J'ai enfin fini de lire les quatre volumes de l'intégrale de Omaha réédité par Tabou, dans de magnifiques livres superbement reliés et compilant des introduction de Reed Waller, Jim Vance ou Neil Gaiman qui éclairent sur la série et son apport au monde du comics. Rien que cette réédition vaut à elle seul le détour, à mon gout, les albums remettant les épisodes dans l'ordre chronologique, ce qui permet aussi de constater l'évolution du trait de Reed Waller, la série s'étant tout de même étalée sur plusieurs années.
D'autre part, ces introductions éclairent aussi sur la BD en elle-même, entre les interactions de Reed Waller et Kate Worley, amants à la vie, qui apportèrent du poids aux personnages, mais aussi la question de la censure des comics underground, qui se retrouve en filigrane du récit (mais transposé sur la censure des strip-club). Bref, le récit se suffit à lui-seul, mais de connaitre les récits autour permet de mieux en saisir le message, l'importance qu'il a eu et l'impact culturel de Omaha.
Parce que oui, ce comics a eu tout de même son petit impact. Principalement, je pense, pour l'esprit subversif qu'il défendait dans une Amérique Réganienne aux fortes valeurs conservatrices. Car même si le récit est à ranger dans le rayon érotique, je trouve que Neil Gaiman le décrit bien en parlant de récit qui suit la vie de personnes sans couper le moment où ils couchent ensemble. Et, comme il le souligne ensuite, lorsque c'est fait aussi naturellement et sans tabou, on en vient à se demander pourquoi cette sexualité non-exceptionnelle est perpétuellement cachée dans les autres œuvres. A une période où la censure du moindre bout de sein sur Facebook ou sur Youtube est devenue la norme, où le modèle Etat-Unien de morale et de pudibonderie atteint un pic, ce genre de BD fait forte impression et rappelle que le combat pour la liberté fut long, et n'est pas fini.
Car oui, cette BD est une véritable ode à la liberté : liberté sexuelle, liberté de mœurs, liberté d'aimer et de vivre, liberté de nos choix. On y parle sexualité, homosexualité, handicapée et sexualité, prostitution, danseuses nues, amours multiples et valeurs du couple ... La BD est d'ailleurs assez naturelle là-dessus, où les comportements choqués sont montrés comme anormaux. Les protagonistes ne s'offusquent pas de grand-chose, et c'est tout à leur honneur. J'aime beaucoup comme la BD fait passer un message de tolérance dans une communauté d'ami aux mœurs, métiers et envies diverses, mais unies dans l'ouverture d'esprit.
Les personnages anthropomorphes me rappellent très facilement d'autres comics (Fritz le chat ou Donald, par exemple), permettant de jouer sur une idée d'éloignement du réel pour mieux y coller. Cela enlève complètement le côté érotique du récit, certes (sauf si vous êtes adeptes des Fandoms Furrys), mais permet aussi de mieux caricaturer une réalité. Ainsi, et cela m'a surpris énormément, un personnage se déclare communiste dans un récit américain. C'est osé, notamment pour l'époque ! On y trouvera de la bisexualité, une homosexualité montré comme tout à fait normal et sans que son histoire soit tragique du fait de sa sexualité (d'ailleurs il y a plusieurs couples homosexuels). En un sens, j'ai pensé à Sunstone, sorti plus récemment, et qui m'a semblé avoir le même message avec cette même bienveillance envers les personnages.
Eh oui, la bienveillance est aussi présente dans le récit : les auteurs aiment leurs personnages et veulent raconter leur histoire jusqu'à une fin heureuse. Ce ne sera pas facile pour autant, et Omaha tout autant que Chuck devront apprendre à grandir, évoluer et s'apprivoiser. De secrets dévoilés en conflits d'égos, ils finiront toujours par se retrouver car leur amour les porte plus que tout. C'est une épopée d'amour en presque 1.000 planches, et mon petit cœur d’artichaut n'a pas résisté.
Mais si les deux personnages principaux sont merveilleusement bien campés, aussi bien dans leurs relations que dans leurs personnalités, les personnages secondaires sont merveilleux aussi. Jerry, homme d'affaire toujours trouble mais qui se révèle un bon gars ; Joanne, femme qui se prostitue sans aucun soucis et vie sa vie de femme libre ; Rob, photographe gay ; Kurt, personnage plus traditionnel ayant parfois du mal à accepter tout ce qu'il se passe ... Il est juste dommage que le personnage de Shelley, toujours intéressant, finisse par un arc narratif un peu trouble et conclu à la va-vite à mon gout.
C'est d'ailleurs le gros point noir du récit, selon moi : sa fin. On sent que, malheureusement, Kate Worley n'a pas pu le finir de son vivant et que certaines choses sont restées un peu flou. Il fallait une fin, et elle a été posée, mais finalement je suis un peu déçu de certaines choses (Joanne et sa conclusion un peu trop rapide, Shelley et son arc assez peu compréhensible). C'est une fin qui convient et termine la série, mais je dirais que j'en suis peu satisfait. C'est dommage !
