Lepage a souvent mis beaucoup de lui dans ses excellents documentaires (clairement la partie de son œuvre que je préfère). Mais ici le côté autobiographique est central – tout en n’épuisant pas les thématiques de l’album.
Lepage a pris le temps, pour écrire et réaliser l’album, mais aussi en multipliant les entretiens avec ses parents et tous ceux qui ont partagé leur expérience de vie « en communauté », tout en développant les questionnements qui ont nourri cette expérience (autour de l’engagement chrétien, des réformes au sein de l’Église, etc.).
Dans la seconde partie, Emmanuel Lepage met en avant sa propre expérience, les quatre années passées dans cette « copropriété » très particulière, qui ont, tout autant que les discussions ultérieures avec ses parents, nourri sa propre imagination et son œuvre.
Comme d’habitude avec Lepage, le dessin est franchement excellent. Très plaisant, fluide. C’est d’autant plus important que l’album est souvent très personnel, et que le texte est dense, ce qui peut éventuellement rebuter – ou tout le moins rendre la lecture un petit peu laborieuse (j’ai à plusieurs reprises dû revenir en arrière pour mieux resituer tel ou tel personnage évoqué).
Mais ça reste un album original et intéressant.
Note réelle 3,5/5.
Une fable animalière destinée au jeune public.
Alfred est un canard altermondialiste qui privilégie l’altruisme, le sens de l’amitié et qui ne manque pas de courage pour affronter le roi (un lion bien entendu) et les puissants et leur faire rendre justice.
La narration gentille passera peu la barrière de l’âge, mais j’ai trouvé que finalement, l’histoire est assez agréable à lire et le petit message politique est plutôt bienvenu.
À l’origine personnage de théâtre jeunesse né de l’imagination d’un auteur néerlandais, il a eu ensuite de nombreuses aventures en dessin animé néerlando-japonais, traduites et diffusées dans plusieurs pays, dont la France et le Québec. Le dessin rond traduit d’ailleurs ce format animé.
L’adaptation en bd comporte plusieurs volumes en néerlandais.
L’édition en français semble avoir été abandonnée après le premier tome, alors que sur la dernière page, Alfred nous invite à découvrir la suite de ses aventures.
Manque de succès commercial dans nos contrées j’imagine. Dommage.
À noter : en 1991, Herman van Veen a remporté le « Goldene Kamera Award » pour sa série animée.
2.5
Un récit qui ne m'a pas trop marqué. J'aime bien les récits qui se passent à la campagne pour l'ambiance qui s'y dégage, mais ici je me suis un peu ennuyé.
Déjà, je ne suis pas un grand fan du dessin ou plutôt des couleurs qui rendent le tout fade et peu agréable à regarder. Le scénario manque un peu de rythme. Il y a quelques scènes qui sortent du lot et c'est tout. Ce qui m'a un peu embêté est que j'ai surtout eu l'impression de ne voir qu'une suite de clichés du genre le prêtre rétrograde bien méchant ou le médecin arrogant qui ne veut pas écouter l'opinion de la femme qui soigne les gens à l'aide de plantes. Le côté fantastique de l'album est un peu déroutant, j'ai cru pendant un moment que l'héroïne était une vraie sorcière avec des vrais pouvoirs magiques et que c'est pour ça qu'elle se cachait.
On est loin d'un Comès !
Je suis ressortie de cette lecture assez frustrée : le titre, la couverture et le format très généreux me laissaient espérer de longues scènes maritimes dans lesquelles j’avais hâte de me plonger, d’autant plus que je connais la capacité de Jean-Yves Delitte à réaliser des planches très immersives.
Malheureusement, l’essentiel de l’intrigue ne se situant pas en mer, je suis restée sur ma faim. Il faut dire aussi que l’histoire en elle-même ne m’a pas vraiment captivée, mais c’est un ressenti personnel car je n’ai objectivement pas grand-chose à lui reprocher ; les lecteurs plus intéressés par l’histoire y trouveront sûrement d’avantage leur compte.
Graphiquement c’est très réussi, il y a de très belles planches bien mises en valeur par le format, et les bateaux et décors sont magnifiques ; les personnages sont quelque peu figés, mais ça ne m’a pas dérangée plus que ça.
