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Couverture de la série Jo
Jo

On oublie vite lorsque l'on ne se sent plus concerné. Même très vite, c'est peut-être un mécanisme de protection psychologique mis en place par les humains. C'est bien confirmé quand je lis les très dures critiques faites à l'œuvre de Derib, 10 ans après sa publication. Je trouve que c'est presque une insulte aux malades séropositifs d'hier et d'aujourd'hui. Ou alors c'est de l'ignorance bref passons. C'est pourquoi JO, l'œuvre de DERIB sur la prévention et les risques liés au VIH (SIDA) est essentielle à mon avis. Il n'y a pas si longtemps, trente ans, être contaminé par le VIH, c'était être condamné à mort à plus ou moins brève échéance. Si vous aviez la chance d'être dépisté tôt, d'habiter dans un pays riche, de pouvoir accéder aux meilleurs soins comme c'est le cas pour Jo vous pouviez tenir entre deux et trois ans. Quelques cas exceptionnels ont pu aller au-delà mais pour la grande majorité des infectés c'était beaucoup plus difficile. Alors merci monsieur Derib d'avoir inscrit cela dans le marbre au moyen d'un médium accessible à tous ceux qui savent lire, regarder et réfléchir (je me rends compte que ce n'est pas si facile), au besoin à plusieurs. Pour moi, monsieur Derib présente deux qualités fortes. La première est son talent de dessinateur et de conteur avec des collections de très grandes qualités souvent destinées au jeune public voire au très jeune public. La seconde est d'avoir accompagné les débuts de monsieur Cosey, ce qui a multiplié les richesses de création. Dans Jo la cible visée est le public des adolescents ou jeunes adultes. C'est l'âge des premières rencontres poussées au-delà du simple flirt. C'est ce qu'expérimente Vanessa la sœur de Jo de façon inconsciente et un peu naïve. C'est normal à cet âge-là. Jo est déjà à l'étape suivante, jeune adulte très autonome, pas rebelle pour un sou, ses parents la laisse libre de vivre une vie sexuelle qui paraît très sage avec un partenaire régulier. C'est le talent du scénario de Derib d'orienter les risques sur les rebelles, Vanessa ou Laurent le futur partenaire de JO. A cet âge la construction peut être chaotique avec des temps morts et des temps forts. C'est ce rythme qu'insuffle Derib. Le risque semble encore lointain, par exemple dans une page de journal qui traine sur la table. On s'émeut d'un enfant de star mort du Sida comme on pourrait s'émouvoir d'un bébé qui nait séropositif en Afrique ou au Brésil. Mais après la rubrique sportive on y pense déjà beaucoup moins. Je me rends compte que c'est pire aujourd'hui. Notre vie est ailleurs que dans ces drames que l'on trouve clichés et c'est presque normal et sain de vouloir ne pas y penser tellement c'est porteur d'angoisse. A cette époque quand on faisait une nouvelle rencontre pleine de promesses de futur ou qu'on souhaitait un bébé, on pouvait faire un test. Un peu comme aujourd'hui avant de prendre l'avion en temps de COVID. Sauf que là, quand vous ouvriez l'enveloppe des résultats même les plus endurcis avaient des palpitations. C'était 100% vie ou 100% mort. Pas d'entre deux, la statistique était détestable. Le chemin de croix commençait. Comme le montre Derib le vide se faisait très très vite autour de vous. Même dans votre famille. Puis la culpabilité, la peur de contaminer ceux qu'on aime et de les condamner à mort. Quelle injustice cette maladie ! Elle vous touchait principalement dans un des moments le plus beau et le plus épanouissant de votre vie. Une relation sexuelle libre et partagée. Bien sûr il y eu d'autres modes de contamination, seringues, transfusions pour la plupart. Mais c'est la voie sexuelle qui a été la grande contaminatrice. Une vie de couple et de famille était possible mais quand même stressante. Jo doit s'accrocher comme des millions de malades l'ont fait après elle. En bon dessinateur de BD, Derib propose par l'intermédiaire de Jean-Claude un personnage au grand cœur (Il en fallait) une