J’avais lu quelques albums de la série Le Royaume, que j’avais trouvés sympas, mais sans plus. Une lecture d’emprunt tout public. J’ai eu l’occasion de lire cet album, qui est une sorte de « conclusion » au « Royaume ». Un simple one-shot, mais à la pagination conséquente (plus de deux tomes de la série d’origine !).
Sur cet album j’ai à peu près le même ressenti que pour la série mère. Il peut se lire comme un one-shot (toutes les infos pour connaître les personnages et les liens qui les unissent ou les désunissent sont rappelés en cours d’histoire). Et je dirais que, resserré sur un gros tome, c’est presque meilleur que sur la série mère, qui diluait un peu trop le récit. Si vous ne devez lire qu’une chose dans cet univers, c’est bien cet album que je vous recommanderais.
C’est de l’aventure tout public assez rythmée, avec personnages typés, humour gentil mais qui passe bien, méchants crétins qui perdent, gentils plus ou moins naïfs qui gagnent, et quelques personnages secondaires amusants (les oiseaux par exemple).
Mêlant roman graphique et approche documentaire, cette BD explore la réalité quotidienne des personnes surdouées, et la manière dont cela peut influencer aussi bien leur vie sociale que sentimentale. Le personnage principal, Birdo, est un Haut Potentiel Intellectuel bien intégré dans la société, mais qui préfère garder cette particularité pour lui afin d'éviter les jugements. Il rencontre Raya, qui vient tout juste de découvrir qu'elle est elle aussi surdouée. Elle ne sait pas encore comment gérer cette révélation. Entre eux, le courant passe, et leur relation devient une occasion d'apprendre mutuellement ce que signifie réellement être HPI. Mais leur hypersensibilité commune rend les choses plus complexes et met leur lien à rude épreuve.
Lou Lubie raconte cette histoire comme une romance douce, où l'on sent naître une complicité, voire une affection amoureuse. En parallèle, elle glisse dans leurs échanges de nombreuses informations factuelles, enrichies de schémas ou de graphiques, pour mieux cerner ce que recouvre le concept de surdoué et l'état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet. Ce mélange fonctionne plutôt bien, même s'il m'a manqué un peu d'émotion pour m'impliquer pleinement dans la relation des personnages. J'y ai appris des choses (notamment que je ne suis probablement pas surdoué, ah ah) mais je suis resté à distance de leur histoire.
Graphiquement, l'autrice a choisi de représenter ses personnages sous forme animalière. Ce choix m'a un peu déstabilisé. Je ne suis pas certain qu'il apporte un sens clair ou une couche de lecture supplémentaire. Par exemple, lorsque l'héroïne explique qu'elle ne boit pas et que cela devrait se voir immédiatement puisqu'elle est un poisson dans un bocal, j'ai cru y voir une métaphore culturelle ou religieuse, avant de douter en la voyant plus tard proposer d'aller boire un verre. Elle explique aussi avoir quitté le monde marin pour venir vivre dans le monde terrestre, ce qui pourrait évoquer la situation d'étudiants étrangers déracinés. Mais là encore, ce n'est pas explicité, et le flou entretenu autour de ces métaphores m'a empêché de m'y retrouver complètement.
En résumé, j'ai trouvé cette lecture intelligente, bien construite et instructive, mais elle ne m'a pas touché en profondeur.
Un récit sur la mort mélangeant ésotérisme et expérimentations scientifiques, parlant de la crainte de la fin, du désir d'immortalité et de la tentation du suicide, c'est quand-même une recette alléchante. En tout cas, après avoir entendu ce résumé et vu la très belle couverture laissant entrevoir un projet d'exploration de l'au-delà façon exploration spatiale, j'ai été sincèrement intriguée.
L'œuvre est correct, traite ses sujets de manière convenable, mais j'avoue finir ma lecture avec un sentiment de profonde déception. Sur le papier le récit est bon mais je n'ai pas réussi à ressentir le poids des enjeux, à réellement me sentir impliquée dans cette histoire, la faute à un récit qui ne m'a pas semblé prendre suffisamment son temps pour respirer. La recette est bonne mais le résultat a été ici cuisiné trop vite si vous préférez.
Du bon mais qui m'a tout de même déçue.
