"Ma première BD" de chez Bamboo jeunesse présente le célèbre conte sans texte comme c'est l'usage dans cette collection.
Dans l'édition 2021 que je possède aucun texte en fin d'ouvrage. Le seul texte est la petite phrase en haut de page qui lance la page.
J'aime bien cet opus pour ses couleurs vraiment très chaudes et belles. Le découpage est très réussi et donne du rythme au récit.
Des petits dessins dans quelques bulles pas toujours faciles à comprendre pour des petits. De toute façon c'est une lecture imaginative et créative à partager avec son petit.
Des beaux décors et costumes du XIXème siècle.
Une Bête vraiment réussie qui dégage beaucoup d'attention et de délicatesse.
Une belle réussite pour les enfants.
La couverture n'est pas spécialement avenante mais au moins donne la couleur. Car j'ai en effet beaucoup aimé la colorisation de Simon Roussin, du feutre j'imagine dont on voit parfois les hachures, aux teintes irréelles mais c'est joli.
Pour ce qui est de l'histoire sur laquelle je n'avais rien lu avant, elle porte sur le réseau de résistance mis en place au cœur du musée de l'Homme à Paris lors de la Seconde guerre mondiale. Ce musée venait d'ouvrir quelques années avant le conflit, alors en pleine montée en puissance du nazisme et comme un pied de nez aux thèses racialistes outre-Rhin. Ancien musée ethnographique au Trocadéro, il devient musée de l'Homme sous l'impulsion de Paul Rivet pour présenter à tous que la notion de race n'existe pas. Une fois la guerre réellement active à l'ouest à partir de mai la France est balayée et se résout à la reddition en juin 40 à travers Pétain.
Un des rares musées si ce n'est le seul qui tient à rester ouvert comme si de rien n'était quand les Allemands entrent dans un Paris déserté. Ils ont bien sûr organisé auparavant la mise à l'abri de certaines pièces.
Jamais entendu parler de ce réseau de résistance avant pour tout dire, pourtant ce serait un des premiers à se former, à l'origine même du mot résistance diffusé dans un tract. Parmi ses membres des intellectuels travaillant au musée tels Boris Vildé, d'origine russe et faux air d'Emmanuel Macron, Lewitsky, Yvonne Oddon et d'autres plus ou moins actifs comme Claude Aveline qui se fait narrateur sur quelques pages.
L'originalité tient aussi au fait que tous les textes et dialogues sont réels, tirés d'ouvrages, de lettres etc. dont l'abondante bibliographie est donnée en fin d'ouvrage. Pas toujours constant ni facile de s'y retrouver dans tous les personnages, c'est un ouvrage qui est aussi bien écrit que graphiquement réussi sur un sujet maintes fois traité mais dont on ne connait jamais tout.
« Nous ne connaîtrons pas un monde qui prolongera la tendance que nous avons connue dans le passé ». Le constat est sans appel. Comme nous le rappellent quotidiennement les informations, les catastrophes climatiques se répètent plus fréquemment et plus violemment, et l’activité humaine conduit inexorablement à la destruction du vivant, menaçant l’existence même de l’humanité. Le monde arrive à un point de basculement, et nous n’aurons pas d’autre choix que de suivre une voie radicalement différente pour préserver la planète et éviter d’aller droit dans le mur. C’est ce que nous dit en substance cet excellent ouvrage concocté par Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.
Jean-Marc Jancovici, brillant polytechnicien et conférencier engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, est le fondateur de Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie carbone, et de The Shift Project, laboratoire d’idées (ou « think tank » pour ceux qui préfèrent un terme anglais) dont l’objectif est de réduire la part des énergies fossiles dans l’économie. Le fameux « bilan carbone », c’est lui-même qui en est à l’origine ! Quant à Christophe Blain, vous le connaissez sans doute déjà puisqu’il est (notamment) le co-auteur, avec Abel Lanzac au scénario, du formidable diptyque "Quai d’Orsay".
Les deux hommes se sont donc associés pour produire ce passionnant essai en s’appuyant sur les plus récentes données socio-économiques et scientifiques. Comme on peut le voir ici, la « data », ce ne sont pas seulement des lignes de chiffres arides dans des tableaux excel. Tout dépend de la façon dont on les utilise, et c’est bien là que réside le talent de Blain, qui parvient à nous captiver, non seulement en rendant les graphes plus parlants mais aussi en nous faisant sourire avec ses « crobards » vifs et facétieux, voire en provoquant quelques fou-rires. Tout au long du livre, il se met en scène avec Jancovici dans une mise en page très libre, sans cases. Les démonstrations exposées par l’ingénieur sont régulièrement ponctuées de dialogues entre les deux hommes, des « respirations » qui rendent la narration encore plus vivante, Blain semblant se délecter du rôle de candide avec une autodérision jubilatoire.
Qu’apprend-on sur la question environnementale (exploitation incontrôlée des ressources, changement climatique, pollutions diverses…) que l’on ne sache déjà par le biais des abondants canaux d’informations de notre époque ? L’intérêt de l’ouvrage est davantage dans l’exposé limpide et ludique qui nous est proposé, afin de bien comprendre ce à quoi nous sommes confrontés.