pile de BD. Au menu Don Bosco et Franquin Lol. Iconoclaste ? (Peut être une des raisons des critiques ??) Peut être mais porteur d'espoir si ce n'est d'espérance. Comment vivre ces moments à 20 ans quand la finitude envahit votre vie par effraction ? C'est un peu comme les lettres d'encouragements de l'Abbé Pierre et du Ministre Lang en fin d'ouvrage. Tous les supports sont les bienvenus. Outre les lettres de félicitations qui montrent l'importance de l'engagement de Derib dans ce combat, l'ouvrage se termine par un dossier assez technique sur la maladie et ses conséquences en 1990. Trente ans après des choses ont changé en bien mais il reste encore beaucoup à faire. Derib a produit son album juste avant la découverte et la mise sur le marché des médicaments antiviraux que l'on nomme trithérapie. Ce fut une découverte majeure pour soigner les malades mais pas pour les guérir. Quand la trithérapie est apparue aux Etats-Unis les effets sur certains malades étaient tellement encourageants que certains malades européens n'hésitaient pas à prendre l'avion pour New-York afin de s'approvisionner. Evidemment cette possibilité était réservée aux plus riches car le coût des médicaments était (et reste) extrêmement cher. Aujourd'hui trente ans après les recherches continuent. Nous en sommes, il me semble, à la troisième génération de trithérapie. Il y a quelques trente-sept millions de personnes qui sont infectées par le VIH, dont un million et demi d'enfants. Dix millions n'ont pas accès aux soins. Près d'un million de personnes en meurt chaque année. Pour les bénéficiaires de médicaments votre sort dépend du pays où vous vivez. Vous pouvez alors bénéficier de façon plus ou moins complète de médicament de la première, deuxième ou troisième génération. En France les malades bénéficient de la dernière génération. Les trois antiviraux sont regroupés en un seul comprimé, ce qui simplifie la prise une fois par jour, sans interruption toute l'année à heure fixe. Il ne faut pas oublier ! Les effets secondaires ont été considérablement réduits mais ce ne sont pas des médicaments bénins. Il faut aussi que votre organisme supporte sur le long terme un tel traitement. En France, les soins sont remboursés à 100 %. Heureusement car le coût d'une boîte pour un mois (31 comprimés) est supérieur à 700 euros, plus les visites médicales. Un vrai budget de millionnaire !! Pensez aux pays sans sécurité sociale ni assurance maladie même dans des pays riches cela peut être une ruine pour la famille. Quant aux pays pauvres... Je le disais c'est la maladie de l'injustice dans beaucoup de domaines. Un mauvais esprit pourrait penser que le traitement à vie (pour le moment) du VIH est une véritable aubaine financière pour certains laboratoires. Mais je ne suis pas un mauvais esprit. Aujourd'hui encore ni vaccin ni guérison, il faut vivre avec. Pour ceux qui bénéficient des meilleurs soins c'est devenu possible. Grace au progrès on peut devenir I (U en anglais). Cela signifie que votre charge virale est indétectable. Si Jo avait vécu quelques années de plus, elle serait probablement toujours en vie aujourd'hui. Elle aurait pu avoir des enfants qui n'auraient probablement pas le VIH. Elle aurait même pu avoir des relations sexuelles avec Laurent SANS préservatif. Le top. En effet I=I; Indétectable = Intransmissible. Quand la charge virale n'est plus détectable vous n'avez plus l'angoisse de contaminer vos proches, quelle que soit la situation de vie que vous rencontrez. Un rêve pour l'époque de Jo. Je finis ce (trop ?) long avis par du soleil. Aujourd'hui un bébé qui naît séropositif peut être traité par des antiviraux dès sa naissance et comme c'est pris tout de suite, je crois même qu'ils peuvent guérir. Encore faut-il que les soins arrivent jusqu'à eux. Merci à ceux qui auront eu le courage de me lire. Et merci à ceux qui ont accompagné ces presque quarante millions de morts depuis le début de la maladie. L'œuvre de monsieur Derib leur rend hommage.

