promet une histoire qui prend aux tripes, qui tape nos petits cœurs touts mous et nos glandes lacrymales avec la violence d'une barre de fer narrative. Pourtant, comme dit plus haut, l'exécution ne parvient pas vraiment à remplir ses promesses. Dommage, car on ressent une justesse, une sincérité dans cet amitié, cette souffrance et ce deuil. Une sincérité qui a tout de même réussie à me toucher malgré les défauts de forme. Qu'il s'agisse des appels à l'aide de Mariko prenant la forme de chantages affectifs ou le mal-être qui habite Tomoyo face à tout ça depuis tout ce temps, tout ceci sonne vrai, sonne concret. Et le dessin et le découpage scénique de Waka Hirako (quand il ne s'interrompt pas toutes les cinq minutes pour des apartés comiques) est bon, léché, cinématographique même par moment. L'autrice s'exprime d'ailleurs sur ses inspirations lors d'une petite interview mise à disposition à la fin de l'album, une interview que j'ai trouvée très intéressante, notamment lorsqu'elle explique d'où lui est venu le sujet de l'histoire. Non content de nous laissé-e-s face à cette histoire sur laquelle je ne sais toujours pas quoi pleinement penser, le manga nous mets également à disposition le tout premier récit de l'autrice, intitulé Yishka, là aussi un road-movie, cette fois-ci dans une ambiance mafieuse, dans le désert américains, troquant la relation fusionnelle entre deux jeunes filles pour une relation parentale et éphémère entre un repenti fuyant son passé et un jeune homme orphelin essayant de joindre les deux bouts comme ils peut, mais gardant tout de même cette ambiance désespérante et cette mise en scène cinématographique. C'est peut-être con à dire, mais j'ai finalement plus été touchée par cette courte histoire. Elle n'est pas révolutionnaire, plutôt clichée même, mais elle marche, elle reste efficace. Elle m'a moins impactée émotionnellement mais est parvenue à maintenir une narration et un ton fluides jusqu'au bout. Conseillerais-je la lecture de ce manga ? Eh bien malgré ses défauts, oui. La forme n'est pas parfaite mais le fond du récit est sincère, le dessin est inégal et le ton fluctue trop mais bien souvent le tout parvient à faire mouche, à être juste. Une œuvre inégale mais loin d'être dénuée d'intérêt. Pas un chef d'œuvre mais une création suffisamment intrigante et travaillée pour que je garde l'autrice en tête et que j'essaye de voir ses prochaines créations.

07/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Shinobi Life
Shinobi Life

Beni est une lycéenne issue d’une riche famille, héritière blasée qui se fait régulièrement kidnapper et n’a aucune peur de mourir, tant que la responsabilité en revient à son père qu’elle déteste. Tout change lorsqu’un ninja, projeté depuis le Japon médiéval, atterrit sur elle par accident. La confondant avec son ancêtre, la princesse Beni, il jure de la protéger au péril de sa vie, mettant au service de la jeune fille aussi bien ses talents de shinobi que son charme. Ce manga avait été pensé à l’origine comme un one-shot, et cela se ressent fortement. Le premier tome, à lui seul, est une réussite : mélange de voyage temporel, de ninjas, d’humour et de romance, il est à la fois vif et attachant. En un seul volume, il se passe beaucoup de choses, entre le Japon contemporain et médiéval. Malgré des facilités scénaristiques, une romance et un graphisme typiquement shojo, et quelques exagérations, l’intrigue reste cohérente, amusante et se conclut de façon un peu abrupte mais satisfaisante. Seulement voilà : le succès aidant, l’éditeur a proposé à l’autrice d’en faire une série. Et si les tomes qui suivent immédiatement tiennent encore la route, développant les personnages et leur relation, on sent vite que la formule s’essouffle. La romance prend d’abord plus de place, avec des thématiques intéressantes (différences de statut social, fierté blessée de se faire protéger par une femme, ou encore confusion des sentiments face à une ressemblance avec une ancêtre). Mais l’intrigue finit par se diluer : le rythme ralentit, les péripéties se raréfient. Pire encore, par la suite les deux protagonistes sont séparés pendant plusieurs tomes, l’héroïne retournant dans le passé tandis que le héros tente de la retrouver. Résultat : la romance stagne, remplacée par une guerre de ninjas assez convenue et peu palpitante, avant des retrouvailles évidemment attendues. Bref, si vous cherchez une lecture courte et plaisante, le premier tome suffit largement. Pris comme un one-shot, il fonctionne bien et évite les longueurs qui plombent la suite. Note : 3/5 pour le premier tome, et 2/5 pour la suite.

