Alors là mesdames et messieurs, je dis oui ! Oui tout de suite et sans concession à cette BD merveilleuse qui a su ENFIN établir quelque chose de beau et de poétique sur la question du travestissement ou du transgenre. Et nom d'un chien ça fait du bien de lire ça !
Je ne serais absolument pas objectif sur cette BD parce que j'ai été ému jusqu'aux larmes lors de ma lecture ET de la fin, donc autant dire que niveau ressenti j'ai été dedans à pieds joints. Alors tout est fait pour : le style de narration qui emprunte le chemin du conte pour pouvoir faire de temps en temps des petites incartades particulièrement bien senties (comme cette énorme réflexion que fait le roi sur le changement du monde et la nécessité d'accepter ce qui paraissait encore impensable hier). Le trait en rondeur, en douceur même, avec ses couleurs chatoyantes et douces en même temps ... Et bien sûr, tout le message qui en est dégagé ! Je dirais bien qu'il y a une belle histoire d'amour en plus, mais en vrai le propos n'est pas tant sur la romance que sur le regard, et à cet égard je suis subjugué par la justesse du propos.
En fait, je crois bien que c'est la première fois que je lis une BD aussi joliment faite et aussi assumé dans son propos : le travestissement est accepté par le protagoniste, qui ne se remet pas en question en tant que "déviant" de la norme, et toute l'histoire tourne autour du regard des autres là-dessus. Et c'est foutrement bien joué : pas de questionnement sur ce qu'il est ou ce qu'il ressent. Il le sait, il l'assume et la seule personne qui partage son secret en fait de même. Voila le genre de message positif qu'on devrait lire bien plus souvent. Surtout quand c'est aussi bien mis en scène ...
Et je ne peux même pas parler de tout ! Emile, le majordome, qui sait tout et se contente de dire "ça ne me concerne pas", comme beaucoup devraient le faire dans la vie; les discours de certaines personnes (notamment sur la fin) qui sont d'une sacrée pertinence ... Oui, je suis vraiment ébloui par la beauté de ce conte et la justesse de son ton. Ni moralisateur, ni dénonciateur, il se contente de faire une histoire belle et tendre sur un fait qui est vu comme normal. Et en lisant ce genre d'histoire, je me dis que j'ai vraiment hâte que ce soit la norme sociétale également.
Je ne veux même pas épiloguer sur le dessin, qui rehausse l'ensemble par un trait totalement adapté au conte, une colorisation magique et des magnifiques costumes. C'est simple et beau, efficace, ... Je ne sais quoi en dire.
Oui, encore une fois je m'emporte, je lâche des grands mots, je suis sous le charme. Mais quand une BD est aussi simple et belle, aussi merveilleuse de ton et aussi touchante, avec une portée quasi-universelle, je crois bien que je n'ai même pas besoin de justifier ma note. C'est beau, diablement beau, et j'en ai encore une humidité au coin de l’œil après cette critique. Quand la BD est capable de nous toucher autant, il est parfois nécessaire de se taire et de simplement apprécier. Ce que je retourne faire en espérant que vous irez vite en faire de même.
Je ne connaissais pas du tout Phoolan Devi et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a pas eu une vie joyeuse! Bon, la bande dessinée est basé sur son autobiographie donc ce n'est pas objectif, mais je n'ai aucun problème à croire que tout ce qui est arrivé à cette femme est vraie tant le système de caste en Inde me semble injuste.
Le récit est très noir par moment et plusieurs scènes sont franchement glauque, surtout lorsque Devi est enfant. C'est donc un album que je recommande tout en précisant que certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. Le scénario est prenant et le personnage de Devi est vraiment incroyable et aussi très forte (personnellement, j'ai l'impression que si j'avais vécu ce qu'elle a vécu j'aurais fini par me suicider ou je serais devenu trop faible pour contester l'autorité).
Dommage que les derniers années de la vie de Devi soit résumé en quelques lignes. J'aurais bien aimé voir son travail comme politicienne et la réaction de l'Inde lorsqu'elle a fini assassinée. J'aurais aussi aimé un dossier qui expliquerait si la situation des femmes et des castes inférieurs ont évolué depuis l'époque de Devi. Enfin, cela reste tout de même un bon album.