Par contre, le reste m'a vraiment transporté et fait bien l'état d'une époque. On y retrouve les magouilles politiciennes et les liens entre riches et puissants, les changements sociétaux et les transformations des villes, la morale et la rigueur bien pensante, la libéralisation des mœurs de ceux qui veulent juste vivre comme ils l'entendent. Mais aussi les espoirs d'une meilleure vie, la solidarité des classes populaires et la convergence des luttes. Ça n'est pas un pamphlet révolutionnaire, mais c'est un appel à lutter. Et c'est assez beau.
Je n'ai presque pas parlé du dessin, qui évolue sacrément au fur et à mesure de la série pour finir sur un trait précis et dynamique, assez proche de certains cartoons dans les modèles des personnages, mais qui retransmet aussi l'atmosphère d'une ville américaine assez précisément. On reconnait facilement les personnages, c'est précis ... J'ai beaucoup aimé !
Bref, je pourrais encore m'étendre sur l’œuvre, mais je dirais simplement qu'après avoir enfin pu lire l'intégralité de l'histoire, je comprends les avis très positifs que beaucoup clament autour de cette BD. Elle a certainement dénoté à son époque, et je dirais presque qu'elle a encore de quoi faire grincer des dents aujourd'hui. Pas sur que le puritanisme présent sur Internet apprécierait cette BD qui n'hésite pas à tout montrer sans rien cacher. Mais, en même temps, cette sexualité n'est jamais érotisé, à mon sens, et fait simplement parti de la vie des personnages. Alors pourquoi le cacher ? C'est entre deux adultes consentants, rien de plus.
Une œuvre très sympathique, assez dense et longue à lire, mais qui vaut le détour. Omaha dénote dans la production massive des comics américains que j'ai pu lire, et se rapproche plus des BD comme Transmetropolitan ou Sunstone, avec un gout de l'irrévérence et de la tolérance des mœurs. Et aussi quelques tacles à l'Amérique bien pensante qui n'est pas celle que veulent vivre la plupart des protagonistes, et par extension leurs auteurs. Nous ne vivons pas en Amérique, mais certains discours entendus cette année font malheureusement bien écho à cette lutte pour vivre comme on l'entend. Ce qui rend la BD tout autant actuelle pour nous autres français !
Je trouve cet album irrésistible sur plusieurs plans. De présenter des "héros" vieillissants est un peu tendance en ce moment. Ici quel régal. Est-ce parce que j'ai un fils Carolomacérien ? Un autre fils métis ? Un tonton para en Indochine démobilisé comme Max ?
Ou alors cette bonne ville de Lille que j'aime beaucoup et cette chaleur des Nordistes ? Toujours est-il que cette série m'a fait vibrer.
Je viens de divulguer une partie du scénario qui est à la fois original, drôle, tendre et plein de sens. Ce type de récit me fait penser au "Choucas" avec un enquêteur improbable sur une recherche biscornue. J'adore.
Les dessins et couleurs sont au niveau, excellents. Des "gueules" de type caricatures qui expriment tous les sentiments possibles. Ces paysages du Nord si bien représentés.
Faire d'un notaire un personnage aussi sympathique que notre Amédée est déjà une prouesse. Il y a des passages tellement drôles (le coup de fil aux archives) et d'autres tellement émouvants (la rencontre avec Jo) que j'applaudis à tous ces dosages de registres.
Oui ! Amédée vivre ! Vivre encore une fois, au soir de sa vie, une vraie aventure. Une aventure qui vous fait sentir la morsure du soleil, le regard des belles filles, celle qui vous confronte à vos limites ou à vos peurs ? Celle que vous n'avez jamais osé entreprendre depuis votre pavillon cossu Marnais.
Pour apporter un sourire dans cette chienne de vie. C'est bien cela qui restera au bout de la route.
En lisant le tome 2 avant le 1, commande oblige, j'ai trouvé la lecture plus facile.
C'est un peu de la triche mais cela permet de rentrer immédiatement dans l'histoire en connaissant bien ce « Ménage à trois ».
Voilà un triangle amical et amoureux à la fois soudé mais aussi détruit par la guerre.
Insaisissable Shirley, la femme aux multiples métamorphoses qui s'engage mais se dérobe aux moments décisifs.
A vouloir trop maîtriser on peut passer à côté de son histoire.
Art lui, accepte ce qui se présente "ne te projette pas Art" bien lui en fasse.
Une exploration des comportements suite à des chocs d’expériences de vie traumatisantes de la guerre mais pas seulement.
Un scénario toujours fouillé abordant des thèmes assez sensibles sans jugement de la part de Cosey. Sur le thème de l'avortement cela fait presque contrepoids avec Zeke raconte des histoires.
Des paysages des Rocheuses ou des falaises italiennes. Des lumières ou des nuits pluvieuses qui donnent des ambiances à vouloir prendre le premier vol pour Denver ou Tarente.
Une très bonne BD signée par maître Cosey.