En guise d’introduction, Jancovici remonte aux sources et nous décrit ce qu’est l’énergie, ce qui constituera la base de son raisonnement. Car si l’énergie, en corrélation avec l’exploitation des ressources naturelles, représente en quelque sorte l’élément fondateur à l’origine des progrès de l’humanité, elle s’avère également la cause des nombreux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Du charbon au nucléaire en passant par le pétrole, elle a permis depuis les débuts de l’industrialisation une progression incroyablement rapide vers un certain bien-être technologique. Le modèle capitaliste a fait le reste, peu soucieux des effets indésirables, en fondant sa croyance sur une théorie pernicieuse élaborée il y a deux siècles, celle de l’économiste Jean-Baptiste Say, qui prétendait que les sources d’énergie étaient gratuites et illimitées. Le problème, c’est que c’est encore cette théorie qui prévaut dans le monde d’aujourd’hui ! Que n’avons-nous choisi de croire celle de son contemporain Charles Dupin, qui disait déjà tout le contraire et souhaitait organiser l’exploitation des ressources… ?
Blain a su trouver par son dessin efficace la métaphore parfaite de ce que l’être humain est devenu : un Iron Man toujours plus assoiffé d’énergie fossile, sa « bibine » favorite étant le pétrole. Notre style de vie a fait de nous des sortes de mutants, et toutes les machines qui nous assistent sont devenues en quelque sorte nos exosquelettes. Si le progrès n’avait pas eu lieu, chaque Terrien aurait en moyenne 200 esclaves (600 pour chaque Français !) à sa disposition pour déployer une force musculaire équivalente à celle de nos machines ! Sachant que nous n’avons pas de planète de rechange et que les ressources vont s’épuiser un jour ou l’autre, que la population terrestre a cru de façon exponentielle avec la révolution industrielle, passant de 500 millions à presque 8 milliards d’êtres humains, il va bien falloir admettre que nous sommes désormais au pied du mur. Et pourtant, alors que la maison brûle, nous nous réfugions dans une forme de déni, peu disposés à renoncer à notre confort moderne, tandis que les vieilles litanies « libérales » sur la croissance sont ressassées inlassablement, tel un vieux vinyle rayé…
Jancovici, lui, tente seulement de nous mettre face à nous-mêmes, sans chercher à nous culpabiliser, privilégie la raison plutôt que la peur, et c’est ce qu’on apprécie particulièrement avec cet ouvrage, car selon lui, « la culpabilité est inhibitrice de l’action ». Certes, le chantier est vaste, et le citoyen, en modifiant ses pratiques de consommation, pourra agir à son échelle, mais cela restera vain sans une réelle volonté des pouvoirs publics. Il propose plusieurs pistes pour tous les domaines (agriculture, transports, logements, etc.), afin d’accompagner une transition inévitable vers la décroissance, à commencer par la sobriété, qui est « choisie et peut s’organiser, tandis que la pauvreté est subie, généralement dans la violence. »
En résumé, « Le Monde sans fin » est une vraie réussite à mettre entre toutes les mains, parce que l’ouvrage réunit de nombreux critères pour une lisibilité parfaite, grâce à sa rigueur narrative et la clarté du propos de « Janco », alliée au dessin plein d’humour de Blain, le tout générant une qualité ludique pour un sujet qui ne l’est pas vraiment à la base. Et l’air de rien, ce livre remet du baume au cœur dans notre contexte particulièrement anxiogène en nous offrant une analyse rationnelle, loin des fantasmes apocalyptiques mis en avant par certains. Il bouscule également nos certitudes et risquerait bien de faire évoluer notre point de vue (c’est mon cas en ce qui me concerne). Ce qui constitue un élément marquant de cet essai, c’est l’approche développée par Jancovici sur le nucléaire, qui prouve de façon très factuelle que cette énergie est aujourd’hui la plus propre, loin d’être aussi dangereuse que l’on veut bien le croire. Notre polytechnicien ne s’est pas fait que des amis chez les écolos avec cette affirmation mais pour lui il est urgent de dédramatiser : « Le nucléaire est un peu comme l’avion de ligne. Les accidents frappent les esprits et créent un sentiment d’effroi. » De plus, les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire) ne suffiront jamais à compenser l’abandon du charbon et du pétrole, qui aujourd’hui représentent une part largement majoritaire des sources d’énergie. On apprendra en conclusion que notre course folle vers le progrès est directement liée à un bout de notre cerveau, le striatum, qui nous pousse à vouloir toujours plus… En avoir conscience, c’est sans doute une bonne manière d’entamer une thérapie de désintoxication… Reste à savoir si les « décideurs » gravement accros à un système largement corrompu par la doxa capitaliste se sentiront concernés par ces propositions visant seulement à ne pas scier la branche sur laquelle on est assis ! Le temps presse…
« Jean Doux et le mystère de la disquette molle », rien que le titre est tout un programme. Ce ne sera pas une lecture qui me restera en mémoire mais j’ai quand même passé un bon moment. Moi même ayant grandi dans les années 90, je me suis bien marré devant les traits d’humour de l’auteur qui prend un malin plaisir à basher cette décennie. J’étais mort de rire devant cette galerie de personnages qui ont tous un nom composé à base de Jean ou Jeanne, même le chien s’appelle « Jean-Iench », et qui sont tous de bon gros clichés de l’employé de base en open space. Aujourd’hui c’est la start up ou les entrepreneurs le truc à la mode, dans les 90’s c’était l’open space le top moumoute branché du monde salarial. Cela m’a d’ailleurs fait penser à cette comédie culte mais totalement inconnue en France, « Office Space » (« 35 heures, c’est déjà trop » en québécois), sujette à de nombreux meme sur le net.
