Ouaw!! Une bonne grosse baffe comme on aimerait s'en prendre plus souvent. Tout comme Ro le dit dans son avis je rédige cet avis en écoutant la version de "Love in Vain" par les Rolling Stones, putain les gars le plus grand groupe de rock’n’roll du monde, géant.
Mes prédécesseurs ont tout dit sur la très grande qualité de cet album, du dessin juste parfait à tout le reste qui est comme une page de l'histoire du blues aux États Unis. J'avais déjà entendu parler de cette fameuse légende du musicien qui vend son âme au diable pour acquérir ce toucher musical incomparable, et puis les reprises des Stones. Rien à ajouter, un seul mot : Génial!!
Dans la forêt sombre et mystérieuse, c’est du Winshluss pur jus : un univers graphique foisonnant et reconnaissable au premier coup d’œil, une imagination fertile et délirante, un humour féroce et surtout ce talent pour détourner et caricaturer les contes.
Néanmoins, l’auteur, bien que toujours cynique et irrévérencieux, semble s’être pas mal assagi dans cet album, moins trash, moins « méchant » que ses ouvrages précédents ; le passage chez l’éditeur Gallimard sans doute. Il y a également plus de tendresse pour ses personnages, notamment pour Angelo, le personnage principal.
J’ai beaucoup aimé cet album faussement enfantin. L’humour, omniprésent, fait presque toujours mouche et cet univers personnel nourri de multiples références est assez savoureux. Le personnage d’Angelo est réussi et attachant et l’on suit avec plaisir ses pérégrinations forestières.
Dans la forêt sombre et mystérieuse est un joli conte moderne tout public à la fois drôle et passionnant. A découvrir évidemment.
C'est donc la légende de Médée vue par ses yeux à elle. Et c'est en lisant cette BD que j'ai découvert que je ne connaissais en fait pas du tout Médée même si j'avais évidemment souvent entendu son nom. Je croyais à tort qu'il s'agissait d'une des sorcières de Thessalie. En réalité, sans entrer dans les détails de son arbre généalogique, c'est un personnage secondaire de la légende de Jason et les Argonautes et aussi un peu de Thésée. Son parcours se révèle assez sinistre, encombré de vengeances, d'infanticide et de fratricide assez expéditif.
On imagine donc un personnage noir, menaçant et égoïste. Mais en racontant sa vie avec ses yeux à elle, en montrant sa jeunesse et ce qui l'a doucement amené à faire ses choix, on comprend son parcours et on ne peut que se ranger à ses côtés quelque soit la noirceur de ses actes.
C'est un récit enrichissant et bien mené. Les personnages y sont bons, la retranscription d'une Grèce Antique et d'une Colchide mythique mais réaliste y est réussie, et le rythme du récit est prenant. Et surtout il y a le dessin si personnel et qui me plait toujours autant de Nancy Peña. Je le trouve très beau, plein de charme. Même les couleurs pourtant assez sombres me plaisent par leur élégance. Je n'y ai qu'un unique regret : les yeux un peu trop gros de certains personnages vus de profil qui leur donnent un aspect presque cyclopéen.
Une belle BD qui apporte un regard neuf et profond sur un personnage mythique finalement peu connu.
Ca y est, je l'ai fini. Un mois après la découverte de l'exceptionnel Les Passagers du vent, je me suis enfin attelé à la lourde tâche de lire la dernière série de Bourgeon que je n'avais pas lue. Et quand je dis s'atteler, il faut vraiment s'y atteler. C'est pas le genre de lecture qu'on fait tranquillement.
Ce qui est certain, c'est que la BD est à mon avis la moins bonne des séries de Bourgeon. Et qu'elle est vraiment très très bien (le bonhomme est vraiment très bon, ça n'est plus à prouver). Mais, j'ai été un peu moins enthousiaste que pour les autres séries du genre.
