Sous les galets la plage

Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 9 avis)

Dans les années 60, les dernières semaines de vacances d'Albert dans la maison familiale vidée de ses parents et de ses amis... et de leur rencontre avec Odette...


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Anarchiste ! Bretagne

Loctudy, septembre 1963, la station balnéaire se vide de ses derniers résidents estivaux. Seuls Albert, Francis et Edouard, futurs étudiants prolongent leurs vacances en attendant de commencer chacun de brillantes études supérieures devant les mener vers de prestigieuses destinées toutes tracées. Détachés de l'autorité familiale, ces fils de bonne famille comptent bien profiter de cette liberté pour vider quelques bouteilles et vivre de nouvelles expériences. Un soir sur la plage, ils font la connaissance de Odette, jolie jeune fille sans attache familiale qui saura s'y prendre pour les contraindre à participer aux cambriolages des résidences secondaires voisines. Bien que manipulé, Albert le futur gradé militaire, en tombera amoureux et prouvera à la jeune détrousseuse professionnelle que ses sentiments sont sincères et qu'il est prêt à changer de vie pour elle. Mais dans ces familles bourgeoises et patriarcales, on ne fréquente pas n'importe qui, on ne déshonore pas sa famille et on rentre dans le rang quelles que soient les méthodes employées. Les plus inhumains ne sont pas toujours ceux que l'on croit.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Novembre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Sous les galets la plage © Rue de Sèvres 2021
Les notes
Note: 3.56/5
(3.56/5 pour 9 avis)
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26/11/2021 | iannick
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L'avatar du posteur bamiléké

Je ne suis pas séduit par cette série de Pascal Rabaté. Depuis que je lis Rabaté, il y a toujours quelque chose qui m'empêche d'être totalement convaincu malgré des qualités évidentes. Le titre nous introduit immédiatement dans une atmosphère de mai 68 puisque les galets remplacent les pavés. Mais voilà je trouve que 62 est un peu loin de 68 pour que cela soit tout à fait crédible. Il en va de même de la psychologie des trois jeunes hommes qui agissent plus comme des gamins de 14 ans que des presque adultes de 18 ans. J'ai trouvé que le paysage humain que nous propose Rabaté est assez manichéen avec des stéréotypes très marqués. De plus Rabaté utilise des ressorts scénaristiques assez convenus et pas si modernes. Un pseudo complexe de Stockholm pour notre Albert et une révolte contre le destin familial qui n'a rien de nouveau puisque Molière s'était affranchi de la voie paternelle pour suivre son propre chemin. C'est donc une thématique assez connue revisitée à la façon nouvelle vague. Si le texte est quasi inexistant et expéditif, c'est l'ambiance graphique qui porte tout le récit. La variété des éclairages et des cadrages remplace brillamment les paroles. Mais j'ai une autre réserve sur l'ambiance proposée par Rabaté qui ressemble plus à une atmosphère triste de mi-novembre que de fin de vacances. Ce serait d'ailleurs plus à Albert de rentrer sur Paris pour préparer St Cyr que ses petits frères et soeurs. Le dessin de Rabaté reste élégant même si je trouve le personnage d'Albert très figé et trop taiseux pour comprendre son revirement révolutionnaire. Ainsi la fin me paraît trop simpliste et spectaculaire pour que j'y adhère. Une lecture qui a retenu mon attention mais qui ne m'a pas séduit sur de nombreux points.

11/08/2023 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ils sont trois fils de bonne famille dont les parents possèdent une résidence secondaire en Normandie. La fin des vacances arrive et presque tous les vacanciers sont partis. Chacun va rentrer chez lui et suivre des études supérieures comme l’ont décidé leurs parents. Et puis surgit de nulle part une jeune fille qui va leur faire tourner la tête et bouleverser cette fin de vacances bien tranquille. Odette est en fait une voleuse qui agit à la tête d’une bande bien organisée et pille les maisons environnantes de leurs plus beaux meubles. L’un des trois garçons va tomber sous son charme et voir au travers d'elle la possibilité de rompre avec la carrière militaire décidée par son père. La suite vous la lirez. Voilà une bien belle histoire que nous propose Rabate, où se confrontent deux mondes que tout oppose. Rompre avec son milieu bourgeois est - il possible ? Quitter le chemin tout tracé que l’on vous impose est- il souhaitable? Voilà les questions que nous pose Rabate dans ce récit de 144 pages, magnifiquement illustré et aux jolies couleurs pastels. Une belle réussite qui est peut-être passée un peu inaperçue.