En résumé, ne vous lancez pas dans cette lecture si vous cherchez à vous évader dans un récit maritime épique, mais c’est un album de bonne facture.
Avec ce diptyque, Lax poursuit un récit commencé avec L'Aigle sans orteils (même si ces deux diptyques peuvent se lire indépendamment). Mais l’essentiel se déroule ici dans le Nord de la France.
Cela permet à Lax de faire un parallèle entre les mineurs de fond et les cyclistes, dans l’immédiat après Première Guerre mondiale, Lax mettant en avant deux types de forçats – qui sont souvent les mêmes d’ailleurs. Car pour le cyclisme, on se concentre ici sur l’ascension des cols pyrénéens, et surtout sur une cours e déjà mythique pour sa difficulté, et qui n’est pas encore « L’enfer du Nord », surnommée à l’époque « La Pascale », à savoir Paris-Roubaix.
L’âpreté de Paris-Roubaix (les passages sur les pavais et la boue surtout), mais aussi certaines magouilles (vers la fin) encouragées par journalistes et fabricants de cycles (comme quoi les scandales contemporains n’ont rien de nouveau), tout ça est assez bien rendu, et on voit bien que Lax rend hommage à ces pionniers des courses cyclistes.
J’ai moins été convaincu par les passages dans le Sud-Ouest et le personnage de Reine, qui fait basculer l’intrigue sur autre chose, et qui donne parfois des scènes un peu artificielles (et la fin du récit m’est apparu trop abrupte).
Une lecture pas désagréable, mais que j’ai un peu moins appréciée que L'Aigle sans orteils.
Une histoire globalement plaisante à lire, même si elle est bourrée de clichés et de facilités, et si l’intrigue est finalement plus légère et convenue que je ne l’avais pensé au départ.
Je découvre cet univers du Paris des Merveilles avec ce triptyque. Il y a quelque chose de relativement original, avec ce Paris de la belle époque, dans lequel sont insufflés une imagerie steampunk, et des êtres peu souvent placés dans ce type de récit (fées, elfes, gnomes, etc.). Un décor intéressant donc, et une intrigue très rythmée, parfois survitaminée même, dans laquelle on ne s’ennuie pas trop.
Quelques bémols toutefois. D’abord tout l’apport fantasy reste au final sous-employé, n’intervient que comme petite touche exotique (à part peut-être certains pouvoirs employés par Lady Remington). La fin, un peu expédiée, laisse entrevoir un autre cycle employant davantage cet aspect ?
Sinon, les auteurs abusent des courses-poursuites, des méga fusillades, dans lesquelles nos trois pétroleuses s’en sortent miraculeusement, échappant à des nuées de projectiles, alors qu’elles font mouche à chaque fois et dézinguent des dizaines de cibles. Une fois passe encore, mais ça se reproduit à plusieurs reprises.
Finalement, l’action prime largement sur tout le reste, et on reste à la surface des choses pour l’univers, et pour certains personnages.
Une série qui passe la barrière de l’âge, mais à réserver en priorité à des adolescents je pense.
C’est le deuxième album que je lis dans cette sous-collection « prix Albert Londres » après Sur le front de Corée. Si les reportages sont ici très différents (on est loin du reporter de guerre ici), j’ai davantage apprécié cette enquête sur les « mémoires de la Shoah.
L’album reprend en les illustrant (très bien au passage) plusieurs articles publiés par Annick Cojean dans Le Monde pour le cinquantenaire de la libération des camps d’extermination. Elle a pour cela interviewé des survivants, des enfants de survivants, des Nazis, et a ensuite rencontré des participants à un projet original faisant dialoguer enfants de victimes et enfants de bourreaux.
Si ça n’est pas une étude approfondie d’historien, l’ensemble de ces témoignages sont intéressants, et le travail de mémoire mis à nu l’est tout autant, à l’heure où les témoins directs disparaissent, et où certains révisionnismes ont le vent en poupe.
En tout cas, sur un sujet douloureux et déjà pas mal traité, cet album offre un point de vue original et souvent occulté (j’ai à plusieurs reprises discuté avec des survivants des camps de ce sujet de la transmission ou de l’oubli, c’est quelque chose d’important).
Le dessin de Tamia Baudouin est assez statique, mais j’ai globalement bien aimé le rendu, et certains passages presque oniriques.
Une lecture intéressante en tout cas.