J'ai eu la chance de la lire très tardivement, lorsque tous les tomes étaient sortis. Je n'ai donc pas eu la découverte progressive de la série et les petites déceptions qui peuvent accompagner certains tomes, même si j'ai senti également un passage différent dans les tomes 4 et 5. Mais de tout lire d'un coup m'a laissé à la fois dans la série et dans le sens que les auteurs voulaient lui donner. Du coup, le final est effectivement très cohérent avec le reste de la série et conclut d'une façon très satisfaisante. Mais je reconnais qu'il m'a semblé également qu'il y avait plus de force dans les deux premiers tomes que dans les suivants.
Cela dit, j'ai adoré la série : l'ambiance, l'univers, les décors, les personnages, l'héroïne, l'histoire et les critiques émises (car il y a de nombreuses critiques émises à travers ces découvertes de monde, et plus d'une m'a semblé pertinente). C'est innovant, bien mené et complexe (presque un peu trop d'ailleurs, on peut se perdre dans les premiers tomes ou au fil des tomes). Mais dépaysant, ça c'est certain !
En prime, il y a le dessin de Bourgeon, particulier et nécessitant un petit temps d'adaptation (notamment dans le fait qu'il a une certaine rigidité dans les scènes d'actions ou dans la continuité des cases) mais qui a un coup de crayon indéniable. On est plongé dedans avec délice et l'inventivité de la faune ou de la flore ajoute un charme à la série.
La série est vraiment excellente, possédant beaucoup de qualités et bien que ce soit dur d'accès, je recommande cette lecture. L'auteur est décidément excellent, je suis sous le charme.
C'est une BD qu'on prend et qu'on ne lâche plus.
C'est une véritable plongée dans le Moyen-âge. Ca ne raconte pas l'histoire des Rois ou des guerres de l'époque mais celle de la vie du poète François Villon.
On y retrouve la vie des gens « communs » dans le Paris du XVème siècle. La misère y est omniprésente. La vision du droit et de la justice de l’époque est très bien évoquée.
Bien que le récit soit probablement un peu romancé, c'est très bien documenté. Ca fourmille de détails sur cette époque.
On voit aussi avec les extraits des poèmes tout le talent de François Villon (mais aussi l’évolution du français depuis le moyen-âge). On voit le paradoxe entre ce talent d’écrivain et sa vie de « malfrat » ou il n’y a aucune limite dans la malhonnêteté.
Le dessin est beau, ni trop détaillé, ni trop simple. Ca se lit très facilement.
C’est une excellente BD historique !
Décidément, Raymond Calbuth me vend toujours autant du rêve.
A chaque fois que j'ouvre un album, je me bidonne sec. Je ne sais pas où Tronchet est allé chercher tout ça, mais je me régale de cet aventurier en pantoufles.
Car Raymond Calbuth est un vrai aventurier, et un homme de challenges. Il a fait des milliers de fois le tour de son appartement, a dompté la baignoire de sa salle de bains, n'hésite pas à sortir chercher le pain sans porter de chaussettes et possède le record du monde de dépiautage d'emballage de vache qui rit.
Vous l'aurez compris, ici, le ton est absurde au possible. Raymond et Monique font de chaque instant de leur vie un moment fort et inoubliable, que ce soit en faisant les courses, en allant dans le métro ou en débouchant la baignoire. L'humour consiste à se foutre de la tronche des protagonistes, mais gentiment. Car un mec qui est aussi perché que Raymond Calbuth est forcément attachant.
Le dessin de Tronchet colle à merveille à l'ambiance, et le look de nos deux héros est terrible, Raymond avec son peignoir rouge et ses pantoufles et Monique avec ses bigoudis.
Une grande réussite.
Mon coup de coeur pour 2017!
J'ai tout aimé dans ce one shot. Tout d'abord le scénario, qui m'a appris l'existence des hibakusha d'une part, et qui balance entre réalité de l'horreur de cette guerre, et amour fantasmé d'autre part.
Mais ce que j'ai aimé par dessus tout ce sont les dessins magnifiques et le choix des couleurs entre sobriété et magnificence du rouge.
Quel plaisir de tenir cette BD entre les mains!
