Des vivants

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

Angoulême 2022 - Prix spécial du jury Prix René Goscinny – Jeune scénariste 2022 Eté 1940 : la France est occupée. Certains pourtant refusent la fatalité : à Paris, au coeur du musée de l'Homme, quelques ethnologues se réunissent, bientôt rejoints par des gens de tous horizons - avocats, religieuses ou garagistes. Autour de Boris Vildé, d'Anatole Lewitsky, d'Yvonne Oddon, ces visionnaires posent les bases de la lutte qui mènera à la Libération : évasions de prisonniers, passages vers l'Angleterre ou la zone libre, et publication d'un journal clandestin, Résistance.


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Mais ces insoumis de la première heure seront bientôt trahis, dénoncés à la Gestapo et, pour beaucoup d'entre eux, exécutés. Avec Des Vivants, Raphaël Meltz et Louise Moaty proposent un scénario d'une grande richesse et d'une profonde intégrité : aucun dialogue n'a été inventé, les paroles prononcées par les personnages sont les leurs. Au terme d'une vaste plongée dans d'innombrables documents d'époque - mémoires, lettres, témoignages, entretiens, journaux... - ils composent ce récit en s'effaçant derrière la sincérité et la force de ces voix disparues. Simon Roussin, grâce à une mise en scène subtile et un dessin d'une grande maîtrise, redonne vie à ces fragments d'Histoire, déployant avec justesse tout leur souffle romanesque. Ensemble, ils composent une fresque puissante, rigoureuse et émouvante. Surgi très tôt, trop vite détruit, le réseau du musée de l'Homme est peu à peu sorti de la mémoire collective. Cet album hors normes, à la fois enquête historique, roman de guerre et épopée grandiose, rend ainsi hommage à des hommes et des femmes emportés un jour par cette injonction formidable : résister. Une folle audace autant qu'une évidence ; l'unique moyen, au-delà de tout, de rester vivants.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Octobre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Des vivants © 2024 2021
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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06/12/2021 | cac
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L'avatar du posteur Noirdésir

Le parti pris des auteurs est sans doute pour beaucoup dans la distanciation, la relative froideur des dialogues – et par là même de « l’intrigue ». Mais ce parti pris est aussi gage d’authenticité. En effet, ils se sont servis pour la trame et les dialogues des écrits des personnes évoquées, que ce soit dans des journaux, des lettres – ou alors par des témoignages directs. C’est ainsi qu’est reconstituée la fondation et la vie du réseau du Musée de l’Homme, qui a uni des hommes et des femmes dans la résistance à l’occupation et à la collaboration. C’est un récit intéressant, qui pointe l’enthousiasme, l’intransigeance, mais aussi la folie et l’imprudence de ces personnes qui, pour beaucoup, vont payer de leur vie leur action salvatrice et la confiance qu’ils avaient placé dans certains « traitres ». Album intéressant donc, avec un dessin qui ne joue pas la carte du réalisme, qui est assez proche de celui de Stanislas, mais que j’ai bien aimé. Comme j’ai encore bien aimé le très beau travail éditorial des éditions 2024.

21/12/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 3/5
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Cet album de 230 pages nous raconte l’histoire du réseau clandestin du Musée de l’Homme, l’un des premiers réseaux de résistance français. De sa création à sa liquidation par l’occupant allemand, les auteurs rendent hommage aux hommes et aux femmes qui ont refusé la défaite de la France et la collaboration avec l’Allemagne nazie. Courageux, intègres et déterminés, ils ont œuvré pour convaincre les Français de pas baisser les bras et de résister. Peu expérimentés dans l’action clandestine, le réseau a fini par être infiltré et ses membres arrêtés les uns après les autres. Si l’histoire du réseau du Musée de l’homme est bien connue, les auteurs nous proposent ici une narration tout à fait originale. Le dessin est une vraie réussite. Osant des couleurs inattendues, Roussin réussit son pari. J’ai beaucoup aimé à ceci près que certains visages sont difficiles à identifier et on finit par les confondre. Le grand nombre de cases sans dialogues est aussi une très bonne idée, laissant planer des silences qui collent bien avec l’action clandestine. En ce qui concerne les dialogues, tous repris de lettres, de carnets, et de textes divers écrits par les protagonistes, là c’est autre chose. C’est indéniablement original et respectueux des hommes et des femmes qui se sont battu pour leur idéal de liberté, mais ça devient rapidement pénible à lire vu que ces extraits de textes, qui manquent totalement de naturel, finissent par casser la dynamique du récit. C’est vraiment dommage et au bout de 230 pages, on en peut plus. Une très belle surprise graphique.