Peut-être en attendais-je trop (il faut dire que le sujet de la mort et l'ésotérisme me passionnent). En tout cas la représentation de cet entre-monde, de ce purgatoire que nos éponymes euthanautes explorent est joliment illustré, c'est toujours ça de pris (je ne pourrais malheureusement pas en dire autant du monde réel qui m'a paradoxalement semblé bien trop artificiel).
(Note réelle 2,5)
Aneth est une petite apprentie sorcière qui entre à l'école de magie et y découvre tout un monde de créatures fantastiques, qui deviennent ses camarades de classe ou ses professeurs. Sous forme de gags en une ou deux planches, on suit son quotidien entre famille, amis et bizarreries magiques, dans un univers aussi farfelu que drôle, peuplé de quiproquos et de situations inattendues.
Élodie Shanta avait déjà exploré un concept similaire avec sa série sur la jeune sorcière Crevette et ses amis magiques, dans une ambiance douce et bienveillante. Les aventures d'Aneth semblent s'adresser à un public plus jeune du fait de son dessin plus rond et plus épuré, mais elle met l'accent de manière bien plus marquée sur l'humour. Et ça fonctionne : malgré une structure simple pensée pour les plus jeunes, les gags font aussi sourire les lecteurs plus âgés. On est dans le registre du loufoque, avec des personnages à la fois absurdes et attachants. Le rythme est efficace, les gags s'enchaînent bien et tissent peu à peu une vraie petite histoire complète par tome. C'est une lecture légère et plaisante, accessible, pleine de charme, qui donne le sourire à tout âge.
Je n’ai lu que les 2ers tomes mais un ressenti similaire à Mac Arthur.
Ça manque un peu de tension ou d’humour et pourtant le récit se lit sans déplaisir. Ça se révèle même assez prenant grâce à une réalisation plutôt soignée.
Ceux qui connaissent bien les séries TV comme Weeds ou Breaking bad ne seront pas bien surpris par le menu.
Ici un bon père de famille, en l’occurrence fleuriste, fait face à des fins de mois vraiment difficiles … Pour s’en sortir, on lui proposera d’utiliser son don de « main verte » en cultivant du cannabis, voire de ressusciter une variété mythique locale disparue.
Le ton y est assez réaliste, notre héros ne consommant pas, il y a un petit côté reportage agréable à suivre (culture, réseau, clientèle…).
En tout cas, ça démarre de manière un peu insouciante, même si on sent que ça va basculer avec le côté beaucoup moins glamour de la chose (mafia etc ..).
On peut faire l’impasse mais sympathique à suivre.
La trame générale de la série est relativement classique, et sent globalement le déjà-vu. C’est une lutte à mort pour contrôler le trafic de drogue. Les Winters, une famille bien implantée et contrôlant la fabrication (recette secrète et très « spéciale » !) et la vente d’une drogue étrange et recherchée, la « cendre » doit faire face aux convoitises d’une organisation mafieuse et d’un cartel latino : rapidement la confrontation devient très violente. Une violence qui va crescendo.
Le dessin lui aussi reste classique. Du comics moderne réaliste et efficace, avec une colorisation très sombre – mais lisible.
L’originalité est ailleurs. Elle vient de cette drogue, qui est fabriquée à partir de cadavres. Et elle provoque chez les consommateurs des effets énormes (visions improbables, voire dédoublement de la personnalité, possibilités de faire « revenir » des morts, etc.). Si la fille Winters maîtrise la fabrication de cette drogue, les concurrents et leur contrefaçon provoquent des effets secondaires désastreux.
Tout cet aspect amène pas mal de fantastique dans ce récit policier, avec une imagerie jouant parfois sur quelques clichés vaudous (voir le masque porté par un personnage). Il est vrai que la série se déroule à la Nouvelle Orléans. Je ne suis pas forcément fan de cet apport de fantastique et de ce mélange des genres. Disons qu’ici ça passe et que ça fait un peu sortir la série des sentiers battus.
Note réelle 2,5/5.
Une lecture à réserver aux lecteurs ne cherchant pas d’intrigue trop fouillée ou originale, et qui privilégieraient l’action. Si vous n’êtes pas trop exigeants et qu’un petit défouloir un chouia gore et trash vous sied, alors vous pouvez emprunter cet album et y trouver votre compte.
Car, en effet, c’est de l’action souvent tendance bourrin, avec force hémoglobine et autres explosions, hordes de cannibales. L’aspect purement SF s’efface parfois derrière du fantastique (avec l’apparition de robots aux faux airs de super héros).