22/01/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
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J'ai découvert cette BD avec l'intention de plus avancer dans ma découverte de Pascal Rabaté, auteur dont je n'ai pas lu tant de livres et avec lequel je n'ai pas tant d'atomes crochus que cela. Mais j'essaye, et ce nouvel opus me semble aller dans la lignée de ce que j'ai lu auparavant : bien mais qui ne me touche pas non plus énormément. Cette histoire fleurant bon avec les idées qui exploseront sous mai 68 et qui se développent ici dans un village balnéaire sujet au rapports de forces entre anarchistes et bourgeois bien ancrés dans leurs époques. C'est une sorte d'instantanée des idées de l'époque, l'explosion d'une jeunesse plus attirée par la liberté, les stigmates d'une guerre pas si lointaine et des idées bien réacs sur les colonies ou l'argent. C'est par la propriété (et donc le vol, dixit Proudhon) que tout se jouera : on attaque les valeurs fondamentales d'une société qui se croit supérieure et investie de tout. Mais l'histoire développe surtout une histoire d'amour qui fleure bon la jeunesse romantique qui tente d'échapper à un monde vieux et réactionnaire. C'est mignon et bien amené, même si il manque un petit quelque chose pour que ce soit plus impactant à ce niveau. Pascal Rabaté aime créer des situations dans lesquels les mots sont superflues et les discussions passent avant tout par l'économie de mot. Cependant, cela conduit assez facilement à des échanges parfois trop simples à mon gout, ou des situations dont la résolution est un peu rapide à mon gout, comme lorsque les jeunes s'embrouillent suite à la photo. De fait, j'ai trouvé que l'ensemble était parfait au niveau de l'ambiance, de la façon dont les choses s'emmêlent dans une même trame qui parle plus d'une époque que de ses personnages, mais en même temps j'étais un peu trop détaché de l'histoire et des personnages. C'est, semble-t-il, quelque chose qui m'arrive souvent avec l'auteur. Je ne sais pas si cela vient de l'économie de dialogues qui me conduisent parfois à combler les bancs par mon imagination, et à avoir l'impression que les personnages sont distants, ou si c'est plus que j'ai du mal avec la façon dont il les conduit dans le récit. En somme, une BD qui est bonne, même très bonne je pense, et qui me touche moins qu'elle ne pourrait. En tout cas je vais continuer à lire l'auteur, histoire de me faire mon avis.

21/04/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Une histoire d’amour avec en exergue une citation de Proudhon, et en quatrième de couverture une citation d’André Breton (mon auteur favori – mais pas seulement), voilà de bonnes raisons de se plonger dans la lecture de cet album. Rabaté a publié beaucoup d’albums sur les gens ordinaires, simples, souvent situés dans la France des trente glorieuses. Cet album ne déroge pas, mais il y a ici moins de noirceur, moins de méchanceté face à ces Français moyens. Bien au contraire, il s’attaque ici aux valeurs de la bonne société bourgeoise (la propriété avant tout), au travers de ce groupe de voleurs qui pillent les villas d’une petite ville balnéaire, dans un esprit anarchiste proche de la « reprise individuelle ». Un jeune homme, fils de bonne famille promis à une carrière militaire, tombe amoureux d’une belle voleuse, et c’est un vent de liberté qui souffle fort dans sa vie, au point de lui faire changer de perspective. Une belle histoire d’amour qui se fiche des conventions et des lois et, malgré les rebondissements du dernier tiers, Rabaté fait le choix de laisser la liberté, l’amour, triompher de certains déterminismes de la société, de la morale et de la loi. C’est une histoire agréable à lire, rapidement (peu de texte, et des pages très aérées).