Après l’intrigue est assez déconnante voire délirante à partir de la seconde moitié, mais sans franchir la barrière du n’importe quoi. Le côté surréaliste ne m’a pas gêné, on est à la fois dans le polar et le registre humoristique. Le dessin proposé est dans le ton du récit, quoique puisqu’on est dans les 90’s je l’aurais vu davantage « pixelisé », façon 8 ou 16 bits, tandis que là je lui trouve un côté encore plus vintage, 80’s.
Élégant, émoustillant et malin : Rabaté est en grande forme.
Le dessin d'abord : le trait noir et fragile (et tellement humain !) rehaussé d'un ombrage de pèche sur les peaux. La couleur atténuée, presque bicolore bleu pâle et bistre. Dans l'ensemble une sorte de clarté lunaire qui rappelle peut-être un passé glorieux à l'auteur, les années 60.
Ce décor surexposé met en scène la confrontation de brocanteurs douteux et issus de parcours peu enviables avec la jeunesse dorée d'un village de bord de mer. Dans ce scénario, vaguement anarchiste, où les enfants des rupins s'encanaillent, un seul se rebelle véritablement contre son avenir de militaire fils de gradé.
C'est l'amour impromptu qui fait dérailler les projets et l'ordre social en même temps. Comme on aimerait que cette historiette puisse être vraie...
Peut-être l'est-elle finalement ?
Je suis toute émue après la lecture de cet album.
Tous les aspects de l'histoire m'ont plu. Les dialogues, le décor, le déroulement de l'histoire comme les personnages.
Ce livre n'est pas un conte pour enfant. En tout cas pas seulement. Le dessin (fort empâtement, couleurs vives et silhouettes un peu caricaturales) et le titre qui semblent s'adresser plutôt aux enfants, le volume lui-même (compact avec sa tranche bleue) nous dirigent sur une fausse piste. Il raconte une belle histoire avec des personnages touchants, mais parle aussi d'aujourd'hui et d'hier.
Le scénario est plutôt simple, mais enrichi de petites branches malicieuses et culturelles : Il faut sauver quelques livres de l'autodafé prévu par le Vizir Al Mansour. Ce qui est réussi, c'est que les motivations de chacun, y compris du méchant, sont abordées, et on peut les comprendre voire les partager. C'est l'apanage des livres historiques d'aujourd'hui, on peut se mettre à la place de l'autre, tout en restant attaché aux héros.
Le décor, la ville de Cordoue en 976, sa mosquée, son palais, ses jardins.
Les personnages :
La mule qui rappelle l'Anatole de Philémon, par son rôle espiègle mais muet.
Le voleur, toujours utile dans une histoire drôle, beau gosse roublard et néanmoins looser.
Le vieil érudit, rond, chauve et perché mais qui a une longue histoire derrière lui...
La belle Lubna, esclave copiste, bien à l'abri dans la bibliothèque de Cordoue, jusqu'à ce que cette histoire commence
Et le Vizir Al Mansour, et sa malfaisante ambition.
A mettre entre toutes les mains !
Un western hors norme, nous avons un colt 45 et un héros qui sait le manier mieux que tout le monde, les codes du genre sont donc respectés mais le traitement de notre histoire sort des standards que nous avons l'habitude de lire.
Notre héros est emprisonné pendant toute l'histoire et à l'aide de flash-back, nous découvrons qui est cet homme. Son passé militaire le pousse à se racheter en aidant les plus pauvres et rendre une justice personnelle dans un pays où la loi du plus fort est la règle.
Deux histoires sont imbriquées, l'auteur nous guide patiemment et au fil des pages et nous comprenons de plus en plus les événements qui ont conduit à l'arrestation de notre tueur à gages et des adversaires des forces de l'ordre.
Le départ de cette aventure est muet, mettant en évidence un style graphique et la qualité du dessin.
Le dessin est encore plus original que le scénario, le rythme de lecture varie suivant les passages parfois sans parole ou des doubles pages qui invitent parfois à l'analyse des graphiques ou un dessin minimaliste. Un noir et blanc qui participe à l'ambiance de far west avec tous ces visages abîmés par leurs vies qui ne leur épargnent rien.
Un niveau de qualité scénaristique et visuel surprenant, je ne connaissais pas cet auteur. Un album acheté sur le stand de l'éditeur qui me l'a présenté comme faisant partie d'une trilogie dont le thème est l'enfermement le premier album est Renégat et le second Revanche.
Après son excellent Dracula (Bess), j'étais curieux de découvrir son Frankenstein.
C'est la troisième adaptation du roman de Mary Shelley que je lis et toutes sont en noir et blanc : Frankenstein (Petit à Petit), Frankenstein - Le monstre est vivant et aujourd'hui celle-ci. Un choix gagnant à mes yeux.