Tout est misé sur l’action donc, au détriment de la psychologie des personnages – et de la profondeur de l’intrigue. Pas mal de personnages sont caricaturaux. En particulier le super méchant, président/dictateur des États-Unis post catastrophe, dirigeant une caste de privilégiés réfugiés dans une sorte de bulle pour échapper à la catastrophe – peu expliquée au demeurant – et qui cherche à détruire tout ce qui est à « l’extérieur » (là aussi je n’ai pas vraiment compris son acharnement).
Rien de transcendant sur la forme et sur le fond donc. Une histoire défouloir récréative qui aurait quand même gagné à être étoffée.
Note réelle 2,5/5.
Je vais sans doute me montrer un peu plus dure avec cette œuvre qu'elle ne le mérite (je ne vais pas pour autant la trainer dans la boue, qu'on se rassure, elle est très bonne).
C'est un album qui brille avant tout par sa forme. Le fond est bon mais m'a semblé parfois manquer d'originalité, ou en tout cas de fraîcheur dans la façon de réécrire ce genre de récit. Le fond reste efficace et de bonne facture, mais il faut tout de même admettre qu'il brille surtout par sa mise en scène, ou pour être plus précise sa mise en page.
Ici, on parle de voyage dans l'espace et le temps et de deux vies similaires et éloignées qui se rencontrent et qui se fondent l'une avec l'autre, quoi de mieux donc pour illustrer tout cela qu'une mise en page qui décide de briser les codes. Préparez-vous à très régulièrement retourner votre album pour comprendre les deux temporalités. J'ai d'ailleurs tout particulièrement apprécié le soin apporté aux échos, aux cases et aux dialogues agencé-e-s précisément pour se répondre.
Et il y a le dessin aussi, la raison principale qui m'a amenée vers cet album. Il a un beau côté brut, anguleux dans ses personnages, qui leur donne un aspect vraiment marquant. Il y a aussi un beau jeu d'alternance des styles, où l'on jongle parfois entre un style plus crayonné et un style plus propre et numérique.
Non, vraiment, la forme atypique et intelligente est la plus grande qualité de cette œuvre.
Elle en est aussi malheureusement son défaut. Un petit défaut de rien du tout mais qui m'empêche tout de même malheureusement de monter jusqu'à quatre étoiles : préparez-vous à très régulièrement retourner votre album. Oui, c'est une qualité ET un défaut, car si je peux apprécier et applaudir le beau travail de mise en page et l'inventivité de la narration je peux tout autant trouver embêtant de parfois avoir à retourner l'album à chaque page. Au début je m'attendais à ce que ces "chapitres inversés" s'entremêlent de manière plus régulière ou bien se partagent tout simplement une moitié de page chacun comme sur la partie au milieu du récit, mais en fait le tout est parfois un peu trop chaotique. Sur ce point là, je pense que la créativité et l'envie de briser les codes aurait pu être un tout petit peu bridée (ou en tout cas mieux maîtrisée). Si vous pensez que je chipote, je peux vous présenter un petit évènement qui s'est présenté à trois reprises lors de ma lecture : devoir retourner l'album pour lire les pages de droite à gauche tout en continuant de devoir lire les cases de gauche à droite. Cela peut sembler trivial sur le moment mais je vous jure que sur ces pages là j'ai souvent dû m'y reprendre à deux fois avant de me rendre compte du sens de lecture.
Le problème est peut-être spécifique à cette édition française, mais comme c'est précisément cette édition que j'ai eu entrez les mains cela reste un défaut notable.
Bref, perfectible mais tout de même suffisamment inventif et bien réalisé pour valoir la lecture.
Je vais être relativement indulgent pour évaluer cet album, car, si le sujet et la personne de Gisèle Halimi m’intéressent, je ne suis pas le cœur de cible. En effet, l’album s’adresse clairement et uniquement à un jeune, voire très jeune lectorat.
De manière thématique – et un peu moins chronologique – nous suivons une gamine, Gisèle Halimi jeune donc, donner des conseils à ses lecteurs/lectrices. Elle explique par de menus exemples comment lui sont venues ses idées, comment il faut réagir face à telle ou telle injustice. Car c’est une gamine à fort caractère, qui ne s’en laisse pas compter, et qui encourage ses jeunes lecteurs à faire de même.