Alexis Deacon est un auteur-illustrateur anglais et ce conte médiéval sombre est paru initialement chez Nobrow Editions. Il met en scène dans une ambiance légèrement onirique un concours organisé pour succéder à la tête du pouvoir d'un royaume suite à la mort de la matriarche Matarka. Cinquante concurrents se retrouvent convoqués en pleine nuit pour entamer ce défi. Parmi eux de farouches intrigants envieux de conquérir le trône mais aussi d'autres qui ont bien moins d'ambition voire aucune envie d'y participer. Mais voilà, c'est la sinistre sorcière Niope qui organise le concours à la façon d'un maléfice qui implique tous les participants et l'organisatrice elle-même et auquel personne ne peut échapper autrement que par la mort.
Le récit s'entame pour les lecteurs comme pour l'héroïne principale comme un mauvais rêve, une brusque plongée dans un concours mortel à peine tiré du sommeil nocturne. L'ambiance est posée, elle est à la fois fantastique, sombre et légèrement irréelle. Mais son aspect inquiétant doit faire face à des personnalités fortes et intéressantes. La jeune héritière intelligente et très brave, l'arriviste sournois et dangereux mais en réalité traumatisé par sa jeunesse, la gentille sorcière trop faible face à la puissante Niope, ou encore le petit bourgeois qui mêle ridicule et insouciance à une bonne volonté et un amour de jeunesse... Bien malgré eux, ils vont devoir essayer de s'allier alors que le maléfice les forcent à se dresser les uns contre les autres.
Ce qui commence comme une simple suite d'épreuves magiques dont on imagine initialement que la gentille héroïne va sûrement sortir vainqueur comme dans n'importe quel aimable conte, se révèle rapidement bien plus imprévisible, complexe et surtout captivant. Le lecteur est pris dans le rythme et les rebondissements de l'intrigue.
L'ensemble est soutenu par un graphisme et une colorisation tout en atmosphère qui fonctionne parfaitement pour entretenir le charme de cette bande dessinée.
Une chouette lecture dont il me tarde de lire la conclusion.
Cette série est visiblement inspirée d’une autobiographie (je ne connaissais ni ce livre ni le bonhomme), et promet d’être rapidement conclue par un second tome (qui se fait attendre depuis plusieurs années toutefois...).
Mais déjà cette première partie est assez captivante. Elle nous présente un homme, Charles Duchaussois, qui traverse les événements de mai 1968 en petit délinquant, et qui part ensuite dans un long, très long trip : dans ce premier tome, nous le voyons au Liban, en Turquie, puis en Inde, et le quittons lorsqu’il part pour le Népal.
Toujours en marge de la société, vivotant de manière pas toujours légale, et expérimentant à peu près toutes les drogues, Charles est un homme plein de vie, qui est un peu l’image d’une époque, marqué par la liberté (sexuelle, de parole, de voyager) et les grandes remises en cause. Si les enjeux sociétaux et politiques de mai 1968 le laissaient froid, Charles remet bien en cause une certaine société, par ses manières et sa fuite en avant.
Pour le moment, cette histoire se laisse lire de manière agréable (le dessin de Jef, très fluide, y est aussi pour quelque chose), et j’attends de voir comment va se finir ce trip dans le second tome.
Le dernier dimanche matin à Angoulême, j'arpentais l'allée centrale de la bulle des indés en compagnie du sieur PAco quand, oh joie, nous apercevons pas moins que le sieur L. Trondheim himself sur le stand de l'Association qui dédicace à tour de crayon. Je feuillette, me demandant tout de même s'il est bien raisonnable d'acheter cette BD qui de prime abord me semble un tantinet juvénile pour mes cheveux blancs.
Et puis zou, je me lance, fais la queue un court moment et me retrouve avec une dédicace fort originale. Une fois de retour je lis que dis-je je dévore cette bande et me dit in petto mais le bougre c'est pas un truc pour gamins ça. Finalement ce Lapinot a pas mal de choses à nous dire sur notre mode de vie, nos relations aux autres. Plus qu'un faire valoir, Richard assène quelques vérité bien senties.
Allez j'avoue je ne connaissais pas ce Lapinot mais nul doute qu'après cette lecture j'irai m'y coller sur ses autres aventures. Très, très sympa.