Frankenstein est le premier roman de Mary Shelley, publié en 1818. En 1816 un groupe de jeunes "romantiques" sont en vacances en Suisse. Pour passer le temps, ils doivent écrire une histoire d'épouvante. Mary alors âgée de 19 ans gagne ce petit jeu avec son Frankenstein. Il y avait aussi un certain Lord Byron qui lui brouillonne un texte qui sera repris et amélioré plus tard par John Polodori sous le nom de Le Vampire.
Frankenstein fût un roman précurseur pour le fantastique et la science fiction.
Un nombre incalculable d'adaptations dont celles cinématographiques avec Boris Karloff (1931) ou Robert de Niro (1994) pour ne citer que les plus connus.
Une œuvre qui est entrée dans la culture populaire.
Bess reste fidèle au roman. Roman que j'ai lu il y a une trentaine d'années. Pas de grosses surprises à attendre et cela me va à ravir.
Une narration faite en majorité par la voix off de Victor Frankenstein qui donne une atmosphère d'étrangeté, de voyeurisme. Un côté malsain qui m'a beaucoup plu. J'ai été vampirisé de bout en bout.
J'ai ressenti la douleur, la peur et la fureur de ce monstre créé de chair humaine. Je suis passé par toutes les émotions, comment rester insensible ?
Une naissance par expérience scientifique et de suite rejeté par son "père", puis par le reste de la population. Une solitude qui fera de lui un monstre. Mais qui sont réellement les monstres ?
Et maintenant le dessin et là on touche au merveilleux. Quel réalisme.
Un noir et blanc sublime, un trait fin, précis et fourmillant de détails. Il suffit de regarder la page 53 avec sa pluie battante ou les yeux du monstre qui retranscrivent à eux seuls ses émotions.
Une mise en page somptueuse.
Un graphisme qui ensorcelle au point de ne plus pouvoir décrocher avant la dernière planche.
Du gothique à l'état pur.
Un sans faute. Coup de cœur et 5 étoiles.
Je m'étais promis de dédier mon centième avis à Linda mon très bel avatar. Soda est ma série crevette. Je coupe la tête et la queue, je déguste le reste.
La tête, à cause des dessins de Luc Warnant que je trouve brouillons accompagnés de couleurs bien fades.
La queue à cause du scénario de Tome à la théorie très complotiste sur le 11/9 que je ne partage pas du tout. Il y a bien aussi ce "macaques à Spanish harlem" qui abîme la belle bouche de Linda en T3 p18. Pour le reste c'est un délice.
Les dessins de Gazzotti me plaisent beaucoup. Dynamiques, rythmés des dessins qui prennent toutes leurs vigueurs au fil des albums surtout pour les personnages secondaires importants comme Linda ou Pronzini. Dans un autre style j'apprécie le dessin de Dan qui colle bien à l'atmosphère très sombre du T13.
Les couleurs pâlottes au début prennent heureusement de la force à partir du T4.
J'aime beaucoup le travail de Tome sur ses scénarii bien élaborés. Le costume de pasteur est une trouvaille dans un pays où être pasteur est une marque de prestige respectée.
Cela ouvre à Solomon un champ d'actions imprévues dans les églises ou monastères de façons sympathiques, amusantes et crédibles.
Mais en parallèle du lieutenant Solomon, la vedette est la ville de NY. Une ville croquée sur plusieurs époques, des maires Koch, Dinkins et Giuliani.
Trois époques bien différentes et bien marquées dans la série. Koch avec un NY à la mauvaise réputation et des affaires de corruptions supposées faisant les délices des auteurs.
Puis l'épisode sur Dinkins que j'aime beaucoup, annonçant un attentat du type Boston. Puis la période du "zero tolerance" de Giuliani qui rend Ny "trop propre" au goût de Soda (T12 P17).
Cela se traduit dans les scenarii de la fin de la série sur les lois sécuritaires de plus en plus nombreuses.
Une mention sur le tome 7 qui touche à la peine de mort. Mais de nombreux numéros sont vraiment excellents, souvent cyniques et sombres heureusement embellis par beaucoup d'humour et par la présence de la très belle Linda.
Du sujet je connaissais quelques bribes, mais sans en connaitre les détails, ni l’ampleur exacte. Et c’est le principal mérite de cet album de rappeler – au travers de l’expérience et du témoignage de George Takei – cette page peu glorieuse de l’histoire américaine, dans laquelle l’hystérie liée à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor a été exploitée par des hommes politiques opportunistes, sur fond de racisme (je passe sur les vautours rachetant à vil prix les biens des Japonais au moment de leur déportation).
Le sort réservé aux Japonais a presque un caractère universel, tant l’hypocrisie de la démocratie a ici été placée bien haut, sous couvert de défendre ses valeurs.
Mais le récit personnel, la vision de l’enfant qu’était George Takei, mêlée à celle de son père transmis par le même George, rend plus vivant et concret ce triste épisode – et écorne un peu l’auréole de Roosevelt. Tout ceci se marie bien avec la grande histoire.
Seuls les passages (vers la fin) insistant sur la carrière hollywoodienne de Takei, m’ont moins intéressé.
Le dessin n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais ça passe, c’est une sorte de manga pas trop forcé, avec très peu de décor et arrière-plan.
La lecture est, elle, fluide et intéressante, c’est donc une lecture recommandable.
