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Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Le Spécimen
Le Spécimen

Quelque part en Sibérie un laboratoire secret accueille des condamnés à mort et les exécute. Juste avant l’exécution des médecins prélèvent une glande dans le cerveau des condamnés. Irina Denko est une jeune chercheuse qui fait partie de l'équipe de médecins. Chaque nuit elle fait de violents cauchemars. Dans l'un en 1880 une femme se désintègre à son contact, dans l'autre en 1840, un soldat la sauve d'une agression, enfin à Berlin en 1928 une partie de cartes s'achève par une émasculation. Au cours de la mise à mort d'un homme particulièrement violent une coupure d'électricité survient. Quand tout rentre dans l'ordre le criminel a disparu et à sa place se trouve un homme inconnu apparemment mort dont les yeux sans pupilles sont vides. Au bout de quelques jours l'inconnu qui se fait appeler Joe se réveille mais il ne veut parler qu'à Irina. C'est un long face à face en huis clos qui débute, des questions se posent, toutes n'auront pas de réponses. Sur un scénario de Walter Hill une belle adaptation de Matz qui construit entre thriller et thèmes chers à la SF une histoire en béton qui ne laisse finalement pas indifférent. Chacun des protagonistes possède sa complexité, sa part d'ombre que dans le cas d'Irina celle-ci aurait sans doute préféré laisser de côté. En ce qui concerne le dessinateur Julen Ribas j’avoue que je ne connaissais pas mais la surprise est agréable avec un trait assez épuré qui sent bon son comics, la colorisation est aussi dans le genre précité. Personnellement j'ai beaucoup apprécié ce one shot dont se dégage une atmosphère tendue distillant ses indices sur la personnalité des personnages de manière très adéquate. Qui est Irina mais surtout qui est Joe ? J'avoue j'avais pas vu venir le truc, d’où ma surprise, j'aime bien me faire piéger ce fut le cas, je conseille chaudement

08/03/2019 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5
Couverture de la série Astérix
Astérix