L'auteur Thomas Legrand est en fait l'un des éditorialistes politiques les plus célèbres de notre pays puisqu'il officie chaque matin sur la radio France Inter. Il nous livre une partition sans faute de l'histoire de la Vème République qui est née dans la rue et qui finira sans doute dans la rue. Comme le disait le Général de Gaulle, comment voulez-vous gouvernez un pays où il existe 258 variétés de fromage ? C'est ce que s'efforce de faire les 8 présidents de la République qui se sont succédés depuis près de 60 ans.
Il faut dire qu'assez bientôt, cette République dépassera en longévité la troisième République qui a duré près de 70 ans avant de s'éteindre avec le régime de Vichy. La France a sans doute besoin d'un président jupitérien. En effet, il existe un rapport exceptionnel entre le président et le peuple qui l'élit directement pour un mandat renouvelable.
J'ai beaucoup aimé bien que cela se concentre surtout sur le Général de Gaulle pour comprendre l'essence même de cette Vème république. Il fallait un exécutif fort pour sortir la France d'une quasi guerre civile liée à l'Algérie. Bref, il faut un pouvoir fort qui ne dépende pas uniquement de l'Assemblée Nationale. Cependant, il faut également un subtil équilibre des pouvoirs. Les mauvais côté ne seront pas épargnés non plus comme la collusion de la Justice avec le politique (voir les affaires du SAC).
En vérité, ce n'est pas l'histoire de tous les présidents de la Vème République mais comprendre les origines avec le sauveur de la France. Cette République a permit tout de même une certaine stabilité du pouvoir ainsi qu'une véritable alternance démocratique. Cela a permit paix et prospérité pour le plus grand nombre malgré tout ce qu'on peut dire.
Au final, un ouvrage très bien réalisé et très intéressant pour peu que l'on s'intéresse un peu à la politique.
C'est en lisant une telle BD qu'on se rend compte qu'on ne connait finalement le règne de Louis XIV que dans les grandes largeurs et avec une vision trop souvent centrée sur les ors de Versailles. En racontant des événements se déroulant durant la période la plus dure de son règne, vers la fin de l'épuisante guerre de Succession d'Espagne, et surtout durant le terrible hiver de 1709 et la famine qu'il a causé, et en nous plaçant loin de Versailles, c'est tout un univers plus complexe et dangereux que j'ai découvert, un univers particulièrement adapté à un récit d'aventure comme il nous est compté ici. Il mélange en effet récit de pirates, combats de cape et d'épées, espionnage et guerres de religion. Un cocktail étonnant qui m'a tenu en haleine tout du long.
J'ai aimé cette plongée dans la France de l'époque et dans la terrible dureté de cet hiver. J'ai aimé ce récit prenant et bien mené du début à la fin tout en étant si crédible qu'on l'imagine facilement tiré de faits authentiques. Et j'ai aimé le dessin fin et précis de Philippe Xavier.
Très bonne série d'aventure et d'Histoire, soutenu dans la version intégrale par un dossier historique très complet en fin d'album.
Je suis assez amateur de ce que fait Lele Vianello, bien que l'on puisse remarquer une TRES grande inspiration dans le travail de Pratt qu'il reprend à sa sauce (en même temps les deux ont collaboré pendant des années). Bref, l'auteur s'amuse ici à faire de petites histoires autour de son personnage qui est d'un ridicule très drôle.
Chaque histoire est indépendante (bien que certains petits détails se retrouvent de l'une à l'autre), et j'ai beaucoup rigolé avec cet énergumène qui s'invente une vie d'aventurier modèle alors qu'il est lâche et maladroit. Le décalage entre son récit et les cases qui détaillent la réalité est souvent drôle, et ce jusqu'au bout. On est dans l'Aventure avec un grand A, mais sans l'aventurier et le mélange passe bien. C'est frais et divertissant, toutes les histoires n'étant pas au même niveau mais globalement j'ai passé un excellent moment.
Niveau du dessin, c'est très bon et j'aime beaucoup la façon dont il arrive à rendre le côté anglais guindé de Bragg tout en faisant des paysages qui permettent de se plonger dans les différents environnements visités. C'est une belle compilation qui vaut le détour !
Pour ne rien cacher, je suis très fan du dessin de Anne-Lise Nalin depuis plusieurs années, alors quand la BD est sortie je n'ai pas pu m'empêcher de la lire. Et je n'ai pas été déçu.