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La Belle et la Bête (Pouss' de Bamboo)
"Ma première BD" de chez Bamboo jeunesse présente le célèbre conte sans texte comme c'est l'usage dans cette collection. Dans l'édition 2021 que je possède aucun texte en fin d'ouvrage. Le seul texte est la petite phrase en haut de page qui lance la page. J'aime bien cet opus pour ses couleurs vraiment très chaudes et belles. Le découpage est très réussi et donne du rythme au récit. Des petits dessins dans quelques bulles pas toujours faciles à comprendre pour des petits. De toute façon c'est une lecture imaginative et créative à partager avec son petit. Des beaux décors et costumes du XIXème siècle. Une Bête vraiment réussie qui dégage beaucoup d'attention et de délicatesse. Une belle réussite pour les enfants.
Des vivants
La couverture n'est pas spécialement avenante mais au moins donne la couleur. Car j'ai en effet beaucoup aimé la colorisation de Simon Roussin, du feutre j'imagine dont on voit parfois les hachures, aux teintes irréelles mais c'est joli. Pour ce qui est de l'histoire sur laquelle je n'avais rien lu avant, elle porte sur le réseau de résistance mis en place au cœur du musée de l'Homme à Paris lors de la Seconde guerre mondiale. Ce musée venait d'ouvrir quelques années avant le conflit, alors en pleine montée en puissance du nazisme et comme un pied de nez aux thèses racialistes outre-Rhin. Ancien musée ethnographique au Trocadéro, il devient musée de l'Homme sous l'impulsion de Paul Rivet pour présenter à tous que la notion de race n'existe pas. Une fois la guerre réellement active à l'ouest à partir de mai la France est balayée et se résout à la reddition en juin 40 à travers Pétain. Un des rares musées si ce n'est le seul qui tient à rester ouvert comme si de rien n'était quand les Allemands entrent dans un Paris déserté. Ils ont bien sûr organisé auparavant la mise à l'abri de certaines pièces. Jamais entendu parler de ce réseau de résistance avant pour tout dire, pourtant ce serait un des premiers à se former, à l'origine même du mot résistance diffusé dans un tract. Parmi ses membres des intellectuels travaillant au musée tels Boris Vildé, d'origine russe et faux air d'Emmanuel Macron, Lewitsky, Yvonne Oddon et d'autres plus ou moins actifs comme Claude Aveline qui se fait narrateur sur quelques pages. L'originalité tient aussi au fait que tous les textes et dialogues sont réels, tirés d'ouvrages, de lettres etc. dont l'abondante bibliographie est donnée en fin d'ouvrage. Pas toujours constant ni facile de s'y retrouver dans tous les personnages, c'est un ouvrage qui est aussi bien écrit que graphiquement réussi sur un sujet maintes fois traité mais dont on ne connait jamais tout.
Le Monde sans fin
« Nous ne connaîtrons pas un monde qui prolongera la tendance que nous avons connue dans le passé ». Le constat est sans appel. Comme nous le rappellent quotidiennement les informations, les catastrophes climatiques se répètent plus fréquemment et plus violemment, et l’activité humaine conduit inexorablement à la destruction du vivant, menaçant l’existence même de l’humanité. Le monde arrive à un point de basculement, et nous n’aurons pas d’autre choix que de suivre une voie radicalement différente pour préserver la planète et éviter d’aller droit dans le mur. C’est ce que nous dit en substance cet excellent ouvrage concocté par Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Jean-Marc Jancovici, brillant polytechnicien et conférencier engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, est le fondateur de Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie carbone, et de The Shift Project, laboratoire d’idées (ou « think tank » pour ceux qui préfèrent un terme anglais) dont l’objectif est de réduire la part des énergies fossiles dans l’économie. Le fameux « bilan carbone », c’est lui-même qui en est à l’origine ! Quant à Christophe Blain, vous le connaissez sans doute déjà puisqu’il est (notamment) le co-auteur, avec Abel Lanzac au scénario, du formidable diptyque "Quai d’Orsay". Les deux hommes se sont donc associés pour produire ce passionnant essai en s’appuyant sur les plus récentes données socio-économiques et scientifiques. Comme on peut le voir ici, la « data », ce ne sont pas seulement des lignes de chiffres arides dans des tableaux excel. Tout dépend de la façon dont on les utilise, et c’est bien là que réside le talent de Blain, qui parvient à nous captiver, non seulement en rendant les graphes plus parlants mais aussi en nous faisant sourire avec ses « crobards » vifs et facétieux, voire en provoquant quelques fou-rires. Tout au long du livre, il se met en scène avec Jancovici dans une mise en page très libre, sans cases. Les démonstrations exposées par l’ingénieur sont régulièrement ponctuées de dialogues entre les deux hommes, des « respirations » qui rendent la narration encore plus vivante, Blain semblant se délecter du rôle de candide avec une autodérision jubilatoire. Qu’apprend-on sur la question environnementale (exploitation incontrôlée des ressources, changement climatique, pollutions diverses…) que l’on ne sache déjà par le biais des abondants canaux d’informations de notre époque ? L’intérêt de l’ouvrage est davantage dans l’exposé limpide et ludique qui nous est proposé, afin de bien comprendre ce à quoi nous sommes confrontés. En guise d’introduction, Jancovici remonte aux sources et nous décrit ce qu’est l’énergie, ce qui constituera la base de son raisonnement. Car si l’énergie, en corrélation avec l’exploitation des ressources naturelles, représente en quelque sorte l’élément fondateur à l’origine des progrès de l’humanité, elle s’avère également la cause des nombreux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Du charbon au nucléaire en passant par le pétrole, elle a permis depuis les