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Love in Vain
Ouaw!! Une bonne grosse baffe comme on aimerait s'en prendre plus souvent. Tout comme Ro le dit dans son avis je rédige cet avis en écoutant la version de "Love in Vain" par les Rolling Stones, putain les gars le plus grand groupe de rock’n’roll du monde, géant. Mes prédécesseurs ont tout dit sur la très grande qualité de cet album, du dessin juste parfait à tout le reste qui est comme une page de l'histoire du blues aux États Unis. J'avais déjà entendu parler de cette fameuse légende du musicien qui vend son âme au diable pour acquérir ce toucher musical incomparable, et puis les reprises des Stones. Rien à ajouter, un seul mot : Génial!!
Dans la forêt sombre et mystérieuse
Dans la forêt sombre et mystérieuse, c’est du Winshluss pur jus : un univers graphique foisonnant et reconnaissable au premier coup d’œil, une imagination fertile et délirante, un humour féroce et surtout ce talent pour détourner et caricaturer les contes. Néanmoins, l’auteur, bien que toujours cynique et irrévérencieux, semble s’être pas mal assagi dans cet album, moins trash, moins « méchant » que ses ouvrages précédents ; le passage chez l’éditeur Gallimard sans doute. Il y a également plus de tendresse pour ses personnages, notamment pour Angelo, le personnage principal. J’ai beaucoup aimé cet album faussement enfantin. L’humour, omniprésent, fait presque toujours mouche et cet univers personnel nourri de multiples références est assez savoureux. Le personnage d’Angelo est réussi et attachant et l’on suit avec plaisir ses pérégrinations forestières. Dans la forêt sombre et mystérieuse est un joli conte moderne tout public à la fois drôle et passionnant. A découvrir évidemment.
Médée (Le Callet / Peña)
C'est donc la légende de Médée vue par ses yeux à elle. Et c'est en lisant cette BD que j'ai découvert que je ne connaissais en fait pas du tout Médée même si j'avais évidemment souvent entendu son nom. Je croyais à tort qu'il s'agissait d'une des sorcières de Thessalie. En réalité, sans entrer dans les détails de son arbre généalogique, c'est un personnage secondaire de la légende de Jason et les Argonautes et aussi un peu de Thésée. Son parcours se révèle assez sinistre, encombré de vengeances, d'infanticide et de fratricide assez expéditif. On imagine donc un personnage noir, menaçant et égoïste. Mais en racontant sa vie avec ses yeux à elle, en montrant sa jeunesse et ce qui l'a doucement amené à faire ses choix, on comprend son parcours et on ne peut que se ranger à ses côtés quelque soit la noirceur de ses actes. C'est un récit enrichissant et bien mené. Les personnages y sont bons, la retranscription d'une Grèce Antique et d'une Colchide mythique mais réaliste y est réussie, et le rythme du récit est prenant. Et surtout il y a le dessin si personnel et qui me plait toujours autant de Nancy Peña. Je le trouve très beau, plein de charme. Même les couleurs pourtant assez sombres me plaisent par leur élégance. Je n'y ai qu'un unique regret : les yeux un peu trop gros de certains personnages vus de profil qui leur donnent un aspect presque cyclopéen. Une belle BD qui apporte un regard neuf et profond sur un personnage mythique finalement peu connu.