Jbara vit dans un village marocain isolé qu'elle n'a quasiment jamais quitté depuis sa naissance. Sans doute peu éduquée, en tout cas pas trop au fait sur les sciences naturelles, elle offre son joli corps d'adolescente pour une bouchée de pain, ou du moins un paquet de yaourts, sans prendre conscience de sa valeur. Répudiée, elle se retrouve en ville à devoir user de son corps pour survivre, tout cela avec un continuel dialogue intérieur avec Allah. Elle est devenue une courtisane, pas une prostituée de bas étage.
Voilà une histoire forte, sans réelle surprise, mais qui montre l'injustice faite aux femmes, le poids de la religion, le pouvoir des puissants dont l'argent achète tout comme cet épisode dans la villa où les prostituées sont embarquées quand lui s'en sort sans être inquiété. Elle a dans son malheur une certaine chance dans la vie de tomber aussi sur de bonnes personnes, tel cet imam qui la recueille. Très beau texte.
Je ne connais pas le livre de Michel Bussi donc j'ai pu me laisser emporter par l'épilogue. Trois femmes vivent à Giverny, la ville de Monet devenu un musée à ciel ouvert, mais au-delà de ça on sent une sorte de spleen ambiant, jusqu'à ce qu'un meurtre vienne bouleverser le quotidien. Des enquêteurs débarquent, cherchent des traces pour résoudre cette affaire, accusent, interrogent les habitants. L'histoire est parfois alambiquée et il faut bien suivre mais ça se tient même si je n'ai pas cherché à tout vérifier ni à faire de seconde relecture. Le dessin de Didier Cassegrain est fort beau, jolies couleurs, il fallait au moins ça pour un livre se passant dans une telle ville.
C'est assez facile d'aviser la série des Tintin mais c'est beaucoup plus difficile de la noter.
En effet Hergé nous la joue tellement "Double Face" entre "Tintin au Congo" et "Les Bijoux de la Castafiore" que je pourrais mettre 5 aussi bien que 1 sans sourciller.
Alors je lance ma pièce et on verra...
Enfant, la série commençait à "Tintin en Amérique" donc les épisodes maudits n'étaient pas disponibles. On en parlait avec les parents mais les deux numéros manquants étaient presque un sujet tabou.
Cela excitait ma curiosité car j'aimais bien la série comme beaucoup d'enfants. Elle me faisait rêver d'un ailleurs surtout les forêts d'Amérique Centrale. Et je découvrais la Carmen de Bizet chanté par le gardien du musée. Je m'en souviendrai toujours.
Les vilains Japonais (je ne connaissais pas encore le sac de Nankin), les pauvres Chinois, les débris de l'avion, le " no se", cette Europe de l'Est si proche et si mystérieuse derrière son rideau, tout cela a peuplé mon imaginaire comme aucune autre série.
De plus pour moi c'était l'ami des enfants Miarka, Tchang, Zorrino et Abdallah le farceur.
Mais on vieillit (trop) vite. On découvre que le monde n'est pas si beau et on lit des choses qui me font bondir. "Je vais vous parler aujourd'hui de votre patrie : La Belgique" enseigne Tintin aux petits Congolais. Ou "..., les Aniotas, organisée en vue de combattre l'influence civilisatrice des Blancs...".
Plus colonialiste que ce discours c'est difficile. (Archives Hergé, Casterman 1977) Quant à l'épisode de l'accident de locomotive, il reste pour moi un sommet d'ignominie dans la littérature pour enfants (celle que je connais).
Tout le monde le sait, Hergé a été interviewé maintes fois sur ce sujet mais il faut le redire encore et encore c'est insupportable.
Pourtant 90 ans après Tintin passe en boucle sur les télés, des magazines font leurs unes sur Tintin, les produits dérivés sont partout.
Enfin je pense que Tintin est le seul Européen à pouvoir regarder en face les Superman, Batman ou Spiderman sous le regard goguenard de la petite souris.
Je n'ai pas appris à lire avec Tintin, c'était à l'école ! Mais j'ai appris à rêver avec lui.
Oups ma pièce est tombée sur le 5 (juste sur le bord)
Non je n'ai pas lu les 126 albums de la série. Je ne connaissais pas avant que ma CE2 m'en fasse la publicité. J'ai donc trouvé quelques volumes et je ne suis pas déçu.
Comme j'ai des petits numéros et des plus élevés cela me permet de voir la cohérence graphique de la série. C'est un atout pour les enfants qui s'habituent vite à un goût (Essayez de changer de marque de ketchup !).
J'aime bien le petit format facile à manipuler, à ranger dans le cartable ou dans un sac de ballade. Le graphisme n'est pas de ceux que je préfère mais rien de repoussant pour autant.
J'aime bien ces couleurs un peu gouaches qui peuvent parler aux petits peintres.
Comme dit dans les avis précédents, un numéro pour un thème dominant. 33 pages d'histoire et un petit dossier un peu interactif à la fin. La longueur du récit permet à l'autrice d'aborder le thème de façon suffisamment complète pour un écolier du primaire.