La BD se veut avant tout une manière de découvrir cette maladie et son impact dans la vie de ceux qu'elle touche, ce qui est fort honorable, mais c'est suffisamment bien fait pour que ce ne soit pas le seul intérêt. En effet, plutôt que de passer par les yeux de Maxime atteint du syndrome XP, nous allons voir le tout par les yeux de Morgane, jeune adolescente (et en pleine crise). Et l'histoire est réellement bien fichue, passant à la fois par la découverte de cette maladie et de ses incidences, mais également par une vie d'adolescente. Le mélange est suffisamment bien dosé pour ne pas donner l'impression de lire une énième chronique adolescente, et j'ai beaucoup apprécié le développement qui en est fait.
Pour ce qui est du dessin, j'ai adoré mais étant d'une totale non-objectivité, je ne peux même pas essayer de commenter. J'adore le style graphique de l'auteure qui rend par ailleurs très bien en bande-dessinée, je crois que c'est tout ce que je peux ajouter.
Bref, une très bonne BD qui arrive à faire un joli mélange de genre. C'est surement plus à destination des adolescent(e)s que des adultes, mais les deux auront le même plaisir à découvrir cet petite histoire bien fichue.
J'ai trouvé que cette bd sur une mosquée de quartier qui tente de survivre est très bien réalisé. Elle nous parle des problèmes que peuvent rencontrer des croyants musulmans dans notre pays face à une vague d'islamophobie sans concession.
Certes, la République est laïque mais elle doit respecter également tous les lieux de culte et permettre à une grand population de croyants de pouvoir se recueillir sans devoir retourner forcément dans leur pays d'origine. Encore faut-il que les puissances étrangères ne financent pas ses lieux car elles peuvent l'assortir de conditions particulièrement drastiques notamment en ce qui concerne le droit des femmes ou la langue parlée.
J'ai bien aimé l'antagonisme entre les deux imams qui ont des points de vue différents. Comme quoi, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Cette ouvre permet de cerner toute la complexité du problème.
Une belle réussite que cette série ! Si j'ai trouvé le tome 2 un peu en-deçà des deux autres, l'ensemble est une jolie pépite dessinée...
Le dessin de Bodart est bon, même s'il lui manque l'élégance d'un Maïorana dans D (puisque le cadre est sensiblement le même), mais le trait s'affine un peu dans le troisième tome, à mon sens le plus agréable à l’œil.
Mais la vraie réussite de cette série tient avant tout aux scénarios de Vehlmann. Il s'immisce (et nous avec) à merveille dans le Londres victorien, avec une aisance déconcertante. Ces recueils de petites histoires dessinées rendent parfaitement hommage à la fois au roman policier britannique, à la Conan Doyle ou Dickson Carr, sans doute les deux influences policières les plus évidentes, mais aussi au roman gothique voire fantastique à la Edgar Poe.
Avec un humour noir qui ne bascule jamais dans l'excès, Vehlmann nous propose une flopée de scénarios très intelligents, qui basculent parfois un peu dans la facilité (surtout dans le tome 2, je trouve), mais fonctionnent très bien, et décrivent avec une plume au vitriol les milieux de la haute société victorienne et leur hypocrisie, ici meurtrière.
C'est donc avec un vrai plaisir qu'on lit chacune des petites pépites proposées ici, où l'on disserte sur le crime comme s'il s'agissait d'un art à part entière, et où l'on recherche comment effectuer le crime parfait. Ce qui est très fort, c'est que Vehlmann s'ingénie à instaurer une ambiance surnaturelle, mais à laquelle il donne toujours une résolution réaliste, ne s'amusant à glisser un soupçon de fantastique que sous forme de clins d’œil.
Et surtout, fidèle au vieux dicton latin "in cauda venenum", le scénariste, même quand la narration de l'histoire est un peu plus faible ou attendue que les autres (il a parfois exagérément recours au procédé du flashback), parvient à toujours relever la sauce par une chute savoureuse, d'une ironie amère mais pleine de sel.
Bref, un petit plaisir quasi-malsain, mais qui fait vraiment du bien, et qui réussit le prodige de ne nous proposer pour ainsi dire que des personnages antipathiques tout en nous accrochant de la première page du premier tome à la dernière page du troisième tome. A lire sans trop de modération.