débuts de l’industrialisation une progression incroyablement rapide vers un certain bien-être technologique. Le modèle capitaliste a fait le reste, peu soucieux des effets indésirables, en fondant sa croyance sur une théorie pernicieuse élaborée il y a deux siècles, celle de l’économiste Jean-Baptiste Say, qui prétendait que les sources d’énergie étaient gratuites et illimitées. Le problème, c’est que c’est encore cette théorie qui prévaut dans le monde d’aujourd’hui ! Que n’avons-nous choisi de croire celle de son contemporain Charles Dupin, qui disait déjà tout le contraire et souhaitait organiser l’exploitation des ressources… ? Blain a su trouver par son dessin efficace la métaphore parfaite de ce que l’être humain est devenu : un Iron Man toujours plus assoiffé d’énergie fossile, sa « bibine » favorite étant le pétrole. Notre style de vie a fait de nous des sortes de mutants, et toutes les machines qui nous assistent sont devenues en quelque sorte nos exosquelettes. Si le progrès n’avait pas eu lieu, chaque Terrien aurait en moyenne 200 esclaves (600 pour chaque Français !) à sa disposition pour déployer une force musculaire équivalente à celle de nos machines ! Sachant que nous n’avons pas de planète de rechange et que les ressources vont s’épuiser un jour ou l’autre, que la population terrestre a cru de façon exponentielle avec la révolution industrielle, passant de 500 millions à presque 8 milliards d’êtres humains, il va bien falloir admettre que nous sommes désormais au pied du mur. Et pourtant, alors que la maison brûle, nous nous réfugions dans une forme de déni, peu disposés à renoncer à notre confort moderne, tandis que les vieilles litanies « libérales » sur la croissance sont ressassées inlassablement, tel un vieux vinyle rayé… Jancovici, lui, tente seulement de nous mettre face à nous-mêmes, sans chercher à nous culpabiliser, privilégie la raison plutôt que la peur, et c’est ce qu’on apprécie particulièrement avec cet ouvrage, car selon lui, « la culpabilité est inhibitrice de l’action ». Certes, le chantier est vaste, et le citoyen, en modifiant ses pratiques de consommation, pourra agir à son échelle, mais cela restera vain sans une réelle volonté des pouvoirs publics. Il propose plusieurs pistes pour tous les domaines (agriculture, transports, logements, etc.), afin d’accompagner une transition inévitable vers la décroissance, à commencer par la sobriété, qui est « choisie et peut s’organiser, tandis que la pauvreté est subie, généralement dans la violence. » En résumé, « Le Monde sans fin » est une vraie réussite à mettre entre toutes les mains, parce que l’ouvrage réunit de nombreux critères pour une lisibilité parfaite, grâce à sa rigueur narrative et la clarté du propos de « Janco », alliée au dessin plein d’humour de Blain, le tout générant une qualité ludique pour un sujet qui ne l’est pas vraiment à la base. Et l’air de rien, ce livre remet du baume au cœur dans notre contexte particulièrement anxiogène en nous offrant une analyse rationnelle, loin des fantasmes apocalyptiques mis en avant par certains. Il bouscule également nos certitudes et risquerait bien de faire évoluer notre point de vue (c’est mon cas en ce qui me concerne). Ce qui constitue un élément marquant de cet essai, c’est l’approche développée par Jancovici sur le nucléaire, qui prouve de façon très factuelle que cette énergie est aujourd’hui la plus propre, loin d’être aussi dangereuse que l’on veut bien le croire. Notre polytechnicien ne s’est pas fait que des amis chez les écolos avec cette affirmation mais pour lui il est urgent de dédramatiser : « Le nucléaire est un peu comme l’avion de ligne. Les accidents frappent les esprits et créent un sentiment d’effroi. » De plus, les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire) ne suffiront jamais à compenser l’abandon du charbon et du pétrole, qui aujourd’hui représentent une part largement majoritaire des sources d’énergie. On apprendra en conclusion que notre course folle vers le progrès est directement liée à un bout de notre cerveau, le striatum, qui nous pousse à vouloir toujours plus… En avoir conscience, c’est sans doute une bonne manière d’entamer une thérapie de désintoxication… Reste à savoir si les « décideurs » gravement accros à un système largement corrompu par la doxa capitaliste se sentiront concernés par ces propositions visant seulement à ne pas scier la branche sur laquelle on est assis ! Le temps presse…
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
« Jean Doux et le mystère de la disquette molle », rien que le titre est tout un programme. Ce ne sera pas une lecture qui me restera en mémoire mais j’ai quand même passé un bon moment. Moi même ayant grandi dans les années 90, je me suis bien marré devant les traits d’humour de l’auteur qui prend un malin plaisir à basher cette décennie. J’étais mort de rire devant cette galerie de personnages qui ont tous un nom composé à base de Jean ou Jeanne, même le chien s’appelle « Jean-Iench », et qui sont tous de bon gros clichés de l’employé de base en open space. Aujourd’hui c’est la start up ou les entrepreneurs le truc à la mode, dans les 90’s c’était l’open space le top moumoute branché du monde salarial. Cela m’a d’ailleurs fait penser à cette comédie culte mais totalement inconnue en France, « Office Space » (« 35 heures, c’est déjà trop » en québécois), sujette à de nombreux meme sur le net. Après l’intrigue est assez déconnante voire délirante à partir de la seconde moitié, mais sans franchir la barrière du n’importe quoi. Le côté surréaliste ne m’a pas gêné, on est à la fois dans le polar et le registre humoristique. Le dessin proposé est dans le ton du récit, quoique puisqu’on est dans les 90’s je l’aurais vu davantage « pixelisé », façon 8 ou 16 bits, tandis que là je lui trouve un côté encore plus vintage, 80’s.