C'est un vrai texte à lire avec des mots à expliquer. Pas de jugement, pas de ton moralisateur et une approche de certains sujets très sensibles. Par exemple j'ai noté une approche de mise en garde sur la pédophilie ou l'inceste (42- Les câlins).
Je pense qu'une partie du livre s'adresse aussi aux parents. Par exemple ne pas s'énerver pendant les devoirs.
Une bonne série à lire ensemble. Même les premiers thèmes sont toujours d'actualité.
Perso je continuerai à les chercher d'occasion car cela fait un beau budget si vous n'avez pas une bibliothèque municipale à proximité.
Avec "Le Journal d'Un Ingénu" Emile Bravo commence son remarquable cycle de Spirou affrontant ces années noires 1939-1945.
Le parti pris de monsieur Bravo a pu en choquer plus d'un car il déconstruit des personnages mythiques de la bd franco-belge pour nous en présenter des facettes originales multiformes. C'est surtout vrai pour Fantasio.
Ici notre Spirou sort de l'enfance dans des conditions particulières car il n'a pas de parents pour le guider dans ses choix. Il n'est pas seul pour autant car Fantasio l'accompagne (et pas si mal que ça !).
Un Fantasio parfois aussi irritant qu'un ado de nos jours qui ne veut en faire qu'à sa tête.
Des choix qui engagent, Spirou va devoir en faire de nombreux jusqu'au plus profond de lui-même.
Entresol ou Dewilde, Choukroune ou Von Glaubitz, Kassandra ou... Kassandra et puis toujours Fantasio. Pas de choix en amitié, elle est indéfectible même si on sert les dents (et sa ceinture) quelques fois.
"Hi hi, Qu'est-ce que tu connais aux femmes, toi ?" ricane Kassandra "Rien" mais pas seulement aux femmes mon pauvre Spirou.
Mais non Spirou possède la connaissance essentielle, celle du grand cœur.
J’adore le fond mais j'apprécie aussi la forme. Des dessins épurés montrant des personnages efflanqués inquiets dans des temps mauvais.
Des couleurs dans les gris, ocre ou marron. Quelques couleurs vives pour célébrer le printemps de l'amour chez Spirou, c'est peu et beaucoup à la fois.
Pour finir sur Fantasio, aucun regret très cher, le loup enragé était prêt à sauter sur sa proie avec ses Panzer, ses avions et ses jeunes hommes fanatisés.
La meilleure bonne foi et bonne idée du monde de Spirou n'y auraient rien changé.
C’est un récit qui pique un peu partout ses influences, autour d’une ambiance pré (voire postapocalyptique), d’enfants sans adultes ayant pris le pouvoir dans une société isolée, et de polar haletant.
Mais l’ensemble est vraiment bien fichu, très rythmé, avec une action prenante qui ne lâche pas le lecteur – même si la chute ultime s’anticipe presque dès le départ.
L’album d’Akiléos reprend l’intégrale de la série, parue initialement en épisodes – ce qui explique les cliffhangers qui régulièrement promettent un nouveau coup de Trafalgar dans et autour de ce groupe de jeunes au fonctionnement de secte, le « meneur » n’étant pas forcément le plus taré (mention spéciale à Curt, l’un des plus jeunes, mais aussi des plus dangereux fous de cette histoire qui plaira sans aucun doute aux amateurs de thrillers bien rythmés).
Voici un récit bien étrange et hermétique de Cosey. Aux vues des avis déjà émis, c'est même un récit assez clivant puisqu'il n’y a presque pas de 3.
Je suis d'accord avec ceux qui trouvent la lecture directe très déroutante et peu accessible. L'introduction de cette (trop ?) longue partie diapo ajoute à l'étonnement.
N'oublions pas que Cosey se positionne souvent au niveau du temps local. La voie la plus rapide du Mékong n'est peut-être pas la ligne droite mais plutôt ses méandres. Ainsi, pour moi, en va-t-il du récit.
La paternité de Zeke est-elle le thème central du récit ? Je n'en suis pas si sûr. Une des clés du récit n'est-il pas l'évocation du drame inversé d'Œdipe ? Tuer sa mère ? Epouser son père ?
Une mère infidèle, ce qui a probablement blessé le petit garçon dont la présence du père manque autant. Une mère supérieure en tout et qui voulait tout régenter. Une mère qui peut se permettre toutes les excentricités car on ne lui dit jamais rien.
Introspection psy, poésie, abaissement de soi pour se mettre au service ou recherche de La femme dans tous ces visages différents des diapos ? La fuite de la voie tracée est la solution que semble avoir choisie Zeke. Mais il y a un prix à payer.
Les dessins et ambiances restent du made in Cosey classique pour les amateurs. Perso j'aime bien les planches de NY au début.
A lire très posément, mais c'est vrai que c'est un ouvrage à digérer. Je comprends très facilement les avis mitigés.