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Rojava
Rojava

Il faut saluer cette sympathique mise en images du combat des femmes du Kurdistan : il n'y a pas que des barbus au Moyen-Orient. La rentrée littéraire c'est aussi des albums BD : voici Rojava avec Aurélien Ducoudray au scénario et Sébastien Morice au dessin. Sa formation d'architecte permet à S. Morice de se montrer très réaliste dans les scènes de guérilla urbaine au cœur des ruines syriennes et A. Ducoudray a réalisé de son côté un gros travail de documentation pour décrire cet épisode de la guerre civile syrienne. Un second épisode est programmé : on a déjà hâte ! L'héroïne, Rojava, est une très jeune femme kurde (16 ans !) qui s'engage comme sniper (snipeuse ?) dans les YPJ, la déclinaison féminine (depuis 2013) des YPG (Yekîneyên Parastina Gel : Unités de Protection du Peuple), la branche armée de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan au Moyen-Orient. La nouveauté peut-être, c'est que les dirigeants des unités YPJ sont des dirigeantes, leurs chefs sont des cheffes, et ça c'est un peu nouveau dans l'histoire du combat au féminin. Leur cri de ralliement : « La vie ! La femme ! La liberté ! » L'ironie de la chose (si ironie il y a ici), c'est qu'elles sont devenues les bêtes noires de Daesh : aux yeux des barbus intégristes, se faire tuer par une femme est déshonorant et ferme la porte du paradis ... Rojava c'est aussi le nom de la région du nord de la Syrie, c'est donc la partie sud-ouest du Kurdistan. Lorsque la snipeuse Rojava débarque dans l'album, elle tient le rôle principal dans un reportage Youtube filmé par des journalistes occidentaux, ce qui ne plait pas forcément à la commandante de la section, Rukan. Pour la petite histoire, A. Ducoudray a eu cette idée en lisant (chez son dentiste !) un reportage-photo de Paris-Match sur des combattantes kurdes vêtues de propre, maquillées, baskets neuves aux pieds, comme à la fashion-week : sans doute un peu d'habile propagande de la part du PKK ! Au premier abord, on pourrait croire à une BD pour ados, mièvre et éducative : l'héroïne est moitié snipeuse moitié youtubeuse et il y a même dans l'équipe une gamine qui collectionne les photos de martyrs !? De plus, A. Ducoudray parsème son récit de blagues anti-Daesh histoire de détendre un peu une atmosphère de guérilla pour le moins tendue. Mais ce n'est qu'une amusante façade, et le propos, très documenté, va s'avérer bien plus sérieux que cela. « [...] Après mon premier affrontement, j'ai décidé de ne plus avoir mes règles ... À partir de là, j'étais dans un monde où il n'y avait plus que la mort, donc continuer chaque mois d'avoir un rappel que je pouvais donner la vie, ça ne coïncidait pas avec ce que je vivais ... » Ou bien encore : « [...] - Tiens, mets ce caillou dans ton slip. Chaque fois que tu seras couchée pour tirer, ça te griffera le ventre et tu t'endormiras pas ... Le confort c'est l'ennemi du sniper. » Pour cette dernière anecdote, A. Ducoudray s'est sans doute inspiré du livre de Azad Cudi, célèbre sniper kurde iranien ("Sniper - Ma guerre contre Daech" éditions Nouveau Monde). On sait que les guerres changent les pays et les frontières, mais aussi les habitants et les mœurs. Les américains l'ont découvert à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand les noirs sont revenus au pays après avoir servi dans les armes et été acclamés en libérateurs en Europe, ... tout comme les blancs, ou bien encore quand les GI sont rentrés chez eux et ont retrouvé des femmes qui avaient pris les affaires en main ... en leur absence. Les femmes des brigades YPJ espèrent qu'il en sera de même au Kurdistan, si du moins ces guerres prennent fin un jour. « [...] Contre Daesh, on est tous égaux, mais après ? Ils me respectent parce que j'ai un fusil et un uniforme. Change le costume, le respect part avec. Notre plus grand combat après Daesh, sera celui d'une société mixte vraiment égalitaire. » Les dessins de S. Morice sont ceux d'une belle ligne claire et laissent toute la place à l'intrigue et aux personnages, dessinés et typés avec soin. On a déjà évoqué son passé d'architecte et la colorisation comme les éclairages font ressortir les différentes ambiances : le bleu pour la nuit sur la terrasse, le rouge au fond des tunnels creusés sous la ville, les ocres du désert, ...