15/11/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Seul le silence
Seul le silence

Oyez, oyez, nous ne sommes pas très loin du chef-d’œuvre avec cette adaptation d'un roman de R.J. Ellory. Bravo à messieurs Colin au scénario et Guérineau au dessin. Merci à Mac Arthur de m'avoir conseillé cette lecture et comme lui j'enjoins le plus grand nombre à faire l'achat sans réserve aucune. Vous allez vous régaler. J'ai tout aimé dans ce récit avec une petite préférence pour la première partie qui se situe dans les années 30/40, une ambiance à la Steinbeck ou à certains de ces films qui nous montre un visage de l'Amérique rurale un brin arriéré, loin des grandes métropoles. Au passage vous noterez des planches dans les tons sépia magnifiques Le précédent avis vous a donné le pitch, mais sachez qu'au-delà de celui-ci c'est une vraie peinture de la vie dans une petite bourgade rurale qui défile devant nos yeux. Tout cela est d'une grande justesse de ton avec une galerie de personnages fouillée. Un très beau polar noir dont les images restent longtemps en mémoire, forcément un coup de cœur.

14/11/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Sangoma - Les Damnés de Cape Town
Sangoma - Les Damnés de Cape Town

Shame on me, je ne connaissais pas Corentin Rouge le dessinateur excellent de cette histoire. En ce qui concerne le scénariste Caryl Férey c'est autre chose, il se trouve que je possède tous les polars que ce monsieur a écrits et si vous êtes amateurs je vous enjoins à lire au plus vite son œuvre. L'apartheid n'est pas totalement aboli en Afrique du sud vingt-cinq ans après, loin s'en faut. C'est dans le contexte d'une exploitation vinicole tenue par des blancs que se déroulent les évènements qui nous sont contés. De vieilles rancunes ressurgissent entre propriétaires et ouvriers noirs qui souhaiteraient que la redistribution des terres se fasse plus vite au bénéfice des dits ouvriers. le tout sur fond de vieilles pratiques "médicales" à la limite de la sorcellerie. Un récit sous tension mais sans manichéisme qui tient en haleine tout du long. Si Caryl Férey nous propose d'autres récits nul doute que j'irais y jeter plus qu'un œil.

14/11/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Bienvenue à Hoxford
Bienvenue à Hoxford

Attention ! Chaud devant ! Cet album envoie du lourd ! du très lourd ! Je vous fait une présentation des protagonistes … Morton le pédophile, Bill la baraque, violeur récidiviste avec une petite particularité, il garde les têtes de ses victimes, Crado, meurtrier lié à un gang nécrophile, le Graille meurtrier et cannibale, et enfin Alex Delgado le psychopathe, condamné pour avoir tué au moins une vingtaine de personnes. Ces « joyeux drilles » sont transférés dans une nouvelle institution, à Hoxford. Le gouvernement essaie de gérer différemment leur cas. Le truc a été monté exprès pour des dingues dans leur genre. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises car dans cet enfer carcéral, des rites sont célébrés. Les loups garous sont les maitres de cette prison. C’est la pleine lune. Le goût du sang est sur vos babines. Le diner est servi ! Les monstres sanguinaires vont pouvoir se régaler de cette offrande de chair fraiche. Nous sommes dans une série Z +++ et j’avoue je me suis régalé. Le sang gicle partout. Les mâchoires croquent, broient et machent allégrement. Alors oui rien de nouveau. Point de scénario léché. Nous sommes dans l’exécution pure et dure de brutes sanguinaires. Vos mains seront toutes rouges à feuilleter cet album plein d’hémoglobine. Le graphisme est à la façon Stendhal tout en rouge et noir. Visuellement c’est magnifique avec des personnages avec une dentition incroyable. Pour les amateurs d’histoire gore et sanglante (c’est sans doute un pléonasme) ! Les âmes sensibles peuvent passer leur chemin.

14/11/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Tout ou rien
Tout ou rien

C'est par l'intermédiaire d'un prêt que j'ai pu lire cette BD. S'il n'y avait eu que moi je serais passé à côté tant le dessin est très loin de ma zone de confort pour ne pas dire plus. Et j'aurais eu tort car au final cette histoire autobiographique se révèle être du tout bon. Nous suivons l'histoire sommes toutes banale d'un gamin de cité, mal dans sa peau. Vie familiale un brin fracassée, avec une mère "courage" qui fait ce qu'elle peut. Forcément serais-je tenté de dire le jeune Thierry va tomber dans les petits larcins puis s'enhardissant il se met à la vente de drogue. Ce n'est que du cannabis, mais cela est suffisant pour que les gendarmes soient sur son dos. Tout l'intérêt de cette BD c'est en fait l'apprentissage de la vie d'un jeune garçon finalement très ordinaire qui n'a pas eu la chance de vivre au bon endroit au bon moment. Le rêve de Thierry c'est de faire de la BD, rêve réalisé puisque nous tenons en main le résultat de son objectif enfin atteint. Je le redis le dessin n'est à mon sens pas des plus jolis avec des couleurs assez tranchées, pour autant il est rare de voir des auteurs se mettre à nu de la sorte, c'est donc naturellement un franchement bien que je lui donne A lire.