On n’est donc pas là dans une biographie complète, encore moins une présentation se sa carrière ou de ses combats d’avocate. Mais plutôt pour montrer les sources de ses indignations. Le message positif et combatif est louable.
Ajax, c'est le chat domestique de Mortelle Adèle, et clairement pas celui qu'elle aurait choisi. Elle passe son temps à vouloir s'en débarrasser ou à lui infliger les pires sévices. Mais lui, aveuglément amoureux et d'une naïveté confondante, interprète tout avec optimisme : chaque méchanceté est pour lui une preuve d'affection. Seul Fizz, le hamster de la maison, semble avoir conscience de la situation, mais ses avertissements tombent dans l'oreille d'un sourd tant Ajax reste béat d'admiration.
Cette série dérivée repose entièrement sur ce décalage : un chaton trop gentil pour comprendre qu'il est maltraité, qui garde le sourire quoi qu'il subisse. Il interprète tout de travers, échappe aux pires conséquences par pure chance, et continue à adorer sa maîtresse. Le dessin de Diane Le Feyer, qui dessine aussi actuellement la série principale, est solide, coloré et lisible. Le style est propre, très pro, avec des décors simplifiés pour servir un format de saynètes bien rythmées, comme dans un bon strip comics.
Côté contenu, ceux qui n'apprécient pas Mortelle Adèle ne trouveront probablement pas leur compte ici non plus. Adèle est moins présente, mais son humour noir et son goût pour la cruauté restent au cœur du ton. Les gags visent clairement un public jeune, en dessous de 10 ans, avec des chutes attendues et des jeux de mots faciles façon "chat va mal", "félins pour l'autre" ou "sirop pour matou". Rien de vraiment drôle pour un lecteur adulte, mais l'ensemble est assez varié pour éviter l'ennui. La série n'invente rien, mais elle s'inscrit dans la continuité de Mortelle Adèle, avec le même niveau de qualité et un public tout trouvé chez les fans enfants de la série.
Note : 2.5/5
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Le Royaume de Blanche-Fleur
J’avais lu quelques albums de la série Le Royaume, que j’avais trouvés sympas, mais sans plus. Une lecture d’emprunt tout public. J’ai eu l’occasion de lire cet album, qui est une sorte de « conclusion » au « Royaume ». Un simple one-shot, mais à la pagination conséquente (plus de deux tomes de la série d’origine !). Sur cet album j’ai à peu près le même ressenti que pour la série mère. Il peut se lire comme un one-shot (toutes les infos pour connaître les personnages et les liens qui les unissent ou les désunissent sont rappelés en cours d’histoire). Et je dirais que, resserré sur un gros tome, c’est presque meilleur que sur la série mère, qui diluait un peu trop le récit. Si vous ne devez lire qu’une chose dans cet univers, c’est bien cet album que je vous recommanderais. C’est de l’aventure tout public assez rythmée, avec personnages typés, humour gentil mais qui passe bien, méchants crétins qui perdent, gentils plus ou moins naïfs qui gagnent, et quelques personnages secondaires amusants (les oiseaux par exemple).
