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Couverture de la série Zeke raconte des histoires
Zeke raconte des histoires

Voici un récit bien étrange et hermétique de Cosey. Aux vues des avis déjà émis, c'est même un récit assez clivant puisqu'il n’y a presque pas de 3. Je suis d'accord avec ceux qui trouvent la lecture directe très déroutante et peu accessible. L'introduction de cette (trop ?) longue partie diapo ajoute à l'étonnement. N'oublions pas que Cosey se positionne souvent au niveau du temps local. La voie la plus rapide du Mékong n'est peut-être pas la ligne droite mais plutôt ses méandres. Ainsi, pour moi, en va-t-il du récit. La paternité de Zeke est-elle le thème central du récit ? Je n'en suis pas si sûr. Une des clés du récit n'est-il pas l'évocation du drame inversé d'Œdipe ? Tuer sa mère ? Epouser son père ? Une mère infidèle, ce qui a probablement blessé le petit garçon dont la présence du père manque autant. Une mère supérieure en tout et qui voulait tout régenter. Une mère qui peut se permettre toutes les excentricités car on ne lui dit jamais rien. Introspection psy, poésie, abaissement de soi pour se mettre au service ou recherche de La femme dans tous ces visages différents des diapos ? La fuite de la voie tracée est la solution que semble avoir choisie Zeke. Mais il y a un prix à payer. Les dessins et ambiances restent du made in Cosey classique pour les amateurs. Perso j'aime bien les planches de NY au début. A lire très posément, mais c'est vrai que c'est un ouvrage à digérer. Je comprends très facilement les avis mitigés.

29/11/2021 (modifier)
Couverture de la série Serena
Serena

Voilà un album qui développe une histoire étrange, autour d’une femme aussi forte qu’énigmatique (et dérangeante), avec en sus une relation tout aussi étrange entre cette femme (Serena donc) et son mari. J’ai d’ailleurs apprécié de ne pas me voir livrées toutes les clés, un certain mystère restant, mystère accentué par la présence de l’âme damnée de Serena, qui exécute ses basses œuvres et donc le look (sorte de bossu manchot au teint livide et au visage abimé) signe la présence diabolique. D’ailleurs les cheveux roux de Serena ne sont-ils pas la marque du diable (comme on le pensait au moyen-âge) ? Le fait que l’histoire se déroule aux États-Unis durant la grande dépression des années 1930, avec son cortège de malheurs (on le voit ici avec ces pauvres travailleurs risquant leur vie pour gagner quelques dollars) renforce le côté noir de l’histoire. Serena est donc habitée par une ambition froide, qui la fait écarter tout ce qui peut lui faire obstacle, allant jusqu’au bout, que ce soit pour faire table rase autour de son mari, de ses placements fonciers (voir la déforestation forcenée, qui va de pair avec l’accumulation de morts aux allures de moins en moins naturelle). Si au début cette working girl fascine et attire, on perd rapidement l’empathie qu’elle pouvait nous faire ressentir, tellement son côté « obscur » ressort. La froideur avec laquelle elle se présente (y compris avec son mari) donne l’impression qu’elle porte un masque, et qu’elle est une sorte de personnage du théâtre antique – ce que la présence du « chœur » de bucherons qui commente ses actes confirme. Personnage énigmatique et malsain, Serena distille autour d’elle un poison qui agit plus ou moins rapidement. Le lecteur prend peu à peu conscience de son effet délétère sur l’environnement, humain ou naturel. Une histoire intéressante. Note réelle 3,5/5.