14/11/2021 (modifier)
Couverture de la série Cédric
Cédric

Cette série familiale est pour moi pleine d'humour, de tendresse et de drôlerie. Le dessin de Laudec est bien adapté au public cible, bien rond et lisse pour l'œil. On pourrait reprocher un manque de décors dans beaucoup de scènes d'intérieur. J'aime bien ces couleurs vives et douces qui n'agressent pas les plus jeunes. Mais pour moi la richesse de cette série se situe avant tout dans l'humour des relations entre les divers personnages qui entourent Cédric. Cédric se trouve être le centre de plusieurs cercles. Le premier avec Robert le papa, Marie-Rose la maman et surtout Jules le pépé. Un deuxième cercles de copains avec Chen et Christian en vedettes et même un troisième cercle. La multiplicité de ces personnages permet de multiplier à bon escient les situations de gags. Le schéma de petites histoires sur plusieurs pages permet aussi d'être moins superficiel dans le récit. Les chutes sont souvent drôles, parfois tendres et quelque fois tristes. En effet si les relations au sein d'une famille sur trois générations restent l'axe de la série, une problématique comme la solitude d'une personne âgée est abordée avec intelligence dans une série avec un lectorat enfant. Un dernier point que je veux souligner. Les auteurs nous montrent des enfants autonomes qui peuvent sortir seuls pour jouer au ballon ou à la marelle loin des appli aliénantes. Une autre époque pas si lointaine.

14/11/2021 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série La Servante écarlate
La Servante écarlate

L'adaptation du roman à succès de Margaret Atwood. Je n'ai pas lu le livre mais juste découvert son univers à travers la série télévisuelle. Nous avons affaire à une dystopie où le rôle de la femme est cloisonnée par caste. Des robes de couleurs différentes pour les reconnaître. Bleue/mauve pour les femmes de commandant, verte pour les Marthes (femmes à tout faire de la maison), à rayures pour les femmes des hommes plus modeste, kaki pour les Tantes (instructrices des servantes) et rouge pour les servantes écarlates. Suite à une catastrophe naturelle de grande envergure (faille de San Andreas) un nouveau régime se met en place aux États-Unis. Une dictature militaire qui va compartimenter chaque personne dans un rôle bien défini. La majorité des femmes ne sont plus fertiles suite à un mal inconnu, les seules qui le sont encore deviennent des "servantes écarlates", des mères porteuses. Elles sont affectées à une famille où le commandant est le chef suprême et de son épouse stérile. Une fois par mois, une cérémonie précédée de prières se déroule. Une cérémonie où le commandant pénètre la servante en présence de sa femme. Une cérémonie avec ses codes et où la religion tient un rôle important. Une cérémonie où la servante n'a pas son mot à dire, juste subir. Il ne reste rien de l'ancien monde qui pourrait détourner le peuple du nouveau pouvoir. Comment se rebeller en sachant que l'Oeil (service secret) peut se cacher derrière n'importe quel individu. Un scénario brillant, tout y est tellement réaliste, j'en ai froid dans le dos. Nous suivons la vie de Defred, son nouveau nom (l'ancien n'existe plus), à partir de sa troisième affectation. Les deux premières n'ont pas été fructueuses, pas de bébé. Et le temps presse. De nombreux flash-back nous dévoilent sa vie d'avant et le basculement vers ce nouveau régime totalitaire. La voix off de Defred rend ce récit malsain mais tellement emprunt d'humanité. J'en suis ressorti bouleversé. Graphiquement, je suis sous le charme. Un style semi-réaliste qui donne une force supplémentaire à cet album. Une mise en page dynamique et innovante. Un bémol sur les visages des servantes qui se ressemblent et quelques cases avec de mauvaises proportions mais cela n'a aucunement gêné ma lecture. Renée Nault a réalisé un travail formidable, une narration captivante, un dessin glaçant et des couleurs mates font de cette adaptation une vraie réussite.