Voilà une page de l'histoire sud africaine partiellement méconnue du grand public et il aurait été bien dommage de la taire. Ne vous attendez pas ici à une bête biographie de Mandela mais juste à la confrontation de deux hommes qui parviendront de justesse à éviter un bain de sang, une guerre civile en Afrique du Sud.
C'est passionnant en diable, instructif mais sans être chiant et surtout sans manichéisme, l'auteur John Carlin à effectué un véritable travail de documentaliste.
Les deux hommes qui nous sont présentés ici ont chacun une prestance et un caractère. Ce qui les oppose en fait c'est l'idéologie et finalement l'endroit où ils sont nés.
À la lecture de ce récit on tremble à l'idée que les groupuscules qui entouraient le général Viljoen aient pu être stoppés à temps, nous avions là un ramassis d'éléments de l'humanité que je n'aurais pas aimé rencontrer.
Une BD qui se lit comme un roman. C'est clair et limpide, il en ressort que la discussion est préférable aux actes violents. Il eut sans doute été bon que le général Viljoen ait été associé au prix Nobel de Mandela.
Décidément j'aime bien le travail de Ben Templesmith. Après avoir découvert Bienvenue à Hoxford que j'avais également beaucoup apprécié, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé ici son trait si particulier. Ça, pour sûr, on est loin de la ligne claire. D'ailleurs je voudrais bien savoir quelle est la technique picturale du bonhomme. Quoi qu'il en soit, il en ressort un dessin qui ne peut laisser indifférent. Au niveau des visages par exemple ne cherchez pas un copier coller tout propre d'une case à l'autre. Au final, pas de problème cependant pour reconnaître les personnages.
Encore une fois dans ce Criminal Macabre nous évoluons dans un univers sombre peuplé de créatures que notre imaginaire n'a aucun mal à identifier. C'est tortueux avec un héros bien déglingué, alcoolique et drogué, c'est pas Derrick !!
Ben Templesmith nous propose une vraie ambiance qui mêle le gore et le fantastique avec bonheur. Personnellement, j'en redemande et vais m'empresser d'aller voir ses autres productions.
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Le Prince et la Couturière
Alors là mesdames et messieurs, je dis oui ! Oui tout de suite et sans concession à cette BD merveilleuse qui a su ENFIN établir quelque chose de beau et de poétique sur la question du travestissement ou du transgenre. Et nom d'un chien ça fait du bien de lire ça ! Je ne serais absolument pas objectif sur cette BD parce que j'ai été ému jusqu'aux larmes lors de ma lecture ET de la fin, donc autant dire que niveau ressenti j'ai été dedans à pieds joints. Alors tout est fait pour : le style de narration qui emprunte le chemin du conte pour pouvoir faire de temps en temps des petites incartades particulièrement bien senties (comme cette énorme réflexion que fait le roi sur le changement du monde et la nécessité d'accepter ce qui paraissait encore impensable hier). Le trait en rondeur, en douceur même, avec ses couleurs chatoyantes et douces en même temps ... Et bien sûr, tout le message qui en est dégagé ! Je dirais bien qu'il y a une belle histoire d'amour en plus, mais en vrai le propos n'est pas tant sur la romance que sur le regard, et à cet égard je suis subjugué par la justesse du propos. En fait, je crois bien que c'est la première fois que je lis une BD aussi joliment faite et aussi assumé dans son propos : le travestissement est accepté par le protagoniste, qui ne se remet pas en question en tant que "déviant" de la norme, et toute l'histoire tourne autour du regard des autres là-dessus. Et c'est foutrement bien joué : pas de questionnement sur ce qu'il est ou ce qu'il ressent. Il le sait, il l'assume et la seule personne qui partage son secret en fait de même. Voila le genre de message positif qu'on devrait lire bien plus souvent. Surtout quand c'est aussi bien mis en scène ... Et je ne peux même pas parler de tout ! Emile, le majordome, qui sait tout et se contente de dire "ça ne me concerne pas", comme beaucoup devraient le faire dans la vie; les discours de certaines personnes (notamment sur la fin) qui sont d'une sacrée pertinence ... Oui, je suis vraiment ébloui par la beauté de ce conte et la justesse de son ton. Ni moralisateur, ni dénonciateur, il se contente de faire une histoire belle et tendre sur un fait qui est vu comme normal. Et en lisant ce genre d'histoire, je me dis que j'ai vraiment hâte que ce soit la norme sociétale également. Je ne veux même pas épiloguer sur le dessin, qui rehausse l'ensemble par un trait totalement adapté au conte, une colorisation magique et des magnifiques costumes. C'est simple et beau, efficace, ... Je ne sais quoi en dire. Oui, encore une fois je m'emporte, je lâche des grands mots, je suis sous le charme. Mais quand une BD est aussi simple et belle, aussi merveilleuse de ton et aussi touchante, avec une portée quasi-universelle, je crois bien que je n'ai même pas besoin de justifier ma note. C'est beau, diablement beau, et j'en ai encore une humidité au coin de l’œil après cette critique. Quand la BD est capable de nous toucher autant, il est parfois nécessaire de se taire et de simplement apprécier. Ce que je retourne faire en espérant que vous irez vite en faire de même.