Il y a des rencontres apparemment anodines qui scellent le sort d'un monde... Indéniablement, celle entre René Goscinny et Albert Uderzo est de celles-ci. La rencontre entre un petit bonhomme à la bouille rondouillarde et un grand dadais au visage carré peut prêter à sourire. Le duo naissant semble tout droit sorti de l'imagination d'un scénariste de bande dessinée. Leur rencontre est la plus commune qui soit, deux grains de sables qui se rencontrent dans la vaste plage du monde. Mais l'alchimie parfaite qui voit le jour entre les deux est celle qui va leur dicter toute leur oeuvre. Le génie du dessin mis au service du génie du scénario, à moins que ce ne soit l'inverse. Tous les deux fortement influencés par l'art américain (n'oublions pas que René Goscinny était parti aux Etats-Unis dans le but de travailler pour Walt Disney, tandis que l'influence américaine est omniprésente dans le "Arys Buck" d'Uderzo), ils vont ironiquement créer un nouvel art français de chez français. Peut-être le vrai génie dans l'affaire est-il en fait Jean-Michel Charlier, qui les mit en contact, ayant sans nul doute un flair unique pour discerner le talent là où il se cache. En attendant, c'est grâce à lui que nos deux compères vont écrire plus de 25 ans de l'histoire de la bande dessinée, et - osons le dire - de l'Histoire tout court... La carrière commune d'Albert et René est une longue escalade jusqu'à ce point culminant qu'est "Astérix". Jehan Pistolet, Luc Junior, Benjamin et Benjamine, "Bill Blanchart", "Poussin et Poussif", "La Famille Cokalane", Oumpah-Pah, tout cela devait irrémédiablement mener au grand chef-d'œuvre... Dans les uns, on voit s'affirmer une rigueur d'écriture impressionnante, tant Goscinny y révèle un sens de la narration à toute épreuve, dans les autres, c'est l'humour qui s'affirme, et dans tous, c'est le trait d'Uderzo qui s'affine et se dessine dans la forme définitive qu'on lui connaîtra. Ainsi, "Astérix", c'est l'apothéose d'une carrière prolifique. Il a failli être réduit à une adaptation du "Roman de Renart", qui aurait été forcément savoureuse, mais n'aurait sans doute pas permis aux deux auteurs de voler de leurs propres ailes. Avec le petit gaulois, la liberté est totale. Si le trait d'Uderzo n'est pas encore tout-à-fait achevé dans ses premiers albums, il est déjà d'une limpidité qui en dit long sur le génie du dessinateur, tandis que Goscinny met tout son cœur et toute son âme dans un scénario parfaitement troussé, où l'humour touche la maturité qui caractérisera toute la saga. Tout Goscinny est là-dedans : la finesse des dialogues, l'amour du calembour, l'art de l'anachronisme et de l'allusion bien placée, l'art du stéréotype (car le stéréotype peut être un art, la preuve !) et des personnages hauts en couleurs... Autant d'éléments qui feront florès durant la saga entière, dont chaque tome réussira le tour de force de renouveler constamment l'intrigue, tout en réutilisant les mêmes gimmicks géniaux et en faisant voyager nos héros sans jamais basculer dans le récit capillotracté ou le racisme de mauvais aloi. Le plus grand génie de Goscinny, c'est sans nul doute de réussir à parler à toutes les générations en même temps. Enfant comme adulte, on a tous les mêmes réactions devant "Astérix". Mieux, René Goscinny accompagne toute notre croissance en nous faisant découvrir de nouveaux éléments à chaque lecture... Le tout au gré d'un dessin qui s'arrondit pour le mieux lors des premiers albums, déformant à loisir ses personnages, mais en gardant toujours un sens des proportions inouï dont seul Uderzo avait le secret. Et au fur et à mesure des albums, on apprend à mieux faire connaissance avec ces gens qui deviendront comme des amis, comme une famille : les sanguins forgeron et vendeur de poisson, le barde déconnecté, le chef dépassé par les événements, les femmes qui ne sont pas en reste... Tous ces gens au milieu desquels on apprend à vivre de tome en tome, et dont on a plus de mal à se séparer à chaque fois. Heureusement, la saga vivra assez longtemps pour qu'on ne puisse pas épuiser le filon. Il y a bien trop de tomes pour que l'on puisse se lasser de cette série. Malheureusement, après la mort de Goscinny, la saga continuera à vivre de manière tout-à-fait décente pour s'amenuiser petit-à-petit jusqu'à sombrer dans le gouffre que l'on connaît (des extraterrestres dans Astérix ? Où avez-vous vu ça ? En tous cas, moi, jamais entendu parler...). Être un génie du dessin ne fait pas de nous un scénariste hors-pair pour autant... Ferri et Conrad parviendront plus ou moins à redresser la barre, mais qu'on le veuille ou non, l'heure d'Astérix est passée. C'est toujours une bonne saga, mais elle est devenue une BD comme les autres. Non, ce qui est immortel, c'est bel et bien la période Goscinny, ces 20 durant lesquels la BD française connut son heure de gloire, durant lesquels la littérature française trouva un de ses sommets là où on ne l'attendait pas. Et c'est bien ce qui fait d'Astérix une saga aussi géniale : que ce soit en 1959 ou en 2019, elle constitue pour ses lecteurs émerveillés une éternelle surprise, gravée à jamais dans le marbre de la mémoire collective, et dans celui de l'Histoire...