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Omaha - Danseuse féline
J'ai enfin fini de lire les quatre volumes de l'intégrale de Omaha réédité par Tabou, dans de magnifiques livres superbement reliés et compilant des introduction de Reed Waller, Jim Vance ou Neil Gaiman qui éclairent sur la série et son apport au monde du comics. Rien que cette réédition vaut à elle seul le détour, à mon gout, les albums remettant les épisodes dans l'ordre chronologique, ce qui permet aussi de constater l'évolution du trait de Reed Waller, la série s'étant tout de même étalée sur plusieurs années. D'autre part, ces introductions éclairent aussi sur la BD en elle-même, entre les interactions de Reed Waller et Kate Worley, amants à la vie, qui apportèrent du poids aux personnages, mais aussi la question de la censure des comics underground, qui se retrouve en filigrane du récit (mais transposé sur la censure des strip-club). Bref, le récit se suffit à lui-seul, mais de connaitre les récits autour permet de mieux en saisir le message, l'importance qu'il a eu et l'impact culturel de Omaha. Parce que oui, ce comics a eu tout de même son petit impact. Principalement, je pense, pour l'esprit subversif qu'il défendait dans une Amérique Réganienne aux fortes valeurs conservatrices. Car même si le récit est à ranger dans le rayon érotique, je trouve que Neil Gaiman le décrit bien en parlant de récit qui suit la vie de personnes sans couper le moment où ils couchent ensemble. Et, comme il le souligne ensuite, lorsque c'est fait aussi naturellement et sans tabou, on en vient à se demander pourquoi cette sexualité non-exceptionnelle est perpétuellement cachée dans les autres œuvres. A une période où la censure du moindre bout de sein sur Facebook ou sur Youtube est devenue la norme, où le modèle Etat-Unien de morale et de pudibonderie atteint un pic, ce genre de BD fait forte impression et rappelle que le combat pour la liberté fut long, et n'est pas fini. Car oui, cette BD est une véritable ode à la liberté : liberté sexuelle, liberté de mœurs, liberté d'aimer et de vivre, liberté de nos choix. On y parle sexualité, homosexualité, handicapée et sexualité, prostitution, danseuses nues, amours multiples et valeurs du couple ... La BD est d'ailleurs assez naturelle là-dessus, où les comportements choqués sont montrés comme anormaux. Les protagonistes ne s'offusquent pas de grand-chose, et c'est tout à leur honneur. J'aime beaucoup comme la BD fait passer un message de tolérance dans une communauté d'ami aux mœurs, métiers et envies diverses, mais unies dans l'ouverture d'esprit. Les personnages anthropomorphes me rappellent très facilement d'autres comics (Fritz le chat ou Donald, par exemple), permettant de jouer sur une idée d'éloignement du réel pour mieux y coller. Cela enlève complètement le côté érotique du récit, certes (sauf si vous êtes adeptes des Fandoms Furrys), mais permet aussi de mieux caricaturer une réalité. Ainsi, et cela m'a surpris énormément, un personnage se déclare communiste dans un récit américain. C'est osé, notamment pour l'époque ! On y trouvera de la bisexualité, une homosexualité montré comme tout à fait normal et sans que son histoire soit tragique du fait de sa sexualité (d'ailleurs il y a plusieurs couples homosexuels). En un sens, j'ai pensé à Sunstone, sorti plus récemment, et qui m'a semblé avoir le même message avec cette même bienveillance envers les personnages. Eh oui, la bienveillance est aussi présente dans le récit : les auteurs aiment leurs personnages et veulent raconter leur histoire jusqu'à une fin heureuse. Ce ne sera pas facile pour autant, et Omaha tout autant que Chuck devront apprendre à grandir, évoluer et s'apprivoiser. De secrets dévoilés en conflits d'égos, ils finiront toujours par se retrouver car leur amour les porte plus que tout. C'est une épopée d'amour en presque 1.000 planches, et mon petit cœur d’artichaut n'a pas résisté. Mais si les deux personnages principaux sont merveilleusement bien campés, aussi bien dans leurs relations que dans leurs personnalités, les personnages secondaires sont merveilleux aussi. Jerry, homme d'affaire toujours trouble mais qui se révèle un bon gars ; Joanne, femme qui se prostitue sans aucun soucis et vie sa vie de femme libre ; Rob, photographe gay ; Kurt, personnage plus traditionnel ayant parfois du mal à accepter tout ce qu'il se passe ... Il est juste dommage que le personnage de Shelley, toujours intéressant, finisse par un arc narratif un peu trouble et conclu à la va-vite à mon gout. C'est d'ailleurs le gros point noir du récit, selon moi : sa fin. On sent que, malheureusement, Kate Worley n'a pas pu le finir de son vivant et que certaines choses sont restées un peu flou. Il fallait une fin, et elle a été posée, mais finalement je suis un peu déçu de certaines choses (Joanne et sa conclusion un peu trop rapide, Shelley et son arc assez peu