17/04/2022 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Pascal Rabaté est doué pour raconter des histoires en bande dessinée. Son dessin clair, sa mise en page aérée et sa narration fluide plongent immédiatement le lecteur dans l'histoire et l'accrochent jusqu'au bout. Dans le cas présent, l'auteur nous emmène sur une île Bretonne dans les années 60. Mai 68 n'a pas encore eu lieu mais ses germes sont là, qu'il s'agisse de grands adolescents profitant enfin d'un peu de liberté quand leurs parents sont partis en vacances ou d'un groupe de personnes aux idées plus radicalement politisées, dans leurs pensées et dans leurs actes. J'ai apprécié cette lecture sans toutefois me sentir charmé. Je suis resté assez distant au personnage principal et à son comportement. Et je n'ai pas adhéré au discours et à l'état d'esprit de ceux qu'ils rencontrent, pas plus du coup qu'au déroulement de l'intrigue et à son épilogue. Ce fut donc pour moi une lecture pas désagréable car bien construite et maîtrisée sur le plan narratif, mais pas forcément une BD que je conseillerais sans hésiter.

14/04/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

Pascal Rabaté nous sort une épaisse histoire de près de 150 pages chez Rue De Sèvres plutôt bien menée. On rencontre trois copains en vacances au bord de mer dans les années 60. Mai 1968 auquel le titre de l'album fait un clin d’œil n'est pas encore venu. Les garçons croisent une belle donzelle de prime abord qui les appâte et leur joue un mauvais tour permettant par la suite de les faire chanter. L'un deux s'éprend de la belle arnaqueuse et veut se démarquer du carcan familial, surtout de son paternel très traditionaliste et militaire. Une bonne trame qui happe le lecteur, un bon dessin. Très bien.

06/04/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Auteur prolixe, aussi à l’aise au dessin qu’au scénario, Pascal Rabaté nous offre un récit lui permettant d’exprimer à nouveau son talent d’observateur des mœurs sociales. « Sous les galets la plage », c’est la rencontre entre deux mondes opposés. D’un côté, une petite bourgeoisie de province aux vues et aux portefeuilles étriqués, de l’autre, des parias vivant de petites combines pour pouvoir survivre. Et comme le suggère ce titre pour le moins évocateur, ces deux mondes vont s’entrechoquer jusqu’à un final flamboyant, dans un élan vital alimenté par l’amour et la liberté. Ce roman graphique intemporel, qui se déroule dans la France des années 60, va nous mener dans les pas d’Albert, jeune homme de bonne famille dont l’avenir aurait dû être tout tracé sous la férule de son père autoritaire et étouffant, totalement acquis aux valeurs d’une France patriarcale. Le jour où il confie les clefs de la maison de vacances à son fils, qui vient d’avoir 18 ans, il ne se doute pas encore que le destin de celui-ci va basculer radicalement. Car ces clés, que le père lui tend comme si elles étaient « les clés du pouvoir », s’avèreront pour Albert les clés vers la liberté… et lorsque l’amour pointera le bout de son nez, sous l’apparence d’une jolie jeune femme peu loquace sur son passé, le point de retour va être allégrement franchi, pour le plus grand plaisir du lecteur… Sans être trop explicite, grâce à une parole bien choisie ou une simple posture, Rabaté parvient à révéler l’âme de ses protagonistes avec une espièglerie jubilatoire. Ainsi, tout l’état d’esprit du père (qui vouvoie son fils !) est révélé dans cette seule phrase, lorsqu’il vient d’acquérir un meuble à pain dans la brocante du village : « Vous voyez, mon fils, il faut toujours marchander, c’est comme ça que l’on économise et que l’on peut épargner. ». Et c’est bien l’un des points forts de l’auteur, qui a le don de concevoir des dialogues ciselés. Et comme toujours, son trait à la nonchalance étudiée respire la liberté, certaines cases au cadrage très cinématographique évoquant la Nouvelle vague. D’ailleurs, lorsque vers la fin Albert retrouve sa bien-aimée Odette, on pense immanquablement au couple mythique Jean Seberg/Jean-Paul Belmondo dans « A bout de souffle ». Ce thriller social très fluide, qui ressuscite les fantômes de mai 68, se révèle assez puissant sous son apparente légèreté. « Sous les galets la plage », c’est l’histoire d’une révolte d’une génération sur la précédente, sur les trompe-l’œil de la filiation inaltérable et les carcans du patrimoine transmissible, qui nous questionne de façon assez subversive : et si les enfants ingrats avaient raison ? C’est aussi le récit d’une revanche jouissive des « gueux » aux allures de robin des bois sur les parvenus vaniteux. Sans abus de textes explicatifs et d’effets de manche, Pascal Rabaté en profite également pour livrer une attaque cinglante contre les mâles défenseurs d’une France blanche et patriote, nostalgique du « bon temps des colonies », tout cela grâce à une galerie de portraits finement élaborés et des dialogues ciselés. La conclusion est juste formidable, avec cet irrésistible pied de nez dévoilé sur la dernière image par ce fieffé gredin de Rabaté, qui ne peut pas vraiment dissimuler ses sympathies anars !