08/03/2019 (modifier)
Couverture de la série Les Ogres-Dieux
Les Ogres-Dieux

Tome 2 : Demi-sang "Demi-sang" (second tome de la série des "Ogres-Dieux" que j'ai lu avant le premier, précisons-le) est l'un des livres les plus formellement impressionnants que j'aie vus depuis longtemps : l'incroyable élégance du dessin, réalisant une synthèse idéale entre les codes du manga et ceux de la ligne claire franco-belge, la beauté graphique de l'utilisation du noir et du gris pour composer des pages à la profondeur, à la complexité et à la lisibilité uniques, la perfection formelle de "l'objet livre" en général, tout cela fait de la lecture de "Demi-Sang" un grand (et rare) moment d'émotion esthétique. Mais bien sûr, ce ne serait rien sans la construction d'un univers aussi original que cohérent (disons une sorte de modernisation des contes de Perrault via "Game of Thrones"), rehaussé par de délicieux intermèdes "historiques", et l'histoire redoutablement machiavélique mais éternelle des ravages de l'ambition politique et de la soif de reconnaissance. Bref, une BD quasiment parfaite, à laquelle ne manque peut-être qu'un soupçon de folie pour atteindre la plus haute marche du podium. Tome 3 : Le Grand Homme Petite déception à la lecture du troisième volet des "Ogres-Dieux", l'extraordinaire saga d'heroic fantasy / contes de fées de Bertrand Gatignol et Hubert : autant les deux premiers tomes frôlaient la perfection, tant du point de vue formel que de ce qu'ils racontaient, autant ce "Grand Homme" se révèle bien lourd, voire ennuyeux, durant une bonne partie du trajet que nous effectuons avec Lours, Petit et leur bande, fuyant la fureur du Chambellan. Le problème n'est pas la beauté de l'objet, à nouveau spectaculaire, puisque les auteurs poursuivent leur travail de manière totalement cohérente avec les deux volumes précédents (même si le dessin accuse parfois des faiblesses dans la description de certains mouvements que l'on ne lui avait pas vu précédemment dans des scènes plus "hiératiques"...). Non, le problème est tout simplement qu'il est difficile d'accrocher à un enchaînement de péripéties peu enthousiasmantes : on reconnaît une forme de récit en Road Movie, si on ose dire, caractéristique de l'heroic fantasy, mais cela ne fonctionne tout simplement pas ici, faute peut-être d'une topographie qui fasse sens, ou même simplement d'une intrigue assez dynamique. Heureusement, tout change dans le dernier tiers du livre, quand nos "héros" et leurs poursuivants pénètrent dans une forêt terrifiante, où le graphisme en noir et blanc fait absolument merveille, et où Gatignol et Hubert créent enfin l'atmosphère surnaturelle que nous attendions. La toute dernière partie du "Grand Homme", conjuguant tragédie intime et grande scène psychédélique intelligemment mise en page, est extraordinaire, et permet de refermer le livre sur une impression extrêmement positive. Mieux encore, le terrible destin de Lours, être exceptionnel accumulant erreurs, mauvaises décisions et malchance au point de transformer son existence et celle de ceux qu'il aime en désastre absolu, nous hantera longtemps après avoir terminé la lecture.

07/03/2019 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5
Couverture de la série Bone
Bone