13/11/2021 (modifier)
Couverture de la série Capacity
Capacity

C’est inégal, et il y a clairement des longueurs, certaines maladresses (dans le dessin ou la narration), mais j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet album, d’un auteur indé américain que je découvre ici. Je suis plutôt amateur de cette forme de production indé américaine, qui a des accointances avec le travail de Woodring, de Millionnaire ou de Rickheit par exemple, des auteurs souvent originellement publiés par fantagraphics (même si ce n’est pas le cas pour Ellsworth). Cela faisait quelques temps que cet album me faisait de l’œil (attiré que j’étais par les quelques images et retours sur lesquels j’avais pu tomber). Un passage et feuilletage sur le stand d’Ici Même au festival Quai des Bulles m’a permis de sauter le pas et d’enfin découvrir cette histoire, à la fois simple et sophistiquée. Simple et sophistiquée, une histoire qui développe donc un oxymore, mais cette remarque est valable pour le dessin comme pour la narration. Pour faire simple donc, nous suivons les questionnements de l’auteur, ses réflexions, son introspection, avec un dessin au trait un peu brouillon, faussement simpliste. Mais en fait ce dessin se révèle bien plus riche qu’il n’y parait, avec des planches parfois très chargées. Quant à « l’intrigue », elle part un peu dans tous les sens. Nous pénétrons dans la tête de l’auteur, cheminons au fil de ses pensées et des images plus ou moins fantastiques, voire surréalistes qui y fleurissent. Le lecteur est même souvent directement interpellé, devient presque un personnage, invisible mais nécessaire au bon déroulement des « dialogues ». Il faut clairement être réceptif à ce type d’oeuvre, qui fait la part belle au rêve, à une certaine poésie, parfois enfantine (beaucoup de monstres ressemblent à ceux de Sendak dans ses « Maximonstres »), mais aussi à une certaine forme d’analyse autobiographique très présente chez beaucoup d’auteurs indé américains. Le travail éditorial d’Ici Même est vraiment très bon, avec une couverture cartonnée épaisse (comme le papier), dans un format presque carré. Je regrette juste un format un chouia trop petit. En effet, certaines planches auraient mérité d’être plus grandes, ne serait-ce que pour rendre plus lisibles certains textes, vraiment riquiquis parfois. Et ce d’autant plus que le texte est vraiment abondant (il ne faut pas non plus être réfractaire à cet aspect). Une chouette découverte en ce qui me concerne donc, et j’encourage les plus curieux à jeter un œil à cet album, dont je m’étonne qu’il n’ait pas été avisé depuis sa publication en France, il y a maintenant 8 ans.

13/11/2021 (modifier)
Par eternaute
Note: 5/5
Couverture de la série Druuna
Druuna

Je m'aperçois en vieillissant que je me moque éperdument des histoires du moment que le dessin est appréciable, Serpieri est un des grands dessinateurs de BD de ces années, aux même titre que les grands métal hurlistes. Ayant découvert la BD encore très jeune, elle a également le charme des premiers fantasmes, je ne comprends pas qu'on y voit de la perversité, cette série est fun, de bout en bout. On peut lire beaucoup de critiques se demandant pourquoi Serpieri a gâché son talent là dedans. C'est justement ce qui en fait une série culte, il en avait simplement envie. Il était LIBRE de le faire. Tous ces efforts, ces croisillons, ces heures de dessins à s'abimer la cataracte, simplement pour dessiner des femmes à poil, c'est du grand art! C'est avant tout la démarche d'une personne qui ne se prend pas au sérieux et aucun des fantasmes de la bande dessinée ne doit l'être. Arrêtons le premier degré et mettons le en prison par pitié.

13/11/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
Couverture de la série Rouge Karma
Rouge Karma

Cet album est une enquête mais c’est surtout un voyage en Inde. Pas dans l‘Inde des dépliants touristiques mais l’Inde des rues et des quartiers où vit la population. L’immersion est totalement réussie, les planches sont belles, les couleurs pastel superbes et le trait entre esquissé et appuyé donne aux scènes une impression de mouvement et d’activité urbaine. J’ai vraiment aimé. Le scénario est intelligent, bien écrit, bien construit, sans temps morts. La fin est un peu courte à mon avis mais l’intérêt de l’album va bien au-delà. Un très bon moment de lecture, un auteur que j‘apprécie beaucoup.

12/11/2021 (modifier)