Le Cycle de Cyann
Ca y est, je l'ai fini. Un mois après la découverte de l'exceptionnel Les Passagers du vent, je me suis enfin attelé à la lourde tâche de lire la dernière série de Bourgeon que je n'avais pas lue. Et quand je dis s'atteler, il faut vraiment s'y atteler. C'est pas le genre de lecture qu'on fait tranquillement. Ce qui est certain, c'est que la BD est à mon avis la moins bonne des séries de Bourgeon. Et qu'elle est vraiment très très bien (le bonhomme est vraiment très bon, ça n'est plus à prouver). Mais, j'ai été un peu moins enthousiaste que pour les autres séries du genre. J'ai eu la chance de la lire très tardivement, lorsque tous les tomes étaient sortis. Je n'ai donc pas eu la découverte progressive de la série et les petites déceptions qui peuvent accompagner certains tomes, même si j'ai senti également un passage différent dans les tomes 4 et 5. Mais de tout lire d'un coup m'a laissé à la fois dans la série et dans le sens que les auteurs voulaient lui donner. Du coup, le final est effectivement très cohérent avec le reste de la série et conclut d'une façon très satisfaisante. Mais je reconnais qu'il m'a semblé également qu'il y avait plus de force dans les deux premiers tomes que dans les suivants. Cela dit, j'ai adoré la série : l'ambiance, l'univers, les décors, les personnages, l'héroïne, l'histoire et les critiques émises (car il y a de nombreuses critiques émises à travers ces découvertes de monde, et plus d'une m'a semblé pertinente). C'est innovant, bien mené et complexe (presque un peu trop d'ailleurs, on peut se perdre dans les premiers tomes ou au fil des tomes). Mais dépaysant, ça c'est certain ! En prime, il y a le dessin de Bourgeon, particulier et nécessitant un petit temps d'adaptation (notamment dans le fait qu'il a une certaine rigidité dans les scènes d'actions ou dans la continuité des cases) mais qui a un coup de crayon indéniable. On est plongé dedans avec délice et l'inventivité de la faune ou de la flore ajoute un charme à la série. La série est vraiment excellente, possédant beaucoup de qualités et bien que ce soit dur d'accès, je recommande cette lecture. L'auteur est décidément excellent, je suis sous le charme.
Je, François Villon
C'est une BD qu'on prend et qu'on ne lâche plus. C'est une véritable plongée dans le Moyen-âge. Ca ne raconte pas l'histoire des Rois ou des guerres de l'époque mais celle de la vie du poète François Villon. On y retrouve la vie des gens « communs » dans le Paris du XVème siècle. La misère y est omniprésente. La vision du droit et de la justice de l’époque est très bien évoquée. Bien que le récit soit probablement un peu romancé, c'est très bien documenté. Ca fourmille de détails sur cette époque. On voit aussi avec les extraits des poèmes tout le talent de François Villon (mais aussi l’évolution du français depuis le moyen-âge). On voit le paradoxe entre ce talent d’écrivain et sa vie de « malfrat » ou il n’y a aucune limite dans la malhonnêteté. Le dessin est beau, ni trop détaillé, ni trop simple. Ca se lit très facilement. C’est une excellente BD historique !
Raymond Calbuth
Décidément, Raymond Calbuth me vend toujours autant du rêve. A chaque fois que j'ouvre un album, je me bidonne sec. Je ne sais pas où Tronchet est allé chercher tout ça, mais je me régale de cet aventurier en pantoufles. Car Raymond Calbuth est un vrai aventurier, et un homme de challenges. Il a fait des milliers de fois le tour de son appartement, a dompté la baignoire de sa salle de bains, n'hésite pas à sortir chercher le pain sans porter de chaussettes et possède le record du monde de dépiautage d'emballage de vache qui rit. Vous l'aurez compris, ici, le ton est absurde au possible. Raymond et Monique font de chaque instant de leur vie un moment fort et inoubliable, que ce soit en faisant les courses, en allant dans le métro ou en débouchant la baignoire. L'humour consiste à se foutre de la tronche des protagonistes, mais gentiment. Car un mec qui est aussi perché que Raymond Calbuth est forcément attachant. Le dessin de Tronchet colle à merveille à l'ambiance, et le look de nos deux héros est terrible, Raymond avec son peignoir rouge et ses pantoufles et Monique avec ses bigoudis. Une grande réussite.
Hibakusha
Mon coup de coeur pour 2017! J'ai tout aimé dans ce one shot. Tout d'abord le scénario, qui m'a appris l'existence des hibakusha d'une part, et qui balance entre réalité de l'horreur de cette guerre, et amour fantasmé d'autre part. Mais ce que j'ai aimé par dessus tout ce sont les dessins magnifiques et le choix des couleurs entre sobriété et magnificence du rouge. Quel plaisir de tenir cette BD entre les mains!