23/01/2022 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Élégant, émoustillant et malin : Rabaté est en grande forme. Le dessin d'abord : le trait noir et fragile (et tellement humain !) rehaussé d'un ombrage de pèche sur les peaux. La couleur atténuée, presque bicolore bleu pâle et bistre. Dans l'ensemble une sorte de clarté lunaire qui rappelle peut-être un passé glorieux à l'auteur, les années 60. Ce décor surexposé met en scène la confrontation de brocanteurs douteux et issus de parcours peu enviables avec la jeunesse dorée d'un village de bord de mer. Dans ce scénario, vaguement anarchiste, où les enfants des rupins s'encanaillent, un seul se rebelle véritablement contre son avenir de militaire fils de gradé. C'est l'amour impromptu qui fait dérailler les projets et l'ordre social en même temps. Comme on aimerait que cette historiette puisse être vraie... Peut-être l'est-elle finalement ?

05/12/2021 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Après avoir été moyennement convaincu par mes précédentes lectures des bd de Pascal Rabaté, son nouvel album « Sous les galets la plage » me réconcilie avec cet auteur ! « Sous les galets la plage » nous invite à suivre les péripéties d’un jeune homme dans les années 60. Celui-ci se retrouve seul dans la maison familiale pour les dernières semaines de vacances, après le départ de ses parents. Du coup, il en profite pour s’amuser avec ses potes. Et c’est ainsi qu’ils vont rencontrer une jeune femme qui se révèle libertine… Qu’est-ce que j’ai aimé cet album ! Pascal Rabaté, à travers les aventures de notre personnage principal nous fait voyager dans les prémices de mai 1968… on retrouve dans ce one-shot ce désir de se libérer des contraintes familiales, de s’affranchir des barrières sociales, d’être son propre libre-arbitre… Et bizarrement, après la période compliquée que nous avions vécue et à la vue des inspirations de la jeunesse actuelle, je pense que Pascal Rabaté n’a pas vraiment choisi par hasard la situation de son récit dans les sixties tant des similitudes y apparaissent entre ces deux générations. A méditer… Et puis, qu'elle est belle cette histoire d’amour ! Ne vous inquiétez pas, il n’y a rien de niais dans cette histoire, je vous laisse découvrir… Après, pour ce qui est de la partie graphique, au constat de l’excellente maitrise de la narration et de la mise en scène, on sent que l’auteur a une sacrée expérience cinématographique : tout est fluidité dans cet album, les enchainements entre séquences sont comme naturels, le découpage reste suffisamment vivant et varié pour ne pas lasser le lecteur, c’est vraiment du très bon travail ! Je n’ai pas pu juger de la mise en couleur étant donné que j’ai acquis sa version noir et blanc. Ça faisait un bon moment que les récits de Pascal Rabaté ne m’avaient pas autant enthousiasmé, son nouvel album renoue avec ce que j’avais aimé lors de la lecture de Les Petits Ruisseaux du même auteur : une histoire accrocheuse, simple et universelle ; un désir de faire un récit sentant bon la liberté, une certaine révolte contre les préjugés et l’ordre social… Une nomination à la sélection officielle d’Angoulême 2022 -à mon avis- amplement méritée !

26/11/2021 (modifier)