Comme un oiseau dans un bocal - Portraits de surdoués
Mêlant roman graphique et approche documentaire, cette BD explore la réalité quotidienne des personnes surdouées, et la manière dont cela peut influencer aussi bien leur vie sociale que sentimentale. Le personnage principal, Birdo, est un Haut Potentiel Intellectuel bien intégré dans la société, mais qui préfère garder cette particularité pour lui afin d'éviter les jugements. Il rencontre Raya, qui vient tout juste de découvrir qu'elle est elle aussi surdouée. Elle ne sait pas encore comment gérer cette révélation. Entre eux, le courant passe, et leur relation devient une occasion d'apprendre mutuellement ce que signifie réellement être HPI. Mais leur hypersensibilité commune rend les choses plus complexes et met leur lien à rude épreuve. Lou Lubie raconte cette histoire comme une romance douce, où l'on sent naître une complicité, voire une affection amoureuse. En parallèle, elle glisse dans leurs échanges de nombreuses informations factuelles, enrichies de schémas ou de graphiques, pour mieux cerner ce que recouvre le concept de surdoué et l'état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet. Ce mélange fonctionne plutôt bien, même s'il m'a manqué un peu d'émotion pour m'impliquer pleinement dans la relation des personnages. J'y ai appris des choses (notamment que je ne suis probablement pas surdoué, ah ah) mais je suis resté à distance de leur histoire. Graphiquement, l'autrice a choisi de représenter ses personnages sous forme animalière. Ce choix m'a un peu déstabilisé. Je ne suis pas certain qu'il apporte un sens clair ou une couche de lecture supplémentaire. Par exemple, lorsque l'héroïne explique qu'elle ne boit pas et que cela devrait se voir immédiatement puisqu'elle est un poisson dans un bocal, j'ai cru y voir une métaphore culturelle ou religieuse, avant de douter en la voyant plus tard proposer d'aller boire un verre. Elle explique aussi avoir quitté le monde marin pour venir vivre dans le monde terrestre, ce qui pourrait évoquer la situation d'étudiants étrangers déracinés. Mais là encore, ce n'est pas explicité, et le flou entretenu autour de ces métaphores m'a empêché de m'y retrouver complètement. En résumé, j'ai trouvé cette lecture intelligente, bien construite et instructive, mais elle ne m'a pas touché en profondeur.
Les Euthanautes
Un récit sur la mort mélangeant ésotérisme et expérimentations scientifiques, parlant de la crainte de la fin, du désir d'immortalité et de la tentation du suicide, c'est quand-même une recette alléchante. En tout cas, après avoir entendu ce résumé et vu la très belle couverture laissant entrevoir un projet d'exploration de l'au-delà façon exploration spatiale, j'ai été sincèrement intriguée. L'œuvre est correct, traite ses sujets de manière convenable, mais j'avoue finir ma lecture avec un sentiment de profonde déception. Sur le papier le récit est bon mais je n'ai pas réussi à ressentir le poids des enjeux, à réellement me sentir impliquée dans cette histoire, la faute à un récit qui ne m'a pas semblé prendre suffisamment son temps pour respirer. La recette est bonne mais le résultat a été ici cuisiné trop vite si vous préférez. Du bon mais qui m'a tout de même déçue. Peut-être en attendais-je trop (il faut dire que le sujet de la mort et l'ésotérisme me passionnent). En tout cas la représentation de cet entre-monde, de ce purgatoire que nos éponymes euthanautes explorent est joliment illustré, c'est toujours ça de pris (je ne pourrais malheureusement pas en dire autant du monde réel qui m'a paradoxalement semblé bien trop artificiel). (Note réelle 2,5)
Aneth apprentie sorcière
Aneth est une petite apprentie sorcière qui entre à l'école de magie et y découvre tout un monde de créatures fantastiques, qui deviennent ses camarades de classe ou ses professeurs. Sous forme de gags en une ou deux planches, on suit son quotidien entre famille, amis et bizarreries magiques, dans un univers aussi farfelu que drôle, peuplé de quiproquos et de situations inattendues. Élodie Shanta avait déjà exploré un concept similaire avec sa série sur la jeune sorcière Crevette et ses amis magiques, dans une ambiance douce et bienveillante. Les aventures d'Aneth semblent s'adresser à un public plus jeune du fait de son dessin plus rond et plus épuré, mais elle met l'accent de manière bien plus marquée sur l'humour. Et ça fonctionne : malgré une structure simple pensée pour les plus jeunes, les gags font aussi sourire les lecteurs plus âgés. On est dans le registre du loufoque, avec des personnages à la fois absurdes et attachants. Le rythme est efficace, les gags s'enchaînent bien et tissent peu à peu une vraie petite histoire complète par tome. C'est une lecture légère et plaisante, accessible, pleine de charme, qui donne le sourire à tout âge.
Tokyo Cannabis
Je n’ai lu que les 2ers tomes mais un ressenti similaire à Mac Arthur. Ça manque un peu de tension ou d’humour et pourtant le récit se lit sans déplaisir. Ça se révèle même assez prenant grâce à une réalisation plutôt soignée. Ceux qui connaissent bien les séries TV comme Weeds ou Breaking bad ne seront pas bien surpris par le menu. Ici un bon père de famille, en l’occurrence fleuriste, fait face à des fins de mois vraiment difficiles … Pour s’en sortir, on lui proposera d’utiliser son don de « main verte » en cultivant du cannabis, voire de ressusciter une variété mythique locale disparue. Le ton y est assez réaliste, notre héros ne consommant pas, il y a un petit côté reportage agréable à suivre (culture, réseau, clientèle…). En tout cas, ça démarre de manière un peu insouciante, même si on sent que ça va basculer avec le côté beaucoup moins glamour de la chose (mafia etc ..). On peut faire l’impasse mais sympathique à suivre.