Sous les galets la plage
Élégant, émoustillant et malin : Rabaté est en grande forme. Le dessin d'abord : le trait noir et fragile (et tellement humain !) rehaussé d'un ombrage de pèche sur les peaux. La couleur atténuée, presque bicolore bleu pâle et bistre. Dans l'ensemble une sorte de clarté lunaire qui rappelle peut-être un passé glorieux à l'auteur, les années 60. Ce décor surexposé met en scène la confrontation de brocanteurs douteux et issus de parcours peu enviables avec la jeunesse dorée d'un village de bord de mer. Dans ce scénario, vaguement anarchiste, où les enfants des rupins s'encanaillent, un seul se rebelle véritablement contre son avenir de militaire fils de gradé. C'est l'amour impromptu qui fait dérailler les projets et l'ordre social en même temps. Comme on aimerait que cette historiette puisse être vraie... Peut-être l'est-elle finalement ?
La Bibliomule de Cordoue
Je suis toute émue après la lecture de cet album. Tous les aspects de l'histoire m'ont plu. Les dialogues, le décor, le déroulement de l'histoire comme les personnages. Ce livre n'est pas un conte pour enfant. En tout cas pas seulement. Le dessin (fort empâtement, couleurs vives et silhouettes un peu caricaturales) et le titre qui semblent s'adresser plutôt aux enfants, le volume lui-même (compact avec sa tranche bleue) nous dirigent sur une fausse piste. Il raconte une belle histoire avec des personnages touchants, mais parle aussi d'aujourd'hui et d'hier. Le scénario est plutôt simple, mais enrichi de petites branches malicieuses et culturelles : Il faut sauver quelques livres de l'autodafé prévu par le Vizir Al Mansour. Ce qui est réussi, c'est que les motivations de chacun, y compris du méchant, sont abordées, et on peut les comprendre voire les partager. C'est l'apanage des livres historiques d'aujourd'hui, on peut se mettre à la place de l'autre, tout en restant attaché aux héros. Le décor, la ville de Cordoue en 976, sa mosquée, son palais, ses jardins. Les personnages : La mule qui rappelle l'Anatole de Philémon, par son rôle espiègle mais muet. Le voleur, toujours utile dans une histoire drôle, beau gosse roublard et néanmoins looser. Le vieil érudit, rond, chauve et perché mais qui a une longue histoire derrière lui... La belle Lubna, esclave copiste, bien à l'abri dans la bibliothèque de Cordoue, jusqu'à ce que cette histoire commence Et le Vizir Al Mansour, et sa malfaisante ambition. A mettre entre toutes les mains !
Revanche (The Hootchie Coochie)
Un western hors norme, nous avons un colt 45 et un héros qui sait le manier mieux que tout le monde, les codes du genre sont donc respectés mais le traitement de notre histoire sort des standards que nous avons l'habitude de lire. Notre héros est emprisonné pendant toute l'histoire et à l'aide de flash-back, nous découvrons qui est cet homme. Son passé militaire le pousse à se racheter en aidant les plus pauvres et rendre une justice personnelle dans un pays où la loi du plus fort est la règle. Deux histoires sont imbriquées, l'auteur nous guide patiemment et au fil des pages et nous comprenons de plus en plus les événements qui ont conduit à l'arrestation de notre tueur à gages et des adversaires des forces de l'ordre. Le départ de cette aventure est muet, mettant en évidence un style graphique et la qualité du dessin. Le dessin est encore plus original que le scénario, le rythme de lecture varie suivant les passages parfois sans parole ou des doubles pages qui invitent parfois à l'analyse des graphiques ou un dessin minimaliste. Un noir et blanc qui participe à l'ambiance de far west avec tous ces visages abîmés par leurs vies qui ne leur épargnent rien. Un niveau de qualité scénaristique et visuel surprenant, je ne connaissais pas cet auteur. Un album acheté sur le stand de l'éditeur qui me l'a présenté comme faisant partie d'une trilogie dont le thème est l'enfermement le premier album est Renégat et le second Revanche.