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Under Earth
Under Earth

Le récit ne révolutionne sans doute rien, et je peux lui reprocher d’être parfois un peu trop « léger », de manquer d’une certaine densité (malgré une pagination très importante). Certains passages m’ont aussi paru un chouia obscurs, et la conclusion, un peu ouverte, n’est, elle aussi pas assez claire. Mais, malgré ces remarques, c’est une lecture que j’ai trouvé sympathique, agréable. D’abord, les plus de 500 pages se dévorent rapidement. Il y a peu de texte, de cases. On est d’emblée plongé dans cet univers carcéral horrible, cette immense prison en grande partie souterraine, où des détenus – pour de longues peines, voire des peines infinies – vivent et travaillent quasiment en vase clos, survivent plutôt. Au milieu de cette masse de réprouvés, l’auteur nous propose de suivre quelques personnages, qui cherchent à s’en sortir, voire à sortir de ce mouroir implacable, où on fouille les bas-fonds pour en retrouver des objets, des restes de la société « ordinaire », artefacts vendus plus ou moins cher, seuls les plus riches, les plus forts pouvant agrémenter leur séjour d’un petit confort. Le jeu sur les couleurs est intéressant. Il y en a peu, c’est tranché, du Noir et Blanc avec nuances de gris, un peu de bichromies. Là aussi c’est simple et volontairement pauvre. L’univers créé par Chris Gooch est oppressant, franchement noir. Et prenant. On s’attache aussi aux personnages qui se débattent pour s’échapper, en lisant des livres pour l’un d’entre eux, ou physiquement pour d’autres. Comme à leur habitude, les éditions Huber nous proposent un auteur indé intéressant et original, avec un beau travail éditorial. Note réelle 3,5/5.

07/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Vertigéo
Vertigéo

J’avais découvert – plutôt avec plaisir – Amaury Bündgen, comme auteur complet sur Le Rite et Ion Mud. En plus d’univers très différents, j’avais beaucoup aimé le dessin. Et déjà sur Ion Mud Bündgen s’en donnait à cœur-joie avec les immensités intérieures et vides. Et on retrouve ici son très beau dessin, une belle utilisation du Noir et Blanc. Les décors et les personnages sont vraiment chouettes. C’est clairement le point fort du cet album, et ce dessin entretient bien le relatif mystère angoissant qui prédomine. Mais, si l’histoire se laisse lire plutôt agréablement, il lui manque un peu de tension. Et surtout, lorsque éclate la bulle mystérieuse, sur la fin, j’ai été déçu. C’est un peu trop abrupt, trop vite expédié. D’autre part l’explication finale est trop facile et caricaturale, au point au dernier moment de faire perdre une bonne partie de la critique induite par le récit, dans lequel les simples ouvriers sont sacrifiés à la réussite d’une construction obscure, obéissant à des ordres impitoyables et quasi absurdes au profit de nantis se donnant bonne conscience. Le scénario de Chéry aurait pu peaufiner les nuances et la fin, pour mieux exploiter l’univers créé, et bien mis en images par Bündgen.

07/09/2025 (modifier)