Premier volet d’une trilogie de science-fiction, cette bande dessinée constitue une bonne surprise. Très en phase avec notre réalité terrestre actuelle, elle a pour thème central l’extinction de la vie sur notre planète bleue. A l’heure où une poignée de milliardaires à la tête de multinationales sont en train de s’accaparer les ressources et décider du sort de l’humanité, sans concertation et sans égard pour les populations, le sujet du livre, qui évoque cette question, est donc plus que sérieux. Pour concevoir ce récit, Grégory Jarry s’est inspiré notamment d’un projet évoqué à maintes reprises par les plus rêveurs des scientifiques : un ascenseur spatial entre la Terre et la Lune. Un projet fou repris par la NASA mais dont on ne sait vraiment s’il verra le jour ni sous quelle forme. Quant aux circonstances de sa construction dans le récit, elles étaient liées au projet dément de provoquer l’effondrement de la vie terrestre, prix à payer pour implanter un puissant générateur d’énergie propre et infinie sur la surface lunaire.
C’est ainsi que l’on va suivre la jeune Agafia dans sa mission consistant à terminer ce que son père, décédé accidentellement, avait entrepris : rejoindre la Lune à l’aide de l’ascenseur spatial. Seule sur une terre rongée par les pluies acides, elle communique avec sa mère immergée dans un plasma qui la maintient en vie depuis 500 ans, et on va la voir se déplacer dans un exotérus, un drôle d’engin insectoïde. C'est dans celui-ci qu'elle a retrouvé la dépouille de son père et qu'elle utilise désormais pour sa mission.
Quelque peu complexe, le scénario est toutefois intrigant, oscillant à coup de flashbacks entre deux temporalités différentes, ce qui ne fera que renforcer le mystère : mais pour quelle raison les instigateurs du projet (à l’exception de la mère d’Agafia) semblent-ils quasiment tous avoir disparu dans des conditions obscures ? Jarry a développé un univers cohérent en extrapolant les technologies actuelles, avec des personnages bien structurés, même si ce tome ne permet pas d’être encore totalement familiarisé avec eux.
Le trait nerveux et minimaliste de Lucie Castel, plaisant par son côté peu académique, est rehaussé par le travail sur la couleur de Robin Cousin. Les choix chromatiques permettent de poser des ambiances variées. Plus sombres, un rien fluo ou désaturées selon les passages, les tonalités suggèrent une atmosphère artificielle voire menaçante dans ce contexte où la biodiversité a totalement disparu de la planète.
Pour se faire une idée définitive, il faudra sans doute attendre de découvrir la suite (le tome 2 doit paraître fin août), mais force est de reconnaître que les auteurs sont parvenus à nous mettre en appétit et à susciter notre curiosité avec ce premier tome.
Le premier témoignage, celui de Caroline reprend un voyage aux Kerguelen sur le Marion Dufresne (qu’elle a effectué en même temps qu’Emmanuel Lepage – qui en a tiré le très bel album « Voyage aux îles de la Désolation »). Elle en a tiré ensuite un livre sur le Marion Dufresne, et son court témoignage peu compléter celui de Lepage.
Viennent ensuite les récits de Julie (qui a convoyé un navire sur les mers du sud), de Marion (expérience de dérive sur la banquise), Sarah (biologiste ayant travaillé sur un navire de recherches), Maud (embarqué sur un navire de sauvetage de migrants en détresse L’Aquarius – voir à ce sujet À bord de l'Aquarius de Rizzo), Marie-Pierre (archéologue ayant travaillé sur un navire de recherches en Méditerranée), Céline (officier sur un navire militaire français brise-glace) et enfin Charlène (mécano pour la marine marchande, ayant travaillé en Terre Adélie). En fin d’album, chacune a droit à une photo et une courte biographie.
La lecture de cet ensemble n’est pas inintéressante. Mais c’est assez fourre-tout, hétéroclite, et parfois le caractère « féminin » de celle qui témoigne n’est pas forcément primordial, le côté « pionnières » qui semble à la base de l’album est parfois artificiel. Autre écueil, chaque témoignage est forcément assez court, et donc on reste parfois sur notre faim concernant le sujet abordé.
Le dessin est plutôt joli, agréable. Mais, là aussi, pointilliste. Ça ressemble plus à des carnets illustrés qu’à de la BD.