Bone Parish
La trame générale de la série est relativement classique, et sent globalement le déjà-vu. C’est une lutte à mort pour contrôler le trafic de drogue. Les Winters, une famille bien implantée et contrôlant la fabrication (recette secrète et très « spéciale » !) et la vente d’une drogue étrange et recherchée, la « cendre » doit faire face aux convoitises d’une organisation mafieuse et d’un cartel latino : rapidement la confrontation devient très violente. Une violence qui va crescendo. Le dessin lui aussi reste classique. Du comics moderne réaliste et efficace, avec une colorisation très sombre – mais lisible. L’originalité est ailleurs. Elle vient de cette drogue, qui est fabriquée à partir de cadavres. Et elle provoque chez les consommateurs des effets énormes (visions improbables, voire dédoublement de la personnalité, possibilités de faire « revenir » des morts, etc.). Si la fille Winters maîtrise la fabrication de cette drogue, les concurrents et leur contrefaçon provoquent des effets secondaires désastreux. Tout cet aspect amène pas mal de fantastique dans ce récit policier, avec une imagerie jouant parfois sur quelques clichés vaudous (voir le masque porté par un personnage). Il est vrai que la série se déroule à la Nouvelle Orléans. Je ne suis pas forcément fan de cet apport de fantastique et de ce mélange des genres. Disons qu’ici ça passe et que ça fait un peu sortir la série des sentiers battus. Note réelle 2,5/5.
Post Americana
Une lecture à réserver aux lecteurs ne cherchant pas d’intrigue trop fouillée ou originale, et qui privilégieraient l’action. Si vous n’êtes pas trop exigeants et qu’un petit défouloir un chouia gore et trash vous sied, alors vous pouvez emprunter cet album et y trouver votre compte. Car, en effet, c’est de l’action souvent tendance bourrin, avec force hémoglobine et autres explosions, hordes de cannibales. L’aspect purement SF s’efface parfois derrière du fantastique (avec l’apparition de robots aux faux airs de super héros). Tout est misé sur l’action donc, au détriment de la psychologie des personnages – et de la profondeur de l’intrigue. Pas mal de personnages sont caricaturaux. En particulier le super méchant, président/dictateur des États-Unis post catastrophe, dirigeant une caste de privilégiés réfugiés dans une sorte de bulle pour échapper à la catastrophe – peu expliquée au demeurant – et qui cherche à détruire tout ce qui est à « l’extérieur » (là aussi je n’ai pas vraiment compris son acharnement). Rien de transcendant sur la forme et sur le fond donc. Une histoire défouloir récréative qui aurait quand même gagné à être étoffée. Note réelle 2,5/5.
Trillium
Je vais sans doute me montrer un peu plus dure avec cette œuvre qu'elle ne le mérite (je ne vais pas pour autant la trainer dans la boue, qu'on se rassure, elle est très bonne). C'est un album qui brille avant tout par sa forme. Le fond est bon mais m'a semblé parfois manquer d'originalité, ou en tout cas de fraîcheur dans la façon de réécrire ce genre de récit. Le fond reste efficace et de bonne facture, mais il faut tout de même admettre qu'il brille surtout par sa mise en scène, ou pour être plus précise sa mise en page. Ici, on parle de voyage dans l'espace et le temps et de deux vies similaires et éloignées qui se rencontrent et qui se fondent l'une avec l'autre, quoi de mieux donc pour illustrer tout cela qu'une mise en page qui décide de briser les codes. Préparez-vous à très régulièrement retourner votre album pour comprendre les deux temporalités. J'ai d'ailleurs tout particulièrement apprécié le soin apporté aux échos, aux cases et aux dialogues agencé-e-s précisément pour se répondre. Et il y a le dessin aussi, la raison principale qui m'a amenée vers cet album. Il a un beau côté brut, anguleux dans ses personnages, qui leur donne un aspect vraiment marquant. Il y a aussi un beau jeu d'alternance des styles, où l'on jongle parfois entre un style plus crayonné et un style plus propre et numérique. Non, vraiment, la forme atypique et intelligente est la plus grande qualité de cette œuvre. Elle en est aussi malheureusement