29/11/2021 (modifier)
Par PAco
Note: 5/5
Couverture de la série Monstres
Monstres

Wow ! C'te baffe ! Je ne connaissais pas Barry Windsor-Smith, mais là j'avoue que je viens de prendre une bonne grosse claque comme on en prend pas souvent avec une BD ! Barry Windsor-Smith, connu pour son travail sur Conan le Barbare et Wolferine se lance en 1984 dans une histoire autour du personnage de Hulk. Sauf que l'histoire va tourner court avec Marvel, Windsor-Smith se fâche et claque la porte ! Son tort : chercher à donner une profondeur psychologique et une noirceur aux super-héros. Mais Windsor-Smith va continuer à travailler à son projet pendant 40 ans en bâtissant une immense odyssée politique et familiale dont ce pavé est la résultante. Et quand je dis pavé, c'est quasiment autant au sens propre qu'au figuré (380 pages et près de 2kg ) ! Et même si j'en ai eu mal au bras à tenir cet album, impossible de le lâcher tant on est pris par ce récit ! Le récit commence en 1949 par un drame. La mère de Bobby Bailey le découvre dans le cabanon de jardin, la tête à moitié fracassé par son père qui hurle en allemand. Quinze ans plus tard, nous retrouvons Bobby qui tente de se faire enrôler dans l'armée. Sauf que cela ne parait pas gagné... mais le sergent McFarland qui s'occupe du recrutement va orienter notre Bobby vers une affectation bien particulière : le projet Prométhée. C'est ainsi qu'il va devenir malgré lui le cobaye de l'armée américaine qui sous la férule du Colonel Friedrich, un ancien scientifique nazi, va commencer ses expériences génétiques sur Bobby pour tenter d'en faire un "surhomme". A défaut de super-soldat, c'est en monstre que Bobby va rapidement se transformer... McFarland qui culpabilise d'avoir envoyé ce jeune homme vers ce projet top secret va parvenir à le faire échapper. Libre, Bobby va tenter de retrouver les traces de son passé en retournant dans la petite maison où il a grandit avec l'armée à ses trousses. C'est là que petit à petit nous allons découvrir l'histoire de ses parents, tout d'abord par le biais du journal intime de sa mère. D'abord trop heureuse de voir son mari enfin rentrer de la guerre, elle va rapidement déchanter en ne le reconnaissant pas dans cet homme violent et alcoolique qu'il est devenu. En découvrant ce qu'il a vécu là-bas on comprend assez vite que le traumatisme est irréversible... Barry Windsor-Smith, en excellent scénariste s'appuie sur un coup de crayon magistral pour nous propulser dans cet univers tragique digne d'une des meilleures tragédie grecque. On est captivé d'emblée par cette histoire qui se construit et se révèle petit à petit. Chaque voile levé l'un après l'autre révélant l'horreur qui relie l'ensemble de ces protagonistes. Voilà un roman graphique d'une rare puissance, maîtrisé de bout en bout, qui nous scotche tant par la profondeur psychologique des personnages, la construction du récit, que le dessin à l'encrage tout en finesse que magnifie sa maîtrise du noir et blanc. Voilà sans doute pour moi un des meilleurs albums de l'année !

29/11/2021 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5
Couverture de la série Le Caravage
Le Caravage

Le Caravage ? Peu de personnes le connaissent… Pourtant il fait partie de l’histoire de l’art (ou plutôt de la peinture), un de ceux à classer en haut du tableau parmi les Michel Ange, Leonard de Vinci et Raphaël. Le Caravage a vécu dans les alentours de 1600, ses tableaux sont carrément de style photographique tant le rendu est vraiment extraordinaire de réalisme surtout au vu de l’époque. Surtout, ce peintre a révolutionné l’art en « accentuant » le contraste entre l’ombre et la lumière, créant un mouvement (« peinture caravagesque ») repris en majorité par les hollandais (Rembrandt et Van Dyck sont en fait -à mon avis- des « copieurs ») par la suite. Voila pour ce qui est de planter le décor… Sans compter que j’ai une fascination énorme pour cet artiste qui fait partie de mon panthéon de la peinture. C’est donc ce génie de la peinture que Milo Manara a décidé de transposer sa biographie en bande dessinée et… le résultat est vraiment réussi ! Et pourtant, le pari était loin d’être gagné étant donné que la plupart des auteurs ont tendance en général à raconter les biographies de manière très didactique au détriment de l’aspect psychologique du personnage principal. Au contraire, Milo Manara a mis l’accent sur les réactions de lui et de son entourage, son comportement, ses démons, le contexte de l’époque et les moments clés de la vie de Le Caravage pour conter son destin, le résultat m’est apparu enthousiasmant : on s’attache facilement au personnage et on se régale de voir notre « Caravage » évolué dans l’Italie de la fin de XVIème et début du XVIIème siècles. D’autant plus que Milo Manara a un sacré coup de patte ! Dis, Milo Manara, est-ce que tu peux délaisser la bd érotique pour ce genre de récits ? Je dis ça parce que, parce qu’en dehors de l’anatomie des personnages, Milo Manara, a aussi un don pour concevoir de sacrés décors, surtout quand on voit ce qu’il a fait en concevant « Le Caravage ». Le résultat donne une bande dessinée vraiment très agréable à contempler et qui me semble très fidèle à l’environnement de cette époque, on a vraiment l’impression de se balader dans la Rome de la renaissance (même si certains bâtiments semblent exagérément démesurés) ! En clair, ce que Milo Manara nous montre en concevant cet album, c’est qu’il aurait bien pu être à l’aise pour réaliser des récits historiques du moins de cette époque. Alors ? Est-ce que cette mini-récit est exempt de défauts ? A mon avis, non parce que j’ai été parfois dérangé par les sauts de séquences. Plusieurs fois, je me suis demandé si j’avais loupé des pages. L’introduction m’est apparu bizarre, je me suis demandé si ce début était vraiment utile… De plus, certains protagonistes qui ont participé à la carrière de cet artiste auraient mérité d’être plus développés : je pense notamment au fameux « ange gardien » du Caravage dans la deuxième partie de la série dont on ne saura pas trop pourquoi elle essayait de le protéger à ce prix… Et puis, les femmes y apparaissent souvent dévêtues allant jusqu'à ce que l'on voit leurs croupes (pas désagréables pour les yeux de la gente masculine mais était-ce vraiment utile de le faire ?)... Moi qui suis fan du Caravage, je me suis régalé en lisant cette bibliographie en bande dessinée. Après, je ne sais pas si des lecteurs qui ne le connaissent pas vont prendre le même plaisir que j’ai ressenti pour cette réalisation de Milo Manara, je pense qu’il leur faudra un minimum de connaissances de « Le Caravage » et de son œuvre pour se satisfaire pleinement de cette série.

29/11/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Kaboul Disco
Kaboul Disco

« Kaboul Disco » est un carnet de voyages dans la même veine que ce que fait Guy Delisle, mêlant documentaire, anecdotes personnelles, le tout narré avec une bonne dose d’humour et d’autodérision. Nicolas Wild s’était rendu en Afghanistan en 2005, soit un peu moins de quatre ans après les attentats du 11 septembre, au hasard d’une petite annonce. Et c’est peut-être bien ce qui a confirmé chez l’auteur strasbourgeois cette passion du voyage, puisqu’il en a tiré cette bande dessinée, la première de sa bibliographie en tant que dessinateur. A l’époque, Nicolas Wild, comme il le raconte en introduction, était non seulement en manque d’inspiration mais il tirait le diable par la queue et devait quitter rapidement l’appartement que lui sous-louait son pote Boulet, dessinateur tout comme lui. Comme quoi la pression a du bon ! L’auteur va donc se mettre en scène pour raconter son séjour à Kaboul, où il a été recruté par une agence française de communication « civile et sociale », Zendagui, pour illustrer des ouvrages de sensibilisation à la démocratie à destination de la jeunesse, du moins la démocratie selon l’Oncle Tom et ses alliés de l’OTAN participant aux opérations de maintien de la paix. L’agence collabore avec l’armée américaine depuis son installation sur le sol afghan, l’objectif étant de « détalibaniser » le pays. C’est donc un peu dans une bulle — ce qui, on l’imagine, n’était pas pour déplaire à notre bédéaste — que Wild va raconter son séjour. Mais après tout, il ne prétend pas être reporter et sait heureusement se moquer de lui-même. Il n’empêche que ce carnet nous apprend pas mal de choses sur la vie en Afghanistan à l’époque, même si la plupart du temps, l’auteur évoque son quotidien dans l’agence, ses escapades en touriste dans la région et ses virées, parfois nocturnes, dans Kaboul (sorties souvent restreintes qui n’étaient pas dénuées de risques, régulièrement il y avait un couvre-feu, du fait d’une situation encore tendue), la fréquentation avec ses collègues de leur « QG », un restaurant français appelé, sans ironie aucune, « La Joie de Vivre ». Son dessin, globalement minimaliste, possède une rondeur avenante, dont le style peut évoquer les comics trips U.S., et sait s’étoffer lorsqu’il est question de planter un décor ou décrire un paysage. Nicolas Wild ne fait pas du journalisme mais son travail en tant qu’observateur n’est pas dénué d’intérêt, tant s’en faut. Il est dans une démarche modeste et sait rester à sa place. Il évoque son quotidien, pas de façon stupide mais avec la conscience de son rôle de simple exécutant et une maîtrise parfaite de l’autodérision. Il s’abstient de jugements à l’emporte-pièce et préfère adopter la posture du candide que celle trop simpliste du « néo-croisé contre les vilains talibans », cherche à comprendre un contexte géo-politique complexe avec quelques rappels historiques bienvenus. Si Kaboul Disco est avant tout un journal de bord, il fait également office de documentaire historique, dont l’intérêt est renforcé depuis les tristes événements récents en Afghanistan que l’on connaît… et on se dit juste, quelque peu consterné, que si les Talibans ont repris le pouvoir, à quoi tous ces efforts et cet argent ont-ils servi

28/11/2021 (modifier)
Par Fanny
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Technopères
Les Technopères

Jouant sur tous les codes métaphoriques et dystopiques de notre société, Jodorowsky nous prouve encore une fois que la lumière de l’homme peut vaincre les horreurs les plus sombres de notre ère… Tout ça à travers un univers basé sur les jeux vidéos, en faisant des bonds incessants entre le réel et l’irréel : une belle réussite ! A lire absolument.

28/11/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Indes fourbes
Les Indes fourbes

Cet album est un régal pour les yeux et pour l’esprit. C’est très bien écrit, le scénario est vif et maîtrisé, et le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la dernière page (même si la fin est un peu précipitée). Pablos de Ségovie est un personnage truculent qui a plus d’un tour dans son sac et peu de scrupules pour parvenir à ses fins. Un précepte hérité de son père guide sa vie : « Tu ne travailleras point ! ». Les petites escroqueries de sa jeunesse ne l’ayant pas mené bien loin, il embarque pour le Nouveau Monde. Et c’est là que l’Aventure commence… C’est intelligent, drôle et plein d’imagination. Les références à la littérature sont bien trouvées et celles qui font renvoient à la peinture espagnole sont bien vues et intéressantes. Le récit est ponctué de réflexions pertinentes sur la société : la pauvreté, le pouvoir de l’argent ou le ridicule de l’étiquette chez les Grands d’Espagne… Le scénario est découpé en trois chapitres à la pagination importante qui donne tout l’espace nécessaire au développement de l’intrigue. Le lecteur est entraîné vers une série de fausses pistes qui fonctionnent très bien : on les suit sans se poser de questions. Ayroles et Guarnido sont deux auteurs de grand talent tant pour le scénario que pour le dessin. Ils nous donnent un album bien équilibré et même s’il y a quelques baisses de rythme de temps en temps, c’est vraiment un très bon moment de lecture.

28/11/2021 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Tarzan (Bec)
Tarzan (Bec)

Tome 1 Tarzan fait partie de cette catégorie de personnages que tout le monde connait, avec une vision plus ou moins précise de l'histoire originale tant celle-ci a été adaptée sur tous les médias possibles. Christophe Bec signe une version noire, proche de l'originale. On est bien loin d'une version édulcorée Disney par exemple. Si on peut se poser la question de l'intérêt d'une énième version, celle-ci est en tout cas réussie et très agréable à lire malgré, la dureté du récit. Tout le monde connait le pitch : Tarzan va être recueilli et élevé par des singes suite au décès de ses parents dans la jungle africaine, alors qu'il est tout bébé. Cette adoption sera loin d'être un long fleuve tranquille. Cela se traduit par pas mal de scènes violentes. Il n'est pas accepté de tous dans sa nouvelle famille. Peu de texte au début du récit, qui raconte son enfance, mais une mise en image efficace qui ne cache rien de la violence : brimades, coups, et autres morsures sont monnaie courante. Cela donne le ton et montre bien comment ce jeune homme se forgera dans l'adversité. Le récit trouve son équilibre entre l'ambiance toujours pesante, les bêtes sauvages et les dangers n'étant jamais loin, et les comportements humains auxquels Tarzan va être confronté lorsqu'il va les croiser (des indigènes, Jane, ...). Si la cohabitation avec la faune n'était pas simple, les rencontres avec les indigènes seront source de peur de l'autre, d'incompréhension, et de conflits plutôt que dialogues. Idem avec les occidentaux qui se croient plus malins et qui utilisent le fusil avant leur langue. On est face à la triste réalité des hommes. Et bien que ce soit terrible, cela parait tout à fait crédible. Et hélas, c'est juste logique que cela vire à la haine et la soif de vengeance. En résumé c'est dur comme histoire, mais c'est ça qui fait l'intérêt en fin de compte. Cet album se suffit à lui même car il forme une histoire complète que j'ai bien appréciée. Elle donne une vision du personnage et une critique de la civilisation de l'époque qui m'a plu. D'autant que 100 ans après le roman, il ne semble pas que les hommes ont changé leur façon de se comporter... Tome 2 Quelques mois après le tome 1, Bec nous propose une seconde histoire, adaptée d'un autre des romans de Burroughs : Tarzan au centre de la terre. Ce second opus forme une histoire complète et indépendante qui peut se lire toute seule, du moment qu'on connait le personnage. On est clairement plus dans un récit d'aventures aux accents fantastiques. Tarzan part en expédition dans les profondeurs de la terre à la recherche de ses amis portés disparus. Et la il va atterrir en plein coeur d'une civilisation sortie tout droit du find fond de la préhistoire. D'énormes dinosaures tous plus affamés les uns que les autres tenteront de dévorer les protagonistes les uns après les autres. Ajoutons également quelques peuples primitifs pas bien accueillants et le décor est planté. La dimension sociale qui faisait pour moi la force du premier tome n'est pas présente ici. On est plus dans l'aventure et l'action. Les auteurs se sont faits plaisir à mettre en page des scènes d'actions, de combats sur et sous l'eau où Tarzan s'attaque avec son petit couteau à des crocodiles-tortues-dino géants. Plaisant à lire, plutôt efficace mais j'ai préféré le registre du premier tome.

31/03/2021 (MAJ le 28/11/2021) (modifier)
Couverture de la série Babiole et Zou
Babiole et Zou

J'avais remarqué et apprécié dans Cobalt, autre série "mineure", la dextérité de Greg à manier la langue d'une façon incisive, précise, créative et drôle. Je retrouve cet humour dans presque tout le récit de Babiole et Zou. Une utilisation de la langue comme peu savent le faire, c'est un vrai plaisir. Par exemple quand Zou pense « Un policier mélomane ! C'est l'habitude du violon, sans doute..." en onze mots ! Outre le dynamisme de la langue je trouve aussi le dessin très vif qui ne ralentit pas l'action. Bien sur l'intrigue est cousue de fil blanc pour les plus jeunes mais c'est bien fait. Il y a de nombreux artifices comiques utilisés, la répétition, le calembour, l'exagération, la création de langage et autres. IL y a bien le stéréotype de la femme au volant mais tout de suite contrebalancé par la femme conduisant une moto. Dans le début des années soixante !! Brigitte Bardot n'avait pas encore sa Harley (1968) ! Pour finir il y a des idées pas si vieillottes. Une cheffe de production/journaliste pour une émission de futilité ? Mais nos écrans ne sont-ils pas remplis de futilités aujourd'hui ? Et celle que je préfère, son panneau publicitaire avec " FUMEZ PEUH" 25 ans avant la loi Evin. Trop stylé

27/11/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Autopsie d'un imposteur
Autopsie d'un imposteur

Fruit d’une nouvelle collaboration entre Vincent Zabus et Thomas Campi, cette fable sociale matinée de fantastique raconte les déboires d’un jeune homme pris au piège de son arrivisme. Coincé entre la honte de ses modestes racines paysannes et ses rêves irréfrénés de richesse, notre jeune « Rastignac » conserve pourtant quelques états d’âme. Sa soif de réussite ne sera, tentera-t-il de se convaincre, gouvernée que par le mérite et le travail, exempte de salissures… Hélas pour lui, les tentations de la ville auront tôt eu raison de ses prétentions de « self-made man » et de ses principes, bien fragiles devant les prestigieuses vitrines de prêt-à-porter… Ainsi, prêt à ravaler son honneur pour accélérer son ascension, Louis Dansart va s’essayer à la prostitution (clandestine évidemment), jusqu’à ce que son destin bascule lors d’un bal costumé échangiste où il tuera accidentellement une de ses clientes. Comme le suggère la couverture, « Autopsie d’un imposteur », c’est avant tout une affaire de masques, de déguisements, en quelque sorte le fil rouge du récit. Les rapports sociaux sont très souvent régis par l’apparence. Un beau costume servira à revendiquer son statut social ou dissimulera une réalité moins glorieuse, mais reflétera toujours le caractère profond de celui qui le porte. Tout comme le masque, en l’occurrence celui de reptile dont est affublé le jeune homme lorsqu’involontairement il blessera mortellement celle qui avait voulu voir son vrai visage. Dès le début, Louis Dansart est obsédé par cette quête des apparences, et lorsqu’il rentre dans une boutique de luxe pour essayer une jolie veste, le patron le chassera après l’avoir démasqué, renforçant chez Louis cette frustration qui va le pousser à griller les étapes de son ascension sociale en se prostituant. Si on peut comprendre les motivations du personnage, Vincent Zabus le fait apparaître d’emblée sous un jour antipathique par le biais du dialogue « silencieux » entamé avec lui, à moins que ce ne soit la mauvaise conscience du jeune homme qui le titille à la façon d’un Jiminy Cricket sarcastique. On pourrait presque avoir envie de prendre parti pour Louis face à ces accusations partiales, mais la suite permettra au lecteur de constater la lâcheté et la duplicité du bellâtre dont on voit qu’il est prêt à tout pour jeter son passé aux orties. Hélas pour notre « imposteur », devenu mort-vivant par ses mensonges, le passé n’admet jamais d’être oublié et finit toujours par vous rattraper d’une façon ou d’une autre. Telle est sans doute la morale de cette histoire, et l’inquiétant Monsieur Albert, écrivain raté devenu maquereau, est toujours là pour le rappeler au jeune homme, telle la mouche du coche, à coup de citations shakespeariennes. A cet égard, on appréciera la conclusion à la fois inquiétante et malicieuse qui verra un Louis aux prises avec ses vieux démons, masqués (toujours le thème du masque !) pour la circonstance. On pourra juste regretter l’absence de critique sociale, le récit dans sa tonalité romanesque étant davantage centré sur le personnage principal. On n’omettra pas de parler du talent de Thomas Campi, qui sait nous délecter de ses ambiances somptueuses à la colorisation riche et chatoyante, ce qui le rapproche du statut d’artiste. Certaines cases évoquent avec bonheur René Magritte, et ce n’est sans doute pas par hasard si le dessinateur italien a mis en images un album dédié à l’univers du peintre belge ("Magritte, ceci n’est pas une biographie »"), toujours en collaboration avec son complice Vincent Zabus. Et pour se convaincre des affinités de Campi avec le maître du surréalisme, il suffira de se connecter sur son site internet.

27/11/2021 (modifier)