Phoolan Devi, reine des bandits
Je ne connaissais pas du tout Phoolan Devi et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a pas eu une vie joyeuse! Bon, la bande dessinée est basé sur son autobiographie donc ce n'est pas objectif, mais je n'ai aucun problème à croire que tout ce qui est arrivé à cette femme est vraie tant le système de caste en Inde me semble injuste. Le récit est très noir par moment et plusieurs scènes sont franchement glauque, surtout lorsque Devi est enfant. C'est donc un album que je recommande tout en précisant que certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. Le scénario est prenant et le personnage de Devi est vraiment incroyable et aussi très forte (personnellement, j'ai l'impression que si j'avais vécu ce qu'elle a vécu j'aurais fini par me suicider ou je serais devenu trop faible pour contester l'autorité). Dommage que les derniers années de la vie de Devi soit résumé en quelques lignes. J'aurais bien aimé voir son travail comme politicienne et la réaction de l'Inde lorsqu'elle a fini assassinée. J'aurais aussi aimé un dossier qui expliquerait si la situation des femmes et des castes inférieurs ont évolué depuis l'époque de Devi. Enfin, cela reste tout de même un bon album.
L'Histoire de la Vème République
L'auteur Thomas Legrand est en fait l'un des éditorialistes politiques les plus célèbres de notre pays puisqu'il officie chaque matin sur la radio France Inter. Il nous livre une partition sans faute de l'histoire de la Vème République qui est née dans la rue et qui finira sans doute dans la rue. Comme le disait le Général de Gaulle, comment voulez-vous gouvernez un pays où il existe 258 variétés de fromage ? C'est ce que s'efforce de faire les 8 présidents de la République qui se sont succédés depuis près de 60 ans. Il faut dire qu'assez bientôt, cette République dépassera en longévité la troisième République qui a duré près de 70 ans avant de s'éteindre avec le régime de Vichy. La France a sans doute besoin d'un président jupitérien. En effet, il existe un rapport exceptionnel entre le président et le peuple qui l'élit directement pour un mandat renouvelable. J'ai beaucoup aimé bien que cela se concentre surtout sur le Général de Gaulle pour comprendre l'essence même de cette Vème république. Il fallait un exécutif fort pour sortir la France d'une quasi guerre civile liée à l'Algérie. Bref, il faut un pouvoir fort qui ne dépende pas uniquement de l'Assemblée Nationale. Cependant, il faut également un subtil équilibre des pouvoirs. Les mauvais côté ne seront pas épargnés non plus comme la collusion de la Justice avec le politique (voir les affaires du SAC). En vérité, ce n'est pas l'histoire de tous les présidents de la Vème République mais comprendre les origines avec le sauveur de la France. Cette République a permit tout de même une certaine stabilité du pouvoir ainsi qu'une véritable alternance démocratique. Cela a permit paix et prospérité pour le plus grand nombre malgré tout ce qu'on peut dire. Au final, un ouvrage très bien réalisé et très intéressant pour peu que l'on s'intéresse un peu à la politique.