Un album qui se laisse lire, à emprunter à l’occasion, mais le « concept » m’a laissé sur ma faim.
L’album se lit rapidement (peu de textes et une intrigue assez légère), mais plutôt agréablement.
L’intrigue traite des violences faites aux femmes (et plus particulièrement agressions sexuelles et viols), mais aussi des difficultés pour les victimes à se faire entendre, voire même leurs difficultés à formuler ce dont elles ont été victimes.
Le sujet est traité de façon relativement originale, puisque Brune, la jeune femme au centre de l’intrigue, va être entraînée dans un engrenage implacable, comme une chute qui ne se termine pas, chaque échappatoire qui se propose à elle la plongeant encore plus dans la mouise, jusqu’à ce que sa voix ne soit plus audible en tant que victime.
Il y a quelque chose de terrible et se rapprochant d’un drame antique, ou d’un polar poisseux à la Boisset dans ce qui arrive à Brune.
Le thème est introduit par quelques extraits de l’émission « Faites entrer l’accusé » (ici renommée « Faites entrer le coupable ») autour de plusieurs cas de violeurs en séries, cela revenant sur la fin comme un clin d’œil ironique autour de Brune. Le décor est ainsi rapidement planté. Mais au final je ne sais pas si cet artifice est si intéressant. Car du coup il n’y a plus du tout de surprise sur ce qui va advenir. Ne reste au lecteur qu’à découvrir les circonstances, à défaut des faits eux-mêmes. L’intrigue est aussi un peu trop légère, manque de densité – et sans doute aussi de surprise donc.
Cette légèreté rend l’histoire limpide, mais l’empêche aussi de devenir plus qu’un simple fait divers. Ça n’est donc pas assez fort pour incarner une dénonciation des violences faites aux femmes. Et ce d’autant plus que le comportement de Brune reste ambigu sur la fin, lorsqu’elle passe de victime à accusée. Le côté féministe s’efface au final derrière le côté polar.
Le dessin est simple, sans fioriture, comme l’intrigue il va à l’essentiel, en restant sombre en permanence.
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Lepage a souvent mis beaucoup de lui dans ses excellents documentaires (clairement la partie de son œuvre que je préfère). Mais ici le côté autobiographique est central – tout en n’épuisant pas les thématiques de l’album. Lepage a pris le temps, pour écrire et réaliser l’album, mais aussi en multipliant les entretiens avec ses parents et tous ceux qui ont partagé leur expérience de vie « en communauté », tout en développant les questionnements qui ont nourri cette expérience (autour de l’engagement chrétien, des réformes au sein de l’Église, etc.). Dans la seconde partie, Emmanuel Lepage met en avant sa propre expérience, les quatre années passées dans cette « copropriété » très particulière, qui ont, tout autant que les discussions ultérieures avec ses parents, nourri sa propre imagination et son œuvre. Comme d’habitude avec Lepage, le dessin est franchement excellent. Très plaisant, fluide. C’est d’autant plus important que l’album est souvent très personnel, et que le texte est dense, ce qui peut éventuellement rebuter – ou tout le moins rendre la lecture un petit peu laborieuse (j’ai à plusieurs reprises dû revenir en arrière pour mieux resituer tel ou tel personnage évoqué). Mais ça reste un album original et intéressant. Note réelle 3,5/5.
Alfred Jodocus Couac
Une fable animalière destinée au jeune public. Alfred est un canard altermondialiste qui privilégie l’altruisme, le sens de l’amitié et qui ne manque pas de courage pour affronter le roi (un lion bien entendu) et les puissants et leur faire rendre justice. La narration gentille passera peu la barrière de l’âge, mais j’ai trouvé que finalement, l’histoire est assez agréable à lire et le petit message politique est plutôt bienvenu. À l’origine personnage de théâtre jeunesse né de l’imagination d’un auteur néerlandais, il a eu ensuite de nombreuses aventures en dessin animé néerlando-japonais, traduites et diffusées dans plusieurs pays, dont la France et le Québec. Le dessin rond traduit d’ailleurs ce format animé. L’adaptation en bd comporte plusieurs volumes en néerlandais. L’édition en français semble avoir été abandonnée après le premier tome, alors que sur la dernière page, Alfred nous invite à découvrir la suite de ses aventures. Manque de succès commercial dans nos contrées j’imagine. Dommage. À noter : en 1991, Herman van Veen a remporté le « Goldene Kamera Award » pour sa série animée.