Il y a des BD, comme ça, qu'on découvre totalement par hasard, et qui deviennent cultes d'un seul coup. "Bone" est de celles-là. Je l'ai tenté sans grande motivation, uniquement poussé par le fait qu'Alain Ayroles était lié indirectement à cette BD, puisqu'il a participé à la traduction des premiers tomes, ce qui me paraissait tout de même une garantie relativement solide, mais pas franchement sûre. Et bien m'en a pris : dès les premières pages, je suis tombé amoureux de cette saga. Au début, on se demande un peu dans quoi on s'embarque et si c'est bien de notre âge, tant on a l'impression d'avoir plongé le nez dans un vieux numéro de "Picsou". Même les personnages nous rappellent ceux de notre enfance : on a l'intrépide naïf et débrouillard, l'escroc cupide prêt à tout pour de l'argent et le simplet mais attachant imbécile heureux, qui aime à se fourrer dans les pires situations possibles. Là où le lecteur adulte va se rassurer très vite, c'est dans le monde que crée Jeff Smith autour d'eux. En fait, cette saga, on pourrait la résumer par ce concept simple : Que se passerait-il si Mickey, Picsou et Dingo se retrouvaient projetés dans le monde du "Seigneur des Anneaux" ? C'est ce que Jeff Smith nous offre. Sur un plateau en or... En or, "Bone" l'est sûrement. Déjà, par son extraordinaire travail sur la forme. Le trait de Jeff Smith est tout bonnement incroyable : allant du pur cartoonesque au réalisme, il allie différents styles de dessin avec un étonnant brio, créant un résultat visuellement enchanteur, que l'édition en couleurs de chez Delcourt ne trahit en rien. La réussite de "Bone" tient sans nul doute pour moitié au génie du dessin. Ce dessin plein de vie ne serait rien sans un montage dynamique qui le met en valeur, et c'est bien ce que nous propose l'auteur-dessinateur ici. Chaque page est un plaisir pour les yeux, tant l'action est toujours lisible malgré le désordre qui y règne dans l'intrigue, et l'on suit avec un intérêt constant les aventures déjantées de nos personnages. Mais, bien évidemment, le scénario et les personnages suivent. Smith réussit à brosser des caractères fort bien développés en partant de stéréotypes connus (voir ci-dessus), et en leur donnant de plus en plus d'épaisseur au fur et à mesure que l'intrigue avance. Si "Bone" commence comme une pure comédie, on comprend rapidement que la noirceur va peu à peu envahir le récit pour le tirer vers la tragédie. Et ce mélange des genres est parfaitement maîtrisé. Si l'humour n'est pas toujours hilarant, il compense à merveille le ton sombre que revêt le récit au fur et à mesure de son avancée. En outre, Jeff Smith a eu l'intelligence de mêler ses personnages fantaisistes à des personnages humains, bien plus réalistes, qui, eux, assurent plutôt la partie sombre de la saga. Ainsi, dès leur introduction, on peut se rattacher à des points de repère forts, chacun de ces personnages ayant de vraies motivations, que l'on comprend et qui le rendent véritablement vivant. A côté de ça, le scénario global est très bien mené, l'auteur introduisant dès le début une certaine part de mystère qui va s'épaissir pour se dissiper à l'approche de la fin, ce qui assure une immersion totale au lecteur. Il faut bien avouer que tous les fils de l'intrigue ne sont pas très faciles à débrouiller à la première lecture, mais on retrouve assez facilement ses petits (contrairement à RASL, du même auteur), et les lectures suivantes nous aident à éclaircir une intrigue aussi dense que complexe. Bref, s'il fallait résumer "Bone", je décrirai cette saga simplement comme une immixtion du cartoon dans un univers d'heroic fantasy, mais avec un respect total des codes de ces deux genres apparemment antinomiques. Là où l'un et l'autre auraient pu s'autodétruire, ils sont au contraire parfaitement mis en valeur l'un par l'autre, et permettent à Jeff Smith de construire un univers fascinant, dans lequel on se plonge volontiers pour n'en sortir qu'à regret. Si tant est qu'on arrive à en sortir un jour...

07/03/2019 (modifier)
Par Walran
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Katanga
Katanga

Extrêmement marqué par ma lecture de Il était une fois en France, c’est avec une impatience non feinte que je me suis jeté sur Katanga, nouveau fait d’armes de l’incroyable tandem Nury/Vallée. Il me faut concéder que je ne me serais probablement pas intéressé à cette série si ces deux noms n’y avaient pas été accolés. Cependant, je ne regrette pas un instant la confiance que j’ai accordée aux auteurs. Comme les posteurs qui m’ont précédé l’ont justement rappelé, Katanga raconte une histoire de chasse aux diamants dans un contexte de sécession, juste après la déclaration d’indépendance du Congo. Sous des latitudes pour le moins troublées se rencontrent, s’associent ou se trahissent des personnages plus antipathiques les uns que les autres, aux motivations plus ou moins "moralement justifiables". Politiciens cruels et avides de pouvoir, mercenaires désœuvrés en quête de sensations fortes, autochtones exprimant leur révolte par une grande violence… Bref, le lecteur fait connaissance avec toute une galerie de personnages finement croqués par le trait souple, dynamique, vivant et remarquablement expressif de Sylvain Vallée, parfaitement à l’aise dans l’exercice. Si l’on n'éprouve qu’une sympathie très limitée pour la grande majorité des protagonistes, Katanga impressionne et captive grâce à une mise en scène absolument remarquable et un sens du rythme confondant. Une fois happé, il est impossible de lâcher les albums tant les rouages de la narration sont maîtrisés. Autre ingrédient particulièrement important à mes yeux, tout sonne de façon parfaitement crédible, tant dans les attitudes des héros que dans leur manière de s’exprimer. Cela facilite grandement l’immersion et donne une vraie force au récit. Si cela n’avait pas été le cas, il est d’ailleurs clair que cette débauche de massacre et de violence aurait eu raison de mon plaisir de lecture et m’aurait ôté l’envie d’aller jusqu’au bout – ou d’enrichir ma bibliothèque avec ces albums, véritables manifestes de cynisme, de corruption et de cupidité. Étrangement, aussi dépourvus de moralité soient-ils, il arrive que l’on éprouve un soupçon d’empathie pour ces personnages qui cherchent à survivre dans cet univers âpre et dur. A ce titre, j’ai ressenti de la peine pour Félix, Charlie et Alicia. La fin de l’histoire, abjecte et sordide comme il convient, donne un sentiment d’inéluctabilité, de « tout ça pour ça » qui laisse un goût amer en bouche après la lecture et frappe d'autant plus juste. Je suis sûr que c’est ce que le duo d’auteur – accompagné par l’excellent Jean Bastide aux couleurs – souhaitait accomplir, et cela fonctionne. Impossible de sortir indemne de cette trilogie. Jouissive dans sa débauche, mise en scène de façon véritablement cinématographique, riche dans sa psychologie, très sanglante mais passionnante de bout en bout, Katanga est une vraie réussite. Même si son registre est un peu trop violent pour moi, j’encourage chaleureusement sa découverte et son acquisition, ayant rarement eu la chance de tomber sur des séries d’action d’une telle qualité. Bravo aux auteurs !

