Notre histoire

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

L'ancien joueur de football LIlian Thuram sort une bande dessinée : Notre histoire, publiée chez Delcourt, est un album inspiré de son essai Mes Etoiles noires, de Lucy à Barack Obama. Une œuvre qui poursuit le même objectif que la fondation du champion du monde de foot 98 : l'éducation contre le racisme.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Caraïbes Mirages Racisme, fascisme

Guadeloupe, Port Louis, juillet 1980. Mariana Thuram finit sa journée de travail dans les champs de canne à sucre. Généralement, elle enchaîne en faisant des ménages, l’après-midi. Elle élève, seule, ses 5 enfants : Gaétan (15 ans), Martine (13 ans), Antonio (11 ans), Liliana (7 ans), sans oublier le petit Lilian (8 ans). Aujourd’hui, sa décision est prise : elle va partir pour la métropole. Direction Paris. En rentrant à la maison, elle annonce la nouvelle à ses enfants qui sont fous de joie. Dans un an, si tout se passe bien, ils la rejoindront dans la capitale française. Septembre 1980. Mariana prend l’avion pour Paris, laissant derrière elle ses enfants. Pendant son absence, les aînés s’occuperont des petits. C’est Rita, sa nièce, qui l’accueille à l’aéroport. La mauvaise nouvelle, c’est que la femme chez laquelle elle devait travailler comme « gens de maison » vient de décéder. Mais c’est mal connaître l’abnégation de cette mère courage : elle est persuadée qu’elle trouvera un autre travail

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Mars 2014
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Notre histoire © Delcourt 2014
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

21/05/2015 | Erik
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

Ces deux albums retracent la vie de Lilian Thuram jusqu’à ses débuts de footballeur professionnel. De sa Guadeloupe natale, d’où sa mère s’est embarquée pour la France avec tous ses enfants, jonglant continuellement avec de petits moyens pour que tous s’en sortent, jusqu’au début de réussite de Lilian, qu’on suppose bénéfique pour toute la famille. Régulièrement au cœur de ce récit assez linéaire et classique – et manquant sans doute d’aspérité, à défaut de manquer d’empathie, nous retrouvons le jeune Lilian discutant avec Neddo, un vieux monsieur rencontré dans la cité où la famille s’est installée près de Fontainebleau. Celui-ci va régulièrement lui raconter la vie et l’action de personnes qui se sont battues contre les préjugés et pour défendre les libertés. A part Ésope, la plupart sont liés à la lutte contre le racisme et sont des Noirs, que ce soit dans les colonies européennes ou aux États-Unis (le dernier exemple étant celui d’Angela Davis). Si le procédé fait quand même très artificiel (le personnage du « vieux sage » Neddo est inventé), et si cela tourne un peu à l’exempla édifiant parfois, on ne peut que reconnaitre la nécessité de rappeler des valeurs qui devraient être universelles, et qui forment officiellement l’ossature de notre « démocratie », comme celles reprises dans notre devise. Lilian Thuram s’est depuis longtemps impliqué dans la lutte contre les discriminations – raciales en particulier. Il a participé à plusieurs documentaires avec l’historien spécialiste du sujet Pascal Blanchard. C’est pourquoi, même si l’histoire qui sert de fil rouge n’est en elle-même pas forcément hyper emballante, les idées défendues par ce diptyque méritent d’être mises en avant, par-delà la relative naïveté des moyens employés pour les défendre. En plus des préjugés racistes, Lilian Thuram contredit aussi les idées reçues sur les sportifs – footballeurs en particulier – incapables d’élaborer une pensée cohérente et intellectuellement élevée. Thuram est visiblement une belle personne, et cette série, en plus de nous expliquer sa « formation » (ses valeurs plus que ses capacités sportives), permet de remettre en avant des personnes que l’histoire « officielle » (écrite par et pour des Blancs le plus souvent) a laissé de côté.

08/09/2025 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Notre histoire est celle de la famille d’un célèbre joueur de football à savoir Lilian Thuram. Je n’aime pas trop le football et son star system. Je n’aime pas les rémunérations faramineuses de ces nouveaux gladiateurs des temps modernes. Je n’ai pas aimé le coup de tête de Zidane lors de la finale de la coupe du monde en 2006, ni l’attitude déplorable de l’équipe de France en Afrique du Sud en 2010. Pour autant, s’il y a un sportif que j’aime bien pour l’exemplarité de son comportement, c’est bien Lilian Thuram. Visiblement, et je ne le savais pas, cet ancien footballeur est très engagé car il prend publiquement des positions sur l’égalité, l’immigration et le racisme. Il avait notamment indiqué qu’avant de parler d’insécurité, il faut parler de justice sociale ce qui me semble une analyse correcte de la situation. Cela ne plaît pas à certaines personnes qui considèrent qu’il est temps de passer à autre chose que de discuter sans cesse de l’esclavage pratiqué par la France dans les Antilles. En outre, Lilian Thuram soutient la lutte contre l’homophobie, tant au niveau institutionnel que dans le sport. Il soutient le mariage gay, comparant les opposants à celui-ci aux racistes s'opposant à l'égalité entre les Noirs et les Blancs. J’ai beaucoup aimé cette bd qui traite de l’installation en France de la mère de Lilian avec ses cinq enfants dans les années 80 où elle a quitté la Guadeloupe pour devenir une femme de ménage. Dans ce premier tome, Lilian a moins de 10 ans. Il découvre les réalités de la Métropole où il subit les blagues racistes. C’est traité avec honnêteté. Par ailleurs, dans une seconde partie, on va revenir sur l’histoire de la Guadeloupe et notamment d’un épisode sanglant. En 1794, l’esclavage est aboli. Cependant, Napoléon souhaite la rétablir uniquement sur les îles en 1801. Il envoie l’armée qui procèdera à une énorme répression. C’est un épisode que j’avais jamais entendu parler car sans doute, on ne voulait pas écorner l’image de cet illustre personnage. J’ai désormais une autre vision. L’esclavage va perdurer jusqu’en 1848. Je pense qu’il n’y a rien de pire que de sortir de l’esclavage, de vivre libre pendant 8 ans puis d’y retourner. Je comprends mieux désormais la souffrance de ce peuple. Pour la forme, je dirai que cette partie historique s’insère assez mal par rapport au reste. C’est trop artificiel comme montage. Mais bon. Cette BD est incontournable pour approfondir les notions de discrimination avec les enfants. Pour finir, voilà ce qu’il déclare et avec lequel je suis en parfait accord : « Je crois que l'Histoire n'appartient pas à une couleur de peau, et heureusement ! Il n'y a pas de communauté noire, de communauté blanche, il n'y a pas d'Histoire noire, pas d'Histoire blanche. Il y a l'Histoire des hommes et des femmes. Il est temps de le comprendre... ».

21/05/2015 (modifier)