Un sombre manteau
2.5 Un récit qui ne m'a pas trop marqué. J'aime bien les récits qui se passent à la campagne pour l'ambiance qui s'y dégage, mais ici je me suis un peu ennuyé. Déjà, je ne suis pas un grand fan du dessin ou plutôt des couleurs qui rendent le tout fade et peu agréable à regarder. Le scénario manque un peu de rythme. Il y a quelques scènes qui sortent du lot et c'est tout. Ce qui m'a un peu embêté est que j'ai surtout eu l'impression de ne voir qu'une suite de clichés du genre le prêtre rétrograde bien méchant ou le médecin arrogant qui ne veut pas écouter l'opinion de la femme qui soigne les gens à l'aide de plantes. Le côté fantastique de l'album est un peu déroutant, j'ai cru pendant un moment que l'héroïne était une vraie sorcière avec des vrais pouvoirs magiques et que c'est pour ça qu'elle se cachait. On est loin d'un Comès !
L'Hermione
Je suis ressortie de cette lecture assez frustrée : le titre, la couverture et le format très généreux me laissaient espérer de longues scènes maritimes dans lesquelles j’avais hâte de me plonger, d’autant plus que je connais la capacité de Jean-Yves Delitte à réaliser des planches très immersives. Malheureusement, l’essentiel de l’intrigue ne se situant pas en mer, je suis restée sur ma faim. Il faut dire aussi que l’histoire en elle-même ne m’a pas vraiment captivée, mais c’est un ressenti personnel car je n’ai objectivement pas grand-chose à lui reprocher ; les lecteurs plus intéressés par l’histoire y trouveront sûrement d’avantage leur compte. Graphiquement c’est très réussi, il y a de très belles planches bien mises en valeur par le format, et les bateaux et décors sont magnifiques ; les personnages sont quelque peu figés, mais ça ne m’a pas dérangée plus que ça. En résumé, ne vous lancez pas dans cette lecture si vous cherchez à vous évader dans un récit maritime épique, mais c’est un album de bonne facture.
Pain d'Alouette
Avec ce diptyque, Lax poursuit un récit commencé avec L'Aigle sans orteils (même si ces deux diptyques peuvent se lire indépendamment). Mais l’essentiel se déroule ici dans le Nord de la France. Cela permet à Lax de faire un parallèle entre les mineurs de fond et les cyclistes, dans l’immédiat après Première Guerre mondiale, Lax mettant en avant deux types de forçats – qui sont souvent les mêmes d’ailleurs. Car pour le cyclisme, on se concentre ici sur l’ascension des cols pyrénéens, et surtout sur une cours e déjà mythique pour sa difficulté, et qui n’est pas encore « L’enfer du Nord », surnommée à l’époque « La Pascale », à savoir Paris-Roubaix. L’âpreté de Paris-Roubaix (les passages sur les pavais et la boue surtout), mais aussi certaines magouilles (vers la fin) encouragées par journalistes et fabricants de cycles (comme quoi les scandales contemporains n’ont rien de nouveau), tout ça est assez bien rendu, et on voit bien que Lax rend hommage à ces pionniers des courses cyclistes. J’ai moins été convaincu par les passages dans le Sud-Ouest et le personnage de Reine, qui fait basculer l’intrigue sur autre chose, et qui donne parfois des scènes un peu artificielles (et la fin du récit m’est apparu trop abrupte). Une lecture pas désagréable, mais que j’ai un peu moins appréciée que L'Aigle sans orteils.