Frankenstein (Bess)
Après son excellent Dracula (Bess), j'étais curieux de découvrir son Frankenstein. C'est la troisième adaptation du roman de Mary Shelley que je lis et toutes sont en noir et blanc : Frankenstein (Petit à Petit), Frankenstein - Le monstre est vivant et aujourd'hui celle-ci. Un choix gagnant à mes yeux. Frankenstein est le premier roman de Mary Shelley, publié en 1818. En 1816 un groupe de jeunes "romantiques" sont en vacances en Suisse. Pour passer le temps, ils doivent écrire une histoire d'épouvante. Mary alors âgée de 19 ans gagne ce petit jeu avec son Frankenstein. Il y avait aussi un certain Lord Byron qui lui brouillonne un texte qui sera repris et amélioré plus tard par John Polodori sous le nom de Le Vampire. Frankenstein fût un roman précurseur pour le fantastique et la science fiction. Un nombre incalculable d'adaptations dont celles cinématographiques avec Boris Karloff (1931) ou Robert de Niro (1994) pour ne citer que les plus connus. Une œuvre qui est entrée dans la culture populaire. Bess reste fidèle au roman. Roman que j'ai lu il y a une trentaine d'années. Pas de grosses surprises à attendre et cela me va à ravir. Une narration faite en majorité par la voix off de Victor Frankenstein qui donne une atmosphère d'étrangeté, de voyeurisme. Un côté malsain qui m'a beaucoup plu. J'ai été vampirisé de bout en bout. J'ai ressenti la douleur, la peur et la fureur de ce monstre créé de chair humaine. Je suis passé par toutes les émotions, comment rester insensible ? Une naissance par expérience scientifique et de suite rejeté par son "père", puis par le reste de la population. Une solitude qui fera de lui un monstre. Mais qui sont réellement les monstres ? Et maintenant le dessin et là on touche au merveilleux. Quel réalisme. Un noir et blanc sublime, un trait fin, précis et fourmillant de détails. Il suffit de regarder la page 53 avec sa pluie battante ou les yeux du monstre qui retranscrivent à eux seuls ses émotions. Une mise en page somptueuse. Un graphisme qui ensorcelle au point de ne plus pouvoir décrocher avant la dernière planche. Du gothique à l'état pur. Un sans faute. Coup de cœur et 5 étoiles.
Soda
Je m'étais promis de dédier mon centième avis à Linda mon très bel avatar. Soda est ma série crevette. Je coupe la tête et la queue, je déguste le reste. La tête, à cause des dessins de Luc Warnant que je trouve brouillons accompagnés de couleurs bien fades. La queue à cause du scénario de Tome à la théorie très complotiste sur le 11/9 que je ne partage pas du tout. Il y a bien aussi ce "macaques à Spanish harlem" qui abîme la belle bouche de Linda en T3 p18. Pour le reste c'est un délice. Les dessins de Gazzotti me plaisent beaucoup. Dynamiques, rythmés des dessins qui prennent toutes leurs vigueurs au fil des albums surtout pour les personnages secondaires importants comme Linda ou Pronzini. Dans un autre style j'apprécie le dessin de Dan qui colle bien à l'atmosphère très sombre du T13. Les couleurs pâlottes au début prennent heureusement de la force à partir du T4. J'aime beaucoup le travail de Tome sur ses scénarii bien élaborés. Le costume de pasteur est une trouvaille dans un pays où être pasteur est une marque de prestige respectée. Cela ouvre à Solomon un champ d'actions imprévues dans les églises ou monastères de façons sympathiques, amusantes et crédibles. Mais en parallèle du lieutenant Solomon, la vedette est la ville de NY. Une ville croquée sur plusieurs époques, des maires Koch, Dinkins et Giuliani. Trois époques bien différentes et bien marquées dans la série. Koch avec un NY à la mauvaise réputation et des affaires de corruptions supposées faisant les délices des auteurs. Puis l'épisode sur Dinkins que j'aime beaucoup, annonçant un attentat du type Boston. Puis la période du "zero tolerance" de Giuliani qui rend Ny "trop propre" au goût de Soda (T12 P17). Cela se traduit dans les scenarii de la fin de la série sur les lois sécuritaires de plus en plus nombreuses. Une mention sur le tome 7 qui touche à la peine de mort. Mais de nombreux numéros sont vraiment excellents, souvent cyniques et sombres heureusement embellis par beaucoup d'humour et par la présence de la très belle Linda.
Nous étions les ennemis
Du sujet je connaissais quelques bribes, mais sans en connaitre les détails, ni l’ampleur exacte. Et c’est le principal mérite de cet album de rappeler – au travers de l’expérience et du témoignage de George Takei – cette page peu glorieuse de l’histoire américaine, dans laquelle l’hystérie liée à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor a été exploitée par des hommes politiques opportunistes, sur fond de racisme (je passe sur les vautours rachetant à vil prix les biens des Japonais au moment de leur déportation). Le sort réservé aux Japonais a presque un caractère universel, tant l’hypocrisie de la démocratie a ici été placée bien haut, sous couvert de défendre ses valeurs. Mais le récit personnel, la vision de l’enfant qu’était George Takei, mêlée à celle de son père transmis par le même George, rend plus vivant et concret ce triste épisode – et écorne un peu l’auréole de Roosevelt. Tout ceci se marie bien avec la grande histoire. Seuls les passages (vers la fin) insistant sur la carrière hollywoodienne de Takei, m’ont moins intéressé. Le dessin n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais ça passe, c’est une sorte de manga pas trop forcé, avec très peu de décor et arrière-plan. La lecture est, elle, fluide et intéressante, c’est donc une lecture recommandable.