07/03/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Les Jardins du Congo
Les Jardins du Congo

C'est un portrait sans concession qui est réalisé par l'auteur de ce personnage d'Yvon. Ce dernier n'a pas été épargné par la vie car il doit se cacher dans la forêt des Ardennes durant les 4 années de l'occupation allemande durant la Seconde Guerre Mondiale. La Belgique était pourtant un pays neutre. A la fin de la guerre, il part tenter une nouvelle vie pleine d'espoir au Congo, la province coloniale belge. Il va travailler dur mais il réussira à force d'exploitation de ses travailleurs noirs. Cependant, c'est sans compter l'aspiration à l'indépendance... J'ai aimé car on a le point de vie d'un local qui a développé le Congo avant de tout perdre et que ce pays indépendant sombre malheureusement dans le chaos. C'est sans concession car le racisme est bien présent dans cette société blanche qui exploite les noirs comme au temps de l'esclavage. La lecture a été assez fluide malgré un découpage historique se situant à deux périodes différentes de la vie d'Yvon. On arrive mieux à comprendre ses choix de vie. C'est parfois un récit assez intimiste mais qui se situe dans la mouvance de l'histoire. On est également loin des clichés habituels. C'est avant tout un amour pour la terre du Congo et notamment ses magnifiques jardins avec sa flore et sa faune. Bref, un bon moment de lecture qui nous en apprend plus sur l'histoire de la Belgique et de son rapport avec le Congo.

07/03/2019 (modifier)
Couverture de la série Névé
Névé

Avec cette série, Dieter prend le temps de dresser un beau portrait, celui de Névé, de son adolescence à son passage à l’âge adulte. Celui-ci va vivre des événements très forts, des aventures un peu nonchalantes, parfois subies, mais qui sont souvent marquées par une dramatisation brutale qui forge sa personnalité. Personnalité que nous voyons se construire, après de nombreux tâtonnements. Ce n’est pas forcément de la grande aventure, et on est souvent sur un registre contemplatif (et le très beau dessin de Lepage est vraiment adapté à ce genre de chose), avec beaucoup de temps morts (mais jamais d’ennui !). Une série inclassable, mais dont tous les albums se laissent lire avec plaisir. Le dessin de Lepage n’est pas encore celui de ses superbes documentaires récents, mais il y a déjà là un trait très précis, efficace et franchement beau. Et il peut dans ces albums donner tout son potentiel et faire preuve de son talent pour les beaux et grands paysages, dans des décors divers (montagnes andines, arrière-pays réunionnais, landes irlandaises, Himalaya népalais, Alpes). Quel coup de crayon quand même ! Note réelle 3,5/5.