Geis
Alexis Deacon est un auteur-illustrateur anglais et ce conte médiéval sombre est paru initialement chez Nobrow Editions. Il met en scène dans une ambiance légèrement onirique un concours organisé pour succéder à la tête du pouvoir d'un royaume suite à la mort de la matriarche Matarka. Cinquante concurrents se retrouvent convoqués en pleine nuit pour entamer ce défi. Parmi eux de farouches intrigants envieux de conquérir le trône mais aussi d'autres qui ont bien moins d'ambition voire aucune envie d'y participer. Mais voilà, c'est la sinistre sorcière Niope qui organise le concours à la façon d'un maléfice qui implique tous les participants et l'organisatrice elle-même et auquel personne ne peut échapper autrement que par la mort. Le récit s'entame pour les lecteurs comme pour l'héroïne principale comme un mauvais rêve, une brusque plongée dans un concours mortel à peine tiré du sommeil nocturne. L'ambiance est posée, elle est à la fois fantastique, sombre et légèrement irréelle. Mais son aspect inquiétant doit faire face à des personnalités fortes et intéressantes. La jeune héritière intelligente et très brave, l'arriviste sournois et dangereux mais en réalité traumatisé par sa jeunesse, la gentille sorcière trop faible face à la puissante Niope, ou encore le petit bourgeois qui mêle ridicule et insouciance à une bonne volonté et un amour de jeunesse... Bien malgré eux, ils vont devoir essayer de s'allier alors que le maléfice les forcent à se dresser les uns contre les autres. Ce qui commence comme une simple suite d'épreuves magiques dont on imagine initialement que la gentille héroïne va sûrement sortir vainqueur comme dans n'importe quel aimable conte, se révèle rapidement bien plus imprévisible, complexe et surtout captivant. Le lecteur est pris dans le rythme et les rebondissements de l'intrigue. L'ensemble est soutenu par un graphisme et une colorisation tout en atmosphère qui fonctionne parfaitement pour entretenir le charme de cette bande dessinée. Une chouette lecture dont il me tarde de lire la conclusion.
Flash ou le grand voyage
Cette série est visiblement inspirée d’une autobiographie (je ne connaissais ni ce livre ni le bonhomme), et promet d’être rapidement conclue par un second tome (qui se fait attendre depuis plusieurs années toutefois...). Mais déjà cette première partie est assez captivante. Elle nous présente un homme, Charles Duchaussois, qui traverse les événements de mai 1968 en petit délinquant, et qui part ensuite dans un long, très long trip : dans ce premier tome, nous le voyons au Liban, en Turquie, puis en Inde, et le quittons lorsqu’il part pour le Népal. Toujours en marge de la société, vivotant de manière pas toujours légale, et expérimentant à peu près toutes les drogues, Charles est un homme plein de vie, qui est un peu l’image d’une époque, marqué par la liberté (sexuelle, de parole, de voyager) et les grandes remises en cause. Si les enjeux sociétaux et politiques de mai 1968 le laissaient froid, Charles remet bien en cause une certaine société, par ses manières et sa fuite en avant. Pour le moment, cette histoire se laisse lire de manière agréable (le dessin de Jef, très fluide, y est aussi pour quelque chose), et j’attends de voir comment va se finir ce trip dans le second tome.
Les Nouvelles Aventures de Lapinot
Le dernier dimanche matin à Angoulême, j'arpentais l'allée centrale de la bulle des indés en compagnie du sieur PAco quand, oh joie, nous apercevons pas moins que le sieur L. Trondheim himself sur le stand de l'Association qui dédicace à tour de crayon. Je feuillette, me demandant tout de même s'il est bien raisonnable d'acheter cette BD qui de prime abord me semble un tantinet juvénile pour mes cheveux blancs. Et puis zou, je me lance, fais la queue un court moment et me retrouve avec une dédicace fort originale. Une fois de retour je lis que dis-je je dévore cette bande et me dit in petto mais le bougre c'est pas un truc pour gamins ça. Finalement ce Lapinot a pas mal de choses à nous dire sur notre mode de vie, nos relations aux autres. Plus qu'un faire valoir, Richard assène quelques vérité bien senties. Allez j'avoue je ne connaissais pas ce Lapinot mais nul doute qu'après cette lecture j'irai m'y coller sur ses autres aventures. Très, très sympa.