Rojava

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

La lutte d’une jeune combattante kurde pour l’émancipation des femmes et de son peuple


Guerrières Les Kurdes Nouveautés BD, comics et manga Proche et Moyen-Orient

Rojava, 16 ans, intègre les YPJ, les brigades féminines de l’armée kurde, unies dans leur lutte pour la survie et l’émancipation. Devenue, par sa beauté, et malgré elle, une icône médiatique, elle déborde d’idéaux mais reste encore naïve face à la dure réalité du front. Déterminée à prouver sa valeur, elle affronte le danger et participe à des missions critiques, tout en découvrant la complexité de la guerre : ses moments de solidarité, d’humour et de désespoir. Au fil d’expériences marquantes, Rojava comprend que la guerre n’est pas seulement un combat contre un ennemi, mais aussi une bataille intérieure pour préserver son humanité.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 27 Août 2025
Statut histoire Série en cours (prévue en 2 tomes) 1 tome paru
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Rojava © Bamboo 2025
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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25/08/2025 | Ro
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L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Il faut saluer cette sympathique mise en images du combat des femmes du Kurdistan : il n'y a pas que des barbus au Moyen-Orient. La rentrée littéraire c'est aussi des albums BD : voici Rojava avec Aurélien Ducoudray au scénario et Sébastien Morice au dessin. Sa formation d'architecte permet à S. Morice de se montrer très réaliste dans les scènes de guérilla urbaine au cœur des ruines syriennes et A. Ducoudray a réalisé de son côté un gros travail de documentation pour décrire cet épisode de la guerre civile syrienne. Un second épisode est programmé : on a déjà hâte ! L'héroïne, Rojava, est une très jeune femme kurde (16 ans !) qui s'engage comme sniper (snipeuse ?) dans les YPJ, la déclinaison féminine (depuis 2013) des YPG (Yekîneyên Parastina Gel : Unités de Protection du Peuple), la branche armée de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan au Moyen-Orient. La nouveauté peut-être, c'est que les dirigeants des unités YPJ sont des dirigeantes, leurs chefs sont des cheffes, et ça c'est un peu nouveau dans l'histoire du combat au féminin. Leur cri de ralliement : « La vie ! La femme ! La liberté ! » L'ironie de la chose (si ironie il y a ici), c'est qu'elles sont devenues les bêtes noires de Daesh : aux yeux des barbus intégristes, se faire tuer par une femme est déshonorant et ferme la porte du paradis ... Rojava c'est aussi le nom de la région du nord de la Syrie, c'est donc la partie sud-ouest du Kurdistan. Lorsque la snipeuse Rojava débarque dans l'album, elle tient le rôle principal dans un reportage Youtube filmé par des journalistes occidentaux, ce qui ne plait pas forcément à la commandante de la section, Rukan. Pour la petite histoire, A. Ducoudray a eu cette idée en lisant (chez son dentiste !) un reportage-photo de Paris-Match sur des combattantes kurdes vêtues de propre, maquillées, baskets neuves aux pieds, comme à la fashion-week : sans doute un peu d'habile propagande de la part du PKK ! Au premier abord, on pourrait croire à une BD pour ados, mièvre et éducative : l'héroïne est moitié snipeuse moitié youtubeuse et il y a même dans l'équipe une gamine qui collectionne les photos de martyrs !? De plus, A. Ducoudray parsème son récit de blagues anti-Daesh histoire de détendre un peu une atmosphère de guérilla pour le moins tendue. Mais ce n'est qu'une amusante façade, et le propos, très documenté, va s'avérer bien plus sérieux que cela. « [...] Après mon premier affrontement, j'ai décidé de ne plus avoir mes règles ... À partir de là, j'étais dans un monde où il n'y avait plus que la mort, donc continuer chaque mois d'avoir un rappel que je pouvais donner la vie, ça ne coïncidait pas avec ce que je vivais ... » Ou bien encore : « [...] - Tiens, mets ce caillou dans ton slip. Chaque fois que tu seras couchée pour tirer, ça te griffera le ventre et tu t'endormiras pas ... Le confort c'est l'ennemi du sniper. » Pour cette dernière anecdote, A. Ducoudray s'est sans doute inspiré du livre de Azad Cudi, célèbre sniper kurde iranien ("Sniper - Ma guerre contre Daech" éditions Nouveau Monde). On sait que les guerres changent les pays et les frontières, mais aussi les habitants et les mœurs. Les américains l'ont découvert à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand les noirs sont revenus au pays après avoir servi dans les armes et été acclamés en libérateurs en Europe, ... tout comme les blancs, ou bien encore quand les GI sont rentrés chez eux et ont retrouvé des femmes qui avaient pris les affaires en main ... en leur absence. Les femmes des brigades YPJ espèrent qu'il en sera de même au Kurdistan, si du moins ces guerres prennent fin un jour. « [...] Contre Daesh, on est tous égaux, mais après ? Ils me respectent parce que j'ai un fusil et un uniforme. Change le costume, le respect part avec. Notre plus grand combat après Daesh, sera celui d'une société mixte vraiment égalitaire. » Les dessins de S. Morice sont ceux d'une belle ligne claire et laissent toute la place à l'intrigue et aux personnages, dessinés et typés avec soin. On a déjà évoqué son passé d'architecte et la colorisation comme les éclairages font ressortir les différentes ambiances : le bleu pour la nuit sur la terrasse, le rouge au fond des tunnels creusés sous la ville, les ocres du désert, ...