Les Artilleuses
Une histoire globalement plaisante à lire, même si elle est bourrée de clichés et de facilités, et si l’intrigue est finalement plus légère et convenue que je ne l’avais pensé au départ. Je découvre cet univers du Paris des Merveilles avec ce triptyque. Il y a quelque chose de relativement original, avec ce Paris de la belle époque, dans lequel sont insufflés une imagerie steampunk, et des êtres peu souvent placés dans ce type de récit (fées, elfes, gnomes, etc.). Un décor intéressant donc, et une intrigue très rythmée, parfois survitaminée même, dans laquelle on ne s’ennuie pas trop. Quelques bémols toutefois. D’abord tout l’apport fantasy reste au final sous-employé, n’intervient que comme petite touche exotique (à part peut-être certains pouvoirs employés par Lady Remington). La fin, un peu expédiée, laisse entrevoir un autre cycle employant davantage cet aspect ? Sinon, les auteurs abusent des courses-poursuites, des méga fusillades, dans lesquelles nos trois pétroleuses s’en sortent miraculeusement, échappant à des nuées de projectiles, alors qu’elles font mouche à chaque fois et dézinguent des dizaines de cibles. Une fois passe encore, mais ça se reproduit à plusieurs reprises. Finalement, l’action prime largement sur tout le reste, et on reste à la surface des choses pour l’univers, et pour certains personnages. Une série qui passe la barrière de l’âge, mais à réserver en priorité à des adolescents je pense.
Les Mémoires de la Shoah
C’est le deuxième album que je lis dans cette sous-collection « prix Albert Londres » après Sur le front de Corée. Si les reportages sont ici très différents (on est loin du reporter de guerre ici), j’ai davantage apprécié cette enquête sur les « mémoires de la Shoah. L’album reprend en les illustrant (très bien au passage) plusieurs articles publiés par Annick Cojean dans Le Monde pour le cinquantenaire de la libération des camps d’extermination. Elle a pour cela interviewé des survivants, des enfants de survivants, des Nazis, et a ensuite rencontré des participants à un projet original faisant dialoguer enfants de victimes et enfants de bourreaux. Si ça n’est pas une étude approfondie d’historien, l’ensemble de ces témoignages sont intéressants, et le travail de mémoire mis à nu l’est tout autant, à l’heure où les témoins directs disparaissent, et où certains révisionnismes ont le vent en poupe. En tout cas, sur un sujet douloureux et déjà pas mal traité, cet album offre un point de vue original et souvent occulté (j’ai à plusieurs reprises discuté avec des survivants des camps de ce sujet de la transmission ou de l’oubli, c’est quelque chose d’important). Le dessin de Tamia Baudouin est assez statique, mais j’ai globalement bien aimé le rendu, et certains passages presque oniriques. Une lecture intéressante en tout cas.
Avaler la lune
Premier volet d’une trilogie de science-fiction, cette bande dessinée constitue une bonne surprise. Très en phase avec notre réalité terrestre actuelle, elle a pour thème central l’extinction de la vie sur notre planète bleue. A l’heure où une poignée de milliardaires à la tête de multinationales sont en train de s’accaparer les ressources et décider du sort de l’humanité, sans concertation et sans égard pour les populations, le sujet du livre, qui évoque cette question, est donc plus que sérieux. Pour concevoir ce récit, Grégory Jarry s’est inspiré notamment d’un projet évoqué à maintes reprises par les plus rêveurs des scientifiques : un ascenseur spatial entre la Terre et la Lune. Un projet fou repris par la NASA mais dont on ne sait vraiment s’il verra le jour ni sous quelle forme. Quant aux circonstances de sa construction dans le récit, elles étaient liées au projet dément de provoquer l’effondrement de la vie terrestre, prix à payer pour implanter un puissant générateur d’énergie propre et infinie sur la surface lunaire. C’est ainsi que l’on va suivre la jeune Agafia dans sa mission consistant à terminer ce que son père, décédé accidentellement, avait entrepris : rejoindre la Lune à l’aide de l’ascenseur spatial. Seule sur une terre rongée par les pluies acides, elle communique avec sa mère immergée dans un plasma qui la maintient en vie depuis 500 ans, et on va la voir se déplacer dans un exotérus, un drôle d’engin insectoïde. C'est dans celui-ci qu'elle a retrouvé la dépouille de son père et qu'elle utilise désormais pour sa mission. Quelque peu complexe, le scénario est toutefois intrigant, oscillant à coup de flashbacks entre deux temporalités différentes, ce qui ne fera que renforcer le mystère : mais pour quelle raison les instigateurs du projet (à l’exception de la mère d’Agafia) semblent-ils quasiment tous avoir disparu dans des conditions obscures ? Jarry a développé un univers cohérent en extrapolant les technologies actuelles, avec des personnages bien structurés, même si ce tome ne permet pas d’être encore totalement familiarisé avec eux. Le trait nerveux et minimaliste de Lucie Castel, plaisant par son côté peu académique, est rehaussé par le travail sur la couleur de Robin Cousin. Les choix chromatiques permettent de poser des ambiances variées. Plus sombres, un rien fluo ou désaturées selon les passages, les tonalités suggèrent une atmosphère artificielle voire menaçante dans ce contexte où la biodiversité a totalement disparu de la planète. Pour se faire une idée définitive, il faudra sans doute attendre de découvrir la suite (le tome 2 doit paraître fin août), mais force est de reconnaître que les auteurs sont parvenus à nous mettre en appétit et à susciter notre curiosité avec ce premier tome.