son défaut. Un petit défaut de rien du tout mais qui m'empêche tout de même malheureusement de monter jusqu'à quatre étoiles : préparez-vous à très régulièrement retourner votre album. Oui, c'est une qualité ET un défaut, car si je peux apprécier et applaudir le beau travail de mise en page et l'inventivité de la narration je peux tout autant trouver embêtant de parfois avoir à retourner l'album à chaque page. Au début je m'attendais à ce que ces "chapitres inversés" s'entremêlent de manière plus régulière ou bien se partagent tout simplement une moitié de page chacun comme sur la partie au milieu du récit, mais en fait le tout est parfois un peu trop chaotique. Sur ce point là, je pense que la créativité et l'envie de briser les codes aurait pu être un tout petit peu bridée (ou en tout cas mieux maîtrisée). Si vous pensez que je chipote, je peux vous présenter un petit évènement qui s'est présenté à trois reprises lors de ma lecture : devoir retourner l'album pour lire les pages de droite à gauche tout en continuant de devoir lire les cases de gauche à droite. Cela peut sembler trivial sur le moment mais je vous jure que sur ces pages là j'ai souvent dû m'y reprendre à deux fois avant de me rendre compte du sens de lecture. Le problème est peut-être spécifique à cette édition française, mais comme c'est précisément cette édition que j'ai eu entrez les mains cela reste un défaut notable. Bref, perfectible mais tout de même suffisamment inventif et bien réalisé pour valoir la lecture.
Moi, Gisèle
Je vais être relativement indulgent pour évaluer cet album, car, si le sujet et la personne de Gisèle Halimi m’intéressent, je ne suis pas le cœur de cible. En effet, l’album s’adresse clairement et uniquement à un jeune, voire très jeune lectorat. De manière thématique – et un peu moins chronologique – nous suivons une gamine, Gisèle Halimi jeune donc, donner des conseils à ses lecteurs/lectrices. Elle explique par de menus exemples comment lui sont venues ses idées, comment il faut réagir face à telle ou telle injustice. Car c’est une gamine à fort caractère, qui ne s’en laisse pas compter, et qui encourage ses jeunes lecteurs à faire de même. On n’est donc pas là dans une biographie complète, encore moins une présentation se sa carrière ou de ses combats d’avocate. Mais plutôt pour montrer les sources de ses indignations. Le message positif et combatif est louable.
Ajax
Ajax, c'est le chat domestique de Mortelle Adèle, et clairement pas celui qu'elle aurait choisi. Elle passe son temps à vouloir s'en débarrasser ou à lui infliger les pires sévices. Mais lui, aveuglément amoureux et d'une naïveté confondante, interprète tout avec optimisme : chaque méchanceté est pour lui une preuve d'affection. Seul Fizz, le hamster de la maison, semble avoir conscience de la situation, mais ses avertissements tombent dans l'oreille d'un sourd tant Ajax reste béat d'admiration. Cette série dérivée repose entièrement sur ce décalage : un chaton trop gentil pour comprendre qu'il est maltraité, qui garde le sourire quoi qu'il subisse. Il interprète tout de travers, échappe aux pires conséquences par pure chance, et continue à adorer sa maîtresse. Le dessin de Diane Le Feyer, qui dessine aussi actuellement la série principale, est solide, coloré et lisible. Le style est propre, très pro, avec des décors simplifiés pour servir un format de saynètes bien rythmées, comme dans un bon strip comics. Côté contenu, ceux qui n'apprécient pas Mortelle Adèle ne trouveront probablement pas leur compte ici non plus. Adèle est moins présente, mais son humour noir et son goût pour la cruauté restent au cœur du ton. Les gags visent clairement un public jeune, en dessous de 10 ans, avec des chutes attendues et des jeux de mots faciles façon "chat va mal", "félins pour l'autre" ou "sirop pour matou". Rien de vraiment drôle pour un lecteur adulte, mais l'ensemble est assez varié pour éviter l'ennui. La série n'invente rien, mais elle s'inscrit dans la continuité de Mortelle Adèle, avec le même niveau de qualité et un public tout trouvé chez les fans enfants de la série. Note : 2.5/5