07/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Rojava est une jeune tireuse d'élite kurde qui s'est engagée dans les brigades féminines YPJ pour lutter contre Daesh. Bien malgré elle, son talent et sa beauté attirent l'attention des médias, la propulsant au rang d'icône sur les réseaux sociaux alors qu'elle n'aspire qu'à combattre aux côtés des siennes pour défendre son pays et son peuple. Envoyée sur le front au sein d'une petite escouade, elle découvre la dure réalité du terrain : l'affrontement direct avec l'ennemi, mais aussi une lutte intérieure pour canaliser son ardeur juvénile et affirmer son engagement en faveur de l'émancipation des femmes. Malgré la gravité de son sujet, cette BD séduit par son graphisme et par la vitalité de ses personnages. Le dessin de Sébastien Morice est chaleureux, porté par un trait souple et dynamique, avec des visages expressifs qui rappellent parfois le comics ou l'animation. Les décors, qu'ils soient désertiques ou faits de villes en ruine, sont sublimés par un travail sur la lumière et la couleur qui leur donne vie, tout autant qu'aux personnages. Seule une certaine ressemblance entre les protagonistes, forcément toutes femmes kurdes brunes en uniforme, peut parfois nuire à la clarté du visuel. L'intrigue repose sur la rencontre d'un petit groupe de combattantes aux personnalités marquées : l'héroïne douée mais encore immature, la commandante autoritaire mais bienveillante, la blagueuse, la figure maternelle et cuisinière, ou encore la fillette rebelle et souriante qui déborde d'énergie. Leurs interactions et leur coordination au combat constituent le cœur du récit, tout en mettant en avant la thématique incontournable de l'émancipation des femmes, entre un ennemi qui les réduit en esclavage et des traditions kurdes encore fortement conservatrices. La dimension militaire est également prenante, entre exploration du terrain et description des affrontements. Sur ce point, difficile cependant de juger de la crédibilité : voir trois ou quatre combattantes tenir tête à des dizaines de djihadistes fait parfois penser à un film hollywoodien où seules les balles des héros atteignent leur cible. C'est presque une ode au combat, comme des enfants qui jouent à la guerre des gentils contre les méchants. Et d'ailleurs la présence de la fillette, aussi attachante soit-elle, surprend dans ce contexte violent... mais je n'en dirai pas plus sur la conclusion du premier tome. En définitive, ce mélange entre volonté de réalisme sur la condition des femmes et mise en scène spectaculaire d'une guerre où une poignée de justes triomphent d'une horde de méchants laisse une impression mitigée même si globalement positive. J'ai beaucoup apprécié le graphisme et les personnages, et l'action m'a happé, mais je reste dubitatif quant au réalisme global et au message de fond. Il me faudra lire le second tome pour affiner mon jugement.

25/08/2025 (modifier)