Hyver 1709
C'est en lisant une telle BD qu'on se rend compte qu'on ne connait finalement le règne de Louis XIV que dans les grandes largeurs et avec une vision trop souvent centrée sur les ors de Versailles. En racontant des événements se déroulant durant la période la plus dure de son règne, vers la fin de l'épuisante guerre de Succession d'Espagne, et surtout durant le terrible hiver de 1709 et la famine qu'il a causé, et en nous plaçant loin de Versailles, c'est tout un univers plus complexe et dangereux que j'ai découvert, un univers particulièrement adapté à un récit d'aventure comme il nous est compté ici. Il mélange en effet récit de pirates, combats de cape et d'épées, espionnage et guerres de religion. Un cocktail étonnant qui m'a tenu en haleine tout du long. J'ai aimé cette plongée dans la France de l'époque et dans la terrible dureté de cet hiver. J'ai aimé ce récit prenant et bien mené du début à la fin tout en étant si crédible qu'on l'imagine facilement tiré de faits authentiques. Et j'ai aimé le dessin fin et précis de Philippe Xavier. Très bonne série d'aventure et d'Histoire, soutenu dans la version intégrale par un dossier historique très complet en fin d'album.
Le Fanfaron
Je suis assez amateur de ce que fait Lele Vianello, bien que l'on puisse remarquer une TRES grande inspiration dans le travail de Pratt qu'il reprend à sa sauce (en même temps les deux ont collaboré pendant des années). Bref, l'auteur s'amuse ici à faire de petites histoires autour de son personnage qui est d'un ridicule très drôle. Chaque histoire est indépendante (bien que certains petits détails se retrouvent de l'une à l'autre), et j'ai beaucoup rigolé avec cet énergumène qui s'invente une vie d'aventurier modèle alors qu'il est lâche et maladroit. Le décalage entre son récit et les cases qui détaillent la réalité est souvent drôle, et ce jusqu'au bout. On est dans l'Aventure avec un grand A, mais sans l'aventurier et le mélange passe bien. C'est frais et divertissant, toutes les histoires n'étant pas au même niveau mais globalement j'ai passé un excellent moment. Niveau du dessin, c'est très bon et j'aime beaucoup la façon dont il arrive à rendre le côté anglais guindé de Bragg tout en faisant des paysages qui permettent de se plonger dans les différents environnements visités. C'est une belle compilation qui vaut le détour !
Journal d'un Enfant de Lune
Pour ne rien cacher, je suis très fan du dessin de Anne-Lise Nalin depuis plusieurs années, alors quand la BD est sortie je n'ai pas pu m'empêcher de la lire. Et je n'ai pas été déçu. La BD se veut avant tout une manière de découvrir cette maladie et son impact dans la vie de ceux qu'elle touche, ce qui est fort honorable, mais c'est suffisamment bien fait pour que ce ne soit pas le seul intérêt. En effet, plutôt que de passer par les yeux de Maxime atteint du syndrome XP, nous allons voir le tout par les yeux de Morgane, jeune adolescente (et en pleine crise). Et l'histoire est réellement bien fichue, passant à la fois par la découverte de cette maladie et de ses incidences, mais également par une vie d'adolescente. Le mélange est suffisamment bien dosé pour ne pas donner l'impression de lire une énième chronique adolescente, et j'ai beaucoup apprécié le développement qui en est fait. Pour ce qui est du dessin, j'ai adoré mais étant d'une totale non-objectivité, je ne peux même pas essayer de commenter. J'adore le style graphique de l'auteure qui rend par ailleurs très bien en bande-dessinée, je crois que c'est tout ce que je peux ajouter. Bref, une très bonne BD qui arrive à faire un joli mélange de genre. C'est surement plus à destination des adolescent(e)s que des adultes, mais les deux auront le même plaisir à découvrir cet petite histoire bien fichue.
La Petite Mosquée dans la cité
J'ai trouvé que cette bd sur une mosquée de quartier qui tente de survivre est très bien réalisé. Elle nous parle des problèmes que peuvent rencontrer des croyants musulmans dans notre pays face à une vague d'islamophobie sans concession. Certes, la République est laïque mais elle doit respecter également tous les lieux de culte et permettre à une grand population de croyants de pouvoir se recueillir sans devoir retourner forcément dans leur pays d'origine. Encore faut-il que les puissances étrangères ne financent pas ses lieux car elles peuvent l'assortir de conditions particulièrement drastiques notamment en ce qui concerne le droit des femmes ou la langue parlée. J'ai bien aimé l'antagonisme entre les deux imams qui ont des points de vue différents. Comme quoi, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Cette ouvre permet de cerner toute la complexité du problème.