compréhensible). C'est une fin qui convient et termine la série, mais je dirais que j'en suis peu satisfait. C'est dommage ! Par contre, le reste m'a vraiment transporté et fait bien l'état d'une époque. On y retrouve les magouilles politiciennes et les liens entre riches et puissants, les changements sociétaux et les transformations des villes, la morale et la rigueur bien pensante, la libéralisation des mœurs de ceux qui veulent juste vivre comme ils l'entendent. Mais aussi les espoirs d'une meilleure vie, la solidarité des classes populaires et la convergence des luttes. Ça n'est pas un pamphlet révolutionnaire, mais c'est un appel à lutter. Et c'est assez beau. Je n'ai presque pas parlé du dessin, qui évolue sacrément au fur et à mesure de la série pour finir sur un trait précis et dynamique, assez proche de certains cartoons dans les modèles des personnages, mais qui retransmet aussi l'atmosphère d'une ville américaine assez précisément. On reconnait facilement les personnages, c'est précis ... J'ai beaucoup aimé ! Bref, je pourrais encore m'étendre sur l’œuvre, mais je dirais simplement qu'après avoir enfin pu lire l'intégralité de l'histoire, je comprends les avis très positifs que beaucoup clament autour de cette BD. Elle a certainement dénoté à son époque, et je dirais presque qu'elle a encore de quoi faire grincer des dents aujourd'hui. Pas sur que le puritanisme présent sur Internet apprécierait cette BD qui n'hésite pas à tout montrer sans rien cacher. Mais, en même temps, cette sexualité n'est jamais érotisé, à mon sens, et fait simplement parti de la vie des personnages. Alors pourquoi le cacher ? C'est entre deux adultes consentants, rien de plus. Une œuvre très sympathique, assez dense et longue à lire, mais qui vaut le détour. Omaha dénote dans la production massive des comics américains que j'ai pu lire, et se rapproche plus des BD comme Transmetropolitan ou Sunstone, avec un gout de l'irrévérence et de la tolérance des mœurs. Et aussi quelques tacles à l'Amérique bien pensante qui n'est pas celle que veulent vivre la plupart des protagonistes, et par extension leurs auteurs. Nous ne vivons pas en Amérique, mais certains discours entendus cette année font malheureusement bien écho à cette lutte pour vivre comme on l'entend. Ce qui rend la BD tout autant actuelle pour nous autres français !
Tananarive
Je trouve cet album irrésistible sur plusieurs plans. De présenter des "héros" vieillissants est un peu tendance en ce moment. Ici quel régal. Est-ce parce que j'ai un fils Carolomacérien ? Un autre fils métis ? Un tonton para en Indochine démobilisé comme Max ? Ou alors cette bonne ville de Lille que j'aime beaucoup et cette chaleur des Nordistes ? Toujours est-il que cette série m'a fait vibrer. Je viens de divulguer une partie du scénario qui est à la fois original, drôle, tendre et plein de sens. Ce type de récit me fait penser au "Choucas" avec un enquêteur improbable sur une recherche biscornue. J'adore. Les dessins et couleurs sont au niveau, excellents. Des "gueules" de type caricatures qui expriment tous les sentiments possibles. Ces paysages du Nord si bien représentés. Faire d'un notaire un personnage aussi sympathique que notre Amédée est déjà une prouesse. Il y a des passages tellement drôles (le coup de fil aux archives) et d'autres tellement émouvants (la rencontre avec Jo) que j'applaudis à tous ces dosages de registres. Oui ! Amédée vivre ! Vivre encore une fois, au soir de sa vie, une vraie aventure. Une aventure qui vous fait sentir la morsure du soleil, le regard des belles filles, celle qui vous confronte à vos limites ou à vos peurs ? Celle que vous n'avez jamais osé entreprendre depuis votre pavillon cossu Marnais. Pour apporter un sourire dans cette chienne de vie. C'est bien cela qui restera au bout de la route.
Le Voyage en Italie
En lisant le tome 2 avant le 1, commande oblige, j'ai trouvé la lecture plus facile. C'est un peu de la triche mais cela permet de rentrer immédiatement dans l'histoire en connaissant bien ce « Ménage à trois ». Voilà un triangle amical et amoureux à la fois soudé mais aussi détruit par la guerre. Insaisissable Shirley, la femme aux multiples métamorphoses qui s'engage mais se dérobe aux moments décisifs. A vouloir trop maîtriser on peut passer à côté de son histoire. Art lui, accepte ce qui se présente "ne te projette pas Art" bien lui en fasse. Une exploration des comportements suite à des chocs d’expériences de vie traumatisantes de la guerre mais pas seulement. Un scénario toujours fouillé abordant des thèmes assez sensibles sans jugement de la part de Cosey. Sur le thème de l'avortement cela fait presque contrepoids avec Zeke raconte des histoires. Des paysages des Rocheuses ou des falaises italiennes. Des lumières ou des nuits pluvieuses qui donnent des ambiances à vouloir prendre le premier vol pour Denver ou Tarente. Une très bonne BD signée par maître Cosey.