Aventurières de la mer
Le premier témoignage, celui de Caroline reprend un voyage aux Kerguelen sur le Marion Dufresne (qu’elle a effectué en même temps qu’Emmanuel Lepage – qui en a tiré le très bel album « Voyage aux îles de la Désolation »). Elle en a tiré ensuite un livre sur le Marion Dufresne, et son court témoignage peu compléter celui de Lepage. Viennent ensuite les récits de Julie (qui a convoyé un navire sur les mers du sud), de Marion (expérience de dérive sur la banquise), Sarah (biologiste ayant travaillé sur un navire de recherches), Maud (embarqué sur un navire de sauvetage de migrants en détresse L’Aquarius – voir à ce sujet À bord de l'Aquarius de Rizzo), Marie-Pierre (archéologue ayant travaillé sur un navire de recherches en Méditerranée), Céline (officier sur un navire militaire français brise-glace) et enfin Charlène (mécano pour la marine marchande, ayant travaillé en Terre Adélie). En fin d’album, chacune a droit à une photo et une courte biographie. La lecture de cet ensemble n’est pas inintéressante. Mais c’est assez fourre-tout, hétéroclite, et parfois le caractère « féminin » de celle qui témoigne n’est pas forcément primordial, le côté « pionnières » qui semble à la base de l’album est parfois artificiel. Autre écueil, chaque témoignage est forcément assez court, et donc on reste parfois sur notre faim concernant le sujet abordé. Le dessin est plutôt joli, agréable. Mais, là aussi, pointilliste. Ça ressemble plus à des carnets illustrés qu’à de la BD. Un album qui se laisse lire, à emprunter à l’occasion, mais le « concept » m’a laissé sur ma faim.
Une nuit avec toi
L’album se lit rapidement (peu de textes et une intrigue assez légère), mais plutôt agréablement. L’intrigue traite des violences faites aux femmes (et plus particulièrement agressions sexuelles et viols), mais aussi des difficultés pour les victimes à se faire entendre, voire même leurs difficultés à formuler ce dont elles ont été victimes. Le sujet est traité de façon relativement originale, puisque Brune, la jeune femme au centre de l’intrigue, va être entraînée dans un engrenage implacable, comme une chute qui ne se termine pas, chaque échappatoire qui se propose à elle la plongeant encore plus dans la mouise, jusqu’à ce que sa voix ne soit plus audible en tant que victime. Il y a quelque chose de terrible et se rapprochant d’un drame antique, ou d’un polar poisseux à la Boisset dans ce qui arrive à Brune. Le thème est introduit par quelques extraits de l’émission « Faites entrer l’accusé » (ici renommée « Faites entrer le coupable ») autour de plusieurs cas de violeurs en séries, cela revenant sur la fin comme un clin d’œil ironique autour de Brune. Le décor est ainsi rapidement planté. Mais au final je ne sais pas si cet artifice est si intéressant. Car du coup il n’y a plus du tout de surprise sur ce qui va advenir. Ne reste au lecteur qu’à découvrir les circonstances, à défaut des faits eux-mêmes. L’intrigue est aussi un peu trop légère, manque de densité – et sans doute aussi de surprise donc. Cette légèreté rend l’histoire limpide, mais l’empêche aussi de devenir plus qu’un simple fait divers. Ça n’est donc pas assez fort pour incarner une dénonciation des violences faites aux femmes. Et ce d’autant plus que le comportement de Brune reste ambigu sur la fin, lorsqu’elle passe de victime à accusée. Le côté féministe s’efface au final derrière le côté polar. Le dessin est simple, sans fioriture, comme l’intrigue il va à l’essentiel, en restant sombre en permanence.