Green Manor
Une belle réussite que cette série ! Si j'ai trouvé le tome 2 un peu en-deçà des deux autres, l'ensemble est une jolie pépite dessinée... Le dessin de Bodart est bon, même s'il lui manque l'élégance d'un Maïorana dans D (puisque le cadre est sensiblement le même), mais le trait s'affine un peu dans le troisième tome, à mon sens le plus agréable à l’œil. Mais la vraie réussite de cette série tient avant tout aux scénarios de Vehlmann. Il s'immisce (et nous avec) à merveille dans le Londres victorien, avec une aisance déconcertante. Ces recueils de petites histoires dessinées rendent parfaitement hommage à la fois au roman policier britannique, à la Conan Doyle ou Dickson Carr, sans doute les deux influences policières les plus évidentes, mais aussi au roman gothique voire fantastique à la Edgar Poe. Avec un humour noir qui ne bascule jamais dans l'excès, Vehlmann nous propose une flopée de scénarios très intelligents, qui basculent parfois un peu dans la facilité (surtout dans le tome 2, je trouve), mais fonctionnent très bien, et décrivent avec une plume au vitriol les milieux de la haute société victorienne et leur hypocrisie, ici meurtrière. C'est donc avec un vrai plaisir qu'on lit chacune des petites pépites proposées ici, où l'on disserte sur le crime comme s'il s'agissait d'un art à part entière, et où l'on recherche comment effectuer le crime parfait. Ce qui est très fort, c'est que Vehlmann s'ingénie à instaurer une ambiance surnaturelle, mais à laquelle il donne toujours une résolution réaliste, ne s'amusant à glisser un soupçon de fantastique que sous forme de clins d’œil. Et surtout, fidèle au vieux dicton latin "in cauda venenum", le scénariste, même quand la narration de l'histoire est un peu plus faible ou attendue que les autres (il a parfois exagérément recours au procédé du flashback), parvient à toujours relever la sauce par une chute savoureuse, d'une ironie amère mais pleine de sel. Bref, un petit plaisir quasi-malsain, mais qui fait vraiment du bien, et qui réussit le prodige de ne nous proposer pour ainsi dire que des personnages antipathiques tout en nous accrochant de la première page du premier tome à la dernière page du troisième tome. A lire sans trop de modération.
Mandela et le général
Voilà une page de l'histoire sud africaine partiellement méconnue du grand public et il aurait été bien dommage de la taire. Ne vous attendez pas ici à une bête biographie de Mandela mais juste à la confrontation de deux hommes qui parviendront de justesse à éviter un bain de sang, une guerre civile en Afrique du Sud. C'est passionnant en diable, instructif mais sans être chiant et surtout sans manichéisme, l'auteur John Carlin à effectué un véritable travail de documentaliste. Les deux hommes qui nous sont présentés ici ont chacun une prestance et un caractère. Ce qui les oppose en fait c'est l'idéologie et finalement l'endroit où ils sont nés. À la lecture de ce récit on tremble à l'idée que les groupuscules qui entouraient le général Viljoen aient pu être stoppés à temps, nous avions là un ramassis d'éléments de l'humanité que je n'aurais pas aimé rencontrer. Une BD qui se lit comme un roman. C'est clair et limpide, il en ressort que la discussion est préférable aux actes violents. Il eut sans doute été bon que le général Viljoen ait été associé au prix Nobel de Mandela.
Criminal Macabre
Décidément j'aime bien le travail de Ben Templesmith. Après avoir découvert Bienvenue à Hoxford que j'avais également beaucoup apprécié, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé ici son trait si particulier. Ça, pour sûr, on est loin de la ligne claire. D'ailleurs je voudrais bien savoir quelle est la technique picturale du bonhomme. Quoi qu'il en soit, il en ressort un dessin qui ne peut laisser indifférent. Au niveau des visages par exemple ne cherchez pas un copier coller tout propre d'une case à l'autre. Au final, pas de problème cependant pour reconnaître les personnages. Encore une fois dans ce Criminal Macabre nous évoluons dans un univers sombre peuplé de créatures que notre imaginaire n'a aucun mal à identifier. C'est tortueux avec un héros bien déglingué, alcoolique et drogué, c'est pas Derrick !! Ben Templesmith nous propose une vraie ambiance qui mêle le gore et le fantastique avec bonheur. Personnellement, j'en redemande et vais m'empresser d'aller voir ses autres productions.