Confidences à Allah
Jbara vit dans un village marocain isolé qu'elle n'a quasiment jamais quitté depuis sa naissance. Sans doute peu éduquée, en tout cas pas trop au fait sur les sciences naturelles, elle offre son joli corps d'adolescente pour une bouchée de pain, ou du moins un paquet de yaourts, sans prendre conscience de sa valeur. Répudiée, elle se retrouve en ville à devoir user de son corps pour survivre, tout cela avec un continuel dialogue intérieur avec Allah. Elle est devenue une courtisane, pas une prostituée de bas étage. Voilà une histoire forte, sans réelle surprise, mais qui montre l'injustice faite aux femmes, le poids de la religion, le pouvoir des puissants dont l'argent achète tout comme cet épisode dans la villa où les prostituées sont embarquées quand lui s'en sort sans être inquiété. Elle a dans son malheur une certaine chance dans la vie de tomber aussi sur de bonnes personnes, tel cet imam qui la recueille. Très beau texte.
Nymphéas noirs
Je ne connais pas le livre de Michel Bussi donc j'ai pu me laisser emporter par l'épilogue. Trois femmes vivent à Giverny, la ville de Monet devenu un musée à ciel ouvert, mais au-delà de ça on sent une sorte de spleen ambiant, jusqu'à ce qu'un meurtre vienne bouleverser le quotidien. Des enquêteurs débarquent, cherchent des traces pour résoudre cette affaire, accusent, interrogent les habitants. L'histoire est parfois alambiquée et il faut bien suivre mais ça se tient même si je n'ai pas cherché à tout vérifier ni à faire de seconde relecture. Le dessin de Didier Cassegrain est fort beau, jolies couleurs, il fallait au moins ça pour un livre se passant dans une telle ville.
Les Aventures de Tintin
C'est assez facile d'aviser la série des Tintin mais c'est beaucoup plus difficile de la noter. En effet Hergé nous la joue tellement "Double Face" entre "Tintin au Congo" et "Les Bijoux de la Castafiore" que je pourrais mettre 5 aussi bien que 1 sans sourciller. Alors je lance ma pièce et on verra... Enfant, la série commençait à "Tintin en Amérique" donc les épisodes maudits n'étaient pas disponibles. On en parlait avec les parents mais les deux numéros manquants étaient presque un sujet tabou. Cela excitait ma curiosité car j'aimais bien la série comme beaucoup d'enfants. Elle me faisait rêver d'un ailleurs surtout les forêts d'Amérique Centrale. Et je découvrais la Carmen de Bizet chanté par le gardien du musée. Je m'en souviendrai toujours. Les vilains Japonais (je ne connaissais pas encore le sac de Nankin), les pauvres Chinois, les débris de l'avion, le " no se", cette Europe de l'Est si proche et si mystérieuse derrière son rideau, tout cela a peuplé mon imaginaire comme aucune autre série. De plus pour moi c'était l'ami des enfants Miarka, Tchang, Zorrino et Abdallah le farceur. Mais on vieillit (trop) vite. On découvre que le monde n'est pas si beau et on lit des choses qui me font bondir. "Je vais vous parler aujourd'hui de votre patrie : La Belgique" enseigne Tintin aux petits Congolais. Ou "..., les Aniotas, organisée en vue de combattre l'influence civilisatrice des Blancs...". Plus colonialiste que ce discours c'est difficile. (Archives Hergé, Casterman 1977) Quant à l'épisode de l'accident de locomotive, il reste pour moi un sommet d'ignominie dans la littérature pour enfants (celle que je connais). Tout le monde le sait, Hergé a été interviewé maintes fois sur ce sujet mais il faut le redire encore et encore c'est insupportable. Pourtant 90 ans après Tintin passe en boucle sur les télés, des magazines font leurs unes sur Tintin, les produits dérivés sont partout. Enfin je pense que Tintin est le seul Européen à pouvoir regarder en face les Superman, Batman ou Spiderman sous le regard goguenard de la petite souris. Je n'ai pas appris à lire avec Tintin, c'était à l'école ! Mais j'ai appris à rêver avec lui. Oups ma pièce est tombée sur le 5 (juste sur le bord)
Max et Lili (Ainsi va la vie)
Non je n'ai pas lu les 126 albums de la série. Je ne connaissais pas avant que ma CE2 m'en fasse la publicité. J'ai donc trouvé quelques volumes et je ne suis pas déçu. Comme j'ai des petits numéros et des plus élevés cela me permet de voir la cohérence graphique de la série. C'est un atout pour les enfants qui s'habituent vite à un goût (Essayez de changer de marque de ketchup !). J'aime bien le petit format facile à manipuler, à ranger dans le cartable ou dans un sac de ballade. Le graphisme n'est pas de ceux que je préfère mais rien de repoussant pour autant. J'aime bien ces couleurs un peu gouaches qui peuvent parler aux petits peintres. Comme dit dans les avis précédents, un numéro pour un thème dominant. 33 pages d'histoire et un petit dossier un peu interactif à la fin. La longueur du récit permet à l'autrice d'aborder le thème de façon suffisamment complète pour un écolier du primaire. C'est un vrai texte à lire avec des mots à expliquer. Pas de jugement, pas de ton moralisateur et une approche de certains sujets très sensibles. Par exemple j'ai noté une approche de mise en garde sur la pédophilie ou l'inceste (42- Les câlins). Je pense qu'une partie du livre s'adresse aussi aux parents. Par exemple ne pas s'énerver pendant les devoirs. Une bonne série à lire ensemble. Même les premiers thèmes sont toujours d'actualité. Perso je continuerai à les chercher d'occasion car cela fait un beau budget si vous n'avez pas une bibliothèque municipale à proximité.