07/03/2019 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série P.T.S.D.
P.T.S.D.

Plutôt adepte du travail de Guillaume Singelin (j'ai adoré The Grocery), j'étais curieux d'enfin découvrir son dernier album également sorti chez le Label 619 d'Ankama. Ici, fi des banlieues dangereuses américaine et des gangs qui y pullulent, on est plutôt dans une proche banlieue d'un Tokyo fantasmé et grouillant. C'est là que Jun, comme beaucoup d'autres vétérans d'une guerre dont on ne saura pas grand chose survivent tant bien que mal dans les rues. Atteinte d'un syndrome post traumatique hérité de son passage au front, notre héroïne survit isolée de rapines et de pilules que les dealers locaux se font un plaisir de vendre à prix d'or à ces malheureux rescapés du front. Dur d'accepter ne serait-ce que l'aide d'autres vétérans ou de certains commerçants bienveillants, car le voyage va être long pour sortir du gouffre où elle s'est enfoncée, surtout que les dealers locaux vont rapidement l'avoir dans le collimateur... Guillaume Singelin nous propose un récit fort sur un sujet délicat et s'en sort avec les honneurs. J'aime son trait si singulier et sa mise en couleur originale qui donnent à l'ensemble une sensibilité assez unique. Ça fourmille de détails dans chaque case et les scènes d'actions qui ponctuent l'album donnent à la narration un rythme soutenu sans la perturber. Après, il m'aura manqué un je ne sais quoi de plus au niveau de l'originalité du scénario ou des personnages pour que mon plaisir fût total. Mais ne boudons pas notre plaisir, voilà encore un très bon album dont je conseille la lecture.

06/03/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Morts par la France
Morts par la France

Voici une oeuvre un peu polémique qui parle du massacre par la France de ses combattants sénégalais (les fameux tirailleurs) vers la fin du conflit en les massacrant impunément par centaine pour ne pas payer leur solde après de bons et loyaux services. En effet, ils ne sont pas morts pour la France mais par notre pays d'où le titre qui peut prêter à confusion. On dira que c'est encore une exaction de plus du passé colonial de notre pays vis à vis de l'Afrique mais c'est sans doute plus que cela à la lecture des événements reconstitués par cette historienne se basant sur des faits et des preuves. Le thème est celui du massacre de Thiaroye dont je n'avais jamais entendu parler et pour cause. Il s'agit d'un crime de masse qui ne devrait absolument pas passé inaperçu. C'est d'une lâcheté sans nom autour d'hommes noirs qui ont versé leur sang pour la France. Une historienne du nom de Armelle Mabon se bats pour faire reconnaître la vérité depuis plus de 20 ans. C'est toute son histoire qui nous est également racontée car celui lui a coûté également beaucoup au niveau de sa vie privée. En tout cas, ce travail mémoriel a été très bien réalisé puisque j'y crois et que j'ai sans doute un autre regard.

06/03/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Les Lumières de l'Aérotrain
Les Lumières de l'Aérotrain

Quand j'ai commencé les lumières de l'aérotrain, je ne m'attendais pas du tout à ce genre d'histoire. En effet, cela commence très gentiment dans la joie, la gaieté et la bonne humeur pour terminer dans le drame le plus absolu qu'on avait pas vu venir. On passera du rire aux larmes. Ce qui est intéressant, c'est sans doute de voir tout le cheminement qui a concouru à cet enchaînement d'événements. Il faut dire que la trahison en amitié n'est jamais une bonne chose et que cela peut avoir de lourdes conséquences. Oui, cette oeuvre ne laissera pas le lecteur totalement indifférent après lecture. Et quelque fois, il vaut mieux s'écarter des sentiers battus pour offrir une fin digne de ce nom. Par ailleurs, on en apprend beaucoup sur l'aérotrain qui fut le concurrent malheureux du TGV ce qu'une grande partie de la population peut ignorer. Cependant, cela ne constitue que le prétexte à ce récit qui va nous entraîner bien au-delà des lumières de l'aérotrain.

06/03/2019 (modifier)