20/02/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
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Si l'intention de cette BD est bonne, son rendu ne m'a pas plu. Il s'agit de raconter l'histoire des précurseurs de la Résistance française à l'occupant nazi, un groupe essentiellement centré autour du Musée de l'Homme de Paris et ayant oeuvré à organiser en partie les premiers opposants à l'occupant et à diffuser des informations aux Français et aux combattants, notamment par le biais d'un journal clandestin. Les auteurs ont fait le choix d'un parti pris visant à s'approcher autant que possible de la vérité des faits : la totalité des dialogues des protagonistes de cet ouvrage, des personnages historiques ayant donc véritablement existé, est composée uniquement de mots qu'ils ont vraiment dits ou écrits, extraits de lettres, de discours et autres témoignages avérés. Et c'est ce parti pris qui m'a gâché la lecture. En effet, il en résulte une absence totale de narration d'une part, empêchant une lecture claire et facilement compréhensible, et d'autre part des Dialogues qui sonnent totalement faux car on ressent immédiatement qu'il s'agit de purs extraits de textes écrits n'ayant rien à voir avec du langage parlé, des dialogues parfois à l'imparfait, souvent empli de touches de lyrisme et de formules appuyées que jamais personne n'irait dire à l'oral à moins de réciter un poème. Il en découle une narration hachée, sans naturel, emplie de passages muets, de personnages jamais présentés et parmi lesquels on se perd aisément. J'ai été réticent à ce procédé dès les premières pages et je l'ai enduré tout au long de l'album qui ne présente que de très rares passages de véritables discussions entre personnages. Ca m'a littéralement empêché de m'attacher aux protagonistes, voire même de les identifier parfois car certains apparaissaient et disparaissaient sans que je comprenne qui ils étaient, quelles étaient leurs motivations et leur rôle dans ces évènements. C'est frustrant car il était intéressant de découvrir ces hommes et ces femmes à l'origine même du mot Résistance, mais la lecture de cet album me fut pénible.

10/07/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

La couverture n'est pas spécialement avenante mais au moins donne la couleur. Car j'ai en effet beaucoup aimé la colorisation de Simon Roussin, du feutre j'imagine dont on voit parfois les hachures, aux teintes irréelles mais c'est joli. Pour ce qui est de l'histoire sur laquelle je n'avais rien lu avant, elle porte sur le réseau de résistance mis en place au cœur du musée de l'Homme à Paris lors de la Seconde guerre mondiale. Ce musée venait d'ouvrir quelques années avant le conflit, alors en pleine montée en puissance du nazisme et comme un pied de nez aux thèses racialistes outre-Rhin. Ancien musée ethnographique au Trocadéro, il devient musée de l'Homme sous l'impulsion de Paul Rivet pour présenter à tous que la notion de race n'existe pas. Une fois la guerre réellement active à l'ouest à partir de mai la France est balayée et se résout à la reddition en juin 40 à travers Pétain. Un des rares musées si ce n'est le seul qui tient à rester ouvert comme si de rien n'était quand les Allemands entrent dans un Paris déserté. Ils ont bien sûr organisé auparavant la mise à l'abri de certaines pièces. Jamais entendu parler de ce réseau de résistance avant pour tout dire, pourtant ce serait un des premiers à se former, à l'origine même du mot résistance diffusé dans un tract. Parmi ses membres des intellectuels travaillant au musée tels Boris Vildé, d'origine russe et faux air d'Emmanuel Macron, Lewitsky, Yvonne Oddon et d'autres plus ou moins actifs comme Claude Aveline qui se fait narrateur sur quelques pages. L'originalité tient aussi au fait que tous les textes et dialogues sont réels, tirés d'ouvrages, de lettres etc. dont l'abondante bibliographie est donnée en fin d'ouvrage. Pas toujours constant ni facile de s'y retrouver dans tous les personnages, c'est un ouvrage qui est aussi bien écrit que graphiquement réussi sur un sujet maintes fois traité mais dont on ne connait jamais tout.

06/12/2021 (modifier)