Le Spirou d'Emile Bravo - Le journal d'un ingénu
Avec "Le Journal d'Un Ingénu" Emile Bravo commence son remarquable cycle de Spirou affrontant ces années noires 1939-1945. Le parti pris de monsieur Bravo a pu en choquer plus d'un car il déconstruit des personnages mythiques de la bd franco-belge pour nous en présenter des facettes originales multiformes. C'est surtout vrai pour Fantasio. Ici notre Spirou sort de l'enfance dans des conditions particulières car il n'a pas de parents pour le guider dans ses choix. Il n'est pas seul pour autant car Fantasio l'accompagne (et pas si mal que ça !). Un Fantasio parfois aussi irritant qu'un ado de nos jours qui ne veut en faire qu'à sa tête. Des choix qui engagent, Spirou va devoir en faire de nombreux jusqu'au plus profond de lui-même. Entresol ou Dewilde, Choukroune ou Von Glaubitz, Kassandra ou... Kassandra et puis toujours Fantasio. Pas de choix en amitié, elle est indéfectible même si on sert les dents (et sa ceinture) quelques fois. "Hi hi, Qu'est-ce que tu connais aux femmes, toi ?" ricane Kassandra "Rien" mais pas seulement aux femmes mon pauvre Spirou. Mais non Spirou possède la connaissance essentielle, celle du grand cœur. J’adore le fond mais j'apprécie aussi la forme. Des dessins épurés montrant des personnages efflanqués inquiets dans des temps mauvais. Des couleurs dans les gris, ocre ou marron. Quelques couleurs vives pour célébrer le printemps de l'amour chez Spirou, c'est peu et beaucoup à la fois. Pour finir sur Fantasio, aucun regret très cher, le loup enragé était prêt à sauter sur sa proie avec ses Panzer, ses avions et ses jeunes hommes fanatisés. La meilleure bonne foi et bonne idée du monde de Spirou n'y auraient rien changé.
Sheltered - Un récit pré-apocalyptique
C’est un récit qui pique un peu partout ses influences, autour d’une ambiance pré (voire postapocalyptique), d’enfants sans adultes ayant pris le pouvoir dans une société isolée, et de polar haletant. Mais l’ensemble est vraiment bien fichu, très rythmé, avec une action prenante qui ne lâche pas le lecteur – même si la chute ultime s’anticipe presque dès le départ. L’album d’Akiléos reprend l’intégrale de la série, parue initialement en épisodes – ce qui explique les cliffhangers qui régulièrement promettent un nouveau coup de Trafalgar dans et autour de ce groupe de jeunes au fonctionnement de secte, le « meneur » n’étant pas forcément le plus taré (mention spéciale à Curt, l’un des plus jeunes, mais aussi des plus dangereux fous de cette histoire qui plaira sans aucun doute aux amateurs de thrillers bien rythmés).
Zeke raconte des histoires
Voici un récit bien étrange et hermétique de Cosey. Aux vues des avis déjà émis, c'est même un récit assez clivant puisqu'il n’y a presque pas de 3. Je suis d'accord avec ceux qui trouvent la lecture directe très déroutante et peu accessible. L'introduction de cette (trop ?) longue partie diapo ajoute à l'étonnement. N'oublions pas que Cosey se positionne souvent au niveau du temps local. La voie la plus rapide du Mékong n'est peut-être pas la ligne droite mais plutôt ses méandres. Ainsi, pour moi, en va-t-il du récit. La paternité de Zeke est-elle le thème central du récit ? Je n'en suis pas si sûr. Une des clés du récit n'est-il pas l'évocation du drame inversé d'Œdipe ? Tuer sa mère ? Epouser son père ? Une mère infidèle, ce qui a probablement blessé le petit garçon dont la présence du père manque autant. Une mère supérieure en tout et qui voulait tout régenter. Une mère qui peut se permettre toutes les excentricités car on ne lui dit jamais rien. Introspection psy, poésie, abaissement de soi pour se mettre au service ou recherche de La femme dans tous ces visages différents des diapos ? La fuite de la voie tracée est la solution que semble avoir choisie Zeke. Mais il y a un prix à payer. Les dessins et ambiances restent du made in Cosey classique pour les amateurs. Perso j'aime bien les planches de NY au début. A lire très posément, mais c'est vrai que c'est un ouvrage à digérer. Je